Pages 101 à 150 - Accueil / Aquatrop - Cirad
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Enfin, dans le domaine de l'éducation et de la formation technique des pêcheurs ainsi que dans celui<br />
de la création de coopératives (R. 274), de gros efforts restent <strong>à</strong> faire. Ceux-ci seraient, <strong>à</strong> coup sûr, payants<br />
dans un domaine où les investissements sont minimes et dont la production touche de près les problèmes<br />
de production de protéines <strong>à</strong> l'échelon national.<br />
4. Les Pangalanes-Est et les parties côtières des fleuves Centre-Est (PL. 62 <strong>à</strong> 64)<br />
L'ensemble des Pangalanes porte sur environ 18000 hectares et les principaux plans d'eau qui constituent<br />
les maillons de ce chapelet de lacs et de lagunes sont précisées sur les planches 62 et 63, la planche 64<br />
nous donnant les cartes détaillées des quatre principaux d'entre eux. Signalons que le canal des Pangalanes,<br />
qui a maintenant sa sortie sur la mer dans la rade du port de Tamatave, a été coupé en deux <strong>à</strong> Salazamay,<br />
par la route Tamatave-Fénérive (canal comblé par le passage de la route en remplacement d'un pont) et que<br />
le petit tronçon du Nord, qui va presque jusqu'<strong>à</strong> Foulpointe, est maintenant isolé. Ce tronçon comprend<br />
plusieurs petites lagunes et plusieurs sorties sur l'Océan, il est assez poissonneux.<br />
Il est évident qu'au point de vue ichtyologique, la faune duicaquicole de l'ensemble des Pangalanes<br />
est assez homogène de Tamatave <strong>à</strong> Farafangana et au point de vue poissons euryhalins l'on retrouve <strong>à</strong> peu<br />
près les mêmes espèces dans les diverses embouchures.<br />
D'une façon générale, l'on peut dire que les eaux saumâtres des Pangalanes sont relativement peu<br />
importantes et si les eaux de certains lacs ou canaux sont, par endroits, un peu salées, le passage vers la mer<br />
de l'eau douce des fleuves, des rivières ou des exutoires des Pangalanes eux-mêmes est généralement assez<br />
brusque. La salinité, très faible <strong>à</strong> quelques centaines de mètres au maximum des embouchures, passe rapidement<br />
<strong>à</strong> celle de l'eau de mer, un peu au-del<strong>à</strong> des estuaires (le flot de l'eau douce surnageant l'eau de mer et<br />
pénétrant dans l'Océan où il provoque très localement et en surface une zone dessalée).<br />
A ce long système <strong>à</strong> peu près rectiligne et plaqué contre la dune littorale, il faut ajouter, au point de<br />
vue des plans d'eau intéressants pour la pêche, d'une part, tout l'ensemble des fleuves et rivières qui se<br />
jettent généralement <strong>à</strong> angle droit dans ce système ou·même qui le traversent pour aller se jeter dans l'océan<br />
Indien et, d'autre part, tout un ensemble de marais (quelquefois des raphières) qui ne font souvent qu'une<br />
même nappe d'eau avec les Pangalanes proprement dits au moment des hautes eau?
Il est difficile de résumer les principales caractéristiques de la pêche sur ce vaste réseau très inégalement<br />
exploité suivant ses diverses zones; de longs tronçons de canaux ai nsi que certai ns lacs (en particulier<br />
Alanampotsy, pourtant très poissonneux), situés dans des régions très peu peuplées, ne sont que très<br />
peu exploités. Par contre, le courant commercial de poisson vers Tamatave a créé une zone Tamatave-<br />
Ambila-Lemaitso et une zone moins importante Tamatave-Fasandiana où les pêches sont intenses et fort<br />
rémunératrices. Récemment, les pêcheurs de la région de Tampolo-Ankarefo se sont groupés en une association<br />
d'entraide et il serait intéressant que celle-ci prenne la forme d'une coopérative qui s'occuperait,<br />
d'une part, du transport collectif des captures faites au marché de Tamatave et, d'autre part, de l'importation<br />
groupée de matériel de pêche: filets en nylon, fil, rallingues, flotteurs peu coûteux en matière plastique<br />
...<br />
Outre les grands barrages ou Vila dont nous nous som mes déj<strong>à</strong> longuement entreten us, les pri nci paux<br />
engi ns de pêche portent su r :<br />
- Des grands filets <strong>à</strong> poche (souvent de 100 mètres de long) dont certai ns sont encore faits en<br />
fibres de Hafotra mena;<br />
- Des filets maillants, autrefois en fil de coton, de nos jours en fil monofilament transparent de<br />
nylon, les uns avec des mailles de 2,5 centimètres ou 3 centimètres (arato-jebojebo) utilisés essentiellement<br />
pour les Mugil robustus, les autres avec des mailles de 5 ou 6 centimètres pour la capture des Zompona<br />
(Mugil macrolepis) et bien d'autres espèces de tailles moyennes. Ces pêches se font souvent de jour, d'où<br />
l'utilisation du fil monofilament peu visible dans l'eau, avec des filets excessivement peu lestés. Le pêcheur<br />
frappe toujours dans l'eau avec son Fidobo (BM);<br />
- Des grandes nasses cubiques ou parallélépipédiques faites en fibres de pétioles de raphia ou Baobao<br />
(BM). Ces nasses sont en partie uti lisées dans les barrages;<br />
- Des nasses coniques ou VOYO utilisées au milieu des zones envahies par ia végétation ou aux extrémités<br />
des Vilitoho, petits barrages pour la capture des sujets de petite taille;<br />
- Des Tandrohotra (BM) ou nasses traînantes;<br />
- Des lignes simples (gaules), mais ce mode de pêche est relativement peu utilisé pour l'ensemble<br />
des Pangalanes.<br />
Enfin, signalons plusieurs modes tout <strong>à</strong> fait particuliers de pêches: celle au Yovcmora, la pêche aux<br />
leurres et celle du Konkona (BM) que nous allons analyser au paragraphe suivant: engins de pêche.<br />
Il est bien difficile d'avancer, pour un système aussi complexe et aussi vaste, un chiffre de production,<br />
mais nous pouvons estimer les possibilités de production de ces eaux <strong>à</strong> environ 70 kilogrammes par hectare<br />
et par an, compte tenu de la nature des eaux, de l'existence de nombreux marais, de la difficulté de pêcher<br />
dans les zones centrales des grands lacs assez fréquemment rendues houleuses par les vents et de l'enrichissement<br />
de ces eaux continentales en espèces euryhalines. En se basant sur ces chiffres, la production annuelle<br />
de l'ensemble des Pangalanes pourrait atteindre près de 1 300 tonnes.<br />
5. Région de Tananarive (PL. 65) et lac Itasy (PL. 66)<br />
Dans la région de la Capitale, <strong>à</strong> laquelle nous rattachons volontiers celle du lac Itasy, relié <strong>à</strong> Tananarive<br />
par une route goud ron née de moi ns de <strong>150</strong> kilomètres, u ne bon ne partie des pêches est orientée vers<br />
la vente du poisson frais sur les divers marchés de la grande ville. La pêche revêt deux grands aspects:<br />
- D'u ne part, pêche dans les vastes marais (souvent captu res importantes), dans les grands étangs<br />
naturels (y compris ceux qui entourent le lac Itasy) et dans les cours d'eau entourant la Capitale;<br />
- D'autre part, pêche dans les trois grands plans d'eau d'Itasy, de Mantasoa et de Tsiazompaniry.<br />
Enfin, il faut ajouter <strong>à</strong> ces pêches commerciales celles non moins intéressantes et nombreuses des<br />
«pêcheurs du dimanche» qui, par environ 10000 au moins en saison chaude et pendant les saisons intermédiaires,<br />
vont se délasser et prendre l'air chaque fin de semaine dans un cercle d'environ 20 kilomètres<br />
<strong>à</strong> la ronde de la Capitale. Le Tllapla est d'ailleurs l'espèce parfaite pour ces pêcheurs <strong>à</strong> la ligne et, il ya<br />
dix ans seulement, l'on ne voyait pas ces armées de gaules quitter chaque dimanche matin la grande ville.<br />
Le Black-bass fait aussi, de son côté, la joie des pêcheurs au lancer.<br />
,102
Au lac Itasy (R. 67 et 69) : Les caractéristiques de la pêche actuelle peuvent être résumées comme<br />
suit:<br />
Situé <strong>à</strong> 1 200 mètres d'altitude, le lac Itasy possède une faune. ichtyologique autochtone pauvre et<br />
les diverses espèces qui peuplent actuellement le lac sont:<br />
- Au point de vue espèces autochtones: Trondro maint y ou Marakely <strong>à</strong> bosse dont nous parlerons<br />
au chapitre V des poissons curieux, Marakely, Tohofotsy (Eleotris legendrei), Tohoyokoka (Gobius macrorhynchus,<br />
assez rare) et deux espèces d'Anguilles, l'une l'Amalomaitso (Anguilla mossambica) et l'autre l'Amalombondana.<br />
Ce n'est que récemment, en travaillant avec le spécialiste des Anguilles d'Afrique du Sud,<br />
M. Jubb, de l'Université de Grahamstown, que nous avons vu que cette dernière espèce, confondue avec<br />
l'Anguille marbrée des basses et moyennes altitudes (A. marmorata) était en réalité une nouvelle espèce<br />
pour Madagascar, A. nebulosa labiata Peters non encore signalée dans l'Ile. Nous avons déj<strong>à</strong> longuement<br />
parlé de cette espèce au chapitre l, famille des Anguillidés;<br />
- Au point de vue espèces introduites: Cyprin, Carpe, Gambusie, Tilapia melanopleura, macrochir,<br />
nilotica, mossambica et zillii.<br />
Environné par des terrains volcaniques, le lac Itasy possède des eaux bien plus riches que celles du<br />
lac Alaotra et les poissons y ont, d'une façon générale, des coefficients de condition plus élevés que dans<br />
ce dernier plan d'eau (il y a plusieurs formules pour le coefficient K, nous avons retenu celle de K = 10 5 P<br />
le poids P étant exprimé en grammes et L. étant la longueur standard évaluée en millimètres). L3<br />
A la simple vue des sujets pêchés l'on se rend compte du parfait état de santé et de l'état plus gras des<br />
poissons du lac Itasy (richesse en plancton). La comparaison est d'ailleurs facile <strong>à</strong> faire au marché d'Analakely<br />
de Tananarive qui reçoit des poissons frais des deux lacs. Les Malemi/oha (T. macrochir) de l'itasy ysont particulièrement<br />
recherchés et il n'est pas rare de voir des sujets de 900 grammes bien gras, alors qu'au lac<br />
Alaotra les sujets de la même espèce dépassent rarement 500 grammes et sont plus maigres. Plusieurs calculs<br />
du coefficient de condition K ont été faits pour cette espèce au lac Alaotra et au lac Itasy. Pour le premier<br />
la moyenne était de 3,68, pour le deuxième elle était de 4 (coefficient d'autant plus fort que, pour une même<br />
longueur, le poids du poisson est plus élevé). Il en est de même pour la Carpe dont les coefficients de condition<br />
suivant les deux lacs sont relativement encore plus différents et plus caractéristiques que pour le Tllapla,<br />
ce qui est normal étant donné que nous avons affaire <strong>à</strong> la Carpe miroir qui est une race sélectionnée.<br />
La pêche se pratique essentiellement dans toute la zone périphérique du lac, mais, comme pour la<br />
majorité des grands plans d'eau de Madagascar, très peu au large.<br />
Les principaux engins de pêche sont:<br />
- Les nasses dormantes ou VOYO en Bararata ou en Fataka;<br />
- Les nasses en grillage métallique pour la capture des Anguilles et leur stockage. Beaucoup de<br />
poissons sont gardés vivants jusqu'<strong>à</strong> l'arrivée des grossistes de Tananarive et les viviers sont en bambous,<br />
en bararata et même en herana (jonc souple).<br />
Au lac Itasy les nasses sont généralement simplement cachées au milieu de la végétation très abondante<br />
sur les bords, mais dans les grands étangs naturels voisins (peu profonds) les nasses sont disposées<br />
au bout de barrages en forme de V.<br />
- Les lignes de fonds dormantes, firango ou fitamandry <strong>à</strong> un ou plusieurs hameçons (qui capturent<br />
surtout les Anguilles et les grosses Carpes, suivant leur mode d'appâtement) ; -<br />
- Les nasses traînantes ou Tandroho pour la pêche des petits poissons et des Crevettes, essentiellement<br />
le long des rives et le long des zones envahies par la végétation (en particulier zozoro et Tsikafokafo,<br />
la jacinthe d'eau qui est très envahissante);<br />
- La ligne simple, dont le fil était autrefois fabriqué avec du fil de chanvre. La pêche <strong>à</strong> la ligne s'est<br />
également beaucoup développée au lac depuis l'introduction du Tilapla ;<br />
- Les filets-sennes et les éperviers, d'utilisation récente et dont l'emploi devient de plus en plus fréquent.<br />
Ici également une action en matière de vulgarisafion doit amener le pêcheur <strong>à</strong> utiliser le filet<br />
maillant;<br />
- Enfin, signalons que si les anciens sacs sou pies en hisatra (jonc) ou en écorce de zozoro ne sont<br />
pratiquement plus employés pour la capture des petites espèces et des Crevettes, l'apparition du Tilapia<br />
melanopleura herbivore a fait imaginer aux riverains une nouvelle méthode de pêche: celle, des fery ou
valatrondro, barrages établis en mottes de terre au bord du lac en eau très peu profonde. Les Tilapia p énétrent<br />
le soir par des trouées faites dans ces murs et ils viennent brouter l'herbe du rivage. Le matin, très tôt,<br />
le propriétaire vient boucher rapidement les ouvertures du mur en emprisonnant les poissons derrière le<br />
barrage. !Iles capture ensuite au tandroho .<br />
. L'écoulement des produits du, lac Itasy ne pose aucun problème en raison de la proximité de la Capitale.<br />
Tout le poisson est vendu frais et le problème du fumage du poisson en vue de sa conservation et de sa<br />
commercialisation ne se pose pas dans cette région de l'Ile.<br />
!I est nécessaire de signaler, ici, un travail fort intéressant <strong>à</strong> la fois au point de vue historique et au<br />
point de vue technique: celui-du Commandant Morel (R. 102). Que de travaux anciens de ce genre malheureusement<br />
souvent enterrés dans les archives! Cette étude nous montre combien peuvent évoluer rapidement,<br />
dans une région donnée, les coutumes et les habitudes journalières de la population et combien les<br />
conditions d'exploitation du lac et l'élargissement du commerce du poisson ont changé par suite de la création<br />
de routes.<br />
Enfin, soulignons, sans nous y étendre, l'intérêt touristique de ce plan d'eau et de la région qui<br />
l'environne.<br />
6. L'Onilahy et le lac Ihotry-Tongobory (PL. 59)<br />
Parmi les grands cours d'eau de l'Ouest, le Bas-Onilahy représente certainement l'un des biotopes<br />
les plus intéressants par la grande variété de sa faune ichtyologique euryhaline (il existe aussi une petite<br />
mangrove en amont de l'estuaire), par sa facilité d'accès par Tuléar et la présence d'un grand village de<br />
pêcheurs <strong>à</strong> Saint-Augustin-Mahanoro (marché journalier de poissons). Le pêcheur-récolteur d'espèces,<br />
heureux de voir une telle variété de poissons, ne saurait aussi, par ailleurs, rester insensible <strong>à</strong> la beauté<br />
des lieux abrités au Sud par une grande falaise calcaire toute rougeoyante aux couchers de soleil et <strong>à</strong> la vue<br />
de ces belles pirogues vezo qui sillonnent l'Onilahy, flanquées de leurs grandes voiles carrées ou rectangulaires<br />
aux vives couleurs. La pêche est toujours très productive etune grosse partie des captures est transportée<br />
<strong>à</strong> l'état frais ou <strong>à</strong> l'état fumé-grillé <strong>à</strong> Tuléar par voie de mer. Il y a lieu de signaler, immédiatement<br />
en amont de Saint-Augustin, un petit affluent de l'Onilahy, dû en partie <strong>à</strong> des sources aux eaux très minéralisées<br />
et riches, dans lequel j'ai eu l'occasion de voir les plus grands Gobius observés jusqu'ici en eaux douces:<br />
42 centimètres de long et d'un poids dépassant légèrement le kilogramme. Les habitants de Saint-Augustin<br />
sont de gros mangeurs de poissons et il n'est pas exagéré d'évaluer <strong>à</strong> plus de 100 kilogrammes la consommation<br />
moyenne annuelle par membre de la famille de chaque pêcheur. Le poisson vaut d'ailleurs entre 10<br />
et 20 francs le kilogramme sur le marché local. En re montant l'Onilahy, l'on rencontre, outre les'« Sept-<br />
Lacs» qui sont, <strong>à</strong> proprement parler, des petites vasques creusées dans le calcaire et sans intérêt piscicole,<br />
l'étang de Maroamalona (beaucoup d'Anguilles), l'étang artificiel d'Ambohimahavelona, riche en Boramany<br />
ou Saro, les plans d'eau d'Andronomay et d'Ihotry-Tongobory. Ce dernier, situé <strong>à</strong> environ 60 kilomètres<br />
de la mer, par l'Onilahy, est très poissonneux et les principales espèces pêchées sont:<br />
- Parmi les poissons d'eau douce: Tilapia melanopleura, Cyprin, Saro (Ptychochromis oligacanthus),<br />
Borobo (Paratilapia polleni) ;<br />
- Parmi les poissons euryhalins : /v1okosa (Megalops cyprinoïdes) Gaoka (Elops machnata), Antendro<br />
(Mulet), Amalona maint y (Anguille) et plusieurs espèces de Gobius et d'Eleotris, etc.<br />
7.' Autres plans d'eau intéressants de l'Ile<br />
Nous ne pouvons, bien entendu, donner, ici, que quelques caractéristiques essentielles relatives <strong>à</strong><br />
quelques autres plans d'eau.<br />
a. Lacs divers (PI. 67 et 68)<br />
G. Petit nous a parlé, en détail (R. 27 et R. 104) de deux lacs curieux du Sud-Ouest: Ihotryet Tsimanampetsotsa.<br />
Le premier, situé au sud-est de Morombe, est un lac salé intérieur sans exutoire et dont la
superficie est très variable avec la saison: il peut atteindre près de 8 500 hectares et, en saison sèche, il est<br />
généralement réduit au diverticule Ouest d'un peu plus de 850 hectares qui est probablement alimenté<br />
par des sources souterraines permanentes, car il n'a jamais été vu <strong>à</strong> sec. C'est l<strong>à</strong> que le poisson vient se<br />
rassemble!' en saison sèche dans une eau progressivement concentrée en sel (37 grammes d'extrait sec en<br />
septembre 1962, c'est-<strong>à</strong>-dire une eau plus salée que l'eau de mer). G. Petit nous a parlé de ces mortalités<br />
massives que connaissent les populations ichtyologiques du lac dans une eau trop salée, surchauffée et où<br />
des conditions particulières, se reproduisant toutes les quelques années, favorisent le dégagement d'anhydride<br />
sulfureux (H2S due <strong>à</strong> la prolifération probable de bactéries anaérobies dans les vases salées). Il ya,<br />
dans ce lac, adaptation fort intéressante des espèces dulcaquicoles présentes <strong>à</strong> une forte concentration en<br />
sel et l'étude biologique de ces phénomènes mériterait toute notre attention.<br />
Quant au lac Manampetsa ou Tsimanampetsotsa dont la superficie varie entre 1 600 et 2900 hectares<br />
(avec les saisons), nous avons déj<strong>à</strong> signalé que la nature chimique de ses eaux semble interdire la vie des<br />
poissons. Le lac renferme cependant des mollusques consommés par les flamants roses.<br />
Les petits lacs volcaniques des régions de la Montagne d'Ambre (au sud-est de Diégo-Suarez), de l'île<br />
de Nossi-Bé et de la région de l'itasy n'ont, en fait, qu'un intérêt piscicole très limité (sauf le lac sacré<br />
d'Anivorano-Nord très poissonneux et très pêché).<br />
La région d'Antsirabe comprend plusieurs lacs dont deux assez grands: Andraikiba (66 hectares) et<br />
Andranobe (109 hectares), des marais, des cours d'eau et un système assez important de canaux de drainage<br />
où l'on pêche du Tllapia, du Cyprin et de la Carpe. En raison de l'altitude de ces plans d'eau, la production<br />
piscicole est relativement faible et les poissons se limitent aux espèces suivantes:<br />
- Pour les espèces autochtones : Anguilles (A. mossambica et A. marbrée), Marakely (au-dessous<br />
de l'altitude de 1 500 mètres) et Eleotris legendrei ;<br />
- P.our les espèces introduites: Tilapia (melanopleura et macrochir), Carpe, Cyprin, Black-Bass<br />
(et la Truite dans quelques rivières du Vakinankaratra, au-dessus de 1 600 mètres d'altitude).<br />
La région de Bealanana : Cette région comprend un grand lac, celui d' Ankitrobaka-Matsaborimadio de<br />
742 hectares, des cours d'eau et des marais. L'introduction du Tilapia a fortement augmenté, comme ailleurs,<br />
la production piscicole de cette zone de moyenne altitude.<br />
La région de Mandritsara comprend quelques grands étangs, des cours d'eau et des marais. Parmi les<br />
premiers, il y a lieu de signaler le lac d'Ambalafary qui est très poissonneux et qui renferme, en particulier,<br />
une espèce que l'on ne s'attend pas <strong>à</strong> rencontrer aussi loin de la côte: le Laokandrazana (ou loba<br />
ou Menarambo, TS) qui est le Ptychochromis oligacanthus, le Tsipoy du Nord-Ouest ou le Saroy de la côte Est.<br />
La faible altitude de ce plan d'eau nous permet d'expliquer une pénétration aussi lointaine dans les terres<br />
de cette espèce côtière qui. a remonté la Sofia et qui constitue, dans cette zone, une race géographique<br />
locale <strong>à</strong> nageoires rouges (dorsale et queue).<br />
b. Loza et Lagunes (PI. 69 et 70)<br />
Parmi les eaux intérieures de Madagascar, la Loza tient une place tout <strong>à</strong> fait particulière <strong>à</strong> la fois<br />
par son caractère tectonique et par sa grande superficie qui est d'environ 15600 hectares, en la limitant<br />
au niveau de la grande île qu'elle renferme dans sa partie Sud. Elle est située dans la région Analalava-Antsohihy.<br />
Véritable bras de mer pénétrant <strong>à</strong> l'intérieur des terres, la Loza comprend une très forte proportion<br />
d'eaux salées et les marées s'y font largement sentir. Relativement profonde, car elle peut être parcourue<br />
par des navires de moyen tonnage, elle est presque partout entourée d'une vaste mangrove qui recouvre<br />
également les trois îles basses qu'elle abrite.<br />
Très riche en poissons, mais en fait peu exploitée par la pêche en face de ses réelles possibilités,<br />
la Loza présente un intérêt tout <strong>à</strong> fait exceptionnel au point de vue de l'observation des espèces euryhalines,<br />
tant par leur variété que par leur biologie étudiée en relation avec la salinité des eaux.<br />
Située actuellement en dehors de tout grand courant commercial (au bord, il est vrai, de la grande<br />
route Tananarive-Diégo-Suarez, mais loin de la Capitale, la route étant malheureusement coupée une bonne<br />
partie de l'année), l'on peut cependant concevoir, dans le cadre du développement économique de l'Ile<br />
des années <strong>à</strong> venir, une exploitation relativement peu onéreuse des richesses naturelles de cette zone.<br />
105<br />
4·
Les activités piscicoles devraient alors probablement être orientées vers une production massive de poisson<br />
fumé (facilité de se procurer du bois pour le fumage) exporté par la route en bonne saison.<br />
Quittons la côte Ouest pour la côte Est, nous y trouvons, du Nord au Sud et en plus des grands<br />
Pangalanes déj<strong>à</strong> étudiés, plusieurs lagunes intéressantes:<br />
Ampahana (<strong>à</strong> 15 kilomètres au nord d'Antalaha), les petits Pangalanes-Est (au nord de Soanierana-<br />
Ivongo), la petite lagune de Tampolo-Fénérive (R. 96), Masianaka au sud de Vaingandrano et celles de la<br />
région de Fort-Dauphin.<br />
Parmi ces dernières, très poissonneuses et largement visitées par les espèces euryhalines (dont de<br />
gros sujets de Pomadasys operculare ou Angera, de Chrysophris sarba ou gueule pavée, de Carangues ...),<br />
il y a lieu de signaler tout particulièrement la lagune d'Anony (R. 98).<br />
En fait, ces diverses lagunes sont relativement plus poissonneuses (quantitativement) que les<br />
grands Pangalanes et elles jouent chacune un rôle intéressant dans les productions locales de poissons.<br />
Les principalés espèces sont d'ailleurs celles déj<strong>à</strong> mentionnées pour les grands Pangalanes et il est certain<br />
que leur productivité, notamment celle des lagunes constamment ouvertes, peut être fortement augmentée<br />
<strong>à</strong> la fois par l'amélioration des méthodes de pêche et par l'étude systématique de la biologie des principales<br />
espèces captu rées.<br />
La lagune d'Ampahana et la petite lagune de Tampolo-Fénérive présentent de très beaux sites, entourés<br />
de hautes futaies côtières.<br />
Les «Petits Pangalanes» comprennent les parties côtières du Marimbona et de la Soamianina ainsi<br />
qu'une lagune très étirée reliant ces deux fleuves, des canaux bordés par les classiques Hibiscus <strong>à</strong> fleurs<br />
jaunes (Varo, BM) et d'autres arbustes semi-aquatiques permettant de fixer les dunes qui les bordent.<br />
Ces petits Pangalanes servent aux transports locaux des produits.<br />
La lagune de Masianaka, de son côté, présente un aspect très différent des plans d'eau cités, car elle<br />
est essentiellement entourée de vastes rizières.<br />
