Le train bleu - Chri.. - Index of
Le train bleu - Chri.. - Index of Le train bleu - Chri.. - Index of
l’avait poussée à agir ainsi ? Pendant quelques minutes, il songea aux curieuses coïncidences nées du hasard. Comment serait-il venu à l’idée de Ruth que la première personne à qui parlerait sa domestique serait précisément le secrétaire de son père ? Ah ! voilà comment le destin se joue de nos projets et de quelle façon les secrets se dévoilent. Il tressaillit à cette dernière pensée. Se cachait-il là-dessous quelque mystère ? Il redoutait de se poser pareille question. La clef de l’énigme était, cela ne faisait pour lui aucun doute, Armand de la Roche. Quelle amère déception pour Van Aldin, de savoir sa fille dupée par un tel individu ! Il dut cependant admettre qu’elle se trouvait en bonne compagnie, d’autres femmes intelligentes et distinguées s’étaient laissé prendre aux manières fascinantes de l’escroc. Les hommes voyaient clair dans son jeu, mais pas les femmes. Il chercha une phrase susceptible d’apaiser les soupçons que pouvait concevoir son secrétaire. — Ruth change d’avis à tout bout de champ, remarqua-t-il. Puis il ajouta d’un ton indifférent : la femme de chambre ne vous a fourni aucune explication pour… pour ce changement de programme ? Knighton, s’efforçant de paraître aussi naturel que possible répondit : — Elle m’a dit que Mrs Kettering avait rencontré par hasard une de ses connaissances. — Ah bah ! L’oreille exercée de Knighton surprit une note d’inquiétude dans la voix de son patron. — Un homme ou une femme ? — Je crois bien qu’elle m’a parlé d’un homme, monsieur. Les horribles appréhensions de Van Aldin se confirmaient. Il se leva et marcha d’un bout à l’autre de la pièce selon sa coutume, lorsqu’il était agité. Incapable de contenir davantage sa colère, il éclata. — Où est l’homme capable de faire entendre raison à une femme ? Ces créatures sont dénuées de tout bon sens. Qu’on vienne encore me parler de l’intuition féminine ! Tous les gens d’expérience vous diront que la femme est une proie tout indiquée pour un filou. Pas une sur dix n’est capable de démasquer un aigrefin. Elles ne résistent pas à l’élégance ou aux paroles doucereuses d’un bellâtre. Si seulement je pouvais agir… Il fut interrompu par l’arrivée du groom porteur d’un télégramme. Van Aldin l’ouvrit et son visage devint blême. Pour ne point tomber il se retint au dossier d’une chaise et d’un geste congédia le messager. — Qu’y a-t-il, monsieur ? demanda Knighton en se levant vivement. — Ruth ! proféra Van Aldin d’une voix rauque. — Mrs Kettering ? — Morte ! — Un accident de chemin de fer ? Van Aldin hocha la tête. — Non. D’après cette dépêche, on l’a également volée : ils ne le disent pas clairement, mais ma pauvre fille a été assassinée. — Oh ! mon Dieu ! — Ce télégramme a été envoyé de Nice, par la police. Je vais m’y rendre tout de suite. Toujours aussi empressé Knighton consulta la pendule.
