ISRAËL - Consistoire de Paris

NOTRE OPINION
Le point de rupture ? PAR PHILIPPE MEYER*
Al'heure où le peuple juif
entame une nouvelle
année dans sa tradition
séculaire de joie et
d'espoir, l'Etat d'Israël
fait face à l'une des
menaces les plus graves de son
existence. Malgré de pâles résolutions
onusiennes totalement ignorées, la
nucléarisation de l'Iran des mollahs
avance à grand pas. L'inauguration très
médiatisée de sa nouvelle centrale
constitue une nouvelle étape, franchie
dans le même silence assourdissant des
démocraties occidentales que les
précédentes, vers le nucléaire militaire.
4 INFORMATION JUIVE Septembre 2010
mal de vitalité, l'heure américaine n'est
pas à l'affrontement. Les priorités sont
ailleurs. Il faut tout de même oser
déclarer, comme l'a fait un responsable
américain, que la situation actuelle n'est
pas encore d'une gravité absolue puisque
l'Iran ne devrait pas disposer de la bombe
avant un an environ. Rassurant, non ?
Un an, c'est demain.
Partout, les réactions diplomatiques
s'en tiennent à des déclarations de
principe. Mais les beaux discours ne
suffisent plus. Il faut désormais des actes.
Et les actes ne viennent manifestement
pas. N'a-t-on donc rien appris de
Pour l'administration Obama, un Iran nucléarisé est
un défi parmi d'autres. Pour Israël, c'est une menace
à son existence même.
Et cela quoi qu'en disent certains
responsables européens souvent plus
lâches qu'experts en la matière. Que ces
doux agneaux silencieux prennent
toutefois garde de ne pas être finalement
dévorés par un monstre qu'ils préfèrent
craindre aujourd'hui que combattre
demain. Quand on se souvient de la
concurrence effrénée à laquelle se sont
livrées tant de capitales européennes
dans leurs réactions aussi prolixes que
partisanes contre Israël lors de l'affaire
de la flottille soi- disant humanitaire, leur
discrétion dans l'affaire iranienne n'en
est que plus insupportable.
Quant aux Etats-Unis de Barack
Obama, l'approche des élections de mimandat
à hauts risque sur fond de
popularité en déclin, incite davantage le
maître de la Maison Blanche à forcer une
réconciliation israélo-palestinienne si
hypothétique à l'occasion d'un énième
round diplomatique, et à accélérer le
retrait des GI's d'Irak, qu'à s'engager dans
un bras de fer musclé avec une dictature
iranienne si imprévisible. Sur fond de
reprise économique en mal de
redémarrage et de soutien politique en
l'Histoire ? Il est urgent de cesser de
réagir pour se décider enfin à agir. Fixer
le danger là où il est, et l'éradiquer. Des
décisions fortes doivent être prises, sans
hésiter et sans attendre.
Et Israël dans tout cela ? Si l'ensemble
de la région et plus généralement
l'ensemble de l'occident peuvent
légitimement trembler de l'arrivée de la
bombe iranienne, c'est d'abord contre
Israël que les menaces de destruction
ont été explicitement formulées par le
président iranien.
Une fois de plus, le travail ingrat devra
être fait quand d'autres continueront de
ne rien vouloir voir et de ne rien vouloir
entendre. Cela arrivera d'une façon ou
d'une autre, à un moment ou à un autre.
Car le point de rupture, ne tardera pas
être franchi, s'il ne l'a pas déjà été. Pour
l'administration Obama, un Iran
nucléarisé est un défi parmi d'autres.
Pour Israël, c'est une menace à son
existence même. Et la question doit être
posée : qui stoppera cette dynamique
infernale, et comment ? On peut certes
penser que les sanctions internationales
vont inciter les autorités iraniennes à
faire marche arrière, que l'opposition
muselée aux dictateurs en turbans de
Téhéran, aidée discrètement par
l'extérieur, finira par renverser le régime
islamique, ou encore que les Etats-Unis
finiront par employer la force. Mais on
peut aussi penser qu'aucun de ces
scénarios n'est vraiment crédible. Il ne
resterait plus alors à Israël que de
prendre une fois de plus son destin en
mains, sans demander une quelconque
permission. Une décision similaire avait
été prise voilà près de trente ans dans la
même région. Qui s'en est plaint
finalement ?
Tout dépendra de l'attitude et des
décisions qui, dans les mois à venir,
seront celles de la communauté
internationale. Mais l'issue de la course
à la bombe iranienne ne fait guère plus
de doutes : seul un soudain réveil
mondial pourra l'arrêter. Et quand bien
même, par on ne sait quel miracle, ce
déclic se produirait, ne serait-il pas déjà
trop tard ?
Autant dire que, pour l'avenir d'Israël
(et donc pour le peuple juif dans son
ensemble), les mois à venir seront
déterminants, comme ils l'ont rarement
été par le passé. Alors que ses ennemis,
où qu'ils se trouvent, restent plus
mobilisés que jamais, alors que le jeune
franco-israélien Guilad Shalit passe son
cinquième Roch Hachana tenu en otage
loin de ses proches dans une indifférence
croissante, alors que les pressions
insistantes, et donc souvent dangereuses,
pour parvenir à un accord avec ses
voisins seront fortes, la défense d'Israël
et de sa capitale Jérusalem passera par
une vigilance de chaque instant.
Information Juive a toujours été, est,
et restera au cours de cette année qui
commence l'un de ces vigiles.
Chana Tova Oumetouka.
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*Directeur de la publication