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Le train bleu - Chri.. - Index of

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aissé ses prétentions depuis notre entretien de ce matin… Ce changement d’attitude ne<br />

s’accorde guère avec l’idée que l’on se fait de ces « Napoléon » de la finance. Sans doute ne<br />

se trouve-t-il pas en aussi bonne posture qu’il l’aurait cru tout d’abord ?<br />

Knighton écouta poliment les railleries de Derek sans rien laisser paraître de ses<br />

sentiments. Il attendit que son hôte se tût puis il dit, sans regarder son interlocuteur :<br />

— Voici en quelques mots la proposition de votre beau-père : Mrs Kettering doit<br />

demander le divorce. Si l’affaire passe au tribunal sans que vous fassiez de scandale, vous<br />

toucherez cent mille livres le jour où le divorce sera prononcé.<br />

Derek Kettering qui allumait sa cigarette, s’arrêta net.<br />

— Cent mille livres !<br />

Pendant deux minutes il réfléchit. Cent mille livres, c’était la vie douce et insouciante. Van<br />

Aldin savait donc quelque chose. Il ne lâchait pas son argent pour rien.<br />

Derek se leva et s’appuya au marbre de la cheminée.<br />

— Et si je refusais cette <strong>of</strong>fre magnifique ? demanda-t-il, affectant une politesse froide.<br />

Knighton esquissa un geste d’excuse.<br />

— Croyez bien, monsieur Kettering, que c’est bien malgré moi que je remplis cette<br />

mission.<br />

— Je m’en rends compte, Knighton. Je sais que vous n’y êtes pour rien. Voulez-vous<br />

répondre à la question que je vous ai posée.<br />

Knighton se leva à son tour et parla avec une répugnance très visible.<br />

— Au cas où vous repousseriez sa proposition, Mr Van Aldin m’a chargé de vous dire qu’il<br />

se propose de vous écraser. Telles sont ses propres paroles.<br />

— Rien de moins ! dit Kettering. Je sais qu’il en est capable. À quoi bon essayer de lutter<br />

contre un millionnaire américain ! Cent mille livres ! Si on veut acheter un homme, il ne faut<br />

pas regarder au prix. Et si je vous disais de répondre à mon beau-père que pour deux cents<br />

mille livres, je consentirais à suivre sa volonté ?<br />

— Je lui transmettrais votre message, dit Knighton. Est-ce là votre dernier mot ?<br />

— Non… Retournez plutôt près de mon beau-père et dites-lui qu’il aille au diable avec son<br />

argent. Est-ce clair ?<br />

— Entendu !<br />

Knighton hésita, puis rougit.<br />

— Je… Monsieur Kettering, voulez-vous me permettre de vous féliciter de cette réponse.<br />

Derek se tut. Quand le secrétaire fut parti, il demeura une minute ou deux plongé dans<br />

ses pensées.<br />

Un sourire étrange effleura ses lèvres.<br />

— <strong>Le</strong>s dés sont jetés, murmura-t-il.

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