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Pages 101 à 150 - Accueil / Aquatrop - Cirad

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Enfin, dans le domaine de l'éducation et de la formation technique des pêcheurs ainsi que dans celui<br />

de la création de coopératives (R. 274), de gros efforts restent <strong>à</strong> faire. Ceux-ci seraient, <strong>à</strong> coup sûr, payants<br />

dans un domaine où les investissements sont minimes et dont la production touche de près les problèmes<br />

de production de protéines <strong>à</strong> l'échelon national.<br />

4. Les Pangalanes-Est et les parties côtières des fleuves Centre-Est (PL. 62 <strong>à</strong> 64)<br />

L'ensemble des Pangalanes porte sur environ 18000 hectares et les principaux plans d'eau qui constituent<br />

les maillons de ce chapelet de lacs et de lagunes sont précisées sur les planches 62 et 63, la planche 64<br />

nous donnant les cartes détaillées des quatre principaux d'entre eux. Signalons que le canal des Pangalanes,<br />

qui a maintenant sa sortie sur la mer dans la rade du port de Tamatave, a été coupé en deux <strong>à</strong> Salazamay,<br />

par la route Tamatave-Fénérive (canal comblé par le passage de la route en remplacement d'un pont) et que<br />

le petit tronçon du Nord, qui va presque jusqu'<strong>à</strong> Foulpointe, est maintenant isolé. Ce tronçon comprend<br />

plusieurs petites lagunes et plusieurs sorties sur l'Océan, il est assez poissonneux.<br />

Il est évident qu'au point de vue ichtyologique, la faune duicaquicole de l'ensemble des Pangalanes<br />

est assez homogène de Tamatave <strong>à</strong> Farafangana et au point de vue poissons euryhalins l'on retrouve <strong>à</strong> peu<br />

près les mêmes espèces dans les diverses embouchures.<br />

D'une façon générale, l'on peut dire que les eaux saumâtres des Pangalanes sont relativement peu<br />

importantes et si les eaux de certains lacs ou canaux sont, par endroits, un peu salées, le passage vers la mer<br />

de l'eau douce des fleuves, des rivières ou des exutoires des Pangalanes eux-mêmes est généralement assez<br />

brusque. La salinité, très faible <strong>à</strong> quelques centaines de mètres au maximum des embouchures, passe rapidement<br />

<strong>à</strong> celle de l'eau de mer, un peu au-del<strong>à</strong> des estuaires (le flot de l'eau douce surnageant l'eau de mer et<br />

pénétrant dans l'Océan où il provoque très localement et en surface une zone dessalée).<br />

A ce long système <strong>à</strong> peu près rectiligne et plaqué contre la dune littorale, il faut ajouter, au point de<br />

vue des plans d'eau intéressants pour la pêche, d'une part, tout l'ensemble des fleuves et rivières qui se<br />

jettent généralement <strong>à</strong> angle droit dans ce système ou·même qui le traversent pour aller se jeter dans l'océan<br />

Indien et, d'autre part, tout un ensemble de marais (quelquefois des raphières) qui ne font souvent qu'une<br />

même nappe d'eau avec les Pangalanes proprement dits au moment des hautes eau?


Il est difficile de résumer les principales caractéristiques de la pêche sur ce vaste réseau très inégalement<br />

exploité suivant ses diverses zones; de longs tronçons de canaux ai nsi que certai ns lacs (en particulier<br />

Alanampotsy, pourtant très poissonneux), situés dans des régions très peu peuplées, ne sont que très<br />

peu exploités. Par contre, le courant commercial de poisson vers Tamatave a créé une zone Tamatave-<br />

Ambila-Lemaitso et une zone moins importante Tamatave-Fasandiana où les pêches sont intenses et fort<br />

rémunératrices. Récemment, les pêcheurs de la région de Tampolo-Ankarefo se sont groupés en une association<br />

d'entraide et il serait intéressant que celle-ci prenne la forme d'une coopérative qui s'occuperait,<br />

d'une part, du transport collectif des captures faites au marché de Tamatave et, d'autre part, de l'importation<br />

groupée de matériel de pêche: filets en nylon, fil, rallingues, flotteurs peu coûteux en matière plastique<br />

...<br />

Outre les grands barrages ou Vila dont nous nous som mes déj<strong>à</strong> longuement entreten us, les pri nci paux<br />

engi ns de pêche portent su r :<br />

- Des grands filets <strong>à</strong> poche (souvent de 100 mètres de long) dont certai ns sont encore faits en<br />

fibres de Hafotra mena;<br />

- Des filets maillants, autrefois en fil de coton, de nos jours en fil monofilament transparent de<br />

nylon, les uns avec des mailles de 2,5 centimètres ou 3 centimètres (arato-jebojebo) utilisés essentiellement<br />

pour les Mugil robustus, les autres avec des mailles de 5 ou 6 centimètres pour la capture des Zompona<br />

(Mugil macrolepis) et bien d'autres espèces de tailles moyennes. Ces pêches se font souvent de jour, d'où<br />

l'utilisation du fil monofilament peu visible dans l'eau, avec des filets excessivement peu lestés. Le pêcheur<br />

frappe toujours dans l'eau avec son Fidobo (BM);<br />

- Des grandes nasses cubiques ou parallélépipédiques faites en fibres de pétioles de raphia ou Baobao<br />

(BM). Ces nasses sont en partie uti lisées dans les barrages;<br />

- Des nasses coniques ou VOYO utilisées au milieu des zones envahies par ia végétation ou aux extrémités<br />

des Vilitoho, petits barrages pour la capture des sujets de petite taille;<br />

- Des Tandrohotra (BM) ou nasses traînantes;<br />

- Des lignes simples (gaules), mais ce mode de pêche est relativement peu utilisé pour l'ensemble<br />

des Pangalanes.<br />

Enfin, signalons plusieurs modes tout <strong>à</strong> fait particuliers de pêches: celle au Yovcmora, la pêche aux<br />

leurres et celle du Konkona (BM) que nous allons analyser au paragraphe suivant: engins de pêche.<br />

Il est bien difficile d'avancer, pour un système aussi complexe et aussi vaste, un chiffre de production,<br />

mais nous pouvons estimer les possibilités de production de ces eaux <strong>à</strong> environ 70 kilogrammes par hectare<br />

et par an, compte tenu de la nature des eaux, de l'existence de nombreux marais, de la difficulté de pêcher<br />

dans les zones centrales des grands lacs assez fréquemment rendues houleuses par les vents et de l'enrichissement<br />

de ces eaux continentales en espèces euryhalines. En se basant sur ces chiffres, la production annuelle<br />

de l'ensemble des Pangalanes pourrait atteindre près de 1 300 tonnes.<br />

5. Région de Tananarive (PL. 65) et lac Itasy (PL. 66)<br />

Dans la région de la Capitale, <strong>à</strong> laquelle nous rattachons volontiers celle du lac Itasy, relié <strong>à</strong> Tananarive<br />

par une route goud ron née de moi ns de <strong>150</strong> kilomètres, u ne bon ne partie des pêches est orientée vers<br />

la vente du poisson frais sur les divers marchés de la grande ville. La pêche revêt deux grands aspects:<br />

- D'u ne part, pêche dans les vastes marais (souvent captu res importantes), dans les grands étangs<br />

naturels (y compris ceux qui entourent le lac Itasy) et dans les cours d'eau entourant la Capitale;<br />

- D'autre part, pêche dans les trois grands plans d'eau d'Itasy, de Mantasoa et de Tsiazompaniry.<br />

Enfin, il faut ajouter <strong>à</strong> ces pêches commerciales celles non moins intéressantes et nombreuses des<br />

«pêcheurs du dimanche» qui, par environ 10000 au moins en saison chaude et pendant les saisons intermédiaires,<br />

vont se délasser et prendre l'air chaque fin de semaine dans un cercle d'environ 20 kilomètres<br />

<strong>à</strong> la ronde de la Capitale. Le Tllapla est d'ailleurs l'espèce parfaite pour ces pêcheurs <strong>à</strong> la ligne et, il ya<br />

dix ans seulement, l'on ne voyait pas ces armées de gaules quitter chaque dimanche matin la grande ville.<br />

Le Black-bass fait aussi, de son côté, la joie des pêcheurs au lancer.<br />

,102


Au lac Itasy (R. 67 et 69) : Les caractéristiques de la pêche actuelle peuvent être résumées comme<br />

suit:<br />

Situé <strong>à</strong> 1 200 mètres d'altitude, le lac Itasy possède une faune. ichtyologique autochtone pauvre et<br />

les diverses espèces qui peuplent actuellement le lac sont:<br />

- Au point de vue espèces autochtones: Trondro maint y ou Marakely <strong>à</strong> bosse dont nous parlerons<br />

au chapitre V des poissons curieux, Marakely, Tohofotsy (Eleotris legendrei), Tohoyokoka (Gobius macrorhynchus,<br />

assez rare) et deux espèces d'Anguilles, l'une l'Amalomaitso (Anguilla mossambica) et l'autre l'Amalombondana.<br />

Ce n'est que récemment, en travaillant avec le spécialiste des Anguilles d'Afrique du Sud,<br />

M. Jubb, de l'Université de Grahamstown, que nous avons vu que cette dernière espèce, confondue avec<br />

l'Anguille marbrée des basses et moyennes altitudes (A. marmorata) était en réalité une nouvelle espèce<br />

pour Madagascar, A. nebulosa labiata Peters non encore signalée dans l'Ile. Nous avons déj<strong>à</strong> longuement<br />

parlé de cette espèce au chapitre l, famille des Anguillidés;<br />

- Au point de vue espèces introduites: Cyprin, Carpe, Gambusie, Tilapia melanopleura, macrochir,<br />

nilotica, mossambica et zillii.<br />

Environné par des terrains volcaniques, le lac Itasy possède des eaux bien plus riches que celles du<br />

lac Alaotra et les poissons y ont, d'une façon générale, des coefficients de condition plus élevés que dans<br />

ce dernier plan d'eau (il y a plusieurs formules pour le coefficient K, nous avons retenu celle de K = 10 5 P<br />

le poids P étant exprimé en grammes et L. étant la longueur standard évaluée en millimètres). L3<br />

A la simple vue des sujets pêchés l'on se rend compte du parfait état de santé et de l'état plus gras des<br />

poissons du lac Itasy (richesse en plancton). La comparaison est d'ailleurs facile <strong>à</strong> faire au marché d'Analakely<br />

de Tananarive qui reçoit des poissons frais des deux lacs. Les Malemi/oha (T. macrochir) de l'itasy ysont particulièrement<br />

recherchés et il n'est pas rare de voir des sujets de 900 grammes bien gras, alors qu'au lac<br />

Alaotra les sujets de la même espèce dépassent rarement 500 grammes et sont plus maigres. Plusieurs calculs<br />

du coefficient de condition K ont été faits pour cette espèce au lac Alaotra et au lac Itasy. Pour le premier<br />

la moyenne était de 3,68, pour le deuxième elle était de 4 (coefficient d'autant plus fort que, pour une même<br />

longueur, le poids du poisson est plus élevé). Il en est de même pour la Carpe dont les coefficients de condition<br />

suivant les deux lacs sont relativement encore plus différents et plus caractéristiques que pour le Tllapla,<br />

ce qui est normal étant donné que nous avons affaire <strong>à</strong> la Carpe miroir qui est une race sélectionnée.<br />

La pêche se pratique essentiellement dans toute la zone périphérique du lac, mais, comme pour la<br />

majorité des grands plans d'eau de Madagascar, très peu au large.<br />

Les principaux engins de pêche sont:<br />

- Les nasses dormantes ou VOYO en Bararata ou en Fataka;<br />

- Les nasses en grillage métallique pour la capture des Anguilles et leur stockage. Beaucoup de<br />

poissons sont gardés vivants jusqu'<strong>à</strong> l'arrivée des grossistes de Tananarive et les viviers sont en bambous,<br />

en bararata et même en herana (jonc souple).<br />

Au lac Itasy les nasses sont généralement simplement cachées au milieu de la végétation très abondante<br />

sur les bords, mais dans les grands étangs naturels voisins (peu profonds) les nasses sont disposées<br />

au bout de barrages en forme de V.<br />

- Les lignes de fonds dormantes, firango ou fitamandry <strong>à</strong> un ou plusieurs hameçons (qui capturent<br />

surtout les Anguilles et les grosses Carpes, suivant leur mode d'appâtement) ; -<br />

- Les nasses traînantes ou Tandroho pour la pêche des petits poissons et des Crevettes, essentiellement<br />

le long des rives et le long des zones envahies par la végétation (en particulier zozoro et Tsikafokafo,<br />

la jacinthe d'eau qui est très envahissante);<br />

- La ligne simple, dont le fil était autrefois fabriqué avec du fil de chanvre. La pêche <strong>à</strong> la ligne s'est<br />

également beaucoup développée au lac depuis l'introduction du Tilapla ;<br />

- Les filets-sennes et les éperviers, d'utilisation récente et dont l'emploi devient de plus en plus fréquent.<br />

Ici également une action en matière de vulgarisafion doit amener le pêcheur <strong>à</strong> utiliser le filet<br />

maillant;<br />

- Enfin, signalons que si les anciens sacs sou pies en hisatra (jonc) ou en écorce de zozoro ne sont<br />

pratiquement plus employés pour la capture des petites espèces et des Crevettes, l'apparition du Tilapia<br />

melanopleura herbivore a fait imaginer aux riverains une nouvelle méthode de pêche: celle, des fery ou


valatrondro, barrages établis en mottes de terre au bord du lac en eau très peu profonde. Les Tilapia p énétrent<br />

le soir par des trouées faites dans ces murs et ils viennent brouter l'herbe du rivage. Le matin, très tôt,<br />

le propriétaire vient boucher rapidement les ouvertures du mur en emprisonnant les poissons derrière le<br />

barrage. !Iles capture ensuite au tandroho .<br />

. L'écoulement des produits du, lac Itasy ne pose aucun problème en raison de la proximité de la Capitale.<br />

Tout le poisson est vendu frais et le problème du fumage du poisson en vue de sa conservation et de sa<br />

commercialisation ne se pose pas dans cette région de l'Ile.<br />

!I est nécessaire de signaler, ici, un travail fort intéressant <strong>à</strong> la fois au point de vue historique et au<br />

point de vue technique: celui-du Commandant Morel (R. 102). Que de travaux anciens de ce genre malheureusement<br />

souvent enterrés dans les archives! Cette étude nous montre combien peuvent évoluer rapidement,<br />

dans une région donnée, les coutumes et les habitudes journalières de la population et combien les<br />

conditions d'exploitation du lac et l'élargissement du commerce du poisson ont changé par suite de la création<br />

de routes.<br />

Enfin, soulignons, sans nous y étendre, l'intérêt touristique de ce plan d'eau et de la région qui<br />

l'environne.<br />

6. L'Onilahy et le lac Ihotry-Tongobory (PL. 59)<br />

Parmi les grands cours d'eau de l'Ouest, le Bas-Onilahy représente certainement l'un des biotopes<br />

les plus intéressants par la grande variété de sa faune ichtyologique euryhaline (il existe aussi une petite<br />

mangrove en amont de l'estuaire), par sa facilité d'accès par Tuléar et la présence d'un grand village de<br />

pêcheurs <strong>à</strong> Saint-Augustin-Mahanoro (marché journalier de poissons). Le pêcheur-récolteur d'espèces,<br />

heureux de voir une telle variété de poissons, ne saurait aussi, par ailleurs, rester insensible <strong>à</strong> la beauté<br />

des lieux abrités au Sud par une grande falaise calcaire toute rougeoyante aux couchers de soleil et <strong>à</strong> la vue<br />

de ces belles pirogues vezo qui sillonnent l'Onilahy, flanquées de leurs grandes voiles carrées ou rectangulaires<br />

aux vives couleurs. La pêche est toujours très productive etune grosse partie des captures est transportée<br />

<strong>à</strong> l'état frais ou <strong>à</strong> l'état fumé-grillé <strong>à</strong> Tuléar par voie de mer. Il y a lieu de signaler, immédiatement<br />

en amont de Saint-Augustin, un petit affluent de l'Onilahy, dû en partie <strong>à</strong> des sources aux eaux très minéralisées<br />

et riches, dans lequel j'ai eu l'occasion de voir les plus grands Gobius observés jusqu'ici en eaux douces:<br />

42 centimètres de long et d'un poids dépassant légèrement le kilogramme. Les habitants de Saint-Augustin<br />

sont de gros mangeurs de poissons et il n'est pas exagéré d'évaluer <strong>à</strong> plus de 100 kilogrammes la consommation<br />

moyenne annuelle par membre de la famille de chaque pêcheur. Le poisson vaut d'ailleurs entre 10<br />

et 20 francs le kilogramme sur le marché local. En re montant l'Onilahy, l'on rencontre, outre les'« Sept-<br />

Lacs» qui sont, <strong>à</strong> proprement parler, des petites vasques creusées dans le calcaire et sans intérêt piscicole,<br />

l'étang de Maroamalona (beaucoup d'Anguilles), l'étang artificiel d'Ambohimahavelona, riche en Boramany<br />

ou Saro, les plans d'eau d'Andronomay et d'Ihotry-Tongobory. Ce dernier, situé <strong>à</strong> environ 60 kilomètres<br />

de la mer, par l'Onilahy, est très poissonneux et les principales espèces pêchées sont:<br />

- Parmi les poissons d'eau douce: Tilapia melanopleura, Cyprin, Saro (Ptychochromis oligacanthus),<br />

Borobo (Paratilapia polleni) ;<br />

- Parmi les poissons euryhalins : /v1okosa (Megalops cyprinoïdes) Gaoka (Elops machnata), Antendro<br />

(Mulet), Amalona maint y (Anguille) et plusieurs espèces de Gobius et d'Eleotris, etc.<br />

7.' Autres plans d'eau intéressants de l'Ile<br />

Nous ne pouvons, bien entendu, donner, ici, que quelques caractéristiques essentielles relatives <strong>à</strong><br />

quelques autres plans d'eau.<br />

a. Lacs divers (PI. 67 et 68)<br />

G. Petit nous a parlé, en détail (R. 27 et R. 104) de deux lacs curieux du Sud-Ouest: Ihotryet Tsimanampetsotsa.<br />

Le premier, situé au sud-est de Morombe, est un lac salé intérieur sans exutoire et dont la


superficie est très variable avec la saison: il peut atteindre près de 8 500 hectares et, en saison sèche, il est<br />

généralement réduit au diverticule Ouest d'un peu plus de 850 hectares qui est probablement alimenté<br />

par des sources souterraines permanentes, car il n'a jamais été vu <strong>à</strong> sec. C'est l<strong>à</strong> que le poisson vient se<br />

rassemble!' en saison sèche dans une eau progressivement concentrée en sel (37 grammes d'extrait sec en<br />

septembre 1962, c'est-<strong>à</strong>-dire une eau plus salée que l'eau de mer). G. Petit nous a parlé de ces mortalités<br />

massives que connaissent les populations ichtyologiques du lac dans une eau trop salée, surchauffée et où<br />

des conditions particulières, se reproduisant toutes les quelques années, favorisent le dégagement d'anhydride<br />

sulfureux (H2S due <strong>à</strong> la prolifération probable de bactéries anaérobies dans les vases salées). Il ya,<br />

dans ce lac, adaptation fort intéressante des espèces dulcaquicoles présentes <strong>à</strong> une forte concentration en<br />

sel et l'étude biologique de ces phénomènes mériterait toute notre attention.<br />

Quant au lac Manampetsa ou Tsimanampetsotsa dont la superficie varie entre 1 600 et 2900 hectares<br />

(avec les saisons), nous avons déj<strong>à</strong> signalé que la nature chimique de ses eaux semble interdire la vie des<br />

poissons. Le lac renferme cependant des mollusques consommés par les flamants roses.<br />

Les petits lacs volcaniques des régions de la Montagne d'Ambre (au sud-est de Diégo-Suarez), de l'île<br />

de Nossi-Bé et de la région de l'itasy n'ont, en fait, qu'un intérêt piscicole très limité (sauf le lac sacré<br />

d'Anivorano-Nord très poissonneux et très pêché).<br />

La région d'Antsirabe comprend plusieurs lacs dont deux assez grands: Andraikiba (66 hectares) et<br />

Andranobe (109 hectares), des marais, des cours d'eau et un système assez important de canaux de drainage<br />

où l'on pêche du Tllapia, du Cyprin et de la Carpe. En raison de l'altitude de ces plans d'eau, la production<br />

piscicole est relativement faible et les poissons se limitent aux espèces suivantes:<br />

- Pour les espèces autochtones : Anguilles (A. mossambica et A. marbrée), Marakely (au-dessous<br />

de l'altitude de 1 500 mètres) et Eleotris legendrei ;<br />

- P.our les espèces introduites: Tilapia (melanopleura et macrochir), Carpe, Cyprin, Black-Bass<br />

(et la Truite dans quelques rivières du Vakinankaratra, au-dessus de 1 600 mètres d'altitude).<br />

La région de Bealanana : Cette région comprend un grand lac, celui d' Ankitrobaka-Matsaborimadio de<br />

742 hectares, des cours d'eau et des marais. L'introduction du Tilapia a fortement augmenté, comme ailleurs,<br />

la production piscicole de cette zone de moyenne altitude.<br />

La région de Mandritsara comprend quelques grands étangs, des cours d'eau et des marais. Parmi les<br />

premiers, il y a lieu de signaler le lac d'Ambalafary qui est très poissonneux et qui renferme, en particulier,<br />

une espèce que l'on ne s'attend pas <strong>à</strong> rencontrer aussi loin de la côte: le Laokandrazana (ou loba<br />

ou Menarambo, TS) qui est le Ptychochromis oligacanthus, le Tsipoy du Nord-Ouest ou le Saroy de la côte Est.<br />

La faible altitude de ce plan d'eau nous permet d'expliquer une pénétration aussi lointaine dans les terres<br />

de cette espèce côtière qui. a remonté la Sofia et qui constitue, dans cette zone, une race géographique<br />

locale <strong>à</strong> nageoires rouges (dorsale et queue).<br />

b. Loza et Lagunes (PI. 69 et 70)<br />

Parmi les eaux intérieures de Madagascar, la Loza tient une place tout <strong>à</strong> fait particulière <strong>à</strong> la fois<br />

par son caractère tectonique et par sa grande superficie qui est d'environ 15600 hectares, en la limitant<br />

au niveau de la grande île qu'elle renferme dans sa partie Sud. Elle est située dans la région Analalava-Antsohihy.<br />

Véritable bras de mer pénétrant <strong>à</strong> l'intérieur des terres, la Loza comprend une très forte proportion<br />

d'eaux salées et les marées s'y font largement sentir. Relativement profonde, car elle peut être parcourue<br />

par des navires de moyen tonnage, elle est presque partout entourée d'une vaste mangrove qui recouvre<br />

également les trois îles basses qu'elle abrite.<br />

Très riche en poissons, mais en fait peu exploitée par la pêche en face de ses réelles possibilités,<br />

la Loza présente un intérêt tout <strong>à</strong> fait exceptionnel au point de vue de l'observation des espèces euryhalines,<br />

tant par leur variété que par leur biologie étudiée en relation avec la salinité des eaux.<br />

Située actuellement en dehors de tout grand courant commercial (au bord, il est vrai, de la grande<br />

route Tananarive-Diégo-Suarez, mais loin de la Capitale, la route étant malheureusement coupée une bonne<br />

partie de l'année), l'on peut cependant concevoir, dans le cadre du développement économique de l'Ile<br />

des années <strong>à</strong> venir, une exploitation relativement peu onéreuse des richesses naturelles de cette zone.<br />

105<br />


Les activités piscicoles devraient alors probablement être orientées vers une production massive de poisson<br />

fumé (facilité de se procurer du bois pour le fumage) exporté par la route en bonne saison.<br />

Quittons la côte Ouest pour la côte Est, nous y trouvons, du Nord au Sud et en plus des grands<br />

Pangalanes déj<strong>à</strong> étudiés, plusieurs lagunes intéressantes:<br />

Ampahana (<strong>à</strong> 15 kilomètres au nord d'Antalaha), les petits Pangalanes-Est (au nord de Soanierana-<br />

Ivongo), la petite lagune de Tampolo-Fénérive (R. 96), Masianaka au sud de Vaingandrano et celles de la<br />

région de Fort-Dauphin.<br />

Parmi ces dernières, très poissonneuses et largement visitées par les espèces euryhalines (dont de<br />

gros sujets de Pomadasys operculare ou Angera, de Chrysophris sarba ou gueule pavée, de Carangues ...),<br />

il y a lieu de signaler tout particulièrement la lagune d'Anony (R. 98).<br />

En fait, ces diverses lagunes sont relativement plus poissonneuses (quantitativement) que les<br />

grands Pangalanes et elles jouent chacune un rôle intéressant dans les productions locales de poissons.<br />

Les principalés espèces sont d'ailleurs celles déj<strong>à</strong> mentionnées pour les grands Pangalanes et il est certain<br />

que leur productivité, notamment celle des lagunes constamment ouvertes, peut être fortement augmentée<br />

<strong>à</strong> la fois par l'amélioration des méthodes de pêche et par l'étude systématique de la biologie des principales<br />

espèces captu rées.<br />

La lagune d'Ampahana et la petite lagune de Tampolo-Fénérive présentent de très beaux sites, entourés<br />

de hautes futaies côtières.<br />

Les «Petits Pangalanes» comprennent les parties côtières du Marimbona et de la Soamianina ainsi<br />

qu'une lagune très étirée reliant ces deux fleuves, des canaux bordés par les classiques Hibiscus <strong>à</strong> fleurs<br />

jaunes (Varo, BM) et d'autres arbustes semi-aquatiques permettant de fixer les dunes qui les bordent.<br />

Ces petits Pangalanes servent aux transports locaux des produits.<br />

La lagune de Masianaka, de son côté, présente un aspect très différent des plans d'eau cités, car elle<br />

est essentiellement entourée de vastes rizières.<br />

La région de Fort-Dauphin présente un bel ensemble de lagunes dont la configuration générale rappelle,<br />

par certains points, celle des lagunes méditerranéennes. La lagune d'Anony, en particulier, étudiée par mon<br />

ami Lamarque (R. 98), pourra présenter par la suite un intérêt exceptionnel au point de vue adaptation de<br />

certaines espèces euryhalines dans les eaux intérieures, car la dune artificielle (travaux des dunes du Mandrare)<br />

ne sera probablement percée que toutes les quelques années. Lors de chaque ouverture de la dune,<br />

sous la pression des hautes eaux, les quantités de poissons qui pénètrent dans les eaux saumâtres sont<br />

très importantes, elles y sont souvent emprisonnées par reformation rapide de la dune. La pêche dans le<br />

lac ravitaille essentiellement le marché d'Am boasary ainsi que la mai n-d'œuvre des nom breuses concessions<br />

de sisal de la région du Bas-Mandrare.<br />

c. Parmi certains grands fleuves poissonneux non encore cités, retenons en particulier<br />

- Sur la côte Est ceux de la Bemarivo (Sambava), de l' Ankavia (Antalaha,) de l'Antanambalo (Maroantsetra),<br />

du Maningory (Fénérive), de la Mananara-,du-Sud (Vaingandrano) ;<br />

- Sur la côte Ouest ceux du Sambirano (Ambanja, de nombreuses espèces capturées dans le Sam birano<br />

ont notamment permis l'établissement des collections du Muséum sur lesquelles a travaillé Pellegrin,<br />

R. 58), du Manambaho (Maintirano), du Mangoky qui, parmi les principaux fleuves de l'Ile, compte certainement<br />

parmi les moins exploités. En effet, la partie en aval de Beroroha et allant jusqu'<strong>à</strong> la mangrove littorale<br />

traverse des zones relativement peu peuplées et, de toutes façons, cette région ne comporte pas de<br />

système routier de grand commerce. Dans beaucoup de ces cours d'eau, la production peut être améliorée<br />

par l'utilisation de grandes sennes <strong>à</strong> poche et <strong>à</strong> fil assez épais, car les filets mai liants <strong>à</strong> fil fin (pourtant très<br />

