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Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher

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TUNE<br />

obtenu soit à prix d’argent, soit parce<br />

qu’ils ont la protection de quelques-uns<br />

des employés de la prison, une place aux<br />

premières loges, peuvent voir des<br />

hommes vêtus d’un habit militaire et<br />

l’épée au côté, occupés à choisir et à<br />

examiner les colliers qui doivent servir<br />

aux forçats. Lorsqu’ils ont achevé leur<br />

tâche, ils placent par rangs de taille et<br />

font asseoir vingt-six indivi<strong>du</strong>s auxquels<br />

ils lâchent les plus dégoûtantes<br />

épithètes.<br />

C’est alors que commence le ferrage.<br />

Cette opération fait quelquefois frémir<br />

ceux qui en sont spectateurs, car elle est<br />

vraiment terrible, et si le marteau ne<br />

tombait pas d’aplomb sur le rivet <strong>du</strong><br />

collier, il est évident que le crâne <strong>du</strong><br />

condamné serait infailliblement<br />

fracassé. Au reste, plusieurs fois des<br />

forçats ont été blessés très grièvement.<br />

Lorsque l’opération <strong>du</strong> ferrage est<br />

terminée, et quelle que soit la rigueur de<br />

la saison, on fait déshabiller complètement<br />

chaque forçat, et les plaisanteries,<br />

assaisonnées de quelques coups de<br />

bâton, ne leur sont pas épargnées, ce qui<br />

paraît réjouir infiniment les grandes<br />

dames qui ne quittent pas les fenêtres<br />

auxquelles elles sont placées. On<br />

distribue alors à tous ceux qui doivent<br />

faire le voyage une paire de sabots, des<br />

vêtements de grosse toile grise qui les<br />

couvrent à peine; ensuite vient le perruquier<br />

qui taille en échelle les cheveux de<br />

chaque forçat, tandis que les argousins<br />

coupent le bord des chapeaux et la<br />

visière des casquettes.<br />

Quelle que soit la saison, les forçats<br />

sont ensuite placés sur les voitures<br />

découvertes, attelées chacune de quatre<br />

chevaux, qui doivent les con<strong>du</strong>ire au<br />

lieu de leur destination. Au signal <strong>du</strong><br />

capitaine de la chaîne, le triste convoi se<br />

162<br />

met en marche, accompagné de quelques<br />

dandys à cheval qui veulent être<br />

spectateurs <strong>du</strong> dernier acte <strong>du</strong> triste<br />

drame qui se joue devant eux, et assister<br />

au grand rapiot.<br />

Le grand rapiot, ou fouille générale, a<br />

lieu ordinairement à la fin de la première<br />

journée de marche. On fait alors<br />

descendre les forçats des voitures sur<br />

lesquelles ils sont juchés, on les fait déshabiller,<br />

les vêtements et les fers sont<br />

visités avec la plus scrupuleuse attention;<br />

les condamnés sont ensuite<br />

fouillés dans les endroits les plus secrets.<br />

Cette opération se fait très vite et au<br />

commandement des argousins. Ceux<br />

des forçats qui n’exécutent pas la<br />

manœuvre avec assez de promptitude,<br />

ou qui se montrent maladroits lorsqu’il<br />

faut passer par-dessus le cordon, reçoivent<br />

des coups de bâton.<br />

« Tousez, Fagots. » À ce commandement<br />

d’un argousin, les forçats doivent<br />

faire leurs nécessités.<br />

Lorsque le cordon est arrivé au lieu où<br />

la première nuit doit être passée, on fait<br />

entrer deux cent cinquante à trois cents<br />

forçats dans une écurie ou dans tout<br />

autre lieu semblable, d’une capacité<br />

propre à en contenir seulement cinquante<br />

ou soixante. Ils trouvent dans<br />

cette écurie quinze ou vingt bottes de<br />

paille. Des argousins sont placés à<br />

toutes les extrémités de cette écurie, et<br />

ceux qui sont chargés d’aller relever les<br />

factionnaires sont obligés de marcher<br />

sur les forçats qui sont éten<strong>du</strong>s sur le<br />

sol, et ils les accueillent par des coups de<br />

bâton. Le bâton est la logique des<br />

argousins.<br />

Si, l’été, un forçat a soif, et qu’il ose<br />

demander à boire, un argousin dit<br />

aussitôt : « Que celui qui veut boire lève<br />

la main. » Le forçat qui n’est pas encore

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