habone utile - Consistoire israélite de Marseille
habone utile - Consistoire israélite de Marseille
habone utile - Consistoire israélite de Marseille
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
cet environnement naturel extraordinaire<br />
doit apprendre également à gérer les<br />
dangers liés à ce cadre et revoir la manière<br />
<strong>de</strong> vivre dans un tel lieu. Nous vivons<br />
dans une <strong>de</strong>s plus belles régions d’Israël.<br />
Nous allons repenser les règles <strong>de</strong> sécurité.<br />
Nous allons recevoir un nouveau camion<br />
<strong>de</strong> pompier et recruter du personnel<br />
qui ont une véritable connaissance du terrain.<br />
Le processus <strong>de</strong> reconstruction <strong>de</strong>vrait<br />
prendre trois années. Cela ne va pas<br />
être facile mais le jeu en vaut la chan<strong>de</strong>lle<br />
pour vivre dans un environnement sécurisé.<br />
■ Haboné : Comment s’est déroulé votre<br />
combat contre l’incendie ?<br />
RR : Les localités isolées géographiquement<br />
<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes, telles que Beit<br />
Oren sont nombreuses en Israël. D’après<br />
les statistiques, les premiers secours viennent<br />
<strong>de</strong> l’intérieur. L’Etat a très bien compris<br />
cette faiblesse et a développé en<br />
Israël le concept « Tsa’HY » : Tsevet ‘Hiroum<br />
Ychouv : une équipe d’urgence située<br />
au cœur <strong>de</strong> la localité. Ce <strong>de</strong>rnier<br />
évènement a mis en lumière l’importance<br />
<strong>de</strong> cette équipe qui se tient en première<br />
ligne. Au départ, chaque localité possédait<br />
un camion <strong>de</strong> pompier et une ambulance<br />
mais comme l’entretien et les<br />
réparations coûtaient une fortune, certaines<br />
localités ont décidé <strong>de</strong> s’en séparer.<br />
Pour Beit Oren, avoir les moyens <strong>de</strong><br />
combattre un feu éventuel était un point<br />
crucial. C’est ce qui nous a sauvé. Nous<br />
avons déjà fait face à <strong>de</strong>s incendies <strong>de</strong><br />
forêts, nous avions <strong>de</strong>s consignes, nous<br />
connaissions le terrain, nous savions comment<br />
opérer et évacuer <strong>de</strong> manière adéquate.<br />
Alors que les médias nous avaient<br />
déjà condamnés à la disparition, à l’intérieur,<br />
les habitants ont réussi à sauver ce<br />
qui restait <strong>de</strong> leur localité, en refusant <strong>de</strong><br />
ANALYSES & RÉFLEXIONS<br />
partir et en procédant aux premières opérations<br />
<strong>de</strong> sauvetage <strong>de</strong>s maisons par<br />
leurs propres moyens.<br />
■ Haboné : Alors que rien ne pouvait plus<br />
arrêter les flammes, qu’Israël n’attendait<br />
plus que l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bombardiers, vous<br />
avez refusé d’évacuer la localité ?<br />
RR : Tout ce qui a été écrit était du grand<br />
spectacle, éloigné <strong>de</strong> la réalité. Au début,<br />
c’est vrai, nous avons perdu la maîtrise <strong>de</strong><br />
la situation. Je suis moi-même un ancien<br />
lieutenant colonel <strong>de</strong> l’armée, nous avons<br />
considéré notre situation comme en tant<br />
<strong>de</strong> guerre : on a eu le sentiment d’avoir<br />
perdu la première partie <strong>de</strong> la bataille<br />
mais pas la guerre ! Le problème majeur<br />
concernait l’organisation <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong><br />
secours, et leur utilisation <strong>de</strong> manière optimale.<br />
Plus problématique était la façon<br />
dont la police a dirigé les opérations sur<br />