« prenants ») sont généralement trop fragiles et fréquemment, si ce n'est systématiquement, très endommagés<br />

par les Requins et les Poissons-scie.<br />

Il est curieux de constater que les fleuves semi-permanents du Sud, tels que le Fiherenana, la Linta,<br />

le Menarandra et le Manambovo n'ont, dans leurs parties côtières, de l'eau que pendant une partie de l'année,<br />

essentiellement en périodes de crues, alors que leurs cours supérieurs ont, par contre, toujours de l'eau<br />

106


et renferment, en plus d'espèces locales dulcaquicoles, des espèces euryhalines telles que le Gogo (Arius<br />

madagascariensis) et des Gobius qui voyagent entre mer et zones de moyenne altitude pendant l'époque<br />

des hautes eaux. Nous avons déj<strong>à</strong> signalé les curieuses possibilités de trouver des Gobius giuris dans le<br />

sable humide des lits de ces fleuves apparement <strong>à</strong> sec. En fait, ce type de cours d'eau est peu intéressant<br />

pour la pêche, il est peu productif et, quand il est en eau (parties côtières), les crues sont généralement<br />

tellement violentes que la pêche y est difficile. Relativement très peu d'espèces, parmi lesquelles l'Arius<br />

madagascariensis, quelques Gobius et quelques Eleotris, les Anguilles, le Megalops cyprinoïdes, les Carangues<br />

... peuvent vraiment remonter le courant.<br />

d. Grands marais (PI. 53)<br />

Parmi les grands marais de l'Ile, signalons, en particulier:<br />

- En zones côtières:<br />

Sous-préfecture de Mampikony : Marais de la Mampikony au nord-ouest de la ville et marais d'Andranomadio.<br />

Total: environ 800 hectares.<br />

Sous-préfecture de Mitsinjo : Marais d'Antseza (au sud du lac Kinkony), marais de Katondra <strong>à</strong> l'est du<br />

lac et marais de Mahazoarivo, Tsiandahatra et Betonotono le long de la Mahavavy-du-Sud. Total: environ<br />

3 700 hectares.<br />

Sous-préfecture de Besalampy : Marais au nord et nord-est de la ville, de part et d'autre des rivières<br />

Sambaokofa, Sambao, Hafay et Manongoza. Plus de 10000 hectares.<br />

Sous-préfecture d'Antsalova : Marais de Bemamba et marais situés le long de la Soahanina et du Manambolo.<br />

PIus de 5 000 hectares.<br />

Sous-préfecture de Morombe : Marais de Remoka au sud-ouest de Befandriana-Sud. Marais d'Ankazomangaau<br />

sud du Mangoky et marais d'Ikongo, Ankareforefo et Beherana <strong>à</strong> l'est de Morombe. Total:<br />

4 500 hectares.<br />

Sous-préfecture de Manakara : Marais d'Ambila (mis partiellement en valeur par des travaux du Génie<br />

rural). Plus de 2 000 hectares.<br />

Sous-préfecture de Farafangana : Marais de Fontsivony, de part et d'autre de la Manambavana, <strong>à</strong> 15 kilomètres<br />

au nord-ouest de Farafangana, Près de 15 000 hectares.<br />

- Sur les plateaux:<br />

Sous-préfecture de Bealanana : Grands marais <strong>à</strong> l'ouest de Bealanana, en limite des lacs Ankitrobaka et<br />

Matsaborimadio. Grands marais <strong>à</strong> 15 kilomètres au sud-ouest de Bealanana de part et d'autre de la rivière<br />

Maevarano. Grands marais <strong>à</strong> 25 kilomètres <strong>à</strong> l'est et au nord-est de Bealanana, de part et d'autre des rivières<br />

Maevarano et Analanana. Total: environ 6000 hectares.<br />

Sous-préfecture d'Ambatondrazaka : Marais de la basse-Sahabe (très grand marais contigu au lac dans sa<br />

partie limitée Ouest et Sud-Ouest) et marais de la moyenne-Sahabe <strong>à</strong> l'ouest d'Andilanatoby. Total: environ<br />

75 000 hectares. Marais de Didy au sud-est d' Ambatond razaka, <strong>à</strong> 25 kilomètres au sud-est d'Ambatondrazaka.<br />

Envi ron 15 000 hectares.<br />

Sous-préfecture de Soavinandriana et Miarinarivo : Marais contigus au lac Itasy, dont le marais de Fitandamba<br />

au sud du lac. Marais d'Ifanja et de Trefa, <strong>à</strong> 25 kilomètres au nord-ouest du lac. Total : environ<br />

4 500 hectares.<br />

Sous-préfecture de Tananarive-banlieue: La carte nO65 nous donne une liste assez complète des plans<br />

d'eau et marais entourant la ville dans un rayon de 25 kilomètres.<br />

Sous-préfecture d'Anjozorobe : Marais d'Anjozoromamy et d'Andranofotsy, <strong>à</strong> 30 kilomètres <strong>à</strong> l'ouest<br />

cI'Anjozorobe. Marais de Kelimantsina et marais de part et d'autre de la Manant<strong>à</strong>nana. Total: environ<br />

:2 500 hectares.<br />

107


Sous-préfecture de Fianarantsoa: Marais de la Matsiatra et de la Ranomainty, <strong>à</strong> l'est de Fianarantsoa,<br />

qui portent sur plus de 5100 hectares.<br />

Sous-préfecture de Betroka : Marais de part et d'autre du Mangoky (partie supérieure de l'Onilahy),<br />

<strong>à</strong> 25 kilomètres au sud de Betroka. Plus de 1000 hectares.<br />

Il est évident que la production piscicole de ces grands marais est excessivement variable suivant les<br />

cas, beaucoup d'entre eux ne sont que peu ou pas exploités en raison de leur situation géographique, mais<br />

les pêches relativement importantes pratiquées dans ceux de la région de Tananarive montrent <strong>à</strong> quel<br />

point ils ne doivent pas être négligés sur le plan général de la production piscicole. Une partie, faible,<br />

il est vrai, peut être aménagée par la construction de digues rustiques transformant certaines têtes de<br />

vallées en grands étangs où l'élèvement du niveau d'eau peut amener l'élimination d'une partie de la végétation<br />

semi-immergée. De plus, des trouées de pêche, notamment pour la pêche <strong>à</strong> la ligne, peuvent être<br />

pratiquées localement dans les vastes peuplements de zozoro transformant certains marais en véritables<br />

forêts de Cyperus. Il est certai n que la coupe régulière d'une partie de la végétation aquatique semi-immergée<br />

donnerait de la lumière aux eaux plongées dans l'ombre permanente et pourrait en augmenter, de ce fait,<br />

la production piscicole. Mais si ces travaux peuvent quelquefois être rentables pour des petits marais et<br />

s'ils sont souvent pratiqués en Europe, il faut bien dire que nous ne connaissons que fort mal nos marais<br />

tropicaux et que des études ultérieures devront combler nos lacunes dans ce domaine. Dans cet ordre<br />

d'idées, nous pouvons signaler les fort intéressantes recherches de D. Harding sur les vastes marais de<br />

Bangweulu (Rhodésie du Nord) sur lesquelles il fit une communication au Symposium de Lusaka (R. 226).<br />

e. Les Mangroves (PI. 53 et 70)<br />

La planche 53 localise les grandes mangroves de l'Ouest dont l'ensemble portesurenviron 300000hectares.<br />

En fait, seule la côte Ouest, dans ses vastes zones plates côtières Centre et Nord, possède de grandes<br />

mangroves <strong>à</strong> la fois irriguées par les eaux douces et soumises aux marais. L'on sait que ces régions de palétuviers,<br />

couvertes par de véritables dédales de canaux et mises <strong>à</strong> découvert aux moments des marées<br />

basses, présentent un biotope tout <strong>à</strong> fait particulier, avec des eaux saumâtres dites poïkilohalines (c'est<strong>à</strong>-dire<br />

dont la salinité est variable). Nous donnons, sur la planche 70 et <strong>à</strong> titre d'exemples, les cartes des<br />

trois mangroves dont celle de Belo-sur-Tsiribihina que nous avons eu l'occasion de prospecter tout<br />

particulièrement. Ce qui frappe tout d'abord le voyageur, parcourant ces régions en pirogue, est le peu de<br />

population qu'abrite ce milieu. Il faut dire que la mangrove se prête souvent mal <strong>à</strong> l'installation de villages,<br />

ceux-ci pourraient être lacustres, mais une abondance extraordinaire de moustiques les rendent très insalubres<br />

et ces zones ne comportent pas de rizières. Les quelques villages de pêcheurs existants sont<br />

souvent installés sur la périphérie de la mangrove: en bordure de mer sur la dune (généralement au milieu<br />

des cocotiers) ou sur la partie qui la limite vers l'intérieur des terres. D'ailleurs les pêcheurs sont généralement<br />

des riziculteurs possédant, d'une part, un village permanent <strong>à</strong> côté de leurs rizières (par exemple<br />

Kaday pour la mangrove de la Tsiribihina) et un hameau de pêche en bordure de mer (Andohapitaly, avec<br />

un point d'eau potable). Suivant les saisons, ce dernier est plus ou moins habité.<br />

La pêche dans les mangroves se pratique essentiellement aux changements de marée (montée et<br />

descente) et l'on assiste alors <strong>à</strong> des captures vraiment sensationnelles, avec une gamme d'espèces particulièrement<br />

variée. Il est fréquent de pêcher plus d'une dizaine d'espèces <strong>à</strong> chaque coup defilet et souvent<br />

plus d'une vingtaine au cours d'une même pêche. Celle-ci est généralement volontairement limitée <strong>à</strong> peu<br />

de temps (une heure) en raison des réelles possibilités de transport et de vente. Pour Andohopitaly, par<br />

exemple, les pêcheurs doivent faire cinq heures de pirogue pour remonter la Tsiribihina jusqu'au grand<br />

marché de Belo. Ces pêches sont généralement faites <strong>à</strong> la senne partant de la berge et tendue obliquement<br />

par rapport <strong>à</strong> celle-ci, le filet étant orienté de telle façon que les poissons se dirigent vers l'extrémité<br />

fixée sur le bord (la position du filet change donc suivant la progression de la marée). Les pêcheurs utilisent<br />

aussi des grandes nasses dormantes qu'Ils fixent aux palétuviers et quelquefois ils barrent totalement un<br />

petit canal de la mangrove avec des gaulettes et des feuillages, laissant deux ou trois passages derrière<br />

lesquels ils mettent en place des nasses coniques et vers lesquels ils chassent le poisson.<br />

Il est très curieux de constater <strong>à</strong> quel point les marées montantes et descendantes amènent et ramènent<br />

avec elles une masse de poissons qui suivent strictement leurs déplacements. En plus des espèces euryhalines<br />

courantes et étudiées aux paragraphes 1 et 2 du premier grand chapitre de cet ouvrage, nous pouvons<br />

rencontrer toutes les espèces étudiées dans le troisième paragraphe: « Espèces <strong>à</strong> affinités nettement<br />

108


marines, euryhalines par occasion et pénétrant dans les eaux saumâtres ». Certaines de celles-ci peuvent<br />

avoir, dans ces pêches en mangrove, une véritable importance économique et il est inutile d'insister, ici,<br />

sur l'intérêt exceptionnel que pourra présenter dans l'avenir le développement de la pêche dans ces zones<br />

privilégiées.<br />

f. Grands plans d'eau artificiels. Barrages du Génie Rural. Une réalisation intéressante du Service des Eaux et<br />

Forêts: les grands étangs de la Matsiatra (PI. 71)<br />

Parmi les grands plans d'eau artificiels, il ya lieu de signaler tout particulièrement:<br />

- Les grands réservoirs de Mantasoa et de Tsiazompaniry qui atteignent plusieurs dizaines de<br />

mètres de profondeur au niveau de leurs barrages et qui ont été créés dans des buts hydroélectriques,<br />

pour régulariser au mieux les eaux dans les plaines voisines de Tananarive au cours des saisons et pour<br />

irriguer de nombreuses terres situées en aval des barrages. La planche 71 nous fait immédiatement ressortir<br />

la configuration particulière en «doigts de gant» de ces plans d'eau situés au milieu de collines. Pour leur<br />

mise en eau, plusieurs villages, perdus au milieu des marais, ont dû être déplacés. Soumises <strong>à</strong> de grandes<br />

variations du niveau de l'eau, les berges sont peu envahies par la végétation et ce fait est un facteur limitant<br />

pour la production piscicole. Ces plans d'eau produisent néanmoins de façon intéressante du poisson et<br />

les espèces les plus pêchées sont: le Tilapia (en particulier beaux T. macrochir de Tsiazompaniry), la Carpe<br />

et le Black-bass;<br />

- Le lac de Mandroseza (23 hectares) qui constitue la principale réserve d'eau de I~ ville de Tananarive.<br />

Propriété de la Société des Eaux, il est interdit d'y pêcher;<br />

- Le lac de Mahazoarivo (10 hectares) qui fait partie de la résidence du Président de la République;<br />

- Plusieurs petits barrages hydroélectriques tels que : La Mandraka (8 hectares), Antelomita<br />

(35 hectares) et la réserve d'eau de la ville de Fianarantsoa: le petit « lac» artlflcle] de Vatosolo (5 hectares)<br />

et le barrage de Mandaratsy (5 hectares).<br />

Parmi les barrages du Génie rural qui ont des retenues d'eau importantes et, de ce fait, intéressantes<br />

pour leur production piscicole, signalons:<br />

- Amboromalandy (620 hectares) qui est, en fait, un ancien lac marécageux dont le plan d'eau a été<br />

agrandi et surélevé par la construction d'une route-digue (route Tananarive-Majunga). Cette réserve,<br />

avec celle d'Ambondrornifehy (48 hectares), dessert le réseau de Karambo dans la sous-préfecture de<br />

Marovoay;<br />

- Ivakoana (288 hectares) qui dessert, avec les réserves de Maroala (144 hectares), Anambana<br />

(97 hectares) et Marokoko (13 hectares), les terrains mis en valeur dans les marais d'Am bila (sous-préfecture<br />

de Manakara). Ces plans d'eau renferment déj<strong>à</strong> beaucoup de Tilapla et d'Anguilles;<br />

- Sahamaloto (280 hectares) situé <strong>à</strong> l'ouest du lac Alaotra (sous-préfecture d'Ambatondrazaka) ;<br />

- Ambilivily (235 hectares) qui dessert, avec la réserve de Morafeno, le réseau de Bekarara (souspréfecture<br />

de Marovoay) ;<br />

- Antanifotsy (199 hectares) qui dessert I~ «Pc. 15» au voisinage d'Ambatondrazaka ;<br />

- Maromandia (199 hectares), Bemaitso et Ambodivato qui desservent le réseau d'Andilamena ;<br />

- Ambohibao, ancien marais surélevé par le construction d'une digue et que les promeneurs et<br />

sportifs tananariviens connaissent fort bien;<br />

- Vahadraka (60 hectares) qui dessert le réseau du même nom dans la sous-préfecture de<br />

Vangaindrano.<br />

Enfin signalons, au titre des plans d'eau artificiels et comme exemple fort intéressant de transfomation<br />

de marais, l'ensemble des étangs de la Matsiatra (PL. 71) réalisés par le Service provincial des Eaux et<br />

Forêts de Fianarantsoa. Ces grands étangs, portant sur un total d'environ 225 hectares, ont été créés dans<br />

deux buts essentiels: d'une part développement de la pêche et du tourisme dans la région sud-est de Flananarantsoa<br />

où le Service a réalisé plusieurs milliers d'hectares de reboisement de pins et, d'autre part, création<br />

de pare-feu au milieu de cette essence très menacée par les incendies de brousse. L'on y pêche de fort<br />

beaux Tilapia et Black-bass, les Anguilles (essentiellement A. mossambica) y sont relativement abondantes.'<br />

109


D. Méthodes et engins de pêche (PI. 72 <strong>à</strong> 81)<br />

Dans ce vaste paragraphe que pourrait être l'étude des méthodes et des engins de pêche, nous<br />

sommes obligés de nous résumer et nous aurons essentiellement recours <strong>à</strong> la documentation par le dessin<br />

et par les photos. Certains d'entre eux ont d'ailleurs déj<strong>à</strong> été décrits en détails dans nos études. G. Petit<br />

leu r a également accordé u ne large part dans son ouvrage (R. 27) aux pages 173 <strong>à</strong> 199, 213 <strong>à</strong> 246 et dans<br />

une partie des pages 269 <strong>à</strong> 285.<br />

1. Méthode du « Tosika» et pêche au panier ou «Fanihifana ». Nasses traînantes et nasses<br />

dormantes (PL. 73 <strong>à</strong> 76)<br />

La méthode du Tosika (ME), essentiellement pratiquée sur les plateaux et, en particulier, dans les<br />

étangs et les marais aux moments des basses eaux ainsi que dans les rizières, consiste <strong>à</strong> compartimenter<br />

le plan d'eau par des diguettes de branchages et de boue que les pêcheurs font avancer méthodiquement<br />

pour réduire les surfaces dans lesquelles sont emprisonnés les polssons. Qui a vu pratiquer cette méthode<br />

a vite compris combien elle peut être destructrice pour les alevins et les petits sujets littéralement étouffés<br />

dans l'eau vaseuse et dans la boue. C'est, sans aucun doute, une méthode <strong>à</strong> proscrire et, hélas! encore trop<br />

largement pratiquée.<br />

La pêche au panier ou Fanihifana (ME) est quelque peu moins destructrice quand elle se contente de<br />

ne pas rendre l'eau trop boueuse (par des passages trop nombreux dans une même eau) et quand les alevins<br />

d'espèces intéressantes et relativement peu abondantes, telles que: Carpe, Marakely, Cyprin doré ... , sont<br />

rejetés <strong>à</strong> l'eau. Les poissons sont capturés avec des paniers ovoïdes ou nasses traînantes généralement<br />

coniques ..<br />

A la côte Est, les femmes pratiquent souvent une pêche analogue en rabattant avec de grands feuillages<br />

le poisson vers de grandes nasses fixes <strong>à</strong> grande ouverture. L<strong>à</strong> aussi, il est souhaitable que soient rejetés <strong>à</strong><br />

l'eau les alevins de Saroy, de Masovoatoaka, de Gouramier, de Fony ...<br />

Les nasses dormantes ont toujours été très utilisées <strong>à</strong> Madagascar, appâtées ou non, et nos dessins<br />

en montrent l'extrême variété. Chaque région possède ses formes bien définies par coutumes ancestrales et,<br />

il faut bien le dire, souvent remarquablement adaptées aux espèces locales et <strong>à</strong> leurs mœurs.<br />

2. Barrages: «Vila» (BM) et autres types de barrage (PL. 77)<br />

Avec l'étude de la pêche du «Zompona» (Chap. Il Mugilidés et PL. 22), nous avons vu combien étaient<br />

importantes, notamment dans la zone des Pangalanes-Est, certaines installations dénommées Vila (BM).<br />

Dans de nom breuses petites rivières ou dans les ruisseaux de marais, les populations installent des<br />

petits barrages ou Vilitoho (BM), construits la plupart du temps avec des matériaux de fortune: branches<br />

mortes, feuillages, feuilles de ravenala (dans l'Est) ou de satrana (dans l'Ouest) ... Une nasse est placée <strong>à</strong> la<br />

sortie du barrage qui est généralement « pêchant» pour la remontée des poissons.<br />

Ces Vilitoho pêchent aussi des Crevettes et un exemple tout <strong>à</strong> fait curieux et particulier <strong>à</strong> signaler<br />

est celui du canal d'Andavakamenarana (au sud d'Ambila-Lemaitso) qui, sur plus d'un kilomètre, est régulièrement<br />

sillonné, de chaque côté, d'une série de petits Vila (environ 80 au total) pour la pêche aux grosses<br />

Crevettes qui ont grandi dans les lagunes et qui retournent en masse, en saison chaude, environ d'octobre<br />

<strong>à</strong> avril, <strong>à</strong> la mer pour pondre. Ces Crevettes comportent plusieurs espèces avec ou sans longues pinces et<br />

elles voyagent essentiellement pendant les fractions sombres des nuits des périodes portant chacune sur les<br />

deux derniers quartiers de la lune. Les nasses coniques sont périodiquement mises en place le soir et relevées<br />

tôt le lendemain matin. Les bonnes captures peuvent atteindre plusieurs kilogrammes de Crevettes par Vila.<br />

Dans les régions sakalava ou tsimihety, les barrages prennent souvent le nom de Valankira et nous<br />

pouvons citer, en particulier, ceux du petit lac d'Ambalafarihy, près de Mandritsara. Le nombre de ces<br />

Valankira s'est d'ailleurs fortement accru dans ce plan d'eau avec le développement du Tilapia dans cette<br />

région ..<br />

110


3. Filets-sennes et filets maillants. Eperviers (PL. 78 et 79)<br />

Rappelons que le filet-senne (Harato kaoka, SAK, ou Haratobe, BM) est un filet généralement d'assez<br />

grande taille (au moins 50 mètres de longueur), avec des mailles de 3 ou 4 centimètres, monté avec du gros<br />

fil, avec ou sans poche, manié par plusieurs pêcheurs et qui sert <strong>à</strong> entourer les poissons que l'on tire ensuite<br />

vers la berge ou que l'on hisse dans la pirogue. Suivant les régions, le fil est souvent en Hafotrafotsy (BM),<br />

en Hafotramena (BM) ou Talamena (SAK), en Raphia (GEN), en Lombiro (SAK), en Somangana (BM, arbre<br />

poussant au bord de l'eau) ...<br />

Le filet maillant (dans lequel le poisson se maille, c'est-<strong>à</strong>-dire se prend généralement par les ouïes)<br />

est, par contre, un filet dormant (Arato mandry, GEN) que l'on laisse en place un certain temps et dans lequel<br />

les poissons viennent se prendre. La pêche se pratique soit de nuit, en laissant en place le filet plusieurs<br />

heures de suite, soit de jour, mais alors pour une durée réduite (une demi-heure ou une heure) et le pêcheur<br />

tape généralement sur l'eau ou utilise le Fidobo (BM), sorte de petit tronc de cône en bois emmanché ou<br />

une boîte vide fixée au bout d'un bâton, afin d'effrayer le poisson qui se maille quand il a fui en direction<br />

du filet.<br />

Si pour l'ensemble de l'Ile les filets étaient peu utilisés et souvent fady, c'est-<strong>à</strong>-dire interdits par la<br />

coutume, la senne était plus répandue que le filet maillant <strong>à</strong> fil fin. Pour ce dernier type l'on doit essentiellement<br />

signaler:<br />

- D'une part <strong>à</strong> la côte Est, l'Harato-jebojebo (BM), généralement long d'une trentaine de mètres,<br />

de l,50 mètre ou 2 mètres de haut avec des petites mailles de 2,5 centimètres. Connus depuis relativement<br />

peu de temps (une quarantaine d'années peut-être), ces filets sont en fil de coton et très peu lestés. Essentiellement<br />

utilisé de jour, c'est le filet parfait pour la capture des jebojebo ou Mugil robustus, des Fiampotsy,<br />

des Anketraketra, des Fony, des Saroy, des Masovoatoaka, des petites Carangues ...<br />

- D'autre part, en certains points de la côte Ouest, l'Harato-vango, souvent de grandes dimensions<br />

(certains jusqu'<strong>à</strong> 200 mètres de long et 4 ou 5 mètres de hauteur, notamment au lac Sahapy, au sud de Soalala)<br />

avec des grandes mailles de 5 ou 6 centimètres. C'est le filet <strong>à</strong> Vango ou Chanos chanos, essentiellement<br />

utilisé, lui aussi, de jour et fabriqué avec des cordelettes de Lombiro.<br />

Le nœud utilisé pour la fabrication des filets <strong>à</strong> Madagascar est toujours le nœud dit «sur le pouce ».<br />

Les ralingues sont en Hafotra mena, en fibres de cocotier ou en cordes de Lombiro.<br />

L'épervier ou Harato-atsipy (GEN) a été introduit en zones côtières par les commerçants indiens<br />

(modèle sans petites poches <strong>à</strong> !a base de la nappe). Ce n'est qu'assez rarement, en fait, que l'on voit des<br />

éperviers <strong>à</strong> la côte Ouest (Majunga, lac Amboromalandy) et plus exceptionnellement encore <strong>à</strong> la côte Est<br />

(Mahanoro, Vatomandry). Par contre, les efforts en matière de vulgarisation de la Brigade de pêche ont<br />

largement permis la multiplication des éperviers dans la région du lac Alaotra (qui en comporte en 1962<br />

près de <strong>150</strong>), dans la région de Tananarive et au lac Itasy.<br />

4. Engins divers: lignes, harpons (PL. 80)<br />

La simple ligne était connue de tous temps <strong>à</strong> Madagascar et le fil était souvent fait avec des longues<br />

fibres torsadées de feuille ou de tige de Lafa (palmier). Très souvent, la ligne comporte deux hameçons.<br />

Les harpons ou foënes sont de types très variés et encore très couramment utilisés dans toute l'Ile.<br />

5. Pièges et méthodes particulières de pêche (PL. 72 et 79)<br />

Parmi les pièges <strong>à</strong> poissons, les plus importants et les plus nombreux sont les Vovomora (BM, R. 95).<br />

Ce piège, très courant dans toute la zone des Pangalanes allant de Tamatave <strong>à</strong> Mahanoro, comprend un amas<br />

généralement fait de fougères entouré de gaulettes et dans lesquelles les petits poissons ainsi que les Crevettes<br />

viennent chercher asile. Le Vovomora est levé tous les deux ou trois jours, les fougères sont soulevées en<br />

masse, transférées immédiatement dans u ne grande nasse coniq ue, puis déversées dans .Ia pirogue où est<br />

fait le tri entre fougères remises en place et poissons et Crevettes qui restent dans l' em barcation. Les pêcheurs<br />

augmentent quelquefois le rendement de ce piège, d'une part en l'encerclant avec une grande liane avec<br />

Iii


laquelle on frappe l'eau afin qu'une partie des poissons avoisinants viennent se réfugier dans les feuillages,<br />

d'autre part, en entourant le Vovomora d'une claie, afin d'éviter la fuite de poissons au moment du transport<br />

des fougères. Les principales espèces pêchées portent sur les: Saroy, Masovoatoaka, Tohobe, Filamboay,<br />

des Crevettes, plus rarement Hintana, Laobazaho, Le Tilapla, méfiant de nature, s'y laisse rarement prendre.<br />

Inutile de dire que ce genre de capture est très néfaste si les pêcheurs ne rejettent pas <strong>à</strong> l'eau en particulier<br />

les alevins d'espèces telles que Saroy, Masovoatoaka, Laobazaha (le Tohobe est un carnivore, donc pas spécialement<br />

<strong>à</strong> protéger).<br />

Au lac Antanetibe, près d'Anjozorobe, les pêcheurs utilisaient autrefois un piègé curieux <strong>à</strong> poissons<br />

qui rappellait les trappes appâtées couramment utilisées <strong>à</strong> Madagascar pour la capture de certains animaux<br />

sauvages en forêt. Les poissons pénètrent dans un enclos en bararata par une porte coulissante (dans<br />

le sens vertical) et ils sont emprisonnés quand la porte est libérée par le mécanisme qu'Ils déclenchent.<br />

Parmi les méthodes de pêche particulières, il faut signaler celle du Konkona (BM) pratiquée sur la '<br />

côte Centre-Est, notamment dans la région de Vatomandry (lagune de Vangona, près d'llaka), de juin <strong>à</strong><br />

septembre: une vingtaine de pirogues traversent le lac le plus rapidement possible et côte <strong>à</strong> côte, Les<br />

jebojebo (Mugil robustus) affolés fuient et sautent au-dessus de l'eau, une partie retombe dans les pirogues.<br />

Les pêcheurs se partagent les captures.<br />

6. Leurres<br />

La pêche aux leurres se pratique assez rarement. La plus connue est celle de la pêche au Zompona<br />

