STOCKAGE A LA SOURCE - WWF Belgium

Fiche n°3 - Les retenues de dépressions
4. Conception
Il existe plusieurs manières de créer des retenues d’eau dans les zones dégradées des tourbières :
Le décapage (étrépage) de la partie superficielle du sol jusqu’au niveau moyen de fluctuation de la
nappe perchée permet d’une part d’éliminer la végétation envahissante et d’autre part de ramener le
niveau de la nappe à la surface du sol. Afin de créer un gradient d’humidité et de profondeur favorable
à la recolonisation, une pente et des micro-reliefs sont aménagés. Le produit du décapage pourra être
utilisé par la suite dans le cadre de la construction de barrages et de comblement des drains (fiche n°1).
Ceci ne correspond pas véritablement à la définition d’une retenue d’eau, mais crée cependant une
surface d’eau permettant la redynamisation de la tourbe.
La seconde technique consiste à créer un réseau de diguettes en utilisant la sole d’exploitation tout en
respectant une légère pente.
La troisième manière vise à construire des digues à l’aide de palplanches en PVC au travers des fosses
d’extraction des tourbes.
Le cas des barrages seuils sera traité en détail dans la fiche n° 8. Dans
les zones où la dégradation est quasi-totale, il est nécessaire de replanter
des touradons de linaigrettes (Eriophorum vaginatum) et d’effectuer des
semis de hachis de sphaignes (Sphagnum cupsidatum).
Pour chacune des mesures citées ci-dessus, il convient d’effectuer une
étude préalable sur le comportement hydraulique de la nappe perchée,
sa fluctuation annuelle. Cette dernière permettra d’estimer la
profondeur de l’étrépage suffisant pour maximiser la surface
Touradons de linaigrettes déjà colonisés par les
sphaignes, © Priod Benoît-WWF
d’ennoiement par rapport au volume total sous eau. Une fois la
végétation développée au niveau des digues, l’entretien n’est plus
nécessaire, mais une surveillance continue des zones modifiées est
recommandée. Afin d’éviter l’érosion des digues, des trop-pleins doivent être installés sur ces dernières
pour réguler le niveau de l’eau.
5.1. Exemple de réalisation n°1 : Réserve Naturelle des Hautes-Fagnes (Belgique-Allemagne) - Annexe n°2
Photo ci-dessus : Retenue
d’eau réalisée à l’aide de
palplanches, sous eau dans ce
cas-ci, la retenue présente un
exutoire afin de limiter le
niveau d’eau, © Priod benoît-
WWF
Ces tourbières sont situées à proximité de la frontière allemande, à une
altitude de 500-700 mètres. Les perturbations anthropiques ont entraîné
l’envahissement de la molinie (Molinia caerulea) entraînant la perte de la
biodiversité ainsi que la réduction de son rôle d’éponge et minéralisation de la
tourbe. Le programme de restauration a un objectif à la fois de restauration de
la biodiversité, mais également hydrique. La gestion d’un tel programme
nécessite plusieurs types d’aménagements repris dans les différentes fiches
techniques de ce document. La technique décrite dans cette fiche est
abondamment utilisée dans le cadre de restauration des tourbières.
Lorsque la topologie le permet et que l’étrépage n’est pas nécessaire, on peut
juste recourir à la construction de diguettes à l’aide de matériaux autochtones.
Dans les endroits où cela est nécessaire, l’étrépage recrée les conditions
pionnières avec colonisation par la linaigrette et les sphaignes subaquatiques.
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