Le train bleu - Chri.. - Index of
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pas venus chez lui. <strong>Le</strong> serviteur lui répondit négativement.<br />
<strong>Le</strong> comte monta dans sa chambre à coucher et se dirigea vers un vieux secrétaire placé<br />
contre le mur. Il en abattit le couvercle et ses doigts agiles firent jouer un ressort dissimulé<br />
au fond d’un des casiers. Un tiroir secret s’ouvrit, dans lequel se trouvait un petit paquet<br />
enveloppé de papier brun. <strong>Le</strong> comte le prit et le soupesa dans sa main. Puis, avec une légère<br />
grimace, il arracha un cheveu de sa tête et le plaça sur le bord du tiroir qu’il referma<br />
soigneusement.<br />
<strong>Le</strong> petit paquet dans sa main, il descendit l’escalier et sortit de la maison pour se rendre<br />
au garage. Dix minutes après, dans sa petite voiture rouge à deux places, il filait sur la route<br />
de Monte-Carlo.<br />
Après avoir passé quelques heures au casino, il flâna à travers la ville. Puis il remonta<br />
dans son automobile et prit la direction de Menton. Au début de l’après-midi, il avait<br />
remarqué une voiture grise à quelque distance derrière lui. De nouveau, il la revoyait sur la<br />
route. <strong>Le</strong> comte sourit et pressa fortement l’accélérateur. On gravissait une longue côte très<br />
raide. La petite voiture rouge, construite sur commande par le comte, possédait un moteur<br />
plus fort que ne l’aurait laissé soupçonner ses dimensions restreintes. Elle partit d’un trait.<br />
<strong>Le</strong> sourire aux lèvres, le comte jeta un coup d’œil en arrière vers la voiture grise.<br />
Enveloppée d’un nuage de poussière, la petite automobile rouge bondissait sur la route à une<br />
allure dangereuse, mais le comte conduisait avec une maîtrise et un sang-froid<br />
extraordinaires.<br />
À présent, la voiturette descendait une pente sinueuse et bientôt, elle ralentit pour<br />
s’arrêter enfin devant un bureau de poste. <strong>Le</strong> comte sauta de son siège, souleva le couvercle<br />
du c<strong>of</strong>fre à outils, y prit le petit paquet enveloppé de papier brun et se précipita dans le<br />
bureau.<br />
Deux minutes plus tard, il remontait en voiture et continuait sa route vers Menton. Quand<br />
l’auto grise arriva dans cette ville, le comte, assis à la terrasse d’un hôtel, dégustait son<br />
« Five o’clock tea » à l’anglaise.<br />
Dans la soirée, il retourna dîner à Monte-Carlo, et regagna son domicile à onze heures.<br />
Hippolyte vint à sa rencontre, l’air très ennuyé.<br />
— Ah ! Voici enfin M. le Comte. Monsieur le Comte a-t-il téléphoné tantôt ?<br />
<strong>Le</strong> comte fit un signe de tête négatif.<br />
— Pourtant, à trois heures, j’ai reçu un coup de téléphone de monsieur le Comte, disant<br />
de venir le rejoindre à Nice, au Negresco.<br />
— Vraiment ? Et vous y êtes allé ?<br />
— Oui, monsieur le Comte, mais au Negresco on n’a pu me renseigner. Monsieur le Comte<br />
n’y était pas venu.<br />
— Ah ! et sans doute qu’à cette même heure Marie était sortie faire ses emplettes pour le<br />
dîner ?<br />
— Oui, monsieur le Comte.<br />
— Oh ! ne vous tourmentez pas, Hippolyte ! C’est sans doute une erreur.<br />
<strong>Le</strong> comte monta dans sa chambre, souriant en lui-même.<br />
Il s’enferma à clef et regarda attentivement autour de lui. Tout paraissait en ordre. Il<br />
ouvrit plusieurs tiroirs. <strong>Le</strong>s objets avaient été replacés presque exactement comme il les<br />
avait mis, pas tout à fait cependant. De toute évidence, la chambre avait été fouillée dans<br />
tous les coins et recoins.