Plan de restauration des habitats du Saint-Laurent en Chaudière ...

PLAN DE RESTAURATION DES HABITATS DU SAINT-LAURENT
EN CHAUDIÈRE-APPALACHES
CARACTÉRISATION ET PROPOSITIONS DE RESTAURATION DU
MILIEU RIVERAIN
Jean-François Allaire et Isabelle Parent
Lévis, octobre 2004

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Référence à citer :
ALLAIRE, J.-F. ET PARENT, I. (2004). Plan de restauration des habitats du Saint-Laurent en Chaudière-
Appalaches : Caractérisation et propositions de restauration du milieu riverain, Lévis, Conseil régional de
l’environnement Chaudière-Appalaches, Rapport présenté à la Fondation de la faune du Québec et à
Saint-Laurent Vision 2000, 180 p.
i

ÉQUIPE DE RÉALISATION
Recherche, caractérisation et rédaction :
Révision :
Jean-François Allaire, biologiste, CRECA
Isabelle Parent, biologiste, CRECA
Josée Blouin, adjointe administrative, CRECA
Julie Boudreau, directrice générale, CRECA
ii

SOMMAIRE
Les berges du Saint-Laurent ont été habitées et affectées par l’établissement de villes et de
villages depuis la colonisation. Ce cours d’eau d’importance a permis le développement
économique du Québec. Les pressions exercées sur le Saint-Laurent se sont amplifiées depuis
le début du 20 ième siècle. Par exemple, l’établissement de nombreuses industries, la
construction de la voie maritime et l’aménagement de barrages sur certains de ses affluents
font partie de ces pressions. Les rives ont été enrochées, modifiées pour contrer l’érosion ou
pour agrandir et assécher les terres. Dans la portion de l’estuaire fluvial et de l’estuaire moyen
bordant la région de Chaudière-Appalaches, plusieurs problèmes sont observés. L’état actuel
des rives est préoccupant dans plusieurs secteurs de la région.
Le projet, intitulé : Plan de restauration des habitats du Saint-Laurent en Chaudière-
Appalaches, comporte deux objectifs principaux. Le premier objectif consiste à réaliser un
bilan de l’état des rives et du littoral du Saint-Laurent dans la région de Chaudière-Appalaches
afin de dresser un portrait réel de l’état des rives et de l’amélioration à apporter aux habitats.
Le second objectif consiste à identifier des sites dégradés afin de les caractériser et de proposer
des mesures de restauration adaptées aux habitats et aux perturbations rencontrées. Un objectif
secondaire du projet est de sensibiliser les riverains et la population en général à la protection
et à la restauration des habitats littoraux.
Les rives du Saint-Laurent sont affectées par diverses problématiques susceptibles de
perturber les habitats ou la biodiversité. Des sites de grande valeur biologique subissent de
l’érosion attribuable au vent, au batillage, aux courants ou à l’effet de la glace. En réponse à ce
phénomène, plusieurs rives ont été stabilisées avec des matériaux inertes (ex. : enrochement,
muret). Des sites où des coupes de végétation et des activités récréatives ont dénudé les rives
sont observés. Ces emplacements présentent un couvert végétal parsemé ou une absence de
végétation. Des espèces végétales envahissantes prolifèrent sur d’autres sites le long du fleuve
et délogent les espèces indigènes. Certains marais sont perturbés par la présence
d’infrastructures telles que des routes, quais, digues et barrages. Finalement, des sites de
grande valeur biologique sont perturbés par des canaux de drainage qui entraînent un
iii

abaissement de la nappe phréatique; la modification de la végétation; l’assèchement de marais
et des plans d’eau qui s’y trouvent.
Dans le cadre de ce projet, la région à l’étude est la zone du rivage et du littoral du Saint-
Laurent comprise entre la municipalité de Leclercville, dans la MRC de Lotbinière, et la
municipalité de Saint-Roch-des-Aulnaies, dans la MRC de l’Islet. La région est située dans les
basses terres du Saint-Laurent. Les dépôts meubles des littoraux et des rives ont été formés
lors de l’invasion de la mer de Champlain et de la mer de Goldthwait, suite à la dernière
glaciation. Le secteur entre Leclercville et Berthier-sur-Mer est soumis aux effets d’une marée
d’eau douce. La limite des eaux salées est située à la pointe est de l’île d’Orléans. La salinité
est faible au niveau de Montmagny et augmente en aval vers Saint-Roch-des-Aulnaies. Les
concentrations de matières en suspension varient dans les divers secteurs de la région à
l’étude. Un bouchon vaseux ou turbide est situé au niveau de Cap Tourmente, sur la rive nord,
et de Montmagny, sur la rive sud. La rive de la zone à l’étude est constituée de sable, d’un
mélange d’argile et de limon, de gravier ou de schiste.
La rencontre des eaux douces et saumâtres, la présence de marées et l’irrégularité du rivage
favorisent la création d’une variété d’habitats pour la faune et la flore. Le littoral de la région
est caractérisé par la présence de marais plus ou moins étendus. La quasi totalité de ces marais
est dominée par le scirpe américain (Scirpus americanus). Cependant, la composition des
communautés végétales change à proximité de Saint-Roch-des-Aulnaies, le degré de salinité y
étant plus élevé. Plusieurs espèces à statut précaire sont présentes dans les marais de la zone à
l’étude. On retrouve notamment, le lycope d’Amérique variété du Saint-Laurent (Lycopus
americanus var. laurentianus), l’isoète de Tuckerman (Isoetes tuckermanii), la cicutaire
maculée variété de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii) et l’ériocaulon de Parker
(Eriocaulon parkeri). Par ailleurs, le phragmite commun (Phragmites australis), l’alpiste
roseau (Phalaris arundinacea), le butome à ombelle (Butomus umbellatus) et la salicaire
pourpre (Lythrum salicaria) se retrouvent dans la zone à l’étude et font partie des espèces
envahissantes ayant un grand potentiel de prolifération. Seul le phragmite commun forme de
grandes colonies pures. Elles sont principalement confinées au secteur de Saint-Roch-des-
Aulnaies.
iv

Les rives et le littoral fournissent des aires de repos, d’alimentation et de reproduction à de
nombreuses espèces animales. Parmi les groupes d’oiseaux présents dans la zone à l’étude, la
sauvagine et les oiseaux de rivage sont les plus abondants. Ils utilisent principalement ce
territoire à des fins de ravitaillement en période de migration. Par ailleurs, l’estuaire qui
parcourt la région à l’étude est essentiel à la migration de nombreuses espèces de poissons
anadromes et catadromes telles l’éperlan arc-en-ciel (Osmerus mordax), l’alose savoureuse
(Alosa sapidissima), l’anguille d’Amérique (Anguilla rostrata) et l’esturgeon noir (Acipenser
oxyrhynchus). De plus, les marais procurent abris et nourriture à de nombreux adultes et
alevins. Les milieux aquatiques et riverains de l’estuaire sont fréquentés par diverses espèces
de mammifères terrestres, semi-aquatiques ou marins. Le mammifère le plus fréquemment
rencontré sur le littoral est le rat musqué commun (Ondatra zibethicus). Enfin, dans les limites
du secteur d’étude, la présence de treize espèces d’amphibiens et de huit espèces de reptiles a
été confirmée dans la littérature.
Les activités humaines influencent le fleuve et ses rives. Le fleuve est utilisé pour la
navigation et ses rives sont utilisées pour l’accostage, l’entrée et la sortie des embarcations de
l’eau. L’agriculture est également une activité importante sur les rives du Saint-Laurent. Elle
occupe une bonne portion des rives dans toute la zone à l’étude. Plusieurs rivières de
Chaudière-Appalaches se jettent dans le Saint-Laurent. La qualité de l’eau de ces rivières
laisse à désirer en raison, notamment, de la présence d’une agriculture intensive sur le
territoire. Par ailleurs, une part importante des rives du Saint-Laurent a été dénaturée par
l’empiètement pour la construction de routes, d’ouvrages de protection ou pour l’utilisation à
des fins résidentielles.
Le bilan des rives et du littoral du Saint-Laurent présenté dans ce document a permis de
dresser un portrait réel de l’état des milieux naturels et de l’anthropisation dans la région de
Chaudière-Appalaches. La principale problématique observée est l’absence de végétation
naturelle sur les rives dans plusieurs secteurs. De plus, l’érosion est active dans certains
secteurs mais est relativement peu répandue. L’érosion des marais supérieurs est cependant
très importante. La perte de ce type de marais affecte les habitats et la biodiversité. Afin
v

d’améliorer les habitats, de la végétation arbustive indigène peut être plantée à de nombreux
endroits, en particulier au travers des ouvrages de stabilisation. Les sites sélectionnés pour la
caractérisation et les propositions de restauration sont répartis régionalement et les
problématiques locales observées dans le bilan ont été prises en compte dans le choix de ces
sites. Ils représentent la diversité des problématiques et des approches à adopter afin
d’améliorer les habitats et la stabilité du rivage. Des sites dont les rives sont stabilisées par des
enrochements ou des murs, des sites de faible ou forte érosion et des sites affectés par une
absence de végétation arbustive ont été caractérisés. Certaines problématiques, comme
l’érosion des marais supérieurs et la présence de plantes envahissantes, ont été abordées afin
de faire le point sur la question. Cependant, aucune solution formelle n’est proposée pour
résoudre ces problématiques complexes.
La végétalisation est l’approche préconisée dans ce rapport. Elle permet de restaurer un milieu
afin de le rendre plus naturel, de résoudre un problème d’érosion ou de perturbation d’habitat.
De plus, un sol adéquatement revégétalisé sera protégé indéfiniment sans besoin
d’interventions humaines, contrairement à une structure qu’il faut entretenir. Les rôles de la
végétation sont, entre autres, le maintien de la biodiversité, l’interception de la pluie, le
ralentissement du ruissellement de surface, le maintien du sol par les racines, l’infiltration de
l’eau dans le sol et la filtration des polluants.
Dans certains cas, la végétalisation s’avère une technique complexe pour stabiliser des sites en
érosion ou susceptibles de le devenir. Il faut tenir compte de plusieurs facteurs afin
d’optimiser les résultats de la végétalisation. La consultation de spécialistes permet de vérifier
la faisabilité des modifications envisagées. Divers lois et règlements s’appliquent et il est
important de bien s’informer avant d’entreprendre des travaux. Toute intervention sur le
littoral réalisée dans la zone inondable requiert des autorisations gouvernementales au
préalable et dans la plupart des cas, l’obtention d’un permis municipal.
Une bonne planification est indispensable avant d’entamer tout projet, autant pour un projet de
restauration d’habitats que pour un projet de stabilisation de rive. Les facteurs déterminants
pour la réussite d’un projet sont la lecture d’ouvrages de référence, la consultation de
vi

spécialistes pour valider les travaux, la demande d’autorisations et de permis, quand ils sont
requis, et les observations sur l’évolution du site. Les propositions présentées dans ce rapport
sont spécifiques à chacun des sites étudiés. Elles ne peuvent pas s’appliquer à toutes les rives
et doivent être adaptées pour chaque cas particulier.
Les riverains sont peu informés de la Politique sur la protection des rives, du littoral et des
plaines inondables. Cette méconnaissance de cette politique et de son importance a conduit
certains riverains à couper tous les arbustes sur le littoral pour obtenir une «meilleure vue» sur
le fleuve. Il serait pertinent de bien les informer afin d’éviter que des actions néfastes pour les
habitats et la stabilité des rives surviennent. Le littoral et les rives du fleuve Saint-Laurent
figurent parmi les écosystèmes les plus productifs au Québec. Plusieurs espèces à statut
précaire s’y retrouvent et démontrent l’importance de conserver ces écosystèmes.
vii

REMERCIEMENTS
Le Conseil régional de l’environnement Chaudière-Appalaches (CRECA) tient à remercier les
partenaires financiers qui ont permis la réalisation de ce projet :
- Environnement Canada et le ministère de l’Environnement du Québec dans le cadre du
programme Interactions communautaires issu du Plan d’action Saint-Laurent Vision 2000
phase 3;
- La Fondation de la faune du Québec dans le cadre du programme Emploi-nature-jeunesse.
Le CRECA tient à mentionner l’appui de M. Denis Lehoux du Service canadien de la faune. Il
tient aussi à souligner la collaboration de Mme Marie-Josée Godbout des Fédérations de
l’UPA de Lévis-Bellechasse, de la Rive-Nord et de Lotbinière-Mégantic ainsi que
M. Luc Martin DeRoy de la Fédération de l’UPA de la Côte-du-Sud. De plus, les conseils de
M. Daniel Laroche, de Pêches et Océans Canada, furent grandement appréciés. Le CRECA
remercie aussi M. Guy Létourneau, du Centre Saint-Laurent, pour avoir fourni la cartographie
des milieux humides du Saint-Laurent et pour avoir permis son intégration à l’atlas
cartographique produit dans le cadre du projet. Le ministère des Ressources naturelles, de la
Faune et des Parcs du Québec a également contribué au projet par le prêt de matériel.
L’identification de certaines plantes a été effectuée par M. Jacques Labrecque du ministère de
l’Environnement du Québec. De plus, le CRECA tient à remercier les municipalités qui ont
collaboré à l’identification de sites problématiques : Leclercville, Saint-Vallier, Saint-Jean-
Port-Joli et Saint-Roch-des-Aulnaies. Enfin, le CRECA remercie sincèrement les propriétaires
riverains qui ont autorisé l’accès à leurs propriétés.
viii

TABLES DES MATIÈRES
INTRODUCTION.......................................................................................................................1
1 RÉGION À L’ÉTUDE.......................................................................................................7
ix
page
1.1 Géographie...........................................................................................................7
1.2 Climat...................................................................................................................7
1.3 Géologie...............................................................................................................8
1.4 Glaces...................................................................................................................8
1.5 Courants, marées et salinité .................................................................................9
1.6 Transport sédimentaire.........................................................................................9
2 FLORE DES RIVES ET DU LITTORAL.......................................................................11
3 FAUNE DES RIVES ET DU LITTORAL ......................................................................14
3.1 Avifaune.............................................................................................................14
3.1.1 Sauvagine........................................................................................15
3.1.2 Oiseaux de rivage............................................................................16
3.1.3 Oiseaux coloniaux...........................................................................17
3.1.4 Autres espèces.................................................................................18
3.2 Icthyofaune ........................................................................................................18
3.2.1 Esturgeon noir.................................................................................20
3.2.2 Éperlan arc-en-ciel ..........................................................................20
3.2.3 Alose savoureuse.............................................................................21
3.2.4 Esturgeon jaune...............................................................................21
3.2.5 Bar rayé ...........................................................................................22
3.3 Mammifères .......................................................................................................22
3.4 Amphibiens et reptiles .......................................................................................24
4 UTILISATION DU FLEUVE ET DE SES RIVES.........................................................25

5 MÉTHODOLOGIE..........................................................................................................27
5.1 Bilan de l’état des rives et du littoral de la région de Chaudière-Appalaches ...27
5.2 Choix des sites perturbés ...................................................................................27
5.3 Caractérisation des sites sélectionnés ................................................................28
5.4 Propositions de restauration et de suivi .............................................................29
6 BILAN DE L’ÉTAT DES RIVES ET DU LITTORAL DU SAINT-LAURENT EN
CHAUDIÈRE-APPALACHES .......................................................................................31
6.1 MRC de Lotbinière ............................................................................................31
6.1.1 Municipalité de Leclercville ...........................................................32
6.1.2 Municipalité de Lotbinière..............................................................35
6.1.3 Municipalité de Sainte-Croix..........................................................35
6.1.4 Municipalité de Saint-Antoine-de-Tilly..........................................36
6.2 Ville de Lévis.....................................................................................................36
6.3 MRC de Bellechasse..........................................................................................41
6.3.1 Municipalité de Beaumont..............................................................43
6.3.2 Municipalité de Saint-Michel-de-Bellechasse ................................43
6.3.3 Municipalité de Saint-Vallier..........................................................43
6.4 MRC de Montmagny.................................................................................................46
6.4.1 Berthier-sur-Mer .............................................................................47
6.4.2 Montmagny .....................................................................................48
6.4.3 Cap-Saint-Ignace.............................................................................51
6.5 MRC de L’Islet..........................................................................................................51
6.5.1 Municipalité de L’Islet....................................................................52
6.5.2 Municipalité de Saint-Jean-Port-Joli...............................................52
6.5.3 Municipalité de Saint-Roch-des-Aulnaies ......................................52
7 SITES ÉTUDIÉS ET PROPOSITIONS DE RESTAURATION ....................................55
7.1 Érosion des falaises : phénomènes impliqués....................................................59
7.2 Analyse des sites................................................................................................62
7.2.1 Site 1 - Leclercville.........................................................................62
7.2.2 Site 2 - Leclercville.........................................................................68
x

7.2.3 Site 3 - Lotbinière ...........................................................................73
7.2.4 Site 4 - Lotbinière ...........................................................................77
7.2.5 Site 5 - Saint-Antoine-de-Tilly .......................................................81
7.2.6 Site 6 - Saint-Antoine-de-Tilly .......................................................85
7.2.7 Site 7 - Lévis secteur Saint-Nicolas ................................................89
7.2.8 Site 8 - Lévis ...................................................................................94
7.2.9 Site 9 - Saint-Michel-de-Bellechasse..............................................99
7.2.10 Site 10 - Saint-Vallier ...................................................................104
7.2.11 Site 11 - Berthier-sur-Mer.............................................................110
7.2.12 Site 12 - Montmagny.....................................................................115
7.2.13 Site 13 - Montmagny.....................................................................119
7.2.14 Site 14 - Cap-Saint-Ignace ............................................................125
7.2.15 Site 15 - Saint-Jean-Port-Joli ........................................................130
7.2.16 Site 16 - Saint-Jean-Port-Joli ........................................................134
7.2.17 Site 17 - Saint-Roch-des-Aulnaies................................................139
7.3 Recommandations générales sur la restauration des rives du Saint-Laurent...144
CONCLUSION .......................................................................................................................146
RÉFÉRENCES ....................................................................................................................... 148
ANNEXE 1 Glossaire ...........................................................................………………….154
ANNEXE 2 Formulaire de terrain.....................................................................................159
ANNEXE 3 Questionnaire pour les riverains ...................................................................168
ANNEXE 4 Cadre légal concernant les travaux de restauration de sites en
bordure du littoral ......................................................................................... 172
ANNEXE 5 Végétation à implanter sur les sites .............................................................. 176
xi

LISTE DES FIGURES
Figure 1.1 Région de Chaudière-Appalaches. .....................................................................7
Figure 6.1 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
xii
page
MRC de Lotbinière...........................................................................................33
Figure 6.2 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie est de la
MRC de Lotbinière...........................................................................................34
Figure 6.3 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
ville de Lévis. ...................................................................................................39
Figure 6.4 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
ville de Lévis. ...................................................................................................40
Figure 6.5 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
MRC de Bellechasse.........................................................................................44
Figure 6.6 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie est de la
MRC de Bellechasse.........................................................................................45
Figure 6.7 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
MRC de Montmagny........................................................................................49
Figure 6.8 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie est de la
MRC de Montmagny........................................................................................50
Figure 6.9 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
MRC de L’Islet.................................................................................................53
Figure 6.10 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
MRC de L’Islet.................................................................................................54
Figure 7.1 Site 1 présenté à deux saisons différentes - Leclercville..................................66
Figure 7.2 Site 2 - Leclercville...........................................................................................71
Figure 7.3 Site 3 - Lotbinière .............................................................................................75
Figure 7.4 Site 4 - Lotbinière : représentation schématique. .............................................79
Figure 7.5 Site 5 - Saint-Antoine-de-Tilly : représentation schématique. .........................83
Figure 7.6 Site 6 - Saint-Antoine-de-Tilly : représentation schématique. .........................87
Figure 7.7 Site 7 - Lévis secteur Saint-Nicolas : représentation schématique...................92
Figure 7.8 Site 8 - Lévis : représentation schématique. .....................................................97

Figure 7.9 Site 9 - Saint-Michel-de-Bellechasse : représentation schématique...............102
Figure 7.10 Site 10 - Saint-Vallier : représentation schématique. .....................................107
Figure 7.11 Site 11 - Montmagny : représentation schématique. ......................................113
Figure 7.12 Site 12 - Montmagny : représentation schématique. ......................................117
Figure 7.13 Site 13 - Montmagny ......................................................................................121
Figure 7.14 Érosion du marais supérieur du site 13...........................................................122
Figure 7.15 Site 14 - Cap-Saint-Ignace : représentation schématique...............................128
Figure 7.16 Site 15 - Saint-Jean-Port-Joli : représentation schématique. ..........................132
Figure 7.17 Site 16 - Saint-Jean-Port-Joli : représentation schématique. ..........................137
Figure 7.18 Site 17 - Saint-Roch-des-Aulnaies : vue aérienne ..........................................142
Figure 7.19 Communauté de phragmite commun sur le site 17. .......................................142
xiii

LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1 Températures et précipitations pour deux zones à l’étude. ................................8
Tableau 5.1 Description des facteurs pris en compte lors de la caractérisation des sites.....28
Tableau 7.1 Site 1 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.........67
Tableau 7.2 Site 2 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.........72
Tableau 7.3 Site 3 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.........76
Tableau 7.4 Site 4 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.........80
Tableau 7.5 Site 5 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.........84
Tableau 7.6 Site 6 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.........88
Tableau 7.7 Site 7 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.........93
Tableau 7.8 Site 8 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.........98
Tableau 7.9 Site 9 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.......103
Tableau 7.10 Site 10 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.....108
Tableau 7.11 Site 11 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.....114
Tableau 7.12 Site 12 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.....118
Tableau 7.13 Site 13 : Résumé de la problématique. ...........................................................124
Tableau 7.14 Site 14 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.....129
Tableau 7.15 Site 15 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.....133
Tableau 7.16 Site 16 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.....138
Tableau 7.17 Site 17 : Résumé de la problématique et de la proposition de restauration....143
Tableau 7.18 Longueur en mètres des problématiques étudiées sur les rives des MRC à
xiv
page
l’étude. ............................................................................................................144

INTRODUCTION
Le Saint-Laurent est un cours d’eau d’importance. Il a permis le développement économique
du Québec. Depuis la colonisation, ses berges ont été habitées et affectées par l’établissement
de villes et de villages. Les rives ont été utilisées pour l’agriculture et pour diverses activités.
Ces pressions exercées sur le Saint-Laurent se sont amplifiées depuis le début du 20 ième siècle.
Avec l’établissement de nombreuses industries, la construction de la voie maritime et
l’aménagement de barrages sur certains de ses affluents, le Saint-Laurent a subi de
nombreuses perturbations. Les barrages ont modifié les apports de sédiments sur toutes les
rives du Saint-Laurent. Les rives ont été enrochées, modifiées pour contrer l’érosion ou pour
agrandir et assécher les terres. Ces perturbations se sont produites tout au long du littoral
fluvial et estuarien. Dans la portion de l’estuaire fluvial et de l’estuaire moyen bordant la
région de Chaudière-Appalaches, plusieurs problèmes ont été observés. L’état actuel des rives
est préoccupant dans plusieurs secteurs de la région.
Ainsi, le Plan de restauration des habitats du Saint-Laurent en Chaudière-Appalaches a été
réalisé afin de répondre à ces préoccupations. Ce projet comporte deux objectifs principaux.
Le premier objectif est de réaliser un bilan de l’état des rives et du littoral du Saint-Laurent
dans la région de Chaudière-Appalaches afin de dresser un portrait réel des rives et de
l’amélioration à apporter aux habitats. Le second objectif consiste à identifier des sites
dégradés afin de les caractériser et de proposer des mesures de restauration adaptés aux
habitats affectés et aux perturbations rencontrées. Un objectif secondaire du projet est de
sensibiliser les riverains et la population en général à la protection et à la restauration des
habitats littoraux.
Le littoral est une zone riche et diversifiée. Plusieurs espèces de plantes vulnérables, menacées
ou susceptibles d’être ainsi désignées sont associées à ce milieu et aux rivages adjacents
(Gratton et Dubreuil, 1990). Un gradient de salinité de l’eau existe entre Leclercville à l’ouest
(eau douce) et Saint-Roch-des-Aulnaies à l’est (eau saumâtre). La région à l’étude présente un
intérêt dû à la grande diversité biologique des écosystèmes associés à cette variation de
salinité. Les plantes de ces milieux jouent également un rôle important pour la filtration et
1

l’absorption des substances dissoutes ainsi que l’adsorption des particules en suspension. De
plus, elles fournissent abris et nourriture aux animaux. On y trouve une grande diversité
d’insectes, de batraciens et d’oiseaux. Le milieu est abondamment fréquenté par la sauvagine
(Lehoux et al., 1986). Plusieurs poissons viennent y frayer et s’y nourrir (Lavigne et al.,
1996). De plus, les humains pratiquent diverses activités sportives et d’observation sur les
rives du fleuve.
Les rives du Saint-Laurent sont occupées depuis fort longtemps, les petits villages d’autrefois
sont devenus des agglomérations. Dans la zone à l’étude, certains secteurs ont été plus
industrialisés et la population s’est fortement accrue, comme à Lévis. Ce secteur est
maintenant une ville importante et ses berges sont empierrées ou murées. Le fleuve a été
dragué à plusieurs endroits afin de permettre le passage de gros navires marchands vers les
ports plus en amont. Ce faisant, le patron saisonnier de l’écoulement du cours d’eau a été
modifié et des changements dans les courants ont été observés (Gagnon, 1995). Le passage de
gros navires a également augmenté le batillage et l’érosion des berges pendant l’été. Une étude
de Consultants en environnement Argus inc. (1996c) conclue que les rives naturelles sont en
piètre état et que près de la moitié des rives du Saint-Laurent entre Cornwall et Montmagny
sont anthropisées, diminuant le potentiel écologique des rives. Plusieurs sections du littoral de
Chaudière-Appalaches sont en érosion (Consultants en environnement Argus inc., 1996c;
Dionne, 2001). L’érosion des rives peut avoir comme effets de détruire des habitats de
couvées et d’élevage pour la sauvagine, de détruire des frayères et des sites d’alimentation
pour les poissons et de détruire des milieux résidentiels et patrimoniaux (Consultants en
environnement Argus inc., 1996c).
Un des processus des plus visibles sur les rives est la création de talus occasionnée par un
sapement (érosion) à la base. Ce problème est répandu tout le long de l’estuaire fluvial et
moyen. La formation d’un talus d’érosion peut engendrer un recul du rivage ou déstabiliser le
bas d’une falaise. Les caractéristiques physiques des rives (roc, sédiments, forme, etc.),
l’exposition au courant, l’impact des glaces, les modifications anthropiques (remblayage,
empiètement, assèchement, etc.) sont quelques facteurs influençant l’érosion. L’érosion des
littoraux est communément divisée en deux types : l’érosion latérale et l’érosion verticale.
2

L’érosion latérale est une perte de sol vers l’intérieur des terres. La perte peut être faible ou
prononcée. Par exemple, le recul important des marais supérieurs peut être de plus d’un mètre
par année dans la région de Montmagny (Dionne et Bouchard, 2000). L’érosion verticale est
l’abaissement du niveau du marais inférieur. Cet abaissement est associé à une augmentation
de la pente du marais inférieur. Une pente faible permet à l’énergie des vagues d’être répartie
sur une longue distance tandis qu’une pente plus forte concentre l’énergie plus localement.
Quand des vagues fortes se brisent sur la base du marais supérieur, l’érosion latérale peut
débuter ou être fortement accélérée. L’érosion est un processus complexe qui demande une
observation rigoureuse afin d’en identifier les facteurs déterminants.
Une rive naturelle comprenant une végétation bien adaptée constitue un rempart naturel contre
l’érosion et participe au maintien de la biodiversité. L’anthropisation des rives et du littoral
peut occasionner la perte de biodiversité. L’anthropisation des berges par les riverains, les
municipalités et les industries est répandue tout le long du Saint-Laurent. Ces interventions
peuvent être classées dans diverses catégories. Tout d’abord, l’empiètement sur le littoral est
fréquent. Ces phénomènes sont cependant anciens en majorité et quelquefois difficiles à
observer. Viennent ensuite les formes de stabilisation du rivage : les murs de béton, de bois, de
pierres, les enrochements, etc. Certaines de ces stabilisations servent à protéger les
infrastructures et les terrains de l’érosion. La plupart des stabilisations ont été aménagées il y a
plus de trente ans. Par ailleurs, l’absence de végétation arbustive et indigène permettant le
maintien du sol est également observée en de nombreux endroits.
Plusieurs techniques de restauration de berges utilisant des végétaux ont été développées
depuis 25 ans. L’utilisation de stabilisations massives utilisant le béton ou la pierre est
rarement le meilleur choix étant donné les coûts impliqués et l’entretien constant. L’avantage
des végétaux provient de leur pouvoir de stabilisation du sol par leurs systèmes racinaires. Ils
se reproduisent et assurent une couverture efficace et durable qui demandera peu d’entretien.
Ils peuvent également servir de refuges pour la faune. Avant de stabiliser une berge avec des
végétaux, il faut connaître la nature du sol, les vagues et les glaces frappant celle-ci et la
végétation indigène afin de prescrire la meilleure solution. Plusieurs techniques ont été
développées pour répondre à diverses situations. Entre autres, les fagots, les matelas de
3

anches et les rangs de plançons sont utilisés. La description des diverses techniques est
détaillée dans un rapport des Consultants en environnement Argus inc. (1996a) et dans le
guide Protection des rives, du littoral et des plaines inondables (Goupil, 1998), publié par le
ministère de l’Environnement du Québec. Bien que ces techniques soient citées dans le présent
rapport, il faut se référer à ces documents afin d’obtenir un supplément d’information.
Également, les rives et le littoral de la région à l’étude comportent des caractéristiques
intéressantes. La zone à l’étude, entre Leclercville et Saint-Roch-des-Aulnaies, possède une
variété de types de berges. Tout le littoral de la région est soumis aux marées. Les marées sont
d’une grande amplitude entre Lévis et Saint-Jean-Port-Joli. De Lévis vers Leclercville,
l’amplitude des marées diminue (Lavigne et al., 1996). Les habitats que l’on retrouve dans la
zone à l’étude sont également diversifiés. Cette zone est caractérisée par la présence d’eaux
douces et salines.
Diverses problématiques de perturbations des berges ont été identifiées sur le territoire.
- Érosion
On retrouve, le long du Saint-Laurent, des sites de grande valeur biologique qui présentent des
rives en érosion attribuables au vent, au batillage (vagues causées par le passage de bateaux),
aux courants ou à l’effet de la glace. Une très faible érosion d’un rivage (de quelques
centimètres par année) est normale tandis qu’une perte significative de terrain chaque année
doit être examinée de près. Par le passé, à l’échelle géologique, plusieurs phases d’érosion et
d’accrétion se sont succédées sur les rives du Saint-Laurent. La situation actuelle résulte de
l’intensité et de la rapidité de l’érosion ainsi que de l’accumulation peu ou pas observée sur le
littoral du Saint-Laurent (Dionne, 1999).
- Berges anthropisées
Plusieurs rives ont été stabilisées avec des matériaux inertes (ex. : enrochement, muret). Ces
rives sont fréquemment à découvert. Les structures en place peuvent être endommagées par les
glaces et sont peu esthétiques. Elles ne sont généralement pas propices à l’établissement
naturel de la végétation et de la faune.
4

- Absence de végétation ou végétation perturbée
On retrouve le long du littoral, des sites où des coupes de végétation ou des activités
récréatives ont dénudé les rives. Ces sites présentent un couvert végétal parsemé ou une
absence de végétation. L’érosion et diverses autres perturbations peuvent survenir lorsque la
végétation ne retient plus le sol. Lors de fortes pluies ou pendant la période de fonte de la
neige, on peut observer la présence de ravinement pouvant s’élargir et endommager les rives.
L’absence de végétation se traduit par l’absence de couvert de fuite et de sites de couvées pour
plusieurs espèces d’oiseaux de rivage (Consultants en environnement Argus inc., 1998).
- Espèces indésirables
Des espèces végétales envahissantes telles que le phragmite commun (Phragmites australis) et
la salicaire pourpre (Lythrum salicaria) prolifèrent sur des sites le long du fleuve et perturbent
les écosystèmes. Ces plantes sont très compétitives et peuvent étouffer des plantes indigènes
importantes pour la stabilité et la biodiversité du milieu.
- Modifications à l’écoulement
Il s’agit de sites (chenaux, marais) perturbés par la présence d’infrastructures telles que des
routes, quais, digues et barrages. Dans certains cas, l’infrastructure peut être aménagée ou
enlevée afin de valoriser le site. Par ailleurs, l’aménagement de ce type d’infrastructure peut
contribuer à stabiliser le sol.
- Canaux de drainage
On retrouve des sites de grande valeur biologique où des canaux de drainage entraînent une
perturbation du milieu : abaissement de la nappe phréatique; modification de la végétation;
assèchement des marais et des plans d’eau qui s’y trouvent. Des méthodes de contrôle du
drainage sont facilement réalisables et permettent une meilleure gestion de l’eau. La présence
d’une végétation permanente favorise la rétention de l’eau. Le drainage agricole assèche les
marais supérieurs. La présence de canaux peut aussi compliquer les déplacements des canards
avec leur couvée (Lavigne et al., 1996). Le drainage agricole peut également influencer
l’érosion du littoral.
5

