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Histoire et mémoire de l'immigration en Bretagne - Odris

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<strong>Histoire</strong> <strong>et</strong> Mémoire <strong>de</strong> <strong>l'immigration</strong> <strong>en</strong> Br<strong>et</strong>agne : synthèse historique<br />

d'hébergem<strong>en</strong>t est ét<strong>en</strong>due à une dizaine <strong>de</strong> départem<strong>en</strong>ts du nord <strong>de</strong> la Loire à partir <strong>de</strong> 1937 1 .<br />

Les pouvoirs publics recherch<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s lieux d'accueil à mesure que les combats font affluer <strong>de</strong><br />

nouveaux réfugiés. Partout, les préfectures <strong>et</strong> les municipalités t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>de</strong> rassembler, avec l'ai<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l'armée <strong>et</strong> sur un maigre budg<strong>et</strong>, les obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> première nécessité. L'organisation <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s<br />

réfugiés, ainsi que son contrôle, revi<strong>en</strong>t au Commissaire C<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> Police <strong>de</strong> la ville d'accueil. Les<br />

réfugiés bénéfici<strong>en</strong>t d'une allocation pour s'ach<strong>et</strong>er leur nourriture <strong>et</strong> quelques obj<strong>et</strong>s. Certains<br />

travaill<strong>en</strong>t à l'extérieur ou sont rémunérés pour <strong>de</strong>s activités dans le camp (traduction,<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, soins…).<br />

La population française se montre intéressée par les événem<strong>en</strong>ts espagnols mais, dans<br />

certaines régions, notamm<strong>en</strong>t dans l'Ouest, s'inquiète égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s convictions révolutionnaires<br />

affichées parfois par les Espagnols <strong>et</strong> par les frais <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drés par l'accueil <strong>de</strong>s réfugiés. Il est<br />

difficile d'évaluer le nombre <strong>de</strong> réfugiés accueillis <strong>en</strong> Br<strong>et</strong>agne. De 1937 à 1939, leur nombre a<br />

fluctué <strong>et</strong> souv<strong>en</strong>t les premiers arrivés n'étai<strong>en</strong>t plus dans les camps créés dans les départem<strong>en</strong>ts.<br />

Des familles s'étai<strong>en</strong>t regroupé, avai<strong>en</strong>t trouvé un travail, un logem<strong>en</strong>t… 2 .<br />

Alors que les combats <strong>en</strong>tre nationalistes <strong>et</strong> républicains font rage <strong>en</strong> Espagne, le premier<br />

convoi <strong>de</strong> femmes, d'<strong>en</strong>fants <strong>et</strong> <strong>de</strong> vieillards espagnols arriv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> gare <strong>de</strong> R<strong>en</strong>nes <strong>en</strong> juin 1937,<br />

v<strong>en</strong>us du port <strong>de</strong> La Rochelle où ils avai<strong>en</strong>t été débarqués 3 . A l'arrivée <strong>de</strong>s trains, les réfugiés<br />

sont contrôlés par les autorités policières <strong>et</strong> préfectorales <strong>et</strong> examinés par les mé<strong>de</strong>cins. D'autres<br />

suivront pour totaliser, <strong>en</strong> février 1939, <strong>en</strong> Ille-<strong>et</strong>-Vilaine, 2 956 personnes (500 000 <strong>en</strong> France).<br />

Les <strong>de</strong>rniers arrivés sont dans un état d'épuisem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> <strong>de</strong> sous-alim<strong>en</strong>tation int<strong>en</strong>se. En 1939, les<br />

réfugiés sont hébergés dans six camps dans le départem<strong>en</strong>t : les anci<strong>en</strong>s locaux <strong>de</strong>s maisons<br />

d'arrêt <strong>de</strong> Vitré <strong>et</strong> <strong>de</strong> Redon (l'inspecteur <strong>de</strong> l'Hygiène qui contrôle tous les bâtim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

qu'on efface les inscriptions figurant au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la porte d'<strong>en</strong>trée pour ne pas choquer la<br />

nouvelle population accueillie !) ; le camp militaire <strong>de</strong> Verdun, un immeuble privé <strong>de</strong> la rue<br />

d'Inckermann <strong>et</strong> les bâtim<strong>en</strong>ts désaffectés <strong>de</strong> la minoterie Saint-Cyr à R<strong>en</strong>nes ; le domaine <strong>de</strong> la<br />

Pil<strong>et</strong>ière appart<strong>en</strong>ant à l'Asile psychiatrique départem<strong>en</strong>tal à Saint-Mé<strong>en</strong>-le-Grand ; l'anci<strong>en</strong><br />

orphelinat <strong>de</strong> la Provi<strong>de</strong>nce à Fougères <strong>et</strong>, à quelques kilomètres <strong>de</strong> là, les bâtim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la mine<br />

désaffectée <strong>de</strong> Vieux-Vy.<br />

Les locaux sont <strong>en</strong> général assez satisfaisants sauf le camp <strong>de</strong> Verdun pour lequel <strong>de</strong>s<br />

réfugiés adress<strong>en</strong>t une protestation au ministre <strong>de</strong> l'Intérieur, sout<strong>en</strong>us par le Comité mondial <strong>de</strong>s<br />

Femmes <strong>et</strong> les délégués du Front Populaire. Chaque c<strong>en</strong>tre est surveillé par <strong>de</strong>s gardi<strong>en</strong>s qui ont<br />

chacun la charge d'une c<strong>en</strong>taine <strong>de</strong> réfugiés. Ils sont chargés <strong>de</strong> la sécurité <strong>et</strong> doiv<strong>en</strong>t protéger le<br />

c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s rô<strong>de</strong>urs la nuit. Ils ne laiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trer dans le camp que les personnes munies d'une<br />

autorisation <strong>de</strong> la police. Il s'agit d'empêcher toute propagan<strong>de</strong> politique <strong>et</strong> d’éviter les t<strong>en</strong>sions<br />

dans le camp où les personnes ne sont pas tous du même parti politique. L'obstacle <strong>de</strong> la langue,<br />

faute d'interpète, crée <strong>de</strong>s incompréh<strong>en</strong>sions <strong>en</strong>tre les réfugiés <strong>et</strong> les responsables français. Les<br />

réglem<strong>en</strong>ts sont strictes, les réfugiés ne peuv<strong>en</strong>t non plus sortir du camp sans autorisation.<br />

Mesures sévères, surveillance du courrier – surtout dans les camps les plus grands - sont donc le<br />

1. J. Sainclivier, La Br<strong>et</strong>agne <strong>de</strong> 1939 à nos jours, Editions Ouest-France Université, 1989, p. 16.<br />

2. Ibid.<br />

3. J. Gouiffes, Les réfugiés espagnols <strong>en</strong> Ille-<strong>et</strong>-Vilaine <strong>de</strong> 1936 à 1940, Maîtrise <strong>Histoire</strong>, Université R<strong>en</strong>nes 2, 1969.<br />

<strong>Odris</strong>, RFSM <strong>et</strong> Génériques, juin 2007

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