le terrain, elle s’est trompée sur toute la<br />
ligne, ne connaissait pas le terrain, et ne<br />
s’est pas appuyée sur la force que représentaient<br />
les habitants, qui connaissaient<br />
leur environnement. Ce sont les équipes<br />
d’urgence <strong>de</strong>s petites localités qui ont<br />
guidé les pompiers contre la lutte contre<br />
le feu et non pas la police. Nous avions<br />
<strong>de</strong>s jeunes bénévoles qui faisaient partie<br />
<strong>de</strong>s équipes et qui connaissaient le terrain.<br />
Il est aujourd’hui évi<strong>de</strong>nt qu’il fallait pouvoir<br />
s’appuyer sur une direction nationale.<br />
J’affirme que certains pompiers qui sont<br />
arrivés sur place ne savaient pas comment<br />
éteindre un feu <strong>de</strong> forêt. Au final, les<br />
Habone<br />
avions ont renversé totalement la situation<br />
sauvant l’ensemble <strong>de</strong> la région, mais<br />
chez nous, ce sont les petites gens qui ont<br />
sauvé leur communauté.<br />
■ Haboné : A votre connaissance, d’autres<br />
communautés ont agi comme les rési<strong>de</strong>nts<br />
<strong>de</strong> Bet Oren et ont pris sur eux, au<br />
péril <strong>de</strong> leur vie, <strong>de</strong> se battre contre le<br />
feu ?<br />
RR : Prenez l’exemple du kibboutz Nir<br />
Ezion. Les rési<strong>de</strong>nts ont réussi à se protéger<br />
du sinistre. Ils se sont unis dans la bataille<br />
mais ils étaient prêts ! Il avaient organisés<br />
<strong>de</strong>s tranchées et pouvaient compter sur<br />
<strong>de</strong>s réserves d’eau, ainsi qu’un camion <strong>de</strong><br />
pompier muni <strong>de</strong> quatre sorties à incendie.<br />
Ils avaient également installés <strong>de</strong>puis<br />
belle lurette <strong>de</strong>s pare-feu et <strong>de</strong>s routes<br />
d’évacuation. Leur équipe d’urgence<br />
était composée <strong>de</strong> 30 personnes toutes<br />
opérationnelles, elles ont été secondées<br />
par la population du kibboutz qui a également<br />
refusé <strong>de</strong> partir. S’ils avaient<br />
écouté les directives, ils n’auraient pu sauver<br />
leur localité car les équipes qui arrivaient<br />
ne savaient pas où s’étaient<br />
déclarés les multiples foyers d’incendies<br />
autour du kibboutz et comment éteindre<br />
le feu.<br />
“<br />
Nous avons aujourd’hui une conscience aigue<br />
que l’on ne peut vivre seul, que chaque membre<br />
<strong>de</strong> la communauté malgré les différences a<br />
besoin l’un <strong>de</strong> l’autre.“<br />
■ Haboné : Quelle leçon avez-vous tiré<br />
<strong>de</strong> ce drame ?<br />
RR : Nous avons aujourd’hui une<br />
conscience aigue que l’on ne peut vivre<br />
seul, que chaque membre <strong>de</strong> la communauté<br />
malgré les différences a besoin l’un<br />
<strong>de</strong> l’autre. Après un tel évènement, on regar<strong>de</strong><br />
la vie sous un autre angle. Nous<br />
sommes <strong>de</strong>puis davantage relié à la réalité<br />
et prenons la peine <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r l’autre<br />
tel qu’il est vraiment et non pas tel qu’il<br />
nous apparaît.<br />
■ Haboné : Le mot <strong>de</strong> la fin<br />
RR : Lors <strong>de</strong> ces moments critiques, le peuple<br />
d’Israël se dévoile comme un peuple<br />
très spécial, capable d’une immense générosité<br />
et d’affronter avec dignité les catastrophes.<br />
Chacun a cherché à ai<strong>de</strong>r par<br />
tous les moyens. Nous avons ressenti un<br />
lien spécial qui lie la population et l’ai<strong>de</strong><br />
nous est parvenue <strong>de</strong>s quatre coins du<br />
pays.<br />
39