HUITIÈME SESSION DE LA CONFÉRENCE Rapport ... - Unctad

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05.07.2013 Views

- 9 - une perspective à long terme en se fondant sur un apport fiable et prévisible de capitaux. C'est là une considération particulièrement importante pour les pays en développement où la plupart des avantages de l'investissement sont réalisés en longue période à travers un processus d'apprentissage. 29. Mais deux conditions au moins doivent être remplies pour qu'un système à prédominance bancaire contrôlé fonctionne bien. La première est la stabilité monétaire, car ce système intègre l'activité financière avec le système monétaire. La seconde est que l'activité financière se raccorde effectivement avec la politique industrielle de façon à assurer que les concours soient payés de retour par les résultats, faute de quoi, les liens étroits qui se sont tissés entre les banques et l'industrie amèneront à accorder un traitement favorable à des firmes inefficaces, stagnantes, au détriment des entreprises efficaces et dynamiques. La plupart des pays en développement auront peut-être intérêt à concentrer leurs énergies dans cette direction au lieu de mettre leurs espoirs dans le développement des marchés des capitaux. Ceux qui sont plus industrialisés seront peut-être en mesure de combiner les avantages des deux systèmes de financement, marchés des capitaux et banques, au moyen des banques d'affaires. Ces dernières pourraient être des sociétés publiques ou bien des sociétés privées (ou d'économie mixte). Dans l'un et l'autre cas, elles pourraient intervenir simultanément pour procurer des fonds à long terme aux secteurs prioritaires tout en imposant une discipline aux emprunteurs. Les concours des banques pourraient être complétés par des emprunts sur les marchés des capitaux. À côté de leur activité de prêt, les banques d'affaires pourraient aider les petites sociétés à lever des fonds sur les marchés nationaux des obligations et des actions et améliorer leurs conditions d'accès à ces marchés. f) Industrialisation et libéralisation financière interne 30. Il est certes nécessaire de renforcer le rôle et la structure des marchés, mais il est tout aussi important de trouver un juste équilibre entre les forces du marché et l'intervention dans l'affectation des ressources. Le développement économique exige une diversification de la production et des exportations, à la fois pour atténuer le risque de dépendre des recettes en devises provenant d'un petit nombre de produits et de débouchés et pour faire de l'économie un tout complètement articulé qui croisse de lui-même. L'industrialisation et le développement exigent souvent l'attribution de priorités aux différents secteurs et activités, et l'octroi de divers types de soutien, d'encouragements et de protection. Dans presque tous les exemples contemporains d'industrialisation, on retrouve une très forte présence de l'Etat qui intervient dans la détermination du coût des ressources financières et de leur offre aux fins de politiques industrielles sélectives (pratique qui subsiste dans nombre de pays industrialisés performants). 31. Tous les pays en développement ont eu recours à des politiques financières sélectives telles que des affectations directes de crédit et une différenciation des taxes financières et des bonifications pour certains types de crédit. Dans quelques pays, les problèmes financiers des années 70 et 80 ont été le résultat d'un recours inapproprié et inefficace à ce genre d'intervention. Il n'en est pas moins vrai que les pays qui ont réussi à diversifier et à accroître leurs exportations ont largement appliqué ces politiques mêmes. Leur expérience prouve que l'intervention de l'Etat dans

- 10 - le secteur financier est une nécessité non pas simplement pour orienter le crédit dans la bonne direction, mais pour soutenir la production à ses débuts, tâche beaucoup plus complexe que celle que recouvre généralement l'expression "protection des industries naissantes". Accepter ou refuser l'octroi d'une bonification de crédit, c'est non pas accepter ou refuser de financer des projets plus ou moins lucratifs, mais accepter ou refuser d'établir des industries nouvelles. 32. Les intermédiaires financiers sont naturellement prudents quand il s'agit de financer des entreprises nouvelles, en raison des problèmes que pose le calcul des risques. Mais, s'il est nécessaire d'orienter les affectations de crédit, c'est non seulement parce qu'il y a des risques, mais aussi parce que le taux de rendement social des projets dépasse souvent le taux de rendement privé. En outre, les avantages des objectifs socio-économiques, tels que une moindre dépendance vis-à-vis de certaines importations, l'amélioration de la répartition du revenu, la réduction de la pauvreté, sont impossibles à quantifier. Les avantages résultant de projets d'investissement qui font progresser vers ces objectifs vont à l'ensemble de l'économie et même leur intérêt strictement économique peut s'étendre à des régions entières ou à tout le pays. Il est donc normal que leur coût ne soit pas toujours entièrement à la charge des entités qui investissent et que les bonifications de crédit soient souvent nécessaires. 33. Il y a eu des différences marquées entre les succès remportés dans les politiques d'orientation autoritaire du crédit et de différenciation des taux d'intérêt, par exemple, entre certains pays de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, d'une part, et des pays d'Amérique latine, de l'autre. Ces différences étaient dues en partie au choix des bonnes priorités, c'est-à-dire à l'aptitude à "repérer les gagnants". Mais plus importante peut-être encore a été la mesure dans laquelle les pouvoirs publics ont pu et voulu subordonner leur appui et leur protection aux résultats obtenus par les bénéficiaires. La réussite est venue dans les cas où le gouvernement avait vérifié que son appui et sa protection servaient aux fins envisagées et ne constituaient pas purement et simplement une rente (voir section 2 b) ci-après). Nombreux sont les pays où il est absolument nécessaire de procéder ainsi au lieu de renoncer complètement à l'intervention de l'Etat. g) Industrialisation et libéralisation externe 34. Un autre facteur qui influence notablement l'industrialisation est l'ampleur de l'ouverture financière, autrement dit la facilité avec laquelle les résidents peuvent acquérir et posséder dans le pays ou à l'étranger des actifs et engagements libellés en monnaies étrangères et les non-résidents opérer sur les marchés financiers nationaux. Bien que cette ampleur dépende en partie de facteurs structurels - tels que d'importantes rentrées procurées par le tourisme et les envois de fonds de travailleurs migrants, et la proximité de zones à monnaie forte -, ce sont les politiques mêmes des pouvoirs publics qui comptent le plus, notamment celles qui concernent les restrictions aux opérations effectuées sur des devises avec des non-résidents et la détention d'avoirs et d'engagements en devises dans les établissements financiers du pays.

