HUITIÈME SESSION DE LA CONFÉRENCE Rapport ... - Unctad

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05.07.2013 Views

- 107 - 323. Dans certains cas, alors même qu'il était possible d'exécuter des programmes de réforme, ces derniers n'ont pas donné de résultats durables en matière d'exportations et de croissance. Dans les pays à faible revenu qui sont tributaires de produits de base, il ne suffit manifestement pas de modifier la structure des mesures d'incitation, parce que l'offre a tendance à ne réagir que faiblement face aux variations des prix. Dans ces pays, par exemple, les dévaluations réelles ont peu d'impact ou n'en ont pas du tout sur 1'activité économique réelle : étant donné que les produits exportés ne sont pas consommés sur le marché intérieur, la variation de la consommation de produits non échangés qui fait suite à une dévaluation n'a aucune incidence sur la quantité de produits d'exportation qui est disponible, et l'intérêt accru qu'une dévaluation susciterait normalement pour le remplacement de biens importables ne se traduit pas par une augmentation de la production parce que les importations des pays en question se composent essentiellement de biens intermédiaires et de biens d'équipement qui ne peuvent être produits localement. Dans ces pays, l'évolution et l'aménagement des structures exigent des efforts soutenus ayant pour but de renforcer l'offre plutôt que de tout simplement "corriger les prix" 118/. 324. Ainsi qu'on l'a déjà souligné, dans le cas des pays qui libéralisent considérablement leur régime commercial, on n'a pas encore assez de recul pour pouvoir tirer des conclusions de leur expérience. La seule exception concerne le Chili : les mesures de libéralisation de son commerce ont jeté les bases d'une croissance à long terme axée sur l'exportation. Toutefois, au cours de la phase qui a suivi le régime de remplacement des importations, il lui aurait été possible d'appliquer un programme plus progressif de libéralisation du commerce et de mieux utiliser les possibilités dont il s'était doté au cours d'une période d'industrialisation antérieure 119/. c) Problèmes qui se posent pour les années 90 325. Il y a quelques enseignements à tirer des résultats que la politique commerciale a donnés, aussi bien récemment que sur une plus longue période. Les pays qui ont adopté des mesures en faveur d'une promotion cohérente et stable des exportations ont incontestablement obtenu des résultats meilleurs que ceux dont les mesures d'incitation visaient exclusivement le marché intérieur. La gestion du taux de change conçue en vue d'éviter la surévaluation et de stabiliser à peu près les mesures propres à encourager la production commercialisable semble avoir eu plus d'effets que la libéralisation des importations dans les pays où l'industrialisation et l'ouverture vers l'extérieur ont donné les meilleurs résultats. Dans ces pays, la libéralisation des importations est venue plus tard, après la consolidation des bons résultats obtenus en matière d'exportation. 326. On ne peut jusqu'à présent pas citer de cas où la libéralisation des importations a, en soi, provoqué une croissance rapide. En fait, il est extrêmement coûteux de retirer tout simplement la protection sans la remplacer par des mesures de soutien visant à redistribuer les ressources ou à améliorer la productivité dans l'industrie. L'économie réagit très lentement et sans efficacité à ce genre de traitement de choc. D'un autre côté, l'expérience montre aussi que les politiques de remplacement des importations peuvent être poussées jusqu'à des extrêmes qui ne font que retarder la croissance économique et qui n'ont même rien de rationnel. De telles politiques peuvent

- 108 - facilement mener à la recherche généralisée d'une rente économique et ne favoriser aucun objectif de développement à long terme. Il semblerait par conséquent qu'un des buts essentiels d'un certain nombre de pays doive être de rationaliser la structure des mesures d'incitation. 327. Cela ne signifie pas que le remplacement des importations par des produits locaux ne doit avoir aucun rôle dans les stratégies d'industrialisation. La protection du marché intérieur peut être inévitable, en particulier aux premiers stades de l'industrialisation. Toutefois, l'expérience des pays en développement nous apprend effectivement que, si la protection est retenue comme option en matière de politique générale, elle doit être très sélective, modérée, et diminuer avec le temps. C'est la seule façon pour un gouvernement de s'assurer que les industries naissantes "grandiront" en un laps de temps raisonnable. Dans la mesure où cela est possible, il est souhaitable aussi de contrebalancer la distorsion engendrée à 1'encontre des exportations par des politiques de remplacement des importations en appliquant des mesures à peu près équivalentes de stimulation des exportations. Le système de ristourne des droits de douane aux exportateurs "directs" et "indirects" 120/ s'est révélé utile en ce qu'il permet aux exportateurs de se procurer des facteurs de production importés aux prix mondiaux. 328. L'intérêt d'une politique commerciale sélective doit naturellement être jugé au regard de l'aptitude d'un pays à la mettre en oeuvre. Cela dépendra en partie des disponibilités en main-d'oeuvre qualifiée et de l'aptitude des pouvoirs publics à travailler de concert à la réalisation d'objectifs communs et cohérents avec des instruments de politique générale bien compris. Un autre élément déterminant sera la capacité du gouvernement d'orienter le secteur privé vers des objectifs socialement utiles et d'éviter d'être à la merci de groupes d'intérêts spéciaux. 329. La leçon à tirer des cas d'industrialisation réussie est qu'une politique industrielle est indispensable pour assurer une croissance soutenue et qu'à cet égard la libéralisation du commerce ne peut être considérée comme un instrument de remplacement. Dans ce contexte, il faut prendre l'expression "politique industrielle" dans un sens large, englobant les mesures qui sont nécessaires pour élever le taux d'investissement, accroître l'absorption de technologies étrangères et la capacité d'innover, et améliorer les compétences de la main-d'oeuvre. 330. Pour aboutir à la compétitivité internationale, il faut aussi s'entendre sur une répartition du revenu qui contribue à la paix sociale et qui ne mette pas en danger une stratégie de croissance orientée vers l'exportation. Les mesures appliquées dans certains des pays de l'Asie du Sud-Est pour maintenir les salaires à un bas niveau ne risquent guère d'être acceptables dans des sociétés plus démocratiques. 331. Les difficultés que les pays à faible revenu éprouvent pour mobiliser les ressources intérieures à des fins d'investissement dans l'infrastructure matérielle et humaine sont bien connues et il n'y a pas lieu de les rappeler ici. Il suffit de souligner que, pour progresser dans ce domaine, les pays en question auront besoin d'importants apports de ressources étrangères afin d'échapper aux contraintes initiales entravant à cet égard une croissance soutenue.