La région de Fort-Dauphin présente un bel ensemble de lagunes dont la configuration générale rappelle,<br />
par certains points, celle des lagunes méditerranéennes. La lagune d'Anony, en particulier, étudiée par mon<br />
ami Lamarque (R. 98), pourra présenter par la suite un intérêt exceptionnel au point de vue adaptation de<br />
certaines espèces euryhalines dans les eaux intérieures, car la dune artificielle (travaux des dunes du Mandrare)<br />
ne sera probablement percée que toutes les quelques années. Lors de chaque ouverture de la dune,<br />
sous la pression des hautes eaux, les quantités de poissons qui pénètrent dans les eaux saumâtres sont<br />
très importantes, elles y sont souvent emprisonnées par reformation rapide de la dune. La pêche dans le<br />
lac ravitaille essentiellement le marché d'Am boasary ainsi que la mai n-d'œuvre des nom breuses concessions<br />
de sisal de la région du Bas-Mandrare.<br />
c. Parmi certains grands fleuves poissonneux non encore cités, retenons en particulier<br />
- Sur la côte Est ceux de la Bemarivo (Sambava), de l' Ankavia (Antalaha,) de l'Antanambalo (Maroantsetra),<br />
du Maningory (Fénérive), de la Mananara-,du-Sud (Vaingandrano) ;<br />
- Sur la côte Ouest ceux du Sambirano (Ambanja, de nombreuses espèces capturées dans le Sam birano<br />
ont notamment permis l'établissement des collections du Muséum sur lesquelles a travaillé Pellegrin,<br />
R. 58), du Manambaho (Maintirano), du Mangoky qui, parmi les principaux fleuves de l'Ile, compte certainement<br />
parmi les moins exploités. En effet, la partie en aval de Beroroha et allant jusqu'<strong>à</strong> la mangrove littorale<br />
traverse des zones relativement peu peuplées et, de toutes façons, cette région ne comporte pas de<br />
système routier de grand commerce. Dans beaucoup de ces cours d'eau, la production peut être améliorée<br />
par l'utilisation de grandes sennes <strong>à</strong> poche et <strong>à</strong> fil assez épais, car les filets mai liants <strong>à</strong> fil fin (pourtant très<br />
« prenants ») sont généralement trop fragiles et fréquemment, si ce n'est systématiquement, très endommagés<br />
par les Requins et les Poissons-scie.<br />
Il est curieux de constater que les fleuves semi-permanents du Sud, tels que le Fiherenana, la Linta,<br />
le Menarandra et le Manambovo n'ont, dans leurs parties côtières, de l'eau que pendant une partie de l'année,<br />
essentiellement en périodes de crues, alors que leurs cours supérieurs ont, par contre, toujours de l'eau<br />
106
et renferment, en plus d'espèces locales dulcaquicoles, des espèces euryhalines telles que le Gogo (Arius<br />
madagascariensis) et des Gobius qui voyagent entre mer et zones de moyenne altitude pendant l'époque<br />
des hautes eaux. Nous avons déj<strong>à</strong> signalé les curieuses possibilités de trouver des Gobius giuris dans le<br />
sable humide des lits de ces fleuves apparement <strong>à</strong> sec. En fait, ce type de cours d'eau est peu intéressant<br />
pour la pêche, il est peu productif et, quand il est en eau (parties côtières), les crues sont généralement<br />
tellement violentes que la pêche y est difficile. Relativement très peu d'espèces, parmi lesquelles l'Arius<br />
madagascariensis, quelques Gobius et quelques Eleotris, les Anguilles, le Megalops cyprinoïdes, les Carangues<br />
... peuvent vraiment remonter le courant.<br />
d. Grands marais (PI. 53)<br />
Parmi les grands marais de l'Ile, signalons, en particulier:<br />
- En zones côtières:<br />
Sous-préfecture de Mampikony : Marais de la Mampikony au nord-ouest de la ville et marais d'Andranomadio.<br />
Total: environ 800 hectares.<br />
Sous-préfecture de Mitsinjo : Marais d'Antseza (au sud du lac Kinkony), marais de Katondra <strong>à</strong> l'est du<br />
lac et marais de Mahazoarivo, Tsiandahatra et Betonotono le long de la Mahavavy-du-Sud. Total: environ<br />
3 700 hectares.<br />
Sous-préfecture de Besalampy : Marais au nord et nord-est de la ville, de part et d'autre des rivières<br />
Sambaokofa, Sambao, Hafay et Manongoza. Plus de 10000 hectares.<br />
Sous-préfecture d'Antsalova : Marais de Bemamba et marais situés le long de la Soahanina et du Manambolo.<br />
PIus de 5 000 hectares.<br />
Sous-préfecture de Morombe : Marais de Remoka au sud-ouest de Befandriana-Sud. Marais d'Ankazomangaau<br />
sud du Mangoky et marais d'Ikongo, Ankareforefo et Beherana <strong>à</strong> l'est de Morombe. Total:<br />
4 500 hectares.<br />
Sous-préfecture de Manakara : Marais d'Ambila (mis partiellement en valeur par des travaux du Génie<br />
rural). Plus de 2 000 hectares.<br />
Sous-préfecture de Farafangana : Marais de Fontsivony, de part et d'autre de la Manambavana, <strong>à</strong> 15 kilomètres<br />
au nord-ouest de Farafangana, Près de 15 000 hectares.<br />
- Sur les plateaux:<br />
Sous-préfecture de Bealanana : Grands marais <strong>à</strong> l'ouest de Bealanana, en limite des lacs Ankitrobaka et<br />
Matsaborimadio. Grands marais <strong>à</strong> 15 kilomètres au sud-ouest de Bealanana de part et d'autre de la rivière<br />
Maevarano. Grands marais <strong>à</strong> 25 kilomètres <strong>à</strong> l'est et au nord-est de Bealanana, de part et d'autre des rivières<br />
Maevarano et Analanana. Total: environ 6000 hectares.<br />
Sous-préfecture d'Ambatondrazaka : Marais de la basse-Sahabe (très grand marais contigu au lac dans sa<br />
partie limitée Ouest et Sud-Ouest) et marais de la moyenne-Sahabe <strong>à</strong> l'ouest d'Andilanatoby. Total: environ<br />
75 000 hectares. Marais de Didy au sud-est d' Ambatond razaka, <strong>à</strong> 25 kilomètres au sud-est d'Ambatondrazaka.<br />
Envi ron 15 000 hectares.<br />
Sous-préfecture de Soavinandriana et Miarinarivo : Marais contigus au lac Itasy, dont le marais de Fitandamba<br />
au sud du lac. Marais d'Ifanja et de Trefa, <strong>à</strong> 25 kilomètres au nord-ouest du lac. Total : environ<br />
4 500 hectares.<br />
Sous-préfecture de Tananarive-banlieue: La carte nO65 nous donne une liste assez complète des plans<br />
d'eau et marais entourant la ville dans un rayon de 25 kilomètres.<br />
Sous-préfecture d'Anjozorobe : Marais d'Anjozoromamy et d'Andranofotsy, <strong>à</strong> 30 kilomètres <strong>à</strong> l'ouest<br />
cI'Anjozorobe. Marais de Kelimantsina et marais de part et d'autre de la Manant<strong>à</strong>nana. Total: environ<br />
:2 500 hectares.<br />
107
Sous-préfecture de Fianarantsoa: Marais de la Matsiatra et de la Ranomainty, <strong>à</strong> l'est de Fianarantsoa,<br />
qui portent sur plus de 5100 hectares.<br />
Sous-préfecture de Betroka : Marais de part et d'autre du Mangoky (partie supérieure de l'Onilahy),<br />
<strong>à</strong> 25 kilomètres au sud de Betroka. Plus de 1000 hectares.<br />
Il est évident que la production piscicole de ces grands marais est excessivement variable suivant les<br />
cas, beaucoup d'entre eux ne sont que peu ou pas exploités en raison de leur situation géographique, mais<br />
les pêches relativement importantes pratiquées dans ceux de la région de Tananarive montrent <strong>à</strong> quel<br />
point ils ne doivent pas être négligés sur le plan général de la production piscicole. Une partie, faible,<br />
il est vrai, peut être aménagée par la construction de digues rustiques transformant certaines têtes de<br />
vallées en grands étangs où l'élèvement du niveau d'eau peut amener l'élimination d'une partie de la végétation<br />
semi-immergée. De plus, des trouées de pêche, notamment pour la pêche <strong>à</strong> la ligne, peuvent être<br />
pratiquées localement dans les vastes peuplements de zozoro transformant certains marais en véritables<br />
forêts de Cyperus. Il est certai n que la coupe régulière d'une partie de la végétation aquatique semi-immergée<br />
donnerait de la lumière aux eaux plongées dans l'ombre permanente et pourrait en augmenter, de ce fait,<br />
la production piscicole. Mais si ces travaux peuvent quelquefois être rentables pour des petits marais et<br />
s'ils sont souvent pratiqués en Europe, il faut bien dire que nous ne connaissons que fort mal nos marais<br />
tropicaux et que des études ultérieures devront combler nos lacunes dans ce domaine. Dans cet ordre<br />
d'idées, nous pouvons signaler les fort intéressantes recherches de D. Harding sur les vastes marais de<br />
Bangweulu (Rhodésie du Nord) sur lesquelles il fit une communication au Symposium de Lusaka (R. 226).<br />
e. Les Mangroves (PI. 53 et 70)<br />
La planche 53 localise les grandes mangroves de l'Ouest dont l'ensemble portesurenviron 300000hectares.<br />
En fait, seule la côte Ouest, dans ses vastes zones plates côtières Centre et Nord, possède de grandes<br />
mangroves <strong>à</strong> la fois irriguées par les eaux douces et soumises aux marais. L'on sait que ces régions de palétuviers,<br />
couvertes par de véritables dédales de canaux et mises <strong>à</strong> découvert aux moments des marées<br />
basses, présentent un biotope tout <strong>à</strong> fait particulier, avec des eaux saumâtres dites poïkilohalines (c'est<strong>à</strong>-dire<br />
dont la salinité est variable). Nous donnons, sur la planche 70 et <strong>à</strong> titre d'exemples, les cartes des<br />
trois mangroves dont celle de Belo-sur-Tsiribihina que nous avons eu l'occasion de prospecter tout<br />
particulièrement. Ce qui frappe tout d'abord le voyageur, parcourant ces régions en pirogue, est le peu de<br />
population qu'abrite ce milieu. Il faut dire que la mangrove se prête souvent mal <strong>à</strong> l'installation de villages,<br />
ceux-ci pourraient être lacustres, mais une abondance extraordinaire de moustiques les rendent très insalubres<br />
et ces zones ne comportent pas de rizières. Les quelques villages de pêcheurs existants sont<br />
souvent installés sur la périphérie de la mangrove: en bordure de mer sur la dune (généralement au milieu<br />
des cocotiers) ou sur la partie qui la limite vers l'intérieur des terres. D'ailleurs les pêcheurs sont généralement<br />
des riziculteurs possédant, d'une part, un village permanent <strong>à</strong> côté de leurs rizières (par exemple<br />
Kaday pour la mangrove de la Tsiribihina) et un hameau de pêche en bordure de mer (Andohapitaly, avec<br />
un point d'eau potable). Suivant les saisons, ce dernier est plus ou moins habité.<br />
La pêche dans les mangroves se pratique essentiellement aux changements de marée (montée et<br />
descente) et l'on assiste alors <strong>à</strong> des captures vraiment sensationnelles, avec une gamme d'espèces particulièrement<br />
variée. Il est fréquent de pêcher plus d'une dizaine d'espèces <strong>à</strong> chaque coup defilet et souvent<br />
plus d'une vingtaine au cours d'une même pêche. Celle-ci est généralement volontairement limitée <strong>à</strong> peu<br />
de temps (une heure) en raison des réelles possibilités de transport et de vente. Pour Andohopitaly, par<br />
exemple, les pêcheurs doivent faire cinq heures de pirogue pour remonter la Tsiribihina jusqu'au grand<br />
marché de Belo. Ces pêches sont généralement faites <strong>à</strong> la senne partant de la berge et tendue obliquement<br />
par rapport <strong>à</strong> celle-ci, le filet étant orienté de telle façon que les poissons se dirigent vers l'extrémité<br />
fixée sur le bord (la position du filet change donc suivant la progression de la marée). Les pêcheurs utilisent<br />
aussi des grandes nasses dormantes qu'Ils fixent aux palétuviers et quelquefois ils barrent totalement un<br />
petit canal de la mangrove avec des gaulettes et des feuillages, laissant deux ou trois passages derrière<br />
lesquels ils mettent en place des nasses coniques et vers lesquels ils chassent le poisson.<br />
Il est très curieux de constater <strong>à</strong> quel point les marées montantes et descendantes amènent et ramènent<br />
avec elles une masse de poissons qui suivent strictement leurs déplacements. En plus des espèces euryhalines<br />
courantes et étudiées aux paragraphes 1 et 2 du premier grand chapitre de cet ouvrage, nous pouvons<br />
rencontrer toutes les espèces étudiées dans le troisième paragraphe: « Espèces <strong>à</strong> affinités nettement<br />
108
marines, euryhalines par occasion et pénétrant dans les eaux saumâtres ». Certaines de celles-ci peuvent<br />
avoir, dans ces pêches en mangrove, une véritable importance économique et il est inutile d'insister, ici,<br />
sur l'intérêt exceptionnel que pourra présenter dans l'avenir le développement de la pêche dans ces zones<br />
privilégiées.<br />
f. Grands plans d'eau artificiels. Barrages du Génie Rural. Une réalisation intéressante du Service des Eaux et<br />
Forêts: les grands étangs de la Matsiatra (PI. 71)<br />
Parmi les grands plans d'eau artificiels, il ya lieu de signaler tout particulièrement:<br />
- Les grands réservoirs de Mantasoa et de Tsiazompaniry qui atteignent plusieurs dizaines de<br />
mètres de profondeur au niveau de leurs barrages et qui ont été créés dans des buts hydroélectriques,<br />
pour régulariser au mieux les eaux dans les plaines voisines de Tananarive au cours des saisons et pour<br />
irriguer de nombreuses terres situées en aval des barrages. La planche 71 nous fait immédiatement ressortir<br />
la configuration particulière en «doigts de gant» de ces plans d'eau situés au milieu de collines. Pour leur<br />
mise en eau, plusieurs villages, perdus au milieu des marais, ont dû être déplacés. Soumises <strong>à</strong> de grandes<br />
variations du niveau de l'eau, les berges sont peu envahies par la végétation et ce fait est un facteur limitant<br />
pour la production piscicole. Ces plans d'eau produisent néanmoins de façon intéressante du poisson et<br />
les espèces les plus pêchées sont: le Tilapia (en particulier beaux T. macrochir de Tsiazompaniry), la Carpe<br />
et le Black-bass;<br />
- Le lac de Mandroseza (23 hectares) qui constitue la principale réserve d'eau de I~ ville de Tananarive.<br />
Propriété de la Société des Eaux, il est interdit d'y pêcher;<br />
- Le lac de Mahazoarivo (10 hectares) qui fait partie de la résidence du Président de la République;<br />
- Plusieurs petits barrages hydroélectriques tels que : La Mandraka (8 hectares), Antelomita<br />
(35 hectares) et la réserve d'eau de la ville de Fianarantsoa: le petit « lac» artlflcle] de Vatosolo (5 hectares)<br />
et le barrage de Mandaratsy (5 hectares).<br />
Parmi les barrages du Génie rural qui ont des retenues d'eau importantes et, de ce fait, intéressantes<br />
pour leur production piscicole, signalons:<br />
- Amboromalandy (620 hectares) qui est, en fait, un ancien lac marécageux dont le plan d'eau a été<br />
agrandi et surélevé par la construction d'une route-digue (route Tananarive-Majunga). Cette réserve,<br />
avec celle d'Ambondrornifehy (48 hectares), dessert le réseau de Karambo dans la sous-préfecture de<br />
Marovoay;<br />
- Ivakoana (288 hectares) qui dessert, avec les réserves de Maroala (144 hectares), Anambana<br />
(97 hectares) et Marokoko (13 hectares), les terrains mis en valeur dans les marais d'Am bila (sous-préfecture<br />
de Manakara). Ces plans d'eau renferment déj<strong>à</strong> beaucoup de Tilapla et d'Anguilles;<br />
- Sahamaloto (280 hectares) situé <strong>à</strong> l'ouest du lac Alaotra (sous-préfecture d'Ambatondrazaka) ;<br />
- Ambilivily (235 hectares) qui dessert, avec la réserve de Morafeno, le réseau de Bekarara (souspréfecture<br />
de Marovoay) ;<br />
- Antanifotsy (199 hectares) qui dessert I~ «Pc. 15» au voisinage d'Ambatondrazaka ;<br />
- Maromandia (199 hectares), Bemaitso et Ambodivato qui desservent le réseau d'Andilamena ;<br />
- Ambohibao, ancien marais surélevé par le construction d'une digue et que les promeneurs et<br />
sportifs tananariviens connaissent fort bien;<br />
- Vahadraka (60 hectares) qui dessert le réseau du même nom dans la sous-préfecture de<br />
Vangaindrano.<br />
Enfin signalons, au titre des plans d'eau artificiels et comme exemple fort intéressant de transfomation<br />
de marais, l'ensemble des étangs de la Matsiatra (PL. 71) réalisés par le Service provincial des Eaux et<br />
Forêts de Fianarantsoa. Ces grands étangs, portant sur un total d'environ 225 hectares, ont été créés dans<br />
deux buts essentiels: d'une part développement de la pêche et du tourisme dans la région sud-est de Flananarantsoa<br />
où le Service a réalisé plusieurs milliers d'hectares de reboisement de pins et, d'autre part, création<br />
de pare-feu au milieu de cette essence très menacée par les incendies de brousse. L'on y pêche de fort<br />
beaux Tilapia et Black-bass, les Anguilles (essentiellement A. mossambica) y sont relativement abondantes.'<br />
109
D. Méthodes et engins de pêche (PI. 72 <strong>à</strong> 81)<br />
Dans ce vaste paragraphe que pourrait être l'étude des méthodes et des engins de pêche, nous<br />
sommes obligés de nous résumer et nous aurons essentiellement recours <strong>à</strong> la documentation par le dessin<br />
et par les photos. Certains d'entre eux ont d'ailleurs déj<strong>à</strong> été décrits en détails dans nos études. G. Petit<br />
leu r a également accordé u ne large part dans son ouvrage (R. 27) aux pages 173 <strong>à</strong> 199, 213 <strong>à</strong> 246 et dans<br />
une partie des pages 269 <strong>à</strong> 285.<br />
1. Méthode du « Tosika» et pêche au panier ou «Fanihifana ». Nasses traînantes et nasses<br />
dormantes (PL. 73 <strong>à</strong> 76)<br />
La méthode du Tosika (ME), essentiellement pratiquée sur les plateaux et, en particulier, dans les<br />
étangs et les marais aux moments des basses eaux ainsi que dans les rizières, consiste <strong>à</strong> compartimenter<br />
le plan d'eau par des diguettes de branchages et de boue que les pêcheurs font avancer méthodiquement<br />
pour réduire les surfaces dans lesquelles sont emprisonnés les polssons. Qui a vu pratiquer cette méthode<br />
a vite compris combien elle peut être destructrice pour les alevins et les petits sujets littéralement étouffés<br />
dans l'eau vaseuse et dans la boue. C'est, sans aucun doute, une méthode <strong>à</strong> proscrire et, hélas! encore trop<br />
largement pratiquée.<br />
La pêche au panier ou Fanihifana (ME) est quelque peu moins destructrice quand elle se contente de<br />
ne pas rendre l'eau trop boueuse (par des passages trop nombreux dans une même eau) et quand les alevins<br />
d'espèces intéressantes et relativement peu abondantes, telles que: Carpe, Marakely, Cyprin doré ... , sont<br />
rejetés <strong>à</strong> l'eau. Les poissons sont capturés avec des paniers ovoïdes ou nasses traînantes généralement<br />
coniques ..<br />
A la côte Est, les femmes pratiquent souvent une pêche analogue en rabattant avec de grands feuillages<br />
le poisson vers de grandes nasses fixes <strong>à</strong> grande ouverture. L<strong>à</strong> aussi, il est souhaitable que soient rejetés <strong>à</strong><br />
l'eau les alevins de Saroy, de Masovoatoaka, de Gouramier, de Fony ...<br />
Les nasses dormantes ont toujours été très utilisées <strong>à</strong> Madagascar, appâtées ou non, et nos dessins<br />
en montrent l'extrême variété. Chaque région possède ses formes bien définies par coutumes ancestrales et,<br />
il faut bien le dire, souvent remarquablement adaptées aux espèces locales et <strong>à</strong> leurs mœurs.<br />
2. Barrages: «Vila» (BM) et autres types de barrage (PL. 77)<br />
Avec l'étude de la pêche du «Zompona» (Chap. Il Mugilidés et PL. 22), nous avons vu combien étaient<br />
importantes, notamment dans la zone des Pangalanes-Est, certaines installations dénommées Vila (BM).<br />
Dans de nom breuses petites rivières ou dans les ruisseaux de marais, les populations installent des<br />
petits barrages ou Vilitoho (BM), construits la plupart du temps avec des matériaux de fortune: branches<br />
mortes, feuillages, feuilles de ravenala (dans l'Est) ou de satrana (dans l'Ouest) ... Une nasse est placée <strong>à</strong> la<br />
sortie du barrage qui est généralement « pêchant» pour la remontée des poissons.<br />
Ces Vilitoho pêchent aussi des Crevettes et un exemple tout <strong>à</strong> fait curieux et particulier <strong>à</strong> signaler<br />
est celui du canal d'Andavakamenarana (au sud d'Ambila-Lemaitso) qui, sur plus d'un kilomètre, est régulièrement<br />
sillonné, de chaque côté, d'une série de petits Vila (environ 80 au total) pour la pêche aux grosses<br />
Crevettes qui ont grandi dans les lagunes et qui retournent en masse, en saison chaude, environ d'octobre<br />
<strong>à</strong> avril, <strong>à</strong> la mer pour pondre. Ces Crevettes comportent plusieurs espèces avec ou sans longues pinces et<br />
elles voyagent essentiellement pendant les fractions sombres des nuits des périodes portant chacune sur les<br />
deux derniers quartiers de la lune. Les nasses coniques sont périodiquement mises en place le soir et relevées<br />
tôt le lendemain matin. Les bonnes captures peuvent atteindre plusieurs kilogrammes de Crevettes par Vila.<br />
Dans les régions sakalava ou tsimihety, les barrages prennent souvent le nom de Valankira et nous<br />
pouvons citer, en particulier, ceux du petit lac d'Ambalafarihy, près de Mandritsara. Le nombre de ces<br />
Valankira s'est d'ailleurs fortement accru dans ce plan d'eau avec le développement du Tilapia dans cette<br />
région ..<br />
110
3. Filets-sennes et filets maillants. Eperviers (PL. 78 et 79)<br />
Rappelons que le filet-senne (Harato kaoka, SAK, ou Haratobe, BM) est un filet généralement d'assez<br />
grande taille (au moins 50 mètres de longueur), avec des mailles de 3 ou 4 centimètres, monté avec du gros<br />
fil, avec ou sans poche, manié par plusieurs pêcheurs et qui sert <strong>à</strong> entourer les poissons que l'on tire ensuite<br />
vers la berge ou que l'on hisse dans la pirogue. Suivant les régions, le fil est souvent en Hafotrafotsy (BM),<br />
en Hafotramena (BM) ou Talamena (SAK), en Raphia (GEN), en Lombiro (SAK), en Somangana (BM, arbre<br />
poussant au bord de l'eau) ...<br />
Le filet maillant (dans lequel le poisson se maille, c'est-<strong>à</strong>-dire se prend généralement par les ouïes)<br />
est, par contre, un filet dormant (Arato mandry, GEN) que l'on laisse en place un certain temps et dans lequel<br />
les poissons viennent se prendre. La pêche se pratique soit de nuit, en laissant en place le filet plusieurs<br />
heures de suite, soit de jour, mais alors pour une durée réduite (une demi-heure ou une heure) et le pêcheur<br />
tape généralement sur l'eau ou utilise le Fidobo (BM), sorte de petit tronc de cône en bois emmanché ou<br />
une boîte vide fixée au bout d'un bâton, afin d'effrayer le poisson qui se maille quand il a fui en direction<br />
du filet.<br />
Si pour l'ensemble de l'Ile les filets étaient peu utilisés et souvent fady, c'est-<strong>à</strong>-dire interdits par la<br />
coutume, la senne était plus répandue que le filet maillant <strong>à</strong> fil fin. Pour ce dernier type l'on doit essentiellement<br />
signaler:<br />
- D'une part <strong>à</strong> la côte Est, l'Harato-jebojebo (BM), généralement long d'une trentaine de mètres,<br />
de l,50 mètre ou 2 mètres de haut avec des petites mailles de 2,5 centimètres. Connus depuis relativement<br />
peu de temps (une quarantaine d'années peut-être), ces filets sont en fil de coton et très peu lestés. Essentiellement<br />
utilisé de jour, c'est le filet parfait pour la capture des jebojebo ou Mugil robustus, des Fiampotsy,<br />
des Anketraketra, des Fony, des Saroy, des Masovoatoaka, des petites Carangues ...<br />
- D'autre part, en certains points de la côte Ouest, l'Harato-vango, souvent de grandes dimensions<br />
(certains jusqu'<strong>à</strong> 200 mètres de long et 4 ou 5 mètres de hauteur, notamment au lac Sahapy, au sud de Soalala)<br />
avec des grandes mailles de 5 ou 6 centimètres. C'est le filet <strong>à</strong> Vango ou Chanos chanos, essentiellement<br />
utilisé, lui aussi, de jour et fabriqué avec des cordelettes de Lombiro.<br />
Le nœud utilisé pour la fabrication des filets <strong>à</strong> Madagascar est toujours le nœud dit «sur le pouce ».<br />
Les ralingues sont en Hafotra mena, en fibres de cocotier ou en cordes de Lombiro.<br />
L'épervier ou Harato-atsipy (GEN) a été introduit en zones côtières par les commerçants indiens<br />
(modèle sans petites poches <strong>à</strong> !a base de la nappe). Ce n'est qu'assez rarement, en fait, que l'on voit des<br />
éperviers <strong>à</strong> la côte Ouest (Majunga, lac Amboromalandy) et plus exceptionnellement encore <strong>à</strong> la côte Est<br />
(Mahanoro, Vatomandry). Par contre, les efforts en matière de vulgarisation de la Brigade de pêche ont<br />