(R. 68) dans les Pangalanes de la région de Mahanoro et de Nosy-Varika. Le pêcheur promène au bout d'un<br />

long bâton fin un poisson en bois (quelquefois peint) imitant une femelle pleine d'œufs. Les Mulets mâles<br />

qui veulent s'en approcher sont harponnés. Une pêche semblable se pratique pour le Saroy près de Nosy-<br />

Varika.<br />

7. La pêche aux poisons<br />

Dans un article récent (R. <strong>150</strong>), R. Decary nous parle en détail de la pêche aux poisons. Nous résumerons<br />

simplement, ici, les modes d'utilisation des principales plantes ichtyotoxiques couramment utilisées<br />

<strong>à</strong> travers l'Ile, en signalant que si ces méthodes sont toujours pratiquées, elles sont cependant formellement<br />

interdites par les divers textes qui ont réglementé ces dernières années l'exploitation des eaux douces.<br />

- Famamo (terme général qui veut dire: rendre ivre) : Plusieurs plantes, parmi lesquelles des Tephrosia,<br />

des Mundulea, des Derris, le Lonchocarpus ichtyochromus de la côte Ouest (légumineuses) portent ce<br />

nom. Pour les unes, ce sont les racines qui sont humectées et broyées entre des pierres et le suc obtenu est<br />

déversé dans l'eau. Pour les autres, ce sont les feuilles qui sont utilisées. Les poissons, souvent seulement<br />

engourdis et <strong>à</strong> moitié asphyxiés, viennent en partie flotter <strong>à</strong> la surface de l'eau. Cette méthode, autrefois<br />

très en pratique sur les Hauts-Plateaux merina et betsileo, a quelquefois été utilisée par des braconniers<br />

pour empoisonner des cours d'eau <strong>à</strong> Truites de l'Ankaratra et, en raison de la sensibilité de cette espèce,<br />

les méfaits étaient importants.<br />

Fin 1956, j'avais eu l'occasion de faire plusieurs expériences sur des Trultelles amenées de Manjakatompo<br />

avec le pharmacien, chef du laboratoire de chimie de l'Institut Pasteur. Le famamo utilisé était un<br />

Mundulea dont on utilise généralement les racines privées de leur écorce ou plus rarement les feuilles.<br />

Le laboratoire put isoler d'une part de la Roténone (ou ses dérivés) et d'autre part de la Saponine (les feuilles<br />

ou les racines pilées moussent abondamment sous l'eau). Je cite la conclusion du rapport du pharmacien:<br />

Il semble que ce soit: «La Saponine qui solubilise la Roténone, insoluble dans l'eau et lui permette<br />

ainsi d'agir par action physiologique hémolytique (action très probable sur système nerveux) et non, comme<br />

on le croyait couramment jusqu'ici, par simple action mécanique des particules de Roténone fixées sur<br />

les ouïes»;


l"<br />

1<br />

1<br />

- Famato, laro (Sud-Ouest) : Le latex de plusieurs grandes euphorbes (dont l'Euphorbia laro) est<br />

récolté frais et mélangé <strong>à</strong> du sable pour en faire des votsy (VZ), sortes de boules semi-friables que l'on Jette,<br />

par la suite, dans l'eau. Les poissons sont peu <strong>à</strong> peu engourdis et paralysés, les uns flottent, couchés sur le<br />

flanc, les autres tombent au fond de l'eau:<br />

- Mangahazo gasy : Le mangahazo gasy est un manioc sauvage ichtyotoxique, excessivement amer<br />

et utilisé quelquefois pour la capture des poissons (il est nécessaire d'utiliser alors des fortes doses). Une<br />

espèce de manioc <strong>à</strong> très petites feuilles et utilisée en zones côtières comme haie vivante possède les mêmes<br />

propriétés.<br />

8. Pirogues<br />

La planche 77 nous donne les diverses formes que peuvent avoir les pirogues qui sont toujours monoxyles,<br />

c'est-<strong>à</strong>-dire taillées dans un seul tronc d'arbre. Un problème qui devient de plus en plus crucial et<br />

alarmant est celui qui porte sur la possibilité de se procurer de telles embarcations par suite de la raréfaction<br />

des gros arbres, d'une façon générale, et des bonnes essences, en particulier.<br />

Si toutes les essences peuvent plus ou moins convenir pour la fabrication des pirogues, et l'on en voit<br />

actuellement souvent en Eucalyptus (qui se fend beaucoup) ou même en kapokier (bois très tendre qui ne<br />

dure que quelques mois), les bois les plus couramment utilisés sont les suivants:<br />

- Dans l'Est:<br />

Alampona = Hibiscus spp.<br />

Voanana = Sioanea spp.<br />

Arina = Bridelia tulasneana.<br />

Sevalahy = Entada pervillei.<br />

Varongy = Ocotea spp.<br />

Mongy = Croton spp.<br />

Volomborona = Albizzia sassa.<br />

Tavolo = Ravensara spp.<br />

Ambora = Tamborissa spp.<br />

Ramy = Canarium madagascariensis.<br />

Vintanina = Calophyllum spp.<br />

Rotra = Eugenia spp.<br />

Nanto = Capurodendron spp (et diverses Sapotacées).<br />

Lalona =Weinmania spp.<br />

Longotra mena = Cryptocaria spp.<br />

Hazina (Kijy) = Symphonia spp.<br />

- Dans l'Ouest:<br />

Anakaraka = Cordyla madagascariensis.<br />

Aboringa = Hildegardia erythrosiphon.<br />

Monongo = Xantoxylum sp.<br />

Pamba (kapokier).<br />

Ramy rouge = Canarium madagascariensis.<br />

Rotra = Eugenia sakalavarum.<br />

Sambalahy = Albizzia spp.<br />

Sandrasy = Albizzia spp.<br />

Sohihy = Adina microcephala.<br />

Sefo = Givotia madagascariensis.<br />

Taly = Terminalia mantaly.<br />

Vory = Chlorophora greiveana.<br />

Le Madiro (Tamarindus indica) aussi connu sous son nom sakalava et vezo de Kily est rarement utilisé.<br />

Çar très dur. '<br />

113


La planche 81 nous représente, par ailleurs, la pirogue utilisée par les Vezo aussi bien sur l'Onilahy<br />

qu'en mer. Elle nous précise également les diverses essences utilisées (de façon presque rituelle) suivant<br />

les diverses parties de l'engin et l'on est étonné que ce type d'embarcation <strong>à</strong> balancier, très stable et répandu<br />

sur toute la côte Ouest, n'ait jamais été adopté <strong>à</strong> la fois sur la côte Est et sur nos grands lacs intérieurs<br />

où le vent provoque pourtant souvent de fortes vagues (lacs Alaotra, Kinkony, Itasy, lacs des Pangalanes tels<br />

que: Nosive, Rasoabe, Ihosy ou Alanampotsy).<br />

9. Pêches des Crevettes, des Camarons, des Ecrevisses et des Crabes (PL. 80)<br />

Sans vouloir nous étendre sur ces pêches, qui dépassent le cadre de cet ouvrage « Poissons », il nous<br />

a cependant paru difficile de les passer entièrement sous silence .<br />

. Les Crevettes comportent, <strong>à</strong> Madagascar, de très nombreuses variétés dont plusieurs sont d'ailleurs<br />

euryhalines, avec migrations saisonnières entre mer et eaux saumâtres ou douces, notamment dans les<br />

Pangalanes-Est et dans les mangroves de l'Ouest. Très répandues <strong>à</strong> travers toute l'Ile, e!les portent les noms<br />

de Patsa (BM, ME), Tsivaky (SAK), Tsitsika (SAK, VZ, pou r des grosses Crevettes). Elles sont souvent captu rées<br />

aux nasses traînantes souples (PL. 73) ou au filet moustiquaire et dans beaucoup de matsabory de l'Ouest,<br />

ainsi d'ailleurs que dans certaines mangroves, les pêches sont vraiment extraordinaires. Dans les Pangalanes-<br />

Est, elles sont essentiellement captu rées au Vovomora.<br />

Les Camarons sont de très grosses Crevettes (que l'on appelle quelquefois en français des bouquets)<br />

habitant essentiellement les zones rocheuses des rivières de moyen nes et basses altitudes. Ce sont les Orano<br />

ou Orambato (BM) que les femmes pêchent au tanamilaho (BM), sorte de petit panier fixé au bout d'un long<br />

manche et qu'elles posent pendant une dizaine de minutes dans les trous du lit de la rivière, le panier étant<br />

appâté avec des Mollusques (Sifotra) écrasés. Parmi les Camarons, il y a lieu de signaler, dans les ruisseaux de<br />

pleine forêt, une espèce particulièrement grande et <strong>à</strong> très longues pinces, aux couleurs vives bleu, vert<br />

et rose, appelée Rangaza (BM), Rakaho (BM) ou Rofitrako (BM).<br />

Les Ecrevisses ou Oram-bokoka (BM), aussi appelées Orambato (ME), sont très nombreuses dans certaines<br />

rivières de moyennes et hautes altitudes. H. Poisson (R. 208) en a fait une étude fort intéressante en<br />

nous précisant les diverses variétés. Il est probable que la régression des Ecrevisses est en relation directe<br />

avec le déboisement progressif de l'Ile. Certaines régions en sont cependant encore particulièrement riches,<br />

notamment celle des diverses falaises du versant est de l'Ile, celle de la Mandraka (Ambatolaona) et celle de<br />

l'Ankaratra (Ambatolampy).<br />

Les Crabes présentent également de très nombreuses variétés et des grandes formes existent particulièrement<br />

en zones côtières et dans les mangroves où leur exploitation, encore très réduite, mériterait<br />

une attention toute particulière, en raison de leur abondance. Actuellement les gros Crabes de palétuviers<br />

sont transportés par camion de la région de Majunga <strong>à</strong> Tananarive et ils restent parfaitement vivants pendant<br />

plusieurs jours, entassés dans des sou biques, <strong>à</strong> condition qu'Ils restent enrobés de la vase humide et salée<br />

dans laquelle ils ont été pêchés.<br />

1/4<br />

Les Crabes sont généralement connus sous le nom générique de Foza.<br />

E. Améliorations des engins et des méthodes de pêche<br />

Beaucoup d'engins traditionnels, en particulier les nasses, ne semblent pas avoir besoin d'améliorations.<br />

C'est sur la vulgarisation du filet en nylon et en particulier du filet maillant que nos efforts doivent<br />

porter au cours des années <strong>à</strong> venir. L'utilisation de ce type de filet, largement expérimenté ces dernières<br />

années par la Brigade de pêche et dont nous recommandons une beaucoup plus large utilisation, appelle<br />

les observations suivantes:<br />

1. Le filet maillant, par sa légèreté et sa grande maniabilité, présente sur le grand filet-senne, de<br />

mêmes dimensions, plusieurs avantages:<br />

D'une part, le maniement du filet peut être fait par une équipe réduite de deux hommes et même<br />

par un seul pêcheur.


La pêche peut être faite avec autant de facilité sur les bords des plans d'eau que vers le large.<br />

La pêche permet au pêcheur de rester dans son embarcation et elle permet de travailler dans des<br />

zones dont les fonds très vaseux rendent la technique <strong>à</strong> la senne très difficile et souvent peu payante par<br />

suite de la lenteur des opérations (le Tilapia, en particulier, est très farouche et très méfiant et il faut refermer<br />

beaucoup plus vite les sennes que pour d'autres espèces). Le filet maillant doit d'ailleurs être peu plombé, ce<br />

qui rend la nappe très souple et ce qui présente un autre avantage pour la pêche sur fonds très vaseux.<br />

Enfin, le prix des filets mai liants est beaucoup plus faible que celui des sennes, mais ceci ne doit pas<br />

condamner la senne très rentable et <strong>à</strong> conseiller dans bien des cas;<br />

2. Ce type de filet est d'autant plus « prenant» que le fil utilisé est plus fin et, de ce fait, moins<br />

visible et moins repéré par le poisson dont les cellules sensorielles lui indiquent, probablement par échosondage,<br />

la distance qui le sépare d'un objet immergé. Bien entendu, les filets mai liants seront toujours de préférence<br />

en nylon, matériau qui permet d'avoir des fils fins et imputrescibles.<br />

Etant donné que la grande finesse du fil entraîne obligatoirement un état plus délicat des nappes<br />

(filet proprement dit, compris entre les deux ralingues), l'on se limitera généralement aux fils suivants:<br />

- 13400 ou 10000 pour des filets <strong>à</strong> mailles de 3 centimètres, 4 centimètres et 5 centimètres;<br />

- 10000 ou 6 600 pour des mailles de 6 centimètres avec des ralingues de 5 millimètres de diamètre.<br />

Pour les sennes, le fil couramment utilisé sera du 4440 (et 3330 pour les poches, s'il y en a) avec<br />

des ralingues d'au moins 8 millimètres;<br />

3. La grandeur de la maille influe évidemment sur la grandeur correspondante des prises. Mais il faut<br />

distinguer deux catégories de poissons quant <strong>à</strong> ce calibrage:<br />

D'une part, des espèces telles que les Tllapla, Marakely, Saroy, Masovoatoaka, Kotso, Fiambato, Vango,<br />

Mokosa, Fiampotsy, jebojebo. Zompona ... qui sont strictement calibrés par les grandeurs des mailles des filets<br />

et pour lesquels nous pouvons donner, <strong>à</strong> titre d'exemple, les corrélations relatives au Tilapia (melanopleura<br />

et macrochir) du lac Alaotra :<br />

Maille Longueur des Tilapia Poids<br />

(côté) capturés moyens<br />

- - -<br />

3 centi mètres 15 <strong>à</strong> 17 centimètres 8Çgrammes<br />

4 centimètres 19 <strong>à</strong> 22 ceriti mètres 170 grammes<br />

4,5 centi mètres 21 <strong>à</strong> 24 centi mètres 225 grammes<br />

5 centi mètres 23 <strong>à</strong> 25 centimètres 280 grammes<br />

6 centimètres 26 <strong>à</strong> 28 centimètres 350 grammes<br />

D'autre part, des espèces qui ne se prennent pas seulement par les ouïes en essayant de traverser<br />

les mailles qui correspondent juste <strong>à</strong> l'épaisseur de leur corps au niveau des opercules, mais qui se prennent<br />

aussi dans la nappe par leurs épines dentelées en accostant le fil (en particulier par le premier rayon osseux<br />

souvent fortement denticulé de la première dorsale, quelquefois par le premier rayon de l'anale ou de la<br />

pectorale ... ). Le filet arrive <strong>à</strong> prendre de cette façon des sujets de toutes tailles, avec généralement cependant<br />

un assez grand nombre de poissons calibrés par la maille. Il en est ainsi particulièrement de la Carpe, du<br />

Cyprin et du Gogo et nous pouvons citer, entre autres, la pêche récente au lac Kinkony d'un gros Gogo<br />

de 3,800 kilogrammes avec un filet maillant ayant des mailles de 5 centimètres seulement et du fil nO 10000;<br />

4. Le filet maillant en tressé de nylon peut bien être fait avec le nœud courant «sur le pouce »,<br />

mais le nœud doit être serré d'un coup sec afin que le nylon ne glisse plus. Pour le montage, une nappe,<br />

mailles tirées, doit donner un filet définitif, en position de pêche, de la moitié de la longueur seulement<br />

(100 mètres tirés donnant 50 mètres, soit 50 p. 100 de flou), afin que la nappe reste très souple (alors que<br />

pour la senne, le filet définitif comportera les 2/3 de la longueur totale étirée de la nappe 100 mètres -<br />

66 mètres).<br />

Le chanvre de Manille, qui est une fibre tirée d'un bananier qui pousse fort bien <strong>à</strong> Madagascar (Musa<br />

textilis), pourrait aussi, dans le cadre du développement économique du pays, être envisagé comme matériau<br />

de fabrication des filets et des éperviers;<br />

5. Le tramail (


poche <strong>à</strong> travers l'une des nappes extérieures <strong>à</strong> très grandes mailles. Ce filet peut être intéressant dans<br />

certains cas, mais nous ne .Ie conseillons pas particulièrement, car le démaillage des poissons pris est très<br />

long et, de plus,ïe prix du filet est plus élevé que celui des nappes maillantes ordinaires. .<br />

F. Problèmes que pose la réglementation de la pêche dans les eaux libres<br />

D'une manière très générale et pour envisager le problème d'un point de vue réaliste, il convient<br />

de souligner que:<br />

1. Le personnel chargé de la surveillance de la pêche est et restera encore longtemps insuffisant;<br />

2. Nos connaissances actuelles sont encore très fragmentaires en ce qui concerne la biologie précise<br />

de la plupart des espèces et vouloir, dans ces conditions, établir une stricte réglementation, paraît être<br />

très prématuré. Il a donc été prévu, notamment pour répondre <strong>à</strong> l'article 34 (3) de l'ordonnance nO 60-126<br />

du 3 octobre 1960 fixant le régime de la chasse, de la pêche et de la protection de la faune, une réglementa-·<br />

tion souple et très simplifiée (fixation des dimensions minimum des différentes espèces par simple arrêté<br />

du Ministre chargé de l'Administration des Eaux et Forêts. Cet arrêté a été pris sous nO2233 MAP/FOR du<br />

22 décembre 1960);<br />

3. Il ne faut pas oublier qu'<strong>à</strong> Madagascar les principales pêches sont faites en vue d'améliorer la nourriture<br />

familiale tout au cours de l'année;<br />

4. L'introduction du Tilapia <strong>à</strong> Madagascar a permis au pays de posséder une espèce <strong>à</strong> très forte résilience<br />

(caractérisée par une haute prolificité, un taux de survie élevé et une croissance rapide) et, par suite<br />

de la rapide surpopulation qui s'installe dans tout plan d'eau empoissonné avec cette espèce, il est même<br />

indispensable de pêcher toute l'année pour avoir le maximum de production et empêcher la pullulation<br />

des poissons qui nuit aux croissances individuelles;<br />

5. Pour la Truite, espèce <strong>à</strong> exigences bien particulières, la réglementation déj<strong>à</strong> fixée par l'arrêté<br />

nO650 du 8 avril 1960 paraît convenir parfaitement et doit être maintenue (dates d'ouverture et de fermeture<br />

de la pêche et taille minimum de 20 centimètres);<br />

6. Pour l'Anguille, espèce très carnivore et <strong>à</strong> mœurs essentiellement nocturnes, je n'hésiterai pas<br />

<strong>à</strong> préconiser la pêche de nuit. D'ailleurs les pêches expérimentales faites au lac Alaotra par la Brigade de<br />

pêche ont permis de montrer que les pêches faites au bord du lac étaient surtout fructueuses le jour en<br />

Tilapia et la nuit en Carpes et en Cyprins. Dans ces conditions, les pêches de nuit, qui sont déj<strong>à</strong> couramment<br />

pratiquées, doivent être autorisées, car elles ne sont nullement destructives. Dans cet ordre d'idée, il y a<br />

lieu d'envisager, pour toute nouvelle réglementation, la suppression des dispositions restrictives prévues<br />

par d'anciens textes; .<br />

,<br />

7. Si la réglementation peut être assouplie sans inconvénient, il faut néanmoins insister sur le fait que<br />

certaines méthodes courantes sont hautement destructrices et qu'elles devront être formellement prosentes<br />

:<br />

- La pêche <strong>à</strong> l'explosif, l'utilisation des armes <strong>à</strong> feu, la pêche électrique;<br />

- La pêche aux substances toxiques de toute nature (famamo, kofafo, latex d'euphorbes, produits<br />

chlrnlques, produits insecticides, désherbants ou fongicides, etc.) ; .<br />

- Le barrage fixe et complet des lagunes, rivières, bras morts de rivières ... (méthodes notamment<br />

très destructrices au moment des basses eaux) ;<br />

- Les pêches massives de très petits poissons faites par certaines méthodes et pratiquées dans les<br />

marais au barrage mobile (méthode du Tosika par exemple, sur les plateaux) ou au piège, dans les Pangalanes-Est<br />

notamment (méthode du Vovomora), et pour lesquelles les sujets capturés de moins de 7 centimètres<br />

doivent être systématiquement remis <strong>à</strong> l'eau. Bien entendu il n'y a pas de limitation de taille <strong>à</strong> prévoir pour<br />

les Gambusies (Pirina) ou d'autres espèces qui restent de petite taille telles que les Blchlques, mais il yalieu<br />

de citer notamment, parmi les espèces <strong>à</strong> protéger des pêches abusives: la Carpe, le Cyprin doré (Trondro<br />

gas.y), le Gouramier, le Marakely, le Marakely <strong>à</strong> bosse, les Masovoatoaka et Damba, le Saroy, les divers Mulets,<br />

.Ies.fiana ...<br />

'/'16


La pêche <strong>à</strong> la ligne de petits sujets des espèces mentionnées ne porte que sur une petite quantité<br />

de poissons et elle peut, de ce fait, être tolérée. Mais toute pêche massive d'alevi ns (sauf le Ti lapia) doit<br />

être proscrite. Si la réglementation doit rester essentiellement souple et ne doit ni empêcher les gens de<br />

se nourrir, ni leur imposer lin cadre trop rigide <strong>à</strong> leurs activités de pêche, il est cependant essentiel de leur<br />

faire comprendre qu'il est absolument désastreux de voir de véritables hécatombes de très jeunes sujets qui<br />

doivent être remis <strong>à</strong> l'eau en vue d'assurer l'avenir des peuplements et une meilleure productivité des eaux.<br />

Aussi tous les alevins de moins de 7 centimètres des espèces courantes déj<strong>à</strong> mentionnés doivent être rejetés<br />

immédiatement <strong>à</strong> l'eau lors des captures. Les pêcheurs peuvent être éduqués, <strong>à</strong> la longue, sur ces<br />

problèmes.<br />

Il est des cas particuliers concernant certaines espèces ayant des conditions de reproduction bien<br />

spéciales et qui permettent une facile destruction des reproducteurs:<br />

- D'une part, le Ptychochromis betsileanus ou Trondro maint y du lac Itasy que les pêcheurs détruisent<br />

par la méthode locale du Katrokatro ;<br />

- D'autre part, l'Agonostomus telfairi ou Mulet d'eau douce que l'on rencontre dans certains<br />

cours d'eau de la côte Est et que les pêcheurs harponnent en octobre pendant que les parents, immobiles,<br />

surveillent leurs œufs ou leur progéniture.<br />

L<strong>à</strong> aussi, il y a lieu d'éduquer les pêcheurs pour leur faire comprendre tout le côté destructif de<br />

telles pêches qui font disparaître <strong>à</strong> la fois les reproducteurs, les œufs ou les jeunes alevins qui, sans la protection<br />

de leurs parents, sont la proie des premiers prédateurs venus.<br />

Il doit être également interdit toute méthode qui consiste <strong>à</strong> détourner un cours d'eau de son lit<br />

pour le mettre <strong>à</strong> sec dans un but de pêche;<br />

8. Enfin, en ce qui concerne la pêche au filet, la dimension minimum des mailles a été fixée <strong>à</strong> 3 centimètres<br />

(arrêté nO334jSEjEFjCG du 5 décembre 1955). Cette dimension semble convenir dans beaucoup de<br />

cas et peut être maintenue, mais il faut mentionner que les arato-jebojebo fréquemment utilisés <strong>à</strong> la côte Est<br />

pour les Mugil robustus n'ont souvent que des mailles de 2,5 centimètres de côté.<br />

Suivant les plans d'eau ou les régions, une réglementation particulière pourra fixer les dimensions<br />

minimum des mailles des filets ou des nasses et prohiber, de façon très explicite et précise, certains modes<br />

de pêche.<br />

En conclusion, ce qui semble surtout important, dans l'esprit de toute réglementation en matière<br />

de pêche, c'est d'éviter, <strong>à</strong> tout prix, une destruction massive d'alevins des espèces intéressantes et de prohiber<br />

certai~es méthodes de pêches particulièrement meurtrières <strong>à</strong> cet égard.<br />

1/7


PRODUITS DE LA PÊCHE ET DE LA PISCICULTURE<br />

CHAPITRE III<br />

A. PRODUCTION GÉNÉRALE ET CONSOMMATION ACTUELLE DU POISSON.<br />

PRÉPARATION ET COMMERCIALISATION (PL. 82 <strong>à</strong> 84)<br />

1. Production<br />

En réalité nous n'avons que très peu de chiffres sur les tonnages exacts pêchés et ce n'est que pour<br />

le lac Alaotra que nous disposons de renseignements par les expéditions faites par les gares (essentiellement<br />

Am batosoratra et And reba).<br />

Il y a quelques années, il était expédié par le train environ 250 tonnes de poisson fumé en moyenne<br />

par an, quantités auxquelles il fallait ajouter celles exportées par camions de la côte ouest du lac (au maximum<br />

<strong>150</strong> tonnes, ce qui représentait un équivalent en poisson frais d'environ 1300 tonnes (+ consommation<br />

en frais).<br />

Plus récemment, en 1961, les statistiques d'expéditions de poissons fumés et frais par les gares<br />

s'établissaient comme suit:<br />

- Am batosoratra .<br />

- Andreba .<br />

477,625 tonnes dont 127,565 tonnes en frais,<br />

157,672 tonnes dont 5,289 tonnes en frais.<br />

Aux pêches faitesdans le lac proprement dit, il faut ajouter celles opérées dans les autres plans d'eau<br />

(rivières, marais) de la cuvette du lac.<br />

L'on peut penser que la consommation locale de poisson, essentiellement <strong>à</strong> l'état frais, représente<br />

environ 50 p. 100 des pêches totales, ce qui porte la production qui dépassait déj<strong>à</strong> 2500 tonnes par an,<br />

il y a quelques années, <strong>à</strong> environ 4000 tonnes actuellement pour l'ensemble de la cuvette du lac, chiffre<br />

cependant encore faible en face des réelles possibilités de cette région.<br />

Pour l'ensemble de Madagascar et pour 1962, on peut admettre un chiffre de production totale<br />

oscillant autour de 25000 tonnes, ce qui correspond <strong>à</strong> des captures moyennes de l'ordre de 46 kilogrammes<br />

par hectare et par an. Ces chiffres sont encore faibles et semblent essentiellement dû <strong>à</strong> deux causes:<br />

- D'une part aux méthodes de pêche encore trop souvent peu productrices (nasses, lignes,<br />

barrages) ;<br />

- D'autre part aux vastes superficies très peu exploitées et parmi lesquelles nous pouvons citer,<br />

en particulier, les zones centrales des grands lacs (Alaotra, grands lacs de l'Ouest et ceux des Pangalanes),<br />

certains grands marais pourtant assez poissonneux, les mangroves de l'Ouest.<br />

2. Consommation<br />

Le producteur malgache est surtout un autoconsommateur et, pour l'ensemble de l'Ile, plus de<br />

75 p. 100 si ce n'est 80 p. 100 du poisson est consommé frais, essentiellement sur place.<br />

Des lacs tels que Alaotra, Kinkony et Amparihibe-Sud, ceux de la région de la Tsiribihina, d'Ambato-<br />

Boéni et de Maevatan<strong>à</strong>na, le Bas-Onilahy et la Basse-Betsiboka (région de Marovoay), les Pangalanes en ce<br />

qui concerne les pêches du Zompona, pour ne citer que ces plans d'eau, comptent parmi ceux où la vente<br />

,1/9


de poisson fumé est relativement importante par rapport aux quantités totales pêchées. Mais dans la majorité<br />

des cas, notamment les lacs de la région Centre-Ouest, la consommation sur place est dominante et<br />

les pêches réelles sont fortement limitées par le facteur: difficultés d'évacuation et de transport vers les<br />

grands centres des Hauts-Plateaux.<br />

Les marchés urbains représentent encore, de leur côté, de grandes possibilités pour les ventes accrues<br />

en poisson frais et en produits préparés.<br />

3. Préparation du poisson<br />

Pour la préparation des espèces pêchées dans les eaux intérieures, le fumage est a règle générale,<br />

le salage ne constitue que quelques cas portant sur des tonnages très faibles: petites Anguilles fendues et<br />

salées, essais de Carpes salées dans la région de Morondava-Belo-sur-Tsiribihina (bons produits, pendant<br />

quelques semaines, mais qui rancissent avec le temps, en raison de la forte teneur en graisses), espèces<br />

euryhalines quelquefois salées par des commerçants chinois sur la côte Est et plus fréquemment salées sur<br />

la côte Ouest ... Il n'y a pas encore eu d'essai de salage de gros Tilapia, découpés en lanières, salés et séchés<br />

au soleil, comme cela se pratique assez couramment dans certai nes régions d'Afrique (où les Tilapia atteignent<br />

cependant des tailles plus fortes) ou pour les poissons de mer en zone vezo.<br />