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facilement mener à la recherche généralisée d'une rente économique et ne<br />

favoriser aucun objectif de développement à long terme. Il semblerait par<br />

conséquent qu'un des buts essentiels d'un certain nombre de pays doive être de<br />

rationaliser la structure des mesures d'incitation.<br />

327. Cela ne signifie pas que le remplacement des importations par des<br />

produits locaux ne doit avoir aucun rôle dans les stratégies<br />

d'industrialisation. La protection du marché intérieur peut être inévitable,<br />

en particulier aux premiers stades de l'industrialisation. Toutefois,<br />

l'expérience des pays en développement nous apprend effectivement que, si la<br />

protection est retenue comme option en matière de politique générale, elle<br />

doit être très sélective, modérée, et diminuer avec le temps. C'est la seule<br />

façon pour un gouvernement de s'assurer que les industries naissantes<br />

"grandiront" en un laps de temps raisonnable. Dans la mesure où cela est<br />

possible, il est souhaitable aussi de contrebalancer la distorsion engendrée à<br />

1'encontre des exportations par des politiques de remplacement des<br />

importations en appliquant des mesures à peu près équivalentes de stimulation<br />

des exportations. Le système de ristourne des droits de douane aux<br />

exportateurs "directs" et "indirects" 120/ s'est révélé utile en ce qu'il<br />

permet aux exportateurs de se procurer des facteurs de production importés aux<br />

prix mondiaux.<br />

328. L'intérêt d'une politique commerciale sélective doit naturellement être<br />

jugé au regard de l'aptitude d'un pays à la mettre en oeuvre. Cela dépendra en<br />

partie des disponibilités en main-d'oeuvre qualifiée et de l'aptitude des<br />

pouvoirs publics à travailler de concert à la réalisation d'objectifs communs<br />

et cohérents avec des instruments de politique générale bien compris. Un autre<br />

élément déterminant sera la capacité du gouvernement d'orienter le secteur<br />

privé vers des objectifs socialement utiles et d'éviter d'être à la merci de<br />

groupes d'intérêts spéciaux.<br />

329. La leçon à tirer des cas d'industrialisation réussie est qu'une politique<br />

industrielle est indispensable pour assurer une croissance soutenue et qu'à<br />

cet égard la libéralisation du commerce ne peut être considérée comme un<br />

instrument de remplacement. Dans ce contexte, il faut prendre l'expression<br />

"politique industrielle" dans un sens large, englobant les mesures qui sont<br />

nécessaires pour élever le taux d'investissement, accroître l'absorption de<br />

technologies étrangères et la capacité d'innover, et améliorer les compétences<br />

de la main-d'oeuvre.<br />

330. Pour aboutir à la compétitivité internationale, il faut aussi s'entendre<br />

sur une répartition du revenu qui contribue à la paix sociale et qui ne mette<br />

pas en danger une stratégie de croissance orientée vers l'exportation.<br />

Les mesures appliquées dans certains des pays de l'Asie du Sud-Est pour<br />

maintenir les salaires à un bas niveau ne risquent guère d'être acceptables<br />

dans des sociétés plus démocratiques.<br />

331. Les difficultés que les pays à faible revenu éprouvent pour mobiliser<br />

les ressources intérieures à des fins d'investissement dans l'infrastructure<br />

matérielle et humaine sont bien connues et il n'y a pas lieu de les rappeler<br />

ici. Il suffit de souligner que, pour progresser dans ce domaine, les pays en<br />

question auront besoin d'importants apports de ressources étrangères afin<br />

d'échapper aux contraintes initiales entravant à cet égard une croissance<br />

soutenue.

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