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Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher

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TUNEUR-EUSE<br />

chose que des prisons, et l’on veut<br />

qu’un malheureux donne sa liberté, le<br />

plus précieux de tous les biens, en<br />

échange d’un morceau de pain bis et<br />

d’une soupe à la Rumfort. Cela n’est ni<br />

juste, ni raisonnable.<br />

Je ne vois pas pourquoi on ne laisse<br />

pas aux malheureux détenus dans un<br />

dépôt de mendicité, la faculté de sortir<br />

au moins une fois par semaine.<br />

Leur travail pourrait aussi être plus<br />

convenablement rétribué; un homme<br />

qui ne gagne que deux ou trois sous par<br />

jour se dégoûte bientôt <strong>du</strong> travail.<br />

Presque tous les pauvres peuvent être<br />

employés utilement. Cela est si vrai, que<br />

la plupart de ceux qui sont aux bons<br />

pauvres, à Bicêtre, travaillent encore.<br />

Ceux qui ne mendient que parce que<br />

des infirmités réelles les empêchent de<br />

travailler souffrent aussi, pourtant c’est<br />

pour eux que sont les rigueurs, et la<br />

police laisse les mendiants privilégiés<br />

vaquer tranquillement à leurs occupations.<br />

Lorsque l’on arrête, pour les con<strong>du</strong>ire<br />

dans un dépôt de mendicité, tous les<br />

mendiants que l’on rencontre dans la<br />

rue, pourquoi accorde-t-on à quelquesuns<br />

le privilège de mendier à la porte<br />

des églises? Est-ce que par hasard la<br />

mendicité est moins repoussante à la<br />

porte d’une église qu’au coin d’une rue?<br />

Je ne le crois pas.<br />

Les fruits de la charité publique, destinés<br />

à secourir la misère des pauvres,<br />

sont on ne peut pas plus mal distribués.<br />

On inscrit sur les registres des bureaux<br />

de bienfaisance tous ceux qui se présentent<br />

avec quelques recommandations, et<br />

l’on repousse impitoyablement celui qui<br />

n’a que sa misère pour parler pour lui et<br />

qui ne peut s’étayer <strong>du</strong> nom de personne,<br />

aussi il y a dans Paris des gens qui<br />

164<br />

sont assistés à la fois dans cinq ou six<br />

arrondissements.<br />

Celui qui est enfin parvenu à se faire<br />

inscrire dans un bureau de charité est<br />

toujours assisté, quels que soient les<br />

changements opérés dans sa position.<br />

Les secours destinés aux pauvres sont<br />

insuffisants; il serait juste, je crois,<br />

d’imposer les gens qui possèdent, proportionnellement<br />

à leur fortune. Des<br />

gens qui possèdent 50 000 et même<br />

100 000 livres de rente, donnent seulement<br />

quelque 100 francs par année<br />

pour les pauvres, et cependant ils<br />

croient faire beaucoup; ils méprisent, ils<br />

dédaignent les pauvres. C’est cependant<br />

dans leurs rangs qu’ils trouvent tout ce<br />

dont ils ont besoin : des ouvriers, des<br />

domestiques, des remplaçants aux<br />

armées pour leurs fils, et quelquefois<br />

même de jeunes et jolies filles pour<br />

satisfaire leurs passions.<br />

Les ouvriers sont presque tous ivrognes<br />

et brutaux, les domestiques volent;<br />

ce n’est peut-être que trop vrai, mais à<br />

qui la faute? si ce n’est à vous MM. les<br />

richards. Si vos dons étaient proportionnés<br />

à votre fortune et aux besoins<br />

des classes pauvres, les enfants <strong>du</strong><br />

peuple recevraient une meilleure é<strong>du</strong>cation,<br />

ils connaîtraient les lois et l’histoire<br />

de leur pays, et bientôt il ne resterait pas<br />

la plus légère trace des défauts, des vices<br />

mêmes, que vous reprochez à ceux qui<br />

occupent les derniers degrés de l’échelle<br />

sociale.<br />

Tant que pour secourir les pauvres on<br />

se bornera à leur envoyer une dame<br />

richement parée et étincelante de diamants<br />

leur porter le bon d’un pain de<br />

quatre livres et d’une tasse de bouillon.<br />

Tant qu’on se bornera à emprisonner<br />

ceux qui imploreront la commisération

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