Le train bleu - Chri.. - Index of
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— <strong>Le</strong> fieffé hypocrite ! Je suppose qu’il a exprimé un vif chagrin ?<br />
— N…on, répondit le commissaire circonspect, pas à mon avis. Qu’en pensez-vous,<br />
monsieur Carrège ?<br />
<strong>Le</strong> juge joignit les mains et ferma les yeux à demi.<br />
— Ma foi, il m’a paru stupéfait, bouleversé d’horreur… mais il n’a point manifesté une<br />
pr<strong>of</strong>onde douleur.<br />
Hercule Poirot prit ensuite la parole.<br />
— Monsieur Van Aldin, permettez-moi de vous demander si Mr Kettering tire un pr<strong>of</strong>it<br />
quelconque de la mort de sa femme ?<br />
— Oui, il hérite de deux millions.<br />
— Deux millions de dollars ?<br />
— Non. Deux millions de livres sterling. J’ai donné cette somme à Ruth le jour de son<br />
mariage. Elle n’a pas fait de testament et, comme elle ne laisse pas d’enfants, la dot, suivant<br />
la loi anglaise, revient à son mari.<br />
— D’avec qui elle était précisément sur le point de divorcer, murmura Poirot.<br />
<strong>Le</strong> commissaire se tourna vers le détective.<br />
— Vous dites ?<br />
— Rien. Je juxtapose les faits, voilà tout.<br />
Van Aldin l’observait. Bientôt le petit homme se leva.<br />
— Monsieur le juge, je ne vous suis plus guère utile pour l’instant, dit-il, en s’inclinant<br />
poliment devant le magistrat. Vous serez bien aimable de me tenir au courant des<br />
événements.<br />
— Certainement, monsieur, certainement.<br />
Van Aldin se leva à son tour.<br />
— Vous n’avez plus besoin de moi ?<br />
— Non, monsieur, ces renseignements nous suffisent pour le moment.<br />
— En ce cas, j’accompagne M. Poirot, s’il n’y voit pas d’inconvénient.<br />
— Enchanté, monsieur, lui répondit aimablement le détective.<br />
Van Aldin alluma un énorme cigare, et en <strong>of</strong>frit un à Poirot. Celui-ci refusa et fuma une de<br />
ses minuscules cigarettes. Doué d’une étonnante force de caractère, Van Aldin semblait avoir<br />
recouvré son calme habituel. Après avoir marché en silence pendant une minute ou deux, le<br />
millionnaire dit à son compagnon :<br />
— Ainsi, monsieur Poirot, vous n’exercez plus votre pr<strong>of</strong>ession de détective ?<br />
— En effet, monsieur, je me repose à présent.<br />
— Cependant, tout à l’heure vous secondiez la police dans ses recherches.<br />
— Monsieur, un docteur témoin d’un accident passera-t-il son chemin en disant : « J’ai<br />
abandonné ma pr<strong>of</strong>ession, je continue ma promenade », tandis qu’à ses pieds un homme<br />
baigne dans son sang ? Non, n’est-ce pas ? Ah ! si j’avais été déjà installé à Nice et que la<br />
police fût venue me demander de l’aider, j’aurais refusé net. Mais il semblerait que le bon<br />
Dieu m’eût placé là juste au moment voulu.<br />
— Vous étiez dans le <strong>train</strong>, dites-vous ? Alors, vous avez visité le compartiment ?<br />
Poirot fit un signe affirmatif.<br />
— Sans doute avez-vous découvert certains détails significatifs ?<br />
— Oui.<br />
— Vous comprenez où je veux en venir ? La culpabilité du comte de la Roche semble