largement permis la multiplication des éperviers dans la région du lac Alaotra (qui en comporte en 1962<br />
près de <strong>150</strong>), dans la région de Tananarive et au lac Itasy.<br />
4. Engins divers: lignes, harpons (PL. 80)<br />
La simple ligne était connue de tous temps <strong>à</strong> Madagascar et le fil était souvent fait avec des longues<br />
fibres torsadées de feuille ou de tige de Lafa (palmier). Très souvent, la ligne comporte deux hameçons.<br />
Les harpons ou foënes sont de types très variés et encore très couramment utilisés dans toute l'Ile.<br />
5. Pièges et méthodes particulières de pêche (PL. 72 et 79)<br />
Parmi les pièges <strong>à</strong> poissons, les plus importants et les plus nombreux sont les Vovomora (BM, R. 95).<br />
Ce piège, très courant dans toute la zone des Pangalanes allant de Tamatave <strong>à</strong> Mahanoro, comprend un amas<br />
généralement fait de fougères entouré de gaulettes et dans lesquelles les petits poissons ainsi que les Crevettes<br />
viennent chercher asile. Le Vovomora est levé tous les deux ou trois jours, les fougères sont soulevées en<br />
masse, transférées immédiatement dans u ne grande nasse coniq ue, puis déversées dans .Ia pirogue où est<br />
fait le tri entre fougères remises en place et poissons et Crevettes qui restent dans l' em barcation. Les pêcheurs<br />
augmentent quelquefois le rendement de ce piège, d'une part en l'encerclant avec une grande liane avec<br />
Iii
laquelle on frappe l'eau afin qu'une partie des poissons avoisinants viennent se réfugier dans les feuillages,<br />
d'autre part, en entourant le Vovomora d'une claie, afin d'éviter la fuite de poissons au moment du transport<br />
des fougères. Les principales espèces pêchées portent sur les: Saroy, Masovoatoaka, Tohobe, Filamboay,<br />
des Crevettes, plus rarement Hintana, Laobazaho, Le Tilapla, méfiant de nature, s'y laisse rarement prendre.<br />
Inutile de dire que ce genre de capture est très néfaste si les pêcheurs ne rejettent pas <strong>à</strong> l'eau en particulier<br />
les alevins d'espèces telles que Saroy, Masovoatoaka, Laobazaha (le Tohobe est un carnivore, donc pas spécialement<br />
<strong>à</strong> protéger).<br />
Au lac Antanetibe, près d'Anjozorobe, les pêcheurs utilisaient autrefois un piègé curieux <strong>à</strong> poissons<br />
qui rappellait les trappes appâtées couramment utilisées <strong>à</strong> Madagascar pour la capture de certains animaux<br />
sauvages en forêt. Les poissons pénètrent dans un enclos en bararata par une porte coulissante (dans<br />
le sens vertical) et ils sont emprisonnés quand la porte est libérée par le mécanisme qu'Ils déclenchent.<br />
Parmi les méthodes de pêche particulières, il faut signaler celle du Konkona (BM) pratiquée sur la '<br />
côte Centre-Est, notamment dans la région de Vatomandry (lagune de Vangona, près d'llaka), de juin <strong>à</strong><br />
septembre: une vingtaine de pirogues traversent le lac le plus rapidement possible et côte <strong>à</strong> côte, Les<br />
jebojebo (Mugil robustus) affolés fuient et sautent au-dessus de l'eau, une partie retombe dans les pirogues.<br />
Les pêcheurs se partagent les captures.<br />
6. Leurres<br />
La pêche aux leurres se pratique assez rarement. La plus connue est celle de la pêche au Zompona<br />
(R. 68) dans les Pangalanes de la région de Mahanoro et de Nosy-Varika. Le pêcheur promène au bout d'un<br />
long bâton fin un poisson en bois (quelquefois peint) imitant une femelle pleine d'œufs. Les Mulets mâles<br />
qui veulent s'en approcher sont harponnés. Une pêche semblable se pratique pour le Saroy près de Nosy-<br />
Varika.<br />
7. La pêche aux poisons<br />
Dans un article récent (R. <strong>150</strong>), R. Decary nous parle en détail de la pêche aux poisons. Nous résumerons<br />
simplement, ici, les modes d'utilisation des principales plantes ichtyotoxiques couramment utilisées<br />
<strong>à</strong> travers l'Ile, en signalant que si ces méthodes sont toujours pratiquées, elles sont cependant formellement<br />
interdites par les divers textes qui ont réglementé ces dernières années l'exploitation des eaux douces.<br />
- Famamo (terme général qui veut dire: rendre ivre) : Plusieurs plantes, parmi lesquelles des Tephrosia,<br />
des Mundulea, des Derris, le Lonchocarpus ichtyochromus de la côte Ouest (légumineuses) portent ce<br />
nom. Pour les unes, ce sont les racines qui sont humectées et broyées entre des pierres et le suc obtenu est<br />
déversé dans l'eau. Pour les autres, ce sont les feuilles qui sont utilisées. Les poissons, souvent seulement<br />
engourdis et <strong>à</strong> moitié asphyxiés, viennent en partie flotter <strong>à</strong> la surface de l'eau. Cette méthode, autrefois<br />
très en pratique sur les Hauts-Plateaux merina et betsileo, a quelquefois été utilisée par des braconniers<br />
pour empoisonner des cours d'eau <strong>à</strong> Truites de l'Ankaratra et, en raison de la sensibilité de cette espèce,<br />
les méfaits étaient importants.<br />
Fin 1956, j'avais eu l'occasion de faire plusieurs expériences sur des Trultelles amenées de Manjakatompo<br />
avec le pharmacien, chef du laboratoire de chimie de l'Institut Pasteur. Le famamo utilisé était un<br />
Mundulea dont on utilise généralement les racines privées de leur écorce ou plus rarement les feuilles.<br />
Le laboratoire put isoler d'une part de la Roténone (ou ses dérivés) et d'autre part de la Saponine (les feuilles<br />
ou les racines pilées moussent abondamment sous l'eau). Je cite la conclusion du rapport du pharmacien:<br />
Il semble que ce soit: «La Saponine qui solubilise la Roténone, insoluble dans l'eau et lui permette<br />
ainsi d'agir par action physiologique hémolytique (action très probable sur système nerveux) et non, comme<br />
on le croyait couramment jusqu'ici, par simple action mécanique des particules de Roténone fixées sur<br />
les ouïes»;
l"<br />
1<br />
1<br />
- Famato, laro (Sud-Ouest) : Le latex de plusieurs grandes euphorbes (dont l'Euphorbia laro) est<br />
récolté frais et mélangé <strong>à</strong> du sable pour en faire des votsy (VZ), sortes de boules semi-friables que l'on Jette,<br />
par la suite, dans l'eau. Les poissons sont peu <strong>à</strong> peu engourdis et paralysés, les uns flottent, couchés sur le<br />
flanc, les autres tombent au fond de l'eau:<br />
- Mangahazo gasy : Le mangahazo gasy est un manioc sauvage ichtyotoxique, excessivement amer<br />
et utilisé quelquefois pour la capture des poissons (il est nécessaire d'utiliser alors des fortes doses). Une<br />
espèce de manioc <strong>à</strong> très petites feuilles et utilisée en zones côtières comme haie vivante possède les mêmes<br />
propriétés.<br />
8. Pirogues<br />
La planche 77 nous donne les diverses formes que peuvent avoir les pirogues qui sont toujours monoxyles,<br />
c'est-<strong>à</strong>-dire taillées dans un seul tronc d'arbre. Un problème qui devient de plus en plus crucial et<br />
alarmant est celui qui porte sur la possibilité de se procurer de telles embarcations par suite de la raréfaction<br />
des gros arbres, d'une façon générale, et des bonnes essences, en particulier.<br />
Si toutes les essences peuvent plus ou moins convenir pour la fabrication des pirogues, et l'on en voit<br />
actuellement souvent en Eucalyptus (qui se fend beaucoup) ou même en kapokier (bois très tendre qui ne<br />
dure que quelques mois), les bois les plus couramment utilisés sont les suivants:<br />
- Dans l'Est:<br />
Alampona = Hibiscus spp.<br />
Voanana = Sioanea spp.<br />
Arina = Bridelia tulasneana.<br />
Sevalahy = Entada pervillei.<br />
Varongy = Ocotea spp.<br />
Mongy = Croton spp.<br />
Volomborona = Albizzia sassa.<br />
Tavolo = Ravensara spp.<br />
Ambora = Tamborissa spp.<br />
Ramy = Canarium madagascariensis.<br />
Vintanina = Calophyllum spp.<br />
Rotra = Eugenia spp.<br />
Nanto = Capurodendron spp (et diverses Sapotacées).<br />
Lalona =Weinmania spp.<br />
Longotra mena = Cryptocaria spp.<br />
Hazina (Kijy) = Symphonia spp.<br />
- Dans l'Ouest:<br />
Anakaraka = Cordyla madagascariensis.<br />
Aboringa = Hildegardia erythrosiphon.<br />
Monongo = Xantoxylum sp.<br />
Pamba (kapokier).<br />
Ramy rouge = Canarium madagascariensis.<br />
Rotra = Eugenia sakalavarum.<br />
Sambalahy = Albizzia spp.<br />
Sandrasy = Albizzia spp.<br />
Sohihy = Adina microcephala.<br />
Sefo = Givotia madagascariensis.<br />
Taly = Terminalia mantaly.<br />
Vory = Chlorophora greiveana.<br />
Le Madiro (Tamarindus indica) aussi connu sous son nom sakalava et vezo de Kily est rarement utilisé.<br />
Çar très dur. '<br />
113
La planche 81 nous représente, par ailleurs, la pirogue utilisée par les Vezo aussi bien sur l'Onilahy<br />
qu'en mer. Elle nous précise également les diverses essences utilisées (de façon presque rituelle) suivant<br />
les diverses parties de l'engin et l'on est étonné que ce type d'embarcation <strong>à</strong> balancier, très stable et répandu<br />
sur toute la côte Ouest, n'ait jamais été adopté <strong>à</strong> la fois sur la côte Est et sur nos grands lacs intérieurs<br />
où le vent provoque pourtant souvent de fortes vagues (lacs Alaotra, Kinkony, Itasy, lacs des Pangalanes tels<br />
que: Nosive, Rasoabe, Ihosy ou Alanampotsy).<br />
9. Pêches des Crevettes, des Camarons, des Ecrevisses et des Crabes (PL. 80)<br />
Sans vouloir nous étendre sur ces pêches, qui dépassent le cadre de cet ouvrage « Poissons », il nous<br />
a cependant paru difficile de les passer entièrement sous silence .<br />
. Les Crevettes comportent, <strong>à</strong> Madagascar, de très nombreuses variétés dont plusieurs sont d'ailleurs<br />
euryhalines, avec migrations saisonnières entre mer et eaux saumâtres ou douces, notamment dans les<br />
Pangalanes-Est et dans les mangroves de l'Ouest. Très répandues <strong>à</strong> travers toute l'Ile, e!les portent les noms<br />
de Patsa (BM, ME), Tsivaky (SAK), Tsitsika (SAK, VZ, pou r des grosses Crevettes). Elles sont souvent captu rées<br />
aux nasses traînantes souples (PL. 73) ou au filet moustiquaire et dans beaucoup de matsabory de l'Ouest,<br />
ainsi d'ailleurs que dans certaines mangroves, les pêches sont vraiment extraordinaires. Dans les Pangalanes-<br />
Est, elles sont essentiellement captu rées au Vovomora.<br />
Les Camarons sont de très grosses Crevettes (que l'on appelle quelquefois en français des bouquets)<br />
habitant essentiellement les zones rocheuses des rivières de moyen nes et basses altitudes. Ce sont les Orano<br />
ou Orambato (BM) que les femmes pêchent au tanamilaho (BM), sorte de petit panier fixé au bout d'un long<br />
manche et qu'elles posent pendant une dizaine de minutes dans les trous du lit de la rivière, le panier étant<br />
appâté avec des Mollusques (Sifotra) écrasés. Parmi les Camarons, il y a lieu de signaler, dans les ruisseaux de<br />
pleine forêt, une espèce particulièrement grande et <strong>à</strong> très longues pinces, aux couleurs vives bleu, vert<br />
et rose, appelée Rangaza (BM), Rakaho (BM) ou Rofitrako (BM).<br />
Les Ecrevisses ou Oram-bokoka (BM), aussi appelées Orambato (ME), sont très nombreuses dans certaines<br />
rivières de moyennes et hautes altitudes. H. Poisson (R. 208) en a fait une étude fort intéressante en<br />
nous précisant les diverses variétés. Il est probable que la régression des Ecrevisses est en relation directe<br />
avec le déboisement progressif de l'Ile. Certaines régions en sont cependant encore particulièrement riches,<br />
notamment celle des diverses falaises du versant est de l'Ile, celle de la Mandraka (Ambatolaona) et celle de<br />
l'Ankaratra (Ambatolampy).<br />
Les Crabes présentent également de très nombreuses variétés et des grandes formes existent particulièrement<br />
en zones côtières et dans les mangroves où leur exploitation, encore très réduite, mériterait<br />
une attention toute particulière, en raison de leur abondance. Actuellement les gros Crabes de palétuviers<br />
sont transportés par camion de la région de Majunga <strong>à</strong> Tananarive et ils restent parfaitement vivants pendant<br />
plusieurs jours, entassés dans des sou biques, <strong>à</strong> condition qu'Ils restent enrobés de la vase humide et salée<br />
dans laquelle ils ont été pêchés.<br />
1/4<br />
Les Crabes sont généralement connus sous le nom générique de Foza.<br />
E. Améliorations des engins et des méthodes de pêche<br />
Beaucoup d'engins traditionnels, en particulier les nasses, ne semblent pas avoir besoin d'améliorations.<br />
C'est sur la vulgarisation du filet en nylon et en particulier du filet maillant que nos efforts doivent<br />
porter au cours des années <strong>à</strong> venir. L'utilisation de ce type de filet, largement expérimenté ces dernières<br />
années par la Brigade de pêche et dont nous recommandons une beaucoup plus large utilisation, appelle<br />
les observations suivantes:<br />
1. Le filet maillant, par sa légèreté et sa grande maniabilité, présente sur le grand filet-senne, de<br />
mêmes dimensions, plusieurs avantages:<br />
D'une part, le maniement du filet peut être fait par une équipe réduite de deux hommes et même<br />
par un seul pêcheur.
La pêche peut être faite avec autant de facilité sur les bords des plans d'eau que vers le large.<br />
La pêche permet au pêcheur de rester dans son embarcation et elle permet de travailler dans des<br />
zones dont les fonds très vaseux rendent la technique <strong>à</strong> la senne très difficile et souvent peu payante par<br />
suite de la lenteur des opérations (le Tilapia, en particulier, est très farouche et très méfiant et il faut refermer<br />
beaucoup plus vite les sennes que pour d'autres espèces). Le filet maillant doit d'ailleurs être peu plombé, ce<br />
qui rend la nappe très souple et ce qui présente un autre avantage pour la pêche sur fonds très vaseux.<br />
Enfin, le prix des filets mai liants est beaucoup plus faible que celui des sennes, mais ceci ne doit pas<br />
condamner la senne très rentable et <strong>à</strong> conseiller dans bien des cas;<br />
2. Ce type de filet est d'autant plus « prenant» que le fil utilisé est plus fin et, de ce fait, moins<br />
visible et moins repéré par le poisson dont les cellules sensorielles lui indiquent, probablement par échosondage,<br />
la distance qui le sépare d'un objet immergé. Bien entendu, les filets mai liants seront toujours de préférence<br />
en nylon, matériau qui permet d'avoir des fils fins et imputrescibles.<br />
Etant donné que la grande finesse du fil entraîne obligatoirement un état plus délicat des nappes<br />
(filet proprement dit, compris entre les deux ralingues), l'on se limitera généralement aux fils suivants:<br />
- 13400 ou 10000 pour des filets <strong>à</strong> mailles de 3 centimètres, 4 centimètres et 5 centimètres;<br />
- 10000 ou 6 600 pour des mailles de 6 centimètres avec des ralingues de 5 millimètres de diamètre.<br />
Pour les sennes, le fil couramment utilisé sera du 4440 (et 3330 pour les poches, s'il y en a) avec<br />
des ralingues d'au moins 8 millimètres;<br />
3. La grandeur de la maille influe évidemment sur la grandeur correspondante des prises. Mais il faut<br />
distinguer deux catégories de poissons quant <strong>à</strong> ce calibrage:<br />
D'une part, des espèces telles que les Tllapla, Marakely, Saroy, Masovoatoaka, Kotso, Fiambato, Vango,<br />
Mokosa, Fiampotsy, jebojebo. Zompona ... qui sont strictement calibrés par les grandeurs des mailles des filets<br />
et pour lesquels nous pouvons donner, <strong>à</strong> titre d'exemple, les corrélations relatives au Tilapia (melanopleura<br />
et macrochir) du lac Alaotra :<br />
Maille Longueur des Tilapia Poids<br />
(côté) capturés moyens<br />
- - -<br />
3 centi mètres 15 <strong>à</strong> 17 centimètres 8Çgrammes<br />
4 centimètres 19 <strong>à</strong> 22 ceriti mètres 170 grammes<br />
4,5 centi mètres 21 <strong>à</strong> 24 centi mètres 225 grammes<br />
5 centi mètres 23 <strong>à</strong> 25 centimètres 280 grammes<br />
6 centimètres 26 <strong>à</strong> 28 centimètres 350 grammes<br />
D'autre part, des espèces qui ne se prennent pas seulement par les ouïes en essayant de traverser<br />
les mailles qui correspondent juste <strong>à</strong> l'épaisseur de leur corps au niveau des opercules, mais qui se prennent<br />
aussi dans la nappe par leurs épines dentelées en accostant le fil (en particulier par le premier rayon osseux<br />
souvent fortement denticulé de la première dorsale, quelquefois par le premier rayon de l'anale ou de la<br />
pectorale ... ). Le filet arrive <strong>à</strong> prendre de cette façon des sujets de toutes tailles, avec généralement cependant<br />
un assez grand nombre de poissons calibrés par la maille. Il en est ainsi particulièrement de la Carpe, du<br />
Cyprin et du Gogo et nous pouvons citer, entre autres, la pêche récente au lac Kinkony d'un gros Gogo<br />
de 3,800 kilogrammes avec un filet maillant ayant des mailles de 5 centimètres seulement et du fil nO 10000;<br />
4. Le filet maillant en tressé de nylon peut bien être fait avec le nœud courant «sur le pouce »,<br />
mais le nœud doit être serré d'un coup sec afin que le nylon ne glisse plus. Pour le montage, une nappe,<br />
mailles tirées, doit donner un filet définitif, en position de pêche, de la moitié de la longueur seulement<br />
(100 mètres tirés donnant 50 mètres, soit 50 p. 100 de flou), afin que la nappe reste très souple (alors que<br />
pour la senne, le filet définitif comportera les 2/3 de la longueur totale étirée de la nappe 100 mètres -<br />
66 mètres).<br />
Le chanvre de Manille, qui est une fibre tirée d'un bananier qui pousse fort bien <strong>à</strong> Madagascar (Musa<br />
textilis), pourrait aussi, dans le cadre du développement économique du pays, être envisagé comme matériau<br />
de fabrication des filets et des éperviers;<br />
5. Le tramail (
poche <strong>à</strong> travers l'une des nappes extérieures <strong>à</strong> très grandes mailles. Ce filet peut être intéressant dans<br />
certains cas, mais nous ne .Ie conseillons pas particulièrement, car le démaillage des poissons pris est très<br />
long et, de plus,ïe prix du filet est plus élevé que celui des nappes maillantes ordinaires. .<br />
F. Problèmes que pose la réglementation de la pêche dans les eaux libres<br />
D'une manière très générale et pour envisager le problème d'un point de vue réaliste, il convient<br />
de souligner que:<br />
1. Le personnel chargé de la surveillance de la pêche est et restera encore longtemps insuffisant;<br />
2. Nos connaissances actuelles sont encore très fragmentaires en ce qui concerne la biologie précise<br />
de la plupart des espèces et vouloir, dans ces conditions, établir une stricte réglementation, paraît être<br />
très prématuré. Il a donc été prévu, notamment pour répondre <strong>à</strong> l'article 34 (3) de l'ordonnance nO 60-126<br />
du 3 octobre 1960 fixant le régime de la chasse, de la pêche et de la protection de la faune, une réglementa-·<br />
tion souple et très simplifiée (fixation des dimensions minimum des différentes espèces par simple arrêté<br />
du Ministre chargé de l'Administration des Eaux et Forêts. Cet arrêté a été pris sous nO2233 MAP/FOR du<br />
22 décembre 1960);<br />
3. Il ne faut pas oublier qu'<strong>à</strong> Madagascar les principales pêches sont faites en vue d'améliorer la nourriture<br />
familiale tout au cours de l'année;<br />
4. L'introduction du Tilapia <strong>à</strong> Madagascar a permis au pays de posséder une espèce <strong>à</strong> très forte résilience<br />
(caractérisée par une haute prolificité, un taux de survie élevé et une croissance rapide) et, par suite<br />
de la rapide surpopulation qui s'installe dans tout plan d'eau empoissonné avec cette espèce, il est même<br />
indispensable de pêcher toute l'année pour avoir le maximum de production et empêcher la pullulation<br />
des poissons qui nuit aux croissances individuelles;<br />
5. Pour la Truite, espèce <strong>à</strong> exigences bien particulières, la réglementation déj<strong>à</strong> fixée par l'arrêté<br />
nO650 du 8 avril 1960 paraît convenir parfaitement et doit être maintenue (dates d'ouverture et de fermeture<br />
de la pêche et taille minimum de 20 centimètres);<br />
6. Pour l'Anguille, espèce très carnivore et <strong>à</strong> mœurs essentiellement nocturnes, je n'hésiterai pas<br />
<strong>à</strong> préconiser la pêche de nuit. D'ailleurs les pêches expérimentales faites au lac Alaotra par la Brigade de<br />
pêche ont permis de montrer que les pêches faites au bord du lac étaient surtout fructueuses le jour en<br />
Tilapia et la nuit en Carpes et en Cyprins. Dans ces conditions, les pêches de nuit, qui sont déj<strong>à</strong> couramment<br />
pratiquées, doivent être autorisées, car elles ne sont nullement destructives. Dans cet ordre d'idée, il y a<br />
lieu d'envisager, pour toute nouvelle réglementation, la suppression des dispositions restrictives prévues<br />
par d'anciens textes; .<br />
,<br />
7. Si la réglementation peut être assouplie sans inconvénient, il faut néanmoins insister sur le fait que<br />
certaines méthodes courantes sont hautement destructrices et qu'elles devront être formellement prosentes<br />
:<br />
- La pêche <strong>à</strong> l'explosif, l'utilisation des armes <strong>à</strong> feu, la pêche électrique;<br />
- La pêche aux substances toxiques de toute nature (famamo, kofafo, latex d'euphorbes, produits<br />
chlrnlques, produits insecticides, désherbants ou fongicides, etc.) ; .<br />
- Le barrage fixe et complet des lagunes, rivières, bras morts de rivières ... (méthodes notamment<br />
très destructrices au moment des basses eaux) ;<br />
- Les pêches massives de très petits poissons faites par certaines méthodes et pratiquées dans les<br />
marais au barrage mobile (méthode du Tosika par exemple, sur les plateaux) ou au piège, dans les Pangalanes-Est<br />
notamment (méthode du Vovomora), et pour lesquelles les sujets capturés de moins de 7 centimètres<br />
doivent être systématiquement remis <strong>à</strong> l'eau. Bien entendu il n'y a pas de limitation de taille <strong>à</strong> prévoir pour<br />
les Gambusies (Pirina) ou d'autres espèces qui restent de petite taille telles que les Blchlques, mais il yalieu<br />
de citer notamment, parmi les espèces <strong>à</strong> protéger des pêches abusives: la Carpe, le Cyprin doré (Trondro<br />
gas.y), le Gouramier, le Marakely, le Marakely <strong>à</strong> bosse, les Masovoatoaka et Damba, le Saroy, les divers Mulets,<br />
.Ies.fiana ...<br />
'/'16
La pêche <strong>à</strong> la ligne de petits sujets des espèces mentionnées ne porte que sur une petite quantité<br />
de poissons et elle peut, de ce fait, être tolérée. Mais toute pêche massive d'alevi ns (sauf le Ti lapia) doit<br />
être proscrite. Si la réglementation doit rester essentiellement souple et ne doit ni empêcher les gens de<br />
se nourrir, ni leur imposer lin cadre trop rigide <strong>à</strong> leurs activités de pêche, il est cependant essentiel de leur<br />
faire comprendre qu'il est absolument désastreux de voir de véritables hécatombes de très jeunes sujets qui<br />
doivent être remis <strong>à</strong> l'eau en vue d'assurer l'avenir des peuplements et une meilleure productivité des eaux.<br />
Aussi tous les alevins de moins de 7 centimètres des espèces courantes déj<strong>à</strong> mentionnés doivent être rejetés<br />
immédiatement <strong>à</strong> l'eau lors des captures. Les pêcheurs peuvent être éduqués, <strong>à</strong> la longue, sur ces<br />
problèmes.<br />
Il est des cas particuliers concernant certaines espèces ayant des conditions de reproduction bien<br />
spéciales et qui permettent une facile destruction des reproducteurs:<br />
- D'une part, le Ptychochromis betsileanus ou Trondro maint y du lac Itasy que les pêcheurs détruisent<br />
par la méthode locale du Katrokatro ;<br />
- D'autre part, l'Agonostomus telfairi ou Mulet d'eau douce que l'on rencontre dans certains<br />
cours d'eau de la côte Est et que les pêcheurs harponnent en octobre pendant que les parents, immobiles,<br />
surveillent leurs œufs ou leur progéniture.<br />
L<strong>à</strong> aussi, il y a lieu d'éduquer les pêcheurs pour leur faire comprendre tout le côté destructif de<br />
telles pêches qui font disparaître <strong>à</strong> la fois les reproducteurs, les œufs ou les jeunes alevins qui, sans la protection<br />
de leurs parents, sont la proie des premiers prédateurs venus.<br />
Il doit être également interdit toute méthode qui consiste <strong>à</strong> détourner un cours d'eau de son lit<br />
pour le mettre <strong>à</strong> sec dans un but de pêche;<br />
