Le train bleu - Chri.. - Index of
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lui donnera du fil à retordre. Poirot leva les sourcils. — Vous jugez les autres avec cynisme. — Vous trouvez ? J’ai vécu assez longtemps dans le monde pour savoir que toutes les femmes se ressemblent. Soudain, son expression s’adoucit : toutes, sauf une. Il défia Poirot du regard, hésita un instant, puis, d’un mouvement de la tête, désigna la direction du Cap Martin. — Celle-là, ajouta-t-il. — Ah ! La calme indifférence de Poirot était bien calculée pour exciter le tempérament fougueux de Derek. — Vous allez sans doute me dire qu’étant donné mon genre de vie, je ne suis pas digne d’elle. Je sais bien que je ne devrais pas parler ainsi, alors que ma femme vient de mourir assassinée. Il s’arrêta pour reprendre haleine, et Poirot en profita pour glisser d’une voix plaintive : — Mais je ne vous ai encore rien reproché, ce me semble ? — Cela viendra bientôt. — Que dites-vous là ? — Si je vous apprenais que je compte épouser Catherine, vous me traiteriez d’insensé ? — Pas du tout, répondit Poirot. Votre fâcheuse réputation ne saurait détourner de vous les femmes, au contraire. Ah ! si vous étiez un homme honnête, d’une stricte moralité, suivant toujours le droit chemin sans jamais se permettre aucune défaillance, alors oui, j’aurais des doutes sur votre réussite. Les qualités morales n’offrant rien de romanesque, seules, les veuves savent les apprécier. Derek Kettering le regarda tout abasourdi, puis fit demi-tour et alla vers la voiture qui stationnait toujours. Poirot vit alors un joli visage se pencher à la portière. Mais Derek Kettering ne s’arrêta pas. Il leva son chapeau et continua sa route. — Ça y est ! dit Hercule Poirot. Il est temps que je rentre chez moi. Il trouva l’imperturbable George en train de donner un coup de fer à son pantalon. — Quelle belle journée, George ! Un peu fatigante, mais assez fructueuse pour moi. George reçut ces remarques avec son flegme ordinaire. — Très bien, Monsieur. — La personnalité d’un criminel s’avère parfois très intéressante à étudier. Nombre de meurtriers possèdent un grand pouvoir de séduction. — J’ai toujours entendu parler de l’amabilité du docteur Crippe et pourtant il a coupé sa femme en petits morceaux. — Vous choisissez toujours bien vos exemples, George. Le serviteur ne répondit point. À ce moment, la sonnerie du téléphone retentit et Poirot décrocha le récepteur. — Allô ! Allô… Oui ! C’est Hercule Poirot. — Ici, Knighton. Voulez-vous garder la ligne un instant, monsieur Poirot ? Mr Van Aldin désire vous parler. Il y eut un moment de silence, puis la voix du millionnaire se fit entendre. — C’est vous, monsieur Poirot ? Je voulais vous apprendre que Mason est venue me
trouver de son propre chef. Réflexion faite, elle est presque certaine que l’homme qui a parlé à ma fille à Paris est bien Derek Kettering. Sur le moment, elle n’a pas reconnu sa silhouette, mais à présent, elle n’a pour ainsi dire plus de doutes. — Ah ! merci, monsieur Van Aldin ! Nous avançons vers la lumière. Il raccrocha le récepteur et demeura une minute ou deux immobile, le sourire aux lèvres. George dut lui répéter deux fois la même question avant d’obtenir une réponse. — Hein ? Que me demandez-vous ? — Monsieur déjeune-t-il ici, ou doit-il sortir ? — Ni l’un ni l’autre, répondit Poirot. Je vais me coucher et je boirai une tisane… Mes prévisions se réalisent et cela me bouleverse toujours un peu.
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trouver de son propre chef. Réflexion faite, elle est presque certaine que l’homme qui a parlé<br />
à ma fille à Paris est bien Derek Kettering. Sur le moment, elle n’a pas reconnu sa silhouette,<br />
mais à présent, elle n’a pour ainsi dire plus de doutes.<br />
— Ah ! merci, monsieur Van Aldin ! Nous avançons vers la lumière.<br />
Il raccrocha le récepteur et demeura une minute ou deux immobile, le sourire aux lèvres.<br />
George dut lui répéter deux fois la même question avant d’obtenir une réponse.<br />
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— Monsieur déjeune-t-il ici, ou doit-il sortir ?<br />
— Ni l’un ni l’autre, répondit Poirot. Je vais me coucher et je boirai une tisane… Mes<br />
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