Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher
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d’exemple, mériter l’estime et la protection<br />
des gens auxquels il était subordonné.<br />
Le colonel directeur de<br />
l’artillerie de marine <strong>du</strong> port de Toulon<br />
le prit à son service, et lors de sa libération,<br />
il lui délivra un certificat conçu en<br />
termes très honorables.<br />
Les meilleurs arguments que l’on<br />
puisse opposer à la surveillance sont,<br />
sans contredit, l’analyse <strong>du</strong> congé<br />
délivré au forçat qui s’y trouve soumis.<br />
« Le forçat libéré ne peut, à moins<br />
d’avoir obtenu une autorisation spéciale,<br />
résider ni à Paris, ni à Versailles, ni<br />
dans aucune ville où il existe des palais<br />
royaux », c’est-à-dire dans aucune des<br />
N° D’ENREGISTREMENT<br />
2993<br />
Le dénommé au présent congé<br />
a choisi pour résidence<br />
MAURECOURT,<br />
département de Seine-et-Oise.<br />
40 jours<br />
NB : signalement actuel pris<br />
sur l’indivi<strong>du</strong>, et non copié<br />
sur les matricules.<br />
147<br />
SURBINE<br />
villes où il lui serait possible de cacher sa<br />
position, et de trouver <strong>du</strong> travail, s’il<br />
exerce une des professions qui se rattachent<br />
à l’article Paris. « Il ne peut<br />
quitter sa résidence sans l’autorisation<br />
<strong>du</strong> préfet <strong>du</strong> département. » Ainsi, s’il<br />
cultive la terre, il ne pourra aller vendre<br />
ses fruits au marché de la ville voisine,<br />
sans rompre son ban.<br />
Que peut-il donc faire? Violer la loi, et<br />
voler pour vivre! C’est aussi ce qu’il fait<br />
presque toujours.<br />
Crosnier, porteur d’un congé dont le<br />
modèle est ci-dessous, revint en 1827<br />
dans son pays.<br />
LE COMMISSAIRE DE LA MARINE, préposé à l’Administration<br />
et police <strong>du</strong> bagne au port de Toulon, certifie à<br />
tous qu’il appartiendra, que, d’après les ordres de Son<br />
Excellence le MINISTRE DE LA MARINE ET DES COLO-<br />
NIES, en date <strong>du</strong> 28 mai 1827, il a, en sa présence, fait<br />
détacher de la chaîne et mettre en liberté le nommé<br />
CROSNIER, JEAN-LOUIS, forçat, détenu en ce port sous<br />
le n° 17, 838, fils de JEAN-LOUIS et de feu APOLINE-<br />
ROSALIE, mâle, profession de jardinier, né à Maurecourt,<br />
département de Seine-et-Oise, le… 1779, taille<br />
d’un mètre 64 centimètres, cheveux et sourcils bruns,<br />
barbe id. grisonnante, visage ovale plein, yeux gris, nez<br />
long, bouche moyenne, menton rond, front couvert et<br />
étroit, tatoué sur les deux avant-bras légèrement,<br />
lequel avait été condamné, à l’âge de quarante-trois ans,<br />
à la peine de cinq ans de fers, le 3 mai 1822, par la Cour<br />
d’Assises de Seine-et-Oise séant à Versailles, pour<br />
soustraction frau<strong>du</strong>leuse, dans un champ, de bottes<br />
de fèves, et d’un autre antérieur de raisins, commis la