8. Enfin, en ce qui concerne la pêche au filet, la dimension minimum des mailles a été fixée <strong>à</strong> 3 centimètres<br />
(arrêté nO334jSEjEFjCG du 5 décembre 1955). Cette dimension semble convenir dans beaucoup de<br />
cas et peut être maintenue, mais il faut mentionner que les arato-jebojebo fréquemment utilisés <strong>à</strong> la côte Est<br />
pour les Mugil robustus n'ont souvent que des mailles de 2,5 centimètres de côté.<br />
Suivant les plans d'eau ou les régions, une réglementation particulière pourra fixer les dimensions<br />
minimum des mailles des filets ou des nasses et prohiber, de façon très explicite et précise, certains modes<br />
de pêche.<br />
En conclusion, ce qui semble surtout important, dans l'esprit de toute réglementation en matière<br />
de pêche, c'est d'éviter, <strong>à</strong> tout prix, une destruction massive d'alevins des espèces intéressantes et de prohiber<br />
certai~es méthodes de pêches particulièrement meurtrières <strong>à</strong> cet égard.<br />
1/7
PRODUITS DE LA PÊCHE ET DE LA PISCICULTURE<br />
CHAPITRE III<br />
A. PRODUCTION GÉNÉRALE ET CONSOMMATION ACTUELLE DU POISSON.<br />
PRÉPARATION ET COMMERCIALISATION (PL. 82 <strong>à</strong> 84)<br />
1. Production<br />
En réalité nous n'avons que très peu de chiffres sur les tonnages exacts pêchés et ce n'est que pour<br />
le lac Alaotra que nous disposons de renseignements par les expéditions faites par les gares (essentiellement<br />
Am batosoratra et And reba).<br />
Il y a quelques années, il était expédié par le train environ 250 tonnes de poisson fumé en moyenne<br />
par an, quantités auxquelles il fallait ajouter celles exportées par camions de la côte ouest du lac (au maximum<br />
<strong>150</strong> tonnes, ce qui représentait un équivalent en poisson frais d'environ 1300 tonnes (+ consommation<br />
en frais).<br />
Plus récemment, en 1961, les statistiques d'expéditions de poissons fumés et frais par les gares<br />
s'établissaient comme suit:<br />
- Am batosoratra .<br />
- Andreba .<br />
477,625 tonnes dont 127,565 tonnes en frais,<br />
157,672 tonnes dont 5,289 tonnes en frais.<br />
Aux pêches faitesdans le lac proprement dit, il faut ajouter celles opérées dans les autres plans d'eau<br />
(rivières, marais) de la cuvette du lac.<br />
L'on peut penser que la consommation locale de poisson, essentiellement <strong>à</strong> l'état frais, représente<br />
environ 50 p. 100 des pêches totales, ce qui porte la production qui dépassait déj<strong>à</strong> 2500 tonnes par an,<br />
il y a quelques années, <strong>à</strong> environ 4000 tonnes actuellement pour l'ensemble de la cuvette du lac, chiffre<br />
cependant encore faible en face des réelles possibilités de cette région.<br />
Pour l'ensemble de Madagascar et pour 1962, on peut admettre un chiffre de production totale<br />
oscillant autour de 25000 tonnes, ce qui correspond <strong>à</strong> des captures moyennes de l'ordre de 46 kilogrammes<br />
par hectare et par an. Ces chiffres sont encore faibles et semblent essentiellement dû <strong>à</strong> deux causes:<br />
- D'une part aux méthodes de pêche encore trop souvent peu productrices (nasses, lignes,<br />
barrages) ;<br />
- D'autre part aux vastes superficies très peu exploitées et parmi lesquelles nous pouvons citer,<br />
en particulier, les zones centrales des grands lacs (Alaotra, grands lacs de l'Ouest et ceux des Pangalanes),<br />
certains grands marais pourtant assez poissonneux, les mangroves de l'Ouest.<br />
2. Consommation<br />
Le producteur malgache est surtout un autoconsommateur et, pour l'ensemble de l'Ile, plus de<br />
75 p. 100 si ce n'est 80 p. 100 du poisson est consommé frais, essentiellement sur place.<br />
Des lacs tels que Alaotra, Kinkony et Amparihibe-Sud, ceux de la région de la Tsiribihina, d'Ambato-<br />
Boéni et de Maevatan<strong>à</strong>na, le Bas-Onilahy et la Basse-Betsiboka (région de Marovoay), les Pangalanes en ce<br />
qui concerne les pêches du Zompona, pour ne citer que ces plans d'eau, comptent parmi ceux où la vente<br />
,1/9
de poisson fumé est relativement importante par rapport aux quantités totales pêchées. Mais dans la majorité<br />
des cas, notamment les lacs de la région Centre-Ouest, la consommation sur place est dominante et<br />
les pêches réelles sont fortement limitées par le facteur: difficultés d'évacuation et de transport vers les<br />
grands centres des Hauts-Plateaux.<br />
Les marchés urbains représentent encore, de leur côté, de grandes possibilités pour les ventes accrues<br />
en poisson frais et en produits préparés.<br />
3. Préparation du poisson<br />
Pour la préparation des espèces pêchées dans les eaux intérieures, le fumage est a règle générale,<br />
le salage ne constitue que quelques cas portant sur des tonnages très faibles: petites Anguilles fendues et<br />
salées, essais de Carpes salées dans la région de Morondava-Belo-sur-Tsiribihina (bons produits, pendant<br />
quelques semaines, mais qui rancissent avec le temps, en raison de la forte teneur en graisses), espèces<br />
euryhalines quelquefois salées par des commerçants chinois sur la côte Est et plus fréquemment salées sur<br />
la côte Ouest ... Il n'y a pas encore eu d'essai de salage de gros Tilapia, découpés en lanières, salés et séchés<br />
au soleil, comme cela se pratique assez couramment dans certai nes régions d'Afrique (où les Tilapia atteignent<br />
cependant des tailles plus fortes) ou pour les poissons de mer en zone vezo.<br />
Il faut aussi signaler le séchage simple au soleil des petites espèces: Blchlques, Gambusies (pratiquement<br />
dans toute l'Ile), plus récemment le Lebistes reticulatus, limité encore <strong>à</strong> la région de Tananarive<br />
(mais qui a un goût légèrement amer), le Rheocles alaotrensis de la zone nord du lac Alaotra et que l'on<br />
reconnaît facilement sur les marchés <strong>à</strong> ses nageoires qui restent rosées ... et le séchage des petites Crevettes<br />
: les Patsa très prisées par le consommateur malgache (Caridines de l'Ouest, spécialité des Patsan' i<br />
Oidy de la cuvette sihanaka ...).<br />
Les diverses .méthodes de fumage, telles qu'elles sont pratiquées actuellement dans certaines régions de l'Ile,<br />
peuvent être décrites comme suit:<br />
1. Fumage du Zompona (Mugil macrolepis) et d'autres espèces dans la région des Pangalanes-Est<br />
Les sujets dépassant dix centimètres sont vidés. Quand le poisson est très gros, il est fendu par le<br />
dos dans toute sa longueur et ouvert pour pouvoir être posé <strong>à</strong> plat sur la claie en treillis métallique qui<br />
domine un feu de braises d'environ 80 centimètres. Afin que la fumée pénètre bien les chairs, les poissons<br />
sont recouverts d'une natte qui retient la fumée et l'empêche de se volatiliser trop vite. Une excellente<br />
fumée est obtenue en posant des feuilles vertes de manguier sur les braises ardentes. Presque tous les bois<br />
autochtones et l'eucalyptus sont bons, mais les bois résineux sont <strong>à</strong> proscrire, car la résine imprègne les<br />
chairs et leur donne un goût très âcre. Inutile de dire, ici, que le feu ne doit pas flamber <strong>à</strong> grosses flammes<br />
pour éviter de cuire le poisson au lieu de le fumer. Généralement les poissons ne sont posés sur les claies<br />
qu'après un premier feu qui a eu pour but de faire une bonne quantité de braises.<br />
Le fumage, de un <strong>à</strong> trois jours suivant que la conservation que l'on veut obtenir doit elle-même durer<br />
une <strong>à</strong> quatre semaines, est toujours suivi d'un séchage de quelques jours. Celui-ci est réalisé par beau<br />
temps au soleil, sur le toit de la case ou au-dessus du foyer familial où la famille prépare journellement ses<br />
repas.<br />
2. Fumage au lac Kinkony des produits destinés <strong>à</strong> la vente (région de Mitsinjo, au sud-ouest de Majunga)<br />
Les pêches les plus importantes du lac portent sur le Kotso (SAK) ou Damba (ME), sur le Gogo (SAK)<br />
et sur les Tllapla que l'on vend couramment fumés et en assez grosses quantités sur le Zoma de Tananarive.<br />
La première espèce (Paretroplus petiti) a une cavité abdominale très réduite et il est fumé très frais,<br />
ce qui nous permet d'expliquer pourquoi il supporte de ne pas être vidé (ce genre de fumage est également<br />
bien connu en Extrême-Orient pour des espèces herbivores). Il n'est d'ailleurs pas écaillé. L'Arius madagascariensis,<br />
carnivore, est par contre toujours vidé et fendu longitudinalement.<br />
120
Les poissons sont tout simplement posés <strong>à</strong> plat sur une grande claie, distante de 50 centimètres <strong>à</strong><br />
mètre du sol, et un feu est a!lumé sous les poissons qui sont retournés de temps en temps. Ces feux sont<br />
généralement protégés des pluies par un grand hangar qui les domine et une même installation de fumage<br />
sert souvent <strong>à</strong> deux ou trois familles. En saison sèche, l'air très sec hâte favorablement la dessication du<br />
poisson fumé et en permet aussi une plus longue conservation.<br />
3. Fumage dans les régions Ouest et Sud<br />
Au lac Ihotry (lhotry-Tongobory, vallée de l'Onilahy), tout le long de la côte habitée par les Vezo<br />
(en gros d'Androka <strong>à</strong> i"lorondava), sur une bonne partie de la côte sakalava (au nord de Morondava) et<br />
sur presque tous les lacs de l'Ouest, les poissons sont généralement cuits-fumés auprès d'un feu fait en plein<br />
air. Les poissons gardés entiers jusqu'<strong>à</strong> 15 centimètres, fendus en deux au-del<strong>à</strong> de cette taille, éviscérés et<br />
étêtés pour les sujets les plus grands, sont maintenus entre les deux branches d'un bambou fendu ou par<br />
une tige de bois dont les parties inférieures sont piquées dans le sol au voisinage immédiat du feu.<br />
Le poisson, <strong>à</strong> moitié cuit, est fumé et séché au voisinage des braises qu'une fine brise maintient généralement<br />
incandescentes.<br />
Souvent ces tiges sont disposées en cercle autour du feu central. Quand l'air est sec, il permet une<br />
meilleure conservation de ce poisson trop cuit et pas assez fumé pour que sa bonne conservation aille au-del<strong>à</strong><br />
d'une ou deux semaines. Le poisson ainsi préparé contient encore beaucoup d'eau (30 <strong>à</strong> 40 p. 100) et il<br />
est assez friable.<br />
4. Fumage dans la région du lac Alaotra<br />
Les poissons sont vidés et enfilés sur des tiges de roseaux (bararato) qui les prennent par les ouïes<br />
et traversent la bouche. Ils sont ensuite mis <strong>à</strong> sécher au soleil pendant quelques heures, puis fumés au-dessus<br />
d'un feu fait généralement en plein air. Ce feu est souvent pratiqué dans un trou long de l,50 mètre ou<br />
2 mètres, large de 1 mètre environ et profond de 40 centimètres. Il est pratiqué avec des branches sèches<br />
d'eucalyptus dont les feuilles n'ont pas été enlevées et des feuilles de fougères qui donnent une fumée épaisse.<br />
Le produit fumé est <strong>à</strong> moitié cuit, très irrégulièrement fumé et souvent un peu carbonisé, d'où son<br />
aspect noirâtre et poudreux par endroits. Malgré cette préparation très défectueuse qui ne permet qu'une<br />
conservation limitée <strong>à</strong> trois semaines en saison sèche et deux semaines environ en saison humide, ce produit<br />
se vend en grosses quantités dans toute la région de Tamatave: Vavatenina, Fénérive, Tamatave, Brickaville<br />
et même Vatomandry, <strong>à</strong> Moramanga et <strong>à</strong> Tananarive. Il est connu sous le nom de Besisika ou Talapia maina.<br />
Quelquefois, en particulier dans le village d'Ambodivoara, ce fumage se fait avec de la bouse de vache<br />
séchée dont le feu couve lentement et qui émet une fumée très légère et bleutée. Les poissons sont alors<br />
recouverts par une natte qui facilite la pénétration de la fumée dans les chairs. Contrairement <strong>à</strong> ce que l'on<br />
pourrait croire, ce fumage ne donne pas de mauvaise odeur au poisson et le produit obtenu est plutôt<br />
mieux fumé et surtout moins carbonisé que par la technique précédente.<br />
5. Fumage des Anguilles sur le Haut-Maningory<br />
Sur le bord du Maningory, non loin du déversoir du lac, se pratique, en période d'avalaison (novembre<br />
<strong>à</strong> février), la pêche et le fumage des Anguilles.<br />
Les Anguilles sont coupées en rondelles d'environ 1,5 centimètre d'épaisseur et fumées au-dessus<br />
d'un feu allumé sous un hangar où les hommes passent la nuit et d'où ils surveillent leurs instal!ations de<br />
pêche. Les rondelles fumées et brillantes de graisse sont généralement assemblées par deux paquets de<br />
six en vue de leur vente. Elles sont bien connues sur le marché de Tananarive (de décembre <strong>à</strong> mars) sous le<br />
nom de Kitson' ama/ona.<br />
ü,
4. Commercialisation (PL. 82)<br />
Nous avons déj<strong>à</strong> dit que la partie des pêches faites dans les eaux intérieures et réellement<br />
commercialisée portait sur environ un quart ou un cinquième des captures, dont la moitié environ vendue<br />
dans les vingt principaux grands centres de l'Ile.<br />
Y. Thérézien, dans une étude récente dont des extraits ont paru dans « Bois et Forêts des Tropiques»<br />
(R. 106), caractérise ai nsi les ci l'cuits com merci aux du poisson pêché dans le lac Alaotra :<br />
«Actuellement les ci rcuits co IIImerci aux sem blent caractérisés par pl usieu rs facteu rs : les acheteu rs<br />
sont nombreux, ils achètent les poissons aux producteurs par petites quantités: quelques dizaines de kilogrammes<br />
<strong>à</strong> la fois et <strong>à</strong> très bas prix, 20 <strong>à</strong> 30 francs le kilogramme s'il s'agit de poissons frais, 50 <strong>à</strong> 60 francs s'il<br />
s'agit de poisson fumé par méthode traditionnelle. Ensuite, ils revendent très cher ces mêmes produits, soit <strong>à</strong><br />
Moramanga, soit <strong>à</strong> Tananarive. Ce sont surtout les petits com merçants malgaches qui travaillent dans les conditions<br />
que nous venons d'évoquer. Ils transportent en général eux-mêmes leurs poissons par taxi-brousse ou<br />
dans de petites camionnettes, c'est donc un commerce caractérisé par de très gros bénéfices réalisés sur de<br />
petites quantités de marchandises.<br />
Il existe aussi un commerce de poisson fumé qui est monopolisé par les commerçants chinois, ceux<br />
d'And reba en particu lier. Ils expédient des quantités très importantes su rtout su r la côte Est où vraisemblablement<br />
ils placent beaucoup de poisson par l'intermédiaire de leurs compatriotes établis épiciers dans les<br />
vi liages de brousse.<br />
Les nouveaux produits présentés (ceux qui sont préparés par la Brigade de pêche par la méthode<br />
du fumage <strong>à</strong> froid) se heurteront d'abord au fait que les populations acceptent difficilement une denrée<br />
<strong>à</strong> laquelle elles ne sont pas habituées. A maintes reprises, nous avons pu constater, tant sur les marchés<br />
de Tananarive qu'en brousse, <strong>à</strong> quel point il est difficile de modifier les habitudes alimentaires des populations.<br />
On est très étonné, par exemple, lorsqu'on visite le marché aux poissons de Tananarive, de voir<br />
que les Carpes fumées du lac Alaotra, vendues sous le nom local de Besisika maina, font prime auprès des<br />
acheteurs malgré la mauvaise qualité d'un produit en partie carbonisé et souvent attaqué par les insectes.<br />
Cependant, les acheteurs trouvent que cette marchandise est très goûtée par leurs familles; elle est déj<strong>à</strong><br />
<strong>à</strong> demi-cuite et ils l'achètent donc de préférence <strong>à</strong> toute autre.<br />
Malgré tout, il est probable que l'on arrivera <strong>à</strong> vaincre toutes ces difficultés, en présentant <strong>à</strong> la<br />
consommation des produits de bel aspect, surtout coûtant moins cher et auxquels peu <strong>à</strong> peu les clients<br />
s'habitueront.<br />
Ensuite, l'ouverture de nouvelles voies de desserte devrait également faciliter l'écoulement de la<br />
production. Il en sera certainement ainsi, par exemple, de la nouvelle voie: lac Alaotra, côte Est, par Vavateni<br />
na.<br />
De plus, il ne faut pas oublier que des produits se conservant bien pourront voyager plus longtemps,<br />
donc atteindre de nouveaux centres de consommation qui, jusqu'ici, ne pouvaient être approvisionnés.<br />
En résumé, il ne semble pas qu'en matière commerciale, malgré des habitudes solidement ancrées<br />
dans les populations, on ait <strong>à</strong> vaincre des obstacles insurmontables qui empêchent l'écoulement du surplus de<br />
la production ».<br />
Une autre facteur qui semble limiter le commerce malgache du poisson (et constaté dans plusieurs<br />
branches du commerce, par exemple dans celui des bœufs) réside dans le fait que le vendeur ne touche<br />
souvent l'argent de sa vente que quand les produits sont réellement revendus par l'acheteur. Cette façon<br />
de faire.est surtout fréquente pour les produits fumés. Il s'ensuit souvent une cascade de ventes <strong>à</strong> crédit,<br />
dont une partie n'est d'ailleurs pas honorée, et qui, en augmentant les risques, augmentent aussi sur le plan<br />
pratique les prix, les délais de vente et diminuent en définitive les quantités vendues. De plus le marché<br />
présente certaines anomalies (ou fantaisies dues <strong>à</strong> quelques vendeurs) telles que celles de voir du Tilapia<br />
fumé (de belle qualité, il est vrai) de Marovoay (côte Ouest) vendu sur le marché de Tamatave et des produits<br />
de Belo-sur-Tsiribihina transportés jusqu'<strong>à</strong> Manakara !<br />
122<br />
Une sérieuse étude des marchés reste <strong>à</strong> faire dans ce domaine.
B. PROBLÈMES DE L'AUGMENTATION DE LA PRODUCTION DES PÊCHES ET DE LA<br />
PRÉPARATION DES PRODUITS<br />
Les problèmes de l'augmentation de la production de poisson sont étudiés, dans leur ensemble<br />
(pêche et pisciculture), au chapitre V-A relatif <strong>à</strong> la planification. Nous ébauchons donc seulement ici les<br />
principaux aspects techniques de l'amélioration des méthodes de préparation qui, bien entendu, conditionneront<br />
dans une large mesure l'accroissement des possibilités de consommation et de vente de<br />
cette denrée.<br />
1. Considérations générales sur les installations de fumage<br />
Lors des premiers essais de saumurage et de fumage, l'on se rend très vite compte de toute l'importance<br />
des diverses opérations successives <strong>à</strong> envisager et de ce que j'appelerai les installations annexes. Si<br />
nous voulons travailler bien et rapidement, voici les installations simples (en matériaux peu coûteux du<br />
pays), <strong>à</strong> envisager et <strong>à</strong> réaliser tout près du four:<br />
a. Pour le nettoyage des poissons et pour le saumurage<br />
- Un hangar très ouvert com portant si m plement des pi liers et un toit de chau me (bozaka), de feui Iles<br />
de ravenales ou de satrana ... suivant les régions;<br />
- Une table rustique, abritée sous ce hangar, qui permettra plus facilement l'enlèvement des écailles<br />
et l'éviscération du poisson;<br />
- Un fût de 200 litres (ou autre grand récipient), rempli d'eau pour le lavage des poissons avant<br />
saumurage (lavage très important, notamment pour enlever tout le sang) ;<br />
- Un fût de 200 litres avec couvercle et contenant la saumure où le poisson sera maintenu<br />
une <strong>à</strong> deux heures;<br />
- Des claies suspendues ou sur pilotis pour le séchage pendant un quart d'heure du poisson après<br />
saumurage (et avant le fumage).<br />
b. Pour la mise en route et l'entretien du fumage<br />
Il est beaucoup plus difficile qu'on ne le croit communément de faire un feu qui couve et qui donne<br />
la fumée épaisse désirée. Aussi l'expérience nous a dicté la nécessité de construire, tout <strong>à</strong> côté du four,<br />
un petit hangar très rustique pour y abriter le bois, des branches d'eucalyptus ayant gardé leurs feuilles et<br />
des feuilles de fougères sèches, de la balle de riz (akofa, qui donnera également une fumée épaisse), des herbes<br />
aromatiques telles que le Rambiazina suspendues en touffes séchées sous le toit.<br />
Celui qui surveille le feu pourra s'abriter dans ce hangar et nous verrons, par la suite, combien la<br />
qualité et la durée de conservation de notre produit final dépendra du fumage, donc du feu.<br />
c. Pour le séchage au soleil des poissons fumés<br />
Après le fumage, un bon séchage est toujours nécessaire. Il pourra se faire:<br />
- Soit en continuant le feu (bon feu de braises, sans fumée épaisse) ;<br />
- Soit au soleil en sortant les poissons du four et en les disposant sur des tréteaux stables. Les<br />
poissons pourront être remis en place dans le four ou dans le magasin annexe en cas de changement<br />
de temps.<br />
·1
2. Préparation proprement dite du poisson en vue de sa conservation<br />
a. Méthode de fumage <strong>à</strong> utiliser<br />
Il existe deux méthodes de fumage:<br />
- Le fumage <strong>à</strong> chaud<br />
- Le fumage <strong>à</strong> froid.<br />
La première méthode consiste <strong>à</strong> fumer le poisson disposé directement au-dessus du feu. Un premier<br />
feu, assez ardent, mais de courte durée, donne ce que nous pourrions appeler un coup de feu qui a pour<br />
but de dessécher partiellement le poisson et d'en enlever une partie des graisses avant le fumage proprement<br />
dit. En réalité cette méthode est assez difficile <strong>à</strong> réaliser, car très délicate <strong>à</strong> mener et présentant<br />
le danger fréquent de nouveaux coups de feu pendant le fumage.<br />
Malgré la présence d'une plaque coupe-flammes le poisson risque d'être cuit ou carbonisé dans sa<br />
partie trop proche du feu.<br />
Nous préférons donc utiliser la méthode dite du fumage <strong>à</strong> froid qui consistera <strong>à</strong> amener dans le four<br />
de la fumée produite <strong>à</strong> l'extérieur de ce four et avec laquelle, par conséquent, l'on n'aura plus <strong>à</strong> craindre<br />
une trop grande chaleur qui risque de cuire le poisson.<br />
Un poisson cuit non seulement ne se conserve que peu de temps, mais encore se manipule très mal<br />
(car il, se brise facilement aussi longtemps qu'il reste chaud).<br />
b. Pourquoi saumurer le poisson?<br />
Saumurer un poisson consiste <strong>à</strong> le tremper, pendant un temps donné, dans une saumure, c'est-<strong>à</strong>-dire<br />
une solution de sel qui peut contenir jusqu'<strong>à</strong> 360 grammes de sel par litre (la solution est alors saturée).<br />
Souvent l'on opère avec des solutions <strong>à</strong> 20 p. 100, c'est-<strong>à</strong>-dire que, pour 10 litres d'eau, il a été ajouté<br />
2,500 kilogrammes de sel (d'où une solution <strong>à</strong> 2,5/12,5 = 1/5e ou 20 p. 100).<br />
Il est connu depuis longtemps que le saumurage préalable permet d'augmenter la durée de conservation<br />
et surtout retarde l'attaque du poisson par les Dermestes. C'est pourquoi nous conseillons ce saumurage<br />
qui donne, par ailleurs, au poisson un goût spécial souvent aimé du consommateur. Mais ce saumurage<br />
n'est pas obligatoire.<br />
c. Quel genre de fumoir choisir? (PI. 83)<br />
Il est évident que l'un des premiers problèmes <strong>à</strong> considérer pour la construction d'un fumoir est<br />
son volume utile qui dépendra essentiellement des quantités de poisson <strong>à</strong> traiter.<br />
Le modèle décrit sur la planche 83 et largement utilisé en Afrique (R. 246) peut être reproduit très<br />
facilement avec des matériaux du pays, par exemple briques sèches ou torchis avec bâti de gaulettes sur' les<br />
plateaux. Inghelbrecht insiste, avec raison, sur l'intérêt de construire un petit magasin contigu au fumoir.<br />
Souvent les poissons fumés sont vendus au jour le jour et le magasin s'avère alors inutile, surtout SI<br />
les pêches sont régulières au cours de toute l'année. Mais, souvent aussi, les pêches sont saisonnières et alors<br />
un magasin est très utile, non seulement pour le stockage du poisson nécessaire <strong>à</strong> la famille, mais aussi pour<br />
stocker du poisson que l'on vendra plus cher en périodes de pêches peu importantes.<br />
Il est ainsi facile de stocker du poisson fumé pendant plusieurs mois et l'examen des produits révélera<br />
's'il est nécessaire de sécher de temps en temps le poisson au soleil (car le sel attire l'humidité, surtouten<br />
saison humide) et s'il est utile de le repasser au fumoir pendant une ou deux heures.