Il faut aussi signaler le séchage simple au soleil des petites espèces: Blchlques, Gambusies (pratiquement<br />

dans toute l'Ile), plus récemment le Lebistes reticulatus, limité encore <strong>à</strong> la région de Tananarive<br />

(mais qui a un goût légèrement amer), le Rheocles alaotrensis de la zone nord du lac Alaotra et que l'on<br />

reconnaît facilement sur les marchés <strong>à</strong> ses nageoires qui restent rosées ... et le séchage des petites Crevettes<br />

: les Patsa très prisées par le consommateur malgache (Caridines de l'Ouest, spécialité des Patsan' i<br />

Oidy de la cuvette sihanaka ...).<br />

Les diverses .méthodes de fumage, telles qu'elles sont pratiquées actuellement dans certaines régions de l'Ile,<br />

peuvent être décrites comme suit:<br />

1. Fumage du Zompona (Mugil macrolepis) et d'autres espèces dans la région des Pangalanes-Est<br />

Les sujets dépassant dix centimètres sont vidés. Quand le poisson est très gros, il est fendu par le<br />

dos dans toute sa longueur et ouvert pour pouvoir être posé <strong>à</strong> plat sur la claie en treillis métallique qui<br />

domine un feu de braises d'environ 80 centimètres. Afin que la fumée pénètre bien les chairs, les poissons<br />

sont recouverts d'une natte qui retient la fumée et l'empêche de se volatiliser trop vite. Une excellente<br />

fumée est obtenue en posant des feuilles vertes de manguier sur les braises ardentes. Presque tous les bois<br />

autochtones et l'eucalyptus sont bons, mais les bois résineux sont <strong>à</strong> proscrire, car la résine imprègne les<br />

chairs et leur donne un goût très âcre. Inutile de dire, ici, que le feu ne doit pas flamber <strong>à</strong> grosses flammes<br />

pour éviter de cuire le poisson au lieu de le fumer. Généralement les poissons ne sont posés sur les claies<br />

qu'après un premier feu qui a eu pour but de faire une bonne quantité de braises.<br />

Le fumage, de un <strong>à</strong> trois jours suivant que la conservation que l'on veut obtenir doit elle-même durer<br />

une <strong>à</strong> quatre semaines, est toujours suivi d'un séchage de quelques jours. Celui-ci est réalisé par beau<br />

temps au soleil, sur le toit de la case ou au-dessus du foyer familial où la famille prépare journellement ses<br />

repas.<br />

2. Fumage au lac Kinkony des produits destinés <strong>à</strong> la vente (région de Mitsinjo, au sud-ouest de Majunga)<br />

Les pêches les plus importantes du lac portent sur le Kotso (SAK) ou Damba (ME), sur le Gogo (SAK)<br />

et sur les Tllapla que l'on vend couramment fumés et en assez grosses quantités sur le Zoma de Tananarive.<br />

La première espèce (Paretroplus petiti) a une cavité abdominale très réduite et il est fumé très frais,<br />

ce qui nous permet d'expliquer pourquoi il supporte de ne pas être vidé (ce genre de fumage est également<br />

bien connu en Extrême-Orient pour des espèces herbivores). Il n'est d'ailleurs pas écaillé. L'Arius madagascariensis,<br />

carnivore, est par contre toujours vidé et fendu longitudinalement.<br />

120


Les poissons sont tout simplement posés <strong>à</strong> plat sur une grande claie, distante de 50 centimètres <strong>à</strong><br />

mètre du sol, et un feu est a!lumé sous les poissons qui sont retournés de temps en temps. Ces feux sont<br />

généralement protégés des pluies par un grand hangar qui les domine et une même installation de fumage<br />

sert souvent <strong>à</strong> deux ou trois familles. En saison sèche, l'air très sec hâte favorablement la dessication du<br />

poisson fumé et en permet aussi une plus longue conservation.<br />

3. Fumage dans les régions Ouest et Sud<br />

Au lac Ihotry (lhotry-Tongobory, vallée de l'Onilahy), tout le long de la côte habitée par les Vezo<br />

(en gros d'Androka <strong>à</strong> i"lorondava), sur une bonne partie de la côte sakalava (au nord de Morondava) et<br />

sur presque tous les lacs de l'Ouest, les poissons sont généralement cuits-fumés auprès d'un feu fait en plein<br />

air. Les poissons gardés entiers jusqu'<strong>à</strong> 15 centimètres, fendus en deux au-del<strong>à</strong> de cette taille, éviscérés et<br />

étêtés pour les sujets les plus grands, sont maintenus entre les deux branches d'un bambou fendu ou par<br />

une tige de bois dont les parties inférieures sont piquées dans le sol au voisinage immédiat du feu.<br />

Le poisson, <strong>à</strong> moitié cuit, est fumé et séché au voisinage des braises qu'une fine brise maintient généralement<br />

incandescentes.<br />

Souvent ces tiges sont disposées en cercle autour du feu central. Quand l'air est sec, il permet une<br />

meilleure conservation de ce poisson trop cuit et pas assez fumé pour que sa bonne conservation aille au-del<strong>à</strong><br />

d'une ou deux semaines. Le poisson ainsi préparé contient encore beaucoup d'eau (30 <strong>à</strong> 40 p. 100) et il<br />

est assez friable.<br />

4. Fumage dans la région du lac Alaotra<br />

Les poissons sont vidés et enfilés sur des tiges de roseaux (bararato) qui les prennent par les ouïes<br />

et traversent la bouche. Ils sont ensuite mis <strong>à</strong> sécher au soleil pendant quelques heures, puis fumés au-dessus<br />

d'un feu fait généralement en plein air. Ce feu est souvent pratiqué dans un trou long de l,50 mètre ou<br />

2 mètres, large de 1 mètre environ et profond de 40 centimètres. Il est pratiqué avec des branches sèches<br />

d'eucalyptus dont les feuilles n'ont pas été enlevées et des feuilles de fougères qui donnent une fumée épaisse.<br />

Le produit fumé est <strong>à</strong> moitié cuit, très irrégulièrement fumé et souvent un peu carbonisé, d'où son<br />

aspect noirâtre et poudreux par endroits. Malgré cette préparation très défectueuse qui ne permet qu'une<br />

conservation limitée <strong>à</strong> trois semaines en saison sèche et deux semaines environ en saison humide, ce produit<br />

se vend en grosses quantités dans toute la région de Tamatave: Vavatenina, Fénérive, Tamatave, Brickaville<br />

et même Vatomandry, <strong>à</strong> Moramanga et <strong>à</strong> Tananarive. Il est connu sous le nom de Besisika ou Talapia maina.<br />

Quelquefois, en particulier dans le village d'Ambodivoara, ce fumage se fait avec de la bouse de vache<br />

séchée dont le feu couve lentement et qui émet une fumée très légère et bleutée. Les poissons sont alors<br />

recouverts par une natte qui facilite la pénétration de la fumée dans les chairs. Contrairement <strong>à</strong> ce que l'on<br />

pourrait croire, ce fumage ne donne pas de mauvaise odeur au poisson et le produit obtenu est plutôt<br />

mieux fumé et surtout moins carbonisé que par la technique précédente.<br />

5. Fumage des Anguilles sur le Haut-Maningory<br />

Sur le bord du Maningory, non loin du déversoir du lac, se pratique, en période d'avalaison (novembre<br />

<strong>à</strong> février), la pêche et le fumage des Anguilles.<br />

Les Anguilles sont coupées en rondelles d'environ 1,5 centimètre d'épaisseur et fumées au-dessus<br />

d'un feu allumé sous un hangar où les hommes passent la nuit et d'où ils surveillent leurs instal!ations de<br />

pêche. Les rondelles fumées et brillantes de graisse sont généralement assemblées par deux paquets de<br />

six en vue de leur vente. Elles sont bien connues sur le marché de Tananarive (de décembre <strong>à</strong> mars) sous le<br />

nom de Kitson' ama/ona.<br />

ü,


4. Commercialisation (PL. 82)<br />

Nous avons déj<strong>à</strong> dit que la partie des pêches faites dans les eaux intérieures et réellement<br />

commercialisée portait sur environ un quart ou un cinquième des captures, dont la moitié environ vendue<br />

dans les vingt principaux grands centres de l'Ile.<br />

Y. Thérézien, dans une étude récente dont des extraits ont paru dans « Bois et Forêts des Tropiques»<br />

(R. 106), caractérise ai nsi les ci l'cuits com merci aux du poisson pêché dans le lac Alaotra :<br />

«Actuellement les ci rcuits co IIImerci aux sem blent caractérisés par pl usieu rs facteu rs : les acheteu rs<br />

sont nombreux, ils achètent les poissons aux producteurs par petites quantités: quelques dizaines de kilogrammes<br />

<strong>à</strong> la fois et <strong>à</strong> très bas prix, 20 <strong>à</strong> 30 francs le kilogramme s'il s'agit de poissons frais, 50 <strong>à</strong> 60 francs s'il<br />

s'agit de poisson fumé par méthode traditionnelle. Ensuite, ils revendent très cher ces mêmes produits, soit <strong>à</strong><br />

Moramanga, soit <strong>à</strong> Tananarive. Ce sont surtout les petits com merçants malgaches qui travaillent dans les conditions<br />

que nous venons d'évoquer. Ils transportent en général eux-mêmes leurs poissons par taxi-brousse ou<br />

dans de petites camionnettes, c'est donc un commerce caractérisé par de très gros bénéfices réalisés sur de<br />

petites quantités de marchandises.<br />

Il existe aussi un commerce de poisson fumé qui est monopolisé par les commerçants chinois, ceux<br />

d'And reba en particu lier. Ils expédient des quantités très importantes su rtout su r la côte Est où vraisemblablement<br />

ils placent beaucoup de poisson par l'intermédiaire de leurs compatriotes établis épiciers dans les<br />

vi liages de brousse.<br />

Les nouveaux produits présentés (ceux qui sont préparés par la Brigade de pêche par la méthode<br />

du fumage <strong>à</strong> froid) se heurteront d'abord au fait que les populations acceptent difficilement une denrée<br />

<strong>à</strong> laquelle elles ne sont pas habituées. A maintes reprises, nous avons pu constater, tant sur les marchés<br />

de Tananarive qu'en brousse, <strong>à</strong> quel point il est difficile de modifier les habitudes alimentaires des populations.<br />

On est très étonné, par exemple, lorsqu'on visite le marché aux poissons de Tananarive, de voir<br />

que les Carpes fumées du lac Alaotra, vendues sous le nom local de Besisika maina, font prime auprès des<br />

acheteurs malgré la mauvaise qualité d'un produit en partie carbonisé et souvent attaqué par les insectes.<br />

Cependant, les acheteurs trouvent que cette marchandise est très goûtée par leurs familles; elle est déj<strong>à</strong><br />

<strong>à</strong> demi-cuite et ils l'achètent donc de préférence <strong>à</strong> toute autre.<br />

Malgré tout, il est probable que l'on arrivera <strong>à</strong> vaincre toutes ces difficultés, en présentant <strong>à</strong> la<br />

consommation des produits de bel aspect, surtout coûtant moins cher et auxquels peu <strong>à</strong> peu les clients<br />

s'habitueront.<br />

Ensuite, l'ouverture de nouvelles voies de desserte devrait également faciliter l'écoulement de la<br />

production. Il en sera certainement ainsi, par exemple, de la nouvelle voie: lac Alaotra, côte Est, par Vavateni<br />

na.<br />

De plus, il ne faut pas oublier que des produits se conservant bien pourront voyager plus longtemps,<br />

donc atteindre de nouveaux centres de consommation qui, jusqu'ici, ne pouvaient être approvisionnés.<br />

En résumé, il ne semble pas qu'en matière commerciale, malgré des habitudes solidement ancrées<br />

dans les populations, on ait <strong>à</strong> vaincre des obstacles insurmontables qui empêchent l'écoulement du surplus de<br />

la production ».<br />

Une autre facteur qui semble limiter le commerce malgache du poisson (et constaté dans plusieurs<br />

branches du commerce, par exemple dans celui des bœufs) réside dans le fait que le vendeur ne touche<br />

souvent l'argent de sa vente que quand les produits sont réellement revendus par l'acheteur. Cette façon<br />

de faire.est surtout fréquente pour les produits fumés. Il s'ensuit souvent une cascade de ventes <strong>à</strong> crédit,<br />

dont une partie n'est d'ailleurs pas honorée, et qui, en augmentant les risques, augmentent aussi sur le plan<br />

pratique les prix, les délais de vente et diminuent en définitive les quantités vendues. De plus le marché<br />

présente certaines anomalies (ou fantaisies dues <strong>à</strong> quelques vendeurs) telles que celles de voir du Tilapia<br />

fumé (de belle qualité, il est vrai) de Marovoay (côte Ouest) vendu sur le marché de Tamatave et des produits<br />

de Belo-sur-Tsiribihina transportés jusqu'<strong>à</strong> Manakara !<br />

122<br />

Une sérieuse étude des marchés reste <strong>à</strong> faire dans ce domaine.


B. PROBLÈMES DE L'AUGMENTATION DE LA PRODUCTION DES PÊCHES ET DE LA<br />

PRÉPARATION DES PRODUITS<br />

Les problèmes de l'augmentation de la production de poisson sont étudiés, dans leur ensemble<br />

(pêche et pisciculture), au chapitre V-A relatif <strong>à</strong> la planification. Nous ébauchons donc seulement ici les<br />

principaux aspects techniques de l'amélioration des méthodes de préparation qui, bien entendu, conditionneront<br />

dans une large mesure l'accroissement des possibilités de consommation et de vente de<br />

cette denrée.<br />

1. Considérations générales sur les installations de fumage<br />

Lors des premiers essais de saumurage et de fumage, l'on se rend très vite compte de toute l'importance<br />

des diverses opérations successives <strong>à</strong> envisager et de ce que j'appelerai les installations annexes. Si<br />

nous voulons travailler bien et rapidement, voici les installations simples (en matériaux peu coûteux du<br />

pays), <strong>à</strong> envisager et <strong>à</strong> réaliser tout près du four:<br />

a. Pour le nettoyage des poissons et pour le saumurage<br />

- Un hangar très ouvert com portant si m plement des pi liers et un toit de chau me (bozaka), de feui Iles<br />

de ravenales ou de satrana ... suivant les régions;<br />

- Une table rustique, abritée sous ce hangar, qui permettra plus facilement l'enlèvement des écailles<br />

et l'éviscération du poisson;<br />

- Un fût de 200 litres (ou autre grand récipient), rempli d'eau pour le lavage des poissons avant<br />

saumurage (lavage très important, notamment pour enlever tout le sang) ;<br />

- Un fût de 200 litres avec couvercle et contenant la saumure où le poisson sera maintenu<br />

une <strong>à</strong> deux heures;<br />

- Des claies suspendues ou sur pilotis pour le séchage pendant un quart d'heure du poisson après<br />

saumurage (et avant le fumage).<br />

b. Pour la mise en route et l'entretien du fumage<br />

Il est beaucoup plus difficile qu'on ne le croit communément de faire un feu qui couve et qui donne<br />

la fumée épaisse désirée. Aussi l'expérience nous a dicté la nécessité de construire, tout <strong>à</strong> côté du four,<br />

un petit hangar très rustique pour y abriter le bois, des branches d'eucalyptus ayant gardé leurs feuilles et<br />

des feuilles de fougères sèches, de la balle de riz (akofa, qui donnera également une fumée épaisse), des herbes<br />

aromatiques telles que le Rambiazina suspendues en touffes séchées sous le toit.<br />

Celui qui surveille le feu pourra s'abriter dans ce hangar et nous verrons, par la suite, combien la<br />

qualité et la durée de conservation de notre produit final dépendra du fumage, donc du feu.<br />

c. Pour le séchage au soleil des poissons fumés<br />

Après le fumage, un bon séchage est toujours nécessaire. Il pourra se faire:<br />

- Soit en continuant le feu (bon feu de braises, sans fumée épaisse) ;<br />

- Soit au soleil en sortant les poissons du four et en les disposant sur des tréteaux stables. Les<br />

poissons pourront être remis en place dans le four ou dans le magasin annexe en cas de changement<br />

de temps.<br />

·1


2. Préparation proprement dite du poisson en vue de sa conservation<br />

a. Méthode de fumage <strong>à</strong> utiliser<br />

Il existe deux méthodes de fumage:<br />

- Le fumage <strong>à</strong> chaud<br />

- Le fumage <strong>à</strong> froid.<br />

La première méthode consiste <strong>à</strong> fumer le poisson disposé directement au-dessus du feu. Un premier<br />

feu, assez ardent, mais de courte durée, donne ce que nous pourrions appeler un coup de feu qui a pour<br />

but de dessécher partiellement le poisson et d'en enlever une partie des graisses avant le fumage proprement<br />

dit. En réalité cette méthode est assez difficile <strong>à</strong> réaliser, car très délicate <strong>à</strong> mener et présentant<br />

le danger fréquent de nouveaux coups de feu pendant le fumage.<br />

Malgré la présence d'une plaque coupe-flammes le poisson risque d'être cuit ou carbonisé dans sa<br />

partie trop proche du feu.<br />

Nous préférons donc utiliser la méthode dite du fumage <strong>à</strong> froid qui consistera <strong>à</strong> amener dans le four<br />

de la fumée produite <strong>à</strong> l'extérieur de ce four et avec laquelle, par conséquent, l'on n'aura plus <strong>à</strong> craindre<br />

une trop grande chaleur qui risque de cuire le poisson.<br />

Un poisson cuit non seulement ne se conserve que peu de temps, mais encore se manipule très mal<br />

(car il, se brise facilement aussi longtemps qu'il reste chaud).<br />

b. Pourquoi saumurer le poisson?<br />

Saumurer un poisson consiste <strong>à</strong> le tremper, pendant un temps donné, dans une saumure, c'est-<strong>à</strong>-dire<br />

une solution de sel qui peut contenir jusqu'<strong>à</strong> 360 grammes de sel par litre (la solution est alors saturée).<br />

Souvent l'on opère avec des solutions <strong>à</strong> 20 p. 100, c'est-<strong>à</strong>-dire que, pour 10 litres d'eau, il a été ajouté<br />

2,500 kilogrammes de sel (d'où une solution <strong>à</strong> 2,5/12,5 = 1/5e ou 20 p. 100).<br />

Il est connu depuis longtemps que le saumurage préalable permet d'augmenter la durée de conservation<br />

et surtout retarde l'attaque du poisson par les Dermestes. C'est pourquoi nous conseillons ce saumurage<br />

qui donne, par ailleurs, au poisson un goût spécial souvent aimé du consommateur. Mais ce saumurage<br />

n'est pas obligatoire.<br />

c. Quel genre de fumoir choisir? (PI. 83)<br />

Il est évident que l'un des premiers problèmes <strong>à</strong> considérer pour la construction d'un fumoir est<br />

son volume utile qui dépendra essentiellement des quantités de poisson <strong>à</strong> traiter.<br />

Le modèle décrit sur la planche 83 et largement utilisé en Afrique (R. 246) peut être reproduit très<br />

facilement avec des matériaux du pays, par exemple briques sèches ou torchis avec bâti de gaulettes sur' les<br />

plateaux. Inghelbrecht insiste, avec raison, sur l'intérêt de construire un petit magasin contigu au fumoir.<br />

Souvent les poissons fumés sont vendus au jour le jour et le magasin s'avère alors inutile, surtout SI<br />

les pêches sont régulières au cours de toute l'année. Mais, souvent aussi, les pêches sont saisonnières et alors<br />

un magasin est très utile, non seulement pour le stockage du poisson nécessaire <strong>à</strong> la famille, mais aussi pour<br />

stocker du poisson que l'on vendra plus cher en périodes de pêches peu importantes.<br />

Il est ainsi facile de stocker du poisson fumé pendant plusieurs mois et l'examen des produits révélera<br />

's'il est nécessaire de sécher de temps en temps le poisson au soleil (car le sel attire l'humidité, surtouten<br />

saison humide) et s'il est utile de le repasser au fumoir pendant une ou deux heures.


3. Rapide aperçu des phases successives de la préparation du poisson<br />

a. Nettoyage, écaillage, éviscération et lavage du poisson<br />

Pour les gros sujets, tels que les Zompona (Mugil macrolepis) par exemple. il est très important de<br />

pouvoir saigner le poisson, technique qu'il sera difficile de faire mettre en pratique par les pêcheurs,<br />

mais qui conditionne l'obtention d'une belle chair blanche et la bonne conservation du poisson. En effet,<br />

le sang est un produit qui se conserve mal et qui souille les chairs en y facilitant le développement des microbes,<br />

donc des putréfactions ultérieures. C'est pourquoi il est essentiel aussi de ne pas malmener le<br />

poisson par des chocs qui provoquent des contusions et des poches de sang.<br />

Il faut trancher la gorge, dès la sortie de l'eau, avant le raidissement. On tient de la main gauche<br />

les mâchoires closes, on appuie l'arrière du cou sur le bord d'une cuve pour que les opercules bâillent et<br />

on sectionne au-dessus des branchies. Le simple fait d'assommer par coups de bâton est <strong>à</strong> proscrire pour éviter<br />

des dépôts de sang qui se forment au niveau des points contusionnés et le long des pièces du squelette.<br />

Une fois tués, les poissons ne doivent pas rester entassés au fond des pirogues où ils baignent souvent<br />

dans de l'eau sale et surchauffée. Ils peuvent être mis dans des casiers avec des couches intermédiaires de<br />

branchages, de feuilles ou d'herbes qui permettent une bonne aération des poissons ainsi empilés.<br />

Toutes les opérations de nettoyage, écaillage, éviscération et lavage du poisson doivent être faites<br />

avec le plus grand soin. Mais hélas! les règles d'hygiène les plus élémentaires sont généralement oubliées et<br />

l'on voit, par exemple, que le poisson fumé du lac Alaotra est généralement préparé sans être même passé<br />

<strong>à</strong> l'eau après l'écaillage et l'éviscération très sommaires qu'il subit.<br />

b. Saumurage<br />

Celui-ci dure une heure pour le Tilapia, qui prend vite le sel, et deux heures pour des espèces plus<br />

grasses (Carpe, Mulets, Gogo) dans une solution <strong>à</strong> 20 p. !00. Le plus simple est d'opérer dans un fût de<br />

200 litres où l'on met 100 litres d'eau et 25 kilogrammes de gros sel. Cette saumure est réutilisée de nombreuses<br />

fois, mais pour sa bonne conservation et pour son efficacité totale il y a lieu:<br />

- D'une part de la filtrer sur un linge fin si elle montre trop de traces de sang ou de petits débris<br />

de chair (en particulier si le lavage du poisson a été mal fait) ;<br />

- D'autre part d'ajouter de temps en temps un peu de sel, car la saumure tire l'eau du poisson,<br />

perd son sel au profit de Ce dernier et son taux de salinité baisse.<br />

Dans 100 litres de saumure, on peut aisément traiter plus de 50 kilogrammes de poisson <strong>à</strong> chaque<br />

opération.<br />

c. Séchage du poisson<br />

Avant sa mise au fumoir, le poisson doit être soigneusement séché sur treillis pendant une heure,<br />

<strong>à</strong> l'abri du soleil (treillis que l'on peut mettre sous hangar).<br />

d. Fumage ou saurissage<br />

Si Ingelbrecht, en nous donnant la technique du fumage, parle d'une durée de cinquante heures,<br />

c'est qu'Ilpratlque un fumage très doux. Cette longue durée, qui donne un excellent produit, a l'inconvénient<br />

de ne pas être basé sur un cycle journalier et les diverses expériences nous ont donné, pour le fumage<br />

<strong>à</strong> Madagascar, les chiffres approximatifs suivants (fumage continu) :<br />

- Zones côtières et lac Alaotra : quinze heures environ en saison sèche et vingt heures en saison<br />

des pluies;<br />

- Hauts-Plateaux: dix-sept heures en saison sèche et vingt heures en saison des pluies.<br />

/25


Ces durées permettent de recommencer une nouvelle opération de fumage tous les jours et une<br />

partie peut être stockée dans le magasin annexe au fumoir.<br />

Inutile de dire ici tout l'intérêt du petit hangar <strong>à</strong> bois qui permet d'avoir d'avance les matériaux<br />

provoquant un bon fumage. Pour donner un excellent parfum au poisson, les pêcheurs utilisent déj<strong>à</strong>:<br />

- Soit le Rambiazina sur les plateaux (séché et mis sur les braises, il donne une fumée épaisse et une<br />

odeur très parfumée) ;<br />

- Soit le Lomotra ou Lomo-drano qui est une algue d'eau douce que l'on sèche également avant usage.<br />

e. Conservation et commercialisation du poisson<br />

Un facteur très important pour la durée de bonne conservation des produits est la sécheresse de<br />

l'air ambiant. Or, le poisson bien fumé reprend généralement de l'eau quand l'humidité relative de l'air<br />

dépasse 72 p. 100. C'est di re, <strong>à</strong> la vue de la planche 84, com bien ce problème est important <strong>à</strong> Madagascar<br />

avec l'abondance, tout au cours de l'année, des zones que nous avons appelées « humides» en considérant<br />

le problème sous l'angle qui nous préoccupe. Le poisson fumé et bien séché ne reprend que très peu d'eau<br />

quand il est stocké (bien serré en soubiques) dans un local sec, bien fermé et <strong>à</strong> l'abri des pluies.<br />

Inutile d'insister ici sur les précautions <strong>à</strong> prendre pour l'emballage et le transport des produits<br />

préparés, ainsi que pour leur stockage en magasin. Le poisson fumé qui n'est pas repassé de temps en temps<br />

au fumoir prend des parasites dont les plus fréquents et les plus répandus sont les Dermestes couramment<br />

dénommés Koroka qui attaq uent un grand nom bre de denrées périssables stockées (R. 234 et 251). Aussi<br />

une grande propreté devra être maintenue dans tous les locaux de stockage dont il y aurait, bien entendu,<br />

intérêt <strong>à</strong> asperger avec du D.D.T. ou un autre produit insecticide au moins une fois par semaine le sol et<br />

tous les recoins où ces insectes peuvent se réfugier. Il y a d'ailleurs toujours intérêt <strong>à</strong> ne pas déposer les<br />

colis de poisson <strong>à</strong> même le sol, mais toujours sur des tréteaux.<br />

Un balayage fréquent des lieux est déj<strong>à</strong> une mesure préventive efficace et les balayures doivent être<br />

systématiquement brûlées. Pour les Dermestes (dont le Dermestes vulpinus, très répandu <strong>à</strong> Madagascar),<br />

la ponte s'échelonne sur plusieurs mois au cours desquels plus de 300 œufs sont pondus en petits amas<br />

non agglutinés de 2 <strong>à</strong> 10 œufs. L'incubation dure plusieurs jours et le développement des larves de cinq <strong>à</strong><br />

huit semaines avec 7 <strong>à</strong> 8 mues. Le stade prénymphal dure deux semaines et la nymphose de huit <strong>à</strong> dix jours.<br />

Celle-ci a lieu dans le sol ou dans les moindres anfractuosités des murs du magasin. Le cycle, de la ponte<br />

<strong>à</strong> l'adulte, dure donc de deux <strong>à</strong> trois mois et l'adulte vit, en moyenne, de quatre <strong>à</strong> cinq mois.<br />

Pour éviter, de façon absolue, le développement des Dermestes ou autres insectes attaquant le poisson,<br />

il n'est pas possible de le traiter directement avec les produits insecticides actuels, car certains<br />

d'entre eux peuvent présenter un danger pour le consommateur et en altèrent quelquefois le goût.<br />

