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Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher

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ou de plumes ont dû être singulièrement<br />

compromis par la poussière.<br />

« Il en était de même des hommes,<br />

devenus méconnaissables par les flots<br />

poudreux qui souillaient leurs vêtements.<br />

La descente de la Courtille, au<br />

mardi gras, ne présente peut-être pas un<br />

spectacle aussi ignoble que celui<br />

qu’offraient aujourd’hui nos fashionables.»<br />

Un poète, qui faisait partie de cette<br />

chaîne, a composé une sorte d’hymne<br />

dont je crois devoir citer ici les deux<br />

couplets les plus saillants.<br />

Entendez notre voix, et que nos fiers<br />

[accents<br />

À notre suite enchaînent la folie.<br />

Adieu Paris! adieu, nos derniers chants<br />

Vont saluer notre patrie.<br />

Des fers que nous portons nous bravons le<br />

[fardeau.<br />

Un jour la liberté reviendra nous sourire,<br />

Et dans notre délire<br />

Nous redirons encore ce chant toujours<br />

[nouveau.<br />

Renommée, à nous tes trompettes,<br />

161<br />

TUNE<br />

Dis que joyeux nous quittons nos foyers.<br />

Consolons-nous si Paris nous rejette,<br />

Et que l’écho répète<br />

Le chant des prisonniers.<br />

Regardez-nous et contemplez nos rangs :<br />

En est-il un qui répande des larmes?<br />

Non, de Paris nous sommes tous enfants;<br />

Notre douleur pour vous aurait des<br />

[charmes.<br />

Adieu, car nous bravons et vos fers et vos<br />

[lois;<br />

Nous saurons en<strong>du</strong>rer le sort qu’on nous<br />

[prépare,<br />

Et, moins que vous barbare,<br />

Le temps saura nous rendre et nos noms et<br />

[nos lois.<br />

Renommée, etc., etc.<br />

Les condamnés qui doivent faire<br />

partie de la bride (chaîne) sont amenés<br />

dès le matin dans la grande cour de la<br />

prison de Bicêtre; ils ont ordinairement<br />

passé une partie de la nuit à boire et à<br />

chanter 1 , aussi leur teint est pâle, et ils<br />

paraissent ne point devoir supporter les<br />

fatigues de la route. Ceux qui ont<br />

1. Il y a toujours, parmi les forçats qui doivent faire partie de la chaîne, quelques forçats qui<br />

se chargent de faire quelques chansons de circonstance qui sont destinées à charmer les ennuis<br />

de la route. Outre ces poésies nouvelles, les condamnés n’oublient pas de chanter quelquesunes<br />

de ces vieilles chansons <strong>argot</strong>iques chantées déjà par plusieurs générations de voleurs, La<br />

Marcandière, Le Tapis de Montron par exemple; mais celles qui obtiennent le plus de succès,<br />

celles dont les refrains sont répétés avec une sorte de frénésie, sont celles qui sont destinées à<br />

tourner en ridicule la police ou ses agents. La chanson en vogue maintenant dans les bagnes et<br />

dans les prisons, est dirigée contre M. Allard, chef de la police de sûreté, et les agents qu’il<br />

emploie. Il est inutile de dire que cette chanson ne prouve absolument rien. Aussi je ne donne<br />

place ici à quelques-uns de ces couplets que pour donner un échantillon <strong>du</strong> style épigrammatique<br />

des voleurs.<br />

Ce fameux Allard entra,<br />

Sa brigade l’entoura;<br />

Tous scélérats,<br />

Voyez ces agents,<br />

Ils livreraient leur père<br />

Pour un peu d’argent.<br />

La chaîne tout entière<br />

Ne fait qu’un cri :<br />

Ah! ah! à la chianlit,<br />

À la chianlit.<br />

Allard dit à un voleur,<br />

« Je suis un homme d’honneur »,<br />

C’est un menteur.<br />

On lui a prouvé<br />

Que l’un de ses deux frères,<br />

Depuis peu d’années<br />

Est sorti des galères,<br />

Il en rougit.<br />

Ah! ah! à la chianlit,<br />

À la chianlit.<br />

Les agents vont dès l’matin<br />

Chez un tailleur peu malin,<br />

Louer un frusquin.<br />

Voyez ces friquets<br />

En habit <strong>du</strong> dimanche,<br />

Ce gueux d’Hutinet,<br />

Et ce gouèpeur de Lange<br />

En vieil habit.<br />

Ah! ah! à la chianlit,<br />

À la chianlit, etc., etc.

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