- Marais endigué par un aboiteau
Des marais présents le long du littoral ont été endigués à des fins agricoles. Il arrive qu’un
petit marais naturel soit toujours présent. Ce marais pourrait retrouver ses fonctions originales
par le retrait ou la modification de la digue en place. Cette problématique est d’une importance
mineure dans la région de Chaudière-Appalaches. Les aboiteaux sont principalement présents
dans les marais supérieurs entre La Pocatière et L’Isle Verte, dans la région du Bas-Saint-
Laurent (Gagnon, 1998). Les pertes de marais à spartines reliées à l’activité agricole dans cette
région serait de plus de 500 hectares (Consultants en environnement Argus inc., 1998).
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1 RÉGION À L’ÉTUDE
1.1 Géographie
La région à l’étude est la zone du rivage et du littoral du Saint-Laurent comprise entre la
municipalité de Leclercville dans la MRC de Lotbinière et la municipalité de Saint-Roch-des-
Aulnaies dans la MRC de L’Islet (Figure 1.1). Les îles de l’archipel de Montmagny, les
battures aux Loups Marins et les autres îles comprises dans le territoire de Chaudières-
Appalaches ont été exclues du projet en raison principalement de leur difficulté d’accès.
Figure 1.1 Région de Chaudière-Appalaches.
Les MRC de la région à l’étude, bordant le fleuve Saint-Laurent, sont identifiées en
orangé.
1.2 Climat
Le climat régional est de type tempéré continental (Tableau 1.1). Les vents ont une vitesse
moyenne de 13,6 km/h avec une direction dominante du sud-ouest (station de Québec
Aéroport).
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Tableau 1.1 Températures et précipitations pour deux zones à l’étude.
La Pocatière Sainte-Foy
Température (°C) moyenne
de janvier (min, max)
-11,7 (-16,0; -7,4) -12,1 (-16,3; -7,9)
Température (°C) moyenne
de juillet (min, max)
18,9 (13,4; 24,4) 19,8 (14,6; 24,9)
Précipitations annuelles 961,8 mm 1250,8 mm
1.3 Géologie
30% en neige (eq. eau) 23% en neige (eq. eau)
Altitude 30,50 m 79,20 m
Les données proviennent d’Environnement Canada. À noter que les stations de La
Pocatière (CDA, 1971-1996) et de Sainte-Foy (PIE XII, 1972-1992) ne sont pas
situées directement sur le territoire à l’étude mais à proximité.
La région est située dans les basses terres du Saint-Laurent. Les dépôts meubles des littoraux
et des rives ont été formés en partie lors de l’invasion de la mer de Champlain et de la mer de
Goldthwait, suite à la dernière glaciation. En amont de Québec, les rives sont composées de
falaises argileuses et de falaises de schistes plissés (Lavigne et al., 1996). La rive sud en aval
de Québec est constituée de roches sédimentaires des Appalaches, dont les falaises sont
composées d’argile, de schistes plissés et de grès (Lavigne et al., 1996). Les alluvions sont
récentes et sont propices à la formation de marais dans les baies.
1.4 Glaces
Le fleuve Saint-Laurent est couvert de glace de la mi-décembre au début avril; ce qui modifie
l’écoulement de l’eau (Lavigne et al., 1996). Généralement, la glace commence à se former en
décembre dans l’estuaire et se développe de l’amont vers l’aval. La rive sud est bien englacée
à la mi-janvier (Robert Hamelin & Associés, 1991). En se formant, le pied de la glace
emprisonne des sédiments du rivage. Les pertes sédimentaires sont faibles pendant l’hiver, le
couvert gelé protégeant le milieu. Pendant la fonte, une bonne proportion (Dionne, 1970) de la
glace de rivage est déplacée par le courant et les sédiments qu’elle transporte sont exportés.
Les glaces de dérive ont également un pouvoir érosif, arrachant des plaques de végétation et
de sédiments lors de leurs déplacements pendant de la débâcle du printemps. Ces glaces
peuvent évacuer les débris tombés des falaises (Dionne, 1970). Les processus glaciels sont
importants lorsque la côte est basse et soumise à des marées de forte amplitude (Dionne,
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1970), ce qui est le cas dans la majorité de la région à l’étude. De plus, les courants de dérive
ont tendance à déporter les glaces vers la rive sud du Saint-Laurent (Dionne, 1970). Les glaces
de dérive peuvent s’échouer sur le rivage et fondre sur place, tout comme les glaces de rivage.
Dans le premier cas, les glaces apporteront de nouveaux sédiments, dans le second, les glaces
protégeront le sol du littoral ou de la rive.
1.5 Courants, marées et salinité
Le débit annuel moyen du fleuve est de 11 800 m 3 /s dans la zone de Lotbinière, de
12 600 m 3 /s au niveau de Lévis et de 12 000 m 3 /s dans l’estuaire moyen. Le secteur entre
Leclercville et Berthier-sur-Mer est soumis aux effets d’une marée d’eau douce. L’amplitude
de la marée dans les environs de Lévis est de 4,2 mètres de marnage en moyenne et jusqu’à
5,8 mètres de marnage lors des grandes marées. La marée à Montmagny est la marée la plus
importante dans l’estuaire. La valeur moyenne de cette marée est de 4,9 mètres et des grandes
marées de 6,9 mètres se produisent chaque printemps. L’amplitude de la marée est moins
importante à Saint-Roch-des-Aulnaies mais les vagues sont plus fortes (Lavigne et al., 1996).
Les vents forts peuvent influencer le niveau prédit de la marée de plus d’un mètre (Troude,
1986 dans Robert Hamelin & Associés, 1991). La limite des eaux salées est située à la pointe
est de l’île d’Orléans et varie selon les marées (Robert Hamelin & Associés, 1991). La salinité
est faible au niveau de Montmagny et augmente en aval pour atteindre à Saint-Roch-des-
Aulnaies 10 0 /00 à marée basse et 15 0 /00 à marée haute approximativement. Le taux de salinité du
milieu marin est en moyenne de 30 0 /00 (Robert Hamelin & Associés, 1991). Au sud de l’île
d’Orléans, le chenal des Grands-Voiliers présente des courants forts et complexes. Les eaux y
sont moins turbides (Mousseau et Armellin, 1995).
1.6 Transport sédimentaire
Les concentrations de matières en suspension varient dans les divers secteurs de la région à
l’étude. Un bouchon vaseux ou turbide est situé au niveau de Cap Tourmente, sur la rive nord
du fleuve, et de Montmagny, sur la rive sud. Sa position peut varier jusqu’à Saint-Roch-des-
Aulnaies avec les marées. C’est pourquoi on retrouve de grands marais dans cette région (de
Montmagny à Saint-Roch-des-Aulnaies) (Robert Hamelin & Associés, 1991). Dans ce secteur,
les marées occasionnent un très grand brassage des eaux et une très forte sédimentation sur les
9

marais intertidaux. Dans cette zone de forte turbidité, la floculation des particules fines
entraîne une partie des sédiments sur les littoraux.
10

2 FLORE DES RIVES ET DU LITTORAL
Le littoral de la région est caractérisé par la présence de marais plus ou moins étendus et
diversifiés du point de vue floristique. Les principaux facteurs influençant la végétation des
marais sont la variabilité des conditions hydrologiques, la salinité, la pente de la rive, le degré
d’exposition aux vagues, la nature du sol et la latitude (Gratton et Dubreuil, 1990). Selon les
secteurs de la zone à l’étude, les rives sont constituées de sable, d’un mélange d’argile et de
limon, de gravier ou de roc. Il est à noter que les milieux humides ne sont bien développés que
sur les estrans vaseux et les alluvions récentes (Gratton et Dubreuil, 1990). Les milieux
humides présentent une très grande diversité biologique. La végétation retrouvée dans les eaux
douces du Saint-Laurent représente 66 % des communautés végétales décrites dans la
littérature (Gratton et Dubreuil, 1990). Cette diversité diminue progressivement en fonction de
l'augmentation du degré de salinité. Ainsi, elle diminue dans l’estuaire (22 %) et dans le golfe
(12 %) (Gratton et Dubreuil, 1990). La composition spécifique de la végétation change selon
un plan longitudinal et selon la répartition géographique des espèces. On retrouve dans la
région, l’estuaire fluvial (Leclercville à Berthier-sur-Mer), l’estuaire moyen oligohalin
(Montmagny à Saint-Jean-Port-Joli) et le début de l’estuaire mésohalin à Saint-Roch-des-
Aulnaies (Gratton et Dubreuil, 1990; Mousseau et al., 1998). Ainsi, d’ouest en est, selon le
gradient de salinité et de marée, la composition de la végétation dans les marais change
quelque peu.
L’hydrosère représentative du littoral de l’estuaire fluvial et moyen oligohalin est composée
d’une vasière dénudée, d’un marais, d’une prairie humide et d’un marécage (Gratton et
Dubreuil, 1990). Dans la zone à l’étude, le scirpe américain (Scirpus americanus) domine les
marais. Selon les secteurs, ce dernier est associé à la sagittaire dressée (Sagittaria rigida), à la
zizanie à fleurs blanches variété naine (Zizania aquatica var. brevis), à l’eupatoire perfoliée
(Eupatorium perfoliatum) ou à la berle douce (Sium suave). La prairie humide est caractérisée
par la spartine pectinée (Spartina pectinata), mais d’autres espèces se trouvent également dans
cette zone. On retrouve, notamment, l’eupatoire maculée (Eupatorium maculatum), l’aster
simple (Aster simplex) et la cicutaire maculée (Cicuta maculata). Le type de marais est
différent à la limite est de la municipalité de Saint-Roch-des-Aulnaies, étant donné le degré de
11

salinité supérieur. Ainsi, l’hydrosère est composée d’une vasière, d’un marais salé et d’une
prairie salée (Gratton et Dubreuil, 1990). Le marais est dominé par la spartine alterniflore
(Spartina alterniflora) et la prairie, par la spartine pectinée, le sanguisorbe du Canada
(Sanguisorba canadensis) et le calamagrostis du Canada (Calamagrostis canadensis).
Très peu de marécages sont présents sur le territoire à l’étude. Dans la majorité des secteurs,
seulement quelques arbustes et arbres se trouvent à la limite supérieure des marais. Le saule
rigide (Salix eriocephala), le saule de l’intérieur (Salix interior), le physocarpe à feuilles
d’obier (Physocarpus opulifolius) et le cornouiller stolonifère (Cornus stolonifera) figurent
parmi les espèces d’arbustes les plus fréquemment rencontrées. La strate arborescente feuillue
est principalement représentée par le frêne de Pennsylvanie (Fraxinus pennsylvanica), le saule
fragile (Salix fragilis), l’érable à sucre (Acer saccharum), le bouleau à papier (Betula
papyrifera), le peuplier à feuilles deltoïdes (Populus deltoides) et le peuplier baumier (Populus
balsamifera). Il est a noter que le thuya occidental (Thuja occidentalis) est le conifère le plus
abondant. Cependant, certains secteurs présentent des peuplements de pins rouges (Pinus
resinosa), de tsugas du Canada (Tsuga canadensis) et d’épinettes blanches (Picea glauca).
À plusieurs endroits sur le littoral de la région, il a été possible d’identifier des espèces à statut
précaire. On retrouve notamment le lycope d’Amérique variété du Saint-Laurent (Lycopus
americanus var. laurentianus), l’isoète de Tuckerman (Isoetes tuckermanii), la cicutaire
maculée variété de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii) et l’ériocaulon de Parker
(Eriocaulon parkeri).
Plusieurs espèces exotiques ont été rencontrées sur le territoire à l’étude. Toutefois, parmi les
39 plantes exotiques présentes dans les marais du fleuve Saint-Laurent seulement six peuvent
être considérées comme envahissantes (Centre de recherche en aménagement et
développement, 2004). Parmi celles-ci, il a été possible d’identifier la salicaire pourpre, le
butome à ombelle (Butomus umbellatus) et l’alpiste roseau (Phalaris arundinacea) et le
phragmite commun. La salicaire pourpre est largement répandue, mais elle permet tout de
même aux espèces indigènes de dominer. Le butome à ombelle et l’alpiste roseau se trouvent
12

seulement à quelques endroits isolés. Seul le phragmite commun forme de grandes colonies
pures. Dans la zone à l’étude, elles sont confinées à un secteur particulier.
13

3 FAUNE DES RIVES ET DU LITTORAL
Dans la zone à l’étude, la rencontre des eaux douces et saumâtres, la présence de marées et
l’irrégularité du rivage créent une variété d’habitats pour la faune et la flore. Ainsi, ce territoire
fournit un lieu de repos, d’alimentation et de reproduction à de nombreuses espèces. L’étage
supralittoral procure un habitat de choix pour la nidification des canards barboteurs et des
passériformes dont le bruant des marais (Melospiza georgiana), la bécassine des marais
(Gallinago gallinago), le moucherolle des aulnes (Empidonax alnorum), la paruline masquée
(Goethlypis trichas) et la paruline jaune (Dendroica petechia) (Mousseau et Armellin, 1995;
Robitaille, 1998). Il constitue aussi, avec une partie de l’étage médiolittoral, un lieu privilégié
pour l’habitat d’amphibiens et de reptiles, ainsi que pour la fraie de diverses espèces de
poissons telles que le fondule barré (Fundulus diaphanus) et les épinoches (Mousseau et
Armellin, 1995; Robitaille, 1998). L’étage médiolittoral offre une aire d’alimentation aux
canards barboteurs et aux poissons, notamment le meunier rouge (Catostomus catostomus) et
le baret (Morone americana) (Mousseau et Armellin, 1995; Robitaille, 1998). D’autres
espèces utilisent à la fois l’étage médiolittoral et l’étage infralittoral. Cette zone sert, entre
autres, de lieu d’alimentation pour les poissons benthivores, les oiseaux de rivage, les oies et
les canards en migration. De plus, c’est dans cette zone que les canards barboteurs élèvent
leurs couvées (Mousseau et Armellin, 1995; Robitaille, 1998). L’étage infralittoral constitue
finalement un corridor pour la migration du poulamon atlantique (Microgadus tomcod)
(Mousseau et Armellin, 1995; Robitaille, 1998).
3.1 Avifaune
Plusieurs lieux sur le littoral sont voués à une protection légale permettant de conserver
l’habitat des oiseaux. On retrouve cinq refuges d’oiseaux migrateurs : le refuge d’oiseaux
migrateurs de Saint-Vallier (404 hectares); le refuge d’oiseaux migrateurs de Montmagny
(117 hectares); le refuge d’oiseaux migrateurs de Cap-Saint-Ignace (70 hectares); le refuge
d’oiseaux migrateurs de L’Islet (60 hectares) et le refuge d’oiseaux migrateurs de Trois-
Saumons (220 hectares) (Gratton et Dubreuil, 1990). D’ailleurs, la très grande majorité du
littoral est reconnue comme une aire de concentration d’oiseaux aquatiques.
14

Parmi les groupes d’oiseaux présents dans la région, la sauvagine et les oiseaux de rivage sont
les plus abondants (Mousseau et Armellin, 1995). Ils utilisent principalement le littoral à des
fins de ravitaillement en période de migration. Peu d’espèces de canards nichent dans le
secteur à l’étude. Seule la nidification de quelques canards colvert (Anas platyrhynchos) et
d’une femelle canard noir (Anas rubripes) a pu être confirmée. Les laridés, les passereaux et
les rapaces sont aussi fréquemment observés.
3.1.1 Sauvagine
Le vaste corridor de migration du système du Saint-Laurent, joue un rôle de premier plan pour
la sauvagine de l’Est canadien. Une trentaine d’espèces s’y arrêtent en période de migration.
Quelques fois, les oiseaux forment des regroupements de plusieurs dizaines de milliers
d’individus (Lehoux et Service canadien de la faune, 1985).
Le littoral du Saint-Laurent constitue un lieu de prédilection pour la subsistance des oiseaux en
période de migration. L’oie des neiges (Chen caerulescens) est l’espèce d’anatidés la plus
abondante sur le territoire à l’étude. Lors de leur séjour migratoire du printemps et de
l’automne, les oies s’alimentent des rhizomes du scirpe américain, espèce dominante des
marais littoraux de la région (Lehoux et Service canadien de la faune, 1985). L’oie des neiges
a vu ses effectifs augmenter considérablement au cours des dernières décennies. Depuis la fin
des années soixante, en plus de fréquenter les marais à scirpe américain, les oies envahissent
les terres agricoles et les marais à spartines (Lehoux et Service canadien de la faune, 1985).
Lors de leur visite automnale, les oies ne causent pas de problème aux cultures car elles
consomment les résidus de la récolte de l’automne (Bédard, 1988b dans Mousseau et al.,
1998). C’est au printemps que les oies peuvent endommager les cultures puisqu’elles broutent
les plantules des espèces fourragères (Mousseau et al., 1998). À titre d’exemple, les résultats
d’une évaluation des dommages causés aux cultures réalisée par la Régie des assurances
agricoles du Québec révèlent que 74,9 hectares ont subi des dommages à Saint-Michel-de-
Bellechasse et à Saint-Vallier en 1993 (Dubé, 1994 dans Mousseau et Armellin, 1995).
L’abondance de la sauvagine varie au cours des saisons. Au printemps, c’est à la fin d’avril ou
au début de mai que les populations abondent le plus (Lehoux et Service canadien de la faune,
15

1985). Dans le secteur à l’ouest de Lévis, l’espèce la plus abondante est la bernache du Canada
(Branta canadensis). Les canards (barboteurs et plongeurs) fréquentent aussi le secteur
(Lehoux et Service canadien de la faune, 1985). À l’est de Lévis, c’est l’oie des neiges qui
domine et les canards barboteurs sont les canards les plus abondants (Lehoux et Service
canadien de la faune, 1985).
À l’automne, les premiers arrivés sont les canards barboteurs, qui cèdent leur place aux oies et
aux canards plongeurs au cours du mois d’octobre (Lehoux et Service canadien de la faune,
1985). Pour le secteur situé à l’est de Lévis, l’oie des neiges demeure incontestablement
l’espèce la plus abondante. Les effectifs dépassent 200 000 individus pour le haut estuaire
(Lehoux et Service canadien de la faune, 1985). Les oies sont plus nombreuses à l’automne
qu’au printemps. La présence des jeunes de l’année et un séjour plus long aux haltes
migratoires peuvent expliquer l’augmentation des effectifs des populations d’oies à cette
période de l’année (Lehoux et Service canadien de la faune, 1985). La même tendance semble
se refléter chez les populations de canards. En effet, les canards barboteurs sont de cinq à six
fois plus nombreux à l’automne qu’au printemps (Lehoux et Service canadien de la faune,
1985). Les canards plongeurs, la bernache du Canada et quelques canards de mer fréquentent
également le secteur durant cette période. Pour la zone située à l’ouest de Lévis, les effectifs
de canards (plongeurs et barboteurs) sont dix fois plus abondants à l’automne qu’au printemps
(Lehoux et Service canadien de la faune, 1985). Généralement, les canards de mer sont
confinés à la région maritime. Toutefois, en hiver, les canards de mer représentent 85 % de
tous les oiseaux hivernant dans le Saint-Laurent (Lehoux et Service canadien de la faune,
1985).
3.1.2 Oiseaux de rivage
Au Canada, un grand nombre d’aires de reproduction sont utilisées par les oiseaux de rivage et
bon nombre d’aires de repos sont essentielles au ravitaillent de ces oiseaux au cours de leurs
longues migrations (Morrison, 2001). L’estuaire du Saint-Laurent est considéré comme une
région essentielle et un secteur stratégique dans la migration de plusieurs espèces de limicoles
de l’est de l’Amérique du Nord (Brousseau, 1981). Depuis les 30 dernières années, un déclin
des populations d’oiseaux de rivage est constaté (Morrison, 2001). Plusieurs facteurs tels que
16

la perte ou la dégradation de leur habitat, l’utilisation de produits chimiques toxiques, la
pollution et les changements climatiques pourraient expliquer la diminution de leur population
(Morrison, 2001). Il est primordial d’assurer une conservation des aires de ravitaillement des
oiseaux de rivage afin qu’ils puissent s’y alimenter et s’y reposer (Brousseau, 1981). Les
limicoles se nourrissent d’invertébrés intertidaux. Un substrat vaseux ou mixte associé au
marais à scirpe constitue un lieu privilégié pour la recherche de nourriture (Recher, 1966 dans
Brousseau, 1981). Les zones où le sol est composé de sable et de roches sont visitées moins
régulièrement (Recher, 1966 dans Brousseau, 1981). Les habitats herbacés, à l’exception de
certains herbiers submergés, constituent des lieux peu favorables à la recherche de nourriture
par les limicoles. En fait, la composition benthique est influencée par la nature et la
composition du sol. En effet, les rochers ne permettent pas aux oiseaux de s’alimenter
facilement et les sols sablonneux présentent une faune benthique appauvrie (Recher, 1966
dans Brousseau, 1981). Par contre, les sols vaseux sont constitués d’une faune benthique
variée en lien avec la stratification verticale du substrat (Recher, 1966 dans Brousseau, 1981).
Par ailleurs, il semble que les limicoles affectionnent particulièrement les embouchures des
rivières (Brousseau, 1981). Ceci s’explique, en partie, par l’apport important de nourriture en
provenance de l’amont de la rivière. Il est probable que le brassage des eaux de l’estuaire et
des rivières au moment de la marée montante, favorise une biodiversité accrue à l’embouchure
de ces rivières.
3.1.3 Oiseaux coloniaux
Les oiseaux coloniaux les plus abondants du secteur appartiennent à la famille des laridés. Le
goéland à bec cerclé (Larus delawarensis) est l’espèce la plus abondante. Le goéland argenté
(Larus argentatus) vient au deuxième rang et quelques goélands marins (Larus marinus) sont
également présents. Parmi les autres oiseaux coloniaux pouvant être observés fréquemment, il
y a le cormoran à aigrettes (Phalacrocorax auritus) et le grand héron (Ardea herodias).
Toutefois, la majorité des couples d’oiseaux coloniaux ne nichent pas sur la rive sud de
l’estuaire. En effet, ils préfèrent nicher sur les îles présentes à proximité du territoire à l’étude
(Mousseau et al., 1998). Les oiseaux observés utilisent plutôt les milieux littoraux comme aire
de repos et d’alimentation.
17

3.1.4 Autres espèces
Outre les groupes d’oiseaux mentionnés précédemment, beaucoup d’autres espèces bénéficient
des milieux littoraux. En effet, quelques espèces de rapaces survolent occasionnellement le
littoral. Les bosquets sont habités par plusieurs espèces de passériformes. De plus, des espèces
dont la présence est inusité sont observées occasionnellement dans la région (Mousseau et
Armellin, 1995). On retrouve notamment la grande aigrette (Ardea alba), la mouette rieuse
(Larus ridibundus) et le bécassin à bec long (Limnodromus scolopaceus) (Otis et al., 1993).
3.2 Icthyofaune
L’estuaire qui parcourt le territoire à l’étude est le lieu de passage obligatoire pour de
nombreuses espèces de poissons anadromes et catadromes qui se dirigent vers les frayères ou
les aires d’alimentation qui leurs sont propres (Mousseau et al., 1998). La distribution des
poissons varie en fonction du gradient longitudinal, des saisons et du fait qu’il s’agisse d’une
zone littorale ou d’un autre milieu (Mousseau et al., 1998). Selon Mousseau et Armellin
(1995) le flux et le reflux des marées influencent la zone intertidale en agissant sur son temps
de submersion et d’immersion. Les poissons sont plus abondants dans les marais que dans les
zones rocheuses. De plus, l’étage supérieur des marais est peu fréquenté par les poissons car
les conditions y sont difficiles (température élevée, faible teneur en oxygène). Ainsi, l’étage
infralittoral est fréquenté par des espèces comme le meunier rouge et le poulamon atlantique.
L’hiver, le milieu intertidal est peu ou pas fréquenté par la faune ichthyenne dû à la présence
du couvert de glace. La zone subtidale constitue un habitat pour les poissons de fond comme
le chabot tacheté (Cottus bairdi) et le chabot à tête plate (Cottus ricei). Enfin, la zone
pélagique est un milieu très fréquenté par le poulamon atlantique, l’éperlan arc-en-ciel
(Osmerus mordax), l’alose savoureuse (Alosa sapidissima), le grand corégone (Coregonus
clupeaformis) et l’anguille d’Amérique (Anguilla rostrata). L’abondance de ces espèces varie
de façon importante au cours de l’année. L’alose savoureuse et l’éperlan arc-en-ciel dominent
au printemps, l’espèce la plus abondante à l’automne est l’anguille d’Amérique et en hiver, le
poulamon atlantique est le plus abondant (Gagnon et al., 1987 dans Mousseau et Armellin,
1995).
18

La répartition des différentes espèces de poissons présentes sur le territoire dépend aussi du
degré de salinité. Parmi les espèces rencontrées dans la région, le grand brochet (Esox lucius),
l’achigan à petite bouche (Micropterus dolomieui), la perchaude (Perca flavescens) et le doré
(Stizostedion vitreum) se limitent aux eaux douces. D’autres tels que l’esturgeon jaune
(Acipenser fulvescens), le doré noir (Stizostedion canadense), les meuniers, la carpe (Cyprinus
carpio) et la barbue de rivière (Ictalurus punctatus) fréquentent les eaux saumâtres dont le
degré de salinité est inférieur à 10 0 /00. Pour sa part, le grand corégone, espèce anadrome,
préfère les eaux peu ou pas saumâtres avec un degré de salinité inférieur à 5 0 /00. Les autres
espèces anadromes sont l’éperlan arc-en-ciel, le poulamon atlantique, l’esturgeon noir
(Acipenser oxyrhynchus), l’alose savoureuse et le saumon atlantique (Salmo salar). Ces
dernières espèces fréquentent des eaux dont la salinité varie entre 0 0 /00 en eau douce et 35 0 /00
dans l’océan. L’anguille d’Amérique, seule espèce catadrome du secteur, préfère l’eau douce
mais se reproduit dans la Mer des Sargasses, où la salinité est d’environ 36 0 /00. Certaines
espèces comme la plie lisse (Pleuronectes putnami) et l’épinoche à quatre épines (Apeltes
quadracus) se retrouvent principalement en eaux douces et rarement en eaux salées (Gagnon
et al., 1993 dans Mousseau et Armellin, 1995). En terme d’abondance, le meunier rouge, le
doré, le doré noir et le meunier noir (Catostomus commersoni) sont des espèces prédominantes
(Mousseau et al., 1998). Il semble que la perchaude et les cyprinidés soient des espèces
relativement abondantes dans le secteur de Lévis (Robitaille et al., 1988). On note aussi la
présence du baret (Mousseau et al., 1998). De plus, une étude réalisée par Caron et al. (2001)
à la rencontre des estuaires fluvial et moyen révèle que le poulamon atlantique est l’espèce
dominante. L’éperlan arc-en-ciel, le doré noir, l’esturgeon jaune, le meunier rouge et la barbue
de rivière sont également présents en bon nombre. Quelques esturgeons noirs faisaient aussi
partie des captures effectuées lors de cette étude. Un fait intéressant à noter est que la structure
de taille des 69 esturgeons noirs capturés présentait l’absence complète de certaines classes de
taille. Les résultats de l’étude indiquent que le recrutement peut être très faible ou absent pour
certaines années. Les populations de l’esturgeon noir, au même titre que celles de l’alose
savoureuse, de l’éperlan arc-en-ciel et du poulamon atlantique ont été décimées au cours des
années cinquante et soixante. La population du bar rayé (Morone saxatilis) est disparue de
l’estuaire du Saint-Laurent (Mousseau et al., 1998).
19

3.2.1 Esturgeon noir
L’effectif des populations d’esturgeons noirs s’est vu diminuer considérablement depuis le
début des années soixante (Therrien, 1998 dans Caron et al., 2001). Ce poisson se caractérise
par une longue période de croissance et une maturité sexuelle tardive (Therrien et al., 1988
dans Mousseau et Armellin, 1995). Ces particularités le rendent vulnérable aux impacts
cumulés sur une longue période (Caron et al., 2001). Les aires de fraie et d’élevage des
juvéniles de l’esturgeon noir dans le Saint-Laurent se trouvent à la limite septentrionale de son
aire de distribution (Caron et al., 2001). Son aire de répartition est étendue, mais il se reproduit
seulement dans une quarantaine de cours d’eau (Caron et al., 2001). Peu d’informations
existent sur les aires de concentration des adultes reproducteurs. Il en est de même pour
l’habitat des juvéniles (Caron et al., 2001). Toutefois, une étude réalisée par Hatin et al.
(2003) a permis d’identifier des frayères potentielles et des aires de repos et d’alimentation
dans l’estuaire. La population d’esturgeon noir a subi une forte diminution au cours des années
soixante. Cependant, une légère hausse de ses effectifs fut notée dans les années soixante-dix
(Caron et al., 1997a dans Mousseau et al., 1998). Plusieurs raisons sont évoquées pour
expliquer la disparition temporaire de l’espèce dans les engins de pêche. D’abord, le dragage
de la voie maritime du Saint-Laurent a potentiellement détruit une frayère importante ou un
lieu d’alimentation et a augmenté la turbidité de l’eau. La construction de barrages
hydroélectriques, la régularisation du débit du fleuve Saint-Laurent, la construction d’Expo 67,
l’utilisation massive de pesticides et la surexploitation par la pêche des juvéniles sont tous des
facteurs qui ont pu contribuer au déclin des populations de l’esturgeon noir (Caron et al.,
1997a dans Mousseau et al., 1998). Puisque la situation de l’espèce est toujours précaire, un
contrôle de la pêche commerciale est appliqué (Mousseau et al., 1998).
3.2.2 Éperlan arc-en-ciel
L’éperlan arc-en-ciel est une espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au
Québec. Le fleuve Saint-Laurent et son estuaire constituent l’habitat essentiel de l’éperlan arc-
en-ciel anadrome de la rive sud (Giroux, 1997). L’éperlan arc-en-ciel anadrome fraye
habituellement dans une rivière, mais il arrive que la fraie ait lieu à l’embouchure d’un cours
d’eau ou dans le fleuve (Robitaille et Vigneault, 1990 dans Giroux, 1997). Ainsi, les éperlans
ont frayé dans la rivière Boyer jusqu’au milieu des années quatre-vingt (Équipe de
20

établissement de l'éperlan arc-en-ciel, 2003). La pollution organique, l’érosion des berges et
la sédimentation sont des facteurs ayant potentiellement contribué à l’abandon de la rivière
Boyer par les reproducteurs (Giroux, 1997). Depuis l’abandon de cette frayère, les rivières
Ouelle et du Loup constituent les principaux lieux de reproduction de l’éperlan. La rivière
Fouquette et le ruisseau de l’Église correspondent à d’autres frayères mais sont fréquentés par
un nombre plus restreint d’individus (Équipe de rétablissement de l'éperlan arc-en-ciel, 2003).
La population de l’éperlan arc-en-ciel a été décimée depuis les vingt-cinq dernières années
(Verreault et al., 1999 dans Équipe de rétablissement de l'éperlan arc-en-ciel, 2003). Cette
diminution d’abondance résulte potentiellement de l’abandon de la frayère sur la rivière Boyer
(Verreault et al., 1999 dans Équipe de rétablissement de l'éperlan arc-en-ciel, 2003; Mousseau
et Armellin, 1995; Robitaille et al., 1988). Par conséquent, la pêche sur les principales frayères
est interdite partout sur la rive sud depuis 1993 (Équipe de rétablissement de l'éperlan arc-en-
ciel, 2003; Giroux, 1997; Mousseau et Armellin, 1995; Robitaille et al., 1988). Malgré cette
interdiction, aucun accroissement de la population d’éperlan arc-en-ciel n’a été observé au
cours de la dernière décennie (Équipe de rétablissement de l'éperlan arc-en-ciel, 2003).
3.2.3 Alose savoureuse
L’alose savoureuse fait partie des espèces vulnérables au Québec. Depuis la fin des années
cinquante, les populations d’alose savoureuse subissent un déclin important (Mousseau et al.,
1998). Les résultats des captures effectuées entre 1971 et 1994 par l’Aquarium de Québec
démontrent une absence quasi totale de l’espèce dans les engins de pêches. Par contre, des
juvéniles sont capturés régulièrement dans la zone intertidale à proximité de Lévis (secteur
Saint-Nicolas) (Trencia, 1995 dans Mousseau et Armellin, 1995). Plusieurs facteurs peuvent
être responsables du déclin des populations de l’alose savoureuse, soit la pollution des cours
d’eau, la destruction de leur habitat, la surexploitation de l’espèce et l’inaccessibilité des
frayères par l’augmentation des obstacles à la migration dans la région de Montréal (Provost et
al., 1984 et Robitaille et al., 1991 dans Mousseau et Armellin, 1995).
3.2.4 Esturgeon jaune
Depuis 1987, la population de d’esturgeon jaune a diminué considérablement (Société de la
faune et des parcs du Québec, 2000). L’espèce est susceptible d’être désignée menacée ou
21

vulnérable. La surexploitation par la pêche, les obstacles aux migrations et les perturbations de
l'habitat, principalement des frayères, ont contribué à la réduction des populations (Moisan et
Laflamme, 1999). C’est à Saint-Roch-des-Aulnaies que se trouve la limite est de l’aire de
distribution de l’esturgeon jaune (Société de la faune et des parcs du Québec, 2000).
3.2.5 Bar rayé
Le bar rayé est une espèce anadrome et il fréquente la côte de l’Atlantique entre le golfe du
Saint-Laurent et le golfe du Mexique (Mousseau et Armellin, 1995). Il était présent dans
l’estuaire moyen du Saint-Laurent jusque dans les années cinquante (Mousseau et Armellin,
1995). La population se concentrait principalement autour de l’île d’Orléans et de l’Archipel
de Montmagny (Mousseau et al., 1998). À l’automne, les géniteurs remontaient jusqu’au lac
Saint-Pierre et la fraie avait lieu au printemps suivant (Mousseau et Armellin, 1995). Le bar
rayé constituait une ressource importante pour la pêche commerciale et la pêche sportive
(Mousseau et al., 1998). Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer la disparition de cette
espèce dans le Saint-Laurent. Comme pour d’autres espèces, la perte et l’inaccessibilité des
frayères, en partie dues aux travaux de dragage de la voie maritime et à l’aménagement
d’Expo 67, pourraient être en cause. L’exposition à des produits toxiques et la surexploitation
de la ressource représentent d’autres hypothèses pour expliquer la disparition du bar rayé
(Robitaille et Ouellette, 1991 dans Mousseau et al., 1998).
3.3 Mammifères
Les milieux aquatiques et riverains de l’estuaire sont fréquentés par diverses espèces de
mammifères terrestres, semi-aquatiques ou marins. Le rat musqué commun (Ondatra
Zibethicus) est fréquemment rencontré dans les marais du sud du Québec (Mousseau et
Armellin, 1995). Des traces et des fèces de Rats musqués ont été observées à plusieurs
endroits sur le littoral de la région lors du travail de terrain de la présente étude. Il a même été
possible de voir deux individus sur le territoire à l’étude; un à Saint-Roch-des-Aulnaies et un à
Lévis. Le rat musqué commun utilise des matériaux prélevés dans les marais et les herbiers
pour la construction de sa hutte (Mousseau et Armellin, 1995). D’autres espèces communes du
milieu riverain sont présentes sur le territoire à l’étude. On retrouve notamment le vison
d’Amérique (Mustela vison), le castor du Canada (Castor canadensis) et l’hermine (Mustela
22

erminea) (Mousseau et Armellin, 1995). D’ailleurs, une hermine fût aperçue sur le littoral de
la municipalité de Lotbinière. Quant au castor, il est possible de l’observer à l’embouchure des
rivières, mais sa présence est plus inusitée (Mousseau et al., 1998). D’ailleurs, aucun indice
n’a permis de confirmer la présence de castors sur le littoral. L’utilisation des rives par les
mammifères terrestres demeure restreinte puisque la plupart des berges ont été anthropisées.
Cependant, les riverains relatent la présence du renard roux (Vulpes vulpes), de l’orignal
(Alces alces) et du cerf de Virginie (Odocoileus virginianus). La visite de secteurs naturels le
long du littoral a permis de constater la présence de traces d’orignaux à Sainte-Croix et
d’observer trois cerfs à Saint-Roch-des-Aulnaies. Selon l’Atlas des micromammifères du
Québec (Desrosiers et al., 2002), la musaraigne cendrée (Sorex cinereus), la grande
musaraigne (Blarina brevicauda), le condylure étoilé (Condylura cristata), la souris sylvestre
(Peromyscus maniculatus), le campagnol à dos roux de Gapper (Clethrionomys gapperi), le
campagnol des champs (Microtus pennsylvanicus), la souris commune (Mus musculus), la
souris sauteuse des champs (Zapus hudsonius) et la musaraigne fuligineuse (Sorex fumeus)
sont susceptibles d’être rencontrés sur le territoire à l’étude. La musaraigne fuligineuse est une
espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au Québec. Les rochers couverts de
mousses, les troncs d’arbres et les aulnaies constituent essentiellement son habitat (Desrosiers
et al., 2002). Par ailleurs, la limite est du secteur à l’étude fait partie de l’aire de répartition du
béluga du Saint-Laurent (Delphinapterus leucas). En effet, au cours des saisons estivale et
automnale, le béluga du Saint-Laurent fréquente l’estuaire moyen. La batture aux Loups
Marins correspond à la limite amont de sa distribution (Mousseau et al., 1998). Le béluga du
Saint-Laurent est une espèce menacée au Québec. En 1885, sa population était estimée à près
de 5 000 individus dans les eaux du Saint-Laurent alors que l’effectif s’est vu diminuer à
500 individus dans les années soixante-dix (St-Hilaire, 2002). La chasse abusive a
possiblement été la principale cause de diminution de la population du béluga. D’autres
facteurs comme le dérangement par la circulation maritime, les activités d’observation, la
perte et la détérioration de l’habitat, la contamination organique, la compétition pour les proies
et la pollution exercent encore une pression sur la population (Mousseau et al., 1998). L’arrêt
de la chasse a contribué à augmenter les effectifs depuis les années soixante-dix, car la
population de bélugas est maintenant estimée à près de 1 200 individus (St-Hilaire, 2002). Les
autres mammifères marins fréquentent très peu le secteur à l’étude. Il arrive cependant de
23

constater la présence inusité du phoque commun (Phoca vitulina), du rorqual commun
(Balaenoptera physalus) et du petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata) (Mousseau et
Armellin, 1995).
3.4 Amphibiens et reptiles
Dans les limites du secteur d’étude, la présence de treize espèces d’amphibiens et de huit
espèces de reptiles a été confirmée (Bider et Matte, 1994; Mousseau et Armellin, 1995). Or, la
diversité des espèces est moins importante que dans le corridor fluvial puisque l’eau possède
un degré de salinité plus élevée. De plus, plusieurs espèces atteignent la limite septentrionale
de leur distribution au Québec (Mousseau et al., 1998). Ainsi, sur le littoral et les rives, la
MRC de Lotbinière et la ville de Lévis sont susceptibles d’abriter un plus grand nombre
d’espèces d’amphibiens et de reptiles. Cependant, les berges ont été fortement anthropisées
comparativement à d’autres secteurs en aval de Lévis. À l’occasion de la présente étude, aucun
inventaire systématique n’a été effectué sur les rives du Saint-Laurent. Cependant, des
inventaires réalisés par le CRECA à l’intérieur des terres, permettent de soupçonner la
présence de la grenouille des marais (Rana palustris), espèce susceptible d’être désignée
menacée ou vulnérable, sur le littoral de la MRC de Montmagny (Bérard, 2003; Vignoul,
2002). En effet, cette espèce réside dans plusieurs lacs de cette MRC dont deux situés à Cap-
Saint-Ignace (Vignoul, 2002). De plus, la grenouille léopard (Rana pipiens) a été répertoriée
dans la rivière Aulneuse, à Saint-Nicolas (Bérard, 2003). Cette espèce rarement observée dans
la région pourrait donc être présente sur le littoral de la ville de Lévis et possiblement dans la
MRC de Lotbinière. Il est également important de souligner la présence potentielle de la tortue
des bois (Clemmys insculpta) (Mousseau et al., 1998). Cette espèce est en voie d’être désignée
vulnérable au Québec. Les populations d’amphibiens et de reptiles ont considérablement
diminué depuis plusieurs années. On attribue cette situation à la perte de nombreux habitats
(Desroches et Rodrigue, 2004). Le remblayage ou la destruction des marais, l’urbanisation et
la fragmentation des habitats par les routes sont des facteurs qui contribuent à décimer les
populations. D’immenses pertes de milieux humides sont observées dans le sud du Québec et
le long du fleuve Saint-Laurent (Desroches et Rodrigue, 2004).
24