— Le train quitte la gare de Victoria à une heure, monsieur. — C’est cela. Vous m’accompagnerez, Knighton. Prévenez mon valet de chambre Archer et préparez votre valise. Veillez à ce que tout soit remis en ordre ici : pendant ce temps-là, je saute jusqu’à Curzon Street. Le téléphone retentit et le secrétaire prit le récepteur. — Allô ! Qui est à l’appareil ? Puis, se tournant vers Van Aldin ; — Mr Goby désire vous voir, monsieur. — Goby ? Je ne puis le recevoir maintenant… Ma foi… Nous avons amplement le temps. Dites qu’on le fasse monter. Van Aldin avait déjà recouvré son air calme et énergique. Peu de gens eussent remarqué son trouble au moment où il accueillit Mr Goby. — Je n’ai que quelques minutes à vous consacrer, Goby. Avez-vous quelque chose d’important à m’apprendre ? Mr Goby toussota. — Il s’agit de Mr Kettering. Vous m’avez demandé de vous fournir des renseignements sur lui. — Oui… et alors ? — Mr Kettering a quitté Londres hier matin pour se rendre à la Riviera. — Que dites-vous ? demanda Mr Van Aldin. Mr Goby dut être frappé par le son de sa voix. Ce digne gentleman se départit de son flegme habituel, et lança un coup d’œil au millionnaire. — Quel train a-t-il pris ? interrogea Van Aldin. — Le Train Bleu, monsieur. Mr Goby toussa de nouveau et ajouta, en regardant la pendule de la cheminée : — Mlle Mireille, la danseuse du Parthénon a pris le même train.
- Page 6 and 7: CHAPITRE II MONSIEUR LE MARQUIS L
- Page 8 and 9: grande simplicité. — Ainsi c’
- Page 10 and 11: Van Aldin se félicitait de son cho
- Page 12 and 13: CHAPITRE IV CURZON STREET L’honor
- Page 14 and 15: — Voyons, Ruth, as-tu des ennuis
- Page 16 and 17: CHAPITRE V UN HOMME DE RESSOURCES R
- Page 18 and 19: plus anciennes d’Angleterre. Peut
- Page 20 and 21: — Oui. Il m’a débité un tas d
- Page 22 and 23: CHAPITRE VI MIREILLE Derek Ketterin
- Page 24 and 25: eau rubis du monde : « Le Cœur de
- Page 26 and 27: CHAPITRE VII DES LETTRES Mrs Samuel
- Page 28 and 29: — Mrs Harfield était une des pre
- Page 30 and 31: — C’est que vous avez toujours
- Page 32 and 33: — Ce n’est pas à nous qu’ell
- Page 34 and 35: mannequins. La dame, debout près d
- Page 36 and 37: être trop observateurs. Toujours e
- Page 38 and 39: CHAPITRE X DANS LE TRAIN BLEU — P
- Page 40 and 41: chambre dans un double compartiment
- Page 42 and 43: tact, elle ajouta : il faut que je
- Page 44 and 45: CHAPITRE XI LE CRIME Le lendemain m
- Page 46 and 47: — Évidemment. Mais pour l’inst
- Page 48 and 49: — Je la reconnais, dit-elle enfin
- Page 50 and 51: L’employé se retira. — D’apr
- Page 52 and 53: train de juger la nouvelle arrivée
- Page 54 and 55: s’empressa auprès de Catherine,
- Page 58 and 59: CHAPITRE XIV LA DÉPOSITION D’ADA
- Page 60 and 61: — Parmi ses bagages se trouvait u
- Page 62 and 63: CHAPITRE XV LE COMTE DE LA ROCHE Va
- Page 64 and 65: promptement le problème. Elle se d
- Page 66 and 67: CHAPITRE XVI POIROT DISCUTE L’AFF
- Page 68 and 69: plausible, mais je ne suis pas un n
- Page 70 and 71: CHAPITRE XVII UN ARISTOCRATE — Ge
- Page 72 and 73: — Non. — Quelqu’un pourrait-i
- Page 74 and 75: — Je crois qu’elle n’en a jam
- Page 76 and 77: CHAPITRE XVIII LE DÉJEUNER DE KETT
- Page 78 and 79: CHAPITRE XIX UNE VISITE INATTENDUE
- Page 80 and 81: — Vous me comprenez, cette fois.
- Page 82 and 83: Le comte s’approcha du bureau et
- Page 84 and 85: — On demande Mademoiselle au tél
- Page 86 and 87: — Si seulement je savais quelle d
- Page 88 and 89: Poirot y sera aussi. Ce petit homme
- Page 90 and 91: — Vous faites erreur, miss Grey.
