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Histoire et mémoire de l'immigration en Bretagne - Odris

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<strong>Histoire</strong> <strong>et</strong> Mémoire <strong>de</strong> <strong>l'immigration</strong> <strong>en</strong> Br<strong>et</strong>agne : synthèse historique<br />

Les prisonniers <strong>de</strong>s Fronstalags<br />

Les Fronstalags sont <strong>de</strong>s camps ouverts par les Allemands durant la Secon<strong>de</strong> Guerre<br />

Mondiale à l'extérieur du Reich, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France <strong>et</strong> <strong>en</strong> Pologne. Ces camps sont<br />

principalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>stinés aux soldats prisonniers issus <strong>de</strong>s colonies françaises, les Allemands, par<br />

peur <strong>de</strong> la "contagion", ne souhaitant pas les avoir sur leur territoire. En avril 1941, on compte 22<br />

Fronstalags <strong>en</strong> France occupée, accueillant <strong>en</strong>viron 69 000 "indigènes" : près <strong>de</strong> 50 000 Nord-<br />

Africains, 16 000 "Sénégalais" (<strong>en</strong> fait, <strong>de</strong>s Africains <strong>de</strong> toutes origines), les autres se répartissant<br />

selon les <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts (Malgaches, Antillais, Indochinois, <strong>et</strong>c.). En raison <strong>de</strong> libérations dues à<br />

divers facteurs (accords politiques, maladies, inaptitu<strong>de</strong> au travail, <strong>et</strong>c.), <strong>de</strong> décès <strong>et</strong> <strong>de</strong> quelques<br />

évasions, le chiffre <strong>de</strong>s prisonniers passe à 44 000 <strong>en</strong> mars 1942 <strong>et</strong> à 37 000 <strong>en</strong> mai 1943.<br />

La vie dans les camps est difficile. Les prisonniers sont affectés à <strong>de</strong>s détachem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

travail dans les charbonnages, l'agriculture, les forêts <strong>et</strong> le bâtim<strong>en</strong>t, voire <strong>de</strong>s usines d'armem<strong>en</strong>t.<br />

Un certain nombre est frappé par la tuberculose <strong>et</strong> les prisonniers connaiss<strong>en</strong>t le froid <strong>et</strong> la faim,<br />

malgré l'ai<strong>de</strong> apportée (colis alim<strong>en</strong>taire, vêtem<strong>en</strong>ts, mais aussi correspondance <strong>et</strong> accueil dans les<br />

familles <strong>de</strong>s "marraines <strong>de</strong> guerre"…) par les habitants. L'éloignem<strong>en</strong>t, la rupture <strong>de</strong> tous li<strong>en</strong>s<br />

avec leurs familles <strong>et</strong> le climat métropolitain rigoureux font <strong>de</strong> nombreuses victimes. Ceux qui<br />

surviv<strong>en</strong>t souffr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>tion scandaleuses. Ils sont <strong>de</strong>s milliers <strong>en</strong> Br<strong>et</strong>agne, à<br />

Quimper, R<strong>en</strong>nes <strong>et</strong> <strong>en</strong> p<strong>et</strong>its détachem<strong>en</strong>ts dans toute la campagne br<strong>et</strong>onne 1 . Les gardi<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s<br />

camps sont <strong>de</strong>s s<strong>en</strong>tinelles alleman<strong>de</strong>s, souv<strong>en</strong>t anci<strong>en</strong>s combattants <strong>de</strong> 14-18 <strong>et</strong> assez clém<strong>en</strong>ts<br />

avec les prisonniers. A partir <strong>de</strong> janvier 1943, le IIIème Reich a besoin d'un maximum <strong>de</strong> soldats<br />

sur le front <strong>de</strong> l'Est <strong>et</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Vichy que <strong>de</strong>s officiers français gar<strong>de</strong>nt leurs propres soldats<br />

prisonniers : une situation aussi absur<strong>de</strong> qu'infamante pour l'armée française. Les prisonniers sont<br />

démoralisés <strong>et</strong> se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t trahis par leurs anci<strong>en</strong>s officiers. Dans le même temps, <strong>de</strong>s Français<br />

habitant à proximité <strong>de</strong>s camps organis<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s filières d'évasion pour ces prisonniers trop<br />

reconnaissables.<br />

En août 1944, les soldats allemands faits prisonniers vont à leur tour être internés dans ces<br />

camps. Il <strong>en</strong> est ainsi du camp <strong>de</strong> Lanniron, à Quimper. Ouvert par l'armée alleman<strong>de</strong> <strong>en</strong><br />

septembre 1940, il y séjourna jusqu'à 8 000 prisonniers coloniaux dans <strong>de</strong>s baraquem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> bois<br />

<strong>et</strong> assigné à un travail forcé. En mai 1941, le camp <strong>de</strong> Quimper comptait selon un rapport <strong>de</strong> la<br />

Croix Rouge "803 blancs, 6 592 hommes <strong>de</strong> couleur, 31 noirs, 320 annamites, soit un total <strong>de</strong><br />

7 746 hommes" 2 . Plusieurs décès <strong>de</strong> soldats coloniaux sont constatés dans les registres d'état<br />

civil. La ville <strong>de</strong> Quimper est libérée le 8 août 1944 <strong>et</strong> le camp <strong>de</strong> Lanniron <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t le lieu <strong>de</strong><br />

dét<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>s prisonniers <strong>de</strong> guerre allemands jusqu'<strong>en</strong> juin 1946, date à laquelle les terrains sont<br />

restitués à leurs propriétaires. Les baraquem<strong>en</strong>ts seront rasés.<br />

Les étrangers dans la Résistance<br />

Les réseaux <strong>de</strong> résistance compt<strong>en</strong>t parmi eux <strong>de</strong>s ressortissants étrangers ou certains ont<br />

une coloration nationale, ainsi le Réseau F2 d'origine polonaise se distingue à Lori<strong>en</strong>t, puis à<br />

1. Dejoie-Robin V., Docum<strong>en</strong>taire Oubliés <strong>et</strong> trahis, Gr<strong>en</strong>a<strong>de</strong> Production / TV Breizh, 2004<br />

2. Cf. http://www.arkae.org<br />

<strong>Odris</strong>, RFSM <strong>et</strong> Génériques, juin 2007

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