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Histoire et mémoire de l'immigration en Bretagne - Odris

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<strong>Histoire</strong> <strong>et</strong> Mémoire <strong>de</strong> <strong>l'immigration</strong> <strong>en</strong> Br<strong>et</strong>agne : synthèse historique<br />

illustre bi<strong>en</strong> la soumission <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong>s étrangers aux intérêts <strong>de</strong>s employeurs qui ne trouv<strong>en</strong>t<br />

pas toujours dans le bassin local la main-d'œuvre nécessaire à leur activité 1 . L'activité <strong>de</strong> la mine<br />

se développe dans la pério<strong>de</strong> 1920-1930, fortifiée par le contexte économique international. C<strong>et</strong>te<br />

activité freine un temps l'exo<strong>de</strong> rural, provoquant même une croissance <strong>de</strong> la population <strong>de</strong><br />

Trémuson : <strong>en</strong> 1920, elle n'est que <strong>de</strong> 700 habitants alors qu'<strong>en</strong> 1930 elle avoisine les 1 700 dont<br />

1 000 aux mines. En 1924, la mine est agrandie <strong>et</strong> la main-d'œuvre locale s'avère insuffisante, la<br />

direction fait alors appel aux ouvriers étrangers ayant déjà une certaine expéri<strong>en</strong>ce du travail à la<br />

mine, dans leur pays d'origine ou <strong>en</strong> France. En outre, c<strong>et</strong>te main-d'œuvre coûte moins chère que<br />

la main-d'œuvre locale. Le personnel étranger vi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> général d'Europe <strong>de</strong> l'Est : Pologne,<br />

Tchécoslovaquie, Allemagne, Arménie, Autriche, Russie <strong>et</strong> Serbie. Les autres mineurs vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>s pays limitrophes <strong>de</strong> la France : Italie, Belgique, Espagne, Suisse ou Portugal. Les mineurs<br />

étrangers seront prés<strong>en</strong>ts sur le carreau durant toute l'exploitation <strong>de</strong> la mine. En 1924, Itali<strong>en</strong>s <strong>et</strong><br />

Polonais sont déjà prés<strong>en</strong>ts à la mine <strong>de</strong> Trémuson, mais <strong>en</strong>core peu nombreux puisqu'ils ne sont<br />

que 12. En revanche, <strong>en</strong> 1926, la population itali<strong>en</strong>ne compr<strong>en</strong>d 100 personnes, elle est la plus<br />

importante c<strong>et</strong>te année-là, mais, l'année suivante, ils ne sont plus que 9 Itali<strong>en</strong>s ! Certains sont<br />

peut-être r<strong>et</strong>ournés <strong>en</strong> Italie, d'autres ont sans doute utilisé la mine comme un moy<strong>en</strong> pour<br />

s'implanter <strong>en</strong> France dans d'autres régions 2 .<br />

D'une façon générale, c'est <strong>en</strong>tre 1926 <strong>et</strong> 1928 que la population étrangère est la plus<br />

nombreuse à Trémuson, variant <strong>en</strong>tre 150 <strong>et</strong> 200 personnes. Le groupe le plus important, à<br />

l'exception <strong>de</strong> 1926, est celle <strong>de</strong>s Polonais qui sont <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 65 à vivre à Trémuson – <strong>et</strong><br />

jusqu'à 87 personnes <strong>en</strong> 1928. A un <strong>de</strong>gré moindre, les Espagnols <strong>et</strong> les Tchécoslovaques sont<br />

aussi très prés<strong>en</strong>ts, mais leur nombre évolue fortem<strong>en</strong>t. Ainsi, <strong>de</strong> 40 à 50 Espagnols <strong>en</strong>tre 1926 <strong>et</strong><br />

1927, ils ne sont plus que 8 après. On compte une quinzaine <strong>de</strong> Tchécoslovaques sur la pério<strong>de</strong> ;<br />

les autres nationalités ne compt<strong>en</strong>t pas plus <strong>de</strong> 5 personnes. A Trémuson, la population est<br />

mécont<strong>en</strong>te <strong>de</strong> l'embauche d'ouvriers étrangers <strong>et</strong> <strong>de</strong>s rumeurs naiss<strong>en</strong>t selon lesquelles les<br />

étrangers pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la place <strong>de</strong> la main-d'œuvre locale. La gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong>s nationalités a pu<br />

donner l'impression d'une population étrangère nombreuse, plus importante que la main-d'œuvre<br />

française, pourtant l'effectif <strong>de</strong>s ouvriers étrangers n'a jamais été supérieur à celui <strong>de</strong>s ouvriers<br />

français, originaires <strong>de</strong> Trémuson ou du départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s Côtes-du-Nord. En 1928, au plus fort<br />

<strong>de</strong> l'activité minière, les mineurs étrangers ne représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas la moitié <strong>de</strong> l'effectif <strong>de</strong> la mine :<br />

151 contre 317 Français. A la fin <strong>de</strong> la mine, l'écart se creuse <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong>s Français. En 1930, on<br />

compte 71 étrangers contre 243 Français <strong>et</strong> l'année suivante, ils se r<strong>et</strong>rouv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nombre quasi<br />

i<strong>de</strong>ntique : 18 étrangers <strong>et</strong> 20 Français à la mine.<br />

1. S. Duterne, Les mines <strong>de</strong> Trémuson (1920-1931), <strong>mémoire</strong> <strong>de</strong> maîtrise d'histoire, Université R<strong>en</strong>nes 2, 2000. La Br<strong>et</strong>agne<br />

a un passé minier (exploitation <strong>de</strong> granit, <strong>de</strong> grès rose, d'ardoise, mines <strong>de</strong> charbon <strong>et</strong> mines <strong>de</strong> fer), souv<strong>en</strong>t ignoré <strong>de</strong>s<br />

Br<strong>et</strong>ons eux-mêmes. Le domaine le plus important <strong>de</strong> l'industrie extractive concerne les métaux non ferreux tels que<br />

l'étain ou le plomb arg<strong>en</strong>tifère. Au XVIII e siècle, la Br<strong>et</strong>agne produit à elle seule les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> la production nationale<br />

<strong>de</strong> plomb. Toutefois, avec le déclin <strong>de</strong>s forges, ces mines sont <strong>en</strong> difficultés un siècle plus tard <strong>et</strong> ferm<strong>en</strong>t<br />

progressivem<strong>en</strong>t.<br />

2. Beaucoup d'ouvriers franchiss<strong>en</strong>t la frontière avec une l<strong>et</strong>tre d'embauche pour les mines. Ils <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t ainsi <strong>en</strong><br />

France mais ils ne rest<strong>en</strong>t pas longtemps sur les chantiers où ils ont été embauchés <strong>et</strong> part<strong>en</strong>t pour une autre<br />

<strong>de</strong>stination.<br />

<strong>Odris</strong>, RFSM <strong>et</strong> Génériques, juin 2007<br />

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