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Le train bleu - Chri.. - Index of

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Elle leva sur lui des yeux interrogateurs. Il s’approcha d’elle et lui prit la main.<br />

— Tu ne m’abandonneras pas, au moins ?<br />

— Que veux-tu dire ? Après…<br />

— Oui. Après… lorsque les créanciers se jetteront sur moi comme une bande de loups<br />

affamés. Mireille, tu ne me lâcheras pas, dis ?<br />

Elle lui retira les mains.<br />

— Tu sais bien que je t’adore, Derek.<br />

Mais cet aveu sonnait faux. Derek s’en rendit compte.<br />

— Alors, tu me quitteras comme les rats abandonnent le navire en perdition ?<br />

— Ah ! Derek !<br />

— Parle ! s’écria-t-il, tu vas me lâcher ? Réponds-moi !<br />

Elle haussa les épaules.<br />

— Je t’aime, mon ami. Je t’aime beaucoup. Tu es un homme charmant, un beau garçon,<br />

mais pas pratique pour un sou.<br />

— Allons donc, tu n’aimes que les gens matelassés de billets de banque.<br />

Elle sourit :<br />

— Je t’aime tout de même bien, Derek.<br />

Lui tournant le dos, le jeune homme regardait par la fenêtre. Bientôt la danseuse<br />

l’observa avec curiosité.<br />

— À quoi penses-tu, mon ami ?<br />

Par-dessus son épaule, il lui lança un sourire étrange.<br />

— Je pensais justement à une femme.<br />

— Ah ! Tu pensais à une autre femme, n’est-ce pas ?<br />

— Ne te tourmente pas. Ce n’est qu’une vision. « Portrait d’une dame aux yeux gris ! »<br />

— Quand l’as-tu rencontrée ?<br />

Derek Kettering fit entendre un rire ironique.<br />

— Je me suis heurté à cette personne dans le corridor de l’hôtel Savoy.<br />

— Et qu’a-t-elle dit ?<br />

— Autant que je me le rappelle, je lui ai dit ? « Pardon », et elle m’a répondu : « Il n’y a<br />

pas de mal », ou quelque chose d’approchant.<br />

— Et ensuite ? insista la danseuse.<br />

— « Image d’une femme aux yeux gris ! » murmura Derek. Heureusement que nous ne<br />

nous reverrons plus.<br />

— Pourquoi ?<br />

— Elle me porterait la guigne… comme toutes les femmes.<br />

Mireille se leva vivement :<br />

— Tu es stupide, Derek. Je t’adore, mais je ne puis accepter la pauvreté. Non,<br />

décidément, je ne saurais me contenter d’une existence médiocre. Écoute-moi. Il faut que tu<br />

te remettes d’accord avec ta femme.<br />

— Pour le moment, cela ne servirait à rien.<br />

— Pourquoi donc ?<br />

— Van Aldin ne sera pas dupe. Il est de ces individus qui, une fois leur décision prise, vont<br />

droit au but.<br />

— J’ai entendu parler de lui, dit la danseuse. Il est immensément riche, n’est-ce pas ? Un<br />

des hommes les plus opulents d’Amérique. Voilà quelques jours, à Paris, il a acheté le plus

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