3. Rapide aperçu des phases successives de la préparation du poisson<br />
a. Nettoyage, écaillage, éviscération et lavage du poisson<br />
Pour les gros sujets, tels que les Zompona (Mugil macrolepis) par exemple. il est très important de<br />
pouvoir saigner le poisson, technique qu'il sera difficile de faire mettre en pratique par les pêcheurs,<br />
mais qui conditionne l'obtention d'une belle chair blanche et la bonne conservation du poisson. En effet,<br />
le sang est un produit qui se conserve mal et qui souille les chairs en y facilitant le développement des microbes,<br />
donc des putréfactions ultérieures. C'est pourquoi il est essentiel aussi de ne pas malmener le<br />
poisson par des chocs qui provoquent des contusions et des poches de sang.<br />
Il faut trancher la gorge, dès la sortie de l'eau, avant le raidissement. On tient de la main gauche<br />
les mâchoires closes, on appuie l'arrière du cou sur le bord d'une cuve pour que les opercules bâillent et<br />
on sectionne au-dessus des branchies. Le simple fait d'assommer par coups de bâton est <strong>à</strong> proscrire pour éviter<br />
des dépôts de sang qui se forment au niveau des points contusionnés et le long des pièces du squelette.<br />
Une fois tués, les poissons ne doivent pas rester entassés au fond des pirogues où ils baignent souvent<br />
dans de l'eau sale et surchauffée. Ils peuvent être mis dans des casiers avec des couches intermédiaires de<br />
branchages, de feuilles ou d'herbes qui permettent une bonne aération des poissons ainsi empilés.<br />
Toutes les opérations de nettoyage, écaillage, éviscération et lavage du poisson doivent être faites<br />
avec le plus grand soin. Mais hélas! les règles d'hygiène les plus élémentaires sont généralement oubliées et<br />
l'on voit, par exemple, que le poisson fumé du lac Alaotra est généralement préparé sans être même passé<br />
<strong>à</strong> l'eau après l'écaillage et l'éviscération très sommaires qu'il subit.<br />
b. Saumurage<br />
Celui-ci dure une heure pour le Tilapia, qui prend vite le sel, et deux heures pour des espèces plus<br />
grasses (Carpe, Mulets, Gogo) dans une solution <strong>à</strong> 20 p. !00. Le plus simple est d'opérer dans un fût de<br />
200 litres où l'on met 100 litres d'eau et 25 kilogrammes de gros sel. Cette saumure est réutilisée de nombreuses<br />
fois, mais pour sa bonne conservation et pour son efficacité totale il y a lieu:<br />
- D'une part de la filtrer sur un linge fin si elle montre trop de traces de sang ou de petits débris<br />
de chair (en particulier si le lavage du poisson a été mal fait) ;<br />
- D'autre part d'ajouter de temps en temps un peu de sel, car la saumure tire l'eau du poisson,<br />
perd son sel au profit de Ce dernier et son taux de salinité baisse.<br />
Dans 100 litres de saumure, on peut aisément traiter plus de 50 kilogrammes de poisson <strong>à</strong> chaque<br />
opération.<br />
c. Séchage du poisson<br />
Avant sa mise au fumoir, le poisson doit être soigneusement séché sur treillis pendant une heure,<br />
<strong>à</strong> l'abri du soleil (treillis que l'on peut mettre sous hangar).<br />
d. Fumage ou saurissage<br />
Si Ingelbrecht, en nous donnant la technique du fumage, parle d'une durée de cinquante heures,<br />
c'est qu'Ilpratlque un fumage très doux. Cette longue durée, qui donne un excellent produit, a l'inconvénient<br />
de ne pas être basé sur un cycle journalier et les diverses expériences nous ont donné, pour le fumage<br />
<strong>à</strong> Madagascar, les chiffres approximatifs suivants (fumage continu) :<br />
- Zones côtières et lac Alaotra : quinze heures environ en saison sèche et vingt heures en saison<br />
des pluies;<br />
- Hauts-Plateaux: dix-sept heures en saison sèche et vingt heures en saison des pluies.<br />
/25
Ces durées permettent de recommencer une nouvelle opération de fumage tous les jours et une<br />
partie peut être stockée dans le magasin annexe au fumoir.<br />
Inutile de dire ici tout l'intérêt du petit hangar <strong>à</strong> bois qui permet d'avoir d'avance les matériaux<br />
provoquant un bon fumage. Pour donner un excellent parfum au poisson, les pêcheurs utilisent déj<strong>à</strong>:<br />
- Soit le Rambiazina sur les plateaux (séché et mis sur les braises, il donne une fumée épaisse et une<br />
odeur très parfumée) ;<br />
- Soit le Lomotra ou Lomo-drano qui est une algue d'eau douce que l'on sèche également avant usage.<br />
e. Conservation et commercialisation du poisson<br />
Un facteur très important pour la durée de bonne conservation des produits est la sécheresse de<br />
l'air ambiant. Or, le poisson bien fumé reprend généralement de l'eau quand l'humidité relative de l'air<br />
dépasse 72 p. 100. C'est di re, <strong>à</strong> la vue de la planche 84, com bien ce problème est important <strong>à</strong> Madagascar<br />
avec l'abondance, tout au cours de l'année, des zones que nous avons appelées « humides» en considérant<br />
le problème sous l'angle qui nous préoccupe. Le poisson fumé et bien séché ne reprend que très peu d'eau<br />
quand il est stocké (bien serré en soubiques) dans un local sec, bien fermé et <strong>à</strong> l'abri des pluies.<br />
Inutile d'insister ici sur les précautions <strong>à</strong> prendre pour l'emballage et le transport des produits<br />
préparés, ainsi que pour leur stockage en magasin. Le poisson fumé qui n'est pas repassé de temps en temps<br />
au fumoir prend des parasites dont les plus fréquents et les plus répandus sont les Dermestes couramment<br />
dénommés Koroka qui attaq uent un grand nom bre de denrées périssables stockées (R. 234 et 251). Aussi<br />
une grande propreté devra être maintenue dans tous les locaux de stockage dont il y aurait, bien entendu,<br />
intérêt <strong>à</strong> asperger avec du D.D.T. ou un autre produit insecticide au moins une fois par semaine le sol et<br />
tous les recoins où ces insectes peuvent se réfugier. Il y a d'ailleurs toujours intérêt <strong>à</strong> ne pas déposer les<br />
colis de poisson <strong>à</strong> même le sol, mais toujours sur des tréteaux.<br />
Un balayage fréquent des lieux est déj<strong>à</strong> une mesure préventive efficace et les balayures doivent être<br />
systématiquement brûlées. Pour les Dermestes (dont le Dermestes vulpinus, très répandu <strong>à</strong> Madagascar),<br />
la ponte s'échelonne sur plusieurs mois au cours desquels plus de 300 œufs sont pondus en petits amas<br />
non agglutinés de 2 <strong>à</strong> 10 œufs. L'incubation dure plusieurs jours et le développement des larves de cinq <strong>à</strong><br />
huit semaines avec 7 <strong>à</strong> 8 mues. Le stade prénymphal dure deux semaines et la nymphose de huit <strong>à</strong> dix jours.<br />
Celle-ci a lieu dans le sol ou dans les moindres anfractuosités des murs du magasin. Le cycle, de la ponte<br />
<strong>à</strong> l'adulte, dure donc de deux <strong>à</strong> trois mois et l'adulte vit, en moyenne, de quatre <strong>à</strong> cinq mois.<br />
Pour éviter, de façon absolue, le développement des Dermestes ou autres insectes attaquant le poisson,<br />
il n'est pas possible de le traiter directement avec les produits insecticides actuels, car certains<br />
d'entre eux peuvent présenter un danger pour le consommateur et en altèrent quelquefois le goût.<br />
L'effort devra donc porter:<br />
- Sur le bon fumage des produits et sur un nouveau passage de une ou deux heures dans le fumoir<br />
si le poisson est stocké pendant trop longtemps et s'il a pris des Dermestes (fumages d'entretien une ou<br />
deux fois par mois) ;<br />
- Sur un emballage soigné, qui lui, peut être traité extérieurement (de préférence simple pulvérisation)<br />
avec un produit insecticide;<br />
- Sur un stockage en local très propre et sec;<br />
- Sur la rapidité des transports évitant les possibilités d'un trop grand développement des insectes.<br />
Signalons, par ailleurs, que les insectes sont tous tués au-dessus de 700 et que, sans dommage pour<br />
le poisson, celui-ci peut-être mis dans des sortes d'étuves <strong>à</strong> 750 (maximum) pendant une heure ou deux<br />
suivant la rapidité de pénétration de la chaleur dans les soubiques contenant le poisson. A la sortie des<br />
fours, le poisson ne doit pas être manipulé avant d'être refroidi <strong>à</strong> l'air libre, car les poissons chauds sont<br />
assez friables.<br />
Pour la consommation de ce poisson salé-fumé, il est facile de le dessaler avant cuisson en le trempant<br />
dans l'eau pendant une ou deux heures suivant le goût du consommateur.<br />
/26
Pour éviter les attaques éventuelles de rongeurs: musaraignes, rats, souris ... , il est nécessaire de<br />
prévoir de bonnes fermetures aussi bien dans les fumoirs que dans les magasins de stockage. Les opérations<br />
bien menées permettent une durée minimum de bonne conservation d'au moins six mois.<br />
C. VALEUR ALIMENTAIRE ET CONSOMMATION DES PRINCIPALES ESPÈCES. FORMES<br />
SOUS LESQUELLES LE POISSON EST ACTUELLEMENT CONSOMMÉ A MADA-<br />
GASCAR ET FORMES NOUVELLES QU! POURRAIENT ÊTRE ENVISAGÉES DANS<br />
L'AVENIR<br />
Comme en bien des régions d'Afrique, la consommation de viande <strong>à</strong> Madagascar, sauf dans les grandes<br />
villes, bien entendu, est épisodique et a lieu lors de quelques événements marquants: fêtes nationales ou<br />
religieuses, cérémonies familiales diverses (surtout enterrements, retournements des morts), rachats de<br />
fady, occasions particulières telles que le Jijan-omby ou sacrifice d'un bovin en vue de la préparation d'un<br />
tavy (abattage de la forêt suivi de brûlis et de culture de riz de montagne), coutumes traditionnelles telles<br />
que les fêtes de purification des reliques des rois d'antan en pays sakalava, etc.<br />
Si le poisson, en maints endroits, n'est pas très abondant, il est cependant souvent consommé presque<br />
journellement en quantités infimes ce qui, sur une année entière, finit par totaliser, dans certains cas, un<br />
poids supérieur de protéines <strong>à</strong> celui de la protéine-viande mangée dans le même laps de temps.<br />
Le travail R. 235 nous a fort utilement guidés pour la mise au point de ce paragraphe.<br />
1. Valeur alimentaire de quelques espèces de poissons<br />
Le laboratoire de recherches vétérinaires de l'I.E.M.V.P.T. a eu la gentillesse de faire pour nous<br />
une bonne partie des analyses citées, tant sur les poissons frais (ou conservés sous glace) que sur les poissons<br />
secs, fumés, salés ou simplement séchés et sur la farine de poisson (1). Les analyses données pour les poissons<br />
frais portent toujours sur la chair cuite des poissons. Ces chiffres nous paraissent être les plus intéressants<br />
du fait que le poisson est généralement cuit <strong>à</strong> l'eau et que, dans cette préparation, les diverses parties<br />
de la tête sont utilisées au maximum: cervelle, joues, langue. Les grosses têtes, en particulier, sont très<br />
recherchées pour la préparation de bouillon.<br />
Composition chimique<br />
Nous savons qu'en gros la teneur en protéines des poissons (substances albuminoïdes aussi appelées<br />
protides) varie peu, généralement de 15 <strong>à</strong> 20 p. 100, alors que la teneur en matières grasses ou lipides peut<br />
être très variable, non seulement d'une espèce <strong>à</strong> l'autre, mais encore pour la même espèce avec la saison.<br />
Suivant les auteurs, le chiffre qui délimite les poissons gras et les poissons maigres est variable. Nous adopterons<br />
ici les normes F.A.O. en précisant qu'un poisson est maigre si sa teneur en graisse est inférieure<br />
<strong>à</strong> 5 p. 100 (catégorie A), qu'il est moyennement gras s'il en contient de 5 <strong>à</strong> 15 p. 100 (catégorie B) et très<br />
gras pour des teneurs supérieures <strong>à</strong> 15 p. 100 (catégorie C). Dans ce dernier cas, la teneur en protéines<br />
est souvent inférieure <strong>à</strong> 15 p. 100. Enfin, rappelons ici que les glucides (hydrates de carbone) ne se trouvent<br />
qu'en quantités négligeables dans la chair des poissons et que la teneur en substances minérales oscille<br />
généralement entre 1 et 2 p. 100.<br />
a. Poissons frais (partie comestible: filets, ventre, chair recouvrant les côtes, joues ... et poissons<br />
entiers pour les toutes petites espèces telles que Gambusies et Bichiques).<br />
Les Tilapia frais provenaient de la station piscicole de la Sisaony. Les Tilapia fumés et la farine de Tilapia venaient.<br />
par contre, de la Brigade de pêche opérant au lac Alaotra.<br />
/27
Espèces<br />
Espèces diverses de poissons<br />
Composition de la chair cuite (%)<br />
1 Partie comestible<br />
(%)<br />
Eau Protéines<br />
Graisses ou<br />
Lipides<br />
---<br />
1<br />
Substances<br />
minérales<br />
Tilapia (chiffres moyens) .................... 50 70 <strong>à</strong> 76 18 <strong>à</strong> 26 4 <strong>à</strong> 1,5 0,8 <strong>à</strong> 1,2<br />
Carpe maigre ............................. 50 77 16,5 5 1,2<br />
Carpe grasse .............................. 55 73 16 8<br />
1<br />
1<br />
Cyprin ................................... 49 73 18 7,5 1,1<br />
Marakely ................................. 50 80 16 1 1,5<br />
Anguille maigre ........................... 65 73 17 8 1 1,2<br />
Anguille grasse ............................ 75 54 13 32<br />
0,8<br />
Mulet<br />
Mulet<br />
maigre .............................<br />
gras ................................<br />
55<br />
62<br />
69<br />
68<br />
27<br />
23<br />
2<br />
7<br />
1 1,4<br />
1,3<br />
Gogo ..................................... 60 70 16 8 1,5<br />
Gobius ................................... 52 77 <strong>à</strong> 78 19 1,5 <strong>à</strong> 0,5 1,8<br />
Black-bass ................................<br />
Truite ....................................<br />
51<br />
51<br />
78<br />
77<br />
18<br />
18<br />
1<br />
2,5<br />
1<br />
1<br />
1,5<br />
1,5<br />
Gambusie (entière) ........................ 95 76 <strong>à</strong> 80 12 <strong>à</strong> 15 4<strong>à</strong>3 3,5 <strong>à</strong> 4,5<br />
Bichique (entière) ......................... 100 74 13 2 1 6<br />
Donnons, <strong>à</strong> titre complémentaire, les résultats d'analyses faites pour certains crustacés d'eau douce :<br />
Pe~~~:spa~;)~~~t.e.s. =:.~~~s.~r:l.~~~~ .a.v.e.c.. I~ 1<br />
Carnaron (chair uniquement) .<br />
100<br />
52<br />
72 <strong>à</strong> 76<br />
70 <strong>à</strong> 74<br />
13 <strong>à</strong> 17<br />
20 <strong>à</strong> 26<br />
1,5 <strong>à</strong> 1 1<br />
2,5 <strong>à</strong> 1,5<br />
5 <strong>à</strong> 5,5<br />
1,5 <strong>à</strong> 2<br />
Nous devons tout particulièrement signaler, ici, la richesse en calcaire et en phosphore des petits<br />
poissons et des Crevettes (Patsa) quand ils sont mangés en entier:<br />
- Calcium.... . ... 2000 <strong>à</strong> 3400 milligrammes pour 100 grammes l P duit êché 1 '1<br />
- Ph osp hore..... 1 000' a 2000 mil "1'Igrammes pour 100 grammes<br />
ro ut s sec es au so el<br />
Espèces diverses de Ti/apia<br />
Nous pouvons dire, d'une façon générale, que beaucoup de Tilapla contiennent plus de lipides quand<br />
ils sont âgés (plusieurs années) et que les espèces herbivores (rnelanopleura et zillii) sont plus pauvres<br />
en protéi nes (18 p. 100) que les espèces planctonophages (macrochi r, nilotica et mossambica) qui en contiennent<br />
plus de 20 p. 100. Cette différence ressort nettement dans les compositions des farines de Tilapia<br />
melanopleura et macrochir dont la Brigade de pêche avait mis au point les techniques de fabrication en<br />
1960 et 1961 au lac Alaotra (méthode de Sparr. Document F.A.O.).<br />
Variations saisonnières de la composition<br />
Plusieurs analyses ont été faites pour le Tilapia <strong>à</strong> des saisons différentes. Si la teneur en protides<br />
varie de façon irrégulière (et mal connue), il semble que la teneur en lipides soit essentiellement en relation<br />
avec trois facteurs:<br />
- L'existence d'un hiver net sur les Hauts-Plateaux (Tllapla plus gras en hiver) ;<br />
- L'état de maturité des sujets;<br />
- L'abondance de la nourriture. C'est ainsi qu'au lac Alaotra, par exemple, les Tilapia macrochir<br />
sont généralement assez gras, par contre le Tilapia melanopleura, qui ne trouve que peu de végétation<br />
dans le lac, est étique et toujours maigre.<br />
Pourcentage des déchets<br />
Les viscères portent généralement, suivant les espèces, sur 10 <strong>à</strong> 15 p. 100 du poids total <strong>à</strong> l'état<br />
frais. Mais chez quelques poissons <strong>à</strong> cavité ventrale très réduite, ce pourcentage oscille entre 6 et 10 p. 100<br />
et nous pouvons citer, dans ce groupe: les Anguilles, les Kotso et les Masovoatoaka, les Gouramiers.<br />
/28
Parmi les viscères, il faut souligner l'existence fréquente de paquets de graisse et surtout la présence,<br />
<strong>à</strong> certaines époques, des œufs chez les femelles matures. Ceux-ci sont particulièrement nourrissants et<br />
presque toujours consommés pour les Carpes, les Cyprins, les Mulets, les Black-bass et les Tilapia.<br />
Les déchets <strong>à</strong> la consommation (squelette, arêtes, crâne, quelquefois peau ...) oscillent entre 10 et<br />
20 p. 100 suivant les espèces et aussi suivant le mode de préparation. Les poissons bien cuits donnent en<br />
particulier moins de déchets. Les déchets totaux des poissons autres que Blchlques ou Gambusies, par exem pie,<br />
varient de 25 p. 100 pour les Anguilles les plus grasses <strong>à</strong> 50 p. 100, chiffre qui est courant pour les espèces<br />
maigres.<br />
b. Poisson sec<br />
1. Poisson fumé-séché<br />
Gros et moyens Tilapia .<br />
Gogo .<br />
Mulet .<br />
Domba .<br />
Anguille .<br />
Composition de la chair sèche (%)<br />
,<br />
Partie comestible 1 1 1 Graisses ou 1 Su~s~ances<br />
(%) Eau Protéines Lipides minérales<br />
65<br />
65<br />
70<br />
75<br />
80 <strong>à</strong> 90<br />
20 <strong>à</strong> 25<br />
15 <strong>à</strong> 20<br />
25 <strong>à</strong> 30<br />
15 <strong>à</strong> 20<br />
22 <strong>à</strong> 28<br />
Les Anguilles les plus grasses perdent beaucoup de graisse au fumage.<br />
2. Poisson salé-séché :<br />
Anguille .<br />
Les Anguilles très grasses ne sont pas salées.<br />
Mulet , .<br />
Vango .<br />
80 <strong>à</strong> 90<br />
83<br />
85<br />
55 <strong>à</strong> 70<br />
50 <strong>à</strong> 55<br />
55 <strong>à</strong> 65<br />
55 <strong>à</strong> 60<br />
35 <strong>à</strong> 50<br />
12 <strong>à</strong> 4<br />
25 <strong>à</strong> 20<br />
15 <strong>à</strong> 5<br />
10 <strong>à</strong> 5<br />
40 <strong>à</strong> 20<br />
3<strong>à</strong>4<br />
4<strong>à</strong>5<br />
4<strong>à</strong>5<br />
3<strong>à</strong>4<br />
3<strong>à</strong>4<br />
15 <strong>à</strong> 20 30 <strong>à</strong> 40 35 <strong>à</strong> 20 15 <strong>à</strong> 20<br />
(sel)<br />
10 <strong>à</strong> 15 40 <strong>à</strong> 45 10 <strong>à</strong> 12 25 <strong>à</strong> 30<br />
(sel)<br />
12 45 14 28<br />
(sel)<br />
A titre documentaire. nous donnons les chiffres comparatifs pour la morue salée importée (poisson très maigre) :<br />
3. Poissons et Crevettes bien séchés ou soleil :<br />
- Ga~busies et petits poissons divers (entiers)1 90 <strong>à</strong> 100<br />
- Petites Crevettes (Patsa) 100<br />
c. Farine de poissons<br />
90 <strong>à</strong> 95<br />
22 <strong>à</strong> 28<br />
10 <strong>à</strong> 15<br />
Il <strong>à</strong> 14<br />
40 <strong>à</strong> 45<br />
45 <strong>à</strong> 55<br />
55 <strong>à</strong> 60<br />
2 <strong>à</strong> 1,2<br />
S'il ne saurait être question, <strong>à</strong> Madagascar, de faire de la fa~ine de poisson en quantités importantes<br />
avec des espèces d'eau douce, il est cependant un point de l'Ile, aux premiers rapides de Maningory, où<br />
cette fabrication pourrait être rentable, en raison même, comme nous l'avons déj<strong>à</strong> vu au chapitre relatif<br />
<strong>à</strong> la pêche dans le lac Alaotra et dans son exutoire, de l'abondance des Tllapla entraînés par les eaux. Cette<br />
préparation porterait, en particulier, sur de la farine destinée <strong>à</strong> l'alimentation humaine et faite avec des<br />
poissons vidés et écaillés.<br />
Nous donnons, ci-après, les chiffres moyens pour des farines destinées jusqu'ici <strong>à</strong> l'alimentation du<br />
bétail et fabriquées au lac Alaotra par la Brigade de pêche (la présence de beaucoup d'herbes dans le tube<br />
digestif du Tilapia melanopleura augmente, chez ce dernier, le pourcentage des matières diverses non<br />
chiffrées ici) :<br />
Espèce<br />
Tilapia melanopleura .............•......................<br />
Tilapia macrochir : .<br />
Eau<br />
8 <strong>à</strong> 10<br />
8 <strong>à</strong> 10<br />
Protides<br />
40 <strong>à</strong> 45<br />
50 <strong>à</strong> 55<br />
12 <strong>à</strong> 8<br />
8<strong>à</strong>5<br />
Lipides<br />
8<strong>à</strong>5<br />
8 <strong>à</strong>. 5<br />
20 <strong>à</strong> 28<br />
(sel)<br />
13 <strong>à</strong> 18<br />
15 <strong>à</strong> 20<br />
Matières<br />
minérales<br />
30 <strong>à</strong> 35<br />
30 <strong>à</strong>. 35<br />
129<br />
5
Calcium ,<br />
Phosphore .<br />
5200 <strong>à</strong> Il 200 milligrammes pour 100 grammes de farine<br />
3 ooos 6500 milligrammes pour 100 grammes de farine<br />
A titre indicatif, 'nous donnons, ici, les chiffres relatifs <strong>à</strong> l<strong>à</strong> farine importée du Maroc, mais faite<br />
avec des poissons de mer et généralement payée proportionnellement <strong>à</strong> son taux de protéines (avec un<br />
maximum de 10 p. 100 d'eau) :<br />
Eau Protéines lipide,<br />
Cendre.<br />
(ave. sel)<br />
Farine importée (dégraissée) ............................. 8 <strong>à</strong> 10 55 <strong>à</strong> 65 3 <strong>à</strong> 1.5 20 <strong>à</strong> 30<br />
Valeur calorifique de quelques espèces<br />
Dans un article publié dans le Bulletin Français de Pisciculture (no 195 de décembre 1959) relatif<br />
au Tilapia mossambica, le Dr F. Morava, en mettant en relief l'intérêt de cette espèce dans l'alimentation<br />
des populations de l'Inde, nous montre combien la valeur calorifique peut varier suivant sa composition<br />
chimique. Celle-ci varie, en effet, beaucoup suivant les lieux de capture, la nature et le volume des eaux<br />
où a vécu le Tilapia, la nourriture, la taille, "le sexe, l'état de maturité, etc. Aussi constate-t-il que pour<br />
100 grammes de Tilapla, la valeur en calories peut varier de 75 (poisson très maigre, soumis au jeûne) <strong>à</strong><br />
240 au maximum (poisson très gras), énorme variation qu'il nous explique par les quelques lignes reproduits<br />
ci-après:<br />
. « L'albumine, qui donne 4,1 calories pour 1 gramme, constitue la charpente du corps, tandis que<br />
la graisse, avec 9,3 calories par gramme, se trouve en plus faible quantité <strong>à</strong> titre de substance de réserve.<br />
Le résultat de ceci est que l'albumine conserve un taux relativement constant, tandis que la teneur en graisse<br />
peut varier dans de grandes proportions. En ce qui concerne la valeur en calories du Tilapia, elle se maintient<br />
entre 65 et 75 calories pour l'albumine, tandis que les teneurs en graisse trouvées dans la nature peuvent<br />
aller de 5 <strong>à</strong> 165 calories (pour 100 grammes de poisson entier) ».<br />
«Ainsi, la valeur alimentaire peut-elle passer de 75 <strong>à</strong> 240 calories, valeurs dans lesquelles le pourcentage<br />
d'albumine représente plus de 93 p. 100 chez les poissons maigres et se réduit <strong>à</strong> 30 p. 100 chez les<br />
poissons gras ».<br />
La majorité des valeurs en calories oscillent, pour le T. mossambica, entre 100 et <strong>150</strong>, chiffres pour<br />
lesquels les lipides représentent de 30 <strong>à</strong> 50 p. 100 de la valeur totale en calories.<br />
Donnons, <strong>à</strong> titre indicatif, les valeurs calorifiques moyennes de quelques espèces qui nous sont<br />
familières (pour 100 grammes de chair fraîche) :<br />
Qualité du poisson<br />
Tilapia .<br />
Carpe .<br />
Mulet maigre .<br />
Mulet gras .<br />
Anguille maigre .<br />
Anguille grasse .<br />
Gogo .<br />
Yang» .<br />
Toho (Gobius spp) .<br />
125 calories<br />
125 calories<br />
130 calories<br />
160 calories<br />
170 calories<br />
300 calories<br />
165 calories<br />
160 calories<br />
105 calories (très maigre)<br />
La bonne digestion de la chair de poisson, donc son rendement alimentaire, est fonction de sa qualité.<br />
Les chiffres déj<strong>à</strong> donnés n'ont de valeur, en effet, que pour des produits très frais ou parfaitement préparés.<br />
Si, dans notre hiver austral, les poissons frais se conservent généralement assez bien pendant douze ou quinze<br />
heures, sauf certaines espèces qui «tournent vite» par journées chaudes, tel que le Mulet, par exemple, il est<br />
essentiel de prendre toutes précautions pour leur bonne conservation en été. Un transport et une conservatiorr<br />
sous glace perrhèt de garder du poisson fraîchement pêché (donc en état parfait) en bon étatpendant<br />
130<br />
1
plusieurs jours, mais il est essentiel que la glace soit utlllsée ~11_quantité suffisante (même. toujours abondante),<br />
et que la cnalne du froid soit continue, sans manipulations intermédiaires du poisson et-arrêt, même momentané,<br />
de l'action de la glace.<br />
Plusieurs comptages de germes faits dans les laboratoires des Services de Recherches Vétérinaires,<br />
<strong>à</strong> Tananarive, nous ont mis en évidence l'extraordinaire et rapide pullulation des microbes sous nos climats<br />
tropicaux. La chair d'un poisson très frais (pêché une heure avant l'analyse) contient déj<strong>à</strong> plusieurs milliers<br />
de germes. Au bout de cinq heures, en saison chaude, il en contient plus de 100000 (maisil est encore bon)<br />
et le lendemain le nombre atteint plusieurs millions (avec une odeur putride). . .<br />
Le poisson doit être mangé le plus frais possible et, en cas de transport <strong>à</strong> l'état réfrigéré, il est essentiel<br />
que la chaîne du froid soit rigoureusement continue et surtout qu'elle commence très peu de temps (une<br />
ou deux heures au maximum) après la pêche du poisson. Trop souvent le poisson est consommé en mauvais<br />
état (ou état critique), car pêché depuis plusieurs heures, trop fortement empilé <strong>à</strong> 1(1grande chaleur ou,<br />
cas fréquent et pire encore, accumulé dans l'eau surchauffée et sale du fond de la pirogue.; .<br />
La Division des Pêches Maritimes, rattachée <strong>à</strong> la Direction de l'Elevage et Lutte contre les Epizooties,<br />
a poursuivi des recherches fort intéressantes su r le transport de poisson sous glace avec au réornycine rajoutée<br />
en poudre ou directement incorporée <strong>à</strong> la glace, lors de la fabrication de cette dernière. Les résultats sont<br />
fort satisfaisants, mais le dosage de l'auréomycine, sans être difficile, nécessite une attention et une prudence<br />
extrême, ce qui nous fait conclure qu'il n'est pas indiqué d'en conseiller l'utilisation généralisée dans le<br />
domaine pratique et commercial.<br />
Le poisson sous glace peut aussi être .transporté en bac hermétique, avec injection' de gaz carbonique<br />
(C02) qui refroidit le poisson (neige .carbontque) et qui augmente les durées de bonne conservacion par<br />
action du C02. . . --. , ..<br />
2. Consommation de poisson.<br />
a. Pour J'ensemble de Madagascar<br />
Sur le plan de la production générale, n'oublions pas d'ajouter aux pêches en eaux continentales<br />
les pêches en mer. La consommation individuelle moyenne en poisson (mer et eaux intérieures) peut ainsi<br />
être estimée actuellement <strong>à</strong> environ 7 kilogrammes par habitant et par an, soit environ 20grammes par jour.<br />
Mais si nous parlons actuellement (année 1962) d'une consommation moyenne de 20 grammes par<br />
habitant et par jour, il faut dire que ce chiffre ne donne pas une idée exacte de la consommation de chaque<br />
habitant, car celle-ci est très irrégulièrement répartie sur l'ensemble du Territoire. Les zones de grande<br />
