05.07.2013 Views

Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher

Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher

Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

misère est une présomption en leur<br />

faveur.<br />

Les passions. Les gens qui ont toujours<br />

vécu dans l’abondance, qui n’ont jamais<br />

eu le temps de former un désir, conçoivent<br />

difficilement que l’on commette un<br />

crime, une mauvaise action, même pour<br />

satisfaire une passion. Il est très facile<br />

d’être vertueux lorsque l’on possède.<br />

S’ils devenaient malheureux, ils auraient<br />

probablement un peu plus d’in<strong>du</strong>lgence<br />

pour celui qui ne s’est jamais couché<br />

dans un bon lit, qui passe les trois quarts<br />

de sa vie exposé à toutes les injures <strong>du</strong><br />

temps, qui mange <strong>du</strong> pain sec à la fumée<br />

de leurs cuisines, et qui vole pour se<br />

procurer quelques jouissances.<br />

Lorsqu’il existera des écoles dans lesquelles<br />

les enfants <strong>du</strong> peuple recevront<br />

une é<strong>du</strong>cation proportionnée à leurs<br />

capacités; lorsque des professeurs<br />

seront chargés de leur faire connaître et<br />

respecter les lois <strong>du</strong> pays et de leur<br />

apprendre par leurs paroles, et surtout<br />

par leur exemple, à chérir la vertu;<br />

lorsqu’en sortant de ces écoles, ils pourront<br />

entrer dans un établissement pour y<br />

apprendre un état, et y contracter des<br />

habitudes d’ordre et de sobriété.<br />

Lorsque l’homme dénué de ressources<br />

pourra, sans craindre de se voir ravir le<br />

141<br />

SURBINE<br />

plus précieux et le dernier de ses biens,<br />

la liberté, aller trouver le commissaire de<br />

police de son quartier, et lui demander<br />

ce qu’alors il obtiendra, <strong>du</strong> pain en<br />

échange de son travail; lorsque enfin,<br />

quelques lois préventives seront écrites<br />

à côté des lois répressives de notre<br />

Code, alors seulement il sera permis de<br />

se montrer sévère sans cesser d’être<br />

juste; car personne ne pourra jeter au<br />

visage <strong>du</strong> magistrat qui, lorsqu’il est<br />

assis sur son siège, représente la société<br />

tout entière : « J’ai volé pour manger, je<br />

veux bien m’acquitter de la tâche qui<br />

m’est imposée, mais je suis homme, j’ai<br />

le droit de vivre, et la société dont vous<br />

êtes le représentant n’a pas celui de me<br />

laisser mourir de faim. » Maintenant il<br />

faut admirer ceux qui restent vertueux,<br />

plaindre ceux qui succombent, leur<br />

tendre la main lorsqu’ils ont expié leurs<br />

fautes, et chercher avec soin les moyens<br />

de les empêcher de succomber de<br />

nouveau 1 .<br />

II<br />

On peut conclure de ce qui précède<br />

qu’il y a, parmi les hommes qui languissent<br />

dans les bagnes et dans les maisons<br />

1. Personne, je le pense, ne mettra en doute l’utilité d’établissements semblables à ceux que je<br />

propose, mais on pourrait objecter qu’il n’y a pas d’argent pour les fonder; l’argent ne manque<br />

point lorsqu’il s’agit de futilités; avec ce que coûte un vaisseau de carton, on pourrait fonder<br />

une salle d’asile, avec ce que coûte l’érection d’un obélisque qui ressemble plus à la cheminée<br />

d’une usine qu’à toute autre chose, on pourrait établir un atelier dans lequel les nécessiteux<br />

trouveraient toujours <strong>du</strong> travail, au reste je ne sais pas pourquoi on n’imposerait point ceux qui<br />

possèdent, ils boiraient peut-être quelques bouteilles de champagne de moins, ils ne donneraient<br />

pas autant à la danseuse qu’ils entretiennent, mais où serait le mal, il est même possible<br />

de vivre sans champagne et sans danseuse.<br />

Ces établissements, si jamais ils existent, devront être administrés par des philanthropes<br />

éclairés, et non rétribués.<br />

Si l’on veut diminuer le nombre des malfaiteurs, il faut, ce qui n’est pas impossible, rendre<br />

meilleurs et plus heureux ceux qui appartiennent aux classes inférieures de la société.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!