Le train bleu - Chri.. - Index of
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— Je rends hommage à votre perspicacité, monsieur Van Aldin. Comme il fallait s’y<br />
attendre, elle n’a rien découvert de suspect. <strong>Le</strong> comte de la Roche n’est pas né d’hier. Ce<br />
gentleman astucieux jouit d’une grande expérience.<br />
— Bon. Et ensuite ?<br />
— Si le comte a quelque chose à dissimuler, où le cachera-t-il ? Pas dans sa maison, elle a<br />
été fouillée de fond en comble ; ni sur sa personne : il sait qu’on peut l’arrêter d’un instant à<br />
l’autre. Reste son automobile. Ce jour-là, des policiers l’ont suivi jusqu’à Monte-Carlo. De là il<br />
a pris la route de Menton. Il conduisait lui-même sa petite voiture très puissante, et a<br />
dépassé ses poursuivants. Pendant un quart d’heure, ils l’ont complètement perdu de vue.<br />
— Et pendant ce temps, vous croyez qu’il a caché quelque chose au bord de la route ?<br />
demanda Van Aldin.<br />
— Pas au bord de la route ! Ce n’est point pratique. Voici : j’ai suggéré à M. Carrège de<br />
placer, dans tous les bureaux de poste de la région, quelqu’un connaissant de vue le comte<br />
de la Roche. <strong>Le</strong> juge d’instruction a approuvé mon idée. En effet, la meilleure manière de<br />
faire disparaître momentanément un objet est de le confier à la poste.<br />
— Eh bien ?<br />
— Eh bien… voici !<br />
D’un geste théâtral, Poirot tira de sa poche un paquet enveloppé de papier marron<br />
dépouillé de sa ficelle.<br />
— Pendant ledit quart d’heure, notre gentleman a expédié ce petit colis.<br />
— À quelle adresse ?<br />
Poirot hocha la tête.<br />
— Malheureusement, la suscription ne nous apprend pas grand-chose. C’est une de ces<br />
<strong>of</strong>ficines comme il en existe tant à Paris, où, contre une somme modique, on vous garde vos<br />
lettres et vos colis jusqu’au moment où vous venez les réclamer.<br />
— Que contient ce paquet ? demanda Mr Van Aldin, bouillant d’impatience.<br />
Poirot défit l’emballage et découvrit une boîte en carton carrée. Il regarda autour de lui :<br />
— <strong>Le</strong> moment est propice, déclara-t-il. Tous les yeux sont tournés vers les joueurs.<br />
Regardez, monsieur !<br />
Il souleva le couvercle de la boîte, pendant une fraction de seconde. <strong>Le</strong> millionnaire<br />
poussa une exclamation de surprise et son visage devint blanc comme de la craie.<br />
— Mon Dieu ! ce sont les rubis !<br />
Van Aldin semblait étourdi par le choc.<br />
Poirot réintégra la boîte dans sa poche tout en savourant son triomphe. Soudain le<br />
millionnaire, remis de son émotion, se pencha vers le petit détective et lui serra la main à la<br />
briser.<br />
— Mes félicitations ! s’exclama Van Aldin. Monsieur Poirot, je vous admire !<br />
— Il n’y a pas de quoi, dit Poirot modestement. Avoir de l’ordre, de la méthode, prévoir<br />
toutes les éventualités possibles, voilà le secret du métier.<br />
— À présent, le comte de la Roche est sous les verrous ?<br />
— Pas encore, répondit Poirot.<br />
Une grande surprise se peignit sur les traits de Van Aldin.<br />
— Pourquoi ? Que faut-il de plus pour l’arrêter ?<br />
— L’alibi du comte demeure inébranlable.<br />
— C’est stupide !