prod uction, précisées par la carte de la planche 90, sont aussi des zones de grande consom rnation, car la<br />
majeure partie des pêches est généralement consommée sur place. '<br />
Si dans quelques zones privilégiées la consommation dépasse souvent 40 kilogrammes par habitant<br />
et par an (en particulier familles de pêcheurs), l'on ne peut estimer qu'<strong>à</strong> 10 p. 100 de la population, au grand<br />
maximum, le nombre de ces gros mangeurs de poisson, Ces 10 p.: 100, <strong>à</strong> eux seulsvconsornment près de<br />
40 p. 100 de la production totale (eaux intérieures et mer). . ,<br />
Viennent ensuite environ 40 p. 100 de la population dont la consommation moyenne par habitant et<br />
par an oscille entre 6 et 8 kilogrammes et qui représente environ 40 p. 100 des pêches totales.<br />
Enfin, 50 p. 100 de la population, nettement sous-alimentée en protides, consomment entre 2 et<br />
5 kilogrammes par habitant et par an et cette consommation ne présente que 20 p. 100 environ de la production<br />
totale.<br />
Parmi les populations tout particulièrement sous-alimentées en poissons, citons celles de trois<br />
régions:<br />
La grande forêt de l'Est, sauf le pays tanala où la pisciculture a déj<strong>à</strong> apporté une très sensible<br />
amélioration dans l'équilibre protéidique des populations forestières;<br />
tante;<br />
Des vastes zones de l'Ouest très peu peuplées et où la pêche dans les cours d'eau est peu impor-<br />
131
- Enfin la vaste région du « bush» du sud de Madagascar (pays tandroy) où les cours d'eau semipermanents<br />
ne permettent que des captures excessivement faibles et épisodiques. Dans cette région, il faut<br />
cependant signaler l'apport important en protéines animales par le lait.<br />
Ce qui étonne, a priori, c'est l'énorme différence entre les fortes quantités mangées par les uns et<br />
les quantités relativement très faibles consommées par les autres. Si nous quittons un village de pêcheurs<br />
pour visiter d'autres villages voisins, l'explication des faits saute immédiatement aux yeux. A 10 ou 20 kilomètres<br />
seulement du premier, l'on ne voit presque plus de poisson <strong>à</strong> moins d'être, bien entendu, dans un<br />
grand centre dont le marché attire une clientèle assez aisée mais, l<strong>à</strong> encore, il n'y a jamais surabondance de<br />
poisson. La majorité du poisson est, par ailleurs, généralement mangée par la famille du pêcheur qui vit<br />
essentiellement de ses captures (certains Vezo et pêcheurs sakalava en mangent plus de 100 kilogrammes par<br />
habitant et par an); d'autre part, la majorité de la population de brousse n'a que des moyens financiers très<br />
limités et n'achète que très peu de poisson, aliment d'ailleurs souvent très mal préparé et de conservation<br />
précaire, malgré les prix généralement élevés pratiqués dans l'Ile. Dans les zones peu favorisées, les populations<br />
se contentent des maigres pêches de Pirina (Gambusies), Trondro gasy (Cyprin doré), Marake/y, Toho<br />
(Gobius et Eleotris divers) et Anguilles.<br />
b. Dans les vil/es<br />
Tananarive: Il se vend actuellement, sur les divers marchés de la Capitale, environ 2,500 tonnes<br />
en moyenne de poisson frais par jour et un peu plus de 2 tonnes de poisson fumé-séché, salé ou simplement<br />
séché au soleil par semaine (équivalant <strong>à</strong> 7 tonnes de poisson frais, soit 1 tonne par jour).<br />
Si l'on ajoute <strong>à</strong> ces quantités celles pêchées par les milliers de pêcheurs <strong>à</strong> la ligne chaque dimanche<br />
de la saison chaude et des saisons intermédiaires et les captures faites dans les canaux, les marais, les étangs<br />
et les rizières en bordure immédiate de la ville par les femmes pêchant au panier, l'on arrive <strong>à</strong> un total<br />
général d'environ: 915+365+500 = 1780 tonnes pour une population d'environ 250000 habitants (avec<br />
les faubourgs), soit une consommation moyenne de 7 kilogrammes par habitant et par an, chiffre qui représente<br />
la consommation moyenne actuelle par habitant pour l'ensemble de l'Ile (plus un peu de poisson<br />
de mer).<br />
Autres chefs-lieux de province<br />
Tamatave: Quoique Tamatave soit un grand port marin, il est paradoxal de voir combien le poisson<br />
de mer tient une faible place sur les marchés de la ville. La majorité des poissons est composée d'espèces<br />
strictement dulcaquicoles et d'espèces euryhalines pêchées dans les Pangalanes et dans les cours d'eau<br />
voisins de la mer. Il est intéressant de donner, ici, les statistiques dressées par le Service provincial de l'Elevage<br />
qui est chargé du contrôle et des problèmes d'hygiène des marchés de la ville (totaux des chiffres des<br />
produits vendus sur les divers marchés, sans tenir compte des ventes «porte <strong>à</strong> porte »). Nous donnons<br />
ici, <strong>à</strong> titre d'exemple, les chiffres établis pour l'année 1960 (chiffres arrondis) :<br />
/32<br />
- Produits frais des eaux intérieures:<br />
- Produits frais marins:<br />
Poisson '.' .<br />
Crevettes .<br />
Crabes .<br />
Total .<br />
Poisson .<br />
Crevettes .<br />
Divers (Crabes, Langouste, Tortue) .<br />
Total .<br />
Total général des ventes .<br />
tonnes<br />
159<br />
20<br />
Il,500<br />
190,500<br />
44<br />
19<br />
1<br />
64<br />
254,500
Le poisson de mer et les espèces cotées pêchées en eaux douces (Masov:oatoaka, Saroy, Tohobe,<br />
Gouramier ...) sont vendus généralement <strong>150</strong> francs le kilogramme et le Tilapia (dont les sujets de 1 kilogramme<br />
sont fréquents) a baissé de prix: il est vendu 100 francs le kilogramme (au lieu de <strong>150</strong> avant 1962).<br />
Tamatave est une ville de 40000 habitants, la consommation moyenne par habitant et par an est<br />
de l'ordre de 10 kilogrammes (évalués en produits frais), com ptetenu des ventes «porte <strong>à</strong> porte» et du poisson<br />
fumé qui vient du lac Alaotra et même, <strong>à</strong> notre grand étonnement, de la région de Marovoay-Majunga !<br />
Majunga et Tuléar: Sur ces deux marchés, l'on sent nettement l'importance des pêches en m'er de la<br />
côte Ouest. Le poisson de mer domine toujours et il dépasse, en poids total, les 95 p. 100 <strong>à</strong> Tuléar et les<br />
60 p. 100 <strong>à</strong> Majunga assez largement approvisionnée en poisson d'eaux douces par les régions du lac Kinkony,<br />
de la Betsiboka, de Marovoay et du petit lac d'Amboromalandy, situé au bord de la route Majunga-<br />
Tananarive.<br />
Beaucoup de poissons sont vend os, dans ces deux grands centres, par les pêcheurs allant de « porte <strong>à</strong><br />
porte» et l'on peut estimer la consommation par habitant et par an <strong>à</strong> environ 15 kilogrammes <strong>à</strong> Majunga<br />
et 20 kilogrammes <strong>à</strong> Tuléar, chiffres assez élevés et dus au faible prix du poisson.<br />
Diégo-Suarez: L'on ne voit pratiquement que du poisson de mer sur le marché de Diégo. Les quantités<br />
de poisson d'eau douce sont insignifiantes et les prix du poisson varient de 100 (pour des espèces de petite<br />
taille et très courantes tels que les Clupéidés, par exemple) <strong>à</strong> <strong>150</strong> francs le kilogramme.<br />
Fianarantsoa: Le marché de cette ville rappelle, en plus petit, celui de Tananarive, avec les mêmes<br />
espèces des Hauts-Plateaux et quelques espèces marines venues par le train de Manakara. En raison des<br />
faibles ventes enregistrées au marché, il semble bien que la consommation annuelle par habitant soit<br />
inférieure <strong>à</strong> celle de Tananarive, elle peut être estimée <strong>à</strong> 5 ou 6 kilogrammes.<br />
Variations saisonnières de la consommation et remarques diverses<br />
Le Malgache, par coutume ancestrale, donne toujours priorité, dans ses diverses activités, aux travaux<br />
de rizière. C'est ce qui explique qu'en beaucoup de zones de pêche, où existent aussi beaucoup de rizières,<br />
les captu res, donc aussi la consommation, connaissent une sorte de périodicité saisonnière, avec un maximum<br />
en dehors des saisons qui appellent les populations dans les champs.<br />
Certains facteurs économiques saisonniers peuvent aussi avoir leur influence sur la consommation,<br />
telle, par exemple, dans la région côtière Centre-Est, la vente annuelle du café dont l'importance a une<br />
influence nette et directe sur les achats de poisson fumé en provenance du lac Alaotra.<br />
Sans entrer dans d'autres détails que des enquêtes plus suivies étudieront de près, permettons-nous<br />
de faire plusieurs remarques:<br />
Pourc:ntage des protéines-poisson dans l'alimentation générale<br />
Voyons tout d'abord, par un tableau très schématique, la consommation moyenne d'aliments protéiques<br />
<strong>à</strong> Madagascar comparée <strong>à</strong> d'autres pays (en kilogrammes de produit consommé).<br />
Aliments riches en protéines d'origine animale : Malgache Français<br />
kilogrammes kilogrammes<br />
kilogrammes<br />
- - -<br />
- Poisson (eaux intérieures et mer) ........................ 7 10 40<br />
1<br />
- Viande (bœuf, porc, mouton, chèvre et volailles) ........... 19 40<br />
- Lait, fromage, œufs et divers (insectes, crustacés et mollusques) 8 Quantités 1 Assez peu (sauf<br />
le lait)<br />
appréciables<br />
Total. ................................ Environ 3S <strong>à</strong> 40 Entre 60 et 70<br />
1<br />
1<br />
Japonais<br />
Entre 4S et SO<br />
~..__ .. -<br />
133
A part quelques famines que l'on peut déplorer exceptionnellement dans le Sud, toutes les populations<br />
malgaches mangent heureusement <strong>à</strong> leur faim: riz, manioc, maïs, petit mil (apemba), fruits ... , mais le<br />
bilan total de la ration est déficitaire en protéines, donc déséquilibré. Le poisson peut et doit aisément<br />
combler une partie de cette carence.<br />
. L'on sait que les protéines animales ont une valeur biologique généralement supérieure <strong>à</strong> celle des<br />
protides végétaux.<br />
Il ne rentre pas dans le cadre de cet ouvrage de donner de nombreux chiffres pour les rations protidiques.<br />
Nous avons cependant: voulu mettre en relief ce problème en donnant quelques précisions pour<br />
le cas moyen de consommation de poissons et les cas extrêmes:<br />
Protéines vraies (%)<br />
.<br />
Animales Végétales Poissons Viande Divers<br />
Consommation annuelle de poisson Protides totales Protides animales<br />
Consommation moyenne : 7 ki logrammes,<br />
chiffre<br />
Pêcheurs<br />
moyen<br />
très<br />
pour Madagascar<br />
favorisés : plus<br />
............<br />
de 40<br />
21<br />
-----kilo<br />
79 25 70 5<br />
grnmm~ ............................... 60 40 75<br />
20 5<br />
Zones tandroy : moins de 2 kilogrammes ..... 35 65 5 35 60<br />
(maïs) (lait)<br />
------ --- - -----<br />
Pour les chiffres moyens, nous avons adopté, en gros, les précisions données dans le bilan alimentaire<br />
1960 de l'ouvrage: «Economie Malgache 1950-1.960» (R. 271, p. 60~ chapitre consommation et niveau<br />
de vie) en admettant pour la consommation de poisson 1962 le chiffre de 7 kilogrammes (poisson des eaux<br />
intérieures et de mer).<br />
Consommation de poisson et pouvoi r d'achat<br />
Si le Tandroy, très petit consommateur de poisson, mange un peu de poisson frais cuit ou grillé,<br />
il ne consomme que très peu de poisson fumé-séché ou salé, car son pouvoir d'achat est extrêmement bas.<br />
Le planteur de café betsimisaraka de la zone forestière de l'Est mange, par contre, un peu de poisson<br />
fumé, car son pouvoir d'achat est relativement assez élevé. Son voisin immédiat, planteurde rizde montagne,<br />
n'a qu'un pouvoir d'achat très limité et il ne pourra acheter que très peu de ce poisson fumé qu'il convoite<br />
<strong>à</strong> l'étalage des boutiques du village voisin.<br />
Consommation en frais des principales espèces de poisson<br />
La consommation en poisson frais des diverses espèces est très variable suivant les régions et suivant<br />
l'abondance, bien entendu, des espèces elles-mêmes. Nous donnons, ici, <strong>à</strong> titre d'information, le tableau<br />
schématique suivant (pour 1962) :<br />
. Région de Tananarive ........... Tilapia, 70 p. 100. Carpe, 20 p. 100. Espèces diverses, 10 p. 100.<br />
Région des Pangalanes-Est ........ Masovoatoaka, Saroy et Mulet, 25 p. 100. Espèces diverses, 25 p. IpO.<br />
Tohobe, 50 p. 100.<br />
Région de Marovoay ............ Tilapia, 40 p. 100. Carpe, 40 p. 100. Espèces diverses, 20 p. 100.<br />
---<br />
Même région il y a dix ans ....... O. 70 p. 100. 30 p. 100.<br />
Région de Belo-sur-Tsiribihina .... Gogo, Vango et Besisika, Mulets et Carpe, 40 p. 100. Espèces diverses, 20 p. 100.<br />
40 p. 100.<br />
--~--<br />
Saint-Augustin (embouchure Onilahy)<br />
......................... Pas d'espèce vraiment dominante. Très nombreuses espèces euryhalines: Mulets,<br />
•.. ..~ C.a.rangu!,lsJ. L,eiognathes, Gogo, Besisika, Toho divers, Mulets-barbets, Méroux et,<br />
... _..<br />
. - -- ...<br />
Cabots,<br />
..<br />
Clupéidés, etc.<br />
. _. " ..~ - --_- - - -<br />
134<br />
1<br />
1
Autoconsommation, achat et trocs<br />
Pour l'ensemble de Madagascar, la majeure partie des pêches faites dans les eaux intérieures est<br />
autoconsommée (certainement plus de 80 p. 100), le reste est vendu ou troqué, mais l'on est étonné par les<br />
quantités excessivement faibles échangées contre d'autres produits vivriers, en particulier riz ou maïs,<br />
suivant les régions. Le troc n'est pas, <strong>à</strong> notre connaissance, rentré dans les mœurs courantes du pays et<br />
nous ne connaissons que quelques cas de villages voisins, en particulier dans les zones côtières vezo-sakalava,<br />
qui l'utilisent de façon courante et coutumière.<br />
Le poisson dans le budget alimentaire (dépenses réelles en argent)<br />
Le pourcentage que peut prendre le poisson dans le budget familial total malgache est très variable<br />
suivant les cas, mais il est toujours assez faible: soit que les pêcheurs consomment leurs propres captures<br />
(donc ne les paient pas), soit qu'ils achètent du poisson, mais alors en fonction de leur pouvoir d'achat.<br />
Nous avons pris quelques cas pour lesquels nous avons résumé des ordres de grandeurs dans le tableau<br />
ci-après, mais il est inutile de dire combienles cas sont variés <strong>à</strong> travers toute l'Ile:<br />
Dépenses alimentaires réelles (en francs F.M.G.) par personne et par an<br />
-------<br />
Villes ou régions Riz +<br />
Total légumes Viande Poisson Divers (0/0) poisson<br />
fruits<br />
Ville de Tananarive ..................... : ........ Il.000 6.000 2.100 900 2.000 . moins<br />
soit envi- de<br />
..<br />
ron<br />
900 francs<br />
1 8 p. 100<br />
par mois<br />
Ville de Tamatave ...............................<br />
Région Alaotra (Pêcheur, cultivateur)<br />
.<br />
..............<br />
9.000<br />
soit<br />
750francs<br />
par mois<br />
2.500<br />
5.000<br />
----<br />
300<br />
----<br />
1.500<br />
1.000<br />
._---<br />
1.000<br />
0<br />
1<br />
. 1.500<br />
nOO<br />
environ<br />
Il p. 100<br />
Op. 100<br />
Région Alaotra (non pêcheur, mais cultivateur-éleveur;<br />
un peu de pêche familiale) ................ 2.500 300 600 600 1.000 25 p. 100<br />
Région Belo-sur- Tsi ri bi hi na (cu Itivateu r-éleveu r) .... 2.000 200 800 400 600 20 p. 100<br />
----- ---- -----<br />
Région Tandroy (planteur de maïs et éleveur) ........ 1.200 200 500 100 400 moins<br />
de<br />
Prix du poisson<br />
1<br />
1 10 p. 100<br />
Pour certains Tandroy. le poisson est (ady et le 'chiffre<br />
1 tombe alors <strong>à</strong> O.<br />
Les prix du poisson pratiqués sur les divers marchés sont excessivement variables <strong>à</strong> travers l'Ile et<br />
l'on constate des différences très fortes entre ceux pratiqués dans les zones d'abondance de la côte Ouest<br />
d'une part et ceux de la côte Est et des Plateaux d'autre part.<br />
Dans ces deux.dernières régions, le poisson est encore trop souvent considéré comme un mets de<br />
luxe et, particulièrement dans les grands centres, les prix sont .maintenus élevés. par'un .petlt nombre de<br />
135
commerçants monopolisant ce genre de transactions. Le tableau suivant précise les prix de détail pratiqués<br />
sur divers marchés urbains de l'Ile et, en brousse, pour les poissons achetés sur place chez lé pêcheur:<br />
Marchés ou régions Espèces} nature des produits et prix de vente de détail au kilogramme (1962)<br />
.<br />
Tananarive ..................................... Tilapia, Carpe: <strong>150</strong> francs.<br />
Marakely : jusqu'<strong>à</strong> 200 francs.<br />
Angui Ile : 250 <strong>à</strong> 300 francs.<br />
Poissons de mer: 180 <strong>à</strong> 250 francs.<br />
Bichiques (arrivages assez rares d'Andevoranto) : 300 francs.<br />
Poissons fumés: 120 <strong>à</strong> 220 francs.<br />
Poissons salés: 120 <strong>à</strong> 200 francs.<br />
Fianarantsoa ............•.................... Tilapia, Carpe: 120 <strong>à</strong> <strong>150</strong> francs.<br />
Anguille: 200 <strong>à</strong> 250 francs.<br />
Poissons fumés ou salés: <strong>150</strong> <strong>à</strong> 200 francs.<br />
Tamatave .................................... Ti lapla : 100 francs.<br />
Masovoatoaka, Saroy, Toho, Mulets et poissons de mer: <strong>150</strong> francs.<br />
Poissons fumés: <strong>150</strong> <strong>à</strong> 200 francs. ~<br />
Majunga ..................................... Carpe, Tilapia : 50 francs en ville et 25 francs en campagne.<br />
Poissons de mer: 50 francs en ville, 25 francs le long de la côte.<br />
Tuléar ....................................... Poissons de mer ou de l'Oni lahy : 25 <strong>à</strong> 30 francs.<br />
Poissons fumés ou salés: 30 <strong>à</strong> 40 francs suivant qualité.<br />
Diégo-Suarez ............... ! ................. Poissons de mer: 100 <strong>à</strong> <strong>150</strong> francs.<br />
Lac Alaotra .................................. Carpe, Tilapia : 30 francs en campagne et 50 francs <strong>à</strong> Ambatondrazaka.<br />
Poissons fumés: 60 <strong>à</strong> 90 francs suivant saisons.<br />
Lac Ki nkony ................................. Espèces diverses: 2.5,<strong>à</strong> 30 francs.<br />
Poissons fumés: 35 <strong>à</strong> 45 francs.<br />
Région de Belo-sur-Tsiribihina ................. Espèces diverses pêchées en mangrove et en eau douce, surtout vendues<br />
fraîches: 25 <strong>à</strong> 30 francs.<br />
Embouchure de l'Onilahy (Saint-Augustin) ....... Espèces diverses dé mer et de l'Onilahy : 20 <strong>à</strong> 25 francs.<br />
Il ressort de ce tableau des prix, deux faits importants:<br />
- D'une part les prix relativement élevés de la côte Est et des Plateaux que le consommateur<br />
consent <strong>à</strong> payer pour le poisson frais;<br />
- D'autre part l'avantage qu'il a d'acheter du poisson fumé <strong>à</strong> un prix souvent <strong>à</strong> peine supérieur<br />
<strong>à</strong> celui du produit frais, mais qui représente, au point de vue nutritif, au moins 3 kilogrammes de poisson<br />
frais pour 1 kilogramme de poisson fumé.<br />
30 Formes sous lesquelles le poisson est actuellement consommé <strong>à</strong> Madagascar<br />
et formes nouvelles qui pourraient être envisagées dans l'avenir<br />
Préparations habituelles<br />
Sans entrer dans l'étude des techniques culinaires, signalons cependant, ici, les diverses formes les<br />
plus courantes sous lesquelles le poisson est consommé dans l'Ile:<br />
- Poisson bouilli: Très souvent, le poisson frais est simplement bouilli et il donne alors le ro-mazava<br />
auquel sont ajoutés du cresson ou des brèdes (qui sont des feuilles de diverses plantes faisant office de<br />
légumes, comme les épinards). Parmi ces brèdes spéciales (et différentes de celles couramment utilisées<br />
avec la viande), signalons les feuilles des tiges de volokotona, plante aquatique, de l'anatsonga (moutarde),<br />
du tongolo (genre de petit potreau),. etc. Le poisson .est ensuite mangé avec le riz. Aux repas-de miqJ et<br />
136
du soir, le riz est souvent servi sec (sans eau, celle-ci, le r'anonampango, étant bue <strong>à</strong> part), mais au petit déjeuner<br />
du matin, bien des habitants des plateaux aiment déguster le poisson bouilli avec du vary sosoa qui est<br />
du riz très cuit, pratiquement en bouillie.<br />
Dans les régions où l'on pêche beaucoup de Gambusies, celles-ci sont généralement mangées fraîches<br />
et bouillies, cuites avec le riz (les poissons ayant été vidés rapidement par simple pression sur le ventre après<br />
écaillage sommaire). Les jours de mauvaises pêches, les repas familiaux portent sur des Gambusies séchées<br />
au soleil et gardées en réserve;<br />
- Poisson frit: En raison du prix élevé de l'huile, le poisson frit, qui est prisé, est considéré comme<br />
un mets de luxe et il est plus courant de le voir sur la table des couches aisées de la société. Au point de vue<br />
aliment, il est moins intéressant que le poisson bouilli qui laisse moins de déchets au moment de la consommation<br />
et qui tire plus de profit des têtes par mise en solution dans le bouillon du riz des éléments intéressants<br />
qu'elles renferment (en particulier les graisses);<br />
- Poisson grillé (et souvent légèrement fumé) : C'est un mode de préparation surtout très utilisé.<br />
dans tout l'ouest de Madagascar où le poisson est très abondant. Les poissons entiers ou en morceaux sont<br />
enfilés sur des piquets de bois ou dans un bambou fendu et exposés <strong>à</strong> la chaleur d'un feu. Une bonne partie<br />
des graisses qui fondent est ainsi perdue, mais le poisson bien grillé est délicieux;<br />
- Poisson fumé: Quand les pêches sont très importantes, une partie du poisson est fumée.<br />
Il est essentiel que le fumage ne se fasse pas <strong>à</strong> température élevée pour éviter une trop forte perte<br />
des matières grasses et que la chair ne soit pas cuite, mais bien fumée.<br />
Le Besisika maina ou le Toalapia maina (petites Carpes ou Tilapia fumés) du lac Alaotra sont préparés<br />
très près du feu, ce qui fait que la peau est carbonisée, la chair cuite en partie et, de ce fait, d'une durée de<br />
conservation réduite. Ce produit est néanmoins très estimé, car le goût de brûlé, qui rehausse celui du riz,<br />
est aimé par ceux qui le consomment depuis leur enfance et les ménagères sont heureuses, par ailleurs,<br />
d'utiliser un poisson déj<strong>à</strong> <strong>à</strong> moitié cuit dont la préparation est alors rapide. Il est souvent rajouté au riz vers<br />
le milieu du temps de sa cuisson.<br />
Préparations diverses<br />
Certains poissons, tels que l'Elops machnata ou Besisika (SAK), par exemple, ont tellement d'arêtes<br />
qu'ils sont rarement mangés, d'autant plus que dans les régions Ouest où l'on pêche assez abondamment<br />
cette espèce il y a d'autres poissons plus goûtés. L'on en fait, par contre, très couramment un excellent<br />
bouillon avec lequel se mange le riz. Le poisson cuit qui reste est généralement donné aux volailles ou aux<br />
porcs.<br />
Nous n'avons pas parlé de l'utilisation du poisson salé. En fait les pêcheurs malgaches, <strong>à</strong> part quelques<br />
Vezo et quelques Sakalava, n'utilisent pas couramment la méthode du salage et le poisson salé (pratiquement<br />
toujours du poisson de mer) mis sur les marchés locaux ne représente qu'un faible tonnage. Une rapide<br />
visite des divers marchés de Tananarive et des autres grands centres met immédiatement ce point en relief.<br />
Par contre, il est curieux de constater combien la Morue salée importée est estimée par les populations<br />
et l'on en trouve dans les moindres boutiques de brousse.<br />
Dans certaines contrées de l'Ouest, où abondent les citronniers, les Sakalava aiment préparer le<br />
matsitio ou tisoa. Le jus de citron est mis en bouteille et exposé au soleil jusqu'<strong>à</strong> légère fermentation. Il est<br />
copieusement utilisé avec le poisson bouilli, frit ou grillé.<br />
En plusieurs points de Madagascar, les pêcheurs utilisent les viscères des Anguilles, ceux du Vango<br />
dans l'Ouest ou quelquefois ceux d'autres espèces pour en faire une sorte de farce qui est servie avec le<br />
poisson lui-même.<br />
En quelques points aussi, les ménagères averties préparent une sorte de farine avec du poisson séché<br />
qu'elles pilent avec du sel, un peu de piment et quelquefois des Crevettes. Le produit obtenu sert de condiment<br />
pour le riz.<br />
Enfin il est <strong>à</strong> signaler qu'autrefois, avant la vente d'huile importée, les pêcheurs fabriquaient couramment<br />
de la graisse d'Anguille ou Saingony que l'on mélangeait <strong>à</strong> de la farine de riz au moment de son utilisation.<br />
Elle se prépare encore dans des régions très reculées où le pouvoir d'achat du pêcheur reste excessivement<br />
faible.<br />
137
Encouragements en matière de consommation de poisson<br />
L'utilité de tels encouragements n'est plus <strong>à</strong> démontrer et une campagne nationale en faveur du<br />
développement des pêches et de la pisciculture peut avoir des résultats rapides. Il n'est pas exagéré de<br />
penser que la consommation moyenne par habitant et par an pourrait passer en vingt ans de la consommation<br />
moyenne individuelle de 7 kilogrammes (poissons d'eau douce et de mer) <strong>à</strong> plus de 15 kilogrammes.<br />
Les ménagères, afin de rendre le poisson plus appétissant, pourraient aussi varier et affiner leurs recettes:<br />
Carpe <strong>à</strong> la juive (R. 8), préparation de filets de Tilapia qu'il est facile de détacher du poisson frais en utilisant<br />
un couteau bien tranchant que l'on fait partir de l'arête dorsale pour aller vers le ventre, en longeant avec<br />
la lame les arêtes entourant la cavité thoracique, etc.<br />
Farine de poisson pour l'alimentation humaine<br />
L'apport de protéines aux humains est évidemment intéressant <strong>à</strong> tous les âges, mais nous pensons<br />
tout spécialement, ici, <strong>à</strong> la nourriture des enfants. L'UNICEF (Union pour la protection de l'enfance), la<br />
F.A.O. ainsi que d'autres organismes internationaux, se sont récemment penchés sur ces problèmes et<br />
conseillent l'utilisation de la farine de poisson pour les jeunes. L'on sait déj<strong>à</strong> que les bébés sont généralement<br />
très gourmands de la farine incorporée progressivement <strong>à</strong> leurs biberons ou <strong>à</strong> leur alimentation habituelle.<br />
Voil<strong>à</strong> un progrès intéressant <strong>à</strong> propager et la farine faite <strong>à</strong> partir d'espèces d'eaux douces peut facilement<br />
être préparée dans les règles d'hygiène nécessaire.<br />
Problèmes des vitamines<br />
Rappelons enfin que, si nous avons essentiellement étudié dans ce paragraphe la valeur alimentaire de<br />
nos diverses espèces, il est important aussi de songer <strong>à</strong> d'autres éléments, telles que les vitamines, par<br />
exemple, et de voir dans quelle mesure la mode de préparation les conserve ou les détruit.<br />
L'on sait que les poissons contiennent une assez grande quantité de vitamines A (vitamine de la croissance)<br />
et D (anti-rachitique et équilibre phospho-calcique). Ils contiennent, en outre, les vitamines B6<br />
(anti-anémique) et K (anti-hémorragique). Il est connu que la cuisson <strong>à</strong> l'eau, qui se fait <strong>à</strong> 100°, conserve<br />
la majeure partie des vitamines liposolubles (et beaucoup mieux qu'on ne le pensait autrefois). La cuisson<br />
<strong>à</strong> l'huile des parties en contact direct avec le fond de la poêle atteint des températures plus élevées, elle<br />
détruit un peu plus de vitamines, surtout si la préparation est longue. Le fumage, par la technique dite <strong>à</strong><br />
froid, donne une température ne dépassant pas généralement 60° et elle préserve très bien les vitamines.<br />
La meilleure conservation de ces dernières est, sans aucun doute, obtenue par la préparation du poisson<br />
<strong>à</strong> la tahitienne qu'il nous semble utile de rappeler ici: le poisson est préparé en enlevant soigneusement<br />
