Le train bleu - Chri.. - Index of

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enseignements. J’y ai vu un personnage que j’ai menacé… oui, moi, Hercule Poirot, je l’ai menacé. — De la police ? — Non… de la presse… une arme bien plus terrible. Il observa Catherine. — Monsieur Poirot, dit-elle en souriant, en ce moment n’imitez-vous pas l’huître qui se renferme dans sa coquille ? — Non, non ; je ne fais point de mystères. Je suspectais ce Russe d’être l’intermédiaire dans la vente du « Cœur de Feu ». Devant lui, je devins affirmatif et il m’avoua tout. J’appris où s’opéra la transaction et il me parla d’un homme qui faisait les cent pas dans la rue… un homme à cheveux blancs, mais qui marchait du pas souple d’un homme jeune. En mon for intérieur, je dénommai cet individu « Monsieur le Marquis ». — Et maintenant vous êtes à Londres pour voir Mr Van Aldin ? — Pas seulement dans cette intention. Depuis mon arrivée ici, j’ai pris des renseignements sur deux autres personnes : un agent théâtral et un médecin éminent d’Harley Street. Mettez ces faits l’un à côté de l’autre et dites-moi la conclusion que vous en tirez. — Moi ? — Oui, vous. D’abord, je dois vous avouer que je me suis souvent demandé si le vol et le meurtre avaient été commis par la même personne. — Et à présent ? — À présent, je sais à quoi m’en tenir. Il y eut un silence, puis Catherine leva la tête. Ses yeux pétillaient de curiosité. — Je ne suis pas aussi compétente que vous, monsieur Poirot. Je ne découvre rien dans ce que vous venez de me dire et mes soupçons viennent de sources toutes différentes. — C’est compréhensible. Un miroir reflète la vérité, mais chacun le regarde de la place qu’il occupe. — Mes idées sont peut-être absurdes et en désaccord avec les vôtres, toutefois… — Parlez, je vous prie. — Tenez, ceci peut-il vous aider ? Poirot saisit la coupure de journal que lui tendait Catherine. Il la lut et répondit gravement : — Je vous le disais, mademoiselle, chacun regarde le miroir sous un axe différent, mais le miroir reflète toujours le même objet. Catherine se leva. — Je m’en vais, dit-elle. Je n’ai que le temps d’attraper mon train, monsieur Poirot. — Oui, mademoiselle… — Ne tardez pas, je vous en prie. Je… je ne puis attendre plus longtemps. Sa voix se brisa. Il lui caressa la main d’un geste rassurant. — Courage, mademoiselle. Le but est proche.

CHAPITRE XXXIII UNE NOUVELLE HYPOTHÈSE — Monsieur Poirot désire venir ici vous parler, monsieur. — Qu’il aille se faire pendre ailleurs ! s’écria Van Aldin. Knighton garda un respectueux silence. Le millionnaire se leva et marcha à grands pas dans la pièce. — Avez-vous lu les ragots dans la presse de ce matin ? — J’y ai jeté un coup d’œil, monsieur. — Les journaux réclament toujours une proie. Le millionnaire s’assit, passant sa main sur son front. — Je regrette d’avoir chargé ce petit Belge de s’occuper de l’affaire. Mais je ne songeais qu’à une chose : retrouver l’assassin de Ruth. — Vous ne voudriez tout de même pas voir votre gendre aller et venir en liberté ? Van Aldin soupira. — J’aurais préféré faire justice moi-même. — Le procédé me paraît bien peu sage, monsieur. — Tant pis ! Cet homme désire absolument me voir ? — Oui monsieur. — Bien. Dites-lui qu’il vienne dans la matinée. Une heure après, Poirot pimpant et débonnaire, fut introduit auprès de M. Van Aldin. Sans paraître s’émouvoir de l’attitude peu cordiale du millionnaire, il plaisanta aimablement sur divers sujets. Il était venu à Londres, expliqua-t-il, pour consulter son médecin et il nomma un éminent chirurgien de la capitale. — Non… non, pas une blessure de guerre… un souvenir de ma profession, une balle envoyée par le browning d’un mauvais garçon, dit Poirot en se frottant l’épaule gauche avec une grimace. — Monsieur Van Aldin, ajouta-t-il, vous jouissez d’une santé florissante ; vous ne répondez point à l’idée que nous nous faisons des Yankees millionnaires, martyrs de la dyspepsie. — Je suis solide au poste, déclara Van Aldin. Je mène une vie très simple et très ordonnée. — Avez-vous revu miss Grey ? demanda Poirot au secrétaire, de l’air le plus innocent du monde. — Moi… oui ; une ou deux fois, répondit Knighton. Il rougit un peu, et Van Aldin s’écria, tout étonné : — C’est bizarre que vous ne m’en ayez point parlé, Knighton. — Je ne croyais pas que cela pût intéresser monsieur. — J’aime beaucoup cette jeune fille, dit Van Aldin. — Dire qu’elle est retournée s’enterrer à St Mary Mad. C’est pitoyable ! déclara Poirot. — Moi, je la trouve admirable, approuva chaudement Knighton. Beaucoup de personnes à sa place auraient refusé d’aller soigner une vieille maniaque avec qui elle n’a aucun lien de