4 UTILISATION DU FLEUVE ET DE SES RIVES
Le fleuve est utilisé pour la navigation et ses rives sont utilisées pour l’accostage, l’entrée et la
sortie des embarcations de l’eau. Aucun port d’importance ne se trouve cependant le long du
fleuve dans la région de Chaudière-Appalaches. Le port de Québec est situé face à la ville de
Lévis. Plusieurs quais importants sont situés à Lévis. Le quai de la raffinerie Ultramar est
utilisé pour l’importation et, dans une moindre mesure, pour l’exportation de produits
pétroliers. Le quai de la traverse Québec-Lévis est situé à quelques kilomètres en aval.
Finalement, une zone de quais et de cales de réfection est située sur la pointe Lévis-Lauzon,
cette zone étant occupée par le chantier maritime MIL-Davie. Le transport maritime dans
l’estuaire a plusieurs effets. En amont de la pointe est de l’île d’Orléans, le chenal de
navigation a été dragué pour permettre le passage de navires à plus gros tonnage. Les effets du
dragage sont la modification de l’écoulement de l’eau et des habitats du poisson (Lavigne et
al., 1996). Le passage de plus gros navires a augmenté les vagues de batillage sur les rives.
Les déversements sont toujours un risque potentiel dans la région de Lévis, étant donné que le
chantier maritime, le quai d’Ultramar et le port de Québec sont concentrés dans une zone
restreinte. Des petits quais sont présents à Leclercville, Lotbinière, Saint-Antoine-de-Tilly,
Berthier-sur-Mer, Montmagny (traverse vers l’île aux Grues), L’Islet et Saint-Jean-Port-Joli.
Des marinas sont présentes à Lévis (2), Saint-Michel-de-Bellechasse, Berthier-sur-Mer,
Montmagny et Saint-Jean-Port-Joli. Ces quais et marinas sont utilisés pour la navigation de
plaisance, activité populaire dans la région.
L’agriculture est une activité importante sur les rives du Saint-Laurent. Elle occupe une bonne
portion des rives dans toute la zone à l’étude. L’agriculture est passée d’un mode artisanal
pour devenir une activité quasi industrielle dans les années quatre-vingt-dix (Lavigne et al.,
1996). Ce mode de production peut engendrer le rejet de matières organiques, d’éléments
nutritifs, de métaux lourds et d’éléments traces (pesticides) dans l’eau (Lavigne et al., 1996).
Tous ces éléments ont un impact sur la qualité de l’eau, la pêche et la vie aquatique. La
conversion de milieux humides en terres agricoles a été populaire dans le passé bien que cette
pratique soit moins importante actuellement. Cela représente cependant 34 % des pertes de
milieux humides observées le long du Saint-Laurent entre 1945 et 1976 (Lavigne et al., 1996).
25

Une part importante des rives du Saint-Laurent a été dénaturée par l’empiètement
(remblaiement) pour la construction de routes, d’ouvrages de protection ou pour l’utilisation à
des fins résidentielles. Les industries ont aussi un impact sur le fleuve. L’empiètement sur le
littoral, les rejets dans les rivières ou dans le fleuve en sont des exemples. La conséquence de
ces modifications peut être observée sur l’état des milieux humides. Les milieux humides
jouent un rôle indispensable d’épuration et de filtration des eaux. La biodiversité est touchée
par l’empiètement.
Plusieurs rivières se jettent dans le Saint-Laurent dans la région de Chaudière-Appalaches.
Pour ne nommer que les principales, on retrouve la rivière Du Chêne, la rivière Chaudière, la
rivière Etchemin, la rivière Boyer, la rivière du Sud, la rivière Trois-Saumons et la rivière
Port-Joli. La qualité de l’eau de ces rivières laisse à désirer en raison, notamment, de la
présence d’une agriculture intensive sur le territoire (Entraco inc., 1990 dans Lavigne et al.,
1996). La qualité de l’eau du fleuve s’est néanmoins améliorée car la majorité des villes et des
municipalités traitent maintenant leurs eaux usées. Les municipalités ne possédant que des
usines de traitement primaire des eaux usées pour la région à l’étude sont Sainte-Croix, Saint-
Antoine-de-Tilly, Saint-Michel-de-Bellechasse et Saint-Roch-des-Aulnaies. Les industries ont
également assaini leurs rejets. Par ailleurs, plusieurs municipalités prélèvent de l’eau potable
dans le Saint-Laurent.
En ce qui a trait aux activités de prélèvement, on note que la chasse a une importance non
négligeable dans la région. Sur les rives du Saint-Laurent, la sauvagine, principalement, est
chassée. La région comporte de nombreux lieux intéressants pour les chasseurs, dont le
secteur de Montmagny - Cap-Saint-Ignace qui accueille chaque année de nombreuses oies
blanches et canards. La pêche commerciale est beaucoup moins importante dans la région que
par le passé bien que l’esturgeon noir, l’anguille d’Amérique et le doré soient encore pêchés
(Gagnon, 1995). La pêche sportive, quant à elle, est une activité attirant de nombreux adeptes.
La pêche à quai est cependant moins populaire, depuis la disparition du bar rayé et la
diminution des populations d’éperlans arc-en-ciel (Mailhot, 1990 dans Lavigne et al., 1996).
26

5 MÉTHODOLOGIE
Cette étude a débuté par une revue de littérature et par la réalisation d’un bilan des rives et du
littoral. Ce bilan a permis de sélectionner des sites selon des critères précis. Les sites ont été
caractérisés en tenant compte, entre autres, de la flore, de la faune, des dépôts de surface, des
pentes, des marées et des glaces (annexe 2). Les problématiques affectant les sites ont été
identifiées. Par la suite, des propositions de restauration et de suivi ont ensuite été élaborées.
5.1 Bilan de l’état des rives et du littoral de la région de Chaudière-Appalaches
Afin de bien connaître les rives et le littoral à l’étude, un bilan a été effectué. Le rapport des
Consultants en environnement Argus inc. (1996b) ainsi que le rapport du Groupe Dryade
(1982) ont d’abord été consultés. Tous deux font état de certaines zones de dégradation,
malgré des différences dans les techniques de recensement des rives. Les observations
d’Argus ne couvrent qu’une portion du territoire (de Leclercville à Montmagny) et ont été
réalisées principalement par bateau. Les observations de Dryade ont été réalisées à l’aide de
l’interprétation de photographies aériennes des mêmes sites sur plusieurs années. Ce rapport
couvre toute la zone à l’étude. Un vidéo du littoral de la région, produit par le Service
canadien de la faune, a été visionné par le personnel du CRECA. Les rives de la région ont
ensuite été parcourues à pied afin de noter leur état et leurs particularités. Les divers types de
rivages ont été identifiés et leur répartition notée. Une attention particulière a été portée aux
sites affectés par les problématiques énoncées en introduction. À cet effet, il est à noter que les
endroits colonisés par des plantes envahissantes n’ont pu être répertoriés dans un premier
temps, puisque les plants étaient immatures lorsque le bilan a été effectué. Les sites peu ou pas
perturbés mais présentant un potentiel faunique ou floristique ont également retenu l’attention.
Une cartographie résumant les observations a été produite par GéoKam inc. en utilisant
comme base une série d’orthophotos (ministère des Ressources naturelles du Québec, 2001) et
la cartographie des milieux humides du Centre Saint-Laurent (Létourneau, 2004).
5.2 Choix des sites perturbés
À partir du bilan réalisé, des sites ont été choisis en vue d’une caractérisation plus poussée.
Les groupements forestiers, les municipalités et les agriculteurs riverains du secteur ont été
27

contactés afin de vérifier s’ils avaient identifié des sites perturbés. L’ensemble des sites choisis
devait représenter une diversité de types de rives (rives anthropisées, marais, etc.) et toucher à
une ou plusieurs des problématiques identifiées. Les sites devaient également être facilement
accessibles. Dix-sept sites ont été sélectionnés pour la caractérisation et les propositions de
restauration. Les sites sont répartis le long du littoral à l’étude. L’importance économique, la
contribution à la biodiversité, l’importance régionale, la rareté de ce type de site et la présence
d’habitats pour des espèces à statut précaire ont été pris en considération, selon une
priorisation proposée par Lehoux et Grenier (1999).
5.3 Caractérisation des sites sélectionnés
Pour la caractérisation des sites, divers facteurs ayant une influence sur le littoral ont été
examinés (Tableau 5.1, Annexe 2, Annexe 3). Ces facteurs orientent aussi le choix des
techniques de restauration proposées.
Tableau 5.1 Description des facteurs pris en compte lors de la caractérisation des sites.
Facteurs Description Effets
Vagues de
batillage
Vagues de
vent
Produites par les bateaux naviguant
à moins de 800 m des rives ou par
les bateaux de plaisance naviguant
près des rives.
28
La puissance des vagues influence la
stabilité de la rive.
Vagues produites par le vent. Ces vagues sont fortes dans les zones
sans obstacles et venteuses.
Glaces Déplacement des glaces au
printemps.
Peuvent enclencher ou accentuer
l’érosion lors de déplacement sur les
bordures de rives pendant la fonte.
Courants Force des courants à marée haute. De forts courants peuvent affecter les
rives en augmentant les forces exercées
par les vagues ou les glaces.
Morphologie
du site
Forme de la rive, position par
rapport à l’axe d’écoulement des
eaux, pente de l’avant-plage et de la
rive, etc.
Influence les facteurs précédents.

Variations
du niveau
d’eau
Variations à long terme (30 ans ou
plus) et annuelles (crues printanières
au 2 ans) ou saisonnières.
29
Un niveau d’eau très élevé lors des
hautes marées peut affecter un talus ou
une stabilisation anthropique.
Humain Utilisation du milieu par l’humain. L’activité humaine peut affecter le
milieu en changeant la végétation ou en
empiétant sur le littoral. Les
observations des propriétaires riverains
peuvent également être utiles pour
cerner les autres facteurs.
Faune Utilisation du milieu par la faune. Elle détermine l’importance écologique
du site.
Flore Importance de la flore sur un site. Elle détermine l’importance écologique
du site.
5.4 Propositions de restauration et de suivi
Les propositions de restauration ont été établies à l’aide de diverses références. La clé
d’identification des techniques à favoriser, présentée dans le guide des Consultants en
environnement Argus inc. (1996c), a été utilisée afin d’identifier les techniques de restauration
pouvant être proposées. Les propositions établies ont ensuite été validées par le consultant
Écogénie inc., spécialisé en génie végétal et en techniques de stabilisation de rives. Il est à
noter que des relevés complémentaires doivent être effectués avant de procéder à des travaux
de restauration, notamment pour les aménagements nécessitant une bonne connaissance des
conditions hydrodynamiques et un positionnement précis des armatures végétales.
Lorsque seule une plantation de végétaux est nécessaire sur le terrain d’un propriétaire, ce
dernier peut procéder lui-même aux travaux; mais lorsqu’il est nécessaire d’effectuer un
enrochement ou de reprofiler une pente, il est alors indiqué d’utiliser les services de personnes
spécialisées dans le domaine afin de concevoir et d’exécuter les travaux. Des autorisations
gouvernementales et un permis municipal peuvent être nécessaires selon les cas (annexe 4).
L’accessibilité au site, la longueur de la rive touchée, la dimension de l’ouvrage ou de la zone
d’intervention, la provenance des matériaux et les quantités utilisées (végétation, sable,
pierres, etc.), ainsi que le type de machinerie à prévoir sont autant de facteurs pouvant
influencer le coût et la complexité des travaux. De plus, il faut toujours tenir compte des

impacts potentiels de la restauration projetée sur la faune, la flore, le bilan général des
sédiments sur le site et sur les rives environnantes.
30

6 BILAN DE L’ÉTAT DES RIVES ET DU LITTORAL DU SAINT-LAURENT EN
CHAUDIÈRE-APPALACHES
Ce chapitre présente un bilan de l’état des rives et du littoral des 14 municipalités qui longent
le Saint-Laurent en Chaudière-Appalaches. Ce bilan décrit brièvement les dépôts de surface
des lieux, la flore, la faune et les problématiques observées.
6.1 MRC de Lotbinière
De Leclercville en allant jusqu’au premier tiers de Lotbinière, les rives sont formées de
falaises argileuses et le littoral est couvert de marais à scirpe américain. Des falaises de
schistes prennent place à partir du centre de Lotbinière jusqu’à la pointe au Platon et le littoral
est constitué de marais à scirpe sur roche. Une couche de vase est présente dans le marais,
mais elle diminue d’ouest en est. Ainsi, à la limite est de la municipalité de Saint-Antoine-de-
Tilly, le marais présente un substrat rocheux et est parsemé de scirpes américains. Un fait
intéressant à noter est l’absence quasi complète d’arbustaie ou de marécage sur le littoral de la
MRC de Lotbinière. Plusieurs secteurs ont été anthropisés par le passé et il est difficile de
reconstituer le paysage initial. Parmi les espèces d’arbres fréquemment rencontrées dans le
secteur, on retrouve notamment le saule fragile, l’érable négondo (Acer Negundo), le peuplier
baumier, le peuplier à feuilles deltoïdes et l’érable à sucre.
Une grande proportion du littoral située entre les municipalités de Lotbinière et de Saint-
Antoine-de-Tilly est constituée de longues battures vaseuses (Brousseau, 1981). Trois secteurs
sont particulièrement utilisés par l’avifaune au cours des migrations. Le premier secteur se
situe à proximité de la pointe au Platon. Au printemps, ce lieu est visité par la sauvagine. La
bernache du Canada et les canards barboteurs sont les espèces dominantes (Mousseau et
Armellin, 1995). Quelques rapaces diurnes circulent également dans le secteur (Otis et al.,
1993). D’ailleurs, deux pygargues à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) furent aperçus
lors d’une visite sur le terrain en mai dernier à proximité de la limite est de la Réserve
écologique Pointe-Platon. Par ailleurs, beaucoup plus à l’ouest de ce site, un pygargue à tête
blanche a survolé l’embouchure de la rivière Du Chêne à Leclercville en juin et en juillet.
Plusieurs parulines, bruants et autres passereaux se retrouvent aussi à la pointe au Platon (Otis
31

et al., 1993). Au cours du mois d’août, des limicoles, majoritairement des bécasseaux semi-
palmés (Calidris pusilla), y sont observés (Brousseau, 1981). L’automne venu, les canards
barboteurs sont les plus abondants (Mousseau et Armellin, 1995).
Les battures de la municipalité de Sainte-Croix constituent un autre lieu de choix pour les
oiseaux. Au printemps, la bernache du Canada et quelques canards barboteurs se partagent le
territoire. Les bernaches font place aux canards barboteurs à l’automne (Mousseau et
Armellin, 1995). Les limicoles sont aussi présents au cours de leur migration (Brousseau,
1981). Enfin, le marais de Saint-Antoine-de-Tilly est un lieu de rassemblements pour la
bernache du Canada au printemps, et pour les canards plongeurs à l’automne (Mousseau et
Armellin, 1995). Les limicoles, les laridés et quelques rapaces utilisent aussi le site à différents
moments de l’année (Otis et al., 1993).
Dans ce secteur, la superficie d’habitat disponible pour la faune icthyenne est restreinte.
Cependant, plusieurs alevins de différentes espèces de poissons ont été observés dans les
marelles. Un grand nombre de larves furent également observés à l’embouchure de la rivière
Du Chêne à Leclercville. Un fait intéressant à noter est l’existence potentielle d’une frayère à
esturgeon noir dans le Saint-Laurent, à proximité de Saint-Antoine-de-Tilly (Hatin et al.,
2003).
6.1.1 Municipalité de Leclercville
À Leclercville, les problématiques d’érosion sont omniprésentes (Figure 6.1). Le substrat peut
expliquer la fragilité du milieu. Alors que la rive de plusieurs municipalités à l’est est
rocheuse, celle de Leclercville est argileuse. Les problèmes les plus marqués se présentent au
devant de la halte routière Sainte-Émmélie et à l’embouchure de la rivière Du Chêne. La
presque totalité des rives de cette municipalité sont enrochées à l’exception d’une partie de
l’embouchure de la rivière Du Chêne et de la zone située en aval de cette rivière. Sur la rive,
deux secteurs sont naturels et camouflent l’enrochement. Un premier est compris entre le quai
et les résidences situées près de la halte routière et le second se situe en amont de la halte
routière jusqu’à la limite ouest de la municipalité.
32

Figure 6.1 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
MRC de Lotbinière.
Les lignes blanches perpendiculaires aux rives représentent les limites municipales.
A. Cartographie des milieux humides (zones roses) et présentation des zones d’absence
de végétation riveraine (lignes ou points jaunes).
B. Cartographie des problématiques rencontrées sur le littoral et le rivage, chaque
couleur représentant une problématique différente. (vert foncé : murs de pierres, vert
pâle : murs de bois, orange : murs de béton, rouge : érosion, blanc : enrochements,
violet : autres problématiques). Les points turquoise indiquent la présence d’espèces
fauniques ou floristiques rares et à statut précaire.
33

Figure 6.2 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie est de la MRC
de Lotbinière.
Les lignes blanches perpendiculaires aux rives représentent les limites municipales.
A. Cartographie des milieux humides (zones roses) et présentation des zones d’absence
de végétation riveraine (lignes ou points jaunes).
B. Cartographie des problématiques rencontrées sur le littoral et le rivage, chaque
couleur représentant une problématique différente. (vert foncé : murs de pierres, vert
pâle : murs de bois, orange : murs de béton, rouge : érosion, blanc : enrochements,
violet : autres problématiques). Les points turquoise indiquent la présence d’espèces
fauniques ou floristiques rares et à statut précaire.
34

6.1.2 Municipalité de Lotbinière
La limite ouest de la municipalité est caractérisée par des rives argileuses. Ce qui peut
expliquer les glissements de terrain observés dans ce secteur. La présence de mégas blocs
rocheux sur la plage est particulièrement intéressante, la glace pouvant jouer un rôle dans cette
zone du littoral. Par ailleurs, une zone fortement anthropisée (stabilisation) se situe en amont
du quai de la municipalité. La méthode de stabilisation la plus utilisée est le muret de béton
(Figure 6.1). Les riverains ont également optés pour de l’enrochement par endroit. Une section
demeurée naturelle est située entre le quai et le parc municipal. Ce secteur ne présente pas de
problèmes particuliers, sauf quelques zones où l’on note une quasi absence de végétation qui
résulte en une dynamique érosive. Les rives situées à l’est de la municipalité sont composées
de milieux naturels, de quelques enrochements, de zones d’absence de végétation et de falaises
rocheuses. Une zone naturelle y est prédominante et on note la présence d’une zone
marécageuse. Un large marais inférieur est conservé et présente un intérêt certain pour la
faune. La chasse est d’ailleurs pratiquée à certains endroits dans ce secteur.
6.1.3 Municipalité de Sainte-Croix
Bien qu’il y ait plusieurs sections sur les rives de cette municipalité qui soient anthropisées,
beaucoup de secteurs ont conservé leur aspect naturel. L’enrochement est la méthode la plus
couramment utilisée par les riverains qui ont stabilisé leur terrain (Figure 6.1 et Figure 6.2).
Une grande zone naturelle a été conservée bien qu’elle ne bénéficie d’aucune protection
juridique. Elle débute à l’est du camping de la pointe au Platon et se termine à la limite ouest
de la localité de Sainte-Croix. Quelques secteurs de cette zone ont été remblayés et stabilisés
pour y installer des maisons et des chalets. Certains autres terrains sont à vendre et pourraient
servir au développement. Cette portion du littoral est composée d’un large marécage
arborescent, de quelques portions de marais supérieurs résiduels et d’un large marais inférieur.
C’est un milieu très intéressant pour la sauvagine et les limicoles. Certaines mares près du
rivage pourraient également servir de sites d’alimentation pour diverses espèces de poissons et
sont également propices au maintien d’une population d’amphibiens. Par ailleurs, la réserve
écologique de Pointe-Platon assure une protection légale à une partie du littoral de cette
municipalité.
35

6.1.4 Municipalité de Saint-Antoine-de-Tilly
Le littoral de Saint-Antoine-de-Tilly comporte un marais ayant un bon potentiel pour la faune.
Par ailleurs, plusieurs secteurs sont anthropisés, formant ainsi une barrière pour le milieu
naturel. Le muret de béton est la méthode de stabilisation la plus courante (Figure 6.2). Les
secteurs demeurés naturels sont formés de falaises de schistes. Certaines de ces falaises sont
en érosion. Par endroit, le sol est mis à nu et la roche est effritée. La végétation naturelle au
sommet des falaises est souvent absente, les champs agricoles se rendant jusqu’à leur limite.
On peut présumer que l’absence de végétation au sommet de la falaise favorise le
ruissellement de l’eau lors de forts épisodes de pluie. Une arrivée massive d’eau peut entraîner
le sol peu épais et pénétrer dans la roche friable, causant des détachements pelliculaires
successifs. De grandes zones d’un à deux mètres de haut au bas de la falaise sont également en
érosion. Cette érosion peut être causée par les vagues de vent et par le batillage.
6.2 Ville de Lévis
Les rives de la ville de Lévis sont surtout constituées de falaises, concentrées dans les secteurs
est (Saint-Nicolas) et ouest (Lauzon). Le littoral est principalement rocheux, mais couvert de
vase par endroit, permettant ainsi l’établissement de marais à scirpe. Par ailleurs, le couvert
forestier des falaises est composé de résineux. Le thuya occidental est la principale espèce
retrouvée dans ce secteur. Des peuplements isolés de tsugas du Canada se trouvent près de la
rivière Aulneuse et dans le secteur situé entre la pointe de La Martinière et les pylônes
d’Hydro-Québec. Les peuplements de tsugas sont peu fréquents sur le littoral de Chaudière-
Appalaches. Parmi les autres espèces observées, on retrouve notamment le frêne de
Pennsylvanie, le bouleau à papier, le bouleau jaune (Betula alleghaniensis), l’érable à sucre,
l’érable argenté (Acer saccharinum), l’érable à épis (Acer spicatum) et le saule fragile. La
strate arbustive est principalement composée de saules (Salix spp.), du cornouiller stolonifère
et du physocarpe à feuilles d’obier.
Sur le territoire de la ville de Lévis, trois zones sont fortement utilisées par les oiseaux
migrateurs. Le premier site de concentration est situé entre la rivière Chaudière et la rivière
Etchemin. On y retrouve à l’automne, quelques centaines de canards barboteurs (Mousseau et
Armellin, 1995). Le second secteur est compris entre la rivière Etchemin et le quai de la
36

compagnie Ultramar. Des limicoles trouvent refuge dans ces lieux lors de leur migration
automnale (Brousseau, 1981). L’anse aux Sauvages et la grève Guilmour constituent la
troisième zone de rassemblement d’importance. Au printemps, plus de 1000 oies s’y
réunissent et à l’automne, on y aperçoit quelques centaines de canards plongeurs (Mousseau et
Armellin, 1995). De plus, des limicoles s’arrêtent aussi à cet endroit au cours de leur migration
(Brousseau, 1981). Par ailleurs, le territoire est utilisé par diverses espèces de poissons. Selon
Robitaille (1998), les espèces de poissons les plus abondantes à proximité de Saint-Nicolas
sont la barbue de rivière, le meunier rouge, le doré et la perchaude. Une étude réalisée par
Therrien et al. (1991) permet de repérer quelques frayères potentielles sur le territoire.
D’abord, les lieux potentiels pour la fraie de l’alose savoureuse se situent entre le quai
Ultramar et la marina de Lévis, à la pointe de Lévy et à la pointe de La Martinière.
L’embouchure de la rivière Etchemin pourrait servir de frayère au meunier noir. De plus,
l’embouchure de la rivière Chaudière est considérée comme lieu potentiel de fraie pour
l’esturgeon noir (Hatin et al., 2003). En plus de servir d’aire de reproduction pour différentes
espèces, plusieurs secteurs du territoire sont reconnus comme aires d’alevinage. Ainsi, d’ouest
en est, l’embouchure de la rivière Chaudière sert d’aire d’alevinage aux juvéniles de l’alose
savoureuse, du meunier rouge, du meunier noir, du grand brochet, du poulamon atlantique, de
l’éperlan arc-en-ciel, de la perchaude, du doré, de la barbue de rivière et de plusieurs espèces
de cyprins (Mousseau et Armellin, 1995). L’embouchure de la rivière Etchemin profite aux
juvéniles de la carpe. Une autre aire d’alevinage est localisée entre l’anse aux sauvages et le
ruisseau Ville-Guay. On y retrouve des alevins du gaspareau (Alosa pseudoharengus), de
l’alose savoureuse, du meunier noir, du meunier rouge, du baret, de l’éperlan arc-en-ciel et de
la perchaude (Mousseau et Armellin, 1995).
La problématique la plus fréquemment rencontrée dans le secteur de Lévis est l’anthropisation
des rives (Figure 6.3 et Figure 6.4). Une des principales zones où l’on note peu de
modifications des rives est le secteur ouest, où de grandes falaises limitent l’accès au littoral.
Ces falaises composées de schistes s’effritent et présentent une érosion modérée. À l’est des
falaises, les modifications importantes du rivage laissent peu de place aux secteurs entièrement
naturels. La zone la plus fortement anthropisée se situe entre les ponts (Québec et Pierre-
Laporte) et la pointe de La Martinière. La méthode de stabilisation la plus utilisée est
37

l’enrochement, mais le mur de béton est aussi présent. Sur tout le littoral urbanisé, la
végétation riveraine est peu abondante. Une portion, localisée à l’est de la pointe de La
Martinière, est demeurée naturelle et présente un bon potentiel faunique. Comme pour le
secteur ouest, la présence de falaises rocheuses a grandement contribué à la conservation de la
zone, en raison de la difficulté d’accès.
38

Figure 6.3 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la ville
de Lévis.
A. Cartographie des milieux humides (zones roses) et présentation des zones d’absence
de végétation riveraine (lignes ou points jaunes).
B. Cartographie des problématiques rencontrées sur le littoral et le rivage, chaque
couleur représentant une problématique différente. (vert foncé : murs de pierres, vert
pâle : murs de bois, orange : murs de béton, rouge : érosion, blanc : enrochements,
violet : autres problématiques). Les points turquoise indiquent la présence d’espèces
fauniques ou floristiques rares et à statut précaire.
39

Figure 6.4 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la ville
de Lévis.
A. Cartographie des milieux humides (zones roses) et présentation des zones d’absence
de végétation riveraine (lignes ou points jaunes).
B. Cartographie des problématiques rencontrées sur le littoral et le rivage, chaque
couleur représentant une problématique différente. (vert foncé : murs de pierres, vert
pâle : murs de bois, orange : murs de béton, rouge : érosion, blanc : enrochements,
violet : autres problématiques). Les points turquoise indiquent la présence d’espèces
fauniques ou floristiques rares et à statut précaire.
40

6.3 MRC de Bellechasse
Les secteurs de Beaumont et de Saint-Michel-de-Bellechasse présentent un faciès rocheux
accompagné de dépôts vaseux selon les secteurs, jusqu’à la pointe Samson (Brousseau, 1981).
Plus à l’est, le littoral est irrégulier et engendre de grandes baies (Brousseau, 1981). Le
nombre de marais à scirpe américain dans ce secteur est limité compte tenu des conditions peu
favorables à leur implantation. Ainsi, les principaux marais se situent dans les anses. Les
feuillus les plus représentatifs du secteur sont l’érable à sucre, le frêne de Pennsylvanie,
l’érable négondo et le bouleau à papier. Le résineux le plus fréquemment rencontré est le
thuya occidental. Le cornouiller stolonifère, les aubépines, le chèvrefeuille de Tartarie
(Lonicera tatarica.) et le physocarpe à feuilles d’obier sont des arbustes observés
fréquemment. Comme pour les autres MRC, l’absence de végétation et l’anthropisation des
rives demeurent des problèmes omniprésents.
La MRC de Bellechasse comprend plusieurs sites d’intérêt pour l’avifaune. D’abord, à l’ouest
de la localité de Saint-Michel-de-Bellechasse, un rassemblement de quelques centaines de
canards barboteurs survient à l’automne (Mousseau et Armellin, 1995). Non loin de là, près du
quai de la marina, des limicoles font halte au cours de leur migration automnale (Brousseau,
1981). Toujours à Saint-Michel-de-Bellechasse, à l’est de la localité, quelques centaines de
bernaches du Canada s’y alimentent au printemps. À l’automne, les bernaches se posent un
peu plus à l’est dans l’anse Mercier. À l’extrémité ouest de l’anse Mercier se trouve la pointe
Samson, lieu de rassemblement de plusieurs limicoles (Otis et al., 1993). Vient ensuite le
refuge d’oiseaux migrateurs de Saint-Vallier. Dès les premières semaines d’avril, l’oie des
neiges, les bernaches et les canards s’y attroupent (Otis et al., 1993). Ce site représente
l’endroit du secteur à l’étude où la diversité des espèces de limicoles est la plus variée. On
retrouve notamment le pluvier bronzé (Pluvialis dominica), le bécasseau à croupion blanc
(Calidris fuscicollis), le pluvier argenté (Pluvialis squatarola) et le bécasseau minuscule
(Calidris minutilla) (Brousseau, 1981). Le bécasseau semi-palmé, est l’espèce la plus
abondante. À la limite de la municipalité de Saint-Vallier, l’embouchure de la rivière des
Mères correspond à un autre lieu de rassemblement pour les oiseaux migrateurs. C’est
principalement les limicoles qui se concentrent à cet endroit (Brousseau, 1981). Au printemps,
41

la bernache du Canada s’alimente et se repose aussi dans l’anse de Bellechasse (Mousseau et
Armellin, 1995).
Le secteur fluvial de la MRC de Bellechasse correspond à un lieu stratégique et essentiel pour
la reproduction de l’éperlan arc-en-ciel anadrome de la rive sud du Saint-Laurent. C’est à
Beaumont que se situe le ruisseau de l’Église, seule frayère du secteur d’étude où le succès de
reproduction de l’éperlan est reconnu, depuis l’abandon de la rivière Boyer. Depuis 1992,
l’implantation d’un incubateur artificiel au ruisseau de l’Église a amélioré les chances de
survie des œufs jusqu’à l’éclosion. L’incubateur permet de diminuer l’impact des principaux
facteurs de mortalité : le faible taux de fécondation des oeufs, l’empilement excessif,
l’asphyxie des œufs par les sédiments fins et les infections fongiques (Bouchard et Larose,
1999 dans Équipe de rétablissement de l'éperlan arc-en-ciel, 2003). Une évaluation réalisée
entre 1995 et 2003 dans l’incubateur artificiel a permis de constater que 90 % des œufs ont
survécus et que la production annuelle a progressé continuellement (Trencia, 2003 dans
Équipe de rétablissement de l'éperlan arc-en-ciel, 2003). Par ailleurs, les ruisseaux Beaumont
et Labrecque sont peut-être utilisés par l’éperlan en période de fraie, mais les chances de
survie des œufs semblent minimes. En effet, des œufs d’éperlan furent aperçus sur la zone
intertidale à l’embouchure de ces ruisseaux mais, quelques jours avant d’éclore, il ne restait
presque plus d’œufs (Giroux, 1997). La recherche de frayères parmi les cours d’eau situés
entre Lévis et Rimouski n’a permis d’en localiser aucune autre, à part celles mentionnées
précédemment (Giroux, 1997).
En plus d’être le lieu de fraie pour l’éperlan arc-en-ciel, le secteur sert d’aire d’alevinage pour
plusieurs espèces de poissons. D’abord, entre le ruisseau de l’Église et le ruisseau
Beaumont, des alevins de l’alose savoureuse, de meunier sp., du grand brochet, de l’achigan à
petite bouche, de perchaude et de doré sont observés (Mousseau et Armellin, 1995). De plus,
le secteur situé entre la localité de Saint-Michel-de-Bellechasse et l’anse de Bellechasse à
Saint-Vallier, sert d’aire d’alevinage à l’esturgeon jaune, à l’alose savoureuse, au meunier
rouge, au meunier noir, à l’achigan à petite bouche, au baret, au doré et au gaspareau
(Mousseau et Armellin, 1995).
42

6.3.1 Municipalité de Beaumont
Plusieurs terres agricoles jouxtent le littoral sur les deux premiers tiers (ouest) du territoire de
la municipalité de Beaumont. Le dernier tiers (est) étant plus forestier. Les zones fortement
anthropisées sur le littoral de la municipalité se limitent à certains secteurs particuliers,
localisés dans les anses, entre les rochers (Figure 6.5). Elles se situent plus précisément dans
l’anse Saint-Charles, l’anse aux Trèfles, l’anse à Margot et à l’est du Camping Guillemette. Il
n’y a pas une méthode de stabilisation des berges plus favorisée qu’une autre. L’absence de
végétation est généralement associée aux divers types de stabilisation effectuée avec des
matériaux inertes.
6.3.2 Municipalité de Saint-Michel-de-Bellechasse
Sur le territoire de la municipalité de Saint-Michel-de-Bellechasse, bon nombre de terres
agricoles sont situées à proximité du littoral. La majorité des rives sont habitées et
anthropisées (Figure 6.5 et Figure 6.6). On note une absence de végétation naturelle sur la
majeure partie du rivage. La méthode de stabilisation des rives la plus répandue est le muret de
béton. Le mur de pierres est aussi utilisé, principalement dans la section ouest de la
municipalité. Quelques secteurs présentent de l’érosion, entre autres, dans l’anse en amont de
la pointe Samson et sur cette pointe.
6.3.3 Municipalité de Saint-Vallier
Plusieurs marais à scirpe américain sont présents sur le littoral de la municipalité de Saint-
Vallier comparativement à Beaumont et à Saint-Michel-de-Bellechasse. On retrouve quelques
terres agricoles le long du littoral. Une bonne proportion du rivage est habitée. Pour ce secteur
en général, l’absence de végétation demeure le problème le plus rencontré. Parmi les méthodes
de stabilisation mécanique, l’enrochement est de loin la méthode la plus utilisée, suivie du mur
de béton. Quelques secteurs en érosion sont associés à la présence d’habitations le long du
littoral. D’autres secteurs en érosion sont localisés dans les falaises de schistes situées à l’est
de la localité (Figure 6.6).
43

