Le train bleu - Chri.. - Index of
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Il sauta dans le <strong>train</strong> quelque part sur la voie de Ceinture. Mrs Kettering a dû témoigner<br />
quelque surprise en le voyant, mais elle ne soupçonnait pas de mauvaises intentions. Peutêtre<br />
a-t-il attiré son attention vers la fenêtre et, comme elle se détournait pour regarder, il<br />
lui glissa la corde autour du cou. Une seconde après, tout était fini. Ayant fermé la porte du<br />
compartiment, les deux comparses se mettent à l’œuvre. Ils dépouillent la morte de ses<br />
vêtements, enroulent le corps dans une couverture et le placent dans le compartiment voisin<br />
sur la banquette, parmi les valises et sacs de voyage. Knighton descend du <strong>train</strong>, emportant<br />
le sac de bijoux de Mrs Kettering. Puisque le crime sera supposé avoir été commis environ<br />
douze heures plus tard, le meurtrier ne court aucun risque et son témoignage, ainsi que les<br />
propos de la pseudo Mrs Kettering au conducteur du <strong>train</strong>, fourniront à sa complice un parfait<br />
alibi.<br />
À la gare de Lyon, Ada Mason se procure un panier-dîner ; elle se réfugie dans le cabinet<br />
de toilette, et revêt en hâte le manteau de sa maîtresse, ajuste deux fausses boucles de<br />
cheveux châtains sous le petit chapeau rouge, et se maquille le visage pour ressembler<br />
autant que possible à Mrs Kettering.<br />
Lorsque le conducteur se présente pour faire les lits, elle lui raconte son histoire toute<br />
préparée d’avance : elle a laissé sa domestique à Paris : pendant qu’il prépare la couchette,<br />
Ada Mason regarde par la fenêtre le dos tourné au corridor où circulent les voyageurs. Sage<br />
précaution, car miss Grey, passant précisément à cet instant, devait jurer plus tard que Mrs<br />
Kettering vivait encore à cette heure-là.<br />
— Continuez, je vous prie, dit Van Aldin.<br />
— Ada Mason dispose alors le cadavre dans la couchette, place soigneusement les effets<br />
de sa maîtresse au pied du lit, et, après avoir revêtu elle-même un complet masculin, elle se<br />
prépare à descendre du Train Bleu. Lorsque Derek Kettering pénètre dans le compartiment<br />
de sa femme qu’il croit endormie, la mise en scène ne laisse rien à désirer et Ada Mason se<br />
cache dans le second compartiment en attendant le moment de descendre sans se faire<br />
reconnaître. Une fois que le conducteur a sauté sur le quai à Lyon, elle le suit sans se presser<br />
comme si elle prenait l’air. Elle pr<strong>of</strong>ite d’un moment où personne ne l’observe pour gagner<br />
l’autre quai, monte dans le premier <strong>train</strong> pour Paris et se rend à l’hôtel Ritz. Une autre<br />
complice de Knighton a retenu, la veille, une chambre au nom de Ada Mason. Il ne lui reste<br />
qu’à attendre patiemment votre arrivée. Pas une seconde les bijoux n’ont été en sa<br />
possession. Personne ne suspecte Knighton et, protégé par sa fonction de secrétaire, il<br />
apporte impunément les joyaux à Nice. <strong>Le</strong>ur livraison à M. Papopoulos est déjà prévue et, au<br />
dernier moment, Mason les remet au Grec. Voilà un plan admirablement échafaudé : on ne<br />
pouvait s’attendre à moins de la part d’un maître du crime comme le Marquis.<br />
— Et vous croyez sérieusement que Richard Knighton est un assassin d’envergure qui<br />
opère de longue date ?<br />
Poirot approuva de la tête.<br />
— Un des principaux atouts de ce soi-disant marquis consistait en une distinction et un<br />
charme naturels dont vous fûtes vous-même victime, monsieur Van Aldin, en l’engageant<br />
comme secrétaire sans prendre de renseignements sur son compte.<br />
— Je puis vous affirmer qu’il n’a jamais sollicité cet emploi ! s’écria le millionnaire.<br />
— Il a présenté sa requête de façon si astucieuse qu’il a réussi à duper un homme aussi<br />
perspicace que vous-même.<br />
— J’ai examiné les références qu’il m’a présentées : elles m’ont paru excellentes.