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Le train bleu - Chri.. - Index of

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En effet, Derek se dirigeait tout droit sur eux. L’air soucieux et maussade, il restait en<br />

proie à un grand ennui. Lui et Knighton se saluèrent avec une certaine froideur. Seul, Poirot<br />

conservait sa belle humeur et plaisantait dans un louable effort de mettre chacun à son aise<br />

en distribuant des compliments à la ronde.<br />

— Monsieur Kettering, permettez-moi de vous féliciter : vous parlez admirablement le<br />

français ; vous pourriez vous faire passer pour un indigène si vous vouliez. Peu d’Anglais sont<br />

capables d’une telle prouesse.<br />

— Je voudrais bien pouvoir en faire autant, dit Catherine, mais je me rends compte que<br />

ma prononciation est tout à fait défectueuse.<br />

Ils arrivèrent à leur place et s’assirent. Presque aussitôt, Knighton aperçut son patron qui<br />

lui faisait des signes de l’autre bout du court. Il alla le rejoindre.<br />

— Je trouve ce jeune homme très comme il faut, dit Poirot, regardant s’éloigner le<br />

secrétaire. Et vous, mademoiselle ?<br />

— Il me plaît beaucoup.<br />

— Et vous, Mr Kettering ?<br />

Une vive riposte allait sortir des lèvres de Derek, mais quelque chose dans le regard<br />

malicieux du petit Belge le mit sur ses gardes. Choisissant ses mots, il répondit :<br />

— Knighton est un bon garçon.<br />

Catherine se figura que Poirot était déçu.<br />

— C’est un de vos grands admirateurs, monsieur Poirot, fit-elle.<br />

Puis elle lui raconta ce que lui avait dit Knighton pendant le trajet en automobile. Elle<br />

s’amusait beaucoup à voir le petit homme se dresser et gonfler sa poitrine tout en adoptant<br />

un air de fausse modestie qui ne pouvait tromper personne.<br />

— Cela me rappelle, mademoiselle, que j’ai un mot à vous dire. Lorsque vous parliez à<br />

cette pauvre dame dans son compartiment, vous avez laissé tomber votre étui à cigarettes.<br />

Catherine parut surprise.<br />

— Je ne crois pas, répondit-elle.<br />

Poirot tira de sa poche un étui à cigarettes en maroquin <strong>bleu</strong> avec l’initiale « K » en or [1] .<br />

— Non, cet objet ne m’appartient pas.<br />

— Oh ! toutes mes excuses. C’était sans doute celui de la dame. Évidemment, le K est<br />

l’initiale de Kettering. Mais elle en avait un autre dans son sac, c’est ce qui nous a trompés.<br />

Savez-vous si cet étui appartenait à votre femme ?<br />

Derek, interloqué, marmotta :<br />

— Je… Je n’en sais rien. Probablement que oui.<br />

— Ne serait-ce pas le vôtre, par hasard ?<br />

— Non. Si c’était le mien, vous ne l’auriez pas trouvé chez ma femme.<br />

Poirot semblait plus candide que jamais.<br />

— Je pensais que vous l’aviez laissé tomber pendant que vous étiez dans le compartiment<br />

de Mrs Kettering, expliqua-t-il naïvement.<br />

— Je n’y suis point entré. Je l’ai répété cent fois à la police.<br />

— Mille excuses, mademoiselle vous a vu entrer, dit Poirot, l’air très humble et très<br />

embarrassé.<br />

Catherine crut voir le visage de Derek pâlir ; peut-être était-ce pure imagination car il lui<br />

dit en riant, d’une voix la plus naturelle du monde :

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