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Atteintes multiples des nerfs crâniens - Psychologie - M. Fouchey

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17-086-B-10 <strong>Atteintes</strong> <strong>multiples</strong> <strong>des</strong> <strong>nerfs</strong> <strong>crâniens</strong> Neurologie<br />

monoclonale et de substance amyloïde à la biopsie. Dans le contexte<br />

d’une gammapathie monoclonale, l’atteinte <strong>des</strong> <strong>nerfs</strong> <strong>crâniens</strong> peut<br />

aussi s’inscrire dans un syndrome polyneuropathie-organomégalieendocrinopathie-protéine<br />

monoclonale-anomalies cutanées ou skin<br />

changes (POEMS) [56] , ou encore témoigner d’une infiltration<br />

plasmocytaire de la base du crâne [98] .<br />

L’atteinte du système nerveux est de l’ordre de 5 % au cours de la<br />

sarcoïdose, et la moitié de ces patients ont une atteinte <strong>des</strong> <strong>nerfs</strong><br />

<strong>crâniens</strong> [68] , dominée par une paralysie faciale uni- ou bilatérale. La<br />

survenue est relativement précoce dans la maladie, la régression est<br />

la règle, et le pronostic favorable sauf parfois pour les atteintes du<br />

VIII. Le LCR est normal en l’absence d’atteinte centrale associée. Des<br />

cas plus rares de paralysies de <strong>nerfs</strong> <strong>crâniens</strong> par lésion centrale ont<br />

été décrits. Une névrite optique est possible.<br />

Autres causes<br />

D’autres causes de neuropathie crânienne récidivante<br />

symptomatique ont été rapportées : périartérite noueuse,<br />

cryoglobulinémie, métastases de la base du crâne, méningite<br />

tuberculeuse, diabète, syndrome de Guillain-Barré et porphyrie<br />

aiguë intermittente [14] .<br />

Neuropathie crânienne multiple et récidivante<br />

C’est une entité nosologique de physiopathologie incertaine [90] . Elle<br />

serait plus fréquente en Asie du Sud-Est que dans les pays<br />

occidentaux. Les « poussées » débutent par <strong>des</strong> céphalées localisées<br />

ou <strong>des</strong> algies faciales. Tous les <strong>nerfs</strong> de I à XII peuvent être touchés,<br />

avec une préférence pour les <strong>nerfs</strong> oculomoteurs et facial. Les<br />

poussées successives peuvent toucher ou non les mêmes territoires.<br />

Il peut exister une accélération de la VS ou une réaction<br />

inflammatoire du LCR. Les corticoï<strong>des</strong> ont souvent un effet<br />

favorable, avec une possibilité de rechute à l’arrêt du traitement. Ce<br />

syndrome serait la variété récidivante de la « polynévrite crânienne<br />

idiopathique » décrite par Steele et Vasuvat [87] (début par une<br />

céphalée, atteinte par ordre décroissant de fréquence <strong>des</strong> <strong>nerfs</strong> VI,<br />

III, V, IV, VII, VIII, IX, X, XI et XII, LCR anormal deux fois sur trois<br />

[légère pléiocytose], sensibilité aux corticoï<strong>des</strong>), celle-ci n’étant ellemême<br />

qu’une variante étendue de l’ophtalmoplégie douloureuse. La<br />

seule différence avec le syndrome de Tolosa-Hunt est d’ordre<br />

topographique (dans ce dernier, les paralysies sont confinées aux<br />

<strong>nerfs</strong> traversant le sinus caverneux).<br />

Ces diagnostics exigent en fait l’exclusion d’autres pathologies<br />

locales ou systémiques, en particulier la maladie de Horton ou un<br />

envahissement tumoral de la base du crâne. La forme crânienne du<br />

syndrome de Guillain-Barré s’en distingue par l’absence ou la<br />

discrétion <strong>des</strong> céphalées et souvent une petite note extracrânienne<br />

de neuropathie périphérique. La neuropathie crânienne<br />

idiopathique, avec ses cas particuliers topographiques (Tolosa-<br />

Hunt) ou évolutifs (forme à rechutes), apparaît comme une entité<br />

nosologique en continuité avec la pseudotumeur de l’orbite et la<br />

myosite orbitaire, dont elle partage l’absence d’étiologie reconnue,<br />

le caractère « inflammatoire » et la sensibilité aux corticoï<strong>des</strong> [43] .<br />

ATTEINTES TOXIQUES, POSTRADIOTHÉRAPIQUES<br />

ET POSTCHIRURGICALES<br />

Intoxication aiguë par inhalation de trichloréthylène<br />

Elle peut donner, dans les formes graves, une atteinte extensive <strong>des</strong><br />

<strong>nerfs</strong> <strong>crâniens</strong> dans les jours ou les heures qui suivent : anesthésie<br />

faciale, paralysie <strong>des</strong> masticateurs, paralysie faciale puis atteinte du<br />

voile, du pharynx et du larynx. Le mécanisme supposé en est une<br />

neuropathie axonale aiguë avec dégénérescence rétrograde<br />

responsable de lésions <strong>des</strong> noyaux <strong>des</strong> <strong>nerfs</strong> impliqués à l’autopsie.<br />

