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Dictionnaire argot-français - Vidocq - Éditions du Boucher

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SUCE LARBIN<br />

pour attaquer les châteaux et les fermes<br />

où ils croyaient trouver de l’argent.<br />

Souvent le château sur lequel les suageurs<br />

avaient jeté leur dévolu était cerné,<br />

escaladé, et avant que ses habitants eussent<br />

eu le temps de se reconnaître, ils<br />

étaient saisis et garrottés; le maître de la<br />

maison était alors amené devant une<br />

cheminée dans laquelle on avait fait un<br />

grand feu, et le chef de la bande lui<br />

demandait son argent, s’il ne faisait pas<br />

connaître de suite le lieu dans lequel il<br />

était caché, on le menaçait de lui brûler<br />

les pieds, et cette menace n’était que<br />

trop souvent exécutée.<br />

Beaucoup de personnes ont été cruellement<br />

mutilées par les suageurs, qui<br />

très souvent ne se contentaient pas de<br />

brûler les pieds de ceux qui se montraient<br />

récalcitrants, et qui quelquefois<br />

se servaient <strong>du</strong> soufflet, supplice inventé<br />

par le nommé Chopine, dit le Nantais,<br />

l’un des plus intrépides et des plus<br />

cruels suageurs de la bande de Sallambier.<br />

Un autre indivi<strong>du</strong> de la même bande,<br />

nommé Calandrin, dit le Parisien, avait<br />

proposé d’arracher les ongles à tous<br />

ceux qui n’avoueraient pas de suite tout<br />

ce qu’on exigerait d’eux, et cette proposition<br />

avait été acceptée.<br />

Capahut, dont j’ai parlé ci-dessus,<br />

avait aussi fait partie d’une bande de<br />

chauffeurs dans les environs de Paris.<br />

Comme on a pu le voir, assassiner ses<br />

camarades pour s’approprier leur part<br />

de butin, n’était pour lui qu’une action<br />

134<br />

très ordinaire; il appelait cela travailler<br />

en lime sourde. Il expia ses forfaits sur la<br />

place de l’Hôtel-de-Ville.<br />

SUCE LARBIN s. m. Bureau de placement<br />

de domestiques. Les bureaux de<br />

placement, tels qu’ils existent maintenant,<br />

nuisent à ceux qui se font servir, et<br />

à ceux qui servent, aussi le mal qui<br />

résulte de leur existence est-il visible à<br />

tous les yeux. Les quelques notes qui<br />

suivent, sont extraites <strong>du</strong> prospectus<br />

que je publiais lorsque je me déterminais<br />

à fonder, sous le titre de l’Intermédiaire,<br />

une agence qui, j’ose le croire,<br />

aurait ren<strong>du</strong> d’éminents services à la<br />

société si elle avait été mieux comprise.<br />

« Un décret impérial <strong>du</strong> 10 octobre<br />

1810 fixa la position des indivi<strong>du</strong>s qui<br />

étaient ou qui voulaient se mettre en<br />

service en qualité de domestiques; ce<br />

décret, à la fois juste et sévère, prévoyait<br />

tous les abus.<br />

« Les bons domestiques l’accueillirent<br />

avec plaisir; l’homme probe ne redoute<br />

pas les investigations, il sait fort bien<br />

qu’il ne peut que gagner à être connu;<br />

mais ceux dont la conscience n’était pas<br />

nette, employèrent tous les moyens que<br />

leur suggéra leur imagination pour<br />

éluder et paralyser les effets qu’il devait<br />

pro<strong>du</strong>ire : celui qu’ils adoptèrent devait<br />

nécessairement réussir, à une époque où<br />

la police était ombrageuse et la population<br />

inquiète.<br />

« Si vous parlez de la police à la plupart<br />

des habitants de Paris, ils croiront<br />

tout ce que vous voudrez bien leur dire,<br />

1. Le père Cornu, dont j’ai parlé dans mes Mémoires, avait trois garçons et deux filles : les<br />

garçons sont morts tous les trois sur l’échafaud, et les deux filles en prison. Le caractère de<br />

l’une d’elles, nommée Marguerite, était si cruel, qu’un jour, après avoir de complicité avec<br />

toute sa famille commis un triple assassinat, elle porta la tête de l’une des victimes dans son<br />

tablier pendant tout le temps qu’elle mit à faire plusieurs lieues.

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