ISRAËL - Consistoire de Paris

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COMMUNAUTÉS Le Casip-Cojasor : “L'histoire d'une solidarité bicentenaire” A l'occasion de son bicentenaire, la Fondation CASIP-COJASOR a présenté une exposition documentaire de l'histoire du CASIP (Comité d'action sociale israélite de Paris) des origines à nos jours. Inaugurée à l'hôtel de Ville de Paris par M. Frédéric MITTERRAND, ministre de la culture et de la communication, le 28 octobre 2009, Elle a été exposée du 16 juin au 29 août 2010 au Musée d'art et d'histoire du judaïsme. Un catalogue, publié par les éditions SOMOGY, très bel ouvrage, richement I.J : Rappelez-nous les circonstances de la création du Comité israélite de bienfaisance de la Ville de Paris. Gabriel Vadnaï : Depuis qu'il y a des juifs en France existent des caisses de bienfaisance. Avant la Révolution française, on les connaissait sous le nom de 'Hevroth (fraternités), genre de mutuelles avant l'heure. A Paris, au moment de la création du Consistoire israélite de France, il existait sept 'Hevroth qui ne venaient en aide qu'à leurs seuls membres. L'une des demandes de Napoléon 1er au Consistoire était que ces 'Hevroth se fédèrent et garantissent la prise en charge de tous les nécessiteux de la communauté juive. C'est ainsi que fut 42 INFORMATION JUIVE Septembre 2010 et de reconstruction (Cojasor) s'est constitué dans la résistance, pour une action d'entraide à l'égard des juifs victimes du nazisme. Il a été créé officiellement en 1945, avec en particulier le soutien du Joint américain, pour accueillir les rescapés de la Shoah. Des dizaines de milliers de réfugiés lui doivent d'avoir pu s'établir en France ou d'avoir pu rejoindre la Palestine ou les Etats-Unis. I.J : La force de ces deux organisations a été de pouvoir s'adapter aux événements. Quelle a été leur évolution ? G.V : Emanation de la communauté, longtemps dirigé par des notables du Consistoire, le CASIP a cherché à La Fondation CASIP-COJASOR, c'est un supplément d'âme dans l'action sociale ! créé le premier organisme social communautaire central, en charge de l'aide sociale, de la gestion des écoles juives, des mikvaoth (bains rituels), voire de la construction de synagogues, en fait le bras séculier du Consistoire. I.J : Et le COJASOR, depuis quand existet-il ? G.V : Le Comité juif d'action sociale répondre à l'ensemble des besoins sociaux tels qu'ils se manifestaient d'époque en époque. Création d'un hôpital juif en 1842, qui a conduit, en 1852, à l'ouverture de l'hôpital qui porte le nom de James de Rothschild. Organisation en 1852 d'un vestiaire pour habiller les plus pauvres. Maison de retraite Moïse Léon (Bd de Picpus) en 1883, dispensaire antituberculeux UN ENTRETIEN AVEC GABRIEL VADNAÏ * illustré et documenté, de 120 pages, présente les archives de la Fondation, inédites jusqu'à présent, et illustre l'immense travail accompli pour insérer dans la société française les familles les plus pauvres et les immigrés les plus démunis. Entretien avec M.Gabriel Vadna, co-auteur avec Laure POLITIS, archiviste, du livre " La solidarité juive, 200 ans d'action sociale du Comité de bienfaisance israélite de Paris à la Fondation CASIP- COJASOR. " au début du 20e siècle. Et surtout, le Comité s'est adapté à l'accueil des différentes vagues d'immigrations d'Europe centrale dans les années 1880 à 1930, puis à l'arrivée des juifs allemands. Après guerre, il a été le principal lieu d'accueil des juifs d'Afrique du nord. On estime à environ 150 000 ceux d'entre eux qui ont bénéficié de ses services. I.J : Et le Cojasor ? G.V : Après un intense travail avec les rescapés de la Shoah, le COJASOR s'est spécialisé dans l'aide aux personnes âgées, toutes celles qui, après la guerre, n'avaient plus l'âge, ni la force de se réintégrer dans la société. Il y a ajouté l'accueil des réfugiés provenant d'Egypte, de Hongrie, du Liban et d'Europe centrale. I.J : Finalement, en 2000, le CASIP et le COJASOR ont fusionné, démarche plutôt rare dans la communauté. Expliquez-nous ! G.V : Il est vrai que les fusions entre associations sont rares et pas toujours réussies. Souvent elles sont imposées pour des raisons financières. Là, cela faisait déjà plusieurs années que nous nous rencontrions occasionnellement entre responsables de nos associations pour constater que nous réalisions des
