Dossier Pédagogique - Opéra Théâtre de Saint-Etienne

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24 (suite) opéra et modernité La Fée électricité, bonne marraine des théâtres dans La mise en scène de carré Comme nous l’avons vu, c’est la présence dans l’œuvre de personnages et créatures magiques qui permet de justifier l’usage intensif de la lumière électrique, encore peu maîtrisée en 1899. « La nouveauté consistait en effets lumineux reposant sur des jeux de glaces. Ils furent exploités à l’acte I et à l’acte III, pour le tableau du chêne. Dans la chaumière de Cendrillon, on avait disposé un bâti de glaces sur lequel se plaçaient les six esprits habillés de longues ailes. Lorsqu’elles étaient déployées, on projetait par en-dessous, au moyen de verres colorés, une lumière rouge, puis violette. D’autres projections se succédaient et se croisaient, venant soit des cintres, soit des coulisses : lumière bleue pour la nuit, lumière blanche pour la lune, orange pour la cheminée. Des follets, joués par de jeunes enfants, s’échappaient d’un coffre éclairé de l’intérieur par une lampe rouge. » Nicole Wild Cette utilisation très efficace de l’éclairage électrique est par ailleurs renforcée par les costumes des Esprits et le jeu de scène de ceux-ci. En effet, les danseuses incarnant les six Esprits portent des costumes munis d’ailes aux formes étranges, aux motifs tachetés, zébrés pour certains, et aux textures brillantes. Ces ailes, une fois déployées, reflètent alors la lumière rouge, projetée au travers du bâti de glace. Ce principe de réflexion et d’amplification de l’éclairage par le costume fait d’ailleurs référence à la danse serpentine d’une célèbre interprète de l’époque : Loïe Fuller (fig.5). Virevoltant à travers les faisceaux kaléidoscopiques de projecteurs, vêtue de longues draperies de gaze transparentes, Loïe Fuller avait développé un numéro spectaculaire suscitant l’intérêt de toute l’avant-garde artistique. Au vu de l’intérêt général pour le numéro de la danseuse, il ne semble pas étonnant qu’Albert Carré, déjà conscient du fort potentiel dramatique de l’éclairage, se soit intéressé au travail de la danseuse. Si bien qu’il fera un nouveau clin d’œil à celle-ci au cours du tableau du Chêne des Fées : « Aussitôt le tableau éclairé, paraissent au fond derrière le chêne, à droite et à gauche, trois danseuses de chaque côté. Elles font avec leurs écharpes des poses gracieuses et tournent en dansant presque sur place dans la brume. » (livret de mise en scène d’Albert Carré) Figure 5 : Danse serpentine de Loïe Fuller (MOYNET, Georges, Trucs et décors, Paris : La librairie illustrée, 1893, deuxième de couverture)

(suite et fin) opéra et modernité La Fée électricité, bonne marraine des théâtres dans La mise en scène de Lazar Une même référence aux danses de Loïe Fuller est faite dans la mise en scène de Benjamin Lazar, lors du tableau du Chêne des Fées. En effet, des danseuses vêtues de draperies, de part et d’autre du Chêne, reproduisent la fameuse danse serpentine, créant ainsi une atmosphère à la fois aérienne et florale, parachevant merveilleusement l’ambiance de ce tableau. Mais la plus grande référence mobilisée par Benjamin Lazar - on peut même parler d’hommage - c’est celle relative à l’apparition de l’électricité. Le metteur en scène utilise celle-ci tout au long du spectacle, soit par petites touches colorées, soit en la mettant au cœur d’un décor ou d’un costume, jusqu’à transcender celuici. Citons alors le Chêne des Fées, matérialisé par une guirlande lumineuse, ou mieux réussie encore, la robe de bal de Cendrillon (fig.6). Figure 6 : Cendrillon dans sa robe de bal, mise en scène de Benjamin Lazar Figure 7 : Cendrillon et le Prince lors de la scène du bal, mise en scène d’Albert Carré (Revue Le Théâtre, n°19, juillet 1899) 25