Figure 6.5 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
MRC de Bellechasse.
Les lignes blanches perpendiculaires aux rives représentent les limites municipales.
A. Cartographie des milieux humides (zones roses) et présentation des zones d’absence
de végétation riveraine (lignes ou points jaunes).
B. Cartographie des problématiques rencontrées sur le littoral et le rivage, chaque
couleur représentant une problématique différente. (vert foncé : murs de pierres, vert
pâle : murs de bois, orange : murs de béton, rouge : érosion, blanc : enrochements,
violet : autres problématiques). Les points turquoise indiquent la présence d’espèces
fauniques ou floristiques rares et à statut précaire.
44

Figure 6.6 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie est de la MRC
de Bellechasse.
Les lignes blanches perpendiculaires aux rives représentent les limites municipales.
A. Cartographie des milieux humides (zones roses) et présentation des zones d’absence
de végétation riveraine (lignes ou points jaunes).
B. Cartographie des problématiques rencontrées sur le littoral et le rivage, chaque
couleur représentant une problématique différente. (vert foncé : murs de pierres, vert
pâle : murs de bois, orange : murs de béton, rouge : érosion, blanc : enrochements,
violet : autres problématiques). Les points turquoise indiquent la présence d’espèces
fauniques ou floristiques rares et à statut précaire.
45

6.4 MRC de Montmagny
Le littoral de la MRC de Montmagny est caractérisé par la présence de larges marais. Le
substrat y est plutôt rocheux, mais certaines zones présentent une couverture de vase plus
importante, notamment dans les marais de Montmagny, situés de part et d’autre de la rivière
du Sud. Le frêne de Pennsylvanie, l’érable à sucre et les saules arborescents poussent
naturellement dans le secteur. La strate arbustive est représentée par le physocarpe à feuilles
d’obier, le saule rigide et le saule de l’intérieur. Dans les trois municipalités, on retrouve une
érosion du marais supérieur, particulièrement à Cap-Saint-Ignace et à Montmagny. Plusieurs
résidences ont été construites le long du littoral de la MRC. Toutefois, il est important de
mentionner que beaucoup de résidents ont conservé la bande riveraine. Les rochers présents
dans ce secteur protègent les terrains, ce qui réduit le potentiel des divers agents érosifs.
L’absence de végétation et l’enrochement sont les problématiques les plus fréquemment
rencontrées.
La MRC de Montmagny représente un lieu de choix pour le rassemblement de l’oie des neiges
en période de migration. Environ 20 000 oies se rassemblent entre Montmagny et l’anse de
Trois-Saumons (Mousseau et al., 1998). La première zone de concentration d’oiseaux se situe
dans le trou de Berthier où quelques centaines d’oies s’arrêtent au printemps (Mousseau et
Armellin, 1995). Pour sa part, l’anse de Berthier alimente près de 400 limicoles en août.
Toutefois, la plus grande concentration d’oiseaux a lieu de part et d’autre de l’embouchure de
la rivière du Sud, à Montmagny. Ce refuge d’oiseaux migrateurs et celui de Cap-Saint-Ignace
abritent au printemps et à l’automne des milliers d’oies et de canards (Mousseau et Armellin,
1995). En raison de l’exiguïté du refuge de Cap-Saint-Ignace et des conditions peu favorables
(substrat rocheux) qui s’y trouvent, il ne sert qu’à recevoir le trop plein du refuge de
Montmagny (Mousseau et al., 1998). Il est également possible, quelquefois, d’observer des
bernaches cravants (Branta bernicla), des hérons et bihoreaux (Otis et al., 1993). De la mi-
juillet à la mi-septembre, les limicoles sont présents sur le site (Otis et al., 1993). Une
concentration plus forte de limicoles est notée à l’embouchure de la rivière du Sud. Les
bécasseaux observés utilisent les rochers émergés de la rivière comme site de repos
(Brousseau, 1981). D’autres espèces telles que la mouette de Bonaparte (Larus philadelphia)
et les goélands sont observées vers la fin du mois d’août. Occasionnellement, le bruant des
46

neiges (Plectrophenax nivalis) et le harfang des neiges (Nyctea scandiaca) survolent le
secteur.
Dans le secteur de l’estuaire moyen de la MRC de Montmagny, la zone de turbidité maximale
est fortement occupée par des poissons juvéniles. Une densité importante de juvéniles du
poulamon atlantique, de l’alose savoureuse, du baret, de l’éperlan arc-en-ciel et du gaspareau
se retrouvent dans ce secteur. Les juvéniles de l’éperlan arc-en-ciel demeurent surtout dans la
zone de faible salinité du bouchon de turbidité. On note aussi la présence de l’épinoche
tachetée (Gasterosteus wheatlandi) et de l’épinoche à trois épines (Gasterosteus aculeatus).
Les battures vaseuses et le marais à scirpe de Montmagny sont fréquentés successivement par
les poissons d’eau douce, l’alose savoureuse, les juvéniles du poulamon atlantique et les
juvéniles de l’éperlan arc-en-ciel (Mousseau et al., 1998). Une autre aire d’alevinage est
connue entre la pointe Rouge et l’anse de Berthier. On y retrouve des espèces telles que le
gaspareau, le baret, les dorés et l’alose savoureuse (Mousseau et Armellin, 1995). Les
juvéniles de l’alose savoureuse utilisent en fait toutes les battures de ce secteur, car ils se
répartissent entre Berthier-sur-Mer et Saint-Roch-des-Aulnaies (Mousseau et al., 1998).
6.4.1 Berthier-sur-Mer
À Berthier-sur-Mer, on retrouve plusieurs zones habitées le long du littoral. Le problème le
plus souvent rencontré est l’absence de végétation (Figure 6.7). En plusieurs endroits, les
rochers protègent les terrains, ce qui réduit le nombre de cas de stabilisation artificielle. Les
riverains qui ont stabilisé leur terrain ont préféré l’enrochement, particulièrement dans le trou
de Berthier. Par ailleurs, un ancien enrochement est présent dans l’anse de Bellechasse.
L’étendue du marais de Berthier-sur-Mer est réduite par rapport aux marais des municipalités
de Cap-Saint-Ignace et de Montmagny. À Berthier-sur-Mer, le marais supérieur est confiné à
quelques zones entre les rochers. Il est peu exposé aux agents érosifs. Il faut mentionner la
présence d’un marais offrant une bonne capacité de support pour le milieu à la pointe Rouge.
On y trouve notamment, plusieurs mares et un marécage arbustif. La proximité de l’île de
Bellechasse augmente également le potentiel faunique de ce lieu.
47

6.4.2 Montmagny
Deux secteurs distincts caractérisent le littoral de la municipalité de Montmagny (Figure 6.7 et
Figure 6.8). Le premier secteur, en aval de la rivière du Sud, est caractérisé par un marais situé
à proximité de champs agricoles. Un talus recouvert de végétation délimite les champs et le
marais supérieur. L’absence de végétation en haut du talus est une problématique répandue
dans le secteur. La seule zone anthropisée est située près de l’aéroport. Il s’agit d’un
enrochement d’environ 330 mètres de long. Cette stabilisation s’avérait urgente afin de
protéger la piste d’atterrissage contre l’érosion. Tel que mentionné précédemment, le marais
supérieur est en érosion et subit un recul annuel d’environ un mètre. Il est aussi important de
souligner qu’à l’embouchure de la rivière du Sud, il y a de l’érosion sur les rives gauche et
droite et de la sédimentation au centre. Ce phénomène semble complexe et nécessiterait une
expertise afin de déterminer les facteurs en cause dans cette dynamique. Le second secteur
caractérisant le littoral de Montmagny est localisé entre la montée 397 et la limite ouest de la
municipalité. Le marais supérieur est moins large qu’à l’est et on y retrouve plusieurs
résidences. De plus, le substrat est rocheux et procure une certaine protection contre les agents
érosifs. L’absence de végétation est le problème le plus rencontré dans ce secteur. À quelques
endroits, les riverains ont ajouté un enrochement ou un mur de béton à la roche en place afin
de protéger leur terrain.
48

Figure 6.7 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
MRC de Montmagny.
Les lignes blanches perpendiculaires aux rives représentent les limites municipales.
A. Cartographie des milieux humides (zones roses) et présentation des zones d’absence
de végétation riveraine (lignes ou points jaunes).
B. Cartographie des problématiques rencontrées sur le littoral et le rivage, chaque
couleur représentant une problématique différente. (vert foncé : murs de pierres, vert
pâle : murs de bois, orange : murs de béton, rouge : érosion, blanc : enrochements,
violet : autres problématiques). Les points turquoise indiquent la présence d’espèces
fauniques ou floristiques rares et à statut précaire.
49

Figure 6.8 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie est de la MRC
de Montmagny.
Les lignes blanches perpendiculaires aux rives représentent les limites municipales.
A. Cartographie des milieux humides (zones roses) et présentation des zones d’absence
de végétation riveraine (lignes ou points jaunes).
B. Cartographie des problématiques rencontrées sur le littoral et le rivage, chaque
couleur représentant une problématique différente. (vert foncé: murs de pierres, vert
pâle : murs de bois, orange : murs de béton, rouge : érosion, blanc : enrochements,
violet : autres problématiques). Les points turquoise indiquent la présence d’espèces
fauniques ou floristiques rares et à statut précaire.
50

6.4.3 Cap-Saint-Ignace
Un marais est présent sur la presque totalité du littoral de la municipalité de Cap-Saint-Ignace
(Figure 6.8). Tel que mentionné précédemment, le marais supérieur est en érosion dans ce
secteur. Des résidents et des agriculteurs partagent le rivage de cette municipalité. Sur la
portion occupée par les riverains, on retrouve principalement de l’enrochement, des murs de
béton et des zones avec peu de végétation. Dans l’anse du Cap, une lisière d’arbustes a été
préservée au bout des champs agricoles, tandis que les champs situés en amont de la scierie
présentent seulement une mince lisière d’arbustes.
6.5 MRC de L’Islet
L’ensemble des battures de la MRC de L’Islet présente des habitats plutôt rocheux
(Brousseau, 1981). On retrouve toutefois quelques zones vaseuses dans les baies. C’est le cas
notamment, du secteur près du quai de L’Islet et de l’anse de Trois-Saumons. En aval du quai
de Saint-Roch-des-Aulnaies se trouve une large batture composée de vase particulièrement
fluide (Brousseau, 1981). Le scirpe américain domine les marais. La berle douce et la zizanie à
fleurs blanches variété naine accompagnent le scirpe par endroits. Toutefois, à la hauteur de
Saint-Roch-des-Aulnaies, le scirpe est remplacé par la spartine spp. (Brousseau, 1981). Les
arbres feuillus les plus représentatifs de la région sont le frêne de Pennsylvanie et les saules
arborescents. Le thuya occidental et l’épinette blanche sont les principaux résineux. Toutefois,
à Saint-Jean-Port-Joli, un peuplement de pins rouges est présent dans les falaises. Il est
intéressant de noter l’abondance d’iris sp. (Iris sp.), du sanguisorbe du Canada et de rosiers
(Rosa spp.) sur le littoral.
Tout le littoral de la MRC de L’Islet est occupé par l’oie des neiges au printemps. Les
concentrations d’oies les plus importantes se localisent entre la pointe de L’Islet et le quai de
L’Islet, dans le refuge d’oiseaux migrateurs de l’anse de Trois-Saumons et près de l’anse des
Dupuis à Saint-Roch-des-Aulnaies (Mousseau et Armellin, 1995). Les refuges de L’Islet et de
Trois-Saumons sont de plus en plus fréquentés par les oies car ils répondent à leurs besoins
alimentaires. Ces individus proviennent principalement du refuge de Montmagny (Mousseau
et al., 1998). Les populations de limicoles affectionnent aussi les mêmes secteurs que la
sauvagine lors de leur migration, à la fin de l’été. L’automne venu, les battures de la MRC de
51

L’Islet semblent abandonnées et les oies se retrouvent presque qu’exclusivement dans les
refuges d’oiseaux migrateurs (Mousseau et Armellin, 1995). Les pressions exercées par la
chasse pourraient expliquer ce comportement.
On retrouve une aire d’alevinage de l’alose savoureuse dans ce secteur. Tel que mentionné
précédemment, les alevins fréquentent le littoral compris entre Berthier-sur-Mer et Rivière-du-
Loup. Il est également intéressant de noter que dans la zone pélagique, on retrouve des larves
d’éperlans arc-en-ciel et de capelans (Mallotus villosus) (Mousseau et Armellin, 1995).
6.5.1 Municipalité de L’Islet
Le rivage situé en amont de la localité de L’Islet est principalement agricole à l’exception de
quelques zones habitées. Une absence de végétation marquée caractérise ce secteur (Figure
6.9). Dans les zones habitées, les berges ont été stabilisées. Les murs de béton et les
enrochements demeurent les méthodes de stabilisation les plus courantes. En aval de la
localité, les berges sont fortement anthropisées. Par ailleurs, de l’érosion est observée à
certains endroits. L’enrochement et l’absence de végétation sont les problématiques les plus
fréquemment rencontrées.
6.5.2 Municipalité de Saint-Jean-Port-Joli
Beaucoup de gens habitent le littoral de Saint-Jean-Port-Joli et les résidences sont concentrées
principalement dans les anses situées entre les zones rocheuses. L’absence de végétation est le
problème le plus fréquent du secteur (Figure 6.9 et Figure 6.10). Quelques terres agricoles
jouxtent le littoral à l’ouest de la municipalité tandis que le rivage à l’est, est plutôt couvert par
des terres en friche. Ce type de milieu hétérogène est bénéfique pour la faune.
6.5.3 Municipalité de Saint-Roch-des-Aulnaies
Les terres agricoles et les champs en friche couvrent la majorité des rives de la municipalité de
Saint-Roch-des-Aulnaies. Le manque de végétation naturelle est un problème omniprésent sur
ces rives (Figure 6.10). De plus, de vastes colonies de phragmite commun se sont implantées
près du village et dans l’anse Sainte-Anne.
52

Figure 6.9 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
MRC de L’Islet.
Les lignes blanches perpendiculaires aux rives représentent les limites municipales.
A. Cartographie des milieux humides (zones roses) et présentation des zones d’absence
de végétation riveraine (lignes ou points jaunes).
B. Cartographie des problématiques rencontrées sur le littoral et le rivage, chaque
couleur représentant une problématique différente. (vert foncé : murs de pierres, vert
pâle : murs de bois, orange : murs de béton, rouge : érosion, blanc : enrochements,
violet : autres problématiques). Les points turquoise indiquent la présence d’espèces
fauniques ou floristiques rares et à statut précaire.
53

Figure 6.10 Bilan cartographique de l’état des rives et du littoral de la partie ouest de la
MRC de L’Islet.
Les lignes blanches perpendiculaires aux rives représentent les limites municipales.
A. Cartographie des milieux humides (zones roses) et présentation des zones d’absence
de végétation riveraine (lignes ou points jaunes).
B. Cartographie des problématiques rencontrées sur le littoral et le rivage, chaque
couleur représentant une problématique différente. (vert foncé : murs de pierres, vert
pâle : murs de bois, orange : murs de béton, rouge : érosion, blanc : enrochements,
violet : autres problématiques). Les points turquoise indiquent la présence d’espèces
fauniques ou floristiques rares et à statut précaire.
54

7 SITES ÉTUDIÉS ET PROPOSITIONS DE RESTAURATION
À la lecture du bilan régional présenté au chapitre 6, il est possible de remarquer la
prédominance de certaines problématiques le long du littoral. La sélection des 17 sites a été
répartie régionalement et les problématiques locales ont été prises en compte. Les sites choisis
sont représentatifs de la diversité des problématiques et des approches à adopter afin
d’améliorer les habitats et la stabilité des rivages. Afin d’élaborer les propositions de
restauration, une caractérisation des sites a été effectuée. Il a été possible, dans le cadre d’un
inventaire végétal, d’identifier des espèces à statut précaire sur le littoral. Afin de les protéger,
leur nom n’est pas mentionné dans ce chapitre. Certaines problématiques ont été abordées afin
de faire le point sur la question sans toutefois que des solutions spécifiques ne soient
présentées; c’est le cas de l’érosion du marais de Montmagny et de la présence de plantes
envahissantes dans l’anse Sainte-Anne à Saint-Roch-des-Aulnaies.
La végétalisation offre la possibilité de résoudre un problème d’érosion et restaurer des
habitats. De plus, un sol adéquatement revégétalisé sera protégé indéfiniment sans besoin
d’intervention humaine, contrairement à une structure qu’il faut entretenir (Goldman et al.,
1986). Les rôles de la végétation sont le maintien de la biodiversité, l’interception de la pluie,
le ralentissement du ruissellement de surface, le maintien du sol par les racines et l’infiltration
de l’eau dans le sol. La matière organique du sol peut disperser l’énergie des gouttes de pluie
mais ne peut pas empêcher le ruissellement de l’eau. Le réseau racinaire retient les particules
du sol et contrecarre les forces responsables des fluages et des glissements de terrain. Il permet
également une meilleure infiltration de l’eau dans le sol qui possède alors une meilleure
capacité de rétention de l’eau (Harvey, 1984). L’utilisation de la végétation est l’approche
préconisée dans ce document.
La végétalisation peut s’avérer complexe lorsqu’il s’agit de stabiliser des sites en érosion ou
susceptibles de le devenir. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte pour optimiser les
résultats de la végétalisation. L’avis de spécialistes permet de vérifier la faisabilité des
modifications envisagées. Divers lois et règlements s’appliquent et il est important de bien
s’informer avant d’entreprendre des travaux (voir annexe 4). Le guide Protection des rives, du
55

littoral et des plaine inondables (Goupil, 1998) présente les options de réhabilitation des
berges et constitue une introduction à ce type de projet. Finalement, toute intervention sur le
littoral réalisée dans la zone inondable requiert des autorisations gouvernementales au
préalable et dans la plupart des cas, l’obtention d’un permis municipal.
Certaines règles de base pour l’aménagement d’un site ont été développées afin d’éviter ou de
contrer l’érosion (Goldman et al., 1986). Pour contrôler le ravinement, un ensemencement de
plantes herbacées avec une plantation de boutures est indiquée, mais dans une pente forte, des
rangs de fagots ou des rangs de plançons sont préférables (d'Auteuil, 1990). Quand les glaces
causent de l’érosion au bas d’un talus, on peut reprofiler le talus afin d’obtenir une pente plus
douce. Selon les cas, un rang de pierres ou un enrochement à la base du talus peut s’avérer
nécessaire (Lambert, 2004). L’implantation d’arbustes qui résistent au passage des glaces peut
aussi être réalisée comme complément. Dans le talus reprofilé, un matelas de branches enfoncé
profondément ou des rangs de fagots avec un dallage de pierres peuvent être employés. Pour
contrer l’envahissement des berges par les glaces, les arbres sont idéaux mais leur croissance
est lente. Les courants et les marées peuvent causer de l’érosion à différentes échelles. De ce
fait, les techniques à employer diffèrent selon l’intensité des forces exercées sur le rivage.
Dans le cas d’une érosion faible, une végétalisation seule peut être effectuée (d'Auteuil, 1990).
Dans le cas d’une érosion plus sévère, une combinaison d’enrochements et de techniques de
végétalisation est favorisée. La réduction de la pente et le maintien des arbres et des arbustes à
enracinement profond aide à contrôler les écroulements. Il faut également conserver ou planter
une véritable bande riveraine suffisamment large au haut de la pente (d'Auteuil, 1990).
Seulement quelques arbres doivent être plantés. Il est important qu’ils soient entourés de
plusieurs arbustes afin d’éviter qu’ils ne basculent dans la pente sous leur propre poids. Il est
nécessaire de contrôler l’eau provenant du sommet de la pente. Si elle est canalisée et se jette
dans la pente, il faut installer un tuyau pour la capter et l’acheminer jusqu’au bas. Dans le cas
d’un glissement de terrain et d’un fluage, la pente doit idéalement être réduite à environ 20°
étant donné l’instabilité élevée des sols susceptibles aux glissements. Un tapis végétal
d’espèces à racines profondes doit ensuite être implanté. Les constructions dans les 20 mètres
(ou plus) en bordure des sites à risque de glissements de terrain devraient être évitées et une
bande de végétation devrait être implantée. Une berge à pente faible permet à la végétation de
56

s’implanter plus facilement et aux racines de protéger le sol contre l’affouillement (Harvey,
1984). Les racines ne jouent pas ce rôle protecteur en présence d’un talus abrupte. Le choix
de la pente est peu complexe pour les sites affectés par une faible érosion dotés d’un espace
suffisant pour effectuer un reprofilage. Ce choix devient plus compliqué pour les falaises en
érosion, où le reprofilage n’est pas toujours possible. Dans ce cas, la création de plateaux est
une avenue intéressante (d'Auteuil, 1990). Ces plateaux diminuent la vitesse de l’eau.
Les constructions mises en place par les riverains dans le but de protéger leur terrain peuvent
souvent être revégétalisées, ce qui s’avère bénéfique pour la flore et la faune et pour la stabilité
de ces ouvrages. Dans la zone à l’étude, on distingue trois catégories de problématiques
pouvant être atténuées ou résolues par la végétalisation : les murs, les enrochements et
l’absence de végétation.
Les choix sont restreints pour implanter de la végétation sur un mur de béton, de bois ou de
pierres. La meilleure technique consiste à établir de la vigne vierge (Parthenocissus
quinquefolia) sur le haut du mur en laissant retomber les tiges le long de ce dernier
(Consultants en environnement Argus inc., 1996c). Avec les années, la vigne s’implantera et
recouvrira complètement le mur. Lorsque le bas du mur est exondé suffisamment longtemps
mensuellement et que le substrat le permet, il est possible d’implanter divers arbustes. Dans ce
cas, les arbustes choisis doivent être résistants aux inondations printanières et automnales,
avoir un bon réseau racinaire et résister aux glaces. Habituellement, ils doivent être adaptés à
un sol graveleux et pauvre en éléments nutritifs. Dans plusieurs zones du littoral de la région,
le schiste affleure et le sol est absent. Dans ces zones, il est impossible de planter de la
végétation à la base d’un mur. Les arbustes ont comme tâche de stabiliser le sol devant le mur
afin d’empêcher le dégagement de sa base par le sapement des vagues. Un tel dégagement
rend le mur plus vulnérable. Au sommet du mur, une bande d’au minimum trois mètres de
large devrait être réservée afin d’implanter des arbustes indigènes résistants aux conditions
difficiles en bordure du fleuve. Plusieurs arbustes indigènes produisent des fleurs et sont de
très belles plantes ornementales.
57

Les enrochements et les sommets de ceux-ci sont généralement dépourvus de végétation. Une
réintroduction, au sommet de l’enrochement, d’espèces qui possèdent un très bon système
racinaire permet de stabiliser le sol sous-jacent. Ces arbustes doivent être implantés en
quantité suffisante tout le long du terrain dans la zone qui s’est affaissée et dans une bande
d’au minimum trois mètres de large au sommet de l’enrochement. D’autres arbustes peuvent
être implantés dans l’enrochement ou à sa base quand le sol et le temps d’inondation le
permettent (sol de 30 à 40 centimètres de profond, temps d’inondation restreint). Pour un
enrochement présentant des interstices importants entre les pierres, le sol lessivé par le
ruissellement et l’action des eaux du fleuve ne permettent pas la croissance de végétaux (par
exemple, le projet des Consultants en environnement Argus inc. (1994)). Il faut donc
sélectionner des matériaux résistant au lessivage des vagues et permettant la plantation et la
survie de végétaux (résistance au gel, sol suffisant pour un bon enracinement et une bonne
rétention de l’eau, quantité optimale d’éléments nutritifs). Le ruissellement peut éroder les sols
mis en place, ce qui peut être contrôlé par l’ajout de paillis (Consultants en environnement
Argus inc., 1994). Le paillis est déposé et compacté dans les cavités entre les roches. Un
espace est ensuite laissé afin de mettre un terreau de plantation pour planter les végétaux. Le
type de paillis idéal est composé d’écorces de résineux déchiquetés (Consultants en
environnement Argus inc., 1995). L’implantation de plants dont la base est enrobée d’un
terreau enveloppé d’une poche de jute s’avère être une technique simple et efficace pour
contrer le lessivage du sol par l’eau (Lambert, 2004). Il faut cependant que les arbustes soient
implantés en haut de la ligne des hautes eaux. La mise en place de roches autour d’un plant
peut également le protéger de l’assaut des vagues. Certains arbustes sont bien adaptés pour
résister aux inondations fréquentes alors que d’autres sont peu adaptés et peuvent mourir. Il
faut donc tenir compte des caractéristiques de chaque espèce dans la disposition des plantes
sur un enrochement. La survie des jeunes plants également être affectée par la compétition
avec les plantes herbacées. Les herbacées sont cependant utiles pour retenir rapidement le sol
superficiel. Certaines espèces sont plus performantes que d’autres dans les conditions difficiles
d’un enrochement (annexe 5). Les plants près du niveau du fleuve peuvent être instables au
départ, avant que leur système racinaire soit bien établi et que le substrat soit stabilisé
(Consultants en environnement Argus inc., 1995). Une fois cette stabilité obtenue, les risques
de sapement sont grandement diminués. Dans certains cas, il est même possible de planter des
58

saules au devant de l’enrochement afin d’ajouter une protection supplémentaire. La base de
l’enrochement doit cependant être exondée le plus longtemps possible pendant la période de
croissance et, l’action des vagues de batillage et des glaces doit être relativement limitée.
L’absence de végétation arbustive dans les zones stables du rivage régional est courante,
comme les observations du bilan le démontrent. Même si ces zones du rivage sont
majoritairement stables, rien ne garanti que des tempêtes n’auront pas d’effets dévastateurs sur
celles-ci. La meilleure manière de prévenir ces événements est d’implanter une végétation
sélectionnée pour sa résistance aux glaces et aux vagues ainsi que pour son potentiel de
stabilisation du sol. Afin de maintenir les coûts de cette opération bas, l’utilisation de
boutures, de rangs de plançons et de fagots près du littoral peut être envisagé (Consultants en
environnement Argus inc., 1996c; Goupil, 1998). Ces travaux peuvent bien s’intégrer dans un
aménagement paysager.
7.1 Érosion des falaises : phénomènes impliqués
L’érosion hydrique est un phénomène complexe (Holy, 1980). Divers facteurs influencent
l’érosion : le climat (pluie, neige, vent, etc.), le type de sol, la topographie (pente,
morphologie) et la couverture végétale (Dupont, 1976; Gray et Leiser, 1982). Le degré
d’inclinaison de la pente influence la vitesse de courant du ruissellement (Dupont, 1976; Gray
et Leiser, 1982). Combinée à une microtopographie qui peut concentrer le courant dans des
endroits précis de la pente, l’érosion peut être accélérée. Plus la pente est forte, plus l’énergie
érosive de l’eau est élevée et plus la formation de rigoles est importante (Goldman et al.,
1986). La longueur de la pente a un impact sur la perte de sol. Les pentes des sites 1 à 3 sont
prononcées et longues. Le phénomène de gel-dégel influence également les pentes, qui sont
plus sensibles à l’érosion lorsqu’il n’y a pas de végétation établie (d'Auteuil, 1990). La fonte
rapide de la neige engendre le ruissellement de l’eau de fonte, ce qui peut causer le ravinement
dans une pente (Harvey, 1984). De plus, si les couches superficielles du sol dégèlent et sont
fluides, l’érosion peut être accentuée.
Pour les pentes à faible présence de végétation, comme celles des sites 1 à 3, la force cinétique
de l’eau de pluie est relativement importante et augmente par le fait même l’érosion
59

(d'Auteuil, 1990). Les arbustes, par leur couvert de feuillage et leurs nombreuses tiges,
ralentissent l’eau de pluie tant au niveau de la force de frappe au sol qu’au niveau du
ruissellement et de la vitesse d’écoulement (d'Auteuil, 1990). Par exemple, pour une pente de
15° sans végétation, la perte de sol est de 50 à 70 tonnes métriques (selon le type de sol) par
hectare par année au lieu de quelques tonnes à l’hectare dans une pente avec végétation. La
présence de litière de feuilles ou de plantes herbacées au niveau du sol disperse la force des
gouttes d’eau tombant sur le sol et réduit le ruissellement (Harvey, 1984).
La résistance mécanique du sol influence l’érosion. En général, un sol uniforme composé de
petites particules est plus facilement érodé qu’un sol contenant du sable grossier et du gravier
(Gray et Leiser, 1982). Une plus grande proportion d’argile et de matière organique rend le sol
moins vulnérable à l’érosion (Gray et Leiser, 1982). L’argile sert de liant pour la formation
d’agrégats stables. Cependant, les agrégats peuvent être brisés si le sol est mis à nus. Un sol
compact peut quand même s’effondrer lorsque la pente est forte (Harvey, 1984).
La présence d’un sapement à la base d’une falaise est problématique car il peut briser la pente
d’équilibre et créer un appel au vide, favorable aux glissements de terrain et la création d’un
talus d’érosion. La meilleure façon de prévenir ce type de glissement est de bloquer la base de
la pente à l’aide d’un enrochement bien calibré et bien ciblé. L’enrochement doit cependant
s’accompagner d’une végétalisation qui permettra de s’assurer qu’un nouveau sapement ne se
formera pas derrière l’enrochement.
La sédimentation des matériaux érodés sur le littoral a diverses conséquences. Les particules
qui sédimentent peuvent colmater les frayères et les fosses utilisées par les poissons. Les
dépôts peuvent modifier l’écoulement des eaux et le courant, comme à l’embouchure de la
rivière Du Chêne. Il peut y avoir également une perte d’habitats fauniques. L’érosion est un
phénomène naturel mais, lorsqu’il est causé par les activités humaines (modification de la
végétation), sa vitesse et ses effets peuvent être décuplés. Ce phénomène se produit lorsqu’un
déséquilibre est présent. L’érosion diminue à l’approche d’un nouvel équilibre. Une faible
perte de sol est normale et même souhaitable, apportant des sédiments dans les marais pour
renouveler les sédiments exportés lors de la fonte des glaces au printemps et par la marée tout
60

au long de la période sans glace. Cette perte de sol se fait même en présence d’une couverture
végétale adéquate.
61

7.2 Analyse des sites
Les sites sont présentés dans un ordre géographique, le site 1 étant celui qui est le plus à
l’ouest (Leclercville) et le site 17 étant celui le plus à l’est (Saint-Roch-des-Aulnaies).
Les principaux sites en érosion (1 à 3) ont tous le même type de substrat argileux. Les pentes
sont fortes. Actuellement, seule une zone du site 1 comporte des habitations au sommet de la
pente. Cette zone requiert un traitement prioritaire afin de protéger les habitations. Pour arrêter
le glissement graduel et la formation d’un talus propice au sapement par les vagues et les
glaces, un enrochement à la base devrait être installé dans les zones les plus critiques. La zone
la plus indiquée pour cette intervention présente un enrochement considérable à la base. Cet
enrochement est beaucoup plus gros que celui au bas de la halte municipale. La pente et le
haut du talus ont peu de végétation et sont encore en mouvement.
Pour les sites 2 et 3, il y a moins d’urgence à agir, étant donné qu’il n’y a aucun bâtiment au
sommet. Toutefois, les phénomènes dans ces lieux sont relativement complexes. Ainsi, avant
d’entreprendre des travaux de stabilisation sur ces sites, il serait essentiel d’effectuer des
études géotechniques et de consulter des spécialistes du génie végétal, afin de s’assurer que les
travaux de stabilisation soient adéquats.
7.2.1 Site 1 - Leclercville
Municipalité régionale de comté (MRC) : Lotbinière
Municipalité : Leclercville
Localisation : halte municipale de Leclercville et habitations situées à proximité
Coordonnées : 729485; 5161594 (UTM, NAD 83, zone 18T)
Problématique : falaise en érosion et manque de végétation
Longueur du site : 1120 mètres
Ce site est impressionnant, tant par sa longueur (1 120 mètres) que par l’érosion observée à
divers niveaux. La zone subit une érosion dans la falaise et un sapement par les vagues et les
glaces dans les derniers mètres à la base. Un petit enrochement est présent au bas de la falaise
et des saules ont poussé entre les roches. Il y a peu d’arbustes et d’arbres dans la pente et au
62

sommet. Une autre section plus à l’ouest, jusqu’à la limite de la municipalité, apparaît stable.
À cette endroit, la falaise semble à son état naturel.
Par ailleurs, un marais d’une largeur considérable est présent sur ce site. Il est constitué d’un
loam limoneux en surface et d’un loam argileux sous-jacent.
Dans ce marais, le scirpe américain domine et il est accompagné de la sagittaire dressée et de
l’éléocharide à tiges rouges (Eleocharis erythropoda). Le végétation du bas du marais est
principalement composée de la sagittaire latifoliée (Sagittaria latifolia). La verge d’or
graminifoliée (Solidago graminifolia), le saule rigide, le saule de l’intérieur et la spartine
pectinée se trouvent sur le haut du marais. Quelques spécimens de salicaires pourpres sont
également présents.
Par ailleurs, le talus est fortement perturbé et comporte des espèces ayant un faible potentiel de
maintien du sol. On retrouve notamment deux espèces d’asters (A. simplex et A. Umbellatus),
la prêle des champs (Equisetum arvense), le tussilage farfara (Tussilago Farfara), la potentille
ansérine (Potentilla Anserina) et diverses graminées. Le sol à cet endroit est argileux et
recouvert d’une mince couche de loam limoneux. Au travers des herbacées, quelques saules
(S. discolor et S. Bebbiana) se sont implantés en nombre restreint.
La caractérisation d’une zone peu perturbée à proximité du secteur a permis de constater que
l’Aulne rugueux (Alnus rugosa) y est omniprésent. Ce dernier, accompagné de saules, pourrait
donc être considéré dans le choix des espèces pour un nouvel aménagement du talus.
Bien qu’il y ait peu de végétation sur le site, la proximité du marais à scirpe et du secteur peu
perturbé augmentent le potentiel faunique. L’oie des neiges se nourrit des rhizomes du scirpe
américain. Selon un riverain, on retrouve de 50 000 à 60 000 oies au printemps dans le marais.
Elles sont accompagnées de la bernache du Canada, présente également en grand nombre.
Plusieurs laridés furent observés lors de chacune des visites du site. Les bosquets d’arbustes à
proximité favorisent à présence de plusieurs passériformes dont le chardonneret jaune
(Carduelis tristis). Une visite effectuée à la fin du mois d’août a permis d’observer six
63

grands hérons et un pygargue à tête blanche juvénile. Aucune trace n’a permis de confirmer la
présence de mammifères sur le site. Il est à noter qu’aucune technique de capture permettant
d’identifier les micromammifères n’a été utilisée. Cependant, le site est probablement
fréquenté par les mammifères dont plusieurs micromammifères. Il est possible d’y retrouver le
rat musqué et le renard roux. D’autre part, le marais constitue un lieu de nutrition privilégié
pour les poissons et les invertébrés, permettant une pêche intéressante au quai de la
municipalité situé non loin de là. Les lieux sont également utilisés par les amphibiens et
potentiellement par les reptiles. Une grenouille des bois (Rana sylvatica) a été vue lors d’une
visite.
Le site est affecté par divers phénomènes (Figure 7.1). La falaise comporte des zones dans
lesquelles des glissements de terrain sont survenus. Suite à ces glissements, l’argile sous-
jacente affleure. Du fluage est également présent partout dans la pente avec des portions de
terrain qui descendent de quelques mètres et donnent un effet de vallonnement à la pente. Ce
fluage se produit quand la masse de sédiments au-dessus de la couche argileuse est saturée en
eau, particulièrement pendant la période de gel-dégel. Cette masse devient fluide et s’écoule
plus ou moins rapidement. La falaise mesure environ 55 mètres et sa pente est de 28°. À la
base derrière l’enrochement, un talus d’érosion est attaqué par les vagues. Ce talus de 1 à
2,43 mètres de haut a une pente qui varie entre 40° et 57°. Un enrochement lâche à la base du
talus est l’endroit où les marées hautes d’été viennent se briser (pente de 10° à 15°). Il permet
une certaine stabilisation et une décélération des vagues. Lors des grandes marées d’automne
et de printemps, les vagues frappent directement le talus et entraînent une érosion graduelle.
Cette érosion peut être contrôlée. Elle nécessite des actions afin de préserver le marais et la
falaise. Un enrochement de blocs beaucoup plus gros est situé dans une petite zone de
160 mètres, là où le talus s’est formé. Cet enrochement plus efficace se situe au niveau du
secteur des habitations. De plus, on observe la présence de canaux de drainage et l’absence de
végétation en haut de la falaise. Cette problématique entraîne du ravinement dans la pente à
plusieurs endroits.
Il est quasi impossible de reprofiler ce site. La municipalité peut faire appel à une firme
spécialisée en géomatique afin de régler le problème avant que celui-ci ne cause des dégâts
64

importants comme la perte d’une portion de la halte municipale. La première démarche
consiste à cibler les zones les plus critiques et à les traiter en priorité. Afin de stabiliser le
talus, il est nécessaire de bloquer la base pour que le glissement du terrain ralentisse et
s’arrête. Pour ce faire, il est possible d’installer un enrochement plus volumineux et structuré à
la base de la pente afin de stopper l’érosion du talus. Ensuite, l’installation de fagots avec des
dallages de pierres et de matelas de branches peut être réalisée dans les premiers mètres au
haut de l’enrochement. Le cornouiller stolonifère et le saule rigide peuvent être utilisés. Par la
suite, des fagots de cornouiller stolonifère et de spirée à larges feuilles (Spiraea latifolia)
peuvent être installés perpendiculairement à la pente afin de diminuer la vitesse de descente de
l’eau et de retenir le sol superficiel. Des boutures de peupliers baumiers peuvent également
être implantées. Le replat de la falaise doit être reboisé étant donné sa dimension réduite. Il est
primordial de préserver un couvert boisé arbustif dans le haut d’une pente aussi prononcée. De
plus, les arrivées d’eau dans la falaise doivent être contrôlées, soit en les dirigeants dans le
fossé de la route, soit en descendant plusieurs tuyaux collecteurs jusqu’à la base de
l’enrochement. Les enjeux de la problématique et des propositions de restauration sont
résumés au tableau 7.1.
65

