Le train bleu - Chri.. - Index of

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Mireille leva vers lui des yeux langoureux. — Pour suivre l’homme que j’aimais. Quoi de plus naturel ? Adroitement, M. Poirot interposa une question : — Vous obéissiez donc au désir de Mr Kettering en l’accompagnant à Nice ? Mireille, embarrassée, hésita avant de répondre. Puis elle déclara avec une superbe indifférence : — Dans ce cas-là, je n’obéis qu’à ma fantaisie. Cette réponse n’en était pas une. Les trois hommes s’en rendirent bien compte. — Quand fûtes-vous convaincue de la culpabilité de Mr Kettering ? — Je vous l’ai déjà dit, monsieur. J’ai vu Mr Kettering sortir du compartiment de sa femme un peu avant l’arrivée du train à Lyon. Il avait une expression… Ah ! sur le moment, je n’en compris pas la raison. Je n’oublierai jamais ses yeux hagards. Elle parlait d’une voix aiguë et gesticulait des bras de façon extravagante. — Bien, dit M. Carrège. — Ensuite, lorsque j’appris l’assassinat de Mrs Kettering, après que le train eut quitté Lyon, tout s’éclaira dans mon esprit. — Et vous n’êtes pas allée avertir la police, mademoiselle ? lui dit le commissaire avec douceur. Mireille le dévisagea d’un air digne. Elle trouvait un véritable plaisir au rôle qu’elle jouait. — Pouvais-je trahir cet homme ? Ah ! non, ne demandez pas cela à une femme ! — Pourtant, en ce moment… dit M. Carrège. — Maintenant, c’est différent. Il m’a trahi ! Souffrirai-je cet affront en silence ? — Bien, bien, mademoiselle, murmura le juge d’un ton apaisant. Voulez-vous relire le texte de vos déclarations ? Voyez si tout est exact et signez. Mireille ne perdit pas de temps à étudier ce document. — Oui, c’est parfait ainsi. Vous n’avez plus besoin de moi, messieurs ? — Pour l’instant, non, mademoiselle. — Derek sera arrêté ? — Tout de suite, mademoiselle. Mireille fit entendre un rire cruel et se drapa dans son manteau de velours. — Il aurait dû prendre garde avant de m’insulter. — Encore un petit détail, mademoiselle, dit Poirot en toussant légèrement. — Comment ? — Qu’est-ce qui vous faisait croire à la mort de Mrs Kettering lorsque le train quitta Lyon ? Mireille ouvrit de grands yeux. — Elle était morte ! — Vraiment ? — Bien sûr. Je… Elle s’arrêta soudain. Poirot, la considérant attentivement, remarqua l’inquiétude qui parut dans les yeux de la danseuse. — On me l’a dit. Tout le monde le sait. — Tiens ! Il me semblait que le fait n’avait été mentionné que dans le bureau du juge d’instruction. Mireille perdait contenance.

— Ces choses finissent par se savoir. Toujours est-il que quelqu’un me l’a dit, mais je ne me souviens plus qui. Elle se dirigea vers la porte. M. Carrège se précipita pour l’ouvrir. À ce moment, la voix aimable de M. Poirot prononça : — Et les bijoux, mademoiselle ? Savez-vous ce qu’ils sont devenus ? — Les bijoux ? Quels bijoux ? — Les rubis de la Grande Catherine de Russie. Puisque vous entendez parler de tant de choses, peut-être pourriez-vous nous renseigner. — Je n’ai pas entendu parler de bijoux. Mireille sortit en fermant la porte derrière elle. M. Carrège vint à son fauteuil, le juge d’instruction soupira. — Quelle harpie ! Mais quelle flamme ! Je me demande si elle dit la vérité ? Je suis porté à la croire. — En tout cas une partie de sa déposition est vraie. Nous en avons la confirmation par miss Grey. Un peu avant l’arrivée du train à Lyon, elle regarda dans le corridor et vit Mr Kettering entrer chez sa femme. — Il n’y a plus d’erreur. C’est lui l’assassin ! — Je le déplore ! soupira le juge d’instruction. — Pourquoi ? interrogea le commissaire. — Pourquoi ? interrogea Poirot. — La grande ambition de ma carrière est de coffrer le comte de la Roche. Je croyais le tenir cette fois. — L’arrestation de l’autre me plaît beaucoup mieux. M. Carrège se frotta le nez et remarqua : — Si nous commettons une erreur, nous aurons des ennuis. Mr Kettering fait partie de l’aristocratie anglaise. On en parlera dans les journaux. Tenons-nous sur nos gardes. — Et les bijoux ? Qu’a-t-il fait des bijoux ? demanda le commissaire. — Il les a pris parce que cela entrait dans son plan, dit M. Carrège. Il a dû en être bien embarrassé. Poirot sourit. — J’ai mon opinion là-dessus. Dites-moi, messieurs, que savez-vous sur un individu qui se fait appeler le Marquis ? — Le Marquis ? le Marquis ? répéta le commissaire, vivement intéressé. Pensez-vous qu’il soit mêlé à cette affaire, monsieur Poirot ? — Je vous demande ce que vous savez sur cet homme. Le commissaire esquissa une grimace expressive. — Malheureusement, je ne possède pas à son sujet autant de renseignements que je le voudrais. Il agit dans les coulisses. Des mercenaires accomplissent les basses besognes à sa place. Nous sommes certains d’un fait : c’est un personnage haut placé qui ne provient point des milieux criminels. — Est-ce un Français ? — Oui, tout au moins nous le supposons, mais nous ne pourrions le certifier. Il a opéré en France, en Angleterre et en Amérique. On lui attribue toute une série de vols ayant eu lieu en Suisse l’automne dernier. Toujours est-il que c’est un homme du monde parlant l’anglais et le français à la perfection, mais son origine demeure mystérieuse.

