Le train bleu - Chri.. - Index of
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— Qu’insinuez-vous ?<br />
Derek Kettering éclata de rire.<br />
— Je vois que vous ignorez beaucoup de choses, monsieur ! Naturellement, vous avez<br />
l’esprit prévenu contre moi.<br />
Il prit son chapeau et sa canne, puis se dirigea vers la porte.<br />
— Je n’ai point par habitude de donner des conseils, déclara-t-il avant de partir. Toutefois,<br />
dans cette affaire, une entière franchise entre vous et votre fille me paraît recommandable.<br />
Il quitta précipitamment la pièce et referma la porte au moment où le millionnaire<br />
bondissait pour le rattraper.<br />
— Je me demande ce qu’il a voulu me laisser entendre ? dit Van Aldin en se rasseyant.<br />
Toute son inquiétude revenait. Décidément, on lui cachait quelque chose. <strong>Le</strong> téléphone se<br />
trouvait à côté de lui. Il saisit le récepteur et demanda le numéro de sa fille.<br />
— Allô ! Allô ! Mayfair 81907 ? Mrs Kettering est-elle là ? Oh ! elle est sortie ? Elle déjeune<br />
en ville ? À quelle heure rentrera-t-elle ? Vous ne savez pas ? Bon !<br />
D’un geste de dépit, il raccrocha l’appareil. À deux heures, il arpentait sa chambre en<br />
attendant Goby. À deux heures dix, celui-ci se présenta.<br />
— Eh bien ? hurla le millionnaire.<br />
<strong>Le</strong> petit Mr Goby n’aimait pas qu’on le bousculât. Il s’assit devant la table et tira de sa<br />
poche un calepin crasseux où il se mit à lire d’une voix monotone. <strong>Le</strong> millionnaire l’écouta<br />
attentivement, l’air satisfait. Goby, sa lecture terminée, fouilla des yeux la corbeille à papiers.<br />
— Tout a été vérifié, dit Mr Goby, le regard fixé sur un fauteuil de bois doré.<br />
— À court d’argent, il essaie de lever un emprunt, dites-vous ? Il a déjà engagé l’héritage<br />
paternel. Une fois la nouvelle du divorce répandue, il ne trouvera pas un centime. Nous le<br />
tenons, Goby. Il ne peut nous échapper.<br />
D’un air triomphant, il frappa un coup de poing sur la table.<br />
— <strong>Le</strong>s renseignements vous paraissent-ils satisfaisants ? dit timidement Mr Goby.<br />
— Oui, je vous remercie, monsieur Goby. Voilà du bon travail.<br />
Un pâle sourire de gratitude éclaira la face du petit bonhomme.<br />
— Merci, monsieur Van Aldin. Je fais toujours de mon mieux.<br />
Van Aldin se décida à aller voir sa fille. Mais avant de se rendre à Curzon Street, il fit deux<br />
visites intéressantes, à son point de vue.<br />
Van Aldin marchait dans Curzon Street lorsqu’un homme sortit du n°160, remonta la rue<br />
et le croisa sur le trottoir. Tout d’abord le millionnaire crut reconnaître Derek Kettering : il<br />
avait à peu près la même taille et la même allure. Mais lorsque l’autre passa près de lui, il<br />
s’aperçut de son erreur. Cependant le visage de cet individu éveillait dans l’esprit de Van<br />
Aldin un souvenir… il ne retrouvait pas l’identité de cet homme qui venait de chez sa fille.<br />
Furieux de cette absence de mémoire, il secouait nerveusement la tête.<br />
Ruth Kettering attendait son père. Dès qu’il entra, elle courut vers lui et l’embrassa.<br />
— Eh bien, papa, quoi de nouveau ?<br />
— Tout va bien. Je voudrais seulement te dire quelques mots.<br />
Un changement se produisit dans l’attitude de Ruth. Une certaine réserve remplaça<br />
presque insensiblement la chaleureuse spontanéité de la minute précédente. Elle s’assit dans<br />
un grand fauteuil…<br />
— J’ai vu ton mari ce matin.<br />
— Tu as parlé à Derek ?