Figure 7.1 Site 1 présenté à deux saisons différentes - Leclercville.
La photo du haut a été prise en mai 2004. La photo du bas a été prise en juillet 2004.
La zone d’habitations du haut de la falaise est dans la section gauche des photos.
66

Tableau 7.1 Site 1 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 1
Municipalité régionale de Lotbinière
comté
Municipalité
Leclercville
Localisation Halte municipale de Leclercville et habitations situées
à proximité
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
Végétation
729485; 5161594 (zone 18T)
- Marais Scirpe américain avec sagittaire dressée et éléocharide
à tiges rouges
- Arbustive Saule rigide, saule de l’intérieur, aulne rugueux
- Arborescente Peupliers spp., bouleau à papier, saule sp.
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Aire d’alimentation pour les oiseaux aquatiques
(ex. : grand héron)
- Espèce vulnérable : pygargue à tête blanche
Problématique Falaise en érosion et manque de végétation
Longueur du site 1 120 mètres
Propositions de restauration - Mettre un enrochement bien qualibré à la base
du talus.
- Implanter des arbustes sous forme de fagots et
des matelas de branches en haut de l’enrochement.
- Canaliser les arrivées d’eau.
- Implanter de la végétation sous forme de fagots,
de boutures et de plants dans la pente et sur le
replat.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Protection du marais
- Stabilisation du terrain à long terme
67

7.2.2 Site 2 - Leclercville
Municipalité régionale de comté (MRC) : Lotbinière
Municipalité : Leclercville
Localisation : embouchure de la rivière Du Chêne
Coordonnées : 270490; 5162266 (UTM, NAD 83)
Problématique : érosion et glissements de terrain dans une falaise
Longueur du site : 233 mètres
Dans cette étude, le site 2 illustre la dynamique érosive la plus complexe. Il est situé à
l’embouchure d’une rivière qui présente des problèmes d’érosion dans divers secteurs. Le
tracé de la rivière s’est modifié au cours des trente dernières années. Le chenal principal
passait à l’origine près de la rive gauche et le courant se dirigeait vers le quai. Le chenal a été
dévié et il passe maintenant à proximité de l’autre rive. La falaise de la rive droite est en
érosion. La marée haute, même en été, se rend jusqu’à la base de la falaise et peut l’éroder. Un
recul de la falaise et une perte de terrain se produisent à chaque année.
Le littoral, principalement composé d’argile limoneuse, est couvert d’une mince lisière de
végétation caractérisée par le scirpe américain et quelques sagittaires latifoliées. De plus, des
spécimens de spartine pectinée se trouve en haut du marais. Le sol du talus est constitué d’un
loam limono-argileux (argile, sable et limon). Il est dénudé à plusieurs endroits et la
végétation, lorsqu’elle est présente, soutient peu le sol. Le pissenlit officinal (Taraxacum
officinale), le chardon des champs (Cirsium arvense), la prêle des champs et le tussilage
farfara font partie des herbacées rencontrées. La végétation des sections relativement stables
est représentée par des espèces telles le cornouiller stolonifère (Cornus stolonifera) et
l’aubépine sp. (Crataegus sp.). Par ailleurs, la caractérisation d’un secteur naturel et non
perturbé a permis d’identifier des espèces arborescentes dont l’orme d’Amérique (Ulmus
americana), le peuplier à feuilles deltoïdes, le frêne de Pennsylvanie et le saule fragile. Le
cornouiller stolonifère, le saule de l’intérieur et le saule rigide dominent la strate arbustive.
Ces espèces sont accompagnées de la spartine pectinée. Il est aussi intéressant de noter la
présence de la vigne des rivages (Vitis riparia).
Le site est situé à l’embouchure d’une rivière, à proximité d’un secteur naturel et d’un champ
agricole. L’hétérogénéité du milieu est certainement favorable à bon nombre d’espèces
68

animales. Dans le cadre de cette étude, aucun inventaire faunique exhaustif n’a été effectué.
Cependant, le site est potentiellement fréquenté par plusieurs espèces de mammifères. La
présence de l’orignal et du cerf de Virginie fut relatée par une riveraine. Elle a, de plus,
affirmé que plusieurs oies et bernaches se posent à l’embouchure de la rivière au printemps.
Elles sont accompagnées de quelques canards. Lors des visites effectuées au site, le cormoran
à aigrettes, le martin-pêcheur d’Amérique (Ceryle alcyon), le grand héron et le pygargue à tête
blanche furent aperçus, survolant la rivière. À la fin du mois de juillet, quelques limicoles
utilisaient les rives vaseuses du secteur. Diverses espèces de passereaux fréquentent les lieux.
D’ailleurs, plusieurs parulines à croupion jaune (Dendroica coronata) ont été vues au
printemps. Un fait intéressant à mentionner concerne l’observation de plusieurs larves de
poissons le long du rivage de la rivière au mois de juin. Elles attendaient la marée montante
pour s’alimenter et se réfugier dans la mince lisière de scirpes présente à la base du talus
perturbé. Les riverains mentionnent la présence de l’achigan sp., du doré sp., de l’esturgeon
sp. et de l’anguille d’Amérique. De plus, reptiles et amphibiens trouvent probablement refuge
dans le milieu naturel.
La pente de la falaise est forte et variable (Figure 7.2). L’avant-plage est courte (entre 10 et
16 mètres, avec une pente variant entre 8° et 15°) et le talus d’érosion est de hauteur variable.
Diverses sections du site sont affectées par différents types d’érosion. Le site est situé à
l’embouchure de la rivière Du Chêne. La section amont de la rivière (A sur la Figure 7.2) n’est
affectée que par le sapement des vagues tandis que la section aval (I sur la Figure 7.2) a connu
un glissement de terrain. Le terrain connaît des reculs de plus d’un mètre par année (estimé
visuellement par une riveraine). Le vent est fort et sa direction est variable. Les vagues sont
fortes et elles sont principalement produites par des bateaux (vagues de batillage). En amont
du site, sur la rivière, un enrochement a été installé il y a environ 25 ans (Figure 7.2).
La suggestion principale, relativement à la restauration de ce milieu, est liée à la complexité
des processus dynamiques observés sur le site. Cette suggestion consiste à faire appel à des
ingénieurs et à des géomorphologues expérimentés. Ils seront en mesure de cerner les diverses
causes de l’érosion et de proposer des méthodes de restauration spécifiques pour chacune des
problématiques rencontrées. Les coûts des travaux de stabilisation à effectuer sont élevés, il
69

est donc important de consulter une firme spécialisée dans ce type de travaux. L’érosion ne
résulte pas uniquement de la nature de la falaise en elle-même, mais également de problèmes
en amont de la rivière. Étant donné qu’aucune habitation n’est menacée, il est possible de
seulement surveiller l’érosion annuelle sur le site. Cependant, si une intervention est tentée,
elle nécessitera l’obtention de permis au préalable et s’avèrera fort complexe.
En premier lieu, l’érosion à la base de la falaise peut être bloquée, car elle déstabilise la totalité
de cette dernière. L’utilisation d’un enrochement est peut-être la seule solution envisageable
étant donné la force des vagues sur le site. À certains endroits, un reprofilage peut s’avérer
possible alors qu’à d’autres endroits, il est difficile d’envisager ce genre de travaux. Dans
plusieurs cas, la pente résultante peut permettre l’utilisation de techniques de stabilisation
végétale. La végétation actuelle retrouvée dans la pente ne retient pas correctement le sol et de
nouvelles espèces doivent être implantées afin d’assurer la stabilité du site à long terme. Selon
les pentes, des techniques combinées du génie végétal peuvent être utilisées, telles l’utilisation
de fagots et de plants dans les zones stables qui présentent un bon potentiel d’implantation. Un
couvert végétal d’au moins 15 à 20 mètres doit être réimplanté sur le replat en haut de la
falaise. Des arbres et des arbustes peuvent être plantés, la proportion d’arbustes augmentant en
se rapprochant du haut du talus. Finalement, la construction d’infrastructures en haut de la
falaise est fortement déconseillée dans la situation actuelle. Le tableau 7.2 résume la
problématique et les propositions de restauration.
70

Figure 7.2 Site 2 - Leclercville
Chaque lettre représente une pente différente.
A : 40° et 4,7 m de long. B : 42° et 4,2 m de long. C : 45° et 5,7 m de long. D : 45° et
6,7 m de long. E (T1) : 45° et 6,6 m de long. F : 47° et 13 m de long. G (T2) : 45° et
10,3 m de long. H : 90° environ. I : 27° et 4 m de long.
71

Tableau 7.2 Site 2 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 2
Municipalité régionale de Lotbinière
comté
Municipalité
Leclercville
Localisation Embouchure de la rivière Du Chêne
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
Végétation
270490; 5162266
- Marais Mince lisière de scirpe américain
- Arbustive Saule rigide, saule de l’intérieur,
cornouiller stolonifère
- Arborescente Peuplier à feuilles deltoïdes, frêne de Pennsylvanie,
saule fragile
Faune - Alimentation des oiseaux de rivage
- Aire d’alevinage pour les poissons
- Espèce vulnérable : pygargue à tête blanche
Problématique Érosion et glissements de terrain dans une falaise
Longueur du site 233 mètres
Propositions de restauration - Surveiller le recul annuel du terrain
ou
- Consulter des ingénieurs et des géomorphologues
expérimentés
- Mettre un enrochement à la base du talus
- Effectuer le reprofilage de certaines sections
- Végétalisation
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Diminution de la densité des végétaux exotiques
implantés dans le talus afin de favoriser les espèces
indigènes
- Stabilisation du terrain à long terme
72

7.2.3 Site 3 - Lotbinière
Municipalité régionale de comté (MRC) : Lotbinière
Municipalité : Lotbinière
Localisation : aval de l’embouchure de la rivière Du Chêne
Coordonnées : 270539; 5162956 (UTM, NAD 83)
Problématique : glissements de falaise et érosion au bout d’un champs agricole
Longueur du site : 155 mètres
Ce site a connu plusieurs glissements de terrain dans des zones contiguës. Au bas du talus, un
sapement causé par les vagues s’est formé sur toute la longueur du site. Le haut de la falaise
est dénudé, sans végétation. Un champ agricole est limitrophe aux glissements de terrain.
Un marais à scirpe américain jouxte le site perturbé. La sagittaire dressée et l’éléocharide à
tiges rouges sont les espèces co-dominantes. Le marais est recouvert d’une couche de sable
d’une épaisseur minimum de 30 centimètres. Ce sable provient probablement de la rivière Du
Chêne, car le site est situé à proximité de son embouchure. Plus près de l’étage supralittoral,
l’épaisseur de sable est de 10 centimètres et un loam limono-argileux sous-jacent est présent.
Le substrat du talus est constitué d’un loam limono-argileux (argile, sable et limon).
La végétation au haut du marais est composée de la spartine pectinée, de la potentille ansérine
et de l’épiaire à feuilles minces (Stachys tenuifolia). Le saule rigide et l’aulne rugueux sont des
arbustes rencontrés dans le secteur. Toute la zone en érosion présente une végétation perturbée
et souvent peu propice à la stabilisation du sol. Les espèces dominantes sont le tussilage
farfara et le chardon des champs. D’autres espèces, telles l’aster à ombelles, la prêle des
champs, le galéopside à tige carrée (Galeopsis Tetrahit) et le ronce du mont Ida (Rubus
idaeus) ornent le talus. Par ailleurs, la strate arborescente est composée de l’érable à épis, du
peuplier faux-tremble (Populus tremuloides), du frêne de Pennsylvanie et de l’érable négondo.
Le potentiel faunique de ce site est considérable, en raison de la proximité de secteurs
riverains plus naturels. Cependant, les champs agricoles dominent le paysage en haut de la
falaise. Selon Mousseau et al. (1998), la sauvagine fréquente le secteur au printemps et à
l’automne. Quelques bernaches du Canada et des oies des neiges ont été vues lors d’une
première visite effectuée en mai. Le grand héron et plusieurs espèces de limicoles dont le
73

pluvier kildir (Charadrius vociferus), le chevalier grivelé (Actitis macularia) et le petit
chevalier (Tringa flavipes) fréquentent le site. Les laridés semblent également affectionner le
secteur. D’autre part, plusieurs mammifères fréquentent probablement le littoral. Les traces du
cerf de Virginie indiquent qu’il descend régulièrement au fleuve pour s’abreuver. Bon nombre
d’amphibiens et de reptiles fréquentent probablement l’étage supralittoral. D’ailleurs, un
crapaud d’Amérique (Bufo americanus) a été aperçu près du littoral. Le marais procure aussi
nourriture et abris aux poissons à marée haute.
Le site est divisé en quatre sections (Figure 7.3). La première zone (A), de 25 mètres, est un
glissement récent avec une falaise nouvellement formée de 4,16 mètres de haut au bout du
glissement. La seconde zone (B, C et D), de 38 à 98 mètres, est un glissement terminé par une
falaise de hauteur variable bordant le littoral. La troisième zone (E), de 109 à 145 mètres est
constituée d’un glissement à pente forte. La dernière zone (F) est une petite falaise en érosion.
L’effet des vagues et des glaces sur le site est peu connu. Il est important d’en connaître
davantage afin de savoir si la base de la falaise est fréquemment érodée. Une déstabilisation de
la base peut expliquer les glissements de terrain observés. Afin de stabiliser la base et d’éviter
d’éventuels glissements, un enrochement peut être envisagé. Il est recommandé d’implanter
une bande de végétation sur le replat et des îlots de propagation dans les zones stables de la
pente. Le cornouiller stolonifère, le sureau pubescent (Sambucus pubens) et la spirée à larges
feuilles font partie des espèces pouvant être plantées. Les canaux et les eaux de drainage
parvenant à la falaise doivent être bien canalisés afin d’éviter la déstabilisation de nouvelles
zones. Des sources peuvent également être présentes à l’intérieur de la falaise; favorisant les
glissements de terrain. Par ailleurs, le recul annuel de la falaise peut être mesuré afin d’évaluer
l’ampleur du problème. Il est opportun de consulter des spécialistes avant d’entreprendre des
travaux étant donné la dimension du site et la complexité des processus en cause. Un résumé
de la problématique et des propositions de restauration figurent au tableau 7.3.
74

Figure 7.3 Site 3 - Lotbinière
Chaque lettre représente une pente différente.
A : 40° et 20 m de long. B (T1) : 40° et 8 m de long. C : 40° et 5 m de long. D : 42° et
13 m de long. E (T2) : 45°, 4 m de long et 43°, 15 m de long. F : 47° et 7,5 m de long.
75

Tableau 7.3 Site 3 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 3
Municipalité régionale de Lotbinière
comté
Municipalité
Lotbinière
Localisation Environ 350 mètres en aval de l’embouchure de la
rivière Du Chêne
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
Végétation
270539; 5162956
- Marais Scirpe américain avec éléocharide à tiges rouges
- Arbustive Saule rigide, aulne rugueux
- Arborescente Érable à épis, peuplier faux-tremble, frêne de
Pennsylvanie, érable négondo
Faune - Alimentation des oiseaux de rivage
- Abris et nourriture pour les poissons
- Halte migratoire pour la sauvagine
- Lieu d’abreuvement du cerf de Virginie
Problématique Glissements de terrain et érosion au bout d’un champs
agricole
Longueur du site 155 mètres
Propositions de restauration - Surveiller le recul annuel du terrain.
ou
- Consulter des ingénieurs et des géomorphologues
expérimentés.
- Mettre un enrochement à la base du talus.
- Implanter de la végétation sur le replat du talus
et des îlots de propagation dans les zones stables
de la pente.
- Canaliser les arrivées d’eau.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Stabilisation du terrain à long terme
76

7.2.4 Site 4 - Lotbinière
Municipalité régionale de comté : Lotbinière
Municipalité : Lotbinière
Localisation : secteur en aval du parc municipal
Coordonnées : 275857; 5167028 (UTM, NAD 83)
Problématique : rive faiblement érodée avec un petit talus
Longueur du site : 45,6 mètres
Sur ce site, il n’y a plus de végétation, les arbustes au devant du terrain sont absents et le talus
est dénudé. Une légère érosion est observable. Plusieurs zones dans les environs sont
comparables. Ce site est situé à proximité d’une zone naturelle
La nature des dépôts du sol varie en fonction d’un gradient longitudinal. Ainsi, près du talus,
le substrat est composé de gravier dans les dix premiers centimètres et d’un mélange de sable
et de gravier en dessous. La plage est plutôt composée d’un loam limoneux et de gravier. Dans
le marais, le sol est constitué d’un mélange de limon et d’un loam limono-argileux suivi d’un
mélange de gravier et d’un loam limoneux. Le pourcentage de chacune des composantes varie
pour n’être qu’une mince couche de limon et de loam limono-argileux à 50 mètres dans le
marais. Le schiste fait surface par endroit.
Le scirpe américain et la zizanie à fleurs blanches variété naine sont les principales espèces du
marais qui borde la zone perturbée. Trois espèces susceptibles d’être désignées menacées ou
vulnérables au Québec ont été trouvées sur le littoral. La présence de la salicaire pourpre est
notable dans la zone perturbée. Le saule fragile, l’érable argenté et le frêne de Pennsylvanie
dominent le marécage arbustif situé à proximité du site. Du marécage vers le marais, on
observe une succession végétale représentée par le cornouiller stolonifère, l’eupatoire
maculée, le saule rigide et la spartine pectinée.
Le site présente un bon potentiel pour la sauvagine. Un riverain a mentionné que le canard
noir et le canard colvert nichent à proximité. Il affirme également que plusieurs canards
s’arrêtent en période de migration. Le pygargue à tête blanche, espèce vulnérable au Québec, a
été aperçu à maintes reprises par les riverains. Le grand héron fréquente aussi le secteur. Le
site convient peu aux oiseaux de rivage puisqu’il s’agit d’un marais d’herbacées sur roches
77

comprenant peu de vasière. La proximité du milieu naturel augmente assurément le potentiel
faunique du secteur. Par conséquent, l’utilisation du milieu par les mammifères, amphibiens et
reptiles est très probable. Toutefois, aucun inventaire n’a été réalisé pour confirmer leur
présence.
Le talus, d’une hauteur de 0,80 mètres, est renfoncé à la base d’une vingtaine de centimètres
par endroits (Figure 7.4). La plage a un substrat graveleuse et mesure 8 à 10 mètres, avec une
pente faible de 7°. Le marais est relativement large et sa pente est d’environ 0,5°. Le site est
soumis à des vagues et des vents considérables. Les pertes de terrain sont graduelles année
après année, et ce, depuis plus de 30 ans. Des arbustes se sont implantés à la limite plage-
marais dans la zone amont du site. D’après un propriétaire, cette bande d’arbustes diminue
fortement la force des vagues sur le talus du terrain voisin et a contribué à réduire la vitesse de
l’érosion sur ce terrain.
La solution pour contrer l’érosion comporte quelques étapes. D’abord un reprofilage pour
adoucir la pente peut être réalisé (Figure 7.4). Une pente de 25 à 30° convient. Un bourrelet de
pierres doit être placé à la base de la pente pour contrer la force des vagues. Le bourrelet doit
être disposé à une profondeur et à un niveau adéquats afin de minimiser l’utilisation de pierres
et de maximiser son effet. L’implantation d’arbustes peut être suffisante pour résoudre le
problème d’érosion légère. Des fagots peuvent être implantés devant et derrière le bourrelet.
Dans la pente reprofilée, l’implantation d’un ou deux fagots avec un dallage de pierres peut
être envisagée. L’installation d’un matelas de branches peut être aussi indiquée si la pente
résultant du reprofilage est faible ( < 25°). Au devant du bourrelet de pierres, il faut favoriser
l'établissement d’espèces tolérant périodiquement les inondations, telles le saule rigide et le
saule discolore. Dans la pente, une espèce comme le cornouiller stolonifère peut être
sélectionnée. L’implantation de végétaux au sommet de la pente, dans une zone minimale de
deux à trois mètres, est fortement suggérée. La problématique et les propositions de
restauration de ce site sont résumées au tableau 7.4.
78

Figure 7.4 Site 4 - Lotbinière : représentation schématique.
79

Tableau 7.4 Site 4 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 4
Municipalité régionale de Lotbinière
comté
Municipalité
Lotbinière
Localisation Environ 325 m en aval du parc municipal
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
275857; 5167028
Végétation Trois espèces susceptibles d’être désignées menacées
ou vulnérables ont été trouvées sur le site.
- Marais Scirpe américain avec zizanie à fleurs blanches variété
naine
- Arbustive Saule rigide, cornouiller stolonifère
- Arborescente Saule fragile, érable argenté, frêne de Pennsylvanie
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Nidification de la sauvagine à proximité
- Espèce vulnérable : pygargue à tête blanche
Problématique Rive faiblement érodée avec un petit talus
Longueur du site 45,6 mètres
Propositions de restauration - Adoucir la pente (25 à 30°)
- Placer un bourrelet de pierres à la base de la
pente.
- Implanter des fagots devant et derrière le
bourrelet de pierres.
- Placer un ou deux rangs de fagots avec un
dallage de pierres ou un matelas de branches
dans la pente reprofilée.
- Implanter une bande de végétation ( 3 mètres)
sur le replat.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Stabilisation du terrain à long terme
80

7.2.5 Site 5 - Saint-Antoine-de-Tilly
Municipalité régionale de comté : Lotbinière
Municipalité : Saint-Antoine-de Tilly
Localisation : secteur situé à proximité de la halte municipale
Coordonnées : 299949; 5169683 (UTM, NAD 83)
Problématique : marais et rivage avec un mur de béton
Longueur du site : 144 mètres
Le site est composé d’un très long mur de béton bordant un marais diversifié au niveau
végétal. Un quai, propriété du gouvernement fédéral, est situé au milieu du marais. La
végétation arbustive, qui permettrait d’améliorer les habitats du rivage, est absente. Des
inventaires ont déjà été effectués dans ce marais et plusieurs espèces de plantes rares ou
menacées sont présentes. Le marais est d’une superficie importante pour cette zone de
l’estuaire où les marais sont habituellement petits et étroits.
Le sol du marais est surtout composé de gravier, de sable, d’argile et de limon variant en
proportion. D’ordre générale, le gravier et le sable dominent la composition du sol. Il n’y a
qu’à partir de 35 mètres dans le marais où la proportion de limon est plus importante.
Le marais présente une grande biodiversité. Le scirpe américain et l’eupatoire perfoliée sont
les espèces les plus représentatives. Deux espèces susceptibles d’être désignées menacées ou
vulnérables ont été vues sur le site. De plus, une espèce menacée a été identifiée. Leur nom
n’est pas mentionné afin de les protéger. Une mince lisière d’arbustes, dans une zone proche
de la rivière Bourret, enrichit le haut du marais. Le saule rigide demeure l’espèce la plus
abondante et est côtoyé par la spartine pectinée. Il est important de mentionner la présence de
la salicaire pourpre sur le site. Cette dernière étant une espèce envahissante.
Le mur de béton s’avère une barrière physique importante pour la faune, plus précisément
pour les amphibiens, les reptiles et les mammifères qui sont coincés entre l’eau et le mur à
chaque marée haute. De plus, la végétation riveraine est très limitée, ce qui réduit
considérablement les possibilités de se cacher. Néanmoins, un riverain mentionne la présence
du renard roux sur le littoral. Le rat musqué a aussi été identifié. Le marais est véritablement
plus profitable aux oiseaux et aux poissons. La sauvagine, particulièrement la bernache du
81

Canada, visite le site au printemps. Le grand héron et les limicoles fréquentent les lieux vers la
fin de l’été. Le marais procure abris et nourriture aux poissons, ils sont nombreux à être piégés
dans les marelles à marée basse. Il est toutefois important de noter qu’aucun inventaire
exhaustif de la faune ne fut réalisé sur ce site dans le cadre de cette étude.
Le mur a été construit à la même période que celui de Saint-Michel de Bellechasse, soit dans
les années cinquante. Le mur est actuellement en bon état sur la majeure partie de sa longueur.
Il y a très peu de végétation naturelle au dessus du mur. La hauteur du mur varie de 1,20
mètres (au transect 2) à 2,45 mètres (au transect 1) (Figure 7.5). Une seule portion du mur est
dégradée, cette portion étant située au niveau du ruisseau Méthot. Quelques dégagements de la
base du mur sont observables. La pente du marais est de 1,5°. La longueur de la plage varie de
5 à 10 mètres, passant d’une pente nulle à une pente de 6,5°. Le site est peu venteux et les
vents dominants proviennent de l’ouest. Il y a peu de vagues, excepté au printemps.
Afin d’améliorer le potentiel faunique d’un tel endroit, il faut recourir à une renaturalisation
des berges à l’aide de végétaux indigènes. L’établissement de la vigne vierge et de la vigne
des rivages en haut du mur de béton est la technique préconisée (Figure 7.5). Le mur serait
alors caché par les tiges retombantes. Dans certaines zones, de la vigne s’est déjà implantée
sur le mur. Le bas du mur est exondé à marée basse dans plusieurs sections. La zone près de la
rivière Bourret est propice à l’implantation naturelle de saules. Ces saules sont déjà présents, il
faut seulement les laisser pousser afin de protéger la base du mur. Le sommet du mur devrait
recevoir, en plus des vignes, des arbustes et des arbres de petite taille adaptés aux conditions
locales. La lisière d’arbustes à planter doit mesurer au moins 3 mètres de largeur. Les espèces
végétales à favoriser pour la plantation au sommet du mur doivent être des espèces présentes
localement et non des espèces décoratives exotiques. Plusieurs espèces indigènes sont
résistantes aux conditions locales et sont décoratives. On retrouve, entre autres, la spirée à
larges feuilles, le physocarpe à feuilles d’obier, la viorne cassinoïde (Viburnum cassinoides),
la viorne trilobée (Viburnum trilobum), l’aronia noir (Aronia melanocarpa), les sorbiers spp.
(Sorbus spp.), et les amélanchiers spp. (Amelanchier spp.). Une synthèse de la problématique
et des propositions de restauration de ce site figurent au tableau 7.5.
82

Figure 7.5 Site 5 - Saint-Antoine-de-Tilly : représentation schématique.
83

Tableau 7.5 Site 5 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 5
Municipalité régionale de Lotbinière
comté
Municipalité
Saint-Antoine-de Tilly
Localisation Secteur à proximité de la halte municipale
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
299949; 5169683
Végétation Deux espèces susceptibles d’être désignées menacées
ou vulnérables et une espèce menacée ont été trouvées
sur le site.
- Marais Scirpe américain avec eupatoire perfoliée
- Arbustive Saule rigide
- Arborescente Frêne de Pennsylvanie, saule fragile
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Halte migratoire pour les oiseaux de rivage
- Alimentation pour les oiseaux aquatiques
(ex. : grand héron)
- Alimentation et abris pour les poissons
Problématique Mur de béton
Longueur du site 144 mètres
Propositions de restauration - Implanter des vignes, des arbustes et des arbres
de petite taille en haut du mur de béton.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Amélioration de l’aspect visuel de la rive
84

7.2.6 Site 6 - Saint-Antoine-de-Tilly
Municipalité régionale de comté : Lotbinière
Municipalité : Saint-Antoine-de-Tilly
Localisation : secteur à proximité de l’accès public au littoral de la côte Aubin
Coordonnées : 308438; 5173455 (UTM, NAD 83)
Problématique : mur de béton et enrochement
Longueur du site : 100,5 mètres
Ce site est caractérisé par la diversité des structures qui ont été utilisées pour stabiliser la rive.
Le marais est étroit, même à marée basse. Ce site est balayé par les vagues car il est situé dans
une portion étroite de l’estuaire.
En ce qui a trait au substrat, on note qu’un loam limono-argileux recouvert d’une mince
couche de gravier caractérise ce marais. Le schiste sous-jacent est peu profond. Il fait surface à
plusieurs endroits dans le marais.
Dans le marais, le scirpe américain, l’espèce dominante, est associé à l’eupatoire perfoliée et à
la berle douce. Parmi les autres espèces inventoriées, deux sont susceptibles d’être désignées
menacées ou vulnérables et une est menacée. Leur nom n’est pas mentionné afin de les
protéger. La strate arbustive présente à proximité du secteur est représentée par le saule rigide.
Le site est fortement anthropisé ce qui limite le potentiel faunique. Cependant, en aval du site,
se trouve un secteur naturel très peu perturbé en raison de la présence des falaises hautes et
abruptes. Selon une riveraine, la sauvagine, particulièrement la bernache du Canada, fait halte
dans le secteur au printemps. Elle a estimé la population à près de 50 000 individus. Le
goéland à bec cerclé, le grand héron et le pluvier kildir utilisent également le site. Le cerf de
Virginie est le mammifère le plus fréquemment observé. Il semble que le rat musqué et renard
roux soient souvent vus. Un petit canal se déverse sur le littoral et offre un certain potentiel
pour les amphibiens. Une grenouille verte (Rana clamitans) a été aperçue dans une cuvette de
ce canal lors d’une visite sur le terrain. Le marais offre un potentiel restreint pour les poissons
puisqu’il est principalement composé de rochers et qu’il est exposé aux vagues. Il est à noter
qu’aucun inventaire faunique exhaustif n’a été réalisé dans le cadre de cette étude.
85

Généralement, il vente beaucoup dans ce secteur. Par contre, la force des vagues sur le rivage
est négligeable excepté au printemps et à l’automne où les niveaux d’eau sont plus haut. Lors
de la débâcle, les lieux sont exposés aux glaces de dérive en provenance de la rive nord. Les
ouvrages de stabilisation aménagés sur le rivage sont des murs de blocs de béton, des murs de
béton coulé et un enrochement. L’enrochement est composé de blocs de gros calibre
(> 0,70 mètre de diamètre) avec de grands interstices. Sa pente est de 48° et sa hauteur est de
2,96 mètres (Figure 7.6). Les murs de béton et de blocs de béton ont pour leur part une hauteur
d’environ 1,70 m. La plage de gravier mesure 9 mètres avec une pente de 8°. La pente de
l’avant-plage est de 2°.
La marche à suivre générale pour réimplanter de la végétation dans les structures et au sommet
de celles-ci est expliquée dans l’introduction de ce chapitre. Les murs, qu’ils soient en béton
ou en blocs de béton, peuvent être revégétalisés en utilisant la vigne vierge et la vigne des
rivages. Les vignes peuvent aussi être implantées au sommet des enrochements (Figure 7.6).
Entre les blocs, il est possible d’introduire des arbustes selon la méthode discutée dans
l’introduction de ce chapitre. Les arbustes doivent être plantés dans la moitié supérieure de
l’enrochement afin de maximiser les chances de réussite. Il est peu probable que de la
végétation arbustive puisse être implantée à la base des structures puisque le site est exposé
aux vagues et au vent. Les espèces à planter en priorité dans les enrochements sont le
physocarpe à feuilles d’obier et le myrique baumier (Myrica Gale). Au sommet des
enrochements et des murs, il est possible d’introduire, en plus des vignes, des arbustes et des
arbres. Les espèces végétales à favoriser pour ce type de plantation doivent être présentes
localement. Plusieurs espèces indigènes sont résistantes aux conditions locales et sont
décoratives. On retrouve, entre autres, le rosier rugueux (Rosa rugosa) (espèce non indigène
naturalisée), la spirée à larges feuilles, le physocarpe à feuilles d’obier, la viorne cassinoïde, la
viorne trilobée, l’aronia noir, les sorbiers spp., et les amélanchiers spp. Le tableau 7.6 réunit
les caractéristiques de la problématique et des propositions de restauration du site.
86

Figure 7.6 Site 6 - Saint-Antoine-de-Tilly : représentation schématique.
87

Tableau 7.6 Site 6 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 6
Municipalité régionale de Lotbinière
comté
Municipalité
Saint-Antoine-de Tilly
Localisation Secteur à proximité de l’accès public au littoral de la
côte Aubin
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
308438; 5173455
Végétation Deux espèces susceptibles d’être désignées menacées
ou vulnérables et une espèce menacée ont été trouvées
sur le site.
- Marais Scirpe américain avec eupatoire perfoliée et
berle douce
- Arbustive Saule rigide
- Arborescente Bouleau à papier, frênes spp.
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
Problématique Mur de béton et enrochement
Longueur du site 100,5 mètres
Propositions de restauration - Implanter des vignes, des arbustes et des arbres
de petite taille en haut du mur de béton et de
l’enrochement.
- Planter des arbustes dans la moitié supérieure de
l’enrochement.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Amélioration de l’aspect visuel de la rive
- Stabilisation du terrain à long terme
88

7.2.7 Site 7 - Lévis secteur Saint-Nicolas
Lévis (secteur Saint-Nicolas)
Localisation : secteur situé dans l’anse Moffet
Coordonnées : 315670; 5175040 (UTM, NAD 83)
Problématique : petite baie située dans une zone de falaise avec des problèmes de végétation et
d’érosion
Longueur du site : 52,4 mètres
Dans ce secteur, on constate la stabilité de la falaise. On note également la présence d’une
zone où la végétation stabilisatrice a été enlevée. De plus, un sapement par les vagues à la base
de la falaise se produit. Cette zone est en érosion active. La modification de la végétation par
les riverains est fréquente et peut entraîner une aggravation des problèmes d’érosion.
Un marais sur roche est présent devant le site perturbé. Seulement quelques îlots de végétation
poussent, épars, parmi les rochers. Le substrat du marais est caractérisé par une mince couche
de loam sablo-argileux mélangée à du gravier. En avançant vers le fleuve, la proportion de
gravier est plus élevée. Le schiste sous-jacent est aperçu par endroit à la surface.
Par ailleurs, la végétation est peu diversifiée. Le scirpe américain est l’espèce la plus
abondante du marais. On note la présence de deux espèces susceptibles d’être désignées
menacées ou vulnérables et d’une espèce menacée. Leur nom n’est pas mentionné afin de les
protéger. Le bambou sauvage (Polygonum cuspidatum), la ronce du mont Ida et la ronce
odorante (Rubus odoratus) sont les principales espèces retrouvées dans le talus perturbé. À
proximité, un autre secteur inventorié révèle la présence du bouleau à papier, du frêne de
Pennsylvanie et de l’érable à épis dans la strate arborescente. Les arbustes sont représentés par
le sureau pubescent, le noisetier à long bec (Corylus cornuta) et la ronce odorante dans la
pente. À proximité du littoral, c’est le cornouiller stolonifère et le saule de l’intérieur qui
dominent. La caractérisation d’un secteur naturel à proximité, permet d’ajouter aux espèces
déjà mentionnées, l’érable de Pennsylvanie (Acer pensylvanicum), le tilleul d’Amérique (Tilia
americana) et le cerisier de Virginie (Prunus virginiana).
Bien que quelques chalets bordent le littoral, le secteur offre tout de même un certain potentiel
pour la faune. Il est situé près d’une zone peu perturbée en raison de la présence de falaises.
89