Mireille leva vers lui des yeux langoureux.<br />

— Pour suivre l’homme que j’aimais. Quoi de plus naturel ?<br />

Adroitement, M. Poirot interposa une question :<br />

— Vous obéissiez donc au désir de Mr Kettering en l’accompagnant à Nice ?<br />

Mireille, embarrassée, hésita avant de répondre. Puis elle déclara avec une superbe<br />

indifférence :<br />

— Dans ce cas-là, je n’obéis qu’à ma fantaisie.<br />

Cette réponse n’en était pas une. <strong>Le</strong>s trois hommes s’en rendirent bien compte.<br />

— Quand fûtes-vous convaincue de la culpabilité de Mr Kettering ?<br />

— Je vous l’ai déjà dit, monsieur. J’ai vu Mr Kettering sortir du compartiment de sa femme<br />

un peu avant l’arrivée du <strong>train</strong> à Lyon. Il avait une expression… Ah ! sur le moment, je n’en<br />

compris pas la raison. Je n’oublierai jamais ses yeux hagards.<br />

Elle parlait d’une voix aiguë et gesticulait des bras de façon extravagante.<br />

— Bien, dit M. Carrège.<br />

— Ensuite, lorsque j’appris l’assassinat de Mrs Kettering, après que le <strong>train</strong> eut quitté<br />

Lyon, tout s’éclaira dans mon esprit.<br />

— Et vous n’êtes pas allée avertir la police, mademoiselle ? lui dit le commissaire avec<br />

douceur.<br />

Mireille le dévisagea d’un air digne.<br />

Elle trouvait un véritable plaisir au rôle qu’elle jouait.<br />

— Pouvais-je trahir cet homme ? Ah ! non, ne demandez pas cela à une femme !<br />

— Pourtant, en ce moment… dit M. Carrège.<br />

— Maintenant, c’est différent. Il m’a trahi ! Souffrirai-je cet affront en silence ?<br />

— Bien, bien, mademoiselle, murmura le juge d’un ton apaisant. Voulez-vous relire le<br />

texte de vos déclarations ? Voyez si tout est exact et signez.<br />

Mireille ne perdit pas de temps à étudier ce document.<br />

— Oui, c’est parfait ainsi. Vous n’avez plus besoin de moi, messieurs ?<br />

— Pour l’instant, non, mademoiselle.<br />

— Derek sera arrêté ?<br />

— Tout de suite, mademoiselle.<br />

Mireille fit entendre un rire cruel et se drapa dans son manteau de velours.<br />

— Il aurait dû prendre garde avant de m’insulter.<br />

— Encore un petit détail, mademoiselle, dit Poirot en toussant légèrement.<br />

— Comment ?<br />

— Qu’est-ce qui vous faisait croire à la mort de Mrs Kettering lorsque le <strong>train</strong> quitta Lyon ?<br />

Mireille ouvrit de grands yeux.<br />

— Elle était morte !<br />

— Vraiment ?<br />

— Bien sûr. Je…<br />

Elle s’arrêta soudain. Poirot, la considérant attentivement, remarqua l’inquiétude qui parut<br />

dans les yeux de la danseuse.<br />

— On me l’a dit. Tout le monde le sait.<br />

— Tiens ! Il me semblait que le fait n’avait été mentionné que dans le bureau du juge<br />

d’instruction.<br />

Mireille perdait contenance.

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