enseignements. J’y ai vu un personnage que j’ai menacé… oui, moi, Hercule Poirot, je l’ai<br />

menacé.<br />

— De la police ?<br />

— Non… de la presse… une arme bien plus terrible.<br />

Il observa Catherine.<br />

— Monsieur Poirot, dit-elle en souriant, en ce moment n’imitez-vous pas l’huître qui se<br />

renferme dans sa coquille ?<br />

— Non, non ; je ne fais point de mystères. Je suspectais ce Russe d’être l’intermédiaire<br />

dans la vente du « Cœur de Feu ». Devant lui, je devins affirmatif et il m’avoua tout. J’appris<br />

où s’opéra la transaction et il me parla d’un homme qui faisait les cent pas dans la rue… un<br />

homme à cheveux blancs, mais qui marchait du pas souple d’un homme jeune. En mon for<br />

intérieur, je dénommai cet individu « Monsieur le Marquis ».<br />

— Et maintenant vous êtes à Londres pour voir Mr Van Aldin ?<br />

— Pas seulement dans cette intention. Depuis mon arrivée ici, j’ai pris des<br />

renseignements sur deux autres personnes : un agent théâtral et un médecin éminent<br />

d’Harley Street. Mettez ces faits l’un à côté de l’autre et dites-moi la conclusion que vous en<br />

tirez.<br />

— Moi ?<br />

— Oui, vous. D’abord, je dois vous avouer que je me suis souvent demandé si le vol et le<br />

meurtre avaient été commis par la même personne.<br />

— Et à présent ?<br />

— À présent, je sais à quoi m’en tenir.<br />

Il y eut un silence, puis Catherine leva la tête. Ses yeux pétillaient de curiosité.<br />

— Je ne suis pas aussi compétente que vous, monsieur Poirot. Je ne découvre rien dans<br />

ce que vous venez de me dire et mes soupçons viennent de sources toutes différentes.<br />

— C’est compréhensible. Un miroir reflète la vérité, mais chacun le regarde de la place<br />

qu’il occupe.<br />

— Mes idées sont peut-être absurdes et en désaccord avec les vôtres, toutefois…<br />

— Parlez, je vous prie.<br />

— Tenez, ceci peut-il vous aider ?<br />

Poirot saisit la coupure de journal que lui tendait Catherine. Il la lut et répondit<br />

gravement :<br />

— Je vous le disais, mademoiselle, chacun regarde le miroir sous un axe différent, mais le<br />

miroir reflète toujours le même objet.<br />

Catherine se leva.<br />

— Je m’en vais, dit-elle. Je n’ai que le temps d’attraper mon <strong>train</strong>, monsieur Poirot.<br />

— Oui, mademoiselle…<br />

— Ne tardez pas, je vous en prie. Je… je ne puis attendre plus longtemps.<br />

Sa voix se brisa.<br />

Il lui caressa la main d’un geste rassurant.<br />

— Courage, mademoiselle. <strong>Le</strong> but est proche.

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