05.07.2013 Views

Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher

Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher

Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

COCASSE<br />

auront ce jour-là les poches mieux garnies<br />

que tout autre.<br />

Les objets dont ils se servent sont :<br />

1° trois coquilles de grosses noix : les<br />

cocanges, et une petite boule de liège : la<br />

robignole. L’un d’eux, après s’être assis<br />

par terre, place son chapeau entre ses<br />

jambes et les cocanges sur le chapeau;<br />

cela fait, il couvre et découvre alternativement<br />

la robignole; après avoir fait<br />

quelques instants ce manège, il s’arrête<br />

et se détourne comme pour se moucher<br />

ou cracher; un compère alors lève successivement<br />

les trois cocanges, et<br />

lorsqu’il a découvert la robignole, il dit,<br />

assez haut pour être enten<strong>du</strong> de celui<br />

qui doit être <strong>du</strong>pé : « Elle est là. » C’est<br />

à ce moment que celui qui tient le jeu<br />

propose aux curieux assemblés autour<br />

de lui, des paris plus ou moins considérables;<br />

le compère, pendant ce temps,<br />

s’est enten<strong>du</strong> avec la <strong>du</strong>pe, et ils se mettent<br />

alors à jouer de moitié; celui qui<br />

tient le jeu est doué d’une agilité<br />

capable de faire honneur au plus habile<br />

escamoteur, il a su changer adroitement<br />

la robignole de place, le reste se devine :<br />

ce coup se nomme le coup de tronche.<br />

On a vu des indivi<strong>du</strong>s perdre à ce jeu<br />

des sommes très considérables; ils méritaient<br />

sans doute ce qui leur arrivait, car<br />

leur intention était bien celle de tromper<br />

celui que d’abord ils avaient pris pour<br />

un niais, mais jamais l’intention de la<br />

<strong>du</strong>pe n’a justifié les méfaits <strong>du</strong> <strong>du</strong>peur,<br />

que l’on punisse le premier, rien de<br />

mieux, mais que l’on ne ménage pas le<br />

second, et bientôt, <strong>du</strong> moins je l’espère,<br />

on aura vu disparaître cette foule d’indivi<strong>du</strong>s<br />

qui spéculent sur les passions<br />

mauvaises.<br />

COCASSE s. m. Fin.<br />

COCASSERIE s. f. Finesse.<br />

28<br />

COCHEMARD s. m. Cocher.<br />

COËNNE DE LARD s. f. Brosse.<br />

COËSRÉ s. m. À chaque pas que l’on faisait<br />

dans l’ancien Paris, on rencontrait<br />

des ruelles sales et obscures qui servaient<br />

de retraite à tout ce que la capitale<br />

renfermait de vagabonds, gens sans<br />

aveu, mendiants et voleurs. Les habitants<br />

nommaient ces ré<strong>du</strong>its cours des<br />

Miracles, parce que ceux des mendiants<br />

qui en sortaient le matin pâles et estropiés,<br />

pour aller par la ville solliciter la<br />

charité des bonnes âmes, se trouvaient<br />

frais et dispos lorsque le soir ils y rentraient.<br />

Le premier de ces asiles, ou cours des<br />

Miracles, qui soit cité par les auteurs qui<br />

ont écrit l’histoire et la monographie de<br />

la capitale, est la rue <strong>du</strong> Sablon, dont<br />

aujourd’hui il ne reste plus rien; cette<br />

rue, qui était située près l’Hôtel-Dieu,<br />

fut fermée en 1511 à la requête des<br />

administrateurs de l’hôpital, « pour<br />

qu’elle ne servît plus de retraite aux<br />

vagabonds et voleurs qui y menaient<br />

une vie honteuse et dissolue ».<br />

Cette rue, dès l’an 1227, servait de<br />

retraite à ces sortes de gens. Étienne,<br />

doyen de Notre-Dame, et le chapitre de<br />

Paris, ne voulurent consentir à l’agrandissement<br />

de l’hôpital, qu’à la condition<br />

expresse qu’il ne serait point fait de<br />

porte à la rue <strong>du</strong> Sablon, <strong>du</strong> côté <strong>du</strong><br />

Petit-Pont : « De peur que les voleurs<br />

qui s’y réfugiaient ne se sauvassent, par<br />

cette rue, chargés de leur butin, et que la<br />

maison de Dieu ne servît d’asile à leurs<br />

vols et à leurs crimes. »<br />

La rue de la Grande-Truanderie fut,<br />

après celle <strong>du</strong> Sablon, la plus ancienne<br />

cour des Miracles; son nom lui vient des<br />

gueux et fripons, qu’à cette époque on<br />

nommait truands, qui l’ont habitée<br />

primitivement; la troisième fut établie,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!