toute la peau, le squelette et les arêtes. Il est coupé en lanières ou en dés et mis tel quel dans du jus de citron<br />
frais qui recouvre complètement les chairs. Par temps chaud ou tiède, cette macération dure de trois <strong>à</strong><br />
quatre heures, en frigidaire elle nécessite une journée. Le poisson est mangé cru et froid, soit nature en<br />
hors-d'œuvre avec une mayonnaise, soit accompagnant un plat chaud de riz, de pommes de terre bouillies<br />
ou de frites. Les Tahitiens ajoutent souvent <strong>à</strong> ce poisson ainsi préparé du jus de noix de coco fraîchement<br />
rapée (noix rapée et fortement pressée dans un linge pour en extraire le jus).<br />
Nous ne saurions mieux faire, ici, pour donner une conclusion <strong>à</strong> ce chapitre, que de reproduire<br />
quelques lignes du remarquable ouvrage de G. Penso (R. 257, page 10) :<br />
«Le poisson atteint sa plus grande valeur alimentaire peu avant la ponte des œufs; c'est pendant<br />
cette période, en effet, qu'il contient la plus forte quantité de graisse et de phosphore, que sa chair a la<br />
meilleur saveur et qu'elle est plus délicate ».<br />
« En conclusion, le poisson est un excellent aliment: sain, nutritif, substantiel, facile <strong>à</strong> digérer, riche<br />
en protides, en calcium, en phosphore et en vitamines; il est, par conséquent, souhaitable qu'il entre le plus<br />
largement possible dans l'alimentation de l'homme ».<br />
138
t<br />
PISCICULTURE<br />
CHAPITRE IV<br />
A. HISTORIQUE ET ESSOR RÉCENT DE LA PISCICULTURE FAMILIALE DANS L'ILE<br />
(R. 3 - 4 - 6 - 7 - 10 - Il, Pl. 85)<br />
Environ 85 000 étangs de pisciculture familiale, voil<strong>à</strong> en gros le bilan, fin 1962, de l'effort de ces dix<br />
dernières années en matière d'élevage de poisson pour l'ensemble de l'Ile. C'est dire combien la pisciculture<br />
a retenu l'intérêt du paysan malgache et l'importance qu'il attache <strong>à</strong> l'amélioration des conditions de vie de<br />
sa famille. En un tem ps où la popu lation augmente de pl us de 100000 unités par an, notre rôle est de penser,<br />
avant tout, <strong>à</strong> l'augmentation de ses ressources.<br />
Si quelques éleveurs avertis des Hauts-Plateaux faisaient avant 1950 de la pisciculture et quelques<br />
éléments isolés de la rizi piscicultu re, il faut bien dire que ces deux activités restaient très limitées et, en 1950,<br />
l'on pouvait estimer <strong>à</strong> 1 000, au grand maximum, le nombre des éleveurs, ceux-ci pratiquant d'ailleurs une<br />
pisciculture généralement très extensive dans leurs étangs, la plupart naturels, sans apport de nourriture,<br />
ni soins spéciaux en vue d'obtenir des rendements intéressants.<br />
Une question se pose alors <strong>à</strong> nous: pourquoi la pisciculture, malgré la présence <strong>à</strong> Madagascar de<br />
la Carpe, n'avait-elle pas pris d'extension? C'est que, tout simplement, cette espèce a des difficultés <strong>à</strong> se<br />
reproduire dans les petits étangs familiaux et sa pisciculture, comme nous le verrons par la suite, pose des<br />
problèmes techniques que la pisciculture du Tilapia ignore. Et nous sommes tout naturellement amenés<br />
<strong>à</strong> nous poser cette autre question: pourquoi le Tilapia a-t-il permis le développement« explosif» constaté<br />
pour la pisciculture au cours de ces dernières années? C'est que cette espèce ne demande aucun soin spécial,<br />
elle se reproduit très abondamment et pratiquement partout; elle est très rustique et très «élastique» ;<br />
quant <strong>à</strong> son alimentation, certaines espèces ne vivent même que d'herbe et de végétations diverses. Que de<br />
plus simple <strong>à</strong> nourrir et <strong>à</strong> multiplier ... ! et le slogan «Facile <strong>à</strong> élever comme un Tilapla » nous explique<br />
tout le succès de cet « exotique ».<br />
La répartition du nombre des étangs entre provinces s'établit environ comme suit:<br />
Fianarantsoa .<br />
Tananarive .<br />
Tamatave .<br />
Diégo-Suarez .<br />
Majunga '" .<br />
Tuléar .<br />
55000<br />
22000<br />
5000<br />
1 500<br />
1000<br />
500<br />
B. BUTS DE LA PISCICULTURE ET PROBLÈME DE L'ALIMENTATION<br />
DES POPULATIONS EN PROTÉINES<br />
Nous ne nous étendrons pas sur ces généralités. Ecoutons cependant une haute personnalité<br />
malgache, M. l'Ambassadeur Ratsimamanga, ancien Directeur de Recherches au C.N.R.S. et Délégué de<br />
Madagascar <strong>à</strong> la F.A.O., qui nous dit dans un exposé fait <strong>à</strong> la dixième session de l'O.N.U.A.A. (paru dans<br />
le Bulletin de Madagascar nO 169 de juin 1960) :<br />
« Nous sommes un pays où l'on se nourrit médiocrement tandis que nous pourrions obtenir normalement<br />
un équilibre bien meilleur ».<br />
139
«En effet, nous ne sommes pas exempts de carences nutritionnelles et des évaluations précises<br />
comme celles du Dr Dilhac ne doivent pas être oubliées. Il était utile de redire devant la F.A.O., comme il<br />
l'est de la réécrire ici, que l'alimentation malgache, comme celle de tous les pays intra-tropicaux, se fonde<br />
exclusivement sur les aliments d'origine glucidique, qu'il s'agisse du riz, du manioc ou du maïs, tous trois<br />
outrepassant leur rôle d'aliments de base dans chacune des régions où ils sont consommés ».<br />
«On n'insistera jamais trop et l'on n'appellera jamais assez <strong>à</strong> l'aide pour que soient connues les<br />
notions d'équilibre de l'alimentation et pour que la population prenne conscience de ses besoins en protéines<br />
et lipides, besoins qu'elle méconnaît trop ».<br />
« Enfin, l'information judicieusement distribuée pourrait contribuer <strong>à</strong> faire intensifier un autre<br />
élevage pour lequel on enregistre déj<strong>à</strong> non sans plaisir la grande réussite: celui du Tilapia. L'encouragement<br />
de sa consommation n'intéresse pas uniquement la santé du public, mais doit aussi faire franchir un grand<br />
pas <strong>à</strong> l'économie générale, car le Tilapia, réserve intéressante des vivres les plus rares: les protides animales,<br />
doit devenir une ressource pour nombre de villages écartés où l'aménagement d'un vivier est réalisable ».<br />
Par ailleurs, signalons aussi tout l'intérêt de la pisciculture pour la mise en valeur de petits marais<br />
peu productifs, pour l'utilisation fort intéressante de terrains incultes et, sur un plan plus général, pour la<br />
protection de certai nes terres dans le cad re des travaux de conservation des sols dont l'im portance n'échappe<br />
<strong>à</strong> personne <strong>à</strong> Madagascar. Enfin, rappelons ce qui a déj<strong>à</strong> été mis en relief par bien des auteurs, <strong>à</strong> savoir que<br />
dans les pays tropicaux un hectare en eau, mis en valeur par une pisciculture intensive, peut être beaucoup<br />
plus productif en kilogrammes-protéines (souvent dix fois plus) qu'un herbage où l'on élève des bovins,<br />
ce qui n'écarte en rien, d'ailleurs, l'intérêt de ces derniers élevages poursuivis sur des terres <strong>à</strong> vocation<br />
pastorale.<br />
La pisciculture familiale: opérations au ras du sol<br />
M. le Président de la République Tsiranana a souvent mis l'accent, dans ses conférences économiques<br />
et dans ses allocutions, sur ce qu'il a appelé «opérations au ras du sol », c'est-<strong>à</strong>-dire les réalisations que<br />
peut mener <strong>à</strong> bien avec des moyens simples chaque famille malgache, en particulier la famille paysanne et<br />
nous savons que la population rurale comporte plus de 85 p. 100 de la population totale de l'Ile. La pisciculture,<br />
pour se développer, n'exige pas de connaissances spéciales. Son bel essor a été en grande partie dû,<br />
tout particulièrement dans la province de Fianarantsoa, <strong>à</strong> l'encadrement existant entre 1955 et 1960, au sein<br />
des grou pements de collectivités.<br />
Pisciculture industrielle<br />
Il est curieux de constater que la pisciculture industrielle n'ait encore tenté personne <strong>à</strong> Madagascar.<br />
Au Congo ex-Belge et, en particulier, au Katanga, les sociétés minières faisaient de la pisciculture industrielle<br />
sur une large échelle en vue de mieux nourrir leur main-d'œuvre. A Madagascar, ce type de production<br />
devrait être payant près des grands centres où le poisson frais se vend cher. Il est certain que la mise de<br />
fond pour une exploitation comprenant 5 hectares d'étangs, par exemple et pouvant produire net au moins<br />
12,500 tonnes de poisson marchand (soit une valeur-vente de 1 million 250 <strong>à</strong> raison de 100 francs le kilogramme)<br />
serait assez élevée, mais excessivement variable suivant les conditions d'installation. Une telle<br />
piscicu Iture devrait d'ailleurs avoir un ou deux hectares de cultures pour la nou rriture des espèces herbivores:<br />
maïs, haricots, fourrages divers, manioc, peut-être un verger dont les mauvais fruits seraient facilement<br />
utilisés par les poissons ... et un élevage de porcs qui utiliserait fort utilement tous les petits poissons (nous<br />
pensons au Tilapia) éliminés lors des vidanges, car ils causent systématiquement une surpopulation non<br />
souhaitable.<br />
C. ZONES A VOCATION PISCICOLE. AVENIR DE LA PISCICULTURE (PL. 86)<br />
C'est évidemment en dehors des zones de grande pêche et dans celles où le problème de l'eau est<br />
satisfaisant, que se situent les zones <strong>à</strong> vocation piscicole. Qui aurait pu deviner, il ya une vingtaine d'années<br />
seulement, que des régions forestières comme Ifanadiana et Fort-Carnot comporteraient, dans un avenir<br />
/40
elativement proche, les sous-préfectures possédant le plus d'étangs de pisciculture? La mise en<br />
valeur des marais, des travaux fort intéressants de petite hydraulique agricole et forestière ont permis,<br />
en maintes petites vallées, la construction d'étangs et leur alimentation en eau. Il ne faut souvent pas être<br />
très loin (une vingtaine de kilomètres) d'un grand lac pour constater, par ailleurs, la rareté du poisson dans<br />
l'alimentation des populations et la pisciculture prend alors son intérêt familial. La planche 86 nous schématise<br />
les principales zones <strong>à</strong> vocation piscicole.<br />
85000 étangs, voil<strong>à</strong> déj<strong>à</strong> des résultats fort encourageants, mais l'on ne saurait s'en contenter.<br />
Madagascar a de magnifiques possibilités dans le domaine piscicole (eau, terrains favorables) et il n'est pas<br />
exagéré de penser que le chiffre des étangs familiaux pourrait largement dépasser les 200000 dans une<br />
vingtaine d'années avec une mise en valeur intéressante de bien des terrains incultes et un encadrement<br />
technique suffisant du paysan qui doit apprendre son nouveau métier de pisciculteur. Il ne suffit pas, en<br />
effet, de posséder des étangs pour produire du poisson, il faut savoir les exploiter et en tirer une production<br />
optimum.<br />
Pour réaliser des étangs de pisciculture familiaux et pour pêcher dans nos lacs, sur un plan artisanal,<br />
il n'est pas besoin de gros crédits et d'investissements importants, contrairement <strong>à</strong> ce que croient certains<br />
utopistes qui attribuent <strong>à</strong> l'argent un pouvoir exagéré. Le travail des bras et le courage suffisent très souvent<br />
<strong>à</strong> nos paysans <strong>à</strong> améliorer leur propre sort de façon intéressante et <strong>à</strong> peu de frais. Mais il faut qu'une intensification<br />
de l'infrastructure en matière de recherches et de vulgarisation, en même temps qu'une remise<br />
sur pied d'un encadrement de valeur, tout spécialement au stade «moniteur », de nos masses paysannes<br />
permettent de redonner une nouvelle phase «explosive» <strong>à</strong> la construction et l'aménagement d'étangs<br />
nouveaux. Ce ne sera qu'<strong>à</strong> ce prix que la pisciculture reprendra le développement qu'elle mérite<br />
d'ai lieu rs.<br />
D. DE QUELQUES PROBLÈMES EN MATIÈRE DE PISCICULTURE<br />
1. Utilisation d'espèces <strong>à</strong> forte résilience<br />
Bien des personnes posent, d'ailleurs <strong>à</strong> juste titre, la question suivante: « pourquoi ne pas donner<br />
plus de place, dans les élevages que leur conseillent les services techniques, <strong>à</strong> certaines excellentes espèces<br />
autochtones? » et elles pensent tout particulièrement au Marakely. C'est que beaucoup d'espèces malgaches<br />
déj<strong>à</strong> expérimentées telles que Marakely, Saroy, Masovoatoaka, excellentes de goût et fort prisées, n'ont<br />
malheureusement qu'une faible résilience ce qui, en matière de pisciculture, se traduit par:<br />
- Des productions totales assez faibles;<br />
- Des possibilités de pêches intermédiaires très limitées;<br />
- Des problèmes de réempoissonnement, notamment pour les espèces peu prolifiques ou qui,<br />
comme le Marakely, mangent une bonne partie de leur progéniture. Une espèce telle que le Kotso de l'Ouest,<br />
par exemple, mériterait des essais et nous avons déj<strong>à</strong> parlé de j'intérêt de l'élevage de certains Mulets et<br />
du Vargo.<br />
Il est évident que le Tilapia est d'une résilience telle par:<br />
- Sa prolificité;<br />
- Son taux de survie;<br />
- Sa possibilité de forte densité par unité de surface (faible espace vital) ;<br />
- Sa croissance (très moyenne, en fait, mais belle) qu'aucune autre espèce n'atteint ses productions<br />
élevées et surtout ses facilités d'élevage.<br />
La Carpe, espèce reconnue être <strong>à</strong> forte résilience dans certains grands plans d'eau naturels (lacs<br />
Alaotra et Itasy, par exemple, cours d'eau de la zone Centre-Ouest et de la réglon de Majunga ...),_n'a malheureusement<br />
que des possibilités restreintes en pisciculture familiale malgache souvent limitée <strong>à</strong> de petits<br />
étangs où la Carpe ne se reproduit pas naturellement. Par contre, cette espèce, quand elle bénéficie d'un<br />
/4/
grand espace vital (beaucoup plus exigeante, <strong>à</strong> ce titre, que le Tilapia) et d'une bonne nourriture, a une<br />
croissance individuelle bien supérieure <strong>à</strong> celle du Tilapia et son élevage est alors fort intéressant, mais avec<br />
la nécessité de produire des alevins dans des étangs supplémentaires et avec des techniques plus ou moins<br />
artificielles. La résilience de cette espèce est donc bien différente suivant le milieu.<br />
2. La pisciculture intensive<br />
Nous ne concevons, en matière de pisciculture familiale, que la pisciculture intensive. Nous en<br />
comprendrons immédiatemment l'intérêt en précisant que la production naturelle d'un étang (sans nourriture,<br />
ni déversement de fumier ...) oscille généralement entre 200 et 400 kilogrammes par hectare et par an<br />
<strong>à</strong> Madagascar, mais qu'un élevage intensif permet d'atteindre aisément des rendements de 3 et 4 tonnes par<br />
hectare et par an. Certains rendements exceptionnels ont dépassé les 6 tonnes <strong>à</strong> Périnet et 8 tonnes en zone<br />
côtière! La production naturelle est donc multipliée au moins par dix, bien plus dans certains cas exceptionnels.<br />
Il est évident que des résultats aussi intéressants ne sont vraiment obtenus qu'avec des efforts<br />
journaliers et soutenus tout au long des élevages; le proverbe malgache: Aza manantena landy latsaka ho<br />
lamba vita (N'espérez pas voir des cocons tombés se transformer tout seul en tissus de soie) traduit le vieux<br />
bon sens des paysans-éleveu rs de brousse.<br />
3. Possibilités particulières de pisciculture saisonnière dans certaines régions de l'Ouest<br />
et du Sud<br />
Mon rapport de mission en Israël (R. 8) avait appelé l'attention sur les possibilités de pisciculture<br />
saisonnière dans des pays semi-arides. Il est évident que la «bataille pour l'eau» est <strong>à</strong> Madagascar, comme<br />
dans bien des pays du monde, l'un des problèmes cruciaux pour le développement de la production et tout<br />
doit être mis en œuvre pour économiser cette précieuse matière. Bien des barrages et des retenues d'eau<br />
peuvent être utilisés, même de façon saisonnière, pour la pisciculture (R. 254 et article de A. Yashouv (Wirszubskl)<br />
de 1955 : Les lacs de barrage en Israël et leur utilisation pour J'élevage du poisson. Article de 7 pages<br />
en anglais, paru dans «Conseil des Pêches pour la Méditerrannée ». Etude technique n? 3 ; F.A.O. Rome)<br />
et le problème essentiel sera de pouvoir stocker une réserve pérenne dans un étang toujours en eau (alimenté<br />
par un filet d'eau ou une source qui compense, au moins, l'évaporation intense ou étang très<br />
profond ...).<br />
Certains travaux d'irrigation du Génie Rural nous permettront, également, d'entrevoir des possibilités<br />
de pisciculture de ce type.<br />
4. Problème de l'introduction de nouvelles espèces<br />
L'introduction de nouvelles espèces, nous l'avons déj<strong>à</strong> vu, a passionné bien des techniciens, des<br />
pêcheurs sportifs ou des amateurs. Mais toute introduction ne saurait être nécessairement un gain. Si tout<br />
nouveau vorace doit être systématiquement écarté, il faut rappeler, ici, que dans les eaux libres la production<br />
est toujours limitée par les possibilités en nourriture (toutes les niches étant occupées) et qu'en pisciculture<br />
il est douteux que nous trouvions dans un avenir proche une espèce aussi rustique, aussi élastique et aussi<br />
productive que le Tilapia. Le Service des Eaux et Forêts d'ailleurs, <strong>à</strong> la demande de M. le Président Tsiranana<br />
lui-même, a songé <strong>à</strong> introduire récemment d'Afrique Centrale l'Heterotis niloticus (R. 70 et R. 229), espèce <strong>à</strong><br />
croissance vraiment extraordinaire (4 kilogrammes <strong>à</strong> vingt mois), mais qui exige beaucoup d'espace vital,<br />
donc de grands étangs. C'est une espèce d'eaux chaudes (uniquement zone côtière) et dont la reproduction<br />
en étangs pose des problèmes particuliers, un peu comme en pose la Carpe. Il est probable que les réels<br />
progrès en matière de pisciculture porteront plus, ces années proches <strong>à</strong> venir, sur la sélection de souches<br />
de Tilapia et de Carpe <strong>à</strong> croissance rapide et sur l'amélioration des méthodes intensives d'élevage (y compris<br />
celui de l'Heterotis niloticus) que sur l'introduction. <strong>à</strong> Madagascar. d'espèces nouvelles.<br />
142
E. TECHNIQUES PISCICOLES. BIOLOGIES DU TILAPIA (PI. 87) ET DE LA CARPE<br />
EN ÉTANG. RENDEMENTS ET ESPÈCES A CONSEILLER<br />
1. Techniques piscicoles<br />
Plusieurs notices de vulgarisation: R. 107 (Tilapia), R. 108 (Black-bass) et R. III (Carpe) ont défini<br />
les grandes lignes et les principaux conseils <strong>à</strong> suivre pour l'élevage de ces diverses espèces. Bien entendu,<br />
la pisciculture du Black-bass ne peut intéresser que quelques propriétaires de grands étangs qui ne recherchent<br />
pas la production de kilogrammes de poissons, mais bien l'agrément de la pêche sportive au lancer.<br />
En pisciculture familiale, il ne saurait être question d'essayer de produire du Black-bass dans des<br />
petits étangs (même de quelques ares). Cette espèce est, en effet, lin carnivore qu'il est difficile de nourrir<br />
abondamment artificiellement et il est indiscutable que, dans la bataille de production de protéines pour la<br />
famille malgache, il vaut mieux produire plusieurs kilogrammes de Tilapia, de Carpe, de Marakely ou de<br />
Cyprin (avec lesquels il faudrait nourrir le Black-bass) .que de produire, <strong>à</strong> leur place, un kilogramme seulement<br />
de Black-bass dont le régime carnivore allonge d'un maillon la chaîne alimentaire considérée et dont il<br />
diminue le rendement. Il faut, en effet, plusieurs kilogrammes de poissons et plusieurs kilogrammes d'autres<br />
animaux vivants: insectes, grenouilles, etc., pour la production d'un kilogramme de chair de Black-bass.<br />
Il ne s'agit pas de reprendre, ici, les techniques <strong>à</strong> la fois de construction d'étangs et d'élevage proprement<br />
dit, déj<strong>à</strong> très détaillées dans nos notices et dans d'autres travaux (R. 236 et R. 244). Enumérons cependant,<br />
en les résumant, les principaux conseils qu'il nous paraît essentiel de rappeler <strong>à</strong> tout pisciculteur:<br />
1. La nourriture du poisson doit être abondante et régulière, si possible journalière. Le ccsecret »<br />
des fortes productions réside dans la nourriture et dans l'adjonction <strong>à</strong> l'étang de fumier ou de purin qui<br />
peuvent être mis en petites quantités, mais souvent (une ou deux fois par mois, producteurs de plancton).<br />
Les herbivores sont de remarquables producteurs de chair <strong>à</strong> partir d'une végétation facile <strong>à</strong> récolter ou<br />
<strong>à</strong> produire:<br />
- Herbes, légumes, feuilles de manioc, de papayer ou de patate, citrouilles (Voatavo), fruits avariés,<br />
jeunes feuilles de maïs ou de bananier, cultures fourragères, etc.<br />
C'est pourquoi l'intérêt de l'élevage d'herbivores (Tilapia melanopleura et zillii) est indiscutable, la<br />
pisciculture en est peu onéreuse et doit être encouragée. La nourriture se donne alors toujours «<strong>à</strong> refus »,<br />
c'est-<strong>à</strong>-dire qu'il reste <strong>à</strong> tout moment de la végétation sur l'eau des étangs.<br />
Une pisciculture est cependant généralement plus productive encore par mélange d'une espèce<br />
herbivore avec une autre omnivore, les ressources totales du milieu étant utilisées au mieux.<br />
La nourriture des omnivores: Tilapia rnacrochlr, nilotica et mossambica, Carpe, Cyprin doré, Marakely,<br />
peut être des plus variées (en rappelant aussi tout spécialement l'intérêt du fumier dans ces élevages<br />
d'espèces planctonophages) : son de riz, déchets de ménage, manioc pilé, pommes de terre, patates ou<br />
maïs cuits, tourteaux d'arachides et de coprah (et même de baobab), etc. Pour ces planctonophages, l'utilisation<br />
d'engrais phosphatés (superph.osphates ou guano local) est intéressante (plancton), mais il est encore<br />
impossible de dire si leur utilisation est vraiment « payante » ;<br />
2. Il est très important de pratiquer des Pêches intermédiaires, tout particulièrement avec le Tilapia.<br />
Celles-ci ont essentiellement trois buts:<br />
Permettre <strong>à</strong> la famille de l'éleveur de manger du poisson plusieurs fois par sernalne j -<br />
De diminuer la pullulation des petits sujets, et, en conséquence, la concurrence vitale;<br />
De pêcher des gros sujets qui profitent moins que les autres de la nourriture distribuée et qui<br />
sont arrivés <strong>à</strong> des tailles intéressantes. De plus, un gros poisson pris est un reproducteur en moins, nous<br />
n'avons pas, avec le Tilapia en particulier, <strong>à</strong> nous soucier de la reproduction toujours trop importante;<br />
3. Il est nécessaire, dans toute pisciculture suivie et contrôlée, d'opérer des vidanges totales périodiques<br />
qui devraient avoir lieu:<br />
- Tous les six mois en zone côtière;<br />
- Une fois par an sur les plateaux.<br />
/43
Ces vidanges permettent d'éliminer les gros poissons, l'excès des petits sujets (qui donnent d'excellentes<br />
fritures), le réempoissonnement se faisant avec une majorité de sujets moyens (10 <strong>à</strong> 20-centimètres).<br />
Il doit être exclu, en pisciculture, tout espoir de capitaliser le cheptel, car la population atteint un« plafond»<br />
qu'elle ne peut dépasser, plafond déterminé par chaque ensemble de conditions locales. L'étang ayant réalisé<br />
son « plein », le poids total du peuplement stagne et l'étang ne produit plus. C'est pourquoi il faut, <strong>à</strong> tout<br />
prix, faire des vidanges totales pour éviter d'atteindre les «stocks-limites» au-del<strong>à</strong> desquels nos plans d'eau<br />
deviennent im prod uctlfs,<br />
4. Outre ces trois points essentiels, précisons encore les conseils suivants<br />
a. Les mises en charge (empoissonnements) sont généralement pratiqués sur la base d'environ<br />
500 kilogrammes par hectare (5 kilogrammes par are) ;<br />
b. Les pêches intermédiaires, opérées <strong>à</strong> la ligne et, mieux encore, au filet <strong>à</strong> petites mailles, peuvent<br />
commencer trois ou quatre mois après l'empoissonnement et elles peuvent porter sur des captures d'environ<br />
1 kilogramme par semaine et par are sur les plateaux (rendement maximum annuel constaté de<br />
3,8 tonnes <strong>à</strong> l'hectare) et jusqu'<strong>à</strong> 2 kilogrammes par are et par semaine en zone côtière où sont pratiquées<br />
deux vidanges totales par an (rendement annuel total d'environ 4,8 tonnes <strong>à</strong> l'hectare; PL. 87, courbes<br />
nOS et 6. R = réempoissonnement);<br />
c. Il est indispensable de posséder, en plus des étangs d'élevage proprement dit, un ou plusieurs<br />
petits étangs de stockage pour garder le poisson au moment des vidanges totales et surtout le stock minimum<br />
<strong>à</strong> réempoissonner;<br />
d. Il est utile d'opérer, au moins tous les deux ans, lors d'une vidange totale, un assec d'environ un<br />
mois minimum (mieux deux mois, de préférence en saison fraîche) qui permet de contrôler l'état des digues<br />
et d'éliminer certains parasites (dytiques, nèpes, belostomes, ranâtres, têtards de grenouilles, etc.). Si les<br />
fonds sont trop vaseux la vase liquide doit être éliminée (<strong>à</strong> la pelle) et fon peut ensuite chauler les fonds<br />
<strong>à</strong> raison de 2 tonnes minimum par hectare (20 kilogrammes <strong>à</strong> l'are de chaux agricole ou de Dolomie) ;<br />
e. La pisciculture doit être menée en eau pratiquement stagnante, car l'eau courante emporte avec<br />
elle le plancton et la nourriture. Bien entendu, par journées trop chaudes, il peut-être donné dans chaque<br />
étang un peu d'eau courante (R. 166) abaissant la température;<br />
f. Il est toujours utile d'avoir de la végétation dans l'étang (nourriture et abris), mais il est recommandé,<br />
alors, d'avoir une zone périphérique parfaitement propre, car c'est dans celle-ci que les moustiques<br />
ont tendance <strong>à</strong> se développer et sont le plus <strong>à</strong> l'abri de la dent des poissons, en limite des berges, dans très<br />
peu d'eau. La Carpe est un mauvais chasseur de larves de moustiques, il peut facilement lui être ajouté des<br />
Gambusies;<br />
g. Dans la mesure du possible, il y a toujours intérêt <strong>à</strong> détruire au maximum les ennemis ou prédateurs<br />
de nos poissons:<br />
- Insectes lors des vidanges ou capture <strong>à</strong> l'épuisette quand ils vont respirer <strong>à</strong> la surface (par exemple<br />
Dytiques) ;<br />
- Têtards et grenouilles, serpents;<br />
- Oiseaux tels que martins-pêcheurs, hérons (vano), takatra.<br />
2. Biologie du Tilapia et de la Carpe en étang<br />
Nous ne serons vraiment <strong>à</strong> même d'être d'excellents pisciculteurs que si nous avons essayé de pénétrer<br />
toutes les complexités de la biologie des espèces en étangs, c'est pourquoi nous avons essayé de résumer<br />
et de schématiser par des graphiques (PL. 87) quelques résultats obtenus dans nos stations avec le Tilapia.<br />
Quelques aspects de la biologie du Tilapia (PI. 87)<br />
144<br />
Nous étudierons successivement quelques aspects de la biologie du Tllapla :<br />
a. Reproduction et survie;<br />
b. Croissance;
(<br />
1<br />
c. Evolution d'une population et stock-limite (danger de mortalités) ;<br />
d. Espèces en mélange;<br />
e. Influence des saisons sur les élevages;<br />
a. Reproduction et survie: Nous avons déj<strong>à</strong> donné, lors de l'étude des Cichlidés (chapitre I-B) un<br />
certain nombre de chiffres relatifs aux pontes des diverses espèces en étang et l'on devine aisém.ent la rapide<br />
pullulation de la population avec des pontes aussi importantes et rapprochées. Dans les eaux naturelles,<br />
le taux de survie dépend essentiellement de l'importance des pêches qui enlèvent une partie du peuplement<br />
en équilibre (<strong>à</strong> un moment donné) et qui permettent ainsi, <strong>à</strong> une petite fraction des alevins nouveaux-nés,<br />
