Histoire et mémoire de l'immigration en Bretagne - Odris

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05.07.2013 Views

50 Histoire et Mémoire de l'immigration en Bretagne : synthèse historique Britanniques fréquentait l'hiver les grands hôtels et les casinos dont celui de Dinard. De 1930 à 1935, les saisons estivales sont médiocres (moins 30 % pour les hôteliers des Côtes-du-Nord). A Dinard, les recettes du casino baissent de moitié. Des stations balnéaires construites après la guerre ne seront pas achevées (comme Les Sables-d'Or-les-Pins, Côtes-du-Nord). La Bretagne connaît une certaine relance économique après 1936 qui ne touche pas tout son territoire (relance du trafic portuaire de Brest, embauche à l'arsenal de Brest atteignant 7800 ouvriers en 1939, à l'entreprise Tanvez à Guingamp avec 1170 ouvriers en 1935, implantation de l'usine métallurgique Sambre-et-Meuse à Saint-Brieuc en 1935-37, qui devient la seconde entreprise du département avec 492 ouvriers en mai 1940, implantation des tanneries de Lingolsheim à Rennes, etc.). Présence étrangère en Bretagne en 1936 Le recensement de la population en 1936 montre une légère baisse de l'effectif des étrangers par rapport à 1926 (environ 3 %). Au regard des nationalités représentées, il semble que cette diminution peut être expliquée par la "chute" de l'effectif des Britanniques en l'espace de dix ans, dans un contexte économique et politique troublé. D'ailleurs, le département d'Ille-et-Vilaine, principal département d'accueil des Britanniques, voit son effectif global d'étrangers quasiment divisé par deux alors que les autres départements, notamment le Finistère et le Morbihan, connaissent une progression importante de la population étrangère sur leur territoire. Dans ces deux départements, l'activité portuaire et d'armement (Lorient, Brest…), les chantiers divers, demandeurs de main-d'œuvre, expliquent en partie de cette situation. Les étrangers en Bretagne sont ressortissants de plus d'une cinquantaine de pays, originaires de tous les continents. Mais seules quelques nationalités ont une présence supérieure à quelques dizaines d'individus, voire plus tels les Belges, les Britanniques, les Espagnols ou les Nord-Africains (ces derniers étant essentiellement présents dans le Morbihan : 533 sur 602), et surtout les Italiens, désormais première population étrangère dans la région dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale, leur effectif ayant progressé de 60 % en dix ans. Recensement général de la population de 1936 1 Français naturalisés Étrangers Côtes-du-Nord 386 1571 Finistère 366 1290 Ille-et-Vilaine 488 2499 Morbihan 277 1591 Total Bretagne 1517 6951 1. Ministère de l'Economie nationale, Direction de la Statistique générale et de la Documentation, Résultats statistiques du recensement général de la population effectué le 8 mars 1936, Tome I, Paris, Imprimerie nationale, MDCCCCXXXVIII. Odris, RFSM et Génériques, juin 2007

Histoire et Mémoire de l'immigration en Bretagne : synthèse historique Répartition des étrangers en Bretagne : 14 premières nationalités en 1936 1 Côtes-du-Nord Nombre (rang) Finistère Nombre (rang) Ille-et-Vilaine Nombre (rang) Odris, RFSM et Génériques, juin 2007 Morbihan Nombre (rang) 51 Total Bretagne Nombre (rang) Allemands 28 (10) 42 (7) 12 (14) 27 (8) 109 (12) Belges 142 (2) 107 (3) 267 (3) 91 (4) 607 (3) Britanniques 140 (3) 40 (8) 424 (2) 55 (5) 659 (2) Espagnols 129 (4) 112 (2) 234 (4) 109 (3) 584 (5) Etats-Unis 30 (9) 51 (6) 59 (10) 9 (11) 149 (9) Italiens 743 (1) 570 (1) 664 (1) 522 (2) 2499 (1) Nord-Africains 31 (8) 5 (13) 33 (12) 533 (1) 602 (4) Polonais 44 (7) 76 (5) 224 (5) 35 (7) 379 (6) Portugais 49 (5) 89 (4) 75 (6) 21 (9) 234 (7) Russes 24 (11) 27 (10) 62 (8) 16 (10) 129 (10) Suisses 46 (6) 42 (7) 61 (9) 50 (6) 199 (8) Tchécoslovaques 20 (12) 13 (11) 34 (11) 4 (13) 71 (13) Turcs 10 (13) 30 (9) 15 (13) 7 (12) 62 (14) Yougoslaves 30 (9) 11 (12) 68 (7) 3 (14) 112 (11) Des mesures pour limiter la main-d'œuvre étrangère compensées par des besoins dans certains secteurs professionnels Quelle est la place des travailleurs étrangers dans les différents secteurs économiques bretons, notamment le secteur ouvrier ? Existe-t-il des conflits du travail ? Quelles sont les conséquences des décrets de limitation de la main-d'œuvre étrangère ? Dans un climat national de crise économique et de xénophobie, des mesures ont été prises pour protéger l'économie et la main-d'œuvre française en limitant l'immigration. Ainsi, la loi du 10 août 1932 a-t-elle eu pour objectif de limiter l'emploi des travailleurs étrangers en instaurant des quotas d'ouvriers étrangers dans les entreprises. Par la suite, cette loi a été complétée par un arsenal législatif destiné principalement à la défense des classes moyennes. Ce sont surtout les industries et les régions les plus touchées par la crise économique où la réduction du nombre des travailleurs étrangers a été la plus forte. En fait, le maintien d'une main-d'œuvre étrangère importante démontre comment de provisoire celle-ci est devenue un élément indispensable, permanent et structurel de l'économie française. En Bretagne, l'appel à la main-d'œuvre étrangère n'est toutefois pas suspendu quand il s'agit de pallier les insuffisances locales et de répondre à des besoins professionnels spécifiques, notamment dans la construction, les mines et les carrières. En effet, comme on l'a mentionné, la région est avant tout agricole et la main-d'œuvre locale souvent excédentaire pour ce secteur. En revanche, dans les villes, plus industrialisées, paradoxe de l'exode rural et des migrations des Bretons vers d'autres régions, la main-d'œuvre locale peut être déficitaire en nombre ou en savoirfaire. La main-d'œuvre étrangère, d'origine diverse (Italiens, Espagnols, Anglais, Belges et 1. Ibid.