Ces falaises rendent difficile l’installation de structures par les humains. Toutefois, le milieu
ne possède pas les caractéristiques nécessaires pour l’alimentation de la sauvagine, c’est
pourquoi il est peu fréquenté. En effet, tel que mentionné précédemment, le substrat est
rocheux et la quantité de scirpes y est très limitée. Le substrat mince rend le marais peu
invitant pour les limicoles. Par ailleurs, un riverain a mentionné que le cerf de Virginie
s’abreuve à l’occasion sur le littoral. Il est à noter qu’aucun inventaire faunique exhaustif n’a
été réalisé sur ce site dans le cadre de cette étude.
Le site est situé dans une falaise (Figure 7.7). Une propriété est localisée à 10 mètres du
littoral, face à cette falaise de 38,5° de pente. La végétation présente n’aide pas à la
stabilisation du sol. Ce sol est sablo-limoneux. Au bas de la falaise, un talus de 2,70 mètres de
long et de 58° de pente s’est formé. Les grandes marées atteignent la base du talus. Une autre
propriété, dont la végétation naturelle est présente dans la falaise, a des problèmes
d’affaissement du terrain entre le chalet et le haut de la falaise. La pente est de 42° dans cette
falaise. Elle se termine par une pente de 45° et de 1,50 mètres de longueur. Il est possible
d’observer une descente du terrain de quelques mètres près du chalet. Ce terrain est contenu
par un mur de bois. La limite falaise-littoral au bas de ce terrain est naturelle, avec des arbres
et des arbustes. La plage et l’avant-plage ont des pentes de 9° et de 2° respectivement. Le site
n’est pas exposé aux vents et les vagues sont faibles dans la baie. Les glaces sont continues
pendant l’hiver. Les hautes eaux du printemps et de l’automne arrivent dans le bas du petit
talus. L’avant-plage reçoit plus de sédiments sableux depuis quelques années selon un
propriétaire riverain.
La falaise de la propriété située dans la zone du transect 1 est en bon état (Figure 7.7). La
végétation est naturelle dans la falaise et à sa base. Dans le haut, le mur de bois peut être
reculé afin de s’assurer qu’il ne descende pas davantage. De la végétation peut être implantée
au bas et au haut du mur. Par exemple, l’érable à épis, le noisetier à long bec, les
amélanchiers, le rosier rugueux ou le sureau pubescent peuvent être utilisés. Au niveau du
transect 2, il est important d’intervenir rapidement afin d’éviter qu’une partie du haut de la
falaise descende. Tel qu’indiqué au début de ce chapitre, la présence d’un talus en érosion à la
base d’une falaise est problématique car cette érosion peut briser la pente d’équilibre et créer
90

un appel au vide. Le talus peut devenir plus prononcé s’il n’est pas stabilisé, créant ainsi un
appel au vide accru. Une portion importante de terrain peut glisser et être perdue dans ces
conditions. Il est fortement déconseillé d’ajouter du sol au sommet de la pente, ce sol
augmente le poids de la falaise et son instabilité. Il faut également examiner la possibilité de
stabiliser le talus à la base en ajoutant un enrochement bien calibré. Cet enrochement
permettrait de contrer l’érosion par les vagues et l’appel au vide qui provoquent les
glissements de terrain. Il faut noter que cette action nécessite des autorisations
gouvernementales, un permis municipal ainsi qu’un devis signé par un professionnel. Il est
ensuite possible d’installer des rangs de fagots (saules spp.) au sommet de l’enrochement et de
planter des arbustes (ex. : spirée à larges feuilles) permettant de stabiliser le sol dans la falaise.
La galerie peut causer problème, il faut donc voir à s’assurer qu’elle n’exerce pas un poids
trop important au sommet de la falaise. Cette galerie est très proche du sommet de la pente.
Elle peut possiblement être déplacée selon l’avis d’un professionnel. Le tableau 7.7 synthétise
les enjeux de la problématique et des propositions de restauration de ce site.
91

Figure 7.7 Site 7 - Lévis secteur Saint-Nicolas : représentation schématique.
92

Tableau 7.7 Site 7 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 7
Municipalité régionale de
comté
Ne s’applique pas
Municipalité Lévis (secteur Saint-Nicolas)
Localisation Secteur situé dans l’anse Moffet
Coordonnées géographiques 315670; 5175040
UTM Nad 83
Végétation Deux espèces susceptibles d’être désignées menacées
ou vulnérables et une espèce menacée ont été trouvées
sur le site.
- Marais Scirpe américain
- Arbustive Cornouiller stolonifère, saule de l’intérieur, sureau
pubescent, noisetier à long bec, ronce odorante
- Arborescente Bouleau à papier, frêne de Pennsylvanie, érable à épis
Faune - Alimentation et nidification des passériformes
- Potentiel pour la nidification des rapaces
Problématique Petite baie située dans une zone de falaise avec des
problèmes d’absence de végétation et d’érosion
Longueur du site 52,4 mètres
Propositions de restauration T1
- Reculer le mur de bois situé dans le haut du
talus.
- Implanter des arbustes au bas et au haut du mur
de bois.
- Veiller à ce que les arbres présents dans la pente
demeurent en bonne santé.
T2
- Surveiller le recul annuel du terrain.
- Consulter des ingénieurs et des géomorphologues
expérimentés.
- Mettre un enrochement à la base du talus.
- Installer des rangs de fagots au sommet de
l’enrochement.
- Planter des arbustes appropriés dans la pente.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Stabilisation du terrain à long terme
- Amélioration de l’aspect visuel de la rive
93

7.2.8 Site 8 - Lévis
Lévis
Localisation : secteur en amont du quai appartenant à la compagnie Ultramar
Coordonnées : 331278; 5182315(UTM, NAD 83)
Problématique : enrochement et mur de bois
Longueur du site : 57 mètres
L’enrochement et la section de mur de bois présents sur le site sont représentatifs du littoral
sur une grande portion de la rive à Lévis, surtout dans le secteur de l’ancienne ville de Lévis.
Le mur de bois est actuellement à refaire ou à modifier étant donné son âge. L’enrochement
est stable bien qu’il n’y ait pas de végétation pour le stabiliser. Ce site est situé près d’un
marais et du quai d’Ultramar, dans une zone étroite du fleuve.
Le marais est constitué d’un loam limono-argileux. En ce qui a trait à la végétation, on note
que le scirpe américain et la sagittaire dressée sont les espèces les plus abondantes. On
constate la présence de deux espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au
Québec. Leur nom n’est pas mentionné afin de les protéger. Une zone naturelle située à
proximité du secteur favorise la présence dans le haut du marais de l’eupatoire maculée et de
la spartine pectinée.
Le littoral de la ville de Lévis est fortement perturbé dans ce secteur. Cependant, une faible
lisière de végétation a été conservée à côté de la piste cyclable située près du site. Par
conséquent, quelques espèces fauniques trouvent refuge dans ces bosquets. C’est le cas par
exemple, de la bécassine des marais. Le marais présente un certain potentiel de fréquentation
par les oiseaux aquatiques puisque trois grands hérons ont été aperçus en août. De plus, selon
un propriétaire riverain, l’oie des neiges fait escale dans le secteur pour une période d’une
semaine au cours du printemps. L’observation d’un rat musqué confirme sa présence sur le
site. D’autres mammifères utilisent probablement les lieux même s’il s’agit d’un milieu
périurbain. Un propriétaire note la présence du raton-laveur (Procyon lotor). Des
micromammifères trouvent probablement refuge dans les zones plus naturelles et même dans
les cavités des enrochements. Bien qu’aucun amphibien ou reptile n’ait été vu lors des visites,
il y a lieu de soupçonner leur présence sur le site. Il est important de noter qu’aucun inventaire
faunique exhaustif n’a été réalisé sur le site, dans le cadre de cette étude.
94

Dans ce secteur, les facteurs physiques jouent un rôle important étant donné l’étroitesse du
fleuve. L’amplitude des marées est très grande et le chenal de navigation est étroit (le site est à
1400 mètres du chenal). Les vagues de batillage viennent heurter l’enrochement. L’hiver, les
glaces protègent la zone bien que les vagues peuvent quelquefois soulever la glace et les
rochers auxquels elle est rattachée. La zone d’enrochement a une pente de 32° et mesure de
4,50 à 6,50 mètres de longueur (Figure 7.8). Le calibre des roches est variable, les blocs du
dessous étant de gros calibre (diamètre > 0,70 mètre) et les pierres du dessus étant plus petites
et de grosseurs variées. Les interstices entre les pierres de cet enrochement sont peu
importants. Aucun sol permettant la croissance de végétaux n’est présent. Le mur de bois est
perpendiculaire à l’enrochement et délimite une rampe à bateau inutilisée. Ce mur est à
environ 90° par rapport à l’enrochement. Il mesure 1,45 mètres près de l’enrochement et
diminue en hauteur jusqu’à 0,30 mètre à la fin de la rampe de 13,30 mètres de long. Certaines
poutres sont pourries. Le mur devra être remplacé dans les prochaines années. Le terrain est
une ancienne zone de remplissage. La plage devant l’enrochement est de 5 à 6,50 mètres avec
une pente d’environ 8°. L’avant-plage a une pente de 2°.
Dans ce secteur, les vents sont de faibles à moyens et la force des vagues est relativement
réduite. Les courants ont changé dans le passé et depuis quelques années, le niveau de l’eau est
plus bas. Les hautes eaux montent dans l’enrochement au printemps. Le rivage n’est pas
exposé aux glaces de dérive.
La restauration du site comporte en deux opérations : la végétalisation de l’enrochement
présent et le remplacement du mur de bois. Pour la végétalisation de l’enrochement, la
technique de restauration est expliquée dans l’introduction de ce chapitre. Les plantes qui
peuvent être implantées dans l’enrochement sont le physocarpe à feuilles d’obier et le myrique
baumier. Il est recommandé de positionner les plants à partir de la moitié supérieure de
l’enrochement (Figure 7.8). De plus, la vigne des rivages et la vigne vierge peuvent être
introduite au sommet de l’enrochement afin de le couvrir davantage. Le mur de bois étant à
remplacer, il est possible d’envisager une technique de stabilisation intégrant des arbustes.
Toutefois, la force des vagues et des glaces rend indispensable l’utilisation de matériaux
inertes. Comme un enrochement est déjà présent, la meilleure option consiste à modifier cet
95

enrochement afin de l’allonger (Figure 7.8). Après avoir enlevé le mur de bois, le coin
«enrochement – mur de bois» doit être courbé (au lieu de l’angle de 90° actuel) afin de mieux
résister aux pressions de la glace et à la force des vagues. Une pente d’environ 30° peut être
envisagée pour le nouvel enrochement. Cette pente implique la perte de deux mètres à deux
mètres et demi de terrain. Des plants de physocarpe à feuilles d’obier et de myrique baumier
peuvent ensuite être plantés dans le tiers supérieur de tout l’enrochement. Au sommet des
enrochements, il est possible d’introduire, en plus des vignes, des arbustes et des arbres. Les
espèces végétales à favoriser pour ce type de plantation doivent être présentes localement.
Plusieurs espèces indigènes sont résistantes aux conditions locales et sont décoratives. On
retrouve, entre autres, le rosier rugueux (espèce non indigène naturalisée), la spirée à larges
feuilles, la viorne cassinoïde, la viorne trilobée, l’aronia noir, les sorbiers spp., et les
amélanchiers spp. La problématique et les propositions de restauration sont synthétisées au
tableau 7.8.
96

Figure 7.8 Site 8 - Lévis : représentation schématique.
97

Tableau 7.8 Site 8 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 8
Municipalité régionale de Ne s’applique pas
comté
Municipalité
Lévis
Localisation Secteur en amont du quai appartenant à la compagnie
Ultramar
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
331278; 5182315
Végétation Deux espèces susceptibles d’être désignées menacées
ou vulnérables ont été trouvées sur le site.
- Marais Scirpe américain avec sagittaire dressée
- Arbustive Il n’y a pas d’arbuste sur le site.
- Arborescente Frêne de Pennsylvanie, saule sp.
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Aire d’alimentation pour les oiseaux aquatiques
(ex. : grand héron)
- Aire d’alimentation pour les poissons
Problématique Enrochement et mur de bois abîmé
Longueur du site 57 mètres
Propositions de restauration - Arrondir le coin «enrochement-mur» de l’enrochement
en place.
- Remplacer le mur de bois par un enrochement.
- Assurer la continuité entre les deux structures.
- Implanter des vignes, des arbustes et des arbres
de petite taille en haut de l’enrochement.
- Implanter des arbustes dans le tiers supérieur de
tout l’enrochement.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Amélioration de l’aspect visuel de la rive
- Stabilisation du terrain à long terme
- Lieu potentiel pour la nidification des oiseaux
98

7.2.9 Site 9 - Saint-Michel-de-Bellechasse
Municipalité régionale de comté : Bellechasse
Municipalité : Saint-Michel-de-Bellechasse
Localisation : secteur en amont et en aval de la marina
Coordonnées : 354487; 5193204 (UTM, NAD 83)
Problématique : rivage bordé d’un mur de béton
Longueur du site : 27 mètres
Le site est composé d’un très long mur de béton bordant un marais fort diversifié du point de
vue floristique. Le marais est divisé au milieu par la marina et par un quai. Le marais présente
une grande biodiversité. Toutefois, une absence de végétation arbustive est observable sur le
rivage et le mur.
Le site perturbé est situé dans une baie et comporte un marais relativement large. Il est
constitué d’une grande proportion de sable et d’une quantité restreinte de gravier et de limon.
Le roc est visible à de nombreux endroits.
En ce qui a trait à la végétation, on note que le scirpe américain et la zizanie à fleurs blanches
variété naine couvrent la majorité du marais. Le haut du marais est plutôt dominé par
l’eupatoire maculée, l’eupatoire perfoliée et la spartine pectinée. Outre les espèces
mentionnées, bon nombre d’espèces ont été identifiées dans ce marais, dont le jonc articulé
(Juncus articulatus) et la deschampsie cespiteuse (Deschampsia cespitosa). Deux espèces
susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables ont été répertoriées dans le marais. Le
saule de Bebb pousse dans l’enrochement à proximité de la marina. Le saule rigide est présent
par endroits à la base du mur de béton.
Ce marais, même s’il présente un certain potentiel pour la sauvagine, n’accueille pas une
population importante d’oies au printemps. Selon une propriétaire riveraine, les oies
résideraient seulement un jour ou deux dans le marais, pour ensuite se diriger vers le refuge
d’oiseaux migrateurs de Saint-Vallier. Cependant, plusieurs canards colvert ont été vus près de
la marina. Le potentiel faunique demeure réduit à cause de la proximité du village et du mur
de béton. Ce mur crée une barrière pour la faune terrestre et semi-aquatique qui ne peut pas
99

circuler librement. Toutefois, il est important de signaler qu’aucun inventaire faunique
exhaustif n’a été réalisé sur ce site dans le cadre de cette étude.
Le mur de béton a été construit par le gouvernement fédéral au cours des années cinquante. Un
quai était positionné au même endroit que la marina actuelle, mais il a été endommagé et
arraché en partie par une tempête dans les années cinquante. La marina a été construite entre
1992 et 1996 par le gouvernement provincial et la municipalité. Le mur est actuellement en
bon état sur la majeure partie de sa longueur. Il y a très peu de végétation naturelle au dessus
et sur le mur (Figure 7.9). La hauteur du mur varie de 1,35 mètres (au transect 2) à 2,25 mètres
(au transect 1). La pente du marais devant le mur est de 3°. Il vente beaucoup dans la baie et
les vents proviennent surtout du nord-ouest et du nord. Cependant, les vagues sont
généralement faibles. Pendant les hautes-mers, les vagues frappent le bas du mur. Le mur en
amont, vers la pointe de la baie, est beaucoup plus exposé. Les vagues y sont plus fortes et les
glaces viennent frapper le mur pendant la débâcle. Les glaces dans le fond de la baie fondent
sur place.
Afin d’améliorer le potentiel faunique d’un tel milieu, il faut recourir à une renaturalisation
des berges à l’aide de certaines plantes. Peu de techniques s’appliquent pour dissimuler un
mur en béton. La meilleure solution à envisager est l’établissement de la vigne vierge et de la
vigne des rivages (Figure 7.9). L’implantation de végétation au sommet du mur est fortement
recommandée. Les espèces végétales à favoriser pour ce type de plantation doivent être
présentes localement. Plusieurs espèces indigènes sont résistantes aux conditions locales et
sont décoratives, se prêtant à la plantation au sommet des murs. On retrouve, entre autres, le
rosier rugueux (espèce non indigène naturalisée), le physocarpe à feuilles d’obier, la spirée à
larges feuilles, la viorne cassinoïde, la viorne trilobée, l’aronia noir, les sorbiers spp., et les
amélanchiers spp. Il n’est pas garanti que l’implantation d’arbustes à la base du mur soit un
succès, car le sol semble peu propice à l’application des techniques de végétalisation connues.
Il est toutefois suggéré de laisser les arbustes s'implanter naturellement. Par ailleurs, un effort
peut également être fait afin d’introduire de la végétation (ex. : physocarpe à feuilles d’obier et
myrique baumier) dans le tiers supérieur de l’enrochement de la marina. Un apport de sol sera
nécessaire dans les interstices de l’enrochement, afin de préparer la plantation. La technique
100

générale est expliquée dans l’introduction de ce chapitre. Les particularités de la
problématique et des propositions de restauration sont réunies au tableau 7.9.
101

Figure 7.9 Site 9 - Saint-Michel-de-Bellechasse : représentation schématique.
102

Tableau 7.9 Site 9 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 9
Municipalité régionale de Bellechasse
comté
Municipalité
Saint-Michel-de-Bellechasse
Localisation Secteur en amont et en aval de la marina
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
354487; 5193204
Végétation Deux espèces susceptibles d’être désignées menacées
ou vulnérables ont été trouvées sur le site.
- Marais Scirpe américain avec zizanie à fleurs blanches variété
naine
- Arbustive Saule rigide, saule de Bebb
- Arborescente Frêne de Pennsylvanie
Faune - Aire d’alimentation de la sauvagine
- Aire d’alimentation et abris pour les poissons
Problématique Mur de béton
Longueur du site 27 mètres
Propositions de restauration - Implanter des vignes, des arbustes et des arbres
de petite taille en haut du mur.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Intimité des riverains
- Amélioration de l’aspect visuel de la rive
103

7.2.10 Site 10 - Saint-Vallier
Municipalité régionale de comté : Bellechasse
Municipalité : Saint-Vallier
Localisation : secteur situé en amont de l’anse des Boutin
Coordonnées : 362523; 5196809 (UTM, NAD 83)
Problématique : zone d’érosion exposée
Longueur du site : 95 mètres
Le rivage du site est en érosion. L’érosion est plus ou moins sévère le long du site. Des sites
de ce type sont présents à quelques endroits dans la région. L’intérêt de ce site particulier est la
très grande biodiversité retrouvée dans le marais. On note également la présence de zones
naturelles à proximité qui ne sont pas en érosion.
Le marais situé en face de ce site présente la plus grande biodiversité de tous les sites
caractérisés dans le cadre de cette étude. Le substrat rocheux est recouvert d’une mince couche
de végétation. Le scirpe américain et l’eupatoire perfoliée dominent les zones plus basses du
marais. Le haut du marais présente un nombre important d’espèces telles l’eupatoire maculée,
la spartine pectinée et l’aster simple. En plus de retrouver une forte biodiversité, ce marais
renferme une espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable et deux espèces
menacées. Leur nom n’est pas mentionné afin de les protéger. Il est important de signaler la
présence de deux espèces envahissantes sur le site : la salicaire pourpre et le butome à
ombelle. Toutefois, ces dernière ne forment pas, pour le moment, de colonies pures. Peu
d’arbustes sont présents dans la zone perturbée, mais l’inventaire d’une zone naturelle a
permis d’identifier le saule discolore, le saule fragile, le saule rigide et le physocarpe à feuilles
d’obier. Le frêne de Pennsylvanie et l’ostryer de Virginie (Ostrya virginiana) figurent parmi
les arbres présents sur le site.
Selon un riverain, la baie est fréquentée par la bernache du Canada au printemps et l’oie des
neiges survole aussi le secteur. Selon Mousseau et al. (1998) le secteur est aussi visité par
quelques canards plongeurs à l’automne. Aucune nidification de canards n’a pu être
confirmée, mais la zone naturelle offre un bon couvert de protection pour la nidification de la
sauvagine. Le site est situé dans la zone d’alevinage de plusieurs espèces de poissons dont le
gaspareau, le meunier rouge, le meunier noir, le baret, l’esturgeon jaune et l’alose savoureuse,
104

une espèce vulnérable au Québec. Aucun indice n’a permis d’identifier les mammifères,
amphibiens et reptiles qui utilisent le site, mais il est fort probable que plusieurs espèces
exploitent le milieu naturel en aval de la zone problématique. Il est à noter qu’aucun inventaire
faunique exhaustif n’a été effectué dans le cadre de cette étude.
Ce site comporte deux sections aux intensités d’érosion différentes. Il y a un manque de
végétation arbustive dans les deux zones. La rive de la première section est constituée d’un
petit talus de 1,50 mètres coupant à 90° dans sa première moitié (Figure 7.10). L’autre moitié
a une pente d’environ 30° avec une petite zone enrochée. L’érosion est relativement faible, le
site se situant dans la baie avec, au devant, un marais large en pente de 1,5°. Entre le talus et le
marais, on retrouve une plage de gravier en pente de 7° mesurant 11 mètres de long. Des rives
naturelles stables entourent cette zone. La seconde zone est plus problématique. Elle est
située à la sortie de la baie, en amont, et est soumise à de fortes vagues, au vent et à des
poussées glacielles. Le batillage des bateaux, bien que le chenal de navigation soit situé à plus
de 3800 mètres, est évident. Cette partie du fleuve comporte des courants forts et complexes
(Mousseau et Armellin, 1995). La rive est stabilisée par un mur de béton. Ce mur est en partie
défait dans plusieurs zones et un talus d’érosion s’est formé à l’arrière. La pente et la hauteur
du talus et du mur varient selon la position sur la rive (Figure 7.10). Le marais au devant de
cette section est quasi inexistant et le roc affleure (2,5° de pente). Entre la zone de roc et la
rive, une plage de gravier de 13 mètres (8° de pente) est également présente.
Pour la première section, un reprofilage est nécessaire afin d’adoucir la pente (Figure 7.10).
Un reprofilage, pour obtenir une pente de 20°, permet généralement l’implantation de la
végétation. Ce reprofilage peut être suivi de l’installation, à la base du talus, d’un bourrelet de
pierres. Dans la pente, il suffit d’implanter des arbustes sous forme de matelas de branches ou
de fagots avec un dallage de cailloux. Des espèces adaptées aux inondations occasionnelles
doivent être choisies. Pour la région, des espèces comme le saule rigide, le cornouiller
stolonifère et le physocarpe à feuilles d’obier sont appropriées. Les saules doivent être placés à
la base de la pente. L’implantation de la végétation doit se faire rapidement après le
reprofilage. À la base de l’enrochement, une rangée de fagots (saule rigide) peut être
implantée.
105

Pour la seconde section, il faut être prudent dans la réalisation des travaux étant donné les
forces érosives plus intenses. La consultation d’un spécialiste en génie végétal est fortement
recommandée. Le début de la section est relativement stable (sur quelques mètres). La pente
est de 20° et est couverte de végétation (Figure 7.10). Des plants supplémentaires peuvent être
disposés dans cette zone. Dans la zone suivante, des plants peuvent être plantés au sommet du
mur et des fagots peuvent être installés à la base du mur. La troisième zone, renfoncée vers
l’intérieur du rivage, ne nécessite qu’un léger reprofilage. Cette zone peut être facilement
stabilisée à l’aide d’un empierrement minimal et de rangs de fagots. Le mur ainsi que le
poteau luminaire (Figure 7.10, sous-zone D) devraient être éliminés afin d’uniformiser cette
zone avec la zone précédente (Figure 7.10, sous-zone E). Dans la dernière zone, où le mur est
en partie tombé, un reprofilage peut être fait afin d’obtenir une pente de 15° à 20°. À la base
de la pente, les restes du mur peuvent être conservés sinon un empierrement est nécessaire. Un
fagot peut être installé à l’avant s’il est possible de creuser une encoche d’une quinzaine de
centimètres minimum. L’implantation d’arbustes dans la pente peut se faire sous forme de
fagots avec un dallage de cailloux. Les espèces recommandées pour ce secteur sont le
physocarpe à feuilles d’obier et le cornouiller stolonifère. D’autres espèces, telles le rosier
rugueux (espèce non indigène naturalisée), la spirée à larges feuilles, la viorne cassinoïde, la
viorne trilobée, l’aronia noir, les sorbiers spp., et les amélanchiers spp. peuvent être plantées
au sommet du mur et des pentes afin de stabiliser davantage le sol et de créer un
environnement favorable pour la faune. Les enjeux de la problématique et des propositions de
restauration sont résumés au tableau 7.10.
106

Figure 7.10 Site 10 - Saint-Vallier : représentation schématique.
Le site est divisé en 2 zones, selon le type de problématiques retrouvées. La zone 2 est
divisée en 5 sous-zones. A : stable avec manque de végétation (25°, 1,80 m). B : mur
de béton (0,90 m). C : encoche dans le terrain avec petit talus (23°). D : mur de béton à
enlever (1 m). E : talus dont des sections ont été enrochées (30 à 60°).
107

Tableau 7.10 Site 10 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 10
Municipalité régionale de Bellechasse
comté
Municipalité
Saint-Vallier
Localisation Secteur situé en amont de l’anse des Boutin
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
362523; 5196809
Végétation Une espèce susceptible d’être désignée menacée ou
vulnérable et deux espèces menacées ont été trouvées
sur le site.
- Marais Scirpe américain avec eupatoire perfoliée
- Arbustive Saule discolore, saule fragile, saule rigide, physocarpe
à feuilles d’obier
- Arborescente Frêne de Pennsylvanie, ostryer de Virginie
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Potentiel pour la nidification de la sauvagine
- Aire d’alevinage pour plusieurs espèces de
poissons
- Espèce vulnérable : alose savoureuse
Problématique Mur de béton
Longueur du site 95 mètres
Propositions de restauration T1
- Reprofiler la pente (20° environ).
- Installer un bourrelet de pierres à la base de la
pente reprofilée.
- Placer des fagots à la base du bourrelet de
pierres.
- Implanter des arbustes sous forme de matelas de
branches ou de fagots avec un dallage de
cailloux dans la pente reprofilée.
108

Effets bénéfiques de la
restauration
T2
- Consulter un spécialiste en génie végétal.
- Selon les sections, combiner plusieurs
techniques (ex. : Reprofilage, végétalisation
(fagots, plants), dallage de cailloux,
empierrement).
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Amélioration de l’aspect visuel de la rive
- Stabilisation du rivage à long terme
109

7.2.11 Site 11 - Berthier-sur-Mer
Municipalité régionale de comté : Montmagny
Municipalité : Berthier-sur-Mer
Localisation : Anse de Bellechasse
Coordonnées : 366347; 5197397 (UTM, NAD 83)
Problématique : Enrochement avec affaissement du terrain, absence de végétation
Longueur du site : 33 mètres
Ce site est caractérisé par une absence de végétation à laquelle s’ajoute un problème de
sapement par les vagues. On note, par ailleurs, la présence d’une zone enrochée stable à
126 mètres en aval dans laquelle des arbres et des arbustes se sont implantés. Le site montre
les limites que peut avoir une stabilisation du rivage par un enrochement sans intégration de
végétation dans l’aménagement.
Le site est situé dans l’anse de Bellechasse. Le littoral est couvert d’un marais d’une grande
superficie. La nature des dépôts va d’un loam limono-argileux dans le marais supérieur à un
sable limoneux mélangé avec des cailloux dans le marais inférieur.
En ce qui concerne la végétation, on remarque que le marais inférieur est caractérisé
principalement par la présence du scirpe américain tandis que l’eupatoire maculée, l’aster
simple, la berle douce et la spartine pectinée couvrent le marais supérieur. La salicaire
pourpre, espèce envahissante, est dispersée dans le marais. Par ailleurs, on note la présence
d’une espèce menacée et d’une espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable.
Leur nom n’est pas mentionné afin de les protéger. Le saule rigide, le cornouiller stolonifère et
le saule de l’intérieur se trouvent aux abords du site. Le saule fragile, le frêne de Pennsylvanie,
l’érable négondo poussent dans le secteur.
Le site offre un certain potentiel pour la sauvagine. Un propriétaire riverain mentionne que les
oies s’arrêtent occasionnellement en ces lieux et que leur nombre varie en fonction des années.
De plus, quelques centaines de bernaches du Canada s’arrêtent au printemps (Mousseau et al.,
1998). Le propriétaire a aussi confirmé la nidification de canards. Plusieurs oiseaux de rivage
font haltes dans l’anse de Bellechasse à la fin du mois d’avril et au début du mois d’août
(Brousseau, 1981). Cependant, ils se concentrent essentiellement à l’embouchure de la rivière
110

des Mères, située à l’ouest de l’anse. Le substrat y est vaseux et la nourriture, plus abondante.
La rivière des Mères et le ruisseau Bellechasse sont des sites de fraie potentiels pour le
meunier noir et le meunier rouge (Therrien et al., 1991). Le site à l’étude se trouve au niveau
d’une aire d’alevinage pour diverses espèces de poissons telles le gaspareau, le baret, les dorés
et l’alose savoureuse (Mousseau et Armellin, 1995). Cette dernière est une espèce considérée
vulnérable au Québec. Toujours selon le même propriétaire, le mammifère le plus
fréquemment rencontré sur le littoral est le rat musqué. Il est aussi probable que des
amphibiens et des reptiles utilisent le milieu.
Le site est situé au fond d’une baie et fait face au nord-ouest. Le marais supérieur relativement
étroit (13,80 mètres) est soumis à l’érosion. Les vagues sont généralement assez fortes selon le
propriétaire. Le talus d’érosion du marais supérieur a une pente de 13° et est long de
4,40 mètres (Figure 7.11). Le marais inférieur a une pente de 2° et le marais supérieur a une
pente de 5°. Ces pentes absorbent une partie de l’énergie des vagues. L’enrochement du site a
été effectué par le gouvernement fédéral et la municipalité au début des années soixante.
Presque tous les arbres sur le site ont été plantés par le propriétaire depuis 1971. La façade du
site est constituée de remplissage et s’affaisse progressivement. L’affaissement s’est accéléré
ces dernières années. L’enrochement est composé de gros blocs (diamètre moyen de plus de
0,70 mètre) et sa pente est de 33° (longueur : 4 mètres). La végétation du haut de
l’enrochement est herbacée. Le sol derrière cette structure est constitué de sable fin et de limon
granulaire. La marée au printemps monte jusqu’au haut de l’enrochement. Au sommet, se
trouve une encoche d’environ trente centimètres. Un vent dominant en provenance du Nord
affecte la baie. Au printemps, les glaces fondent rapidement et forment quelquefois des
embâcles.
L’enrochement a besoin d’être relevé afin que la force des vagues des hautes marées soit
dissipée sur les pierres et non sur l’encoche que l’on retrouve en haut de l’enrochement
(Figure 7.11). Ces modifications peuvent également nécessiter l’ajout de matériel et un
repositionnement des blocs. L’enrochement et le sommet de celui-ci manquent de végétation.
Dans le haut de l’enrochement rehaussé, un ou deux rangs de fagots avec un dallage de pierres
peuvent être installés. Un matelas de branches peut ensuite être implanté en haut des fagots.
111

Les espèces recommandées sont le cornouiller stolonifère et le physocarpe à feuilles d’obier.
De la vigne vierge et de la vigne des rivages peuvent aussi être plantées afin de dissimuler
l’enrochement et de fournir un couvert de fuite aux animaux. Finalement, il est fortement
recommandé de planter quelques arbustes et arbres de petite taille en haut des matelas de
branches afin qu’ils puissent stabiliser davantage le sol. Les espèces végétales à favoriser pour
ce type de plantation doivent être présentes localement. Plusieurs espèces indigènes sont
résistantes aux conditions locales et sont décoratives. On retrouve, entre autres, le rosier
rugueux (espèce non indigène naturalisé), la spirée à larges feuilles, la viorne cassinoïde, la
viorne trilobée, l’aronia noir, les sorbiers spp., et les amélanchiers spp. Un résumé de la
problématique et des propositions de restauration figure au tableau 7.11.
112

Figure 7.11 Site 11 - Montmagny : représentation schématique.
113

Tableau 7.11 Site 11 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 11
Municipalité régionale de Montmagny
comté
Municipalité
Berthier-sur-Mer
Localisation Anse de Bellechasse
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
366347; 5197397
Végétation Une espèce susceptible d’être désignée menacée ou
vulnérable et une espèce menacée ont été trouvées sur
le site.
- Marais Scirpe américain
- Arbustive Saule rigide, cornouiller stolonifère, saule de
l’intérieur
- Arborescente Saule fragile, frêne de Pennsylvanie, érable négondo
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Halte migratoire pour les oiseaux de rivage
- Aire d’alevinage pour plusieurs espèces de
poissons
- Espèce vulnérable : alose savoureuse
Problématique Enrochement avec affaissement du terrain, absence de
végétation
Longueur du site 33 mètres
Propositions de restauration - Relever l’enrochement par l’ajout de matériel et
un repositionnement léger des blocs.
- Implanter un ou deux rangs de fagots avec un
dallage de pierres dans le haut de
l’enrochement.
- Implanter des matelas de branches en haut des
fagots.
- Planter des vignes, des arbustes et des arbres de
petite taille sur le replat.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Stabilisation du rivage à long terme
114

