Le train bleu - Chri.. - Index of
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Poirot y sera aussi. Ce petit homme est extraordinaire. <strong>Le</strong> connaissez-vous beaucoup, miss<br />
Grey ?<br />
— Non. Nous nous sommes vus pour la première fois dans le <strong>train</strong> en venant ici. Je lisais<br />
un roman policier et je prétendais que de telles tragédies ne se produisaient pas dans la vie<br />
réelle. Naturellement, j’ignorais à qui j’avais affaire.<br />
— C’est un détective très habile. Il possède le don de mener une enquête jusqu’au bout<br />
sans que personne ne devine ses intentions. Je me souviens que lors de mon séjour dans le<br />
Yorkshire, les bijoux de lady Clanravon disparurent. Tout d’abord on crut qu’il s’agissait d’un<br />
simple vol mais la police locale dut s’avouer incapable de mettre la main sur le criminel. Je<br />
suggérai aux autorités de faire appel à Hercule Poirot, mais ils avaient mis toute leur<br />
confiance dans Scotland Yard.<br />
— Qu’arriva-t-il ?<br />
— On ne retrouva jamais les bijoux.<br />
— Alors vous avez confiance en M. Poirot ?<br />
— Certes. <strong>Le</strong> comte de la Roche est un compère ; jusqu’ici il a glissé à travers les mailles<br />
du filet de la justice. Mais il va trouver son maître en la personne d’Hercule Poirot.<br />
— Vous croyez réellement que le comte de la Roche a commis ce meurtre ?<br />
— Évidemment. Et vous ? lui demanda Knighton.<br />
— Moi aussi, mais il ne s’agit pas là d’un vol ordinaire.<br />
— Il se pourrait que le criminel fût un vulgaire dévaliseur de <strong>train</strong>s, mais j’estime que<br />
dans le cas de Mrs Kettering, la culpabilité du comte de la Roche ne fait aucun doute.<br />
— Pourtant, il possède un alibi.<br />
— Oh ! un alibi ! s’exclama Knighton, un sourire éclairant ses traits juvéniles. Miss Grey,<br />
vous qui lisez des romans policiers, vous devriez savoir que l’homme possédant un parfait<br />
alibi est toujours celui sur qui doivent peser les plus graves soupçons.<br />
— Et vous pensez qu’il en est de même dans la réalité ?<br />
— Pourquoi pas ? La fiction est fondée sur la réalité.<br />
— Celle-ci est plus étonnante encore, répliqua Catherine.<br />
— Peut-être. En tout cas, si j’avais commis un crime, je n’aimerais pas avoir Hercule<br />
Poirot sur ma piste.<br />
— Ni moi non plus, dit Catherine en riant.<br />
À leur arrivée, ils furent accueillis par Poirot. Comme il faisait très chaud, il était vêtu de<br />
blanc avec un camélia à la boutonnière.<br />
— Bonjour, mademoiselle. J’ai l’air d’un Anglais, n’est-ce pas ?<br />
— Je vous trouve très bien ainsi, répondit aimablement Catherine.<br />
— Vous vous moquez de moi, mademoiselle, mais cela n’a pas d’importance. Papa Poirot<br />
rit toujours le dernier.<br />
— Où est Mr Van Aldin ? demanda Knighton.<br />
— Il viendra nous retrouver tout à l’heure. À vous parler franchement, mon ami, Mr Van<br />
Aldin n’est pas satisfait de moi. Oh ! ces Américains !… Ils ignorent la patience, le calme !<br />
Pour lui plaire, je devrais me jeter à la poursuite des criminels sur toutes les routes de Nice.<br />
— À mon avis, ce n’est pas une mauvaise idée, observa Knighton.<br />
— Erreur, lui répondit Poirot. Dans ces sortes d’histoires, il ne suffit pas de savoir courir,<br />
mais d’avoir du flair. Et le tennis constitue un excellent champ d’observation, puisqu’on y<br />
rencontre beaucoup de monde. Tiens ! voilà Mr Kettering !