L'effort devra donc porter:<br />

- Sur le bon fumage des produits et sur un nouveau passage de une ou deux heures dans le fumoir<br />

si le poisson est stocké pendant trop longtemps et s'il a pris des Dermestes (fumages d'entretien une ou<br />

deux fois par mois) ;<br />

- Sur un emballage soigné, qui lui, peut être traité extérieurement (de préférence simple pulvérisation)<br />

avec un produit insecticide;<br />

- Sur un stockage en local très propre et sec;<br />

- Sur la rapidité des transports évitant les possibilités d'un trop grand développement des insectes.<br />

Signalons, par ailleurs, que les insectes sont tous tués au-dessus de 700 et que, sans dommage pour<br />

le poisson, celui-ci peut-être mis dans des sortes d'étuves <strong>à</strong> 750 (maximum) pendant une heure ou deux<br />

suivant la rapidité de pénétration de la chaleur dans les soubiques contenant le poisson. A la sortie des<br />

fours, le poisson ne doit pas être manipulé avant d'être refroidi <strong>à</strong> l'air libre, car les poissons chauds sont<br />

assez friables.<br />

Pour la consommation de ce poisson salé-fumé, il est facile de le dessaler avant cuisson en le trempant<br />

dans l'eau pendant une ou deux heures suivant le goût du consommateur.<br />

/26


Pour éviter les attaques éventuelles de rongeurs: musaraignes, rats, souris ... , il est nécessaire de<br />

prévoir de bonnes fermetures aussi bien dans les fumoirs que dans les magasins de stockage. Les opérations<br />

bien menées permettent une durée minimum de bonne conservation d'au moins six mois.<br />

C. VALEUR ALIMENTAIRE ET CONSOMMATION DES PRINCIPALES ESPÈCES. FORMES<br />

SOUS LESQUELLES LE POISSON EST ACTUELLEMENT CONSOMMÉ A MADA-<br />

GASCAR ET FORMES NOUVELLES QU! POURRAIENT ÊTRE ENVISAGÉES DANS<br />

L'AVENIR<br />

Comme en bien des régions d'Afrique, la consommation de viande <strong>à</strong> Madagascar, sauf dans les grandes<br />

villes, bien entendu, est épisodique et a lieu lors de quelques événements marquants: fêtes nationales ou<br />

religieuses, cérémonies familiales diverses (surtout enterrements, retournements des morts), rachats de<br />

fady, occasions particulières telles que le Jijan-omby ou sacrifice d'un bovin en vue de la préparation d'un<br />

tavy (abattage de la forêt suivi de brûlis et de culture de riz de montagne), coutumes traditionnelles telles<br />

que les fêtes de purification des reliques des rois d'antan en pays sakalava, etc.<br />

Si le poisson, en maints endroits, n'est pas très abondant, il est cependant souvent consommé presque<br />

journellement en quantités infimes ce qui, sur une année entière, finit par totaliser, dans certains cas, un<br />

poids supérieur de protéines <strong>à</strong> celui de la protéine-viande mangée dans le même laps de temps.<br />

Le travail R. 235 nous a fort utilement guidés pour la mise au point de ce paragraphe.<br />

1. Valeur alimentaire de quelques espèces de poissons<br />

Le laboratoire de recherches vétérinaires de l'I.E.M.V.P.T. a eu la gentillesse de faire pour nous<br />

une bonne partie des analyses citées, tant sur les poissons frais (ou conservés sous glace) que sur les poissons<br />

secs, fumés, salés ou simplement séchés et sur la farine de poisson (1). Les analyses données pour les poissons<br />

frais portent toujours sur la chair cuite des poissons. Ces chiffres nous paraissent être les plus intéressants<br />

du fait que le poisson est généralement cuit <strong>à</strong> l'eau et que, dans cette préparation, les diverses parties<br />

de la tête sont utilisées au maximum: cervelle, joues, langue. Les grosses têtes, en particulier, sont très<br />

recherchées pour la préparation de bouillon.<br />

Composition chimique<br />

Nous savons qu'en gros la teneur en protéines des poissons (substances albuminoïdes aussi appelées<br />

protides) varie peu, généralement de 15 <strong>à</strong> 20 p. 100, alors que la teneur en matières grasses ou lipides peut<br />

être très variable, non seulement d'une espèce <strong>à</strong> l'autre, mais encore pour la même espèce avec la saison.<br />

Suivant les auteurs, le chiffre qui délimite les poissons gras et les poissons maigres est variable. Nous adopterons<br />

ici les normes F.A.O. en précisant qu'un poisson est maigre si sa teneur en graisse est inférieure<br />

<strong>à</strong> 5 p. 100 (catégorie A), qu'il est moyennement gras s'il en contient de 5 <strong>à</strong> 15 p. 100 (catégorie B) et très<br />

gras pour des teneurs supérieures <strong>à</strong> 15 p. 100 (catégorie C). Dans ce dernier cas, la teneur en protéines<br />

est souvent inférieure <strong>à</strong> 15 p. 100. Enfin, rappelons ici que les glucides (hydrates de carbone) ne se trouvent<br />

qu'en quantités négligeables dans la chair des poissons et que la teneur en substances minérales oscille<br />

généralement entre 1 et 2 p. 100.<br />

a. Poissons frais (partie comestible: filets, ventre, chair recouvrant les côtes, joues ... et poissons<br />

entiers pour les toutes petites espèces telles que Gambusies et Bichiques).<br />

Les Tilapia frais provenaient de la station piscicole de la Sisaony. Les Tilapia fumés et la farine de Tilapia venaient.<br />

par contre, de la Brigade de pêche opérant au lac Alaotra.<br />

/27


Espèces<br />

Espèces diverses de poissons<br />

Composition de la chair cuite (%)<br />

1 Partie comestible<br />

(%)<br />

Eau Protéines<br />

Graisses ou<br />

Lipides<br />

---<br />

1<br />

Substances<br />

minérales<br />

Tilapia (chiffres moyens) .................... 50 70 <strong>à</strong> 76 18 <strong>à</strong> 26 4 <strong>à</strong> 1,5 0,8 <strong>à</strong> 1,2<br />

Carpe maigre ............................. 50 77 16,5 5 1,2<br />

Carpe grasse .............................. 55 73 16 8<br />

1<br />

1<br />

Cyprin ................................... 49 73 18 7,5 1,1<br />

Marakely ................................. 50 80 16 1 1,5<br />

Anguille maigre ........................... 65 73 17 8 1 1,2<br />

Anguille grasse ............................ 75 54 13 32<br />

0,8<br />

Mulet<br />

Mulet<br />

maigre .............................<br />

gras ................................<br />

55<br />

62<br />

69<br />

68<br />

27<br />

23<br />

2<br />

7<br />

1 1,4<br />

1,3<br />

Gogo ..................................... 60 70 16 8 1,5<br />

Gobius ................................... 52 77 <strong>à</strong> 78 19 1,5 <strong>à</strong> 0,5 1,8<br />

Black-bass ................................<br />

Truite ....................................<br />

51<br />

51<br />

78<br />

77<br />

18<br />

18<br />

1<br />

2,5<br />

1<br />

1<br />

1,5<br />

1,5<br />

Gambusie (entière) ........................ 95 76 <strong>à</strong> 80 12 <strong>à</strong> 15 4<strong>à</strong>3 3,5 <strong>à</strong> 4,5<br />

Bichique (entière) ......................... 100 74 13 2 1 6<br />

Donnons, <strong>à</strong> titre complémentaire, les résultats d'analyses faites pour certains crustacés d'eau douce :<br />

Pe~~~:spa~;)~~~t.e.s. =:.~~~s.~r:l.~~~~ .a.v.e.c.. I~ 1<br />

Carnaron (chair uniquement) .<br />

100<br />

52<br />

72 <strong>à</strong> 76<br />

70 <strong>à</strong> 74<br />

13 <strong>à</strong> 17<br />

20 <strong>à</strong> 26<br />

1,5 <strong>à</strong> 1 1<br />

2,5 <strong>à</strong> 1,5<br />

5 <strong>à</strong> 5,5<br />

1,5 <strong>à</strong> 2<br />

Nous devons tout particulièrement signaler, ici, la richesse en calcaire et en phosphore des petits<br />

poissons et des Crevettes (Patsa) quand ils sont mangés en entier:<br />

- Calcium.... . ... 2000 <strong>à</strong> 3400 milligrammes pour 100 grammes l P duit êché 1 '1<br />

- Ph osp hore..... 1 000' a 2000 mil "1'Igrammes pour 100 grammes<br />

ro ut s sec es au so el<br />

Espèces diverses de Ti/apia<br />

Nous pouvons dire, d'une façon générale, que beaucoup de Tilapla contiennent plus de lipides quand<br />

ils sont âgés (plusieurs années) et que les espèces herbivores (rnelanopleura et zillii) sont plus pauvres<br />

en protéi nes (18 p. 100) que les espèces planctonophages (macrochi r, nilotica et mossambica) qui en contiennent<br />

plus de 20 p. 100. Cette différence ressort nettement dans les compositions des farines de Tilapia<br />

melanopleura et macrochir dont la Brigade de pêche avait mis au point les techniques de fabrication en<br />

1960 et 1961 au lac Alaotra (méthode de Sparr. Document F.A.O.).<br />

Variations saisonnières de la composition<br />

Plusieurs analyses ont été faites pour le Tilapia <strong>à</strong> des saisons différentes. Si la teneur en protides<br />

varie de façon irrégulière (et mal connue), il semble que la teneur en lipides soit essentiellement en relation<br />

avec trois facteurs:<br />

- L'existence d'un hiver net sur les Hauts-Plateaux (Tllapla plus gras en hiver) ;<br />

- L'état de maturité des sujets;<br />

- L'abondance de la nourriture. C'est ainsi qu'au lac Alaotra, par exemple, les Tilapia macrochir<br />

sont généralement assez gras, par contre le Tilapia melanopleura, qui ne trouve que peu de végétation<br />

dans le lac, est étique et toujours maigre.<br />

Pourcentage des déchets<br />

Les viscères portent généralement, suivant les espèces, sur 10 <strong>à</strong> 15 p. 100 du poids total <strong>à</strong> l'état<br />

frais. Mais chez quelques poissons <strong>à</strong> cavité ventrale très réduite, ce pourcentage oscille entre 6 et 10 p. 100<br />

et nous pouvons citer, dans ce groupe: les Anguilles, les Kotso et les Masovoatoaka, les Gouramiers.<br />

/28


Parmi les viscères, il faut souligner l'existence fréquente de paquets de graisse et surtout la présence,<br />

<strong>à</strong> certaines époques, des œufs chez les femelles matures. Ceux-ci sont particulièrement nourrissants et<br />

presque toujours consommés pour les Carpes, les Cyprins, les Mulets, les Black-bass et les Tilapia.<br />

Les déchets <strong>à</strong> la consommation (squelette, arêtes, crâne, quelquefois peau ...) oscillent entre 10 et<br />

20 p. 100 suivant les espèces et aussi suivant le mode de préparation. Les poissons bien cuits donnent en<br />

particulier moins de déchets. Les déchets totaux des poissons autres que Blchlques ou Gambusies, par exem pie,<br />

varient de 25 p. 100 pour les Anguilles les plus grasses <strong>à</strong> 50 p. 100, chiffre qui est courant pour les espèces<br />

maigres.<br />

b. Poisson sec<br />

1. Poisson fumé-séché<br />

Gros et moyens Tilapia .<br />

Gogo .<br />

Mulet .<br />

Domba .<br />

Anguille .<br />

Composition de la chair sèche (%)<br />

,<br />

Partie comestible 1 1 1 Graisses ou 1 Su~s~ances<br />

(%) Eau Protéines Lipides minérales<br />

65<br />

65<br />

70<br />

75<br />

80 <strong>à</strong> 90<br />

20 <strong>à</strong> 25<br />

15 <strong>à</strong> 20<br />

25 <strong>à</strong> 30<br />

15 <strong>à</strong> 20<br />

22 <strong>à</strong> 28<br />

Les Anguilles les plus grasses perdent beaucoup de graisse au fumage.<br />

2. Poisson salé-séché :<br />

Anguille .<br />

Les Anguilles très grasses ne sont pas salées.<br />

Mulet , .<br />

Vango .<br />

80 <strong>à</strong> 90<br />

83<br />

85<br />

55 <strong>à</strong> 70<br />

50 <strong>à</strong> 55<br />

55 <strong>à</strong> 65<br />

55 <strong>à</strong> 60<br />

35 <strong>à</strong> 50<br />

12 <strong>à</strong> 4<br />

25 <strong>à</strong> 20<br />

15 <strong>à</strong> 5<br />

10 <strong>à</strong> 5<br />

40 <strong>à</strong> 20<br />

3<strong>à</strong>4<br />

4<strong>à</strong>5<br />

4<strong>à</strong>5<br />

3<strong>à</strong>4<br />

3<strong>à</strong>4<br />

15 <strong>à</strong> 20 30 <strong>à</strong> 40 35 <strong>à</strong> 20 15 <strong>à</strong> 20<br />

(sel)<br />

10 <strong>à</strong> 15 40 <strong>à</strong> 45 10 <strong>à</strong> 12 25 <strong>à</strong> 30<br />

(sel)<br />

12 45 14 28<br />

(sel)<br />

A titre documentaire. nous donnons les chiffres comparatifs pour la morue salée importée (poisson très maigre) :<br />

3. Poissons et Crevettes bien séchés ou soleil :<br />

- Ga~busies et petits poissons divers (entiers)1 90 <strong>à</strong> 100<br />

- Petites Crevettes (Patsa) 100<br />

c. Farine de poissons<br />

90 <strong>à</strong> 95<br />

22 <strong>à</strong> 28<br />

10 <strong>à</strong> 15<br />

Il <strong>à</strong> 14<br />

40 <strong>à</strong> 45<br />

45 <strong>à</strong> 55<br />

55 <strong>à</strong> 60<br />

2 <strong>à</strong> 1,2<br />

S'il ne saurait être question, <strong>à</strong> Madagascar, de faire de la fa~ine de poisson en quantités importantes<br />

avec des espèces d'eau douce, il est cependant un point de l'Ile, aux premiers rapides de Maningory, où<br />

cette fabrication pourrait être rentable, en raison même, comme nous l'avons déj<strong>à</strong> vu au chapitre relatif<br />

<strong>à</strong> la pêche dans le lac Alaotra et dans son exutoire, de l'abondance des Tllapla entraînés par les eaux. Cette<br />

préparation porterait, en particulier, sur de la farine destinée <strong>à</strong> l'alimentation humaine et faite avec des<br />

poissons vidés et écaillés.<br />

Nous donnons, ci-après, les chiffres moyens pour des farines destinées jusqu'ici <strong>à</strong> l'alimentation du<br />

bétail et fabriquées au lac Alaotra par la Brigade de pêche (la présence de beaucoup d'herbes dans le tube<br />

digestif du Tilapia melanopleura augmente, chez ce dernier, le pourcentage des matières diverses non<br />

chiffrées ici) :<br />

Espèce<br />

Tilapia melanopleura .............•......................<br />

Tilapia macrochir : .<br />

Eau<br />

8 <strong>à</strong> 10<br />

8 <strong>à</strong> 10<br />

Protides<br />

40 <strong>à</strong> 45<br />

50 <strong>à</strong> 55<br />

12 <strong>à</strong> 8<br />

8<strong>à</strong>5<br />

Lipides<br />

8<strong>à</strong>5<br />

8 <strong>à</strong>. 5<br />

20 <strong>à</strong> 28<br />

(sel)<br />

13 <strong>à</strong> 18<br />

15 <strong>à</strong> 20<br />

Matières<br />

minérales<br />

30 <strong>à</strong> 35<br />

30 <strong>à</strong>. 35<br />

129<br />

5


Calcium ,<br />

Phosphore .<br />

5200 <strong>à</strong> Il 200 milligrammes pour 100 grammes de farine<br />

3 ooos 6500 milligrammes pour 100 grammes de farine<br />

A titre indicatif, 'nous donnons, ici, les chiffres relatifs <strong>à</strong> l<strong>à</strong> farine importée du Maroc, mais faite<br />

avec des poissons de mer et généralement payée proportionnellement <strong>à</strong> son taux de protéines (avec un<br />

maximum de 10 p. 100 d'eau) :<br />

Eau Protéines lipide,<br />

Cendre.<br />

(ave. sel)<br />

Farine importée (dégraissée) ............................. 8 <strong>à</strong> 10 55 <strong>à</strong> 65 3 <strong>à</strong> 1.5 20 <strong>à</strong> 30<br />

Valeur calorifique de quelques espèces<br />

Dans un article publié dans le Bulletin Français de Pisciculture (no 195 de décembre 1959) relatif<br />

au Tilapia mossambica, le Dr F. Morava, en mettant en relief l'intérêt de cette espèce dans l'alimentation<br />

des populations de l'Inde, nous montre combien la valeur calorifique peut varier suivant sa composition<br />

chimique. Celle-ci varie, en effet, beaucoup suivant les lieux de capture, la nature et le volume des eaux<br />

où a vécu le Tilapia, la nourriture, la taille, "le sexe, l'état de maturité, etc. Aussi constate-t-il que pour<br />

100 grammes de Tilapla, la valeur en calories peut varier de 75 (poisson très maigre, soumis au jeûne) <strong>à</strong><br />

240 au maximum (poisson très gras), énorme variation qu'il nous explique par les quelques lignes reproduits<br />

ci-après:<br />

. « L'albumine, qui donne 4,1 calories pour 1 gramme, constitue la charpente du corps, tandis que<br />

la graisse, avec 9,3 calories par gramme, se trouve en plus faible quantité <strong>à</strong> titre de substance de réserve.<br />

Le résultat de ceci est que l'albumine conserve un taux relativement constant, tandis que la teneur en graisse<br />

peut varier dans de grandes proportions. En ce qui concerne la valeur en calories du Tilapia, elle se maintient<br />

entre 65 et 75 calories pour l'albumine, tandis que les teneurs en graisse trouvées dans la nature peuvent<br />

aller de 5 <strong>à</strong> 165 calories (pour 100 grammes de poisson entier) ».<br />

«Ainsi, la valeur alimentaire peut-elle passer de 75 <strong>à</strong> 240 calories, valeurs dans lesquelles le pourcentage<br />

d'albumine représente plus de 93 p. 100 chez les poissons maigres et se réduit <strong>à</strong> 30 p. 100 chez les<br />

poissons gras ».<br />

La majorité des valeurs en calories oscillent, pour le T. mossambica, entre 100 et <strong>150</strong>, chiffres pour<br />

lesquels les lipides représentent de 30 <strong>à</strong> 50 p. 100 de la valeur totale en calories.<br />

Donnons, <strong>à</strong> titre indicatif, les valeurs calorifiques moyennes de quelques espèces qui nous sont<br />

familières (pour 100 grammes de chair fraîche) :<br />

Qualité du poisson<br />

Tilapia .<br />

Carpe .<br />

Mulet maigre .<br />

Mulet gras .<br />

Anguille maigre .<br />

Anguille grasse .<br />

Gogo .<br />

Yang» .<br />

Toho (Gobius spp) .<br />

125 calories<br />

125 calories<br />

130 calories<br />

160 calories<br />

170 calories<br />

300 calories<br />

165 calories<br />

160 calories<br />

105 calories (très maigre)<br />

La bonne digestion de la chair de poisson, donc son rendement alimentaire, est fonction de sa qualité.<br />

Les chiffres déj<strong>à</strong> donnés n'ont de valeur, en effet, que pour des produits très frais ou parfaitement préparés.<br />

Si, dans notre hiver austral, les poissons frais se conservent généralement assez bien pendant douze ou quinze<br />

heures, sauf certaines espèces qui «tournent vite» par journées chaudes, tel que le Mulet, par exemple, il est<br />

essentiel de prendre toutes précautions pour leur bonne conservation en été. Un transport et une conservatiorr<br />

sous glace perrhèt de garder du poisson fraîchement pêché (donc en état parfait) en bon étatpendant<br />

130<br />

1


plusieurs jours, mais il est essentiel que la glace soit utlllsée ~11_quantité suffisante (même. toujours abondante),<br />

et que la cnalne du froid soit continue, sans manipulations intermédiaires du poisson et-arrêt, même momentané,<br />

de l'action de la glace.<br />

Plusieurs comptages de germes faits dans les laboratoires des Services de Recherches Vétérinaires,<br />

<strong>à</strong> Tananarive, nous ont mis en évidence l'extraordinaire et rapide pullulation des microbes sous nos climats<br />

tropicaux. La chair d'un poisson très frais (pêché une heure avant l'analyse) contient déj<strong>à</strong> plusieurs milliers<br />

de germes. Au bout de cinq heures, en saison chaude, il en contient plus de 100000 (maisil est encore bon)<br />

et le lendemain le nombre atteint plusieurs millions (avec une odeur putride). . .<br />

Le poisson doit être mangé le plus frais possible et, en cas de transport <strong>à</strong> l'état réfrigéré, il est essentiel<br />

que la chaîne du froid soit rigoureusement continue et surtout qu'elle commence très peu de temps (une<br />

ou deux heures au maximum) après la pêche du poisson. Trop souvent le poisson est consommé en mauvais<br />

état (ou état critique), car pêché depuis plusieurs heures, trop fortement empilé <strong>à</strong> 1(1grande chaleur ou,<br />

cas fréquent et pire encore, accumulé dans l'eau surchauffée et sale du fond de la pirogue.; .<br />

La Division des Pêches Maritimes, rattachée <strong>à</strong> la Direction de l'Elevage et Lutte contre les Epizooties,<br />

a poursuivi des recherches fort intéressantes su r le transport de poisson sous glace avec au réornycine rajoutée<br />

en poudre ou directement incorporée <strong>à</strong> la glace, lors de la fabrication de cette dernière. Les résultats sont<br />

fort satisfaisants, mais le dosage de l'auréomycine, sans être difficile, nécessite une attention et une prudence<br />

extrême, ce qui nous fait conclure qu'il n'est pas indiqué d'en conseiller l'utilisation généralisée dans le<br />

domaine pratique et commercial.<br />

Le poisson sous glace peut aussi être .transporté en bac hermétique, avec injection' de gaz carbonique<br />

(C02) qui refroidit le poisson (neige .carbontque) et qui augmente les durées de bonne conservacion par<br />

action du C02. . . --. , ..<br />

2. Consommation de poisson.<br />

a. Pour J'ensemble de Madagascar<br />

Sur le plan de la production générale, n'oublions pas d'ajouter aux pêches en eaux continentales<br />

les pêches en mer. La consommation individuelle moyenne en poisson (mer et eaux intérieures) peut ainsi<br />

être estimée actuellement <strong>à</strong> environ 7 kilogrammes par habitant et par an, soit environ 20grammes par jour.<br />

Mais si nous parlons actuellement (année 1962) d'une consommation moyenne de 20 grammes par<br />

habitant et par jour, il faut dire que ce chiffre ne donne pas une idée exacte de la consommation de chaque<br />

habitant, car celle-ci est très irrégulièrement répartie sur l'ensemble du Territoire. Les zones de grande<br />

prod uction, précisées par la carte de la planche 90, sont aussi des zones de grande consom rnation, car la<br />

majeure partie des pêches est généralement consommée sur place. '<br />

Si dans quelques zones privilégiées la consommation dépasse souvent 40 kilogrammes par habitant<br />

et par an (en particulier familles de pêcheurs), l'on ne peut estimer qu'<strong>à</strong> 10 p. 100 de la population, au grand<br />

maximum, le nombre de ces gros mangeurs de poisson, Ces 10 p.: 100, <strong>à</strong> eux seulsvconsornment près de<br />

40 p. 100 de la production totale (eaux intérieures et mer). . ,<br />

Viennent ensuite environ 40 p. 100 de la population dont la consommation moyenne par habitant et<br />

par an oscille entre 6 et 8 kilogrammes et qui représente environ 40 p. 100 des pêches totales.<br />

Enfin, 50 p. 100 de la population, nettement sous-alimentée en protides, consomment entre 2 et<br />

5 kilogrammes par habitant et par an et cette consommation ne présente que 20 p. 100 environ de la production<br />

totale.<br />

Parmi les populations tout particulièrement sous-alimentées en poissons, citons celles de trois<br />

régions:<br />

La grande forêt de l'Est, sauf le pays tanala où la pisciculture a déj<strong>à</strong> apporté une très sensible<br />

amélioration dans l'équilibre protéidique des populations forestières;<br />

tante;<br />

Des vastes zones de l'Ouest très peu peuplées et où la pêche dans les cours d'eau est peu impor-<br />

131


- Enfin la vaste région du « bush» du sud de Madagascar (pays tandroy) où les cours d'eau semipermanents<br />

ne permettent que des captures excessivement faibles et épisodiques. Dans cette région, il faut<br />

cependant signaler l'apport important en protéines animales par le lait.<br />

Ce qui étonne, a priori, c'est l'énorme différence entre les fortes quantités mangées par les uns et<br />

les quantités relativement très faibles consommées par les autres. Si nous quittons un village de pêcheurs<br />

pour visiter d'autres villages voisins, l'explication des faits saute immédiatement aux yeux. A 10 ou 20 kilomètres<br />

seulement du premier, l'on ne voit presque plus de poisson <strong>à</strong> moins d'être, bien entendu, dans un<br />

grand centre dont le marché attire une clientèle assez aisée mais, l<strong>à</strong> encore, il n'y a jamais surabondance de<br />

poisson. La majorité du poisson est, par ailleurs, généralement mangée par la famille du pêcheur qui vit<br />

essentiellement de ses captures (certains Vezo et pêcheurs sakalava en mangent plus de 100 kilogrammes par<br />

habitant et par an); d'autre part, la majorité de la population de brousse n'a que des moyens financiers très<br />

limités et n'achète que très peu de poisson, aliment d'ailleurs souvent très mal préparé et de conservation<br />

précaire, malgré les prix généralement élevés pratiqués dans l'Ile. Dans les zones peu favorisées, les populations<br />

se contentent des maigres pêches de Pirina (Gambusies), Trondro gasy (Cyprin doré), Marake/y, Toho<br />

(Gobius et Eleotris divers) et Anguilles.<br />

b. Dans les vil/es<br />

Tananarive: Il se vend actuellement, sur les divers marchés de la Capitale, environ 2,500 tonnes<br />

en moyenne de poisson frais par jour et un peu plus de 2 tonnes de poisson fumé-séché, salé ou simplement<br />

séché au soleil par semaine (équivalant <strong>à</strong> 7 tonnes de poisson frais, soit 1 tonne par jour).<br />

Si l'on ajoute <strong>à</strong> ces quantités celles pêchées par les milliers de pêcheurs <strong>à</strong> la ligne chaque dimanche<br />

de la saison chaude et des saisons intermédiaires et les captures faites dans les canaux, les marais, les étangs<br />

et les rizières en bordure immédiate de la ville par les femmes pêchant au panier, l'on arrive <strong>à</strong> un total<br />

général d'environ: 915+365+500 = 1780 tonnes pour une population d'environ 250000 habitants (avec<br />

les faubourgs), soit une consommation moyenne de 7 kilogrammes par habitant et par an, chiffre qui représente<br />

la consommation moyenne actuelle par habitant pour l'ensemble de l'Ile (plus un peu de poisson<br />

de mer).<br />

Autres chefs-lieux de province<br />

Tamatave: Quoique Tamatave soit un grand port marin, il est paradoxal de voir combien le poisson<br />

de mer tient une faible place sur les marchés de la ville. La majorité des poissons est composée d'espèces<br />

strictement dulcaquicoles et d'espèces euryhalines pêchées dans les Pangalanes et dans les cours d'eau<br />

voisins de la mer. Il est intéressant de donner, ici, les statistiques dressées par le Service provincial de l'Elevage<br />

qui est chargé du contrôle et des problèmes d'hygiène des marchés de la ville (totaux des chiffres des<br />

produits vendus sur les divers marchés, sans tenir compte des ventes «porte <strong>à</strong> porte »). Nous donnons<br />

ici, <strong>à</strong> titre d'exemple, les chiffres établis pour l'année 1960 (chiffres arrondis) :<br />