7.2.12 Site 12 - Montmagny
Municipalité régionale de comté : Montmagny
Municipalité : Montmagny
Localisation : Secteur des habitations riveraines à l’ouest de la municipalité
Coordonnées : 373966; 5202389 (UTM, NAD 83)
Problématique : zone sans végétation avec rochers protecteurs dans le marais
Longueur du site : 50 mètres
Ce site est protégé par la roche sédimentaire en place, qui atténue la force des vagues. La
problématique observé concerne le manque ou l’absence totale de végétation. Ce type de
rivage est commun sur le territoire à l’étude. Le manque de végétation sur les propriétés
riveraines réduit le couvert de fuite des espèces animales qui fréquentent le littoral et diminue
les superficies disponibles pour leur alimentation et leur reproduction. Les arbustes présents
dans le marais supérieurs sont souvent coupés afin de dégager une vue sur le fleuve. Cette
absence d’arbustes dans le marais supérieur et le rivage rend le milieu peu propice aux
différentes espèces fauniques.
Le marais n’est pas très large à cet endroit et est suivi d’un flan rocheux vers le large. Il est
recouvert d’une mince couche de sol compacté et de racines. En ce qui concerne la végétation,
on note que le scirpe américain côtoie la berle douce et l’eupatoire perfoliée dans la portion
inférieure du marais. Quelques arbustes tels le saule rigide et le physocarpe à feuilles d’obier
ont été conservés par endroits. Deux espèces susceptibles d’être désignées menacées ou
vulnérables et deux espèces menacées ont été localisées dans le marais. Leur nom n’est pas
mentionné afin de les protéger. Peu d’arbres ont été conservés sur le bord du littoral.
Cependant, on note la proximité d’une érablière à sucre.
Bien que le site soit situé près du refuge d’oiseaux migrateurs de Montmagny et que la
nourriture soit peu abondante, les riverains ont noté une nette augmentation de l’effectif de
l’oie des neiges depuis quatre ans. Ceci est possiblement dû au manque de ressources pour les
oies au refuge de Montmagny. Les oies recherchent d’autres secteurs d’alimentation en cours
de migration. Il est également possible d’observer le grand héron dans le secteur. Le site se
trouve à proximité d’une importante aire d’alevinage pour l’alose savoureuse, espèce
vulnérable au Québec (Mousseau et al., 1998). Il est aussi probable que plusieurs mammifères,
115

amphibiens et reptiles fréquentent le site. Toutefois, il est à noter qu’aucun inventaire faunique
n’a été réalisé sur le site dans le cadre de cette étude.
En ce qui a trait aux problématiques de perturbation d’habitats, deux secteurs ont été examinés
de près. Le premier est doté d’un mur de béton de 92 centimètres à 1,02 mètres de haut. On
retrouve peu de végétation sur la bordure de ce mur (Figure 7.12). L’avant-plage a une pente
de 4°. Une zone plus naturelle est située entre les deux secteurs et vis-à-vis d’une deuxième
propriété. Le rivage et le littoral de cette zone comporte plusieurs arbustes. Quelques arbres
sont présents sur la rive. La deuxième propriété présente une végétation limitée sur le rivage.
Elle a une pente faible vers le fleuve (6° dans les 15 premiers mètres, 3° ensuite). Les deux
secteurs sont stables et ne présentent aucun ruissellement ou ravinement pouvant causer des
problèmes futurs. Les vents sont faibles et viennent de l’ouest, sauf l’automne où ils viennent
de l’est. À cette période de l’année, les vagues sont plus fortes. La ligne des hautes eaux est
située à la limite des terrains. À l’occasion lors des grandes marées, l’eau monte sur le terrain
non stabilisé.
Afin d’améliorer l’habitat, certaines avenues peuvent être considérées (Figure 7.12). Peu de
techniques s’appliquent lorsqu’il est question de recouvrir un mur en béton. La meilleure
solution est l’établissement de la vigne vierge et de la vigne des rivages au sommet du mur
telle qu’expliquée au début de ce chapitre. De plus, l’implantation d’arbustes et d’arbres de
petite taille au sommet du mur est fortement recommandée. Les espèces végétales à favoriser
pour ce type de plantation doivent être présentes localement. Plusieurs espèces indigènes sont
résistantes aux conditions locales et sont décoratives. On retrouve, entre autres, le rosier
rugueux (espèce non indigène naturalisée), le physocarpe à feuilles d’obier, la spirée à larges
feuilles, la viorne cassinoïde, la viorne trilobée, l’aronia noir, les sorbiers spp., et les
amélanchiers spp. La seconde propriété offre un plus grand éventail de possibilités
d’aménagement. L’implantation de quelques espèces d’arbustes peut être envisagée afin de
préserver la stabilité du rivage et augmenter la qualité de l’habitat. Des boutures, des fagots ou
des plants peuvent être utilisés selon les espèces. Le physocarpe à feuilles d’obier et le
cornouiller stolonifère peuvent être utilisés sur le terrain. Le tableau 7.12 résume la
problématique et les propositions de restauration.
116

Figure 7.12 Site 12 - Montmagny : représentation schématique.
117

Tableau 7.12 Site 12 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 12
Municipalité régionale de Montmagny
comté
Municipalité
Montmagny
Localisation Secteur des habitations riveraines situées à l’ouest de
la municipalité.
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
373966; 5202389
Végétation Deux espèces susceptibles d’être désignées menacées
ou vulnérables et deux espèces menacées ont été
trouvées sur le site.
- Marais Scirpe américain avec berle douce et eupatoire
perfoliée
- Arbustive Saule rigide, physocarpe à feuilles d’obier
- Arborescente Érable à sucre à proximité
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Habitat d’oiseaux aquatiques (ex. : grand héron)
- Espèce vulnérable : alose savoureuse
Problématique Zone sans végétation avec protection rocheuse dans le
marais
Longueur du site 50 mètres
Propositions de restauration T1
- Implanter des vignes, des arbustes et des arbres
de petite taille au sommet du mur de béton et du
mur de pierres.
T2
- Végétaliser la rive à l’aide de plants, de
boutures et de fagots.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Stabilisation du rivage à long terme
- Amélioration de l’aspect visuel de la rive
118

7.2.13 Site 13 - Montmagny
Municipalité régionale de comté : Montmagny
Municipalité : Montmagny
Localisation : Pointe aux Oies
Coordonnées : 382243; 5205709 (UTM, NAD 83)
Problématique : érosion d’un marais
Longueur du site : 100 mètres
L’érosion faible et la sédimentation sont des phénomènes naturels dans un marais à scirpe.
Cependant, certains marais subissent une forte érosion depuis plusieurs années; ce qui semble
compromettre l’équilibre de ces écosystèmes. Ce phénomène est lié à plusieurs facteurs et
pourrait créer des problèmes dans le futur. Le marais de Montmagny est un site en érosion
identifié et étudié depuis plusieurs années. Un refuge d’oiseaux migrateurs est situé dans une
portion de ce marais. Il est l’un des plus vastes marais de la région.
Le marais de Montmagny est dominé par le scirpe américain et la zizanie à fleurs blanches
variété naine dans sa partie inférieure. Une espèce susceptible d’être désignée menacée ou
vulnérable a été identifiée dans le marais. Le substrat est rocheux et recouvert d’une très mince
couche de sol. Le marais supérieur est composé, entre autres, de la spartine pectinée et de
divers carex (Carex spp.). La lisière de végétation présente dans le haut du marais supérieur
est caractérisée par le saule rigide, l’eupatoire maculée et le calamagrostis du Canada. De
petites mares localisées dans le marais supérieur sont peuplées par le rubanier à gros fruits
(Sparganium eurycarpum), la sagittaire latifoliée et le butome à ombelle, une espèce
envahissante. La salicaire pourpre, également envahissante, est présente à quelques endroits
sur le site. Le frêne de Pennsylvanie et le saule fragile sont les arbres dominants du secteur.
Au printemps et à l’automne, le marais est visité par des milliers d’oies des neiges et de
canards (Mousseau et al., 1998). Le broutement des scirpes par les oies maintient la
production à un niveau faible par rapport au potentiel du marais. Une perte graduelle et
constante de la densité des plants de scirpe est observée (Lefevre et al., 2000). Or, le broutage
intensif n’a pas que des effets négatifs puisque la diversité floristique augmente dans ces zones
(Mousseau et al., 1998). Les graines de certaines plantes, comme la zizanie à fleurs blanches
variété naine, attirent plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques et terrestres (le carouge à
119

épaulettes - Agelaius phoeniceus, la marouette de Caroline - Porzana carolina, diverses
espèces de canards) ainsi que le rat musqué (Fleurbec, 1987). La nidification du canard noir a
notamment été confirmée sur le site. Par ailleurs, plusieurs oiseaux de rivage s’arrêtent à
l’embouchure de la rivière du Sud en période de migration (Brousseau, 1981). Ce secteur est
situé à proximité de la zone à l’étude. En ce qui concerne la faune ichthyenne, il est intéressant
de noter qu’une importante aire d’alevinage pour les juvéniles de l’alose savoureuse se situe à
proximité du littoral de ce secteur (Mousseau et al., 1998). Beaucoup d’autres espèces
fauniques profitent de ce milieu relativement naturel pour se nourrir, se reproduire ou se
reposer. Cependant, aucun inventaire faunique exhaustif n’a été effectué dans le cadre de cette
étude.
Dans le marais de Montmagny, une micro falaise de 0,40 à 1,75 mètres sépare le marais
inférieur du marais supérieur (Figure 7.13 et Figure 7.14). La pente de cette micro-falaise
avoisine 90°, avec des encoches de profondeurs diverses. Cette micro-falaise est exposée aux
vagues lors des marées hautes. Les marées atteignent divers niveaux selon leur amplitude qui
varie tout au long de l’année. La largueur du marais supérieur est 4 à 5 fois moindre que la
largueur du marais inférieur (Figure 7.13). La pente du marais supérieur est presque nulle et la
pente du marais inférieur est de 4°. À quelques endroits, le marais supérieur a complètement
disparu. Selon Dionne et Bouchard (2000), son taux de recul varie de 1,30 à 4 mètres par
année, avec un taux moyen avoisinant 1,70 mètres par année. Le recul de la micro-falaise
survient surtout pendant la période sans glace (mai à novembre), les vagues jouant un rôle
prédominant dans l’érosion du marais supérieur. La période de déglacement et de dégel est
une période d’érosion active, tandis que pendant la période hivernale, la falaise est englacée et
l’activité érosive n’est qu’occasionnelle et varie selon les années. Les chasseurs peuvent aussi
avoir un impact sur l’érosion en raison de leurs pratiques dans le marais. Certains chasseurs
creusent des caches près de l’extrémité du marais supérieur. Lors des grandes marées, ces
caches peuvent favoriser l’érosion de ce secteur du marais supérieur. Les oies, présentes en
grand nombre au printemps et à l’automne, contribuent à l’abaissement et l’érosion du marais
inférieur, exposant un peu plus le bas de la falaise du marais supérieur (Dionne, 2001). Ce
phénomène pourrait être un facteur aggravant.
120

Le processus d’érosion dans un marais supérieur est graduel. Quand le schorre supérieur est
stable, une pente naturelle inclinée de 6° à 10° entre les marais supérieur et inférieur est
présente. Lors des premiers épisodes d’érosion, la pente est d’abord arrachée et la micro-
falaise est formée. La présence d’étroits rentrants crée ensuite des pointes et des péninsules.
Les vagues ont un effet marqué sur la portion inférieure de la falaise et peuvent créer des
encoches. Le tapis supérieur, composé d’un mélange minéral-végétal, retombe partiellement
sur l’encoche. Lors de la débâcle, des portions relativement importantes du tapis du marais
supérieur peuvent être arrachées et emportées par les glaces.
Figure 7.13 Site 13 - Montmagny
Les transects de végétation sont positionnés, ainsi que la limite en érosion marais
supérieur – marais inférieur (ligne pointillée) et la limite marais inférieur – vasière
(zone entourée par une ligne blanche).
121

Figure 7.14 Érosion du marais supérieur du site 13.
Le talus est de 1,30 mètres de haut.
Pour Dionne (2001), il est utopique de penser apporter des correctifs importants, comme des
constructions. Les coûts impliqués serait importants et d’autres problèmes pourraient résulter
des modifications; par exemple, l’augmentation du taux d’érosion du marais inférieur. Il a été
suggéré plusieurs fois de permettre une chasse alternée dans diverses zones du marais de
Montmagny, même dans la portion du refuge d’oiseaux migrateurs, afin de maintenir et
d’améliorer l’état des populations végétales du marais inférieur (Lefevre et al., 2000). Afin de
mieux connaître cette problématique, une étude hydraulique ainsi qu’un suivi du recul et de
l’évolution des marais devraient être mis en œuvre.
Ce type d’érosion n’est pas unique au marais de Montmagny, mais est présent sur tout le
littoral de Chaudière-Appalaches et sur la rive nord du Saint-Laurent (Dionne, 2000). Les
principales zones où un marais supérieur est en érosion dans la région, outre le marais de
Montmagny, sont l’anse de Bellechasse et tous les marais face à Cap-Saint-Ignace. La grande
majorité des marais supérieurs du littoral régional connaissent les mêmes problèmes. Les taux
de recul sont importants (plus de 1 mètre par année) et le marais supérieur a disparu à
122

plusieurs endroits. Les causes exactes de ce problème ne sont pas bien définies (Dionne et
Bouchard, 2000) bien que certains facteurs aient été quantifiés (Lefevre et al., 2000). La perte
de marais supérieurs est alarmante d’un point de vue écologique car c’est une perte nette
d’habitats pour plusieurs animaux et végétaux qui se retrouvent seulement dans ce type
d’écosystème. La perte de milieux humides le long du Saint-Laurent, à un moment où
plusieurs grandes zones littorales de la région sont anthropisées, engendre certaines
inquiétudes quant au maintien à long terme des habitats.
Certains secteurs problématiques dans la région offrent un potentiel pour une restauration des
marais à scirpe. Ces secteurs doivent répondre à quelques critères. Un substrat fin doit être
présent pour permettre la fixation de la végétation (Robert Hamelin & Associés, 1991). Ce
besoin en sédiments fins doit être comblé, soit par la sédimentation dans le marais, soit par une
absence des processus érosifs (courants, glaces et vagues). Certaines zones du fleuve sont plus
turbides et déposent plus de sédiments sur les littoraux, comme la zone du marais de
Montmagny. Il semble cependant que ce ne soit pas suffisant pour que le site soit en équilibre.
La région du marais à restaurer doit être prise en compte afin de bien cibler les espèces
végétales appropriées. La productivité est aussi à considérer, un marais à scirpe devient moins
productif s’il est situé dans une région de marées salées et s’il est inondé trop longtemps
(Sérodes et al., 1985). Avant d’entreprendre un tel projet de restauration, il faut bien
s’informer et connaître le site, étant donné la dynamique complexe de tels écosystèmes. Pour
le site 13, aucune proposition de restauration n’est formulée. Par contre, il est recommandé de
consulter une équipe multidisciplinaire habilitée à intervenir dans des cas semblables. La
problématique est résumée au tableau 7.13.
123

Tableau 7.13 Site 13 : Résumé de la problématique.
Site 13
Municipalité régionale de Montmagny
comté
Municipalité
Montmagny
Localisation Pointe aux Oies
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
382243; 5205709
Végétation Une espèce susceptible d’être désignée menacée ou
vulnérable a été trouvée sur le site.
- Marais Scirpe américain avec zizanie à fleurs blanches variété
naine
- Arbustive Saule rigide
- Arborescente Frêne de Pennsylvanie, saule fragile
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Halte migratoire pour les oiseaux de rivage
- Lieu de nidification pour la sauvagine
- Espèce vulnérable : alose savoureuse
Problématique Érosion d’un marais
Longueur du site 100 mètres
Proposition de restauration - Consulter une équipe multidisciplinaires expérimentée.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Conservation du marais supérieur
- Maintient du couvert protecteur et de la source
de nourriture pour la faune
- Stabilisation du rivage
- Préservation d’un territoire de chasse à l’oie afin
d’assurer le contrôle des populations
124

7.2.14 Site 14 - Cap-Saint-Ignace
Municipalité régionale de comté : Montmagny
Municipalité : Cap-Saint-Ignace
Localisation : Extrémité est de la municipalité
Coordonnées : 390184; 5213916 (UTM, NAD 83)
Problématique : Enrochement et érosion
Longueur du site : 39,5 mètres
L’enrochement borde une propriété et est terminé par un mur de béton. De la vigne vierge a
été implantée dans le haut de l’enrochement. Cette structure a été installée, il y a de
nombreuses années et le sol derrière est érodé par les vagues; ce qui provoque un
vallonnement du terrain dans les deux mètres contigus au sommet de l’enrochement. Le sol
n’est pas protégé de la force érosive des vagues bien que les roches dissipent la majeure partie
de cette énergie. Ce type d’enrochement sans protection (géotextile à l’arrière) est commun.
Dans la plupart des cas, il n’y a pas de végétation; ce qui aiderait à stabiliser quelque peu le
substrat.
Devant l’enrochement, un marais d’une superficie restreinte est limité par un rocher. Le sol est
mince et principalement composé d’un mélange de limon, d’argile et de sable, laissant
quelquefois entrevoir le rocher sous-jacent. Certains secteurs contiennent également du gravier
et des cailloux.
Ce marais est composé principalement de scirpe américain associé à la berle douce. Les
arbustes représentatifs du secteur sont le saule de l’intérieur et le saule rigide. La spartine
pectinée croît avec les saules. Deux espèces susceptibles d’être désignées menacées ou
vulnérables ont été trouvées dans le marais. Leur nom n’est pas mentionné afin de les
protéger. Quelques arbres tels l’érable négondo et le peuplier baumier sont présents sur le
terrain qui borde le littoral.
Bien que le secteur soit fortement anthropisé, quelques animaux ont pu être répertoriés. En
effet, plusieurs laridés ont été observés à chacune des visites. Un propriétaire riverain
mentionne que l’oie des neiges visite le site à chaque printemps. De plus, il observe
régulièrement le canard colvert et le grand héron. Par ailleurs, il y a une aire d’alevinage pour
125

l’alose savoureuse dans les eaux à proximité du secteur (MPO, 1996 dans Mousseau et al.,
1998). L’alose savoureuse est une espèce considérée vulnérable au Québec. Le cerf de
Virginie est fréquemment observé sur le littoral. Il est à noter qu’aucun inventaire faunique
exhaustif n’a été réalisé sur ce site dans le cadre de cette étude.
L’enrochement est de 1,22 mètres de haut avec une pente de 36° au début (Figure 7.15). Au
milieu, il est de 2,18 mètres de haut avec une pente de 33°. La pente varie entre ces deux
valeurs. L’enrochement est en majeure partie recouvert par de la vigne vierge, le propriétaire y
dispose les tiges s’étalant sur son terrain. Une zone de 8 mètres au centre du terrain est boisée.
Cette zone est plus stable que les autres. Les marées hautes atteignent fréquemment
l’enrochement. L’eau peut donc y pénétrer régulièrement. L’enrochement est relativement
stable, seules quelques roches déboulent chaque année. Le sapement du terrain par le dessous
est faible et n’a produit que quelques trous. Le terrain est composé de matériel de remplissage.
La pente de l’avant-plage varie entre 0,5° et 12°, selon les portions du littoral. Certaines zones
sont rocheuses. Les vents sont forts, provenant du nord-ouest ou du nord-est. L’amplitude des
vagues est de plus d’un mètre lorsqu’il vente. Pendant l’hiver, la glace est semi-continue,
certaines banquises étant arrachées périodiquement. La fonte des glaces se fait principalement
sur place bien qu’il y ait un peu de glaces de dérive. Le niveau de l’eau est plus bas ces
dernières années et l’eau est devenue trouble selon un propriétaire riverain.
L’enrochement et le sommet de celui-ci manquent de végétation dans certaines portions. Une
réintroduction d’espèces choisies peut aider à la stabilisation du sol derrière l’enrochement.
Ces espèces doivent avoir un très bon système racinaire afin de bien stabiliser le sol. Une
lisière de deux mètres d’arbustes et d’arbres de petite taille peut être implantée au sommet de
l’enrochement (Figure 7.15). Les espèces végétales à favoriser pour ce type de plantation
doivent être présentes localement. Plusieurs espèces indigènes sont résistantes aux conditions
locales et sont décoratives. On retrouve, entre autres, le rosier rugueux (espèce non indigène
naturalisée), le physocarpe à feuilles d’obier, la spirée à larges feuilles, la viorne cassinoïde, la
viorne trilobée, l’aronia noir, les sorbiers spp., et les amélanchiers spp. Des vignes peuvent
être plantées pour coloniser la zone de l’enrochement dépourvue de végétation. Quelques
arbustes croissent déjà à la base de l’enrochement, dans une zone où le sol leur est propice. Il
126

est important de laisser ces arbustes croître afin de diminuer la force des vagues qui affecte le
site. Les particularités de la problématique et des propositions de restauration sont réunies au
tableau 7.14.
127

Figure 7.15 Site 14 - Cap-Saint-Ignace : représentation schématique.
128

Tableau 7.14 Site 14 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 14
Municipalité régionale de Montmagny
comté
Municipalité
Cap-Saint-Ignace
Localisation extrémité est de la municipalité
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
390184; 5213916
Végétation Deux espèces susceptibles d’être désignées menacées
ou vulnérables ont été trouvées sur le site.
- Marais Scirpe américain avec berle douce
- Arbustive Saule rigide, saule de l’intérieur
- Arborescente Érable négondo, peuplier baumier
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Alimentation des laridés
- Alimentation pour les oiseaux aquatiques
(ex. : grand héron)
- Espèce vulnérable : alose savoureuse
Problématique Enrochement et érosion
Longueur du site 39,5 mètres
Propositions de restauration - Planter des arbustes et des arbres de petite taille
au sommet de l’enrochement.
- Introduire de la vigne vierge et de la vigne des
rivages dans la zone de l’enrochement
dépourvue de végétation.
- Laisser croître les arbustes poussant à la base de
l’enrochement.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Stabilisation du rivage à long terme
- Amélioration de l’aspect visuel de la rive
129

7.2.15 Site 15 - Saint-Jean-Port-Joli
Municipalité régionale de comté : L’Islet
Municipalité : Saint-Jean-Port-Joli
Localisation : Anse Trois-Saumons
Coordonnées : 400061; 5223862 (UTM, NAD 83)
Problématique : secteur en légère érosion dans une baie et manque de végétation par endroit
Longueur du site : 42 mètres
Le marais est un refuge d’oiseaux migrateurs sous la responsabilité du Service canadien de la
faune. Des zones de faible érosion sont présentes dans la baie du site 15. On note également
un manque de végétation sur le rivage dans plusieurs zones. L’érosion agit à divers endroits
dans cette portion du territoire à l’étude. L’absence de végétation pour stabiliser le sol est un
facteur déterminant de cette problématique d’érosion.
Le marais présente une végétation diversifiée avec dominance du scirpe américain et de la
zizanie à fleurs blanches variété naine. Une espèce susceptible d’être désignée menacée ou
vulnérable a été trouvée dans la zone intertidale. La berle douce, l’aster simple et la spartine
pectinée comptent parmi les espèces présentes dans le marais supérieur. Le saule fragile et le
frêne de Pennsylvanie poussent naturellement dans le secteur. Le marais est rocheux et
recouvert d’une fine couche de sol.
Des milliers d’oies font halte dans la baie en cours de migration. Un propriétaire riverain
mentionne la présence de la bernache du Canada et de diverses espèces de canards telles
l’eider à duvet (Somateria mollissima), le canard noir et le canard colvert. Le grand héron, le
cormoran à aigrettes, le goéland marin et quelques oiseaux de rivage sont aussi observés. La
végétation du marais procure abris et nourriture aux poissons. Il est important de mentionner
que le site est localisé dans une aire d’alevinage pour les juvéniles de l’alose savoureuse, une
espèce vulnérable (MPO, 1996 dans Mousseau et al., 1998). Le cerf de Virginie figure parmi
les espèces de mammifères qui visitent fréquemment le marais. Selon un riverain, un
phoque sp. a été aperçu dans le secteur il y a environ quatre ans. Quelques amphibiens et
reptiles trouvent potentiellement refuge sur le site, mais leur présence n’a pu être confirmée,
lors des visites sur le terrain effectuées dans le cadre de cette étude.
130

Une maison est présente sur le site. Les fondations de la propriété sont visibles du côté du
littoral et les deux sections de chaque côté comportent de petits talus d’érosion (Figure 7.16).
Du côté aval, quelques arbres sont présents. Le talus d’érosion est haut de 0,67 mètre et a une
pente d’environ 90°. Du côté amont, le talus est plus élevé et divisé en deux parties. La
première partie mesure 0,50 mètre de haut et montre une pente de 90°; tandis que la seconde
partie mesure 2,10 mètres de haut avec une pente de 27°. Quelques saules arborescents sont
situés au bas du talus ou à la limite de celui-ci le long du rivage. Sur ces arbres, on peut
apercevoir des cicatrices glacielles anciennes qui montrent que le site est affecté par le
mouvement des glaces. Cependant, la glace fond principalement sur place et les poussées
glacielles sont rares. Les vagues doivent également jouer un rôle de sapement pendant les
grandes marées, étant donné que l’eau monte jusqu’au talus à marée haute. L’avant-plage
présente deux pentes. Les premiers mètres varient de 8° à 10° et le marais a une pente de 2° à
3°. Une section de rive de quelques centaines de mètres plus à l’ouest est stable, malgré
l’absence de stabilisation mécanique (ex. : enrochement).
Les possibilités d’action sont limitées étant donné que le marais est un refuge d’oiseaux
migrateurs. Il est préférable de consulter des spécialistes pour vérifier les options de protection
de la fondation de la résidence. Des travaux de reprofilage léger (Figure 7.16) ainsi qu’une
implantation d’arbustes adéquats et résistants à la poussée des glaces printanières pourraient
limiter l’érosion ou l’éliminer complètement. Le reprofilage, pour obtenir une pente de 20°
approximativement, permet une bonne implantation de la végétation. Ce reprofilage peut être
suivi de l’installation, à la base du talus, d’un bourrelet de roches ainsi que de l’implantation
d’arbustes sous forme de matelas de branches ou de fagots avec dallage de cailloux. Une
stabilisation de la pente doit rapidement être effectuée après le reprofilage. À la base de
l’enrochement, une rangée de fagots peut être utilisée. L’espèce d’arbuste à utiliser à la base
de la pente reprofilée est le saule rigide et les espèces qui peuvent être implantées dans la
pente sont le cornouiller stolonifère et le physocarpe à feuilles d’obier. Le tableau 7.15
synthétise les enjeux de la problématique.
131

Figure 7.16 Site 15 - Saint-Jean-Port-Joli : représentation schématique.
132

Tableau 7.15 Site 15 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 15
Municipalité régionale de L’Islet
comté
Municipalité
Saint-Jean-Port-Joli
Localisation Anse Trois-Saumons
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
400061; 5223862
Végétation Une espèce susceptible d’être désignée menacée ou
vulnérable a été trouvée sur le site.
- Marais Scirpe américain avec zizanie à fleurs blanches variété
naine
- Arbustive Il n’y a pas d’arbuste sur le site.
- Arborescente Saule fragile, frêne de Pennsylvanie
Faune - Refuge d’oiseaux migrateurs
- Alimentation pour les laridés
- Habitat pour les oiseaux aquatiques
(ex. : grand héron)
- Espèce vulnérable : alose savoureuse
Problématique Secteur en légère érosion dans une baie et manque de
végétation par endroits.
Longueur du site 42 mètres
Propositions de restauration - Refrofiler la pente ( 20°).
- Installer un bourrelet de pierres à la base de la
pente reprofilée.
- Implanter des arbustes sous forme de matelas de
branches ou de fagots avec un dallage de
cailloux dans la pente.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Stabilisation du rivage à long terme
- Amélioration de l’aspect visuel de la rive
133

7.2.16 Site 16 - Saint-Jean-Port-Joli
Municipalité régionale de comté : L’Islet
Municipalité : Saint-Jean-Port-Joli
Localisation : Anse Saint-Jean
Coordonnées : 407131; 5235284 (UTM, NAD 83)
Problématique : baie anthropisée avec diverses techniques de stabilisation et manque de
végétation
Longueur du site : 30,5 mètres
Ce site est représentatif d’une zone de chalets en bordure du littoral. Il y a un manque de
végétation sur les propriétés. Certains propriétaires riverains ont stabilisé la rive à l’aide de
différentes techniques. Cette diversité de stabilisation s’avère intéressante et permet de
suggérer une renaturalisation et une stabilisation des berges permettant d’améliorer les habitats
et de mieux intégrer les propriétés à leur environnement.
Le marais localisé au devant des habitations est constitué d’une fine couche de sol qui
recouvre des rochers. Les roches font surface à plusieurs endroits. Le marais est pauvre en
espèces végétales et est principalement composé du scirpe américain. Le cornouiller
stolonifère, le saule rigide et le rosier inerme (Rosa blanda) figurent parmi les espèces
indigènes rencontrées à proximité du site. L’élyme des sables (Elymus arenarius) et la spartine
pectinée sont aussi trouvées non loin du site. Peu d’arbres sont présents, à l’exception du
bouleau à papier et du pin rouge sur quelques terrains.
Le marais est visité par de nombreuses oies en période de migration printanière et automnale.
Elles sont plus nombreuses à l’automne et sont accompagnées de la bernache du Canada.
Selon une propriétaire riveraine, les oiseaux de rivage font également une halte en cours de
migration. Même si la végétation du marais est éparse, elle procure probablement abris et
nourriture à bon nombre de poissons. D’ailleurs, le site se situe dans une aire d’alevinage pour
les juvéniles de l’alose savoureuse, espèce vulnérable au Québec. Les mammifères les plus
fréquemment observés sur le rivage sont l’orignal et le cerf de Virginie. Le site est fortement
anthropisé, ce qui réduit son potentiel faunique. Il n’y a pas d’abris et la quantité de nourriture
disponible est restreinte pour les petits mammifères. Il en est de même pour les amphibiens et
les reptiles. Il est à noter qu’aucun inventaire exhaustif de la faune n’a été réalisé dans le cadre
de cette étude.
134

Le site est actuellement un lieu de sédimentation. Pendant la période des vives-eaux, une
couche de sédiments s’accumule en bordure des terrains. Deux terrains ont été choisis pour
présenter des possibilités de restauration. Le premier terrain a été choisi en raison de l’absence
de protection qui la caractérise. On note toutefois la présence de quelques végétaux dans la
pente. La pente du talus est de 39° environ et le premier 2,50 mètres de la plage a une pente de
10° (Figure 7.17). La plage de 15 mètres de long a une pente de 8°. La pente de l’avant-plage,
dans le marais, est presque nulle. Le second terrain est terminé par un mur de béton de
0,70 mètres de haut au milieu (variant de 0,20 à 0,80 mètre). La plage de 17 mètres au devant
de la propriété est inclinée à 8,5°. L’avant plage, dans le marais, a une pente de 1° à 2°. Seules
les grandes marées du printemps et de l’automne sont assez élevées pour toucher la base du
mur de béton et des escaliers. Les vents sont forts dans la baie et proviennent de l’ouest. Les
vagues sont puissantes pendant les grandes marées. L’eau atteint alors les dix à vingt premiers
centimètres du mur. La glace est continue dans la baie pendant l’hiver. Au printemps, la glace
fond sur place et une partie part à la dérive. Depuis 20 ans, les niveaux d’eau diminuent et les
apports en sable sont plus importants.
Les deux propriétés étudiées sont très différentes et doivent être traitées séparément. La
première propriété est stable et nécessite l’implantation de végétation supplémentaire (Figure
7.17). À l’avant du premier rang de pierres, sur la plage, un rang de fagots de saule rigide et de
saule de l’intérieur peut être implanté. Il est nécessaire d’utiliser un terreau dans la tranchée du
fagot, étant donné le sol graveleux présent sur place. Un deuxième rang de fagots de
physocarpe à feuilles d’pbier peut être installé à l’arrière du premier rang de pierres. Dans la
pente, divers arbustes peuvent être plantés tels le rosier rugueux, le cornouiller stolonifère et la
spirée à larges feuilles. Pour la seconde propriété, il y a peu de méthodes qui s’appliquent
quand il est question de remettre de la végétation sur un mur de béton. La technique la plus
appropriée est l’implantation de la vigne vierge et de la vigne des rivages sur le haut du mur
(Figure 7.17). Les tiges de vignes dissimulent graduellement le mur en poussant. La technique
est expliquée au début de ce chapitre. Des arbustes peuvent également être implantés au
sommet du mur. Les espèces végétales à favoriser pour ce type de plantation doivent être
présentes localement. Plusieurs espèces indigènes sont résistantes aux conditions locales et
sont décoratives. On retrouve, entre autres, le rosier rugueux (espèce non indigène
135

naturalisée), le physocarpe à feuilles d’obier, la spirée à larges feuilles, la viorne cassinoïde, la
viorne trilobée, l’aronia noir, les sorbiers spp., et les amélanchiers spp. Deux lignes de fagots
peuvent être plantées au devant du mur. La première ligne, à un mètre du mur, peut être
composée de branches de physocarpes à feuilles d’obier et la deuxième ligne, à deux mètres
du mur, peut être composée de branches de saule rigide et de saule de l’intérieur. La
problématique et les propositions de restauration sont synthétisées au tableau 7.16.
136

Figure 7.17 Site 16 - Saint-Jean-Port-Joli : représentation schématique.
137

Tableau 7.16 Site 16 : Résumé de la problématique et des propositions de restauration.
Site 16
Municipalité régionale de L’Islet
comté
Municipalité
Saint-Jean-Port-Joli
Localisation Anse des Marins
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
Végétation
407131; 5235284
- Marais Scirpe américain
- Arbustive Cornouiller stolonifère, saule rigide, rosier inerme
- Arborescente Pin rouge, bouleau à papier
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Espèce vulnérable : alose savoureuse
Problématique Baie anthropisée avec diverses techniques de
stabilisation et manque de végétation
Longueur du site 30,5 mètres
Propositions de restauration T1
- Implanter un rang de fagots à l’avant et à
l’arrière du premier rang de pierres.
- Planter différentes espèces d’arbustes sous
forme de boutures et de plants dans la pente.
T2
- Planter des vignes, des arbustes et des arbres de
petite taille au sommet du mur de béton.
- Implanter deux rangs d’arbustes sous forme de
fagots devant le mur.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Stabilisation du rivage à long terme
- Amélioration de l’aspect visuel de la rive
138

7.2.17 Site 17 - Saint-Roch-des-Aulnaies
Municialité régional de comté : L’Islet
Municipalité : Saint-Roch-des-Aulnaies
Localisation : secteur aval de la municipalité
Coordonnées : 411637; 5240860 (UTM, NAD 83)
Problématique : plantes envahissantes
Longueur du site : 100 mètres
Les zones le long du littoral de la région où le phragmite commun a été trouvé en quantité sont
rares. La zone de concentration la plus importante pour le phragmite commun est située dans
le marais supérieur de l’anse Sainte-Anne, de l’Église de Saint-Roch-des-Aulnaies jusqu’à la
limite de la municipalité à l’est. Le phragmite commun est retrouvé par colonies denses et plus
ou moins vastes tout au long de la baie. Le marais supérieur de la baie est en érosion. La zone
choisie pour l’échantillonnage est une zone où plusieurs espèces de plantes envahissantes sont
présentes. Cette zone a permis d’observer l’effet de ces plantes sur la diversité du marais
supérieur. Une zone naturelle près du site a été visitée afin permettre une comparaison de l’état
des lieux. Un canal d’une largeur de deux mètres, n’affectant pas la végétation du marais
supérieur, se trouve dans cette zone naturelle.
Le marais contient une large batture vaseuse dans sa partie inférieure. On retrouve une colonie
de spartine alterniflore parsemée d’autres plantes halophiles telles la verge d’or toujours verte
(Solidago sempervirens) et le glaux maritime (Glaux maritima). La spartine pectinée occupe la
portion supérieure du marais, mais est envahie par le phragmite commun. Le calamagrostis du
Canada, la salicaire pourpre, l’alpiste roseau, la sanguisorbe du Canada sont également
présents en bon nombre dans le secteur.
Plusieurs oiseaux fréquentent le secteur. Le cormoran à aigrettes a été aperçu sur les rochers à
proximité du site étudié et une famille de canards occupait une zone naturelle en amont des
talles de phragmite commun. Le site est visité par les oiseaux de rivage et l’oie des neiges en
période de migration (Mousseau et al., 1998). Le site se situe dans l’aire d’alevinage de l’alose
savoureuse, espèce vulnérable. Plusieurs mammifères fréquentent potentiellement les lieux
notamment, le rat musqué qui a été aperçu dans le secteur. Selon Mousseau et Beaumont
(1981 dans Mousseau, 1987) le rat musqué s’alimente des rhizomes du phragmite commun et
139

utilise sa chaume pour la construction de sa hutte. C’est d’ailleurs l’une des seules espèces
sauvages qui bénéficient de la présence du phragmite.
Une étude réalisée par le Centre de recherche en aménagement et développement de
l’Université Laval (2004) révèle que le potentiel de propagation du phragmite commun est
considérable. Cependant, pour que le phragmite puisse avoir un impact significatif, il doit
avoir un pourcentage de recouvrement d’au moins 80 %. C’est le cas du site étudié où le
phragmite forme des colonies pures de grandes superficies (Figure 7.18 et Figure 7.19). Le
phragmite commun est très compétitif. Il forme de vastes colonies monotypiques et remplace
les espèces indigènes initialement présentes. Il se reproduit au moyen de graines mais c’est
principalement à l’aide de ses rhizomes qu’il parvient à déloger les autres plantes. Une colonie
peut se propager d’un à deux mètres par année (Mousseau, 1987). Il serait pertinent de
connaître l’expansion que la colonie du secteur a connu au cours des dernières années. La
comparaison du site perturbé avec une zone naturelle, a permis de constater que le phragmite
déloge entre autres, la spartine pectinée, qui constitue normalement l’étage supérieur du
marais à spartine alterniflore. Le phragmite est habituellement répandu dans les milieux
ouverts à sol humide, mouillé ou inondé (Mousseau, 1987). De plus, il semble que l’espèce est
favorisée lorsque la nappe phréatique est située sous la surface du sol; c’est-à-dire lorsque le
milieu est exondé au moins à une période de l’année (Centre de recherche en aménagement et
développement, 2004). L’espèce peut même tolérer un sol sec si la nappe phréatique se situe à
moins de six mètres sous la surface du sol. Il est à noter que les rhizomes peuvent supporter
une période de sécheresse de huit ou neuf ans (Mousseau, 1987). Sur le site, la présence de
canaux de drainage favorise probablement la présence du phragmite commun en asséchant
partiellement le sol. Par ailleurs, il semble que l’entretien des fossés et des canaux de drainage
ainsi que les labours favorisent la propagation de l’espèce par la distribution de fragments de
rhizomes (Haslam, 1973b dans Mousseau, 1987).
Une première recommandation pour ce site consiste à évaluer l’expansion annuelle des
colonies de phragmites. Ainsi, l’impact pourra être mesuré. Si la colonie est en expansion, une
intervention peut être nécessaire. Toutefois, il faut savoir que le phragmite est une plante très
résistante et qu’il s’adapte à une multitude de conditions environnementales. Selon Mousseau
140