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<strong>Histoire</strong> <strong>et</strong> Mémoire <strong>de</strong> <strong>l'immigration</strong> <strong>en</strong> Br<strong>et</strong>agne : synthèse historique<br />

Britanniques fréqu<strong>en</strong>tait l'hiver les grands hôtels <strong>et</strong> les casinos dont celui <strong>de</strong> Dinard. De 1930 à<br />

1935, les saisons estivales sont médiocres (moins 30 % pour les hôteliers <strong>de</strong>s Côtes-du-Nord). A<br />

Dinard, les rec<strong>et</strong>tes du casino baiss<strong>en</strong>t <strong>de</strong> moitié. Des stations balnéaires construites après la<br />

guerre ne seront pas achevées (comme Les Sables-d'Or-les-Pins, Côtes-du-Nord).<br />

La Br<strong>et</strong>agne connaît une certaine relance économique après 1936 qui ne touche pas tout<br />

son territoire (relance du trafic portuaire <strong>de</strong> Brest, embauche à l'ars<strong>en</strong>al <strong>de</strong> Brest atteignant 7800<br />

ouvriers <strong>en</strong> 1939, à l'<strong>en</strong>treprise Tanvez à Guingamp avec 1170 ouvriers <strong>en</strong> 1935, implantation <strong>de</strong><br />

l'usine métallurgique Sambre-<strong>et</strong>-Meuse à Saint-Brieuc <strong>en</strong> 1935-37, qui <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t la secon<strong>de</strong><br />

<strong>en</strong>treprise du départem<strong>en</strong>t avec 492 ouvriers <strong>en</strong> mai 1940, implantation <strong>de</strong>s tanneries <strong>de</strong><br />

Lingolsheim à R<strong>en</strong>nes, <strong>et</strong>c.).<br />

Prés<strong>en</strong>ce étrangère <strong>en</strong> Br<strong>et</strong>agne <strong>en</strong> 1936<br />

Le rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la population <strong>en</strong> 1936 montre une légère baisse <strong>de</strong> l'effectif <strong>de</strong>s<br />

étrangers par rapport à 1926 (<strong>en</strong>viron 3 %). Au regard <strong>de</strong>s nationalités représ<strong>en</strong>tées, il semble que<br />

c<strong>et</strong>te diminution peut être expliquée par la "chute" <strong>de</strong> l'effectif <strong>de</strong>s Britanniques <strong>en</strong> l'espace <strong>de</strong> dix<br />

ans, dans un contexte économique <strong>et</strong> politique troublé. D'ailleurs, le départem<strong>en</strong>t d'Ille-<strong>et</strong>-Vilaine,<br />

principal départem<strong>en</strong>t d'accueil <strong>de</strong>s Britanniques, voit son effectif global d'étrangers quasim<strong>en</strong>t<br />

divisé par <strong>de</strong>ux alors que les autres départem<strong>en</strong>ts, notamm<strong>en</strong>t le Finistère <strong>et</strong> le Morbihan,<br />

connaiss<strong>en</strong>t une progression importante <strong>de</strong> la population étrangère sur leur territoire. Dans ces<br />

<strong>de</strong>ux départem<strong>en</strong>ts, l'activité portuaire <strong>et</strong> d'armem<strong>en</strong>t (Lori<strong>en</strong>t, Brest…), les chantiers divers,<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> main-d'œuvre, expliqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> partie <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te situation.<br />

Les étrangers <strong>en</strong> Br<strong>et</strong>agne sont ressortissants <strong>de</strong> plus d'une cinquantaine <strong>de</strong> pays,<br />

originaires <strong>de</strong> tous les contin<strong>en</strong>ts. Mais seules quelques nationalités ont une prés<strong>en</strong>ce supérieure à<br />

quelques dizaines d'individus, voire plus tels les Belges, les Britanniques, les Espagnols ou les<br />

Nord-Africains (ces <strong>de</strong>rniers étant ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts dans le Morbihan : 533 sur 602), <strong>et</strong><br />

surtout les Itali<strong>en</strong>s, désormais première population étrangère dans la région dans les années<br />

précédant la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, leur effectif ayant progressé <strong>de</strong> 60 % <strong>en</strong> dix ans.<br />

Rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t général <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> 1936 1<br />

Français naturalisés Étrangers<br />

Côtes-du-Nord 386 1571<br />

Finistère 366 1290<br />

Ille-<strong>et</strong>-Vilaine 488 2499<br />

Morbihan 277 1591<br />

Total Br<strong>et</strong>agne 1517 6951<br />

1. Ministère <strong>de</strong> l'Economie nationale, Direction <strong>de</strong> la Statistique générale <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Docum<strong>en</strong>tation, Résultats statistiques<br />

du rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t général <strong>de</strong> la population effectué le 8 mars 1936, Tome I, Paris, Imprimerie nationale, MDCCCCXXXVIII.<br />

<strong>Odris</strong>, RFSM <strong>et</strong> Génériques, juin 2007

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