Le train bleu - Chri.. - Index of

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grande simplicité. — Ainsi c’était M. le Marquis père ? Porte-t-il toujours un masque ? — Oui, toujours. Il y eut une pause. — Il vient sans doute pour les rubis ? — Oui. Que penses-tu de lui, ma chère enfant ? demanda l’autre, un regard amusé dans ses yeux de jais. — Je pense, répondit lentement Zia, qu’il est très rare de rencontrer un Anglais distingué parlant aussi correctement le français. — Ah ! tu crois ? Selon son habitude, il ne se compromettait point, mais il regarda Zia d’un air approbateur. — J’ai aussi remarqué que sa tête avait une forme bizarre. — Un peu massive, n’est-ce pas, Zia ? La perruque produit toujours cet effet-là. Le père et la fille échangèrent un regard entendu et tous deux sourirent.

CHAPITRE III « CŒUR DE FEU » Rufus Van Aldin passa par la porte tournante du Savoy et se dirigea vers le bureau de réception. — Je suis heureux de vous voir de retour, monsieur Van Aldin, lui dit le chef de réception avec un sourire aimable. Le millionnaire américain lui répondit d’un petit salut de la tête et lui demanda : — Est-ce que tout va bien ? — Oui, monsieur. Le major Knighton est là-haut. — Y a-t-il du courrier pour moi ? — On l’a monté, monsieur Van Aldin. Oh ! une minute ! L’employé plongea sa main dans le casier et en retira une lettre. — On vient de l’apporter, expliqua-t-il. Rufus Van Aldin prit la lettre. À la vue de l’écriture – une grande écriture de femme – son visage changea d’expression. Ses traits se radoucirent et les contours de sa bouche se relâchèrent. Il paraissait un autre homme. La lettre en main et un sourire sur les lèvres, il alla vers l’ascenseur. Dans le salon de son appartement, un jeune homme, assis devant un bureau, dépouillait le courrier avec l’aisance acquise par la pratique. Il se leva à l’entrée de Mr Van Aldin. — Bonjour, Knighton ! — Bonjour, monsieur. Vous avez fait un bon voyage ? — Pas trop mauvais, répliqua le millionnaire. À présent, Paris foisonne de pickpockets. Cependant… Je rapporte ce que je suis allé chercher. — Le contraire m’étonnerait, remarqua en souriant le secrétaire. Le millionnaire se débarrassa de son lourd pardessus et s’approcha du bureau. — Rien d’urgent. — Je ne crois pas, monsieur. Jusqu’ici c’est le courrier habituel. Mais je n’ai pas encore tout vu. Van Aldin exprimait rarement un reproche ou un compliment à ses employés. Du reste, il usait envers eux d’une méthode fort simple. Il les mettait à l’essai et renvoyait immédiatement ceux qui se montraient au-dessous de leur tâche. Deux mois auparavant, il avait fait la connaissance de Knighton dans une station hivernale de Suisse. Cet homme lui inspirait confiance et il trouva sur son livret militaire l’explication de sa légère boiterie. De son côté, Knighton lui apprit qu’il cherchait du travail et, timidement, demanda au millionnaire s’il ne connaissait pas un poste vacant. Van Aldin, un sourire amusé aux lèvres, se souvint de l’ahurissement du jeune homme lorsqu’il lui offrit de devenir son secrétaire. — Mais… je ne possède aucune connaissance en affaires, avait balbutié Knighton. — Peu importe, avait répondu Van Aldin. J’ai déjà trois secrétaires qui s’occupent de mon courrier commercial. Mais je compte rester un mois à Londres et il me faut un Anglais au courant des usages et capable de régler pour moi les questions mondaines.

CHAPITRE III<br />

« CŒUR DE FEU »<br />

Rufus Van Aldin passa par la porte tournante du Savoy et se dirigea vers le bureau de<br />

réception.<br />

— Je suis heureux de vous voir de retour, monsieur Van Aldin, lui dit le chef de réception<br />

avec un sourire aimable.<br />

<strong>Le</strong> millionnaire américain lui répondit d’un petit salut de la tête et lui demanda :<br />

— Est-ce que tout va bien ?<br />

— Oui, monsieur. <strong>Le</strong> major Knighton est là-haut.<br />

— Y a-t-il du courrier pour moi ?<br />

— On l’a monté, monsieur Van Aldin. Oh ! une minute !<br />

L’employé plongea sa main dans le casier et en retira une lettre.<br />

— On vient de l’apporter, expliqua-t-il.<br />

Rufus Van Aldin prit la lettre. À la vue de l’écriture – une grande écriture de femme – son<br />

visage changea d’expression. Ses traits se radoucirent et les contours de sa bouche se<br />

relâchèrent. Il paraissait un autre homme. La lettre en main et un sourire sur les lèvres, il<br />

alla vers l’ascenseur.<br />

Dans le salon de son appartement, un jeune homme, assis devant un bureau, dépouillait<br />

le courrier avec l’aisance acquise par la pratique. Il se leva à l’entrée de Mr Van Aldin.<br />

— Bonjour, Knighton !<br />

— Bonjour, monsieur. Vous avez fait un bon voyage ?<br />

— Pas trop mauvais, répliqua le millionnaire. À présent, Paris foisonne de pickpockets.<br />

Cependant… Je rapporte ce que je suis allé chercher.<br />

— <strong>Le</strong> contraire m’étonnerait, remarqua en souriant le secrétaire.<br />

<strong>Le</strong> millionnaire se débarrassa de son lourd pardessus et s’approcha du bureau.<br />

— Rien d’urgent.<br />

— Je ne crois pas, monsieur. Jusqu’ici c’est le courrier habituel. Mais je n’ai pas encore<br />

tout vu.<br />

Van Aldin exprimait rarement un reproche ou un compliment à ses employés. Du reste, il<br />

usait envers eux d’une méthode fort simple. Il les mettait à l’essai et renvoyait<br />

immédiatement ceux qui se montraient au-dessous de leur tâche.<br />

Deux mois auparavant, il avait fait la connaissance de Knighton dans une station<br />

hivernale de Suisse. Cet homme lui inspirait confiance et il trouva sur son livret militaire<br />

l’explication de sa légère boiterie. De son côté, Knighton lui apprit qu’il cherchait du travail<br />

et, timidement, demanda au millionnaire s’il ne connaissait pas un poste vacant. Van Aldin,<br />

un sourire amusé aux lèvres, se souvint de l’ahurissement du jeune homme lorsqu’il lui <strong>of</strong>frit<br />

de devenir son secrétaire.<br />

— Mais… je ne possède aucune connaissance en affaires, avait balbutié Knighton.<br />

— Peu importe, avait répondu Van Aldin. J’ai déjà trois secrétaires qui s’occupent de mon<br />

courrier commercial. Mais je compte rester un mois à Londres et il me faut un Anglais au<br />

courant des usages et capable de régler pour moi les questions mondaines.

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