/32<br />

- Produits frais des eaux intérieures:<br />

- Produits frais marins:<br />

Poisson '.' .<br />

Crevettes .<br />

Crabes .<br />

Total .<br />

Poisson .<br />

Crevettes .<br />

Divers (Crabes, Langouste, Tortue) .<br />

Total .<br />

Total général des ventes .<br />

tonnes<br />

159<br />

20<br />

Il,500<br />

190,500<br />

44<br />

19<br />

1<br />

64<br />

254,500


Le poisson de mer et les espèces cotées pêchées en eaux douces (Masov:oatoaka, Saroy, Tohobe,<br />

Gouramier ...) sont vendus généralement <strong>150</strong> francs le kilogramme et le Tilapia (dont les sujets de 1 kilogramme<br />

sont fréquents) a baissé de prix: il est vendu 100 francs le kilogramme (au lieu de <strong>150</strong> avant 1962).<br />

Tamatave est une ville de 40000 habitants, la consommation moyenne par habitant et par an est<br />

de l'ordre de 10 kilogrammes (évalués en produits frais), com ptetenu des ventes «porte <strong>à</strong> porte» et du poisson<br />

fumé qui vient du lac Alaotra et même, <strong>à</strong> notre grand étonnement, de la région de Marovoay-Majunga !<br />

Majunga et Tuléar: Sur ces deux marchés, l'on sent nettement l'importance des pêches en m'er de la<br />

côte Ouest. Le poisson de mer domine toujours et il dépasse, en poids total, les 95 p. 100 <strong>à</strong> Tuléar et les<br />

60 p. 100 <strong>à</strong> Majunga assez largement approvisionnée en poisson d'eaux douces par les régions du lac Kinkony,<br />

de la Betsiboka, de Marovoay et du petit lac d'Amboromalandy, situé au bord de la route Majunga-<br />

Tananarive.<br />

Beaucoup de poissons sont vend os, dans ces deux grands centres, par les pêcheurs allant de « porte <strong>à</strong><br />

porte» et l'on peut estimer la consommation par habitant et par an <strong>à</strong> environ 15 kilogrammes <strong>à</strong> Majunga<br />

et 20 kilogrammes <strong>à</strong> Tuléar, chiffres assez élevés et dus au faible prix du poisson.<br />

Diégo-Suarez: L'on ne voit pratiquement que du poisson de mer sur le marché de Diégo. Les quantités<br />

de poisson d'eau douce sont insignifiantes et les prix du poisson varient de 100 (pour des espèces de petite<br />

taille et très courantes tels que les Clupéidés, par exemple) <strong>à</strong> <strong>150</strong> francs le kilogramme.<br />

Fianarantsoa: Le marché de cette ville rappelle, en plus petit, celui de Tananarive, avec les mêmes<br />

espèces des Hauts-Plateaux et quelques espèces marines venues par le train de Manakara. En raison des<br />

faibles ventes enregistrées au marché, il semble bien que la consommation annuelle par habitant soit<br />

inférieure <strong>à</strong> celle de Tananarive, elle peut être estimée <strong>à</strong> 5 ou 6 kilogrammes.<br />

Variations saisonnières de la consommation et remarques diverses<br />

Le Malgache, par coutume ancestrale, donne toujours priorité, dans ses diverses activités, aux travaux<br />

de rizière. C'est ce qui explique qu'en beaucoup de zones de pêche, où existent aussi beaucoup de rizières,<br />

les captu res, donc aussi la consommation, connaissent une sorte de périodicité saisonnière, avec un maximum<br />

en dehors des saisons qui appellent les populations dans les champs.<br />

Certains facteurs économiques saisonniers peuvent aussi avoir leur influence sur la consommation,<br />

telle, par exemple, dans la région côtière Centre-Est, la vente annuelle du café dont l'importance a une<br />

influence nette et directe sur les achats de poisson fumé en provenance du lac Alaotra.<br />

Sans entrer dans d'autres détails que des enquêtes plus suivies étudieront de près, permettons-nous<br />

de faire plusieurs remarques:<br />

Pourc:ntage des protéines-poisson dans l'alimentation générale<br />

Voyons tout d'abord, par un tableau très schématique, la consommation moyenne d'aliments protéiques<br />

<strong>à</strong> Madagascar comparée <strong>à</strong> d'autres pays (en kilogrammes de produit consommé).<br />

Aliments riches en protéines d'origine animale : Malgache Français<br />

kilogrammes kilogrammes<br />

kilogrammes<br />

- - -<br />

- Poisson (eaux intérieures et mer) ........................ 7 10 40<br />

1<br />

- Viande (bœuf, porc, mouton, chèvre et volailles) ........... 19 40<br />

- Lait, fromage, œufs et divers (insectes, crustacés et mollusques) 8 Quantités 1 Assez peu (sauf<br />

le lait)<br />

appréciables<br />

Total. ................................ Environ 3S <strong>à</strong> 40 Entre 60 et 70<br />

1<br />

1<br />

Japonais<br />

Entre 4S et SO<br />

~..__ .. -<br />

133


A part quelques famines que l'on peut déplorer exceptionnellement dans le Sud, toutes les populations<br />

malgaches mangent heureusement <strong>à</strong> leur faim: riz, manioc, maïs, petit mil (apemba), fruits ... , mais le<br />

bilan total de la ration est déficitaire en protéines, donc déséquilibré. Le poisson peut et doit aisément<br />

combler une partie de cette carence.<br />

. L'on sait que les protéines animales ont une valeur biologique généralement supérieure <strong>à</strong> celle des<br />

protides végétaux.<br />

Il ne rentre pas dans le cadre de cet ouvrage de donner de nombreux chiffres pour les rations protidiques.<br />

Nous avons cependant: voulu mettre en relief ce problème en donnant quelques précisions pour<br />

le cas moyen de consommation de poissons et les cas extrêmes:<br />

Protéines vraies (%)<br />

.<br />

Animales Végétales Poissons Viande Divers<br />

Consommation annuelle de poisson Protides totales Protides animales<br />

Consommation moyenne : 7 ki logrammes,<br />

chiffre<br />

Pêcheurs<br />

moyen<br />

très<br />

pour Madagascar<br />

favorisés : plus<br />

............<br />

de 40<br />

21<br />

-----kilo<br />

79 25 70 5<br />

grnmm~ ............................... 60 40 75<br />

20 5<br />

Zones tandroy : moins de 2 kilogrammes ..... 35 65 5 35 60<br />

(maïs) (lait)<br />

------ --- - -----<br />

Pour les chiffres moyens, nous avons adopté, en gros, les précisions données dans le bilan alimentaire<br />

1960 de l'ouvrage: «Economie Malgache 1950-1.960» (R. 271, p. 60~ chapitre consommation et niveau<br />

de vie) en admettant pour la consommation de poisson 1962 le chiffre de 7 kilogrammes (poisson des eaux<br />

intérieures et de mer).<br />

Consommation de poisson et pouvoi r d'achat<br />

Si le Tandroy, très petit consommateur de poisson, mange un peu de poisson frais cuit ou grillé,<br />

il ne consomme que très peu de poisson fumé-séché ou salé, car son pouvoir d'achat est extrêmement bas.<br />

Le planteur de café betsimisaraka de la zone forestière de l'Est mange, par contre, un peu de poisson<br />

fumé, car son pouvoir d'achat est relativement assez élevé. Son voisin immédiat, planteurde rizde montagne,<br />

n'a qu'un pouvoir d'achat très limité et il ne pourra acheter que très peu de ce poisson fumé qu'il convoite<br />

<strong>à</strong> l'étalage des boutiques du village voisin.<br />

Consommation en frais des principales espèces de poisson<br />

La consommation en poisson frais des diverses espèces est très variable suivant les régions et suivant<br />

l'abondance, bien entendu, des espèces elles-mêmes. Nous donnons, ici, <strong>à</strong> titre d'information, le tableau<br />

schématique suivant (pour 1962) :<br />

. Région de Tananarive ........... Tilapia, 70 p. 100. Carpe, 20 p. 100. Espèces diverses, 10 p. 100.<br />

Région des Pangalanes-Est ........ Masovoatoaka, Saroy et Mulet, 25 p. 100. Espèces diverses, 25 p. IpO.<br />

Tohobe, 50 p. 100.<br />

Région de Marovoay ............ Tilapia, 40 p. 100. Carpe, 40 p. 100. Espèces diverses, 20 p. 100.<br />

---<br />

Même région il y a dix ans ....... O. 70 p. 100. 30 p. 100.<br />

Région de Belo-sur-Tsiribihina .... Gogo, Vango et Besisika, Mulets et Carpe, 40 p. 100. Espèces diverses, 20 p. 100.<br />

40 p. 100.<br />

--~--<br />

Saint-Augustin (embouchure Onilahy)<br />

......................... Pas d'espèce vraiment dominante. Très nombreuses espèces euryhalines: Mulets,<br />

•.. ..~ C.a.rangu!,lsJ. L,eiognathes, Gogo, Besisika, Toho divers, Mulets-barbets, Méroux et,<br />

... _..<br />

. - -- ...<br />

Cabots,<br />

..<br />

Clupéidés, etc.<br />

. _. " ..~ - --_- - - -<br />

134<br />

1<br />

1


Autoconsommation, achat et trocs<br />

Pour l'ensemble de Madagascar, la majeure partie des pêches faites dans les eaux intérieures est<br />

autoconsommée (certainement plus de 80 p. 100), le reste est vendu ou troqué, mais l'on est étonné par les<br />

quantités excessivement faibles échangées contre d'autres produits vivriers, en particulier riz ou maïs,<br />

suivant les régions. Le troc n'est pas, <strong>à</strong> notre connaissance, rentré dans les mœurs courantes du pays et<br />

nous ne connaissons que quelques cas de villages voisins, en particulier dans les zones côtières vezo-sakalava,<br />

qui l'utilisent de façon courante et coutumière.<br />

Le poisson dans le budget alimentaire (dépenses réelles en argent)<br />

Le pourcentage que peut prendre le poisson dans le budget familial total malgache est très variable<br />

suivant les cas, mais il est toujours assez faible: soit que les pêcheurs consomment leurs propres captures<br />

(donc ne les paient pas), soit qu'ils achètent du poisson, mais alors en fonction de leur pouvoir d'achat.<br />

Nous avons pris quelques cas pour lesquels nous avons résumé des ordres de grandeurs dans le tableau<br />

ci-après, mais il est inutile de dire combienles cas sont variés <strong>à</strong> travers toute l'Ile:<br />

Dépenses alimentaires réelles (en francs F.M.G.) par personne et par an<br />

-------<br />

Villes ou régions Riz +<br />

Total légumes Viande Poisson Divers (0/0) poisson<br />

fruits<br />

Ville de Tananarive ..................... : ........ Il.000 6.000 2.100 900 2.000 . moins<br />

soit envi- de<br />

..<br />

ron<br />

900 francs<br />

1 8 p. 100<br />

par mois<br />

Ville de Tamatave ...............................<br />

Région Alaotra (Pêcheur, cultivateur)<br />

.<br />

..............<br />

9.000<br />

soit<br />

750francs<br />

par mois<br />

2.500<br />

5.000<br />

----<br />

300<br />

----<br />

1.500<br />

1.000<br />

._---<br />

1.000<br />

0<br />

1<br />

. 1.500<br />

nOO<br />

environ<br />

Il p. 100<br />

Op. 100<br />

Région Alaotra (non pêcheur, mais cultivateur-éleveur;<br />

un peu de pêche familiale) ................ 2.500 300 600 600 1.000 25 p. 100<br />

Région Belo-sur- Tsi ri bi hi na (cu Itivateu r-éleveu r) .... 2.000 200 800 400 600 20 p. 100<br />

----- ---- -----<br />

Région Tandroy (planteur de maïs et éleveur) ........ 1.200 200 500 100 400 moins<br />

de<br />

Prix du poisson<br />

1<br />

1 10 p. 100<br />

Pour certains Tandroy. le poisson est (ady et le 'chiffre<br />

1 tombe alors <strong>à</strong> O.<br />

Les prix du poisson pratiqués sur les divers marchés sont excessivement variables <strong>à</strong> travers l'Ile et<br />

l'on constate des différences très fortes entre ceux pratiqués dans les zones d'abondance de la côte Ouest<br />

d'une part et ceux de la côte Est et des Plateaux d'autre part.<br />

Dans ces deux.dernières régions, le poisson est encore trop souvent considéré comme un mets de<br />

luxe et, particulièrement dans les grands centres, les prix sont .maintenus élevés. par'un .petlt nombre de<br />

135


commerçants monopolisant ce genre de transactions. Le tableau suivant précise les prix de détail pratiqués<br />

sur divers marchés urbains de l'Ile et, en brousse, pour les poissons achetés sur place chez lé pêcheur:<br />

Marchés ou régions Espèces} nature des produits et prix de vente de détail au kilogramme (1962)<br />

.<br />

Tananarive ..................................... Tilapia, Carpe: <strong>150</strong> francs.<br />

Marakely : jusqu'<strong>à</strong> 200 francs.<br />

Angui Ile : 250 <strong>à</strong> 300 francs.<br />

Poissons de mer: 180 <strong>à</strong> 250 francs.<br />

Bichiques (arrivages assez rares d'Andevoranto) : 300 francs.<br />

Poissons fumés: 120 <strong>à</strong> 220 francs.<br />

Poissons salés: 120 <strong>à</strong> 200 francs.<br />

Fianarantsoa ............•.................... Tilapia, Carpe: 120 <strong>à</strong> <strong>150</strong> francs.<br />

Anguille: 200 <strong>à</strong> 250 francs.<br />

Poissons fumés ou salés: <strong>150</strong> <strong>à</strong> 200 francs.<br />

Tamatave .................................... Ti lapla : 100 francs.<br />

Masovoatoaka, Saroy, Toho, Mulets et poissons de mer: <strong>150</strong> francs.<br />

Poissons fumés: <strong>150</strong> <strong>à</strong> 200 francs. ~<br />

Majunga ..................................... Carpe, Tilapia : 50 francs en ville et 25 francs en campagne.<br />

Poissons de mer: 50 francs en ville, 25 francs le long de la côte.<br />

Tuléar ....................................... Poissons de mer ou de l'Oni lahy : 25 <strong>à</strong> 30 francs.<br />

Poissons fumés ou salés: 30 <strong>à</strong> 40 francs suivant qualité.<br />

Diégo-Suarez ............... ! ................. Poissons de mer: 100 <strong>à</strong> <strong>150</strong> francs.<br />

Lac Alaotra .................................. Carpe, Tilapia : 30 francs en campagne et 50 francs <strong>à</strong> Ambatondrazaka.<br />

Poissons fumés: 60 <strong>à</strong> 90 francs suivant saisons.<br />

Lac Ki nkony ................................. Espèces diverses: 2.5,<strong>à</strong> 30 francs.<br />

Poissons fumés: 35 <strong>à</strong> 45 francs.<br />

Région de Belo-sur-Tsiribihina ................. Espèces diverses pêchées en mangrove et en eau douce, surtout vendues<br />

fraîches: 25 <strong>à</strong> 30 francs.<br />

Embouchure de l'Onilahy (Saint-Augustin) ....... Espèces diverses dé mer et de l'Onilahy : 20 <strong>à</strong> 25 francs.<br />

Il ressort de ce tableau des prix, deux faits importants:<br />

- D'une part les prix relativement élevés de la côte Est et des Plateaux que le consommateur<br />

consent <strong>à</strong> payer pour le poisson frais;<br />

- D'autre part l'avantage qu'il a d'acheter du poisson fumé <strong>à</strong> un prix souvent <strong>à</strong> peine supérieur<br />

<strong>à</strong> celui du produit frais, mais qui représente, au point de vue nutritif, au moins 3 kilogrammes de poisson<br />

frais pour 1 kilogramme de poisson fumé.<br />

30 Formes sous lesquelles le poisson est actuellement consommé <strong>à</strong> Madagascar<br />

et formes nouvelles qui pourraient être envisagées dans l'avenir<br />

Préparations habituelles<br />

Sans entrer dans l'étude des techniques culinaires, signalons cependant, ici, les diverses formes les<br />

plus courantes sous lesquelles le poisson est consommé dans l'Ile:<br />

- Poisson bouilli: Très souvent, le poisson frais est simplement bouilli et il donne alors le ro-mazava<br />

auquel sont ajoutés du cresson ou des brèdes (qui sont des feuilles de diverses plantes faisant office de<br />

légumes, comme les épinards). Parmi ces brèdes spéciales (et différentes de celles couramment utilisées<br />

avec la viande), signalons les feuilles des tiges de volokotona, plante aquatique, de l'anatsonga (moutarde),<br />

du tongolo (genre de petit potreau),. etc. Le poisson .est ensuite mangé avec le riz. Aux repas-de miqJ et<br />

136


du soir, le riz est souvent servi sec (sans eau, celle-ci, le r'anonampango, étant bue <strong>à</strong> part), mais au petit déjeuner<br />

du matin, bien des habitants des plateaux aiment déguster le poisson bouilli avec du vary sosoa qui est<br />

du riz très cuit, pratiquement en bouillie.<br />

Dans les régions où l'on pêche beaucoup de Gambusies, celles-ci sont généralement mangées fraîches<br />

et bouillies, cuites avec le riz (les poissons ayant été vidés rapidement par simple pression sur le ventre après<br />

écaillage sommaire). Les jours de mauvaises pêches, les repas familiaux portent sur des Gambusies séchées<br />

au soleil et gardées en réserve;<br />

- Poisson frit: En raison du prix élevé de l'huile, le poisson frit, qui est prisé, est considéré comme<br />

un mets de luxe et il est plus courant de le voir sur la table des couches aisées de la société. Au point de vue<br />

aliment, il est moins intéressant que le poisson bouilli qui laisse moins de déchets au moment de la consommation<br />

et qui tire plus de profit des têtes par mise en solution dans le bouillon du riz des éléments intéressants<br />

qu'elles renferment (en particulier les graisses);<br />

- Poisson grillé (et souvent légèrement fumé) : C'est un mode de préparation surtout très utilisé.<br />

dans tout l'ouest de Madagascar où le poisson est très abondant. Les poissons entiers ou en morceaux sont<br />

enfilés sur des piquets de bois ou dans un bambou fendu et exposés <strong>à</strong> la chaleur d'un feu. Une bonne partie<br />

des graisses qui fondent est ainsi perdue, mais le poisson bien grillé est délicieux;<br />

- Poisson fumé: Quand les pêches sont très importantes, une partie du poisson est fumée.<br />

Il est essentiel que le fumage ne se fasse pas <strong>à</strong> température élevée pour éviter une trop forte perte<br />

des matières grasses et que la chair ne soit pas cuite, mais bien fumée.<br />

Le Besisika maina ou le Toalapia maina (petites Carpes ou Tilapia fumés) du lac Alaotra sont préparés<br />

très près du feu, ce qui fait que la peau est carbonisée, la chair cuite en partie et, de ce fait, d'une durée de<br />

conservation réduite. Ce produit est néanmoins très estimé, car le goût de brûlé, qui rehausse celui du riz,<br />

est aimé par ceux qui le consomment depuis leur enfance et les ménagères sont heureuses, par ailleurs,<br />

d'utiliser un poisson déj<strong>à</strong> <strong>à</strong> moitié cuit dont la préparation est alors rapide. Il est souvent rajouté au riz vers<br />

le milieu du temps de sa cuisson.<br />

Préparations diverses<br />

Certains poissons, tels que l'Elops machnata ou Besisika (SAK), par exemple, ont tellement d'arêtes<br />

qu'ils sont rarement mangés, d'autant plus que dans les régions Ouest où l'on pêche assez abondamment<br />

cette espèce il y a d'autres poissons plus goûtés. L'on en fait, par contre, très couramment un excellent<br />

bouillon avec lequel se mange le riz. Le poisson cuit qui reste est généralement donné aux volailles ou aux<br />

porcs.<br />

Nous n'avons pas parlé de l'utilisation du poisson salé. En fait les pêcheurs malgaches, <strong>à</strong> part quelques<br />

Vezo et quelques Sakalava, n'utilisent pas couramment la méthode du salage et le poisson salé (pratiquement<br />

toujours du poisson de mer) mis sur les marchés locaux ne représente qu'un faible tonnage. Une rapide<br />

visite des divers marchés de Tananarive et des autres grands centres met immédiatement ce point en relief.<br />

Par contre, il est curieux de constater combien la Morue salée importée est estimée par les populations<br />

et l'on en trouve dans les moindres boutiques de brousse.<br />

Dans certaines contrées de l'Ouest, où abondent les citronniers, les Sakalava aiment préparer le<br />

matsitio ou tisoa. Le jus de citron est mis en bouteille et exposé au soleil jusqu'<strong>à</strong> légère fermentation. Il est<br />

copieusement utilisé avec le poisson bouilli, frit ou grillé.<br />

En plusieurs points de Madagascar, les pêcheurs utilisent les viscères des Anguilles, ceux du Vango<br />

dans l'Ouest ou quelquefois ceux d'autres espèces pour en faire une sorte de farce qui est servie avec le<br />

poisson lui-même.<br />

En quelques points aussi, les ménagères averties préparent une sorte de farine avec du poisson séché<br />

qu'elles pilent avec du sel, un peu de piment et quelquefois des Crevettes. Le produit obtenu sert de condiment<br />

pour le riz.<br />

Enfin il est <strong>à</strong> signaler qu'autrefois, avant la vente d'huile importée, les pêcheurs fabriquaient couramment<br />

de la graisse d'Anguille ou Saingony que l'on mélangeait <strong>à</strong> de la farine de riz au moment de son utilisation.<br />

Elle se prépare encore dans des régions très reculées où le pouvoir d'achat du pêcheur reste excessivement<br />

faible.<br />

137


Encouragements en matière de consommation de poisson<br />

L'utilité de tels encouragements n'est plus <strong>à</strong> démontrer et une campagne nationale en faveur du<br />

développement des pêches et de la pisciculture peut avoir des résultats rapides. Il n'est pas exagéré de<br />

penser que la consommation moyenne par habitant et par an pourrait passer en vingt ans de la consommation<br />

moyenne individuelle de 7 kilogrammes (poissons d'eau douce et de mer) <strong>à</strong> plus de 15 kilogrammes.<br />

Les ménagères, afin de rendre le poisson plus appétissant, pourraient aussi varier et affiner leurs recettes:<br />

Carpe <strong>à</strong> la juive (R. 8), préparation de filets de Tilapia qu'il est facile de détacher du poisson frais en utilisant<br />

un couteau bien tranchant que l'on fait partir de l'arête dorsale pour aller vers le ventre, en longeant avec<br />

la lame les arêtes entourant la cavité thoracique, etc.<br />

Farine de poisson pour l'alimentation humaine<br />

L'apport de protéines aux humains est évidemment intéressant <strong>à</strong> tous les âges, mais nous pensons<br />

tout spécialement, ici, <strong>à</strong> la nourriture des enfants. L'UNICEF (Union pour la protection de l'enfance), la<br />

F.A.O. ainsi que d'autres organismes internationaux, se sont récemment penchés sur ces problèmes et<br />

conseillent l'utilisation de la farine de poisson pour les jeunes. L'on sait déj<strong>à</strong> que les bébés sont généralement<br />

très gourmands de la farine incorporée progressivement <strong>à</strong> leurs biberons ou <strong>à</strong> leur alimentation habituelle.<br />

Voil<strong>à</strong> un progrès intéressant <strong>à</strong> propager et la farine faite <strong>à</strong> partir d'espèces d'eaux douces peut facilement<br />

être préparée dans les règles d'hygiène nécessaire.<br />

Problèmes des vitamines<br />

Rappelons enfin que, si nous avons essentiellement étudié dans ce paragraphe la valeur alimentaire de<br />

nos diverses espèces, il est important aussi de songer <strong>à</strong> d'autres éléments, telles que les vitamines, par<br />

exemple, et de voir dans quelle mesure la mode de préparation les conserve ou les détruit.<br />

L'on sait que les poissons contiennent une assez grande quantité de vitamines A (vitamine de la croissance)<br />

et D (anti-rachitique et équilibre phospho-calcique). Ils contiennent, en outre, les vitamines B6<br />

(anti-anémique) et K (anti-hémorragique). Il est connu que la cuisson <strong>à</strong> l'eau, qui se fait <strong>à</strong> 100°, conserve<br />

la majeure partie des vitamines liposolubles (et beaucoup mieux qu'on ne le pensait autrefois). La cuisson<br />

<strong>à</strong> l'huile des parties en contact direct avec le fond de la poêle atteint des températures plus élevées, elle<br />

détruit un peu plus de vitamines, surtout si la préparation est longue. Le fumage, par la technique dite <strong>à</strong><br />

froid, donne une température ne dépassant pas généralement 60° et elle préserve très bien les vitamines.<br />

La meilleure conservation de ces dernières est, sans aucun doute, obtenue par la préparation du poisson<br />

<strong>à</strong> la tahitienne qu'il nous semble utile de rappeler ici: le poisson est préparé en enlevant soigneusement<br />

toute la peau, le squelette et les arêtes. Il est coupé en lanières ou en dés et mis tel quel dans du jus de citron<br />

frais qui recouvre complètement les chairs. Par temps chaud ou tiède, cette macération dure de trois <strong>à</strong><br />

quatre heures, en frigidaire elle nécessite une journée. Le poisson est mangé cru et froid, soit nature en<br />

hors-d'œuvre avec une mayonnaise, soit accompagnant un plat chaud de riz, de pommes de terre bouillies<br />

ou de frites. Les Tahitiens ajoutent souvent <strong>à</strong> ce poisson ainsi préparé du jus de noix de coco fraîchement<br />

rapée (noix rapée et fortement pressée dans un linge pour en extraire le jus).<br />

Nous ne saurions mieux faire, ici, pour donner une conclusion <strong>à</strong> ce chapitre, que de reproduire<br />

quelques lignes du remarquable ouvrage de G. Penso (R. 257, page 10) :<br />

«Le poisson atteint sa plus grande valeur alimentaire peu avant la ponte des œufs; c'est pendant<br />

cette période, en effet, qu'il contient la plus forte quantité de graisse et de phosphore, que sa chair a la<br />

meilleur saveur et qu'elle est plus délicate ».<br />

« En conclusion, le poisson est un excellent aliment: sain, nutritif, substantiel, facile <strong>à</strong> digérer, riche<br />

en protides, en calcium, en phosphore et en vitamines; il est, par conséquent, souhaitable qu'il entre le plus<br />

largement possible dans l'alimentation de l'homme ».<br />

138


t<br />

PISCICULTURE<br />

CHAPITRE IV<br />

A. HISTORIQUE ET ESSOR RÉCENT DE LA PISCICULTURE FAMILIALE DANS L'ILE<br />

(R. 3 - 4 - 6 - 7 - 10 - Il, Pl. 85)<br />

Environ 85 000 étangs de pisciculture familiale, voil<strong>à</strong> en gros le bilan, fin 1962, de l'effort de ces dix<br />

dernières années en matière d'élevage de poisson pour l'ensemble de l'Ile. C'est dire combien la pisciculture<br />

a retenu l'intérêt du paysan malgache et l'importance qu'il attache <strong>à</strong> l'amélioration des conditions de vie de<br />

sa famille. En un tem ps où la popu lation augmente de pl us de 100000 unités par an, notre rôle est de penser,<br />

avant tout, <strong>à</strong> l'augmentation de ses ressources.<br />

Si quelques éleveurs avertis des Hauts-Plateaux faisaient avant 1950 de la pisciculture et quelques<br />