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le secteur financier est une nécessité non pas simplement pour orienter le<br />

crédit dans la bonne direction, mais pour soutenir la production à ses débuts,<br />

tâche beaucoup plus complexe que celle que recouvre généralement l'expression<br />

"protection des industries naissantes". Accepter ou refuser l'octroi d'une<br />

bonification de crédit, c'est non pas accepter ou refuser de financer des<br />

projets plus ou moins lucratifs, mais accepter ou refuser d'établir des<br />

industries nouvelles.<br />

32. Les intermédiaires financiers sont naturellement prudents quand il s'agit<br />

de financer des entreprises nouvelles, en raison des problèmes que pose<br />

le calcul des risques. Mais, s'il est nécessaire d'orienter les affectations<br />

de crédit, c'est non seulement parce qu'il y a des risques, mais aussi parce<br />

que le taux de rendement social des projets dépasse souvent le taux de<br />

rendement privé. En outre, les avantages des objectifs socio-économiques,<br />

tels que une moindre dépendance vis-à-vis de certaines importations,<br />

l'amélioration de la répartition du revenu, la réduction de la pauvreté, sont<br />

impossibles à quantifier. Les avantages résultant de projets d'investissement<br />

qui font progresser vers ces objectifs vont à l'ensemble de l'économie et même<br />

leur intérêt strictement économique peut s'étendre à des régions entières ou<br />

à tout le pays. Il est donc normal que leur coût ne soit pas toujours<br />

entièrement à la charge des entités qui investissent et que les bonifications<br />

de crédit soient souvent nécessaires.<br />

33. Il y a eu des différences marquées entre les succès remportés dans<br />

les politiques d'orientation autoritaire du crédit et de différenciation<br />

des taux d'intérêt, par exemple, entre certains pays de l'Asie de l'Est<br />

et du Sud-Est, d'une part, et des pays d'Amérique latine, de l'autre.<br />

Ces différences étaient dues en partie au choix des bonnes priorités,<br />

c'est-à-dire à l'aptitude à "repérer les gagnants". Mais plus importante<br />

peut-être encore a été la mesure dans laquelle les pouvoirs publics ont pu<br />

et voulu subordonner leur appui et leur protection aux résultats obtenus par<br />

les bénéficiaires. La réussite est venue dans les cas où le gouvernement avait<br />

vérifié que son appui et sa protection servaient aux fins envisagées et<br />

ne constituaient pas purement et simplement une rente (voir section 2 b)<br />

ci-après). Nombreux sont les pays où il est absolument nécessaire de procéder<br />

ainsi au lieu de renoncer complètement à l'intervention de l'Etat.<br />

g) Industrialisation et libéralisation externe<br />

34. Un autre facteur qui influence notablement l'industrialisation est<br />

l'ampleur de l'ouverture financière, autrement dit la facilité avec laquelle<br />

les résidents peuvent acquérir et posséder dans le pays ou à l'étranger<br />

des actifs et engagements libellés en monnaies étrangères et les non-résidents<br />

opérer sur les marchés financiers nationaux. Bien que cette ampleur dépende<br />

en partie de facteurs structurels - tels que d'importantes rentrées procurées<br />

par le tourisme et les envois de fonds de travailleurs migrants, et la<br />

proximité de zones à monnaie forte -, ce sont les politiques mêmes des<br />

pouvoirs publics qui comptent le plus, notamment celles qui concernent<br />

les restrictions aux opérations effectuées sur des devises avec des<br />

non-résidents et la détention d'avoirs et d'engagements en devises dans<br />

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