(1987), l’espèce peut tolérer le gel, jusqu’à un certain degré, le manque de lumière, le
broutement, le brûlage, etc. De plus, le phragmite peut croître adéquatement avec 75% sa
chaume de submergée. Toutefois, la croissance de la plante est réduite en l’absence de
lumière, en période de sécheresse et en présence de chlorure de sodium. Ce dernier a des effets
létaux sur les jeunes pousses à des concentrations variant de 1 % à 2,5 %. Enfin, les niveaux
d’eau trop élevés, la glace ou les vagues à l’automne peuvent contribuer à diminuer la
formation de bourgeons en entraînant les tiges mortes. Différentes techniques ont été testées
afin de lutter contre cette plante envahissante. Parmi celles-ci figurent le brûlage, le
recouvrement de la plante avec une membrane, le fauchage, le labourage et le broutage
(Mousseau, 1987; White et al., 1993). Les méthodes les plus efficaces s’avèrent être le
fauchage, le broutage et l’inondation. Il ne faut pas oublier que toute intervention sur le littoral
doit être précédée d’une demande d’autorisations et de permis (voir annexe 4).
Dans la lutte au phragmite commun, il est essentiel de combiner plusieurs méthodes afin de
s’assurer d’un taux minimum de réussite. Les techniques doivent être appliquées à des
moments précis au cours de l’année, qu’elles soient répétées ou bien prolongées. Il faut aussi
savoir que certaines techniques comportent des inconvénients. Par exemple, elles peuvent
favoriser une repousse plus dense de la colonie si elles sont mal appliquées. En milieu littoral,
le contrôle est d’autant plus difficile car il s’agit d’un milieu ouvert sous l’emprise des marées
et écologiquement sensible. De ce fait, le site 17 doit faire l’objet d’une étude approfondie sur
la dynamique hydraulique et sur les possibilités de contrôle du phragmite à envisager. Les
méthodes à utiliser sur ce site pourraient parfaitement s’intégrer dans un projet pilote visant à
contrôler le phragmite en milieu littoral. Les enjeux de la problématique sont résumés au
tableau 7.17.
141

Figure 7.18 Site 17 - Saint-Roch-des-Aulnaies : vue aérienne
Les transects de végétation sont positionnés dans la zone perturbée (T1 et T2) ainsi que
dans la zone à l’état naturel (TN). A : groupement de phragmite commun. B :
groupement d’alpiste roseau.
Figure 7.19 Communauté de phragmite commun sur le site 17.
142

Tableau 7.17 Site 17 : Résumé de la problématique et de la proposition de restauration.
Site 17
Municipalité régionale de L’Islet
comté
Municipalité
Saint-Roch-des-Aulnaies
Localisation Secteur aval de la municipalité
Coordonnées géographiques
UTM Nad 83
Végétation
411637; 5240860
- Marais Spartine alterniflore, spartine pectinée, sanguisorbe du
Canada, calamagrostis du Canada
- Arbustive Aubépine sp.
- Arborescente Il n’y a pas d’arbre sur le site.
Faune - Halte migratoire pour la sauvagine
- Halte migratoire pour les oiseaux de rivage
- Espèce vulnérable : alose savoureuse
Problématique Plantes envahissantes
Longueur du site 100 mètres
Proposition de restauration - Consulter des spécialistes afin qu’ils étudient et
testent les techniques de restauration existantes.
Effets bénéfiques de la
restauration
- Réintroduction de la végétation indigène
autrefois présente
- Lieu potentiel pour la nidification de l’avifaune
- Création d’un couvert de protection et d’une
source de nourriture pour la faune
143

7.3 Recommandations générales sur la restauration des rives du Saint-Laurent
Les travaux de restauration proposés à la section 7.2 ne peuvent être exécutés sans être bien
planifiés. La lecture d’ouvrages de références, la consultation de spécialistes pour valider les
travaux, la demande d’autorisations et de permis (lorsqu’ils sont requis) et les observations sur
l’évolution du site sont des aspects à considérer. Ils peuvent être déterminants dans la réussite
d’un projet de restauration ou de stabilisation d’un site.
Les méthodes de restauration sont limitées sur les rives du Saint-Laurent dans la région de
Chaudière-Appalaches étant donné l’amplitude des marées et la force des glaces. Il est difficile
d’utiliser uniquement des végétaux comme moyen de stabilisation (Lambert, 2004). Plusieurs
des propositions incluses dans ce rapport ont donc intégré l’utilisation des végétaux combinée
à un petit enrochement ou à un bourrelet de pierres. Ces propositions ne peuvent cependant
pas s’appliquer sur toutes les rives et doivent être adaptées à chaque cas particulier. Les grands
principes s’appliquent tout de même et peuvent être utiles sur plusieurs terrains. Il y a
beaucoup d’endroits sur le territoire à l’étude où une ou plusieurs problématiques sont
présentes (Tableau 7.18).
Tableau 7.18 Longueur en mètres des problématiques étudiées sur les rives des MRC à
l’étude.
Région
Absence de
végétation (m)
Enrochement
(m)
Murs (béton, bois
et pierres) (m)
Érosion (m)
MRC de Lotbinière 16 940 7 385 7 170 7 057
Ville de Lévis 19 581 8 842 11 700 7 900
MRC de Bellechasse 11 180 4 341 5 387 623
MRC de Montmagny 14 616 7 517 3 562 1 254
MRC de L’Islet 25 417 3 905 4 957 2 960
Total 87 734 31 990 32 776 19 794
L’absence ou le manque de végétation est la problématique la plus importante sur le territoire
à l’étude. Cette problématique peut occasionner d’autres problèmes, comme l’érosion. La
végétation joue plusieurs rôles autant pour la stabilisation du sol que pour la faune. Les
arbustes choisis pour la restauration peuvent s’intégrer dans un aménagement paysager qui
embellira les terrains. La bande de végétation riveraine sert de filtre et ralentit l’eau lors des
144

fortes pluies. Tous ces avantages démontrent l’importance de la conserver. Finalement, pour
accroître l’efficacité de la bande riveraine, sa largeur devrait être augmentée selon
l’importance et la vulnérabilité de l’habitat à conserver, les caractéristiques physiques du
terrain et du cours d’eau à protéger et l’intensité des activités humaines dans le bassin versant
(Équipe de rétablissement de l'éperlan arc-en-ciel, 2003).
145

CONCLUSION
Dans le cadre du projet Plan de restauration des habitats du Saint-Laurent en Chaudière-
Appalaches, le bilan des rives et du littoral du Saint-Laurent a permis de dresser un portrait
réel de l’état des milieux naturels et de l’anthropisation dans la région. Le problème principal
observé est l’absence de végétation naturelle sur les rives. L’érosion est présente dans certains
secteurs riverains mais est peu répandue. L’érosion des marais supérieurs est cependant
prononcée. Étant donné le rôle que joue ce type de marais dans le maintien de la biodiversité,
il y a lieu de s’inquiéter.
Les sites étudiés sont représentatifs des diverses problématiques présentes sur le territoire. La
majorité des sites pourvus de stabilisations mécaniques n’ont aucune végétation qui les
recouvrent. Plusieurs types de stabilisations mécaniques (enrochements et murs) peuvent être
améliorés par l’implantation de végétation. Dans le cas de sites en faible érosion, il est
possible de remédier à la situation en installant un bourrelet de pierres, en procédant à un
reprofilage de la pente et effectuant des plantations adéquates. Afin d’améliorer les habitats, de
la végétation arbustive indigène peut être plantée à de nombreux endroits. La présence de
végétation permet à la faune de s’installer dans les zones nouvellement restaurées. Également,
une bande de végétation riveraine bien implantée peut constituer un lieu de nidification pour la
sauvagine.
La réalisation du projet a permis de constater que les riverains sont peu informés de la
Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables. Une plus grande
diffusion de cette politique permettrait d’éviter que des actions néfastes pour les habitats
puissent survenir. Le littoral et les rives du fleuve Saint-Laurent sont parmi les écosystèmes
les plus productifs au Québec. Plusieurs espèces à statut précaires s’y trouvent, ce qui
démontre l’importance de ces milieux.
Ce projet a été réalisé afin d’obtenir un portrait réel de la situation des rives et du littoral dans
la région et de proposer des solutions de restauration. Les propositions contenues dans ce
146

document ont été élaborées avec l’objectif que des municipalités ou des particuliers
s’intéressent au sujet et réalisent des projets de restauration.
147

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153

ANNEXE 1
GLOSSAIRE
154

Accrétion : Processus d’agglomération d’éléments inorganiques.
Anadrome : Qualifie un poisson qui remonte de la mer vers les eaux
douces au cours de son cycle de vie pour s’y reproduire.
Anthropique : Dû à l’action directe ou indirecte de l’humain.
Affouillement : Action érosive de l’eau courante au pied d’un talus, d’une
berge ou d’un ouvrage qui entraîne leur effondrement.
Bande riveraine : Zone du rivage où la végétation naturelle doit être conservée
afin de protéger le rivage et le littoral.
Batillage : Vagues générées par les bateaux.
Benthique : Relatif au benthos (ensemble des organismes qui vivent sur
les fonds marins ou lacustres et qui se déplacent peu).
Bouture : Segment d’une tige ligneuse d’une espèce à forte capacité de
reproduction végétative qu’on enfonce dans le sol pour
implanter une nouvelle plante entière.
Catadrome : Qualifie un poisson qui vit dans les eaux douces ou saumâtres
et qui migre vers la mer pour s’y reproduire.
Espèce à statut précaire : Les espèces à statut précaire sont toutes les espèces présentes
sur la liste du Comité sur la situation des espèces en péril au
Canada (COSEPAC), celle de la Société de la faune et des
parcs du Québec (FAPAQ) (espèces de la faune menacées ou
vulnérables ou susceptibles d'être désignées) et celle du
ministère de l'Environnement du Québec (MENV) (espèces
de la flore menacées ou vulnérables ou susceptibles d'être
désignées).
Estran : Partie du rivage qui est découverte entre la marée haute et la
marée basse.
Estuaire fluvial : Portion de l’estuaire étant soumis aux marées d’eau douce
(de Trois-Rivières à Berthier-sur-Mer).
Estuaire moyen : Portion de l’estuaire étant soumis aux marées d’eau saumâtre
(de Montmagny à l’embouchure de la rivière Saguenay).
C’est la zone du Saint-Laurent où les eaux douces du fleuve
se mélangent aux eaux salées du golfe.
Étage infralittoral : Zone située entre la limite des marées basses inférieures et la
limite des marées basses moyennes.
155

Étage médiolittoral : Zone située entre la limite des marées basses moyennes et la
limite des marées hautes moyennes.
Étage supralittoral : Zone située entre la limite des marées hautes moyennes et la
limite des marées hautes supérieures.
Étroits rentrants: Petits canaux formés par l’activité des vagues sur le talus
d’un marais supérieur. Ces canaux étroits pénètrent plus ou
moins profondément dans le marais supérieur.
Espèce exotique : Espèce introduite d'un pays étranger.
Espèce menacée : Espèce dont la disparition est appréhendée.
Espèce vulnérable : Espèce dont la survie est jugée précaire même si sa
disparition n’est pas appréhendée à court terme ou à moyen
terme.
Fagot : Arrangement de branches solidement attachées ensemble
uniformément et formant un boudin maintenu en place par
des piquets enfoncés profondément.
Fluage : Déformation du sol qui se produit lentement, de façon
continue.
Glissement de terrain : Mouvement de terrain causé par une surface de rupture située
en profondeur le long de laquelle une masse de sédiments
glisse.
Hydrosère : Succession de plantes le long d’un talus à partir du milieu
aquatique jusqu’à ses parties sèches.
Espèce indigène : Se dit d’une espèce native d’une région donnée, qui y a
toujours poussée spontanément, sans intervention humaine;
par opposition à introduite, naturalisée ou exotique.
Ligne des hautes eaux : Endroit d’un rivage où l’on passe d’une prédominance de
plantes aquatiques à une prédominance de plantes terrestres,
ou s’il n’y a pas de plante aquatique, l’endroit où les plantes
terrestres arrêtent. Cette limite correspond également au
niveau moyen des plus hautes eaux printanières observées.
Litière : Résidus de feuilles mortes et de débris végétaux variés
disposés sur le sol.
Littoral : Zone s’étendant de la ligne des hautes eaux vers le plan
d’eau.
156

Marais inférieur : Portion du littoral comprise entre le niveau des marées hautes
moyennes et le niveau des marées basses inférieures.
Marais supérieur : Portion du littoral comprise entre le niveau des marées hautes
moyennes et le niveau des marées hautes supérieures.
Marnage : Différence entre le plus bas niveau et le plus haut niveau dans
un cycle de marée.
Matelas de branches : Arrangement déposé de branches placées parallèlement à la
pente et retenues par des fils métalliques.
Pente d’équilibre : Pente pour laquelle un talus est stable.
Plaine inondable: Étendue de terre occupée par un cours d’eau en période de
crue.
Rang de plançons : Alignement de branches ramifiées presque entièrement
enfouies dans une tranchée ou sous un remblai.
Reprofiler : Reconstituer un profil par apport de matériaux ou par
rabattage des bosses dans le but de modifier la pente.
Rive : Zone s’étendant de la ligne des hautes eaux vers l’intérieur
des terres.
Sapement : Enlèvement de la base d'une berge qui produit une encoche
(talus d’érosion) et provoque à terme l’écroulement du
surplomb ou un glissement de terrain.
Talus : Terrain à pente forte et généralement courte en bordure d’une
surface relativement plane.
Transect : Ligne ou bande étroite qui traverse un milieu donné, le long
de laquelle sont localisées des stations de mesure ou
d'échantillonnage.
Zone intertidale : Zone d’oscillation des marées comprise entre les limites de
marée haute moyenne et de marée basse moyenne.
Zone inondable : Étendue de terre occupée par un cours d’eau en période de
crue.
Zone pélagique : Zone qui correspond au milieu des pleines eaux.
157

Zone subtidale : Zone toujours submergée quelles que soient les phases de
marées. Elle se situe entre la limite des marées basses
inférieures jusqu’à la limite de la croissance des algues.
158

ANNEXE 2
FORMULAIRE DE TERRAIN
159

Source : modifié de Consultants en environnement Argus inc. (1996c)
Nom et n° du site : Photos aériennes N° :
N° de lots :
Longueur du site (m) :
Positions GPS (noter sur le schéma)
Distance minimale de la voie maritime (m) :
Schéma du site
Accès au site :
160

Transect : Échelle :
Hauteur (m) * Largeur (m)
Schéma
LHE (2 ans) : - limite statistique
- limite botanique
Hauteur du Talus (m):
Pente du talus (°) :
Position des niveaux d’eau : (CP) crue
printanière, (EE) étiage estival, marée
journalière haute (MJH) et basse (MJB)
161
Bas du talus à l’étiage Inondé
Exondé
Profil bathymétrique de l’avant-plage :
-Régulier %
-Variable de à %
Dessin de l’avant-plage :

Transect :
VÉGÉTATION (avec classes de recouvrement)
Quadrat Position sur le transect (m) Position GPS
Strate arborescente
Strate arbustive
162
Strate herbacée
Strate muscinale
Quadrat Position sur le transect (m) Position GPS
Strate arborescente
Strate arbustive
Strate herbacée
Strate muscinale

Transect
NATURE DES DÉPÔTS Classes pour la pierrosité :
G : gravier (2 à 75 mm)
Quadrat Homogène ou Hétérogène C : cailloux (75 à 250 mm)
P : pierres (250 à 600 mm)
B : blocs (600 mm et plus)
Structure du dépôt de surface Dimension des particules
Lâche Homométrique
Compact Texture (%)
Sable Limon Gravier
Épaisseur (m) Hétérométrique
Pierrosité (% du volume total)
G C P B
Texture (%)
Sable Limon Gravier
Structure du dépôt sous-jacent Dimension des particules
Lâche Homométrique
Compact Texture (%)
Sable Limon Gravier
Hétérométrique
Pierrosité (% du volume total)
G C P B
Texture (%)
Sable Limon Gravier
Quadrat Homogène ou Hétérogène
Structure du dépôt de surface Dimension des particules
Lâche Homométrique
Compact Texture (%)
Sable Limon Gravier
Épaisseur (m) Hétérométrique
Pierrosité (% du volume total)
G C P B
Texture (%)
Sable Limon Gravier
Structure du dépôt sous-jacent Dimension des particules
Lâche Homométrique
Compact Texture (%)
Sable Limon Gravier
Hétérométrique
Pierrosité (% du volume total)
G C P B
Texture (%)
Sable Limon Gravier
163

NATURE DU TALUS Naturel Anthropique
Naturel
Falaise % : m :
Pente douce % : m :
Commentaire :
Anthropique
Calibre de l’enrochement (G, C, P ou B)
Enrochement % : m : Haut du talus :
Placé % : Milieu du talus :
Déversé % : Bas du talus :
Mur % : m :
Béton % :
Blocs de béton % :
Pierres % :
Pierres maçonnées % :
De bois % :
Encaissement de bois % :
Dalle % : m :
Béton % :
Pierres maçonnées % :
Palplanche % : m :
Gabion % : m :
Remblai % : m :
164

FAUNE
PHOTOS (numéros)
Globale - vue de l’avant-plage
- sur l’avant-plage avec vue vers le talus
- du talus vers l’intérieur des terres
Est - vue de l’avant-plage
- sur l’avant-plage avec vue vers le talus
- du talus vers l’intérieur des terres
Centre - vue de l’avant-plage
- sur l’avant-plage avec vue vers le talus
- du talus vers l’intérieur des terres
Ouest - vue de l’avant-plage
- sur l’avant-plage avec vue vers le talus
- du talus vers l’intérieur des terres
Transect 1 Quadrat 1.1
Autres
2 2.1
3 3.1
4 4.1
5 5.1
165

LES VAGUES
Batillage
Vagues produites lors du passage des navires de grand gabarit (Distance de la ligne de centre du chenal de navigation)
< 305 m
305 à 610 m
> 610 m
Autre
Vagues produites lors du passage des bateaux de plaisance (Distance à la rive du parcours emprunté par les bateaux de
plaisance)
< 50 m
50 à 150 m
150 à 300 m
> 300 m
Vagues de vent
Exposition du site
Fortement battu
Moyennement battu
Faiblement battu
Ne s’applique pas / non exposé
COURANT FLUVIAL
Période de crue (effet sur la rive)
Effet marqué
Effet moyen
Faible effet
Aucun effet
Période d’étiage (effet sur la rive)
Effet marqué
Effet moyen
Faible effet
Aucun effet
MORPHOLOGIE DU SITE
Forme ou position (par rapport à l’écoulement)
Pointe avancée
Régulière parallèle
Régulière oblique
Irrégulière (échancrée)
Baie, anse ou chenal étroit
Pente de l’avant-plage
15 %
12,5 à 15 %
10 à 12,5 %
< 10 %
Présence de hauts-fonds ou d’herbiers
166

LES GLACES
Exposition du site
Exposé aux glaces de dérive
Fortement
Moyennement
Faiblement
Protégé
Glace de rive
Couvert de glace continu
Débâcle – effet sur la rive
Formation d’embâcle
Présence de glaces de dérive
Soulèvement du pied de glace
Fonte sur place
Méga-blocs déplacés distance :
LES NIVEAUX D’EAU
Variation à long terme
Variation tricennale (30 ans)
Variation annuelle ou saisonnière
Section du talus atteinte lors des crues
Bas du talus
Section médiane
Haut du talus
Débordement
Variation journalière (marée)
Amplitude de la marée sur le site
> 3 m
1 à 3 m
0,5 à 1 m
< 0,5 m
167

ANNEXE 3
QUESTIONNAIRE POUR LES RIVERAINS
168

Numéro du site :
Informations générales
Nom :
Prénom :
Numéro de téléphone :
Depuis combien d’années habitez-vous ici ?
Avez-vous observé une perte de rivage année après année? Si oui, quelle est la perte moyenne
de rivage par année?
Est-il déjà survenu des incidents majeurs sur les berges (perte de terrain)?
Quelles activités sont pratiquées?
Y a-t-il des véhicules tout-terrains ou d’autres moyens de transport utilisés sur le rivage?
Les vagues
Vente-t-il beaucoup? *
D’où viennent les vents habituellement?
Quelle est la force des vagues sur le rivage en général? ∗
Y a-t-il beaucoup d’embarcations de plaisance dans le secteur ?
Si oui. À quelle distance évaluez-vous le passage de ces embarcations ?

Les glaces
Est-ce que vous jugez que le rivage est exposé aux glaces de dérive? *
Si non, est-ce que la glace est présente seulement sur la rive ou est-elle continue?
Lors de la débâcle, est-ce qu’il y a :
Formation d’embâcle
Présence de glaces de dérive
Soulèvement du pied de glace
Fonte sur place
Les niveaux d’eau
Depuis les trente dernières années, avez-vous observé une variation du niveau d’eau ?
Quelle section du talus est atteinte lors de la crue des eaux ?
Bas du talus
Section médiane
Haut du talus
Débordement
Y a-t-il eu des années où le niveau d’eau était particulièrement haut?
Savez-vous quelle est l’amplitude de la marée?
Modification de l’écoulement (s’il y a lieu)
Depuis combien de temps l’écoulement a-t-il été modifié par cette infrastructure ?
(ex. : routes, quais, digues, barrages)
Est-ce que vous avez observé des changements dans le milieu suite à l’installation de cette
infrastructure ?
170

Flore
Perturbation de la végétation
Avez-vous observé une perte de végétation sur le rivage et dans le talus ?
Espèce envahissante (s’il y a lieu)
Est-ce que ça fait longtemps que l’espèce envahissante est présente ?
(ex. : salicaire pourpre, roseau commun (phragmite commun))
Avez-vous remarqué une expansion rapide de la colonie ?
Rive anthropique et canaux de drainage (s’il y a lieu)
Rive anthropique
Depuis combien de temps la rive a-t-elle été stabilisée avec des matériaux inertes ?
(ex. : roches, béton, bois)
Avez vous remarqué des changements dans le milieu depuis cette restauration ?
Canaux de drainage
Depuis combien de temps y a-t-il un canal de drainage ?
Avez vous remarqué des changements dans le milieu depuis sa création ?
Faune
Connaissez-vous les espèces d’oiseaux qui fréquentent le rivage ?
En période de migration, y a-t-il des oiseaux qui fréquentent le rivage ?
(nombre estimé)
S’il y a lieu, est-ce que vous connaissez les espèces de poissons qui sont pêchés ?
Avez-vous observé des mammifères sur le rivage ?
171

ANNEXE 4
CADRE LÉGAL CONCERNANT LES TRAVAUX DE RESTAURATION DE SITES
EN BORDURE DU LITTORAL
172

Plusieurs lois, règlements et codes encadrent les activités réalisées sur les rives et le littoral. La
Loi sur la qualité de l’environnement, la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune, la Loi sur les forêts, la Loi sur les pêches, le
Règlement sur les habitats fauniques, le code civil du Québec et le code municipal
s’appliquent lorsqu’il est question de travaux de stabilisation, par exemple. Le code civil du
Québec définit la propriété des milieux aquatiques navigables et flottables comme suit : le lit
des lacs et des cours d’eau est, jusqu’à la ligne des hautes eaux, la propriété de l’état. La
Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables, donne un cadre
d’orientation permettant aux intervenants d’élaborer des normes.
Une bande riveraine devrait être conservée autour des milieux aquatiques. La largeur de bande
de végétation à conserver varie en fonction de divers facteurs tels le zonage, la pente, la nature
de la végétation et l’importance des habitats environnants. La zone à protéger s’étend de la
ligne naturelle des hautes eaux vers l’intérieur des terres. Il est fortement suggéré de maintenir
une bande de protection de 3, 10 ou 15 mètres selon les conditions en présence. Plusieurs rôles
sont associés à la bande riveraine. Elle constitue un habitat pour les animaux, contribue à
diminuer la température de l’eau, recycle les nutriments, participe à la dépollution naturelle
des eaux, améliore la limpidité de l’eau et contribue à prévenir l’érosion des sols et des berges
(Goupil, 2002).
L’absence ou le manque de végétation figure parmi les problèmes rencontrés sur le littoral du
Saint-Laurent. La stabilisation des rives par des matériaux inertes et l’érosion représentent
d’autres problèmes. Toutefois, avant de modifier la rive ou le littoral il est important de
connaître toutes les implications. Un point important à retenir est qu’il est formellement
interdit d’effectuer quelques travaux que se soient sur le littoral d’un cours d’eau ou d’un lac
sans l’obtention, au préalable, des autorisations gouvernementales requises et d’un permis
municipal. Le littoral est la zone située entre la ligne des hautes eaux et le centre du milieu
aquatique. D’autre part, des travaux effectués sur la rive peuvent aussi avoir des impacts
négatifs sur le littoral. C’est pourquoi il est également nécessaire d’adresser une demande de
permis à la municipalité concernée et il est obligatoire d’obtenir les autorisations
gouvernementales requises avant de procéder à des travaux.
173

L’obtention de permis est généralement conditionnelle à la présentation de plans et devis. Il
est essentiel d’effectuer une caractérisation des lieux pour pouvoir entreprendre les
interventions adéquates. Il est préférable de connaître les espèces fauniques et floristiques
présentes, la topographie du milieu, les problèmes observés (érosion, absence d’arbustes, etc.)
ainsi que les causes à ces problèmes (glaces, crues printanières, etc.). Lorsque l’on possède de
bonnes connaissances en la matière, on peut réaliser la base de la caractérisation et confier le
reste du travail à des biologistes et des ingénieurs. Sinon, il ne faut pas hésiter à consulter des
spécialistes qui pourront caractériser le milieu. Il est conseillé de rester attentif au site
problématique en effectuant plusieurs observations et plusieurs photographies selon les
saisons.
Le choix de faire appel ou non à des spécialistes ne doit pas être lié seulement à des
considérations financières. Ce choix doit d’abord être fait en fonction du type de problème
rencontré. Quand il n’y a aucun problème d’érosion et que l’intervention se limite à planter
des arbustes en haut de la ligne des hautes eaux, ces travaux peuvent être planifiés et exécutés
par le propriétaire. Toutefois, un permis peut quant même être exigé selon les règlements de la
municipalité concernée. Par ailleurs, quand un site est affecté par des problèmes majeurs (par
exemple une perte de terrain), il est fortement conseillé de recourir à un spécialiste qui pourra
donner un avis complet sur la situation et suggérer la meilleure marche à suivre pour stabiliser
ou restaurer le site.
Voici les étapes qu’il est conseillé de suivre pour la réalisation d’un projet en milieu riverain :
- Lire le Guide : Protection des rives, du littoral et des plaines inondables : guide des
bonnes pratiques (Goupil, 2002).
- Caractériser le milieu physique, hydrographique et biologique.
- Préparer un plan de restauration et de gestion avec une évaluation des actions et des
coûts.
- Demander les permis à la municipalité et les autorisations aux ministères concernés
(Quelquefois, seul le permis de la municipalité est nécessaire.)
- Exécuter les travaux. Évaluer les travaux.
174

Selon l’ampleur des travaux, il faut dans certains cas, effectuer une étude d’impact plus
complète. Ce type d’étude peut être demandé pour des projets de grande envergure et pour
des projets effectués sur des terres publiques. Pour plus d’informations, voir la Directive pour
la réalisation d’une étude d’impact sur l’environnement d’un projet de stabilisation de
berges (Direction des évaluations environnementales, 2003).
Sources :
Rappelez-vous, il est primordial de vous assurer d’avoir toutes les autorisations
gouvernementales et les permis municipaux requis avant d’agir.
GOUPIL, J.-Y. (1998). Protection des rives, du littoral et des plaines inondables : guide des
bonnes pratiques, Québec, Service de l'aménagement et de la protection des rives et du
littoral, ministère de l'Environnement et de la Faune : distribué par les Publications du
Québec, 156 p.
DIRECTION DES ÉVALUATIONS ENVIRONNEMENTALES (2003). Directive pour la
réalisation d'une étude d'impact sur l'environnement d'un projet de stabilisation de
berges, Québec, Environnement Québec, 20 p.
175

ANNEXE 5
VÉGÉTATION À IMPLANTER SUR LES SITES
176

Lorsque l’on plante des végétaux sur un terrain, il est préférable de favoriser des espèces
indigènes. Ces espèces procurent une source de nourriture pour la faune et sont plus résistantes
au climat régional. La disposition des végétaux et les espèces sélectionnées varient en fonction
de plusieurs facteurs tels l’exposition aux intempéries, le degré d’humidité du sol, le type de
sol, etc. Il est important de noter que la limite d’implantation des végétaux doit se situer hors
du niveau des marées quotidiennes afin d’optimiser la plantation (Figure 1 et Figure 2).
Les espèces proposées dans cette annexe correspondent à des végétaux pouvant être plantés
dans le cadre d’un projet de restauration d’habitats ou de restauration de rive (Tableau 1). Il
est important d’introduire un grand nombre d’arbustes et de planter seulement quelques arbres
pour créer de la diversité. Les arbres possèdent un poids important et peuvent déstabiliser une
pente lorsque celle-ci est instable. Il faut donc être vigilant lorsqu’on introduit des arbres dans
un plan de restauration. Il est aussi possible d’implanter quelques espèces herbacées pour
contrer le ruissellement de surface (Tableau 2).
Figure 1 Appellation des étages d’un talus et niveau de plantation inférieur dans le cadre
d’un projet de restauration des rives.
177

Figure 2 Niveaux de plantation possibles de la végétation pour un mur de béton (1), un
enrochement (2) et un talus reprofilé (3) dans le cadre d’un projet de restauration
des rives.
178

Tableau 1 Liste d’espèces d’arbres et d’arbustes proposées dans le cadre d’un projet de
restauration d’habitats ou de rives le long du Saint-Laurent en
Chaudière-Appalaches.
Espèce
Saule rigide
Salix eriocephala
Saule discolore
Salix discolor
Saule de l’intérieur
Salix interior
Myrique baumier
Myrica Gale
Saule fragile
Salix fragilis
Cornouiller stolonifère
Cornus stolonifera
Physocarpe à feuilles d’obier
Physocarpus opulifolius
Sureau pubescent
Sambucus pubens
Vigne des rivages
Vitis riparia
Parthénocisse à cinq folioles
Parthenocissus quinquefolia
Viornes sp.
Viburnum spp.
Spirée à larges feuilles
Spiraea latifolia
Peublier baumier
Populus balsamifera
Épinette blanche
Picea glauca
Chêne rouge
Quercus rubra
Érable à sucre
Acer saccharum
Frêne de Pennsylvanie
Fraxinus pennsylvanica
Thuya occidental
Thuja occidentalis
Rosier inerme
Rosa blanda
Amélanchiers spp.
Amelanchier spp.
Type de
végétation
Degré
d’humidité du
sol et niveau
d’implantation
dans le talus
(B,H,M,R)
179
Tolérance aux
inondations
Niveau de
luminosité
Période de
fructification
arbuste humide (M,B) très tolérante plein soleil mai/juin
arbuste
humide à
modéré (M,B)
très tolérante plein soleil mai/juin
arbuste humide (M,B) très tolérante plein soleil mai/juin
arbuste humide (M,H) très tolérante plein soleil mai/juin
arbre humide (M) très tolérante plein soleil avril/juin
arbuste
arbuste
humide à sec
(M,B)
humide à sec
(H)
tolérante
tolérante
arbuste sec (H) intolérante
arbuste humide (R) tolérante
arbuste
arbuste
arbuste
arbre
arbre
arbre
arbre
arbre
arbre
arbuste
arbre
ou
arbuste
humide à sec
(R)
humide à sec
(H-R)
humide à
modéré (H)
humide à
modéré (H,R)
humide à
modéré (H,R)
modéré à sec
(R)
modéré à sec
(R)
modéré
(H,R)
humide à sec
(M,H,R)
modéré à sec
(R)
modéré à sec
(R)
tolérante
intolérante
tolérante
plein soleil à
juillet/oct.
semi-ombragé
plein soleil à
juillet/sept.
semi-ombragé
plein soleil à
juillet/août
semi-ombragé
plein soleil à
semi-ombragé août/sept.
plein soleil à
semi-ombragé août/sept.
plein soleil à
semi-ombragé août/oct.
plein soleil à
semi-ombragé sept./oct.
tolérante plein soleil mai/juin
tolérante
plein soleil à
ombragé
août/nov.
intolérante plein soleil sept./oct.
intolérante
plein soleil à
semi-ombragé
juin/octobre
tolérante plein soleil sept./oct.
tolérante
plein soleil à
semi-ombragé août/oct.
intolérante plein soleil juin/sept.
intolérante
plein soleil à
ombragé
juin/août
Noisetier à long bec
modéré à sec
semi-ombragé
arbuste intolérante
juillet/août
Corylus cornuta
(H,R)
à ombragé
Sources : Consultants en environnement Argus inc. (1996c); St-Georges et Venne-Forcione (1999)(St-
Georges et Venne-Forcione, 1999)

Tableau 2 Liste d’espèces herbacées proposées dans le cadre d’un projet de restauration
d’habitats ou de rives le long du Saint-Laurent en Chaudière-Appalaches.
Espèce
Type de
végétation
180
Degré d’humidité
du sol et niveau
d’implantation
dans le talus
Tolérance aux
inondations
Niveau de
luminosité
Carex spp.
Carex spp.
herbacée humide (M,H,R) très tolérante plein soleil
Spartine pectinée
Spartina pectinata
herbacée
humide à
modéré (M,B)
tolérante plein soleil
Fétuque rouge
Festuca rubra
herbacée
humide à
modéré (M,H)
tolérante plein soleil
Calamagrostis du Canada
Calamagrostis canadensis
herbacée
humide à
modéré (M,H)
tolérante plein soleil
Agrostide commune (blanche)
Agrostis alba
herbacée
humide à
modéré (M,H)
tolérante plein soleil
Sources : Consultants en environnement Argus inc. (1996c); Goupil (1998)