- Page 92 and 93: — Peut-être. Malheureusement, no
- Page 94 and 95: Le visage du Grec changea d’expre
- Page 96 and 97: d’hier. À vous voir, on jurerait
- Page 98 and 99: — Je ne crois pas, monsieur. —
- Page 100 and 101: CHAPITRE XXIV POIROT DONNE SON AVIS
- Page 102 and 103: lui donnera du fil à retordre. Poi
- Page 104 and 105: CHAPITRE XXV MÉFIANCE Au moment o
l’avait poussée à agir ainsi ?<br />
Pendant quelques minutes, il songea aux curieuses coïncidences nées du hasard.<br />
Comment serait-il venu à l’idée de Ruth que la première personne à qui parlerait sa<br />
domestique serait précisément le secrétaire de son père ? Ah ! voilà comment le destin se<br />
joue de nos projets et de quelle façon les secrets se dévoilent.<br />
Il tressaillit à cette dernière pensée. Se cachait-il là-dessous quelque mystère ? Il<br />
redoutait de se poser pareille question. La clef de l’énigme était, cela ne faisait pour lui<br />
aucun doute, Armand de la Roche.<br />
Quelle amère déception pour Van Aldin, de savoir sa fille dupée par un tel individu ! Il dut<br />
cependant admettre qu’elle se trouvait en bonne compagnie, d’autres femmes intelligentes<br />
et distinguées s’étaient laissé prendre aux manières fascinantes de l’escroc. <strong>Le</strong>s hommes<br />
voyaient clair dans son jeu, mais pas les femmes.<br />
Il chercha une phrase susceptible d’apaiser les soupçons que pouvait concevoir son<br />
secrétaire.<br />
— Ruth change d’avis à tout bout de champ, remarqua-t-il. Puis il ajouta d’un ton<br />
indifférent : la femme de chambre ne vous a fourni aucune explication pour… pour ce<br />
changement de programme ?<br />
Knighton, s’efforçant de paraître aussi naturel que possible répondit :<br />
— Elle m’a dit que Mrs Kettering avait rencontré par hasard une de ses connaissances.<br />
— Ah bah !<br />
L’oreille exercée de Knighton surprit une note d’inquiétude dans la voix de son patron.<br />
— Un homme ou une femme ?<br />
— Je crois bien qu’elle m’a parlé d’un homme, monsieur.<br />
<strong>Le</strong>s horribles appréhensions de Van Aldin se confirmaient. Il se leva et marcha d’un bout à<br />
l’autre de la pièce selon sa coutume, lorsqu’il était agité. Incapable de contenir davantage sa<br />
colère, il éclata.<br />
— Où est l’homme capable de faire entendre raison à une femme ? Ces créatures sont<br />
dénuées de tout bon sens. Qu’on vienne encore me parler de l’intuition féminine ! Tous les<br />
gens d’expérience vous diront que la femme est une proie tout indiquée pour un filou. Pas<br />
une sur dix n’est capable de démasquer un aigrefin. Elles ne résistent pas à l’élégance ou aux<br />
paroles doucereuses d’un bellâtre. Si seulement je pouvais agir…<br />
Il fut interrompu par l’arrivée du groom porteur d’un télégramme. Van Aldin l’ouvrit et son<br />
visage devint blême. Pour ne point tomber il se retint au dossier d’une chaise et d’un geste<br />
congédia le messager.<br />
— Qu’y a-t-il, monsieur ? demanda Knighton en se levant vivement.<br />
— Ruth ! pr<strong>of</strong>éra Van Aldin d’une voix rauque.<br />
— Mrs Kettering ?<br />
— Morte !<br />
— Un accident de chemin de fer ?<br />
Van Aldin hocha la tête.<br />
— Non. D’après cette dépêche, on l’a également volée : ils ne le disent pas clairement,<br />
mais ma pauvre fille a été assassinée.<br />
— Oh ! mon Dieu !<br />
— Ce télégramme a été envoyé de Nice, par la police. Je vais m’y rendre tout de suite.<br />
Toujours aussi empressé Knighton consulta la pendule.