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Le train bleu - Chri.. - Index of

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— Cela me paraît plutôt une grossière tentative de chantage, miss Grey. Je n’ai pas<br />

besoin de vous dire que ces gens n’ont aucun droit à l’héritage, et s’ils essaient de faire<br />

annuler le testament, aucun tribunal ne leur donnera raison.<br />

— C’est ce que je pensais.<br />

— Certaines gens manquent totalement de psychologie. À la place de Mrs Harfield, je me<br />

serais plutôt adressé à votre bon cœur.<br />

— Je voulais justement aborder ce sujet et abandonner une partie de la fortune en faveur<br />

de la famille de Mrs Harfield.<br />

— Rien ne vous y oblige.<br />

— Je le sais.<br />

— Ils interpréteront mal votre générosité, et croiront que vous voulez ainsi les réduire au<br />

silence. Ce qui ne les empêchera pas d’accepter votre argent.<br />

— Je m’en doute, mais que faire ?<br />

— Je vous conseille, miss Grey, de bannir cette idée de votre esprit.<br />

Catherine hocha la tête.<br />

— Vous avez tout à fait raison ; cependant, je veux leur donner quelque chose.<br />

— Ils se jetteront sur votre argent et ne désarmeront pas pour autant.<br />

— Cela m’est égal. Chacun prend son plaisir où il le trouve. Après tout, ce sont les seuls<br />

parents de Mrs Harfield. Durant toute sa vie, ils ont dédaigné leur cousine parce qu’ils la<br />

croyaient pauvre, mais à mon avis il serait injuste de leur refuser toute part d’héritage.<br />

Malgré l’obstination du notaire, elle finit par lui faire adopter son point de vue. Bientôt elle<br />

se retrouva dans les rues de Londres, satisfaite à la pensée que, désormais, elle pouvait<br />

dépenser sans compter et échafauder toutes sortes de projets. Elle songea tout d’abord à se<br />

rendre dans une grande maison de couture.<br />

Elle fut reçue par une Française svelte et élégante, gracieuse comme une princesse de<br />

rêve. Catherine s’adressa à elle en toute candeur :<br />

— Madame, je voudrais me confier à votre bon goût. Toute ma vie j’ai été très pauvre et<br />

j’ignore tout de la mode actuelle. Je viens d’hériter d’une fortune et je tiens à faire bonne<br />

figure dans la haute société.<br />

La Française se montra charmée de cette aubaine. <strong>Le</strong> matin même, une Argentine,<br />

épouse d’un roi de la viande, avait mis son tempérament d’artiste à une rude épreuve : cette<br />

grosse femme avait exigé les robes qui convenaient le moins à son genre de beauté<br />

rutilante.<br />

La couturière détailla sa nouvelle cliente d’un œil pr<strong>of</strong>essionnel.<br />

— Avec grand plaisir. Mademoiselle est bien faite, les lignes simples lui conviendront à<br />

merveille. Mademoiselle a le type très anglais. Cette remarque déplairait à certaines<br />

personnes, mais je vois que Mademoiselle ne s’en formalise pas. Rien n’est si délicieux<br />

qu’une belle Anglaise.<br />

L’aimable vendeuse abandonna ses airs de princesse lointaine et cria ses ordres aux<br />

différents mannequins de la maison.<br />

— Clotilde, Virginie ! Vite, mes mignonnes ! le petit tailleur gris clair et la robe de soirée<br />

« Soupir d’Automne ». Marcelle, mon enfant, mettez la toilette de crêpe de Chine couleur<br />

mimosa.<br />

La matinée était splendide. Marcelle, Clotilde et Virginie, ennuyées et de mauvaise<br />

humeur, avançaient lentement en faisant des contorsions suivant l’allure classique des

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