éléments isolés de la rizi piscicultu re, il faut bien dire que ces deux activités restaient très limitées et, en 1950,<br />

l'on pouvait estimer <strong>à</strong> 1 000, au grand maximum, le nombre des éleveurs, ceux-ci pratiquant d'ailleurs une<br />

pisciculture généralement très extensive dans leurs étangs, la plupart naturels, sans apport de nourriture,<br />

ni soins spéciaux en vue d'obtenir des rendements intéressants.<br />

Une question se pose alors <strong>à</strong> nous: pourquoi la pisciculture, malgré la présence <strong>à</strong> Madagascar de<br />

la Carpe, n'avait-elle pas pris d'extension? C'est que, tout simplement, cette espèce a des difficultés <strong>à</strong> se<br />

reproduire dans les petits étangs familiaux et sa pisciculture, comme nous le verrons par la suite, pose des<br />

problèmes techniques que la pisciculture du Tilapia ignore. Et nous sommes tout naturellement amenés<br />

<strong>à</strong> nous poser cette autre question: pourquoi le Tilapia a-t-il permis le développement« explosif» constaté<br />

pour la pisciculture au cours de ces dernières années? C'est que cette espèce ne demande aucun soin spécial,<br />

elle se reproduit très abondamment et pratiquement partout; elle est très rustique et très «élastique» ;<br />

quant <strong>à</strong> son alimentation, certaines espèces ne vivent même que d'herbe et de végétations diverses. Que de<br />

plus simple <strong>à</strong> nourrir et <strong>à</strong> multiplier ... ! et le slogan «Facile <strong>à</strong> élever comme un Tilapla » nous explique<br />

tout le succès de cet « exotique ».<br />

La répartition du nombre des étangs entre provinces s'établit environ comme suit:<br />

Fianarantsoa .<br />

Tananarive .<br />

Tamatave .<br />

Diégo-Suarez .<br />

Majunga '" .<br />

Tuléar .<br />

55000<br />

22000<br />

5000<br />

1 500<br />

1000<br />

500<br />

B. BUTS DE LA PISCICULTURE ET PROBLÈME DE L'ALIMENTATION<br />

DES POPULATIONS EN PROTÉINES<br />

Nous ne nous étendrons pas sur ces généralités. Ecoutons cependant une haute personnalité<br />

malgache, M. l'Ambassadeur Ratsimamanga, ancien Directeur de Recherches au C.N.R.S. et Délégué de<br />

Madagascar <strong>à</strong> la F.A.O., qui nous dit dans un exposé fait <strong>à</strong> la dixième session de l'O.N.U.A.A. (paru dans<br />

le Bulletin de Madagascar nO 169 de juin 1960) :<br />

« Nous sommes un pays où l'on se nourrit médiocrement tandis que nous pourrions obtenir normalement<br />

un équilibre bien meilleur ».<br />

139


«En effet, nous ne sommes pas exempts de carences nutritionnelles et des évaluations précises<br />

comme celles du Dr Dilhac ne doivent pas être oubliées. Il était utile de redire devant la F.A.O., comme il<br />

l'est de la réécrire ici, que l'alimentation malgache, comme celle de tous les pays intra-tropicaux, se fonde<br />

exclusivement sur les aliments d'origine glucidique, qu'il s'agisse du riz, du manioc ou du maïs, tous trois<br />

outrepassant leur rôle d'aliments de base dans chacune des régions où ils sont consommés ».<br />

«On n'insistera jamais trop et l'on n'appellera jamais assez <strong>à</strong> l'aide pour que soient connues les<br />

notions d'équilibre de l'alimentation et pour que la population prenne conscience de ses besoins en protéines<br />

et lipides, besoins qu'elle méconnaît trop ».<br />

« Enfin, l'information judicieusement distribuée pourrait contribuer <strong>à</strong> faire intensifier un autre<br />

élevage pour lequel on enregistre déj<strong>à</strong> non sans plaisir la grande réussite: celui du Tilapia. L'encouragement<br />

de sa consommation n'intéresse pas uniquement la santé du public, mais doit aussi faire franchir un grand<br />

pas <strong>à</strong> l'économie générale, car le Tilapia, réserve intéressante des vivres les plus rares: les protides animales,<br />

doit devenir une ressource pour nombre de villages écartés où l'aménagement d'un vivier est réalisable ».<br />

Par ailleurs, signalons aussi tout l'intérêt de la pisciculture pour la mise en valeur de petits marais<br />

peu productifs, pour l'utilisation fort intéressante de terrains incultes et, sur un plan plus général, pour la<br />

protection de certai nes terres dans le cad re des travaux de conservation des sols dont l'im portance n'échappe<br />

<strong>à</strong> personne <strong>à</strong> Madagascar. Enfin, rappelons ce qui a déj<strong>à</strong> été mis en relief par bien des auteurs, <strong>à</strong> savoir que<br />

dans les pays tropicaux un hectare en eau, mis en valeur par une pisciculture intensive, peut être beaucoup<br />

plus productif en kilogrammes-protéines (souvent dix fois plus) qu'un herbage où l'on élève des bovins,<br />

ce qui n'écarte en rien, d'ailleurs, l'intérêt de ces derniers élevages poursuivis sur des terres <strong>à</strong> vocation<br />

pastorale.<br />

La pisciculture familiale: opérations au ras du sol<br />

M. le Président de la République Tsiranana a souvent mis l'accent, dans ses conférences économiques<br />

et dans ses allocutions, sur ce qu'il a appelé «opérations au ras du sol », c'est-<strong>à</strong>-dire les réalisations que<br />

peut mener <strong>à</strong> bien avec des moyens simples chaque famille malgache, en particulier la famille paysanne et<br />

nous savons que la population rurale comporte plus de 85 p. 100 de la population totale de l'Ile. La pisciculture,<br />

pour se développer, n'exige pas de connaissances spéciales. Son bel essor a été en grande partie dû,<br />

tout particulièrement dans la province de Fianarantsoa, <strong>à</strong> l'encadrement existant entre 1955 et 1960, au sein<br />

des grou pements de collectivités.<br />

Pisciculture industrielle<br />

Il est curieux de constater que la pisciculture industrielle n'ait encore tenté personne <strong>à</strong> Madagascar.<br />

Au Congo ex-Belge et, en particulier, au Katanga, les sociétés minières faisaient de la pisciculture industrielle<br />

sur une large échelle en vue de mieux nourrir leur main-d'œuvre. A Madagascar, ce type de production<br />

devrait être payant près des grands centres où le poisson frais se vend cher. Il est certain que la mise de<br />

fond pour une exploitation comprenant 5 hectares d'étangs, par exemple et pouvant produire net au moins<br />

12,500 tonnes de poisson marchand (soit une valeur-vente de 1 million 250 <strong>à</strong> raison de 100 francs le kilogramme)<br />

serait assez élevée, mais excessivement variable suivant les conditions d'installation. Une telle<br />

piscicu Iture devrait d'ailleurs avoir un ou deux hectares de cultures pour la nou rriture des espèces herbivores:<br />

maïs, haricots, fourrages divers, manioc, peut-être un verger dont les mauvais fruits seraient facilement<br />

utilisés par les poissons ... et un élevage de porcs qui utiliserait fort utilement tous les petits poissons (nous<br />

pensons au Tilapia) éliminés lors des vidanges, car ils causent systématiquement une surpopulation non<br />

souhaitable.<br />

C. ZONES A VOCATION PISCICOLE. AVENIR DE LA PISCICULTURE (PL. 86)<br />

C'est évidemment en dehors des zones de grande pêche et dans celles où le problème de l'eau est<br />

satisfaisant, que se situent les zones <strong>à</strong> vocation piscicole. Qui aurait pu deviner, il ya une vingtaine d'années<br />

seulement, que des régions forestières comme Ifanadiana et Fort-Carnot comporteraient, dans un avenir<br />

/40


elativement proche, les sous-préfectures possédant le plus d'étangs de pisciculture? La mise en<br />

valeur des marais, des travaux fort intéressants de petite hydraulique agricole et forestière ont permis,<br />

en maintes petites vallées, la construction d'étangs et leur alimentation en eau. Il ne faut souvent pas être<br />

très loin (une vingtaine de kilomètres) d'un grand lac pour constater, par ailleurs, la rareté du poisson dans<br />

l'alimentation des populations et la pisciculture prend alors son intérêt familial. La planche 86 nous schématise<br />

les principales zones <strong>à</strong> vocation piscicole.<br />

85000 étangs, voil<strong>à</strong> déj<strong>à</strong> des résultats fort encourageants, mais l'on ne saurait s'en contenter.<br />

Madagascar a de magnifiques possibilités dans le domaine piscicole (eau, terrains favorables) et il n'est pas<br />

exagéré de penser que le chiffre des étangs familiaux pourrait largement dépasser les 200000 dans une<br />

vingtaine d'années avec une mise en valeur intéressante de bien des terrains incultes et un encadrement<br />

technique suffisant du paysan qui doit apprendre son nouveau métier de pisciculteur. Il ne suffit pas, en<br />

effet, de posséder des étangs pour produire du poisson, il faut savoir les exploiter et en tirer une production<br />

optimum.<br />

Pour réaliser des étangs de pisciculture familiaux et pour pêcher dans nos lacs, sur un plan artisanal,<br />

il n'est pas besoin de gros crédits et d'investissements importants, contrairement <strong>à</strong> ce que croient certains<br />

utopistes qui attribuent <strong>à</strong> l'argent un pouvoir exagéré. Le travail des bras et le courage suffisent très souvent<br />

<strong>à</strong> nos paysans <strong>à</strong> améliorer leur propre sort de façon intéressante et <strong>à</strong> peu de frais. Mais il faut qu'une intensification<br />

de l'infrastructure en matière de recherches et de vulgarisation, en même temps qu'une remise<br />

sur pied d'un encadrement de valeur, tout spécialement au stade «moniteur », de nos masses paysannes<br />

permettent de redonner une nouvelle phase «explosive» <strong>à</strong> la construction et l'aménagement d'étangs<br />

nouveaux. Ce ne sera qu'<strong>à</strong> ce prix que la pisciculture reprendra le développement qu'elle mérite<br />

d'ai lieu rs.<br />

D. DE QUELQUES PROBLÈMES EN MATIÈRE DE PISCICULTURE<br />

1. Utilisation d'espèces <strong>à</strong> forte résilience<br />

Bien des personnes posent, d'ailleurs <strong>à</strong> juste titre, la question suivante: « pourquoi ne pas donner<br />

plus de place, dans les élevages que leur conseillent les services techniques, <strong>à</strong> certaines excellentes espèces<br />

autochtones? » et elles pensent tout particulièrement au Marakely. C'est que beaucoup d'espèces malgaches<br />

déj<strong>à</strong> expérimentées telles que Marakely, Saroy, Masovoatoaka, excellentes de goût et fort prisées, n'ont<br />

malheureusement qu'une faible résilience ce qui, en matière de pisciculture, se traduit par:<br />

- Des productions totales assez faibles;<br />

- Des possibilités de pêches intermédiaires très limitées;<br />

- Des problèmes de réempoissonnement, notamment pour les espèces peu prolifiques ou qui,<br />

comme le Marakely, mangent une bonne partie de leur progéniture. Une espèce telle que le Kotso de l'Ouest,<br />

par exemple, mériterait des essais et nous avons déj<strong>à</strong> parlé de j'intérêt de l'élevage de certains Mulets et<br />

du Vargo.<br />

Il est évident que le Tilapia est d'une résilience telle par:<br />

- Sa prolificité;<br />

- Son taux de survie;<br />

- Sa possibilité de forte densité par unité de surface (faible espace vital) ;<br />

- Sa croissance (très moyenne, en fait, mais belle) qu'aucune autre espèce n'atteint ses productions<br />

élevées et surtout ses facilités d'élevage.<br />

La Carpe, espèce reconnue être <strong>à</strong> forte résilience dans certains grands plans d'eau naturels (lacs<br />

Alaotra et Itasy, par exemple, cours d'eau de la zone Centre-Ouest et de la réglon de Majunga ...),_n'a malheureusement<br />

que des possibilités restreintes en pisciculture familiale malgache souvent limitée <strong>à</strong> de petits<br />

étangs où la Carpe ne se reproduit pas naturellement. Par contre, cette espèce, quand elle bénéficie d'un<br />

/4/


grand espace vital (beaucoup plus exigeante, <strong>à</strong> ce titre, que le Tilapia) et d'une bonne nourriture, a une<br />

croissance individuelle bien supérieure <strong>à</strong> celle du Tilapia et son élevage est alors fort intéressant, mais avec<br />

la nécessité de produire des alevins dans des étangs supplémentaires et avec des techniques plus ou moins<br />

artificielles. La résilience de cette espèce est donc bien différente suivant le milieu.<br />

2. La pisciculture intensive<br />

Nous ne concevons, en matière de pisciculture familiale, que la pisciculture intensive. Nous en<br />

comprendrons immédiatemment l'intérêt en précisant que la production naturelle d'un étang (sans nourriture,<br />

ni déversement de fumier ...) oscille généralement entre 200 et 400 kilogrammes par hectare et par an<br />

<strong>à</strong> Madagascar, mais qu'un élevage intensif permet d'atteindre aisément des rendements de 3 et 4 tonnes par<br />

hectare et par an. Certains rendements exceptionnels ont dépassé les 6 tonnes <strong>à</strong> Périnet et 8 tonnes en zone<br />

côtière! La production naturelle est donc multipliée au moins par dix, bien plus dans certains cas exceptionnels.<br />

Il est évident que des résultats aussi intéressants ne sont vraiment obtenus qu'avec des efforts<br />

journaliers et soutenus tout au long des élevages; le proverbe malgache: Aza manantena landy latsaka ho<br />

lamba vita (N'espérez pas voir des cocons tombés se transformer tout seul en tissus de soie) traduit le vieux<br />

bon sens des paysans-éleveu rs de brousse.<br />

3. Possibilités particulières de pisciculture saisonnière dans certaines régions de l'Ouest<br />

et du Sud<br />

Mon rapport de mission en Israël (R. 8) avait appelé l'attention sur les possibilités de pisciculture<br />

saisonnière dans des pays semi-arides. Il est évident que la «bataille pour l'eau» est <strong>à</strong> Madagascar, comme<br />

dans bien des pays du monde, l'un des problèmes cruciaux pour le développement de la production et tout<br />

doit être mis en œuvre pour économiser cette précieuse matière. Bien des barrages et des retenues d'eau<br />

peuvent être utilisés, même de façon saisonnière, pour la pisciculture (R. 254 et article de A. Yashouv (Wirszubskl)<br />

de 1955 : Les lacs de barrage en Israël et leur utilisation pour J'élevage du poisson. Article de 7 pages<br />

en anglais, paru dans «Conseil des Pêches pour la Méditerrannée ». Etude technique n? 3 ; F.A.O. Rome)<br />

et le problème essentiel sera de pouvoir stocker une réserve pérenne dans un étang toujours en eau (alimenté<br />

par un filet d'eau ou une source qui compense, au moins, l'évaporation intense ou étang très<br />

profond ...).<br />

Certains travaux d'irrigation du Génie Rural nous permettront, également, d'entrevoir des possibilités<br />

de pisciculture de ce type.<br />

4. Problème de l'introduction de nouvelles espèces<br />

L'introduction de nouvelles espèces, nous l'avons déj<strong>à</strong> vu, a passionné bien des techniciens, des<br />

pêcheurs sportifs ou des amateurs. Mais toute introduction ne saurait être nécessairement un gain. Si tout<br />

nouveau vorace doit être systématiquement écarté, il faut rappeler, ici, que dans les eaux libres la production<br />

est toujours limitée par les possibilités en nourriture (toutes les niches étant occupées) et qu'en pisciculture<br />

il est douteux que nous trouvions dans un avenir proche une espèce aussi rustique, aussi élastique et aussi<br />

productive que le Tilapia. Le Service des Eaux et Forêts d'ailleurs, <strong>à</strong> la demande de M. le Président Tsiranana<br />

lui-même, a songé <strong>à</strong> introduire récemment d'Afrique Centrale l'Heterotis niloticus (R. 70 et R. 229), espèce <strong>à</strong><br />

croissance vraiment extraordinaire (4 kilogrammes <strong>à</strong> vingt mois), mais qui exige beaucoup d'espace vital,<br />

donc de grands étangs. C'est une espèce d'eaux chaudes (uniquement zone côtière) et dont la reproduction<br />

en étangs pose des problèmes particuliers, un peu comme en pose la Carpe. Il est probable que les réels<br />

progrès en matière de pisciculture porteront plus, ces années proches <strong>à</strong> venir, sur la sélection de souches<br />

de Tilapia et de Carpe <strong>à</strong> croissance rapide et sur l'amélioration des méthodes intensives d'élevage (y compris<br />

celui de l'Heterotis niloticus) que sur l'introduction. <strong>à</strong> Madagascar. d'espèces nouvelles.<br />

142


E. TECHNIQUES PISCICOLES. BIOLOGIES DU TILAPIA (PI. 87) ET DE LA CARPE<br />

EN ÉTANG. RENDEMENTS ET ESPÈCES A CONSEILLER<br />

1. Techniques piscicoles<br />

Plusieurs notices de vulgarisation: R. 107 (Tilapia), R. 108 (Black-bass) et R. III (Carpe) ont défini<br />

les grandes lignes et les principaux conseils <strong>à</strong> suivre pour l'élevage de ces diverses espèces. Bien entendu,<br />

la pisciculture du Black-bass ne peut intéresser que quelques propriétaires de grands étangs qui ne recherchent<br />

pas la production de kilogrammes de poissons, mais bien l'agrément de la pêche sportive au lancer.<br />

En pisciculture familiale, il ne saurait être question d'essayer de produire du Black-bass dans des<br />

petits étangs (même de quelques ares). Cette espèce est, en effet, lin carnivore qu'il est difficile de nourrir<br />

abondamment artificiellement et il est indiscutable que, dans la bataille de production de protéines pour la<br />

famille malgache, il vaut mieux produire plusieurs kilogrammes de Tilapia, de Carpe, de Marakely ou de<br />

Cyprin (avec lesquels il faudrait nourrir le Black-bass) .que de produire, <strong>à</strong> leur place, un kilogramme seulement<br />

de Black-bass dont le régime carnivore allonge d'un maillon la chaîne alimentaire considérée et dont il<br />

diminue le rendement. Il faut, en effet, plusieurs kilogrammes de poissons et plusieurs kilogrammes d'autres<br />

animaux vivants: insectes, grenouilles, etc., pour la production d'un kilogramme de chair de Black-bass.<br />

Il ne s'agit pas de reprendre, ici, les techniques <strong>à</strong> la fois de construction d'étangs et d'élevage proprement<br />

dit, déj<strong>à</strong> très détaillées dans nos notices et dans d'autres travaux (R. 236 et R. 244). Enumérons cependant,<br />

en les résumant, les principaux conseils qu'il nous paraît essentiel de rappeler <strong>à</strong> tout pisciculteur:<br />

1. La nourriture du poisson doit être abondante et régulière, si possible journalière. Le ccsecret »<br />

des fortes productions réside dans la nourriture et dans l'adjonction <strong>à</strong> l'étang de fumier ou de purin qui<br />

peuvent être mis en petites quantités, mais souvent (une ou deux fois par mois, producteurs de plancton).<br />

Les herbivores sont de remarquables producteurs de chair <strong>à</strong> partir d'une végétation facile <strong>à</strong> récolter ou<br />

<strong>à</strong> produire:<br />

- Herbes, légumes, feuilles de manioc, de papayer ou de patate, citrouilles (Voatavo), fruits avariés,<br />

jeunes feuilles de maïs ou de bananier, cultures fourragères, etc.<br />

C'est pourquoi l'intérêt de l'élevage d'herbivores (Tilapia melanopleura et zillii) est indiscutable, la<br />

pisciculture en est peu onéreuse et doit être encouragée. La nourriture se donne alors toujours «<strong>à</strong> refus »,<br />

c'est-<strong>à</strong>-dire qu'il reste <strong>à</strong> tout moment de la végétation sur l'eau des étangs.<br />

Une pisciculture est cependant généralement plus productive encore par mélange d'une espèce<br />

herbivore avec une autre omnivore, les ressources totales du milieu étant utilisées au mieux.<br />

La nourriture des omnivores: Tilapia rnacrochlr, nilotica et mossambica, Carpe, Cyprin doré, Marakely,<br />

peut être des plus variées (en rappelant aussi tout spécialement l'intérêt du fumier dans ces élevages<br />

d'espèces planctonophages) : son de riz, déchets de ménage, manioc pilé, pommes de terre, patates ou<br />

maïs cuits, tourteaux d'arachides et de coprah (et même de baobab), etc. Pour ces planctonophages, l'utilisation<br />

d'engrais phosphatés (superph.osphates ou guano local) est intéressante (plancton), mais il est encore<br />

impossible de dire si leur utilisation est vraiment « payante » ;<br />

2. Il est très important de pratiquer des Pêches intermédiaires, tout particulièrement avec le Tilapia.<br />

Celles-ci ont essentiellement trois buts:<br />

Permettre <strong>à</strong> la famille de l'éleveur de manger du poisson plusieurs fois par sernalne j -<br />

De diminuer la pullulation des petits sujets, et, en conséquence, la concurrence vitale;<br />

De pêcher des gros sujets qui profitent moins que les autres de la nourriture distribuée et qui<br />

sont arrivés <strong>à</strong> des tailles intéressantes. De plus, un gros poisson pris est un reproducteur en moins, nous<br />

n'avons pas, avec le Tilapia en particulier, <strong>à</strong> nous soucier de la reproduction toujours trop importante;<br />

3. Il est nécessaire, dans toute pisciculture suivie et contrôlée, d'opérer des vidanges totales périodiques<br />

qui devraient avoir lieu:<br />

- Tous les six mois en zone côtière;<br />

- Une fois par an sur les plateaux.<br />

/43


Ces vidanges permettent d'éliminer les gros poissons, l'excès des petits sujets (qui donnent d'excellentes<br />

fritures), le réempoissonnement se faisant avec une majorité de sujets moyens (10 <strong>à</strong> 20-centimètres).<br />

Il doit être exclu, en pisciculture, tout espoir de capitaliser le cheptel, car la population atteint un« plafond»<br />

qu'elle ne peut dépasser, plafond déterminé par chaque ensemble de conditions locales. L'étang ayant réalisé<br />

son « plein », le poids total du peuplement stagne et l'étang ne produit plus. C'est pourquoi il faut, <strong>à</strong> tout<br />

prix, faire des vidanges totales pour éviter d'atteindre les «stocks-limites» au-del<strong>à</strong> desquels nos plans d'eau<br />

deviennent im prod uctlfs,<br />

4. Outre ces trois points essentiels, précisons encore les conseils suivants<br />

a. Les mises en charge (empoissonnements) sont généralement pratiqués sur la base d'environ<br />

500 kilogrammes par hectare (5 kilogrammes par are) ;<br />

b. Les pêches intermédiaires, opérées <strong>à</strong> la ligne et, mieux encore, au filet <strong>à</strong> petites mailles, peuvent<br />

commencer trois ou quatre mois après l'empoissonnement et elles peuvent porter sur des captures d'environ<br />

1 kilogramme par semaine et par are sur les plateaux (rendement maximum annuel constaté de<br />

3,8 tonnes <strong>à</strong> l'hectare) et jusqu'<strong>à</strong> 2 kilogrammes par are et par semaine en zone côtière où sont pratiquées<br />

deux vidanges totales par an (rendement annuel total d'environ 4,8 tonnes <strong>à</strong> l'hectare; PL. 87, courbes<br />

nOS et 6. R = réempoissonnement);<br />

c. Il est indispensable de posséder, en plus des étangs d'élevage proprement dit, un ou plusieurs<br />

petits étangs de stockage pour garder le poisson au moment des vidanges totales et surtout le stock minimum<br />

<strong>à</strong> réempoissonner;<br />

d. Il est utile d'opérer, au moins tous les deux ans, lors d'une vidange totale, un assec d'environ un<br />

mois minimum (mieux deux mois, de préférence en saison fraîche) qui permet de contrôler l'état des digues<br />

et d'éliminer certains parasites (dytiques, nèpes, belostomes, ranâtres, têtards de grenouilles, etc.). Si les<br />

fonds sont trop vaseux la vase liquide doit être éliminée (<strong>à</strong> la pelle) et fon peut ensuite chauler les fonds<br />

<strong>à</strong> raison de 2 tonnes minimum par hectare (20 kilogrammes <strong>à</strong> l'are de chaux agricole ou de Dolomie) ;<br />

e. La pisciculture doit être menée en eau pratiquement stagnante, car l'eau courante emporte avec<br />

elle le plancton et la nourriture. Bien entendu, par journées trop chaudes, il peut-être donné dans chaque<br />

étang un peu d'eau courante (R. 166) abaissant la température;<br />

f. Il est toujours utile d'avoir de la végétation dans l'étang (nourriture et abris), mais il est recommandé,<br />

alors, d'avoir une zone périphérique parfaitement propre, car c'est dans celle-ci que les moustiques<br />

ont tendance <strong>à</strong> se développer et sont le plus <strong>à</strong> l'abri de la dent des poissons, en limite des berges, dans très<br />

peu d'eau. La Carpe est un mauvais chasseur de larves de moustiques, il peut facilement lui être ajouté des<br />

Gambusies;<br />

g. Dans la mesure du possible, il y a toujours intérêt <strong>à</strong> détruire au maximum les ennemis ou prédateurs<br />

de nos poissons:<br />

- Insectes lors des vidanges ou capture <strong>à</strong> l'épuisette quand ils vont respirer <strong>à</strong> la surface (par exemple<br />

Dytiques) ;<br />

- Têtards et grenouilles, serpents;<br />

- Oiseaux tels que martins-pêcheurs, hérons (vano), takatra.<br />

2. Biologie du Tilapia et de la Carpe en étang<br />

Nous ne serons vraiment <strong>à</strong> même d'être d'excellents pisciculteurs que si nous avons essayé de pénétrer<br />

toutes les complexités de la biologie des espèces en étangs, c'est pourquoi nous avons essayé de résumer<br />

et de schématiser par des graphiques (PL. 87) quelques résultats obtenus dans nos stations avec le Tilapia.<br />

Quelques aspects de la biologie du Tilapia (PI. 87)<br />

144<br />

Nous étudierons successivement quelques aspects de la biologie du Tllapla :<br />

a. Reproduction et survie;<br />

b. Croissance;


(<br />

1<br />

c. Evolution d'une population et stock-limite (danger de mortalités) ;<br />

d. Espèces en mélange;<br />

e. Influence des saisons sur les élevages;<br />

a. Reproduction et survie: Nous avons déj<strong>à</strong> donné, lors de l'étude des Cichlidés (chapitre I-B) un<br />

certain nombre de chiffres relatifs aux pontes des diverses espèces en étang et l'on devine aisém.ent la rapide<br />

pullulation de la population avec des pontes aussi importantes et rapprochées. Dans les eaux naturelles,<br />

le taux de survie dépend essentiellement de l'importance des pêches qui enlèvent une partie du peuplement<br />

en équilibre (<strong>à</strong> un moment donné) et qui permettent ainsi, <strong>à</strong> une petite fraction des alevins nouveaux-nés,<br />

de survivre, une très forte proportion étant rapidement vouée <strong>à</strong> la disparition par suite de la concurrence<br />

vitale dans un milieu relativement pauvre et limité en nourriture.<br />

Dans nos étangs nourris artificiellement, la su rvie et .la croissance des alevi ns sont essentiellement<br />

fonction de deux facteurs déterminants:<br />

- D'une part, la nourriture;<br />

- D'autre part, l'espace vital, facteur qui est lui-même en relation directe avec l'importance des<br />

mises en charge, avec les pêches intermédiaires et avec la durée des élevages.<br />

Tous ces facteurs s'i nterpénètrent de façon fort com plexe et les nom breuses vidanges auxquelles nous<br />

avons assisté et que nous avons chiffrées montrent combien chaque étang, avec ses conditions particulières<br />

(par exemple nature des berges ou richesse en végétation submergée), son peuplement particulier (répartition<br />

des tailles, mélange des espèces), ses conditions de nourriture, les époques d'élevage aboutissait <strong>à</strong> des<br />

populations assez voisines quand elles étaient réalisées dans des conditions analogues, mais cependant bien'<br />

individualisée chacune (tailles maximum, nombre de poissons, proportion entre les diverses tailles).<br />