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(suite)<br />

opéra et mo<strong>de</strong>rnité<br />

La Fée électricité, bonne marraine <strong>de</strong>s théâtres<br />

dans La mise en scène <strong>de</strong> carré<br />

Comme nous l’avons vu, c’est la présence dans l’œuvre<br />

<strong>de</strong> personnages et créatures magiques qui permet <strong>de</strong><br />

justifier l’usage intensif <strong>de</strong> la lumière électrique, encore<br />

peu maîtrisée en 1899.<br />

« La nouveauté consistait en effets lumineux reposant<br />

sur <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> glaces. Ils furent exploités à l’acte I et à<br />

l’acte III, pour le tableau du chêne. Dans la chaumière <strong>de</strong><br />

Cendrillon, on avait disposé un bâti <strong>de</strong> glaces sur lequel se<br />

plaçaient les six esprits habillés <strong>de</strong> longues ailes. Lorsqu’elles<br />

étaient déployées, on projetait par en-<strong>de</strong>ssous, au moyen<br />

<strong>de</strong> verres colorés, une lumière rouge, puis violette. D’autres<br />

projections se succédaient et se croisaient, venant soit<br />

<strong>de</strong>s cintres, soit <strong>de</strong>s coulisses : lumière bleue pour la nuit,<br />

lumière blanche pour la lune, orange pour la cheminée.<br />

Des follets, joués par <strong>de</strong> jeunes enfants, s’échappaient d’un<br />

coffre éclairé <strong>de</strong> l’intérieur par une lampe rouge. »<br />

Nicole Wild<br />

Cette utilisation très efficace <strong>de</strong> l’éclairage électrique<br />

est par ailleurs renforcée par les costumes <strong>de</strong>s Esprits<br />

et le jeu <strong>de</strong> scène <strong>de</strong> ceux-ci. En effet, les danseuses<br />

incarnant les six Esprits portent <strong>de</strong>s costumes munis<br />

d’ailes aux formes étranges, aux motifs tachetés, zébrés<br />

pour certains, et aux textures brillantes. Ces ailes, une<br />

fois déployées, reflètent alors la lumière rouge, projetée<br />

au travers du bâti <strong>de</strong> glace.<br />

Ce principe <strong>de</strong> réflexion et d’amplification <strong>de</strong> l’éclairage<br />

par le costume fait d’ailleurs référence à la danse<br />

serpentine d’une célèbre interprète <strong>de</strong> l’époque :<br />

Loïe Fuller (fig.5). Virevoltant à travers les faisceaux<br />

kaléidoscopiques <strong>de</strong> projecteurs, vêtue <strong>de</strong> longues<br />

draperies <strong>de</strong> gaze transparentes, Loïe Fuller avait<br />

développé un numéro spectaculaire suscitant l’intérêt<br />

<strong>de</strong> toute l’avant-gar<strong>de</strong> artistique. Au vu <strong>de</strong> l’intérêt<br />

général pour le numéro <strong>de</strong> la danseuse, il ne semble<br />

pas étonnant qu’Albert Carré, déjà conscient du fort<br />

potentiel dramatique <strong>de</strong> l’éclairage, se soit intéressé au<br />

travail <strong>de</strong> la danseuse. Si bien qu’il fera un nouveau clin<br />

d’œil à celle-ci au cours du tableau du Chêne <strong>de</strong>s Fées :<br />

« Aussitôt le tableau éclairé, paraissent au fond <strong>de</strong>rrière<br />

le chêne, à droite et à gauche, trois danseuses <strong>de</strong> chaque<br />

côté. Elles font avec leurs écharpes <strong>de</strong>s poses gracieuses et<br />

tournent en dansant presque sur place dans la brume. »<br />

(livret <strong>de</strong> mise en scène d’Albert Carré)<br />

Figure 5 : Danse serpentine <strong>de</strong> Loïe Fuller (MOYNET, Georges,<br />

Trucs et décors, Paris : La librairie illustrée, 1893, <strong>de</strong>uxième <strong>de</strong><br />

couverture)

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