Le train bleu - Chri.. - Index of
Le train bleu - Chri.. - Index of
Le train bleu - Chri.. - Index of
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
eau rubis du monde : « <strong>Le</strong> Cœur de Feu ! »<br />
Kettering ne répondit point. La danseuse reprit.<br />
— C’est un bijou magnifique… un joyau qui devrait appartenir à une femme comme moi.<br />
J’adore les bijoux, Derek. Ah ! Porter un rubis comme le « Cœur de Feu » !<br />
Elle poussa un petit soupir, puis redevint une femme pratique.<br />
— Derek, tu ne peux pas comprendre ces choses. Tu n’es qu’un homme. Van Aldin <strong>of</strong>frira<br />
sans doute ce bijou à sa fille. Est-elle son unique enfant ?<br />
— Oui.<br />
— Alors, quand il mourra, elle héritera de toute sa fortune. Elle sera riche.<br />
— Elle l’est déjà, dit sèchement Derek. Il lui a donné deux millions de dollars le jour de<br />
son mariage.<br />
— Deux millions ! Si elle mourait subitement, tout cet argent te reviendrait ?<br />
— Actuellement, oui. Je ne sache pas qu’elle ait fait un testament.<br />
— Mon Dieu ! s’exclama la danseuse. Si elle mourait, cela arrangerait tout.<br />
Après un moment de pause, Derek éclata de rire.<br />
— Ta façon ingénue de prévoir les circonstances est tout simplement admirable, Mireille,<br />
mais je crains que ton désir ne se réalise pas de si tôt. Ma femme possède une santé<br />
excellente.<br />
— Eh bien, et les accidents ?<br />
Il la dévisagea sans répondre.<br />
— Tu as raison, mon petit. Nous devons chercher autre chose que des éventualités. <strong>Le</strong><br />
mieux est de ne plus parler de divorce. Il faut que ta femme abandonne cette idée.<br />
— Et si elle refuse de m’écouter ?<br />
— Elle t’écoutera… par peur du scandale. Tu sais une ou deux petites histoires qu’elle ne<br />
voudrait pas voir publier dans les journaux. Que penseraient ses bonnes amies ?<br />
— Que veux-tu dire ?<br />
Mireille, la tête rejetée en arrière, éclata de rire.<br />
— Par<strong>bleu</strong>, il y a l’affaire du comte de la Roche. Je connais toute l’idylle. Souviens-toi que<br />
je suis une Parisienne. Avant de t’épouser, elle l’aimait, n’est-ce pas ?<br />
Kettering prit la femme par les épaules.<br />
— Tu mens ! Je te prie de te souvenir qu’il s’agit de ma femme.<br />
Mireille se calma.<br />
— Vous êtes extraordinaires, vous autres, Anglais ! Peut-être as-tu tout de même raison.<br />
<strong>Le</strong>s Américains sont si froids, n’est-ce pas ? Toutefois, permets-moi de te dire que ta femme<br />
était amoureuse de cet homme avant de t’épouser. Son père est intervenu et a envoyé<br />
promener le comte. La petite miss a obéi à son papa en versant beaucoup de larmes. Tu<br />
admettras tout de même que, maintenant, c’est différent. Ils se voient presque tous les jours<br />
et le quatorze elle va le rejoindre à Paris.<br />
— Comment le sais-tu ? demanda Kettering.<br />
— Oh ! J’ai à Paris des amis qui connaissent le comte intimement. Tout est prévu. Elle<br />
raconte qu’elle part pour la Riviera, mais en réalité ils vont se retrouver à Paris et… qui sait ?<br />
Crois-moi, tout est arrangé d’avance.<br />
Derek Kettering demeurait impassible.<br />
— Si tu es adroit, ronronna la danseuse, tu la tiens dans le creux de ta main. Tu peux la<br />
réduire à ta merci.