Dossier Pédagogique - Opéra Théâtre de Saint-Etienne
Dossier Pédagogique - Opéra Théâtre de Saint-Etienne
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jules massenet<br />
dossier pédagogique
<strong>Dossier</strong> proposé dans le cadre du dispositif Lycéens à l’<strong>Opéra</strong>, financé par la Région Rhône-Alpes.<br />
<strong>Dossier</strong> réalisé sous la direction <strong>de</strong> David Camus<br />
Coordination générale élodie Michaud<br />
Rédaction <strong>de</strong>s textes Jonathan Parisi<br />
Suivi <strong>de</strong> fabrication Maxime Riquelme<br />
Document disponible en téléchargement sur<br />
www.operatheatre<strong>de</strong>saintetienne.fr<br />
Contact Fanny Loingeville<br />
Chargée du développement <strong>de</strong>s publics<br />
04 77 47 83 60<br />
fanny.loingeville@saint-etienne.fr
jules massenet<br />
Conte <strong>de</strong> Fées en 4 aCtes<br />
liVret d’Henri Cain d’aprÈs le Conte <strong>de</strong> CHarles perrault<br />
Direction musicale Laurent touche<br />
mise en scène Benjamin Lazar<br />
collaboration à la mise en scène Louise moaty<br />
collaborateurs artistiques aux mouvements céciLe roussat<br />
et juLien LuBeck<br />
scénographie a<strong>de</strong>Line caron<br />
costumes aLain BLanchot<br />
lumières christophe naiLLet<br />
cenDrillon judith Gauthier<br />
le prince charmant marie Lenormand<br />
la Fée méLanie Boisvert<br />
maDame De la haltière ewa podLes´<br />
panDolFe Laurent aLvaro<br />
noémie caroLine muteL<br />
Dorothée caroLine champy<br />
le roi christophe Bernard<br />
orchestre symphonique saint-étienne Loire<br />
chœur Lyrique saint-étienne Loire<br />
Grand théâtre massenet<br />
Dimanche 21 octobre 15h<br />
marDi 23 octobre 20h<br />
JeuDi 25 octobre 20h<br />
Durée 3h entracte compris – en Français surtitré<br />
Biennale<br />
Massenet<br />
proDuction créée Le 5 mars 2011 à L’opéra comique proDuction opéra comique (paris)<br />
coproDuction opéra théâtre <strong>de</strong> saint-étienne, Les théâtres <strong>de</strong> La viLLe <strong>de</strong> LuxemBourG<br />
partenaire associé paLazetto Bru zane – centre <strong>de</strong> musique romantique française<br />
Décors, accessoires et costumes Des chœurs réalisés Dans les ateliers De l’opéra théâtre De saint-étienne /<br />
costumes Des solistes réalisés Dans les ateliers De l’opéra comique
p.06 déCouVerte <strong>de</strong> l’œuVre<br />
massenet<br />
la création <strong>de</strong> Cendrillon<br />
personnages et argument<br />
gui<strong>de</strong> d’écoute<br />
p.14 Cendrillon à l’opéra tHéâtre <strong>de</strong> saint-étienne<br />
note d’intention <strong>de</strong> Benjamin lazar<br />
les maîtres d’œuvre<br />
les solistes<br />
l’orchestre et les chœurs<br />
iconographie commentée <strong>de</strong> la production<br />
p.19 pistes pédagogiques<br />
le conte : <strong>de</strong> Charles perrault à Walt disney en passant par les frères grimm<br />
la mise en scène du féérique : trucages et effets spéciaux chez albert Carré et georges méliès<br />
opéra et mo<strong>de</strong>rnité : la Fée électricité, bonne marraine <strong>de</strong>s théâtres<br />
p.27 ressourCes supplémentaires<br />
l’opéra théâtre <strong>de</strong> saint-étienne / présentation générale<br />
petite histoire d’une production<br />
p.30 annexes<br />
Voix et tessitures<br />
Composition <strong>de</strong> l’orchestre<br />
glossaire<br />
Bibliographie
6<br />
massenet<br />
Qu’on le nomme ironiquement la « fille <strong>de</strong> Gounod »,<br />