En matière d'alimentation, le Tilapia se contente d'une faible quantité de nourriture naturelle, c'est<br />

ce qui explique une proportion relativement forte de survie des alevins dans nos étangs fumés et bien nourris.<br />

Mais il est évident que tout peuplement animal est limité par les nécessités d'espace vital spécifique <strong>à</strong> chaque<br />

espèce et l'on peut dire aussi que le Tilapia est très peu exigeant au point de vue de ce dernier. Tout<br />

concourt <strong>à</strong> permettre au Tilapia d'être en nombre important par unité de surface, étant peu exigeant en<br />

oxygène par ailleurs et dans la phase explosive que connaît un peuplement encore peu nombreux, la survie<br />

des générations successives est forte au début, puis elle devient de plus en plus faible et elle finit par devenir<br />

pratiquement nulle avec la « saturation» de la population qui tend vers un « plafond» que l'on peut aussi<br />

appeler «stock-limite» que peut contenir un étang dans des conditions données. Le nombre de sujets par<br />

mètre carré (avec environ un mètre de profondeur d'eau) oscille alors couramment entre 15 et 20, ce qui est<br />

élevé, car nous dépassons les <strong>150</strong>000 poissons par hectare (en population mixte).<br />

Les pêches intermédiaires favorisent, par <strong>à</strong>-coups successifs et répétés, le développement des poissons<br />

restants et la survie d'une partie des nouveaux alevins. Rappelons, dans cet ordre d'idées, que nous avons<br />

appelé « résilience» la rapidité avec laquelle le peuplement évoluait (en poids notamment) et avec laquelle<br />

toute « trouée» faite au milieu des poissons, par la pêche en particulier, était rapidement comblée par sa<br />

prolificité, son taux de survie et sa rapide croissance. Nous devrons toujours nous rappeler que plus nous<br />

pêcherons dans un étang (dans des limites raisonnables, bien entendu), plus nous y créerons des conditions<br />

favorables <strong>à</strong> ceux qui y restent ou qui vont y naître, d'où une production totale notablement accrue par les pêches<br />

intermédiaires;<br />

b. Croissance (courbes 1 et 2) : Dans une de ses études techniques (R. 236) relative aux populations<br />

mixtes, B. Charpy nous précise très justement: « En pisciculture la nourriture naturelle et artificielle est<br />

variable d'un étang <strong>à</strong> l'autre: le nombre d'individus qui se la dispute est lui aussi très variable; la lutte<br />

pour la vie favorise toujours les plus forts, de sorte qu'il est absolument impossible de chiffrer une taille<br />

et un poids moyen des Tilapia <strong>à</strong> un âge donné ».<br />

Tout en songeant que chaque étang, avec ses conditions naturelles (température des eaux, nourriture<br />

naturelle) et avec ses conditions de nourriture artificielle distribuée, constitue un biotope bien défini et<br />

particulier, nous pouvons cependant donner, <strong>à</strong> titre indicatif, quelques chiffres moyens courants pour la<br />

croissance de Tilapia élevés et vivants plusieurs années dans un étang où se pratique une pisciculture intensive<br />

avec peuplements mélangés (sujets de tous âges) :<br />

1 mois ·......... 2 centimètres 1 gramme<br />

3 mois....................... 6 centimètres 6 grammes<br />

/45


6 mois .<br />

9 mois .<br />

1 an .<br />

1 an Yz .<br />

2 ans .<br />

Il,5 centi mètres<br />

13,5 centimètres<br />

15,5 centimètres<br />

18 centi mètres<br />

20 centi mètres<br />

40 grammes<br />

65 grammes<br />

100 grammes<br />

<strong>150</strong>grammes<br />

200 grammes<br />

Ces chiffres sont des moyennes pour les poissons qui ont survécu et il n'est pas rare de voir dans nos<br />

étangs quelques sujets de deux ou trois ans dépassant les 500 grammes.<br />

S'il est connu que les poissons n'arrêtent jamais définitivement leur croissance tout au cours de leur<br />

vie, cette croissance tend cependant vers une limite qui est en quelque sorte un « plafond» spécifique de<br />

chaque espèce et très variable avec les conditions dans lesquelles celle-ci vit. La courbe 2 schématise les<br />

plafonds respectifs que le Tilapia macrochir atteint suivant les divers milieux naturels. Nous concevons<br />

facilement que dans les étangs artificiels les moyennes des poids maximum des sujets, élevés et nourris<br />

artificiellement, atteignent également des chiffres (ou niveaux) différents suivant les conditions d'élevage et<br />

les facteurs climatiques.<br />

En population équienne (tous les poissons étant du même âge) et limitée en nombre, la croissance<br />

individuelle sera beaucoup plus rapide, montrant toute l'influence de l'espace vital, facteur dont nous verrons,<br />

<strong>à</strong> un degré beaucoup plus accusé encore, l'importance dans la croissance de la Carpe. Mais un tel élevage n'est<br />

vraiment valable que jusqu'aux premières pontes constatées, époque <strong>à</strong> laquelle l'on assiste très vite <strong>à</strong> un<br />

véritable pullulement des jeunes nouveaux-nés qui viennent concurrencer les parents. Les croissances des<br />

Tilapia peuvent, dans ce cas, se schématiser comme suit (empoissonnements faits avec des alevins de un mois) :<br />

Charge<br />

(nombre de poissons <strong>à</strong> l'are)<br />

Poids<br />

moyen <strong>à</strong> neuf mois<br />

500 . 50 <strong>à</strong> 60 grammes<br />

250 .<br />

100 .<br />

50 .<br />

20 <strong>à</strong> 30 .<br />

(suivant les étangs)<br />

100 <strong>à</strong> 125 grammes<br />

200 <strong>à</strong> 220 grammes<br />

250 grammes environ<br />

300 grammes environ<br />

Ces chiffres nous montrent essentiellement deux faits:<br />

Poissons bien nourris<br />

- Les rendements en poids totaux des peuplements de tels élevages sont bien inférieurs <strong>à</strong> ceux des<br />

élevages mixtes, il y a donc prix de revient du poisson plus élevé (gaspillage de nourriture) ;<br />

- Les charges optimum de telles piscicultures se situent au voisinage de 100 alevins par are (beau<br />

Tilapia portion de 200 grammes <strong>à</strong> neuf mois), car pour des charges plus faibles les croissances individuelles<br />

atteignent des plafonds qui ne sont plus «payants ».<br />

L'on sait enfin que chez les Tllapla, la croissance moyenne des mâles est plus rapide que celle des<br />

femelles et il est un fait que, lors des vidanges, les plus gros sujets sont généralement des mâles. Certains<br />

techniciens ont alors pensé n'élever, en populations équiennes, que des mâles afin d'obtenir dans les meilleurs<br />

délais de gros Tilapia. En fait il est très difficile de reconnaître, de façon absolue, le sexe des jeunes<br />

sujets et nous laisserons pour plus tard, avec les mises au point <strong>à</strong> venir, de telles piscicultures ainsi d'ailleurs<br />

que celles d'alevins obtenus expérimentalement par hybridation d'espèces différentes (R. 226, Communication<br />

de J. Bard: Hybridation des Tilapia et communication de M. Mortimer: Hybrid Ti/apia in Northern<br />

Rhodesia), ou croisement de souches d'une même espèce, mais géographiquement très éloignées les unes<br />

des autres et donnant, dans certains cas, une nouvelle génération <strong>à</strong> croissance très rapide;<br />

C. Evolution d'une population (courbes 3 et 4) : En matière de pisciculture familiale, nous avons conseillé<br />

des mises en charge d'environ 5 kilogrammes par are (1 kilogramme d'alevins, 3 kilogrammes de moyens<br />

et 1 kilogramme de gros sujets), l'espèce herbivore et l'espèce omnivore étant environ <strong>à</strong> égalité. En nourrissant<br />

journellement le peuplement avec de l'herbe <strong>à</strong> refus et au vingtième de son poids en son de riz (moins<br />

si l'on utilise un aliment plus riche, tel que le tourteau d'arachide), l'on arrive aux chiffres moyens successifs<br />

suivants, <strong>à</strong> la station piscicole de Périnet (altitude 950 mètres) :<br />

146<br />

- Empoissonnement......... . . . . .. 5 kilogrammes <strong>à</strong> l'are (500 kilogrammes par hectare)<br />

- Au bout de trois mois........... environ 10 kilogrammes


- Six mois 25 <strong>à</strong> 30 kilogrammes<br />

- Neuf mois .<br />

- Un an .<br />

35 <strong>à</strong> 40 kilogrammes<br />

45 <strong>à</strong> 55 kilogrammes<br />

ce qui nous donne des rendements courants dans la région de Périnet-Moramanga de 4 <strong>à</strong> 5 tonnes par<br />

hectare et par an.<br />

Mais notre population peut très bien croître encore et, si nous ne vidons pas l'étang qui la renferme,<br />

nous arrivons <strong>à</strong> deux ou deux ans et demi, toujours en nourrissant bien, <strong>à</strong> un poids total oscillant, suivant<br />

les cas, entre 70 et 90 kilogrammes par are. Nous sommes <strong>à</strong> peu près arrivés au « plafond », <strong>à</strong> cette «capacité<br />

maximum» ou «stock-limite» qu'il est difficile de dépasser sans danger, car <strong>à</strong> la moindre journée<br />

chaude, <strong>à</strong> la moindre fermentation de nourriture non consommée ou par suite de phénomènes divers telle<br />

que la formation rapide de fleur d'eau par exemple (R. 166), il Y a déficit d'oxygène pour les poissons et<br />

mortalités massives. A la station piscicole de Sakaraha, avec une eau légèrement courante, ce stock-limite<br />

avait atteint, dans l'une des expériences, le chiffre de 105 kilogrammes <strong>à</strong> l'are, soit 10,500 tonnes <strong>à</strong> l'hectare<br />

et <strong>à</strong> Périnet une population de Tilapia macrochir a atteint 129 kilogrammes dans un étang d'un are en saison<br />

fraîche. Supprimons, dans l'un de ces cas, la nourriture et nous assistons <strong>à</strong> une hécatombe de poissons,<br />

le peuplement non nourri retombe vers un nouvel équilibre qui se stabilise au niveau de la «capacité<br />

naturelle» de l'étang. Celle-ci n'est guère élevée et elle oscille, suivant les cas, entre 2,500 kilogrammes<br />

et 5 kilogrammes <strong>à</strong> l'are (ce dernier chiffre pour des eaux riches de l'Ouest);<br />

d. Répartition des tailles dans les populations: Nous devinons très vite que la répartition des tailles<br />

est essentiellement liée, outre le facteur alimentation:<br />

- <strong>à</strong> la saison d'une part;<br />

- aux pêches d'autre part, celles-ci étant plus ou moins sélectives. La saison fraîche est caractérisée<br />

par l'absence d'alevins (quelques sujets restent cependant très retardataires dans leur croissance); en saison<br />

chaude. par contre, l'on assiste <strong>à</strong> une pullulation des jeunes générations successives. Les pêches peuvent<br />

sensiblement modifier l'allure générale et habituelle de la courbe du peuplement théorique qui est une<br />

portion de branche d'hyperbole. Nous avons donné, <strong>à</strong> titre d'exemples, deux cas typiques, établis <strong>à</strong> six<br />

mois d'intervalle (PI. 87) :<br />

Le premier, fin septembre, juste avant les nouvelles pontes;<br />

- Le deuxième, fin mars, en pleine saison de reproduction.<br />

Bien entendu, ces chiffres portent sur des étangs où aucune vidange totale récente n'est venue<br />

trop modifier la structure d'un peuplement comportant des poissons de tous âges et vivant en équilibre<br />

naturel depuis plusieurs mois. Les deux populations étudiées ici et qui représentaient, entre nombreuses<br />

autres, des cas moyens, portaient sur les chiffres suivants:<br />

Septembre: 16 370 sujets de toutes tai Iles pou riO ares, soit 16 Ti lapia au mètre carré. Poids total<br />

de 678 kilogrammes, soit 67,8 kilogrammes <strong>à</strong> l'are.<br />

Mars: 20 165 sujets dénombrés de plus de 3 centimètres, très nombreux alevins de petite taille et<br />

plusieurs nuages d'alevins, soit plus de 20 Tilapia au mètre carré (+ nombreux petits alevins qui vont<br />

connaître une très forte mortalité infantile). Nous pouvons évaluer le chiffre réel et total du nombre<br />

de sujets le jour de la vidange <strong>à</strong> plus de 50 000. Poids total de 668 kilogrammes, soit 66,8 kilogrammes <strong>à</strong> l'are.<br />

Dans ces populations, les proportions des classes de tailles s'établissaient environ comme suit,<br />

évaluées en nombre:<br />

- Alevins jusqu'<strong>à</strong> 3 centimètres .<br />

- Petits sujets de 3 <strong>à</strong> 9 centimètres .<br />

- Sujets moyens de 9 <strong>à</strong> 18 centimètres .<br />

- Gros sujets de plus de 18 centimètres .<br />

Fin saison fraîche Fin saison chaude<br />

Op. 100 .<br />

51 p. 100 ..<br />

45 p. 100 ..<br />

4 p. 100 .<br />

60 p. 100<br />

25 p. 100<br />

13,5 p. 100<br />

1,5 p. 100<br />

d. Espèces en mélange: Nous avons déj<strong>à</strong> vu que le mélange d'un herbivore et d'un omnivore planetonophage<br />

était toujours souhaitable <strong>à</strong> la fois pour une exploitation maximum des ressources du milieu<br />

et en vue d'obtenir des rendements maximum. Charpy a très bien montré, <strong>à</strong> la Station de la Djoumouna<br />

(République Congo-Brazzaville), toute l'importance de la nature de l'alimentation dans l'évolution d'une<br />

population comprenant des Tilapla des deux types de régimes alimentaires et nous avons maintes fois<br />

abouti, <strong>à</strong> Madagascar, aux mêmes conclusions. Si l'on part d'un peuplement où herbivores et omnivores<br />

/47


sont <strong>à</strong> peu près <strong>à</strong> égalité, l'espèce qui est la plus abondamment nourrie prend assez rapidement le dessus<br />

et, <strong>à</strong> ce sujet, nous devons nous rappeler l'exemple naturel que nous avons donné pour le développement<br />

explosif suivi d'une forte limitation du Ti lapia melanopleura dans le lac Alaotra (chapitre I-A). Une espèce se<br />

développe, dans un milieu donné, en fonction des possibilités de sa nourriture spécifique. Dans un étang<br />

où nous avons, par exemple, un mélange macrochir-zillii, si nous ne donnons que de j'herbe, le zillii dominera<br />

très rapidement, les moyens et les gros profitant tout particulièrement de cette alimentation. Par contre,<br />

si nous ne donnons que du son de riz ou du tourteau d'arachide broyé, les alevins de l'espèce herbivore,<br />

qui sont également microphages-planctonophages comme ceux de l'espèce omnivore, profitent bien de<br />

cette nourriture, mais les moyens et les gros sujets herbivores souffrent du manque d'herbe et régressent.<br />

Un élevage qui comporte généralement 50 p. 100 de chaque type doit donc être nourri avec de l'herbe<br />

<strong>à</strong> refus et avec suffisamment de son de riz (ou autre nourriture d'omnivore) pour maintenir, en gros, la<br />

proportion de départ;<br />

e. Influence des saisons: Il est bien connu, en biologie, que la température est dans beaucoup de<br />

cas et dans des limites définies, bien entendu, un facteur favorisant la croissance des animaux et des plantes.<br />

Certaines de nos expérimentations, en particulier celles menées <strong>à</strong> Périnet, ont essayé de chiffrer<br />

avec le Tilapia zillii les différences de productions entre la saison chaude, les deux saisons intermédiaires<br />

et la saison fraîche, en partant toujours de la même mise en charge de 8 kilogrammes <strong>à</strong> l'are et en donnant<br />

une nourriture strictement pesée de I/Ioe du poids du peuplement en herbe. Les essais de plusieurs années<br />

ont abouti aux productions supplémentaires moyennes suivantes:<br />

/48<br />

- Production de la saison chaude (six mois, début octobre <strong>à</strong> fin mars)....... 16 kilogrammes<br />

- Production des saisons intermédiaires et de la saison fraîche (six mois). . .. . 8 kilogrammes<br />

avec un rendement moyen de : 16 + 8 = 24 kilogrammes par are, soit 2,400 tonnes <strong>à</strong> l'hectare Et par an.<br />

Avec de l'herbe <strong>à</strong> refus, nous aurions eu des rendements courants (obtenus par ailleurs) de 3,500 tonnes <strong>à</strong><br />

4,500 tonnes <strong>à</strong> l'hectare et par an et avec des proportions voisines quant <strong>à</strong> la répartition des productions<br />

totales:<br />

- 2/3 pendant les six mois de saison chaude (qui comprend la saison de reproduction intense) ;<br />

- 1/3 pendant les autres six mois.<br />

C'est montrer tout l'intérêt de « pousser» la plsclcultre intensive en saison chaude, tout spécialement<br />

sur les plateaux.<br />

Aspects comparés de la biologie de la Carpe<br />

Nous résumerons, ici, par rapport <strong>à</strong> ce que nous avons observé pour les Tllapla, quelques aspects<br />

marquants de la biologie de la Carpe et nous en tirerons quelques conclusions essentielles en vue de son<br />

élevage.<br />

a. Reproduction et survie: Les conditions de température étant satisfaites (généralement température<br />

moyenne supérieure <strong>à</strong> 22 0 ), nous savons que la Carpe ne se reproduit, aussi bien dans les étangs que dans les<br />

eaux naturelles, que si elle estime le milieu vraiment favorable <strong>à</strong> l'éclosion de ses œufs; la ponte est provoquée<br />

par véritable inhibition psychique et, si elle pense que les conditions ne sont pas bonnes, elle ne<br />

pond pas, ses œufs se résorbent et elle attend de nouvelles conditions favorables et même l'année suivante.<br />

C'est ce qui explique les « caprices» de nos reproducteurs qui veulent essentiellement une eau claire et<br />

un tapis propre de végétation immergée pour y déposer leurs œufs. Les diverses techniques de reproduction<br />

artificielle (voir notice Carpe, R. III) tiennent compte de ces nécessités. Très exigeante en nourriture<br />

naturelle, en particulier beaucoup plus que le Tilapia, la Carpe demande un grand espace vital et c'est ce<br />

qui nous explique les très fortes mortalités dans le bas âge dans des petits étangs où les charges en alevins<br />

sont très fortes. Le principe consistera donc <strong>à</strong> donner de l'espace <strong>à</strong> nos jeunes Carpillons, soit en faisant<br />

reproduire la Carpe dans des grands étangs (de plus de 10 ares, méthode israélienne, R. 8) où le développement<br />

de plancton est favorisé par un déversement de fumier et d'engrais phosphatés, soit en transportant<br />

les Kakabans ou balais sur lesquels les pontes ont été effectuées dans plusieurs grands étangs d'au moins<br />

4 ou 5 ares chacun. Les recherches poursuivies <strong>à</strong> Madagascar par mon collègue Y. Thérézien <strong>à</strong> ce sujet<br />

ont été formelles et le principe <strong>à</strong> suivre dans nos stations de production d'alevins est de «forcer» ces<br />

derniers grâce <strong>à</strong> des charges faibles (une dizaine d'alevins au maximum par mètre carré), et de les céder


apidement aux éleveurs, <strong>à</strong> un mois ou cinq semaines au maximum, afin de libérer, de notre côté, les étangs<br />

qui doivent recevoi r de nouvelles pontes. Une station de carpi culture nécessite donc un grand nombre<br />

d'étangs et de fortes superficies en eau.<br />

Signalons que dans certaines de nos eaux très chargées en sels de fer, dont l'abondance se reconnaît<br />

facilement <strong>à</strong> la présence de larges taches rouges <strong>à</strong> la surface de l'eau (Iron-bog des Anglais), il peut se former<br />

autour des œufs une pellicule très nocive empêchant ceux-ci de respirer. Par ailleurs, il est connu que les<br />

sels de fer peuvent littéralement bloquer les phosphates rendus ainsi inopérants (loi du minimum). Ces<br />

facteurs peuvent avoir une grande importance dans les taux de survie des œufs et des alevins;<br />

b. Croissance: Suivant l'abondance de la nourriture, l'espace vital, la température, la croissance de<br />

la Carpe est excessivement variable (proportions courantes de 1 <strong>à</strong> 20 !). Dans des conditions favorables,<br />

la croissance moyenne de la Carpe en pisciculture peut être schématisée par les chiffres suivants:<br />

1 mois................ 3 centimètres (2 grammes)<br />

3 mois...... ..... ..... 8 centimètres (20 grammes)<br />

6 mois. . . . . . . . . . . . . . . . 14 centi mètres (50 <strong>à</strong> 60 gram mes)<br />

9 mois................ 18 centimètres (125 <strong>à</strong> 175 grammes)<br />

1 an . . .. 21 centimètres (250 <strong>à</strong> 300 grammes)<br />

1 an 1/2 27 centimètres (550 <strong>à</strong> 700 grammes)<br />

2 ans. . . . . . . . . . . . . . . .. 32 centimètres (900 <strong>à</strong> 1,200 kilogramme)<br />

3 ans 39 centimètres (1,800 <strong>à</strong> 2,500 kilogrammes)<br />

4 ans.. . . . . . .. . . .. 45 centimètres (2,800 <strong>à</strong> 3,500 kilogrammes)<br />

5 ans. . . . . . . . . . . . . . . .. 50 centimètres (4 <strong>à</strong> 5 kilogrammes).<br />

Donnons, <strong>à</strong> titre indicatif, les chiffres pratiques que l'on devra utiliser pour les charges de nos étangs<br />

(chiffres <strong>à</strong> l'are, les quantités ne sont plus données en kilogramme comme pour le Tilapia, mais en nombre<br />

de sujets) :<br />

Age Nombre maximum<br />

<strong>à</strong> l'are<br />

- Jusqu'<strong>à</strong> 1 mois ou 5 semaines................................. 1000<br />

(alevinage, cession des alevins)<br />

De 1 <strong>à</strong> 6 mois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 50 <strong>à</strong> 100<br />

(grossissement) .<br />

De 6 mois <strong>à</strong> 1 an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

(grossissement)<br />

- De 1 <strong>à</strong> 2 ans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . la<br />

(grossissement et production de reproducteurs)<br />

- De 2 <strong>à</strong> 3 ou 4 ans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 ou 4<br />

(reproducteurs de plusieurs kilogrammes)<br />

c. Evolution des peuplements. Stock-limite: La croissance d'une population de Carpes est également<br />

représentée par une courbe en S, mais plus étalée que pour le Tilapia (croissance en poids total moins rapide)<br />

et le stock-limite est bien plus bas que celui des Tilapla. Suivant les conditions, il se situe, en élevage intensif,<br />

entre 3 et 4 tonnes <strong>à</strong> l'hectare, plafond qui est atteint en deux ou trois ans si l'on n'opère aucun prélèvement<br />

dans l'étang;<br />

d. Influence des saisons: Sur les plateaux, notamment, il y aura intérêt <strong>à</strong> orienter l'élevage de la<br />

Carpe vers une pisciculture très intensive en saison chaude et profiter des possibilités de croissance particulièrement<br />

rapide de la Carpe pour faire du «forcing », en produisant de la Carpe de 800 grammes en<br />

huit ou neuf mois, quelquefois moins, en prenant comme exemple les piscicultures israéliennes (R. 8). Nous<br />

utiliserons alors, pour l'empoissonnement de nos étangs de grossissement, des alevins nés très tôt en début<br />

de saison chaude ou des Carpillons stockés de l'année précédente, mais qui, trop serrés, sont restés petits.<br />

3. Rendements et espèces <strong>à</strong> conseiller<br />

Nous nous permettons de rappeler la définition du rendement qui représente la production totale<br />

par unité de surface et par an <strong>à</strong> laquelle ilfaut, bien entendu, retrancher le stock de réempoissonnement qui<br />

/49


est la mise en charge initiale. C'est la production dont bénéficie vraiment le pisciculteur. Les rendements<br />

que nous donnons ci-après ont été obtenus couramment et il ne semble pas, les zones d'altitude étant mises<br />

<strong>à</strong> part, qu'il y ait de très forts écarts entre les diverses espèces de Tilapia élevés dans une même région:<br />

Tilapia<br />

.<br />

a. Zones côtières. Toutes espèces. Maximum de 5 <strong>à</strong> 6 tonnes par hectare et par an.<br />

Les Tilapia mossambica et nilotica supportent particulièrement bien une certaine salure des eaux<br />

et leur élevage pourrait être envisagé, dans les années <strong>à</strong> venir, dans certaines eaux salées (zones des Pangalanes,<br />

mangroves ...);<br />

b. Zones de moyennes altitudes (par exemple Périnet). Rendements de 3,5 tonnes <strong>à</strong> 4,5 tonnes.<br />

Les Tilapia mossambica, macrochir et zillii semblent réussir le mieux;<br />

c. Zones des plateaux (Tananarive). Toutes espèces. Rendements de 3 tonnes <strong>à</strong> 3,5 tonnes;<br />

d. Zones situées au-dessus de <strong>150</strong>0 mètres (Ankaratra avec Ambatolampy et Manjakatompo, Vakinankaratra<br />

avec Antsirabe). Les Tilapia deviennent sensibles au froid et seul le Tilapla melanopleura doit être<br />

retenu en zones d'altitude, élevé dans des bas-fonds protégés. Rendements de 2 tonnes par hectare et par<br />

an.<br />

Carpe, Cyprin ou Marakely<br />

Ces trois espèces, très prisées par les populations malgaches, ont malheureusement des productions<br />

bien moindres que le Tilapia élevé dans des conditions analogues (avec des difficultés d'élevage supplémentaires).<br />

Les plus beaux rendements en zones de moyennes altitudes et sur les plateaux sont de l'ordre<br />

de 2,500 tonnes pour la première et 2 tonnes pour les deux autres par hectare et par an.<br />

La Carpe a l'avantage de supporter des hivers assez durs et elle peut être élevée <strong>à</strong> des altitudes<br />

supérieures <strong>à</strong> <strong>150</strong>0 mètres. C'est ce qui avait déj<strong>à</strong> fait porter avant 1950 le choix sur cette espèce dans les<br />

régions d'Ambatolampy (en particulier zone d'Antanlfotsy), Antsirabe et Betafo, Ambositra et Ambohimahasoa.<br />

Enfin, rappelons que nous pouvons très bien élever en mélange le Tilapia avec la Carpe (R. 8 et nos<br />

propres essais), avec le Cyprin ou avec le Marakely et que, pour les éleveurs avertis qui vident régulièrement<br />

leurs étangs, il peut même être intéressant d'ajouter <strong>à</strong> un peuplement de Tilapia (une ou plusieurs<br />

espèces) quelques petits Black-bass par are, ce vorace limitant la surpopulation et éliminant les sujets<br />

maladifs. Mais il est essentiel, alors, de «doser» soigneusement ce carnivore (qui <strong>à</strong> la côte peut être le<br />

Gobius giuris, par exemple) et de ne jamais le laisser prendre le dessus. Les rendements définitifs en sont,<br />

dans ces conditions, peu affectés.<br />

F. LA RIZIPISCICULTURE<br />

1. Aperçu de la technique d'élevage de poissons en rizière (Pi. 88)<br />

La notice récente (R. 124) nous détaille la technique d'élevage en rizière d'espèces diverses: Tilapia<br />

mossambica et Carpe, éventuellement aussi Cyprin et Marakely. Comme dans le domaine de la pisciculture<br />

en étangs, nous pouvons souligner les mêmes facilités d'élevage pour le Tilapia et les mêmes problèmes<br />

de régénération pour les autres espèces.<br />

Les conseils déj<strong>à</strong> donnés valent également ici en vue d'obtenir des rendements intéressants et que<br />

nous pouvons résumer comme suit: si l'on peut évidemment faire de la pisciculture extensive sans nourrir<br />

les poissons, mais alors en obtenant des rendements très faibles, il est bien visible que ce genre d'élevage.<br />

n'est bien rentable qu'en nourrissant bien, car les rendements fortement accrus «payent» largement<br />

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