Le train bleu - Chri.. - Index of

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— Parmi ses bagages se trouvait un sac en maroquin rouge, n’est-ce pas ? Un grand écrin à bijoux ? — Oui, monsieur. — Avez-vous emporté ce sac au Ritz ? — Moi, emporter l’écrin de ma maîtresse au Ritz ? Vous n’y songez pas, monsieur, protesta Mason, frémissante d’indignation. — Alors, vous l’avez laissé dans le train ? — Oui, monsieur. — Savez-vous si votre maîtresse prenait beaucoup de bijoux avec elle ? — Pas mal, monsieur. Par moments, j’en étais même ennuyée, avec toutes ces vilaines histoires de bandits qu’on lit dans les journaux. Je sais que les bijoux étaient assurés, tout de même cela me semblait bien risqué de porter ce sac en voyage. Ma maîtresse me disait qu’à eux seuls, les rubis valaient plusieurs centaines de mille livres sterling. — Les rubis ! Quels rubis ? hurla Van Aldin. Mason se tourna vers lui. — Je crois que c’est vous qui les lui aviez donnés, monsieur, tout dernièrement. — Comment ! Vous dites qu’elle emportait ces rubis avec elle ? Je lui avais pourtant recommandé de les déposer à la banque. Mason fit entendre un toussotement discret, qui, apparemment, constituait un des artifices de son métier de femme de chambre. Cette fois, il en disait long. Mieux qu’aucune parole, il exprimait clairement que la maîtresse de Mason n’avait jamais écouté que son caprice. — Elle devenait folle ? marmotta Van Aldin, Que se passait-il dans sa tête ? À son tour, M. Carrège émit une petite toux également significative qui attira sur lui l’attention de Van Aldin. — Pour le moment, mademoiselle, c’est tout ce que nous désirons vous demander, dit M. Carrège à Mason. Si vous vouliez bien passer dans la pièce à côté, on va vous lire l’interrogatoire que vous signerez. Mason sortit escortée d’un greffier. — Eh bien ? demanda Van Aldin au magistrat. M. Carrège ouvrit un des tiroirs de son bureau, y prit une lettre et la tendit à Van Aldin. — Voici ce que nous avons trouvé dans le sac à main de Madame. Van Aldin lut : Chère amie, Je vous obéirai et m’efforcerai d’être prudent et discret… choses bien haïssables pour un ami. Il n’eût peut-être pas été très prudent de nous installer à Paris, mais les Îles d’Or se trouvent très éloignées de notre monde, et, soyez tranquille, personne n’en saura jamais rien. Vous êtes infiniment adorable de vous intéresser à mes recherches sur ces fameux bijoux. Ce sera pour moi un rare privilège de voir et de toucher ces rubis historiques. Dans mon livre, je consacre précisément tout un chapitre au « Cœur de Feu ». Ma bien-aimée, nous vivrons heureux ensemble et je m’efforcerai de vous faire oublier ces longues années de séparation. Celui qui vous adore.

Armand.

— Parmi ses bagages se trouvait un sac en maroquin rouge, n’est-ce pas ? Un grand écrin<br />

à bijoux ?<br />

— Oui, monsieur.<br />

— Avez-vous emporté ce sac au Ritz ?<br />

— Moi, emporter l’écrin de ma maîtresse au Ritz ? Vous n’y songez pas, monsieur,<br />

protesta Mason, frémissante d’indignation.<br />

— Alors, vous l’avez laissé dans le <strong>train</strong> ?<br />

— Oui, monsieur.<br />

— Savez-vous si votre maîtresse prenait beaucoup de bijoux avec elle ?<br />

— Pas mal, monsieur. Par moments, j’en étais même ennuyée, avec toutes ces vilaines<br />

histoires de bandits qu’on lit dans les journaux. Je sais que les bijoux étaient assurés, tout de<br />

même cela me semblait bien risqué de porter ce sac en voyage. Ma maîtresse me disait qu’à<br />

eux seuls, les rubis valaient plusieurs centaines de mille livres sterling.<br />

— <strong>Le</strong>s rubis ! Quels rubis ? hurla Van Aldin.<br />

Mason se tourna vers lui.<br />

— Je crois que c’est vous qui les lui aviez donnés, monsieur, tout dernièrement.<br />

— Comment ! Vous dites qu’elle emportait ces rubis avec elle ? Je lui avais pourtant<br />

recommandé de les déposer à la banque.<br />

Mason fit entendre un toussotement discret, qui, apparemment, constituait un des<br />

artifices de son métier de femme de chambre. Cette fois, il en disait long. Mieux qu’aucune<br />

parole, il exprimait clairement que la maîtresse de Mason n’avait jamais écouté que son<br />

caprice.<br />

— Elle devenait folle ? marmotta Van Aldin, Que se passait-il dans sa tête ?<br />

À son tour, M. Carrège émit une petite toux également significative qui attira sur lui<br />

l’attention de Van Aldin.<br />

— Pour le moment, mademoiselle, c’est tout ce que nous désirons vous demander, dit M.<br />

Carrège à Mason. Si vous vouliez bien passer dans la pièce à côté, on va vous lire<br />

l’interrogatoire que vous signerez.<br />

Mason sortit escortée d’un greffier.<br />

— Eh bien ? demanda Van Aldin au magistrat.<br />

M. Carrège ouvrit un des tiroirs de son bureau, y prit une lettre et la tendit à Van Aldin.<br />

— Voici ce que nous avons trouvé dans le sac à main de Madame.<br />

Van Aldin lut :<br />

Chère amie,<br />

Je vous obéirai et m’efforcerai d’être prudent et discret… choses bien haïssables pour un<br />

ami. Il n’eût peut-être pas été très prudent de nous installer à Paris, mais les Îles d’Or se<br />

trouvent très éloignées de notre monde, et, soyez tranquille, personne n’en saura jamais<br />

rien. Vous êtes infiniment adorable de vous intéresser à mes recherches sur ces fameux bijoux.<br />

Ce sera pour moi un rare privilège de voir et de toucher ces rubis historiques. Dans mon livre,<br />

je consacre précisément tout un chapitre au « Cœur de Feu ».<br />

Ma bien-aimée, nous vivrons heureux ensemble et je m’efforcerai de vous faire oublier ces<br />

longues années de séparation. Celui qui vous adore.

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