pour la sensualité <strong>de</strong> son écriture mélodique, qu’on<br />
l’accuse <strong>de</strong> plagier Wagner ou qu’on lui reconnaisse<br />
enfin un style pré-<strong>de</strong>bussyste, Massenet ne laisse<br />
définitivement indifférent ni le simple auditeur ni le<br />
spécialiste.<br />
Ses vingt-six opéras - l’élevant au rang <strong>de</strong> compositeur<br />
le plus prolifique du théâtre lyrique français du xix e -<br />
rencontrèrent pour la plupart l’approbation du public<br />
parisien, provincial, puis étranger. Si bien qu’à l’aube<br />
du xx e , Massenet est un compositeur dont la renommée<br />
s’étend dans l’Europe entière, où les <strong>de</strong>ux grands<br />
chefs-d’œuvre populaires que sont Manon et Werther<br />
<strong>de</strong>meurent les plus joués.<br />
Compositeur mais aussi professeur <strong>de</strong> composition au<br />
Conservatoire <strong>de</strong> Paris, il va accueillir dans sa classe<br />
<strong>de</strong>s compositeurs qui ont marqué leur temps (Reynaldo<br />
Hahn, Alfred Bruneau, Gabriel Pierné, Xavier Leroux,<br />
Gustave Charpentier, etc). Titulaire du grand prix <strong>de</strong><br />
Rome, élu à l’Académie <strong>de</strong>s Beaux-Arts, élevé au gra<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> Comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la Légion d’honneur, Massenet<br />
reçoit tous les lauriers dont peut s’enorgueillir un<br />
compositeur <strong>de</strong> son temps. Pourtant, il <strong>de</strong>meure un<br />
musicien insaisissable, autant critiqué qu’adulé, un<br />
homme secret, superstitieux, fuyant les premières <strong>de</strong><br />
ses œuvres et refusant le chiffre 13 dans la numérotation<br />
<strong>de</strong> ses manuscrits.<br />
Aujourd’hui la qualité et la diversité <strong>de</strong> son œuvre n’est<br />
plus à prouver, même si Massenet <strong>de</strong>meure surtout<br />
lié à la peinture <strong>de</strong> la femme, autant pour son écriture<br />
musicale soignée et voluptueuse, que pour son sens<br />
inné <strong>de</strong> la dramaturgie, la construction subtile et raffinée<br />
<strong>de</strong> ses personnages.<br />
en BreF : massenet Vu par <strong>de</strong>Bussy<br />
Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Massenet, Debussy,<br />
chargé <strong>de</strong> la nécrologie du compositeur pour<br />
le journal Le Matin, écrit : « Ses confrères lui<br />
pardonnèrent mal ce pouvoir <strong>de</strong> plaire qui est<br />
proprement un don. à vrai dire, ce don n’est pas<br />
indispensable, surtout en art, et l’on peut affirmer,<br />
entre autres exemples, que jamais Jean-Sébastien<br />
Bach ne plut, dans le sens que ce mot prend lorsqu’il<br />
s’agit <strong>de</strong> Massenet. A-t-on entendu dire <strong>de</strong>s jeunes<br />
modistes qu’elles fredonnaient la Passion selon<br />
<strong>Saint</strong>-Mathieu ? Je ne le crois pas. Tandis que tout le<br />
mon<strong>de</strong> sait qu’elles s’éveillent le matin en chantant<br />
Manon ou Werther. »
la Création <strong>de</strong> Cendrillon<br />
La veille <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> Cendrillon à l’<strong>Opéra</strong> Comique,<br />
Massenet confie dans les colonnes du Figaro : « Ma<br />
résolution est arrêtée. Vous allez écouter mon <strong>de</strong>rnier<br />
ouvrage. Je cesse d’écrire pour le théâtre ». Quelles sont<br />
alors les particularités <strong>de</strong> cette œuvre que le musicien<br />