tâches très semblables, avec des moyens parfois dédoublés. Déjà Alain de Rothschild dans les années 1960, alors président du CASIP, avait proposé à Ignace Fink, directeur général du Cojasor, de réunir nos forces. Il a fallu la rencontre de son fils Eric, devenu président du CASIP, avec Jean-Claude PICARD, président du COJASOR, pour 2009 et 356 ont bénéficié de ses conseils et orientations. I.J : Comment faites-vous face à la crise économique ? G.V : On parle beaucoup de la crise économique aujourd'hui, mais, en fait elle remonte à la fin des Trente glorieuses, à l'apparition du chômage La Fondation CASIP-COJASOR, c'est un supplément d'âme dans l'action sociale ! que le projet se concrétise au cours de l'année 1999, avec pour objectif de transformer les deux associations en une fondation, gage de durabilité. Cette fusion a permis un réel développement de ce qui est devenu la plus importante fondation sociale de la communauté juive : 40 travailleurs sociaux (trois fois plus en 2010 qu'en 2000), construction et rénovation de plusieurs établissements pour personnes âgées et pour handicapés, mise en place de nouveaux programmes sociaux pour les personnes âgées, pour les rescapés de la Shoah et pour les handicapés. I.J : Dans quels domaines s'exerce aujourd'hui l'action de la Fondation CASIP- COJASOR ? G.V : Budgétairement, 40 % de notre activité se portent sur l'action sociale : aide aux familles, aux personnes âgées, aux handicapés, aux réfugiés, aux détenus et anciens détenus, aux rescapés de la Shoah, tutelle des majeurs protégés ... 60 % concernent nos établissements d'accueil : pour personnes âgées, pour handicapés, hôtel social, halte-garderie. A cela s'ajoute l'action du Bureau du Chabbath, association indépendante, gérée par la Fondation, qui aide à la recherche d'emplois pour les chômeurs. Quelques chiffres : 20 000 personnes accueillies dans l'année, la moitié bénéficiant d'aides financières pour un total de 2,5 k€ ; dix établissements à la disposition de la communauté ; 500 personnes âgées logées dans nos maisons ; 1270 chômeurs suivis par le Bureau du Chabbath ; 219 ont trouvé ou retrouvé, grâce à lui, un travail en en 1975. A cette époque, notre travail d'accueil des réfugiés pour le COJASOR et de rapatriés d'Afrique du nord pour le CASIP fait place à l'aide aux familles en difficulté sociale. Nous vivons avec la crise depuis 30 ans ! Gabriel Vadnaï Avec la loi de décentralisation de 1982 et l'instauration de nombreux dispositifs d'aide, comme le RMI, les effets de cette crise ont été moins visibles. Aujourd'hui, l'Etat et les départements s'essoufflent, restreignent les budgets, les réservent à leurs propres besoins et limitent en particulier leurs subventions aux associations. Heureusement, la loi TEPA, avec la possibilité de verser l'ISF aux fondations, a donné de nouveaux et considérables moyens au CASIP- COJASOR. La générosité traditionnelle de nos donateurs ne s'est pas démentie. Dans le domaine des rescapés de la COMMUNAUTÉS Shoah, la Fondation pour la mémoire de la Shoah et la Claims Conference nous apportent un appui précieux, tandis que nos financeurs historiques, le FSJU et le Consistoire de Paris, ont mis fin à leurs subventions. Prions pour des jours meilleurs pour les uns et les autres ! I.J : Que représente aujourd'hui au sein du panorama de la communauté juive française la Fondation CASIP-COJASOR ? G.V : Avec un budget de 33 millions d'euro, 450 salariés et 25 services et établissements, la Fondation CASIP- COJASOR est la seule fondation reconnue d'utilité publique par le Conseil d'Etat qui se consacre uniquement à l'action sociale au sein de la communauté juive française. Elle est porteuse d'une histoire de solidarité bicentenaire. Partenaire des services publics qui reconnaissent son travail de qualité et son expertise des problèmes sociaux de la communauté, elle répond aux attentes de ses usagers dans le domaine de l'identité juive. Elle leur permet de manger casher (Beth din) grâce aux bons alimentaires distribués aux familles les plus pauvres et à la surveillance rituelle de ses établissements d'accueil. Ses activités sociales, ses animations au sein des maisons de personnes âgées, de sa halte-garderie permettent aux usagers de maintenir, de renforcer leur adhésion aux valeurs juives, ce qui n'est généralement pas possible dans les structures dites "laïques". La Fondation CASIP- COJASOR, c'est un supplément d'âme dans l'action sociale! -- *Directeur général de la Fondation Casip-Cojasor -- Fondation CASIP-COJASOR 8, rue de Pali-Kao 75020 Paris Tél. 01 44 62 13 13 Fax : 01 44 62 13 14 E-mail : fondation@casip-cojasor.fr Site : www.casip.fr INFORMATION JUIVE Septembre 2010 43
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