de survivre, une très forte proportion étant rapidement vouée <strong>à</strong> la disparition par suite de la concurrence<br />
vitale dans un milieu relativement pauvre et limité en nourriture.<br />
Dans nos étangs nourris artificiellement, la su rvie et .la croissance des alevi ns sont essentiellement<br />
fonction de deux facteurs déterminants:<br />
- D'une part, la nourriture;<br />
- D'autre part, l'espace vital, facteur qui est lui-même en relation directe avec l'importance des<br />
mises en charge, avec les pêches intermédiaires et avec la durée des élevages.<br />
Tous ces facteurs s'i nterpénètrent de façon fort com plexe et les nom breuses vidanges auxquelles nous<br />
avons assisté et que nous avons chiffrées montrent combien chaque étang, avec ses conditions particulières<br />
(par exemple nature des berges ou richesse en végétation submergée), son peuplement particulier (répartition<br />
des tailles, mélange des espèces), ses conditions de nourriture, les époques d'élevage aboutissait <strong>à</strong> des<br />
populations assez voisines quand elles étaient réalisées dans des conditions analogues, mais cependant bien'<br />
individualisée chacune (tailles maximum, nombre de poissons, proportion entre les diverses tailles).<br />
En matière d'alimentation, le Tilapia se contente d'une faible quantité de nourriture naturelle, c'est<br />
ce qui explique une proportion relativement forte de survie des alevins dans nos étangs fumés et bien nourris.<br />
Mais il est évident que tout peuplement animal est limité par les nécessités d'espace vital spécifique <strong>à</strong> chaque<br />
espèce et l'on peut dire aussi que le Tilapia est très peu exigeant au point de vue de ce dernier. Tout<br />
concourt <strong>à</strong> permettre au Tilapia d'être en nombre important par unité de surface, étant peu exigeant en<br />
oxygène par ailleurs et dans la phase explosive que connaît un peuplement encore peu nombreux, la survie<br />
des générations successives est forte au début, puis elle devient de plus en plus faible et elle finit par devenir<br />
pratiquement nulle avec la « saturation» de la population qui tend vers un « plafond» que l'on peut aussi<br />
appeler «stock-limite» que peut contenir un étang dans des conditions données. Le nombre de sujets par<br />
mètre carré (avec environ un mètre de profondeur d'eau) oscille alors couramment entre 15 et 20, ce qui est<br />
élevé, car nous dépassons les <strong>150</strong>000 poissons par hectare (en population mixte).<br />
Les pêches intermédiaires favorisent, par <strong>à</strong>-coups successifs et répétés, le développement des poissons<br />
restants et la survie d'une partie des nouveaux alevins. Rappelons, dans cet ordre d'idées, que nous avons<br />
appelé « résilience» la rapidité avec laquelle le peuplement évoluait (en poids notamment) et avec laquelle<br />
toute « trouée» faite au milieu des poissons, par la pêche en particulier, était rapidement comblée par sa<br />
prolificité, son taux de survie et sa rapide croissance. Nous devrons toujours nous rappeler que plus nous<br />
pêcherons dans un étang (dans des limites raisonnables, bien entendu), plus nous y créerons des conditions<br />
favorables <strong>à</strong> ceux qui y restent ou qui vont y naître, d'où une production totale notablement accrue par les pêches<br />
intermédiaires;<br />
b. Croissance (courbes 1 et 2) : Dans une de ses études techniques (R. 236) relative aux populations<br />
mixtes, B. Charpy nous précise très justement: « En pisciculture la nourriture naturelle et artificielle est<br />
variable d'un étang <strong>à</strong> l'autre: le nombre d'individus qui se la dispute est lui aussi très variable; la lutte<br />
pour la vie favorise toujours les plus forts, de sorte qu'il est absolument impossible de chiffrer une taille<br />
et un poids moyen des Tilapia <strong>à</strong> un âge donné ».<br />
Tout en songeant que chaque étang, avec ses conditions naturelles (température des eaux, nourriture<br />
naturelle) et avec ses conditions de nourriture artificielle distribuée, constitue un biotope bien défini et<br />
particulier, nous pouvons cependant donner, <strong>à</strong> titre indicatif, quelques chiffres moyens courants pour la<br />
croissance de Tilapia élevés et vivants plusieurs années dans un étang où se pratique une pisciculture intensive<br />
avec peuplements mélangés (sujets de tous âges) :<br />
1 mois ·......... 2 centimètres 1 gramme<br />
3 mois....................... 6 centimètres 6 grammes<br />
/45
6 mois .<br />
9 mois .<br />
1 an .<br />
1 an Yz .<br />
2 ans .<br />
Il,5 centi mètres<br />
13,5 centimètres<br />
15,5 centimètres<br />
18 centi mètres<br />
20 centi mètres<br />
40 grammes<br />
65 grammes<br />
100 grammes<br />
<strong>150</strong>grammes<br />
200 grammes<br />
Ces chiffres sont des moyennes pour les poissons qui ont survécu et il n'est pas rare de voir dans nos<br />
étangs quelques sujets de deux ou trois ans dépassant les 500 grammes.<br />
S'il est connu que les poissons n'arrêtent jamais définitivement leur croissance tout au cours de leur<br />
vie, cette croissance tend cependant vers une limite qui est en quelque sorte un « plafond» spécifique de<br />
chaque espèce et très variable avec les conditions dans lesquelles celle-ci vit. La courbe 2 schématise les<br />
plafonds respectifs que le Tilapia macrochir atteint suivant les divers milieux naturels. Nous concevons<br />
facilement que dans les étangs artificiels les moyennes des poids maximum des sujets, élevés et nourris<br />
artificiellement, atteignent également des chiffres (ou niveaux) différents suivant les conditions d'élevage et<br />
les facteurs climatiques.<br />
En population équienne (tous les poissons étant du même âge) et limitée en nombre, la croissance<br />
individuelle sera beaucoup plus rapide, montrant toute l'influence de l'espace vital, facteur dont nous verrons,<br />
<strong>à</strong> un degré beaucoup plus accusé encore, l'importance dans la croissance de la Carpe. Mais un tel élevage n'est<br />
vraiment valable que jusqu'aux premières pontes constatées, époque <strong>à</strong> laquelle l'on assiste très vite <strong>à</strong> un<br />
véritable pullulement des jeunes nouveaux-nés qui viennent concurrencer les parents. Les croissances des<br />
Tilapia peuvent, dans ce cas, se schématiser comme suit (empoissonnements faits avec des alevins de un mois) :<br />
Charge<br />
(nombre de poissons <strong>à</strong> l'are)<br />
Poids<br />
moyen <strong>à</strong> neuf mois<br />
500 . 50 <strong>à</strong> 60 grammes<br />
250 .<br />
100 .<br />
50 .<br />
20 <strong>à</strong> 30 .<br />
(suivant les étangs)<br />
100 <strong>à</strong> 125 grammes<br />
200 <strong>à</strong> 220 grammes<br />
250 grammes environ<br />
300 grammes environ<br />
Ces chiffres nous montrent essentiellement deux faits:<br />
Poissons bien nourris<br />
- Les rendements en poids totaux des peuplements de tels élevages sont bien inférieurs <strong>à</strong> ceux des<br />
élevages mixtes, il y a donc prix de revient du poisson plus élevé (gaspillage de nourriture) ;<br />
- Les charges optimum de telles piscicultures se situent au voisinage de 100 alevins par are (beau<br />
Tilapia portion de 200 grammes <strong>à</strong> neuf mois), car pour des charges plus faibles les croissances individuelles<br />
atteignent des plafonds qui ne sont plus «payants ».<br />
L'on sait enfin que chez les Tllapla, la croissance moyenne des mâles est plus rapide que celle des<br />
femelles et il est un fait que, lors des vidanges, les plus gros sujets sont généralement des mâles. Certains<br />
techniciens ont alors pensé n'élever, en populations équiennes, que des mâles afin d'obtenir dans les meilleurs<br />
délais de gros Tilapia. En fait il est très difficile de reconnaître, de façon absolue, le sexe des jeunes<br />
sujets et nous laisserons pour plus tard, avec les mises au point <strong>à</strong> venir, de telles piscicultures ainsi d'ailleurs<br />
que celles d'alevins obtenus expérimentalement par hybridation d'espèces différentes (R. 226, Communication<br />
de J. Bard: Hybridation des Tilapia et communication de M. Mortimer: Hybrid Ti/apia in Northern<br />
Rhodesia), ou croisement de souches d'une même espèce, mais géographiquement très éloignées les unes<br />
des autres et donnant, dans certains cas, une nouvelle génération <strong>à</strong> croissance très rapide;<br />
C. Evolution d'une population (courbes 3 et 4) : En matière de pisciculture familiale, nous avons conseillé<br />
des mises en charge d'environ 5 kilogrammes par are (1 kilogramme d'alevins, 3 kilogrammes de moyens<br />
et 1 kilogramme de gros sujets), l'espèce herbivore et l'espèce omnivore étant environ <strong>à</strong> égalité. En nourrissant<br />
journellement le peuplement avec de l'herbe <strong>à</strong> refus et au vingtième de son poids en son de riz (moins<br />
si l'on utilise un aliment plus riche, tel que le tourteau d'arachide), l'on arrive aux chiffres moyens successifs<br />
suivants, <strong>à</strong> la station piscicole de Périnet (altitude 950 mètres) :<br />
146<br />
- Empoissonnement......... . . . . .. 5 kilogrammes <strong>à</strong> l'are (500 kilogrammes par hectare)<br />
- Au bout de trois mois........... environ 10 kilogrammes
- Six mois 25 <strong>à</strong> 30 kilogrammes<br />
- Neuf mois .<br />
- Un an .<br />
35 <strong>à</strong> 40 kilogrammes<br />
45 <strong>à</strong> 55 kilogrammes<br />
ce qui nous donne des rendements courants dans la région de Périnet-Moramanga de 4 <strong>à</strong> 5 tonnes par<br />
hectare et par an.<br />
Mais notre population peut très bien croître encore et, si nous ne vidons pas l'étang qui la renferme,<br />
nous arrivons <strong>à</strong> deux ou deux ans et demi, toujours en nourrissant bien, <strong>à</strong> un poids total oscillant, suivant<br />
les cas, entre 70 et 90 kilogrammes par are. Nous sommes <strong>à</strong> peu près arrivés au « plafond », <strong>à</strong> cette «capacité<br />
maximum» ou «stock-limite» qu'il est difficile de dépasser sans danger, car <strong>à</strong> la moindre journée<br />
chaude, <strong>à</strong> la moindre fermentation de nourriture non consommée ou par suite de phénomènes divers telle<br />
que la formation rapide de fleur d'eau par exemple (R. 166), il Y a déficit d'oxygène pour les poissons et<br />
mortalités massives. A la station piscicole de Sakaraha, avec une eau légèrement courante, ce stock-limite<br />
avait atteint, dans l'une des expériences, le chiffre de 105 kilogrammes <strong>à</strong> l'are, soit 10,500 tonnes <strong>à</strong> l'hectare<br />
et <strong>à</strong> Périnet une population de Tilapia macrochir a atteint 129 kilogrammes dans un étang d'un are en saison<br />
fraîche. Supprimons, dans l'un de ces cas, la nourriture et nous assistons <strong>à</strong> une hécatombe de poissons,<br />
le peuplement non nourri retombe vers un nouvel équilibre qui se stabilise au niveau de la «capacité<br />
naturelle» de l'étang. Celle-ci n'est guère élevée et elle oscille, suivant les cas, entre 2,500 kilogrammes<br />
et 5 kilogrammes <strong>à</strong> l'are (ce dernier chiffre pour des eaux riches de l'Ouest);<br />
d. Répartition des tailles dans les populations: Nous devinons très vite que la répartition des tailles<br />
est essentiellement liée, outre le facteur alimentation:<br />
- <strong>à</strong> la saison d'une part;<br />
- aux pêches d'autre part, celles-ci étant plus ou moins sélectives. La saison fraîche est caractérisée<br />
par l'absence d'alevins (quelques sujets restent cependant très retardataires dans leur croissance); en saison<br />
chaude. par contre, l'on assiste <strong>à</strong> une pullulation des jeunes générations successives. Les pêches peuvent<br />
sensiblement modifier l'allure générale et habituelle de la courbe du peuplement théorique qui est une<br />
portion de branche d'hyperbole. Nous avons donné, <strong>à</strong> titre d'exemples, deux cas typiques, établis <strong>à</strong> six<br />
mois d'intervalle (PI. 87) :<br />
Le premier, fin septembre, juste avant les nouvelles pontes;<br />
- Le deuxième, fin mars, en pleine saison de reproduction.<br />
Bien entendu, ces chiffres portent sur des étangs où aucune vidange totale récente n'est venue<br />
trop modifier la structure d'un peuplement comportant des poissons de tous âges et vivant en équilibre<br />
naturel depuis plusieurs mois. Les deux populations étudiées ici et qui représentaient, entre nombreuses<br />
autres, des cas moyens, portaient sur les chiffres suivants:<br />
Septembre: 16 370 sujets de toutes tai Iles pou riO ares, soit 16 Ti lapia au mètre carré. Poids total<br />
de 678 kilogrammes, soit 67,8 kilogrammes <strong>à</strong> l'are.<br />
Mars: 20 165 sujets dénombrés de plus de 3 centimètres, très nombreux alevins de petite taille et<br />
plusieurs nuages d'alevins, soit plus de 20 Tilapia au mètre carré (+ nombreux petits alevins qui vont<br />
connaître une très forte mortalité infantile). Nous pouvons évaluer le chiffre réel et total du nombre<br />
de sujets le jour de la vidange <strong>à</strong> plus de 50 000. Poids total de 668 kilogrammes, soit 66,8 kilogrammes <strong>à</strong> l'are.<br />
Dans ces populations, les proportions des classes de tailles s'établissaient environ comme suit,<br />
évaluées en nombre:<br />
- Alevins jusqu'<strong>à</strong> 3 centimètres .<br />
- Petits sujets de 3 <strong>à</strong> 9 centimètres .<br />
- Sujets moyens de 9 <strong>à</strong> 18 centimètres .<br />
- Gros sujets de plus de 18 centimètres .<br />
Fin saison fraîche Fin saison chaude<br />
Op. 100 .<br />
51 p. 100 ..<br />
45 p. 100 ..<br />
4 p. 100 .<br />
60 p. 100<br />
25 p. 100<br />
13,5 p. 100<br />
1,5 p. 100<br />
d. Espèces en mélange: Nous avons déj<strong>à</strong> vu que le mélange d'un herbivore et d'un omnivore planetonophage<br />
était toujours souhaitable <strong>à</strong> la fois pour une exploitation maximum des ressources du milieu<br />
et en vue d'obtenir des rendements maximum. Charpy a très bien montré, <strong>à</strong> la Station de la Djoumouna<br />
(République Congo-Brazzaville), toute l'importance de la nature de l'alimentation dans l'évolution d'une<br />
population comprenant des Tilapla des deux types de régimes alimentaires et nous avons maintes fois<br />
abouti, <strong>à</strong> Madagascar, aux mêmes conclusions. Si l'on part d'un peuplement où herbivores et omnivores<br />
/47
sont <strong>à</strong> peu près <strong>à</strong> égalité, l'espèce qui est la plus abondamment nourrie prend assez rapidement le dessus<br />
et, <strong>à</strong> ce sujet, nous devons nous rappeler l'exemple naturel que nous avons donné pour le développement<br />
explosif suivi d'une forte limitation du Ti lapia melanopleura dans le lac Alaotra (chapitre I-A). Une espèce se<br />
développe, dans un milieu donné, en fonction des possibilités de sa nourriture spécifique. Dans un étang<br />
où nous avons, par exemple, un mélange macrochir-zillii, si nous ne donnons que de j'herbe, le zillii dominera<br />
très rapidement, les moyens et les gros profitant tout particulièrement de cette alimentation. Par contre,<br />
si nous ne donnons que du son de riz ou du tourteau d'arachide broyé, les alevins de l'espèce herbivore,<br />
qui sont également microphages-planctonophages comme ceux de l'espèce omnivore, profitent bien de<br />
cette nourriture, mais les moyens et les gros sujets herbivores souffrent du manque d'herbe et régressent.<br />
Un élevage qui comporte généralement 50 p. 100 de chaque type doit donc être nourri avec de l'herbe<br />
<strong>à</strong> refus et avec suffisamment de son de riz (ou autre nourriture d'omnivore) pour maintenir, en gros, la<br />
proportion de départ;<br />
e. Influence des saisons: Il est bien connu, en biologie, que la température est dans beaucoup de<br />
cas et dans des limites définies, bien entendu, un facteur favorisant la croissance des animaux et des plantes.<br />
Certaines de nos expérimentations, en particulier celles menées <strong>à</strong> Périnet, ont essayé de chiffrer<br />
avec le Tilapia zillii les différences de productions entre la saison chaude, les deux saisons intermédiaires<br />
et la saison fraîche, en partant toujours de la même mise en charge de 8 kilogrammes <strong>à</strong> l'are et en donnant<br />
une nourriture strictement pesée de I/Ioe du poids du peuplement en herbe. Les essais de plusieurs années<br />
ont abouti aux productions supplémentaires moyennes suivantes:<br />
/48<br />
- Production de la saison chaude (six mois, début octobre <strong>à</strong> fin mars)....... 16 kilogrammes<br />
- Production des saisons intermédiaires et de la saison fraîche (six mois). . .. . 8 kilogrammes<br />
avec un rendement moyen de : 16 + 8 = 24 kilogrammes par are, soit 2,400 tonnes <strong>à</strong> l'hectare Et par an.<br />
Avec de l'herbe <strong>à</strong> refus, nous aurions eu des rendements courants (obtenus par ailleurs) de 3,500 tonnes <strong>à</strong><br />
4,500 tonnes <strong>à</strong> l'hectare et par an et avec des proportions voisines quant <strong>à</strong> la répartition des productions<br />
totales:<br />
- 2/3 pendant les six mois de saison chaude (qui comprend la saison de reproduction intense) ;<br />
- 1/3 pendant les autres six mois.<br />
C'est montrer tout l'intérêt de « pousser» la plsclcultre intensive en saison chaude, tout spécialement<br />
sur les plateaux.<br />
Aspects comparés de la biologie de la Carpe<br />
Nous résumerons, ici, par rapport <strong>à</strong> ce que nous avons observé pour les Tllapla, quelques aspects<br />
marquants de la biologie de la Carpe et nous en tirerons quelques conclusions essentielles en vue de son<br />
élevage.<br />
a. Reproduction et survie: Les conditions de température étant satisfaites (généralement température<br />
moyenne supérieure <strong>à</strong> 22 0 ), nous savons que la Carpe ne se reproduit, aussi bien dans les étangs que dans les<br />
eaux naturelles, que si elle estime le milieu vraiment favorable <strong>à</strong> l'éclosion de ses œufs; la ponte est provoquée<br />
par véritable inhibition psychique et, si elle pense que les conditions ne sont pas bonnes, elle ne<br />
pond pas, ses œufs se résorbent et elle attend de nouvelles conditions favorables et même l'année suivante.<br />
C'est ce qui explique les « caprices» de nos reproducteurs qui veulent essentiellement une eau claire et<br />
un tapis propre de végétation immergée pour y déposer leurs œufs. Les diverses techniques de reproduction<br />
artificielle (voir notice Carpe, R. III) tiennent compte de ces nécessités. Très exigeante en nourriture<br />
naturelle, en particulier beaucoup plus que le Tilapia, la Carpe demande un grand espace vital et c'est ce<br />
qui nous explique les très fortes mortalités dans le bas âge dans des petits étangs où les charges en alevins<br />
sont très fortes. Le principe consistera donc <strong>à</strong> donner de l'espace <strong>à</strong> nos jeunes Carpillons, soit en faisant<br />
reproduire la Carpe dans des grands étangs (de plus de 10 ares, méthode israélienne, R. 8) où le développement<br />
de plancton est favorisé par un déversement de fumier et d'engrais phosphatés, soit en transportant<br />
les Kakabans ou balais sur lesquels les pontes ont été effectuées dans plusieurs grands étangs d'au moins<br />
4 ou 5 ares chacun. Les recherches poursuivies <strong>à</strong> Madagascar par mon collègue Y. Thérézien <strong>à</strong> ce sujet<br />
ont été formelles et le principe <strong>à</strong> suivre dans nos stations de production d'alevins est de «forcer» ces<br />
derniers grâce <strong>à</strong> des charges faibles (une dizaine d'alevins au maximum par mètre carré), et de les céder
apidement aux éleveurs, <strong>à</strong> un mois ou cinq semaines au maximum, afin de libérer, de notre côté, les étangs<br />
qui doivent recevoi r de nouvelles pontes. Une station de carpi culture nécessite donc un grand nombre<br />
d'étangs et de fortes superficies en eau.<br />
Signalons que dans certaines de nos eaux très chargées en sels de fer, dont l'abondance se reconnaît<br />
facilement <strong>à</strong> la présence de larges taches rouges <strong>à</strong> la surface de l'eau (Iron-bog des Anglais), il peut se former<br />
autour des œufs une pellicule très nocive empêchant ceux-ci de respirer. Par ailleurs, il est connu que les<br />
sels de fer peuvent littéralement bloquer les phosphates rendus ainsi inopérants (loi du minimum). Ces<br />
facteurs peuvent avoir une grande importance dans les taux de survie des œufs et des alevins;<br />
b. Croissance: Suivant l'abondance de la nourriture, l'espace vital, la température, la croissance de<br />
la Carpe est excessivement variable (proportions courantes de 1 <strong>à</strong> 20 !). Dans des conditions favorables,<br />
la croissance moyenne de la Carpe en pisciculture peut être schématisée par les chiffres suivants:<br />
1 mois................ 3 centimètres (2 grammes)<br />
3 mois...... ..... ..... 8 centimètres (20 grammes)<br />
6 mois. . . . . . . . . . . . . . . . 14 centi mètres (50 <strong>à</strong> 60 gram mes)<br />
9 mois................ 18 centimètres (125 <strong>à</strong> 175 grammes)<br />
1 an . . .. 21 centimètres (250 <strong>à</strong> 300 grammes)<br />
1 an 1/2 27 centimètres (550 <strong>à</strong> 700 grammes)<br />
2 ans. . . . . . . . . . . . . . . .. 32 centimètres (900 <strong>à</strong> 1,200 kilogramme)<br />
3 ans 39 centimètres (1,800 <strong>à</strong> 2,500 kilogrammes)<br />
4 ans.. . . . . . .. . . .. 45 centimètres (2,800 <strong>à</strong> 3,500 kilogrammes)<br />
5 ans. . . . . . . . . . . . . . . .. 50 centimètres (4 <strong>à</strong> 5 kilogrammes).<br />
Donnons, <strong>à</strong> titre indicatif, les chiffres pratiques que l'on devra utiliser pour les charges de nos étangs<br />
(chiffres <strong>à</strong> l'are, les quantités ne sont plus données en kilogramme comme pour le Tilapia, mais en nombre<br />
de sujets) :<br />
Age Nombre maximum<br />
<strong>à</strong> l'are<br />
- Jusqu'<strong>à</strong> 1 mois ou 5 semaines................................. 1000<br />
(alevinage, cession des alevins)<br />
De 1 <strong>à</strong> 6 mois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 50 <strong>à</strong> 100<br />
(grossissement) .<br />
De 6 mois <strong>à</strong> 1 an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />
(grossissement)<br />
- De 1 <strong>à</strong> 2 ans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . la<br />
(grossissement et production de reproducteurs)<br />
- De 2 <strong>à</strong> 3 ou 4 ans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 ou 4<br />
(reproducteurs de plusieurs kilogrammes)<br />
c. Evolution des peuplements. Stock-limite: La croissance d'une population de Carpes est également<br />
représentée par une courbe en S, mais plus étalée que pour le Tilapia (croissance en poids total moins rapide)<br />
et le stock-limite est bien plus bas que celui des Tilapla. Suivant les conditions, il se situe, en élevage intensif,<br />
entre 3 et 4 tonnes <strong>à</strong> l'hectare, plafond qui est atteint en deux ou trois ans si l'on n'opère aucun prélèvement<br />
dans l'étang;<br />
d. Influence des saisons: Sur les plateaux, notamment, il y aura intérêt <strong>à</strong> orienter l'élevage de la<br />
Carpe vers une pisciculture très intensive en saison chaude et profiter des possibilités de croissance particulièrement<br />
rapide de la Carpe pour faire du «forcing », en produisant de la Carpe de 800 grammes en<br />
huit ou neuf mois, quelquefois moins, en prenant comme exemple les piscicultures israéliennes (R. 8). Nous<br />
utiliserons alors, pour l'empoissonnement de nos étangs de grossissement, des alevins nés très tôt en début<br />
de saison chaude ou des Carpillons stockés de l'année précédente, mais qui, trop serrés, sont restés petits.<br />
3. Rendements et espèces <strong>à</strong> conseiller<br />
Nous nous permettons de rappeler la définition du rendement qui représente la production totale<br />
par unité de surface et par an <strong>à</strong> laquelle ilfaut, bien entendu, retrancher le stock de réempoissonnement qui<br />
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est la mise en charge initiale. C'est la production dont bénéficie vraiment le pisciculteur. Les rendements<br />
que nous donnons ci-après ont été obtenus couramment et il ne semble pas, les zones d'altitude étant mises<br />
<strong>à</strong> part, qu'il y ait de très forts écarts entre les diverses espèces de Tilapia élevés dans une même région:<br />
Tilapia<br />
.<br />
a. Zones côtières. Toutes espèces. Maximum de 5 <strong>à</strong> 6 tonnes par hectare et par an.<br />
Les Tilapia mossambica et nilotica supportent particulièrement bien une certaine salure des eaux<br />
et leur élevage pourrait être envisagé, dans les années <strong>à</strong> venir, dans certaines eaux salées (zones des Pangalanes,<br />
mangroves ...);<br />
b. Zones de moyennes altitudes (par exemple Périnet). Rendements de 3,5 tonnes <strong>à</strong> 4,5 tonnes.<br />
Les Tilapia mossambica, macrochir et zillii semblent réussir le mieux;<br />
c. Zones des plateaux (Tananarive). Toutes espèces. Rendements de 3 tonnes <strong>à</strong> 3,5 tonnes;<br />
d. Zones situées au-dessus de <strong>150</strong>0 mètres (Ankaratra avec Ambatolampy et Manjakatompo, Vakinankaratra<br />
avec Antsirabe). Les Tilapia deviennent sensibles au froid et seul le Tilapla melanopleura doit être<br />
retenu en zones d'altitude, élevé dans des bas-fonds protégés. Rendements de 2 tonnes par hectare et par<br />
an.<br />
Carpe, Cyprin ou Marakely<br />
Ces trois espèces, très prisées par les populations malgaches, ont malheureusement des productions<br />
bien moindres que le Tilapia élevé dans des conditions analogues (avec des difficultés d'élevage supplémentaires).<br />
Les plus beaux rendements en zones de moyennes altitudes et sur les plateaux sont de l'ordre<br />
de 2,500 tonnes pour la première et 2 tonnes pour les deux autres par hectare et par an.<br />
La Carpe a l'avantage de supporter des hivers assez durs et elle peut être élevée <strong>à</strong> des altitudes<br />
supérieures <strong>à</strong> <strong>150</strong>0 mètres. C'est ce qui avait déj<strong>à</strong> fait porter avant 1950 le choix sur cette espèce dans les<br />
régions d'Ambatolampy (en particulier zone d'Antanlfotsy), Antsirabe et Betafo, Ambositra et Ambohimahasoa.<br />
Enfin, rappelons que nous pouvons très bien élever en mélange le Tilapia avec la Carpe (R. 8 et nos<br />
propres essais), avec le Cyprin ou avec le Marakely et que, pour les éleveurs avertis qui vident régulièrement<br />
leurs étangs, il peut même être intéressant d'ajouter <strong>à</strong> un peuplement de Tilapia (une ou plusieurs<br />
espèces) quelques petits Black-bass par are, ce vorace limitant la surpopulation et éliminant les sujets<br />
maladifs. Mais il est essentiel, alors, de «doser» soigneusement ce carnivore (qui <strong>à</strong> la côte peut être le<br />
Gobius giuris, par exemple) et de ne jamais le laisser prendre le dessus. Les rendements définitifs en sont,<br />
dans ces conditions, peu affectés.<br />
F. LA RIZIPISCICULTURE<br />
1. Aperçu de la technique d'élevage de poissons en rizière (Pi. 88)<br />
La notice récente (R. 124) nous détaille la technique d'élevage en rizière d'espèces diverses: Tilapia<br />
mossambica et Carpe, éventuellement aussi Cyprin et Marakely. Comme dans le domaine de la pisciculture<br />
en étangs, nous pouvons souligner les mêmes facilités d'élevage pour le Tilapia et les mêmes problèmes<br />
de régénération pour les autres espèces.<br />
Les conseils déj<strong>à</strong> donnés valent également ici en vue d'obtenir des rendements intéressants et que<br />
nous pouvons résumer comme suit: si l'on peut évidemment faire de la pisciculture extensive sans nourrir<br />
les poissons, mais alors en obtenant des rendements très faibles, il est bien visible que ce genre d'élevage.<br />
n'est bien rentable qu'en nourrissant bien, car les rendements fortement accrus «payent» largement<br />
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