Des troubles de l’oculomotricité peuvent survenir dans certains<br />

10<br />

comas toxiques (barbituriques, amitriptyline). Un nystagmus<br />

bilatéral, parfois très marqué, est fréquent dans l’intoxication<br />

éthylique aiguë et les surdosages en psychotropes, particulièrement<br />

les tranquillisants et les antiépileptiques.<br />

Neuropathies induites par les chimiothérapies<br />

anticancéreuses<br />

Elles peuvent occasionnellement affecter les <strong>nerfs</strong> <strong>crâniens</strong> [97] :<br />

atteintes du V, du VII et du VIII par la vincristine, du VIII par le<br />

cisplatine. La prudence s’impose de toutes façons avant d’attribuer<br />

au traitement une paralysie focale chez un sujet atteint d’un cancer.<br />

Radiothérapie crânienne<br />

Elle entraîne fréquemment <strong>des</strong> troubles sensoriels (anosmie,<br />

agueusie, otite radique), plus rarement une atteinte visuelle ou <strong>des</strong><br />

paralysies.<br />

Chirurgie cervicofaciale<br />

Notamment carcinologique, elle peut laisser <strong>des</strong> paralysies<br />

séquellaires <strong>des</strong> <strong>nerfs</strong> VI et IX à XII.<br />

COMPRESSIONS NON TUMORALES D’ORIGINE OSSEUSE<br />

OU MÉNINGÉE<br />

Plusieurs variétés d’hyperostoses peuvent comprimer les <strong>nerfs</strong><br />

<strong>crâniens</strong> à leur passage dans les trous de la base du crâne.<br />

L’hyperostose corticale généralisée familiale dans ses formes<br />

récessives (syndrome de Van Buchem et ostéosclérose) [8] ou<br />

dominantes [48] peut entraîner une compression lente et progressive<br />

du VII et du VIII (40 à 80 % <strong>des</strong> cas) et parfois <strong>des</strong> paralysies<br />

oculomotrices. Le diagnostic est évoqué sur les déformations<br />

squelettiques. L’hyperostose crânienne interne, exceptionnelle, qui<br />

atteint seulement les os du crâne [57] , est responsable de paralysies<br />

faciales récidivantes et parfois d’une atteinte associée <strong>des</strong> <strong>nerfs</strong> I, II<br />

et VIII. La maladie d’Albers-Schönberg (ostéopétrose) atteint le nerf<br />

optique, les <strong>nerfs</strong> oculomoteurs, facial et auditif.<br />

La maladie de Paget peut atteindre tous les <strong>nerfs</strong> <strong>crâniens</strong>. Outre le<br />

VIII (la surdité étant le symptôme le plus fréquent), les <strong>nerfs</strong> de I à<br />

VII peuvent être comprimés au niveau de la base, l’atteinte de <strong>nerfs</strong><br />

IX à XII étant plutôt en rapport avec une éventuelle déformation de<br />

la charnière [19] . La calcitonine est inconstamment efficace.<br />

PATHOLOGIE NEUROMUSCULAIRE<br />

La myasthénie doit être évoquée devant toute atteinte progressive<br />

et sans atrophie de la musculature céphalique. La myasthénie<br />

oculaire respecte toujours la motricité intrinsèque. Le ptosis est<br />

fréquent, la paralysie prédomine souvent sur l’élévation et<br />

l’adduction, mais elle peut prendre toutes les formes possibles y<br />

compris celle d’une pseudo-ophtalmoplégie internucléaire, et même<br />

comporter <strong>des</strong> secousses d’allure nystagmique. Une faiblesse<br />

associée de l’orbiculaire <strong>des</strong> paupières est un bon signe<br />

d’orientation. Une myasthénie peut également être révélée par une<br />

dysphonie (voix nasonnée), <strong>des</strong> troubles de la déglutition<br />

(dysphagie, fausses routes) ou de la mastication.<br />

L’ophtalmopathie thyroïdienne est, selon Glaser et Bachynski, une<br />

<strong>des</strong> causes les plus fréquentes de diplopie à l’âge moyen de la vie [2] .<br />

La fonction thyroïdienne n’est pas nécessairement altérée.<br />

L’anomalie la plus caractéristique est la paralysie unilatérale de<br />

l’élévation. Le diagnostic repose sur les signes ophtalmologiques<br />

associés (asynergie oculopalpébrale, œdème conjonctival, chémosis,<br />

hypertrophie de l’insertion <strong>des</strong> muscles oculaires visible en IRM), et<br />

sur la mise en évidence d’une limitation mécanique de l’excursion<br />

oculaire comme mécanisme de la diplopie, par rétraction fibreuse<br />

<strong>des</strong> muscles oculomoteurs.

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