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Le train bleu - Chri.. - Index of

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ouleversé qu’il eût été cruel de l’accabler de reproches. Van Aldin accepta ses regrets avec<br />

froideur et se domina pour ne point lui adresser de violents reproches.<br />

Ils dînèrent au wagon-restaurant et, à la stupéfaction de ses deux compagnons, Poirot<br />

suggéra que, pendant la nuit, tous les trois demeureraient assis dans le compartiment de<br />

Van Aldin.<br />

<strong>Le</strong> millionnaire lui adressa un regard interrogateur.<br />

— Monsieur Poirot, vous devez nous cacher quelque chose ?<br />

— Moi ? Quelle idée !<br />

Van Aldin n’était pas satisfait. <strong>Le</strong> conducteur reçut l’ordre de ne point faire les lits.<br />

L’étonnement qui se peignit sur le visage de cet employé disparut devant un généreux<br />

pourboire.<br />

<strong>Le</strong>s trois hommes gardaient le silence.<br />

Poirot, très agité, ne tenait plus en place. Bientôt il se tourna vers le secrétaire.<br />

— Major Knighton, la porte de votre compartiment est-elle fermée ?… je veux parler de<br />

celle qui donne sur le corridor.<br />

— Oui, je viens moi-même d’en pousser le verrou.<br />

— Êtes-vous certain de l’avoir bien fermée ?<br />

— Attendez, je vais m’en assurer si vous voulez, dit Knighton en souriant.<br />

— Non, ne vous dérangez pas. Je veux m’en rendre compte personnellement.<br />

Par la porte de communication, il entra dans le second compartiment et revint au bout<br />

d’une seconde.<br />

— Vous avez raison. Veuillez excuser les manies d’un vieil homme.<br />

Il ferma la porte de communication et reprit sa place dans le coin de droite.<br />

<strong>Le</strong>s heures s’écoulaient. <strong>Le</strong> trio somnolait par moments et se réveillait en sursaut. C’était<br />

sans doute la première fois que trois voyageurs ayant retenu des couchettes dans le <strong>train</strong> le<br />

plus luxueux du monde, refusaient délibérément de pr<strong>of</strong>iter du confort pour lequel ils avaient<br />

payé. De temps à autre, Poirot consultait sa montre et, hochant la tête, s’abandonnait au<br />

sommeil.<br />

À un moment donné, il se leva et ouvrit la porte de communication : il jeta un coup d’œil<br />

scrutateur dans le compartiment voisin et revint s’asseoir.<br />

— Qu’y a-t-il ? Qu’attendez-vous donc de ce côté ? demanda Knighton.<br />

— J’ai les nerfs à fleur de peau, avoua Poirot. Je ressemble à un chat marchant sur des<br />

braises… <strong>Le</strong> moindre bruit me fait bondir.<br />

Knighton bâilla.<br />

— Vous nous en faites faire un triste voyage ! J’ose espérer que vous savez où vous<br />

voulez en venir, monsieur Poirot, murmura-t-il.<br />

Il s’installa de son mieux pour dormir.<br />

Van Aldin et son secrétaire sommeillaient lorsque Poirot, regardant sa montre pour la<br />

quatorzième fois, se pencha vers le millionnaire et le frappa sur l’épaule.<br />

— Eh ? Que voulez-vous ?<br />

— Dans cinq minutes nous arrivons à Lyon, monsieur.<br />

— Mon Dieu ! — <strong>Le</strong> visage de Van Aldin devint pâle et hagard sous la lumière blafarde de<br />

la veilleuse. — C’est à peu près à cette heure-ci que ma pauvre Ruth a été tuée.<br />

Il se redressa, les yeux perdus dans le vague. <strong>Le</strong>s lèvres serrées, il évoqua intérieurement<br />

l’horrible tragédie qui attristait le reste de ses jours.

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