livre au public comme son <strong>de</strong>rnier opéra ? (Précisons<br />
qu’un an et <strong>de</strong>mi plus tard, Massenet se déci<strong>de</strong>ra à<br />
écrire à nouveau pour le théâtre, et ce jusqu’à la fin <strong>de</strong><br />
sa vie !)<br />
Cendrillon se présente comme un conte <strong>de</strong> fées en<br />
quatre actes et six tableaux d’après Charles Perrault et<br />
sur un livret d’Henri Cain. Créée le 24 mai 1899 à l’<strong>Opéra</strong><br />
Comique, en présence du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République<br />
et <strong>de</strong> nombreuses personnalités du mon<strong>de</strong> politique<br />
et artistique, Cendrillon est le premier grand spectacle<br />
représenté dans la nouvelle salle Favart. En effet, ravagé<br />
par les flammes le 25 mai 1887, l’<strong>Opéra</strong> Comique ne<br />
rouvre ses portes qu’à l’hiver 1898, avec à sa tête un<br />
nouveau directeur également metteur en scène : Albert<br />
Carré.<br />
le liVret et son liBrettiste<br />
Henri Cain (1857-1937) est un romancier,<br />
dramaturge, peintre et librettiste français. Il<br />
travaille avec Massenet pour les livrets <strong>de</strong> Sapho,<br />
La Navarraise, Chérubin, Don Quichotte, Roma, etc.<br />
Pour le livret <strong>de</strong> Cendrillon, Cain reprend certes le<br />
conte <strong>de</strong> Perrault mais également certains éléments<br />
<strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s frères Grimm. L’action se déroule dans<br />
un hypothétique xviii e siècle, avec ses personnages<br />
tantôt ampoulés et même un peu moqués, tantôt<br />
délicats ou sentimentaux.<br />
en BreF : pourquoi Cendrillon<br />
s’appelle-t-elle Cendrillon ?<br />
Cendrillon a en fait un prénom, Lucette. Mais tous<br />
l’appellent Cendrillon, notamment ses <strong>de</strong>mi-sœurs<br />
et son affreuse belle-mère, parce qu’elle passe le<br />
plus clair <strong>de</strong> son temps à faire le ménage près <strong>de</strong><br />
l’âtre <strong>de</strong> la cheminée où se trouvent les cendres.<br />
En programmant ce conte merveilleux, Carré souhaite<br />
certes mettre à l’honneur un compositeur qu’il<br />
admire, mais il saisit surtout l’occasion idéale <strong>de</strong><br />
révéler aux yeux <strong>de</strong> tous les nouveaux équipements <strong>de</strong><br />
l’édifice. Souhaitant développer le corps <strong>de</strong> ballet <strong>de</strong><br />
l’<strong>Opéra</strong> Comique, Carré confie à Mariquita les divers<br />
moments chorégraphiques <strong>de</strong> la partition. Celle-ci<br />
fera notamment preuve d’audace en s’inspirant <strong>de</strong><br />
Loïe Fuller, dont les danses chatoyantes faisaient un<br />
usage extrêmement novateur <strong>de</strong> la lumière électrique.<br />
Dotée <strong>de</strong> somptueux décors et costumes, Cendrillon<br />
est également prétexte aux plus ingénieux trucages et<br />
aux plus spectaculaires effets visuels désormais rendus<br />
possible par l’électricité ; tandis qu’à quelques mètres<br />
seulement <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong> Comique, au sous-sol du Grand<br />
Café du boulevard <strong>de</strong>s Capucines, fleurissait un art<br />
qui allait bientôt concurrencer directement l’opéra : le<br />
cinéma.<br />
FoCus sur la Composition <strong>de</strong><br />
l’orCHestre <strong>de</strong> Cendrillon<br />
L’orchestre est complet dans Cendrillon, mais <strong>de</strong><br />
dimension mo<strong>de</strong>ste au regard <strong>de</strong>s formations<br />
orchestrales post-romantiques <strong>de</strong> la fin du xix e siècle.<br />
3 flûtes (dont 1 piccolo), 2 hautbois (dont 1 cor<br />
anglais), 2 clarinettes, 2 bassons<br />
4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba<br />
Timbales, cymbales, grosse caisse, tambour<br />
militaire, tambour <strong>de</strong> basque, triangle<br />
2 harpes et toutes les cor<strong>de</strong>s<br />
7
8<br />
personnages prinCipaux<br />
Cendrillon (soprano) – surnom <strong>de</strong> la jeune Lucette<br />
Pandolfe (basse chantante ou baryton) – père <strong>de</strong><br />
Cendrillon<br />
Comtesse <strong>de</strong> la Haltière (mezzo soprano ou contralto) –<br />
belle-mère <strong>de</strong> Cendrillon<br />
Noémie (soprano) – fille <strong>de</strong> la Comtesse<br />
Dorothée (mezzo-soprano) – autre fille <strong>de</strong> la Comtesse<br />
La Fée (soprano léger) – marraine <strong>de</strong> Cendrillon<br />
Le Prince Charmant (mezzo-soprano) – amant <strong>de</strong><br />
Cendrillon<br />
Le Roi (baryton) – père du Prince<br />
argument<br />
acte i – Chez Madame <strong>de</strong> la Haltière, tandis que les<br />
domestiques protestent et que Pandolfe regrette déjà<br />
sa nouvelle union, il faut pourtant se préparer. Le soir<br />
même se tiendra le bal <strong>de</strong> la Cour, auquel Lucette,<br />
surnommée Cendrillon par ses pestes <strong>de</strong> sœurs, n’est<br />
pourtant pas invitée.<br />
Mais alors que la jeune fille s’endort près <strong>de</strong> la cheminée,<br />
sa marraine la Fée apparaît accompagnée <strong>de</strong> créatures<br />
merveilleuses qui l’ai<strong>de</strong>ront bientôt à confectionner une<br />
robe splendi<strong>de</strong>. Ajoutant à ce ca<strong>de</strong>au un attelage et <strong>de</strong>s<br />
pantoufles magiques, la Fée envoie Cendrillon au palais,<br />
lui faisant promettre <strong>de</strong> rentrer avant minuit.<br />
acte ii – Au palais, la fête bat son plein. Cependant, si<br />
tous ont répondu à l’invitation, personne ne parvient<br />
à divertir le jeune prince. Rêvant <strong>de</strong> trouver l’amour,<br />
celui-ci assiste sans gran<strong>de</strong> conviction au défilé <strong>de</strong><br />
ses courtisanes. Alors qu’une jeune inconnue fait<br />
son entrée, le Prince reprend goût à la fête. Malgré la<br />
déclaration d’amour qui lui est faite, Cendrillon refuse<br />
<strong>de</strong> dévoiler son nom et s’enfuit alors que minuit sonne.<br />
acte iii – Premier tableau : à peine rentrée du palais,<br />
Cendrillon s’inquiète d’avoir perdu l’une <strong>de</strong>s ses<br />
pantoufles enchantées. Furieuses que le bal ait été<br />
interrompu par la jeune inconnue, la Comtesse et ses<br />
filles font une entrée fracassante, critiquant, sans le<br />
savoir, la pauvre Cendrillon. Chassant les trois furies,<br />
Pandolfe réconforte sa fille, lui promettant <strong>de</strong> la<br />
ramener au pays. Demeurant inconsolable, Cendrillon<br />
fuit jusqu’au Chêne <strong>de</strong>s Fées.<br />
Second tableau : Réunis, sans se voir, sous l’arbre<br />
enchanté, Cendrillon et le Prince font chacun le vœu <strong>de</strong><br />
retrouver l’être aimé. Apparaissant alors, la Fée teste la<br />
sincérité <strong>de</strong>s sentiments du jeune couple, avant <strong>de</strong> les<br />
réunir et <strong>de</strong> les plonger dans un même sommeil.<br />
acte iv – Se réveillant d’un profond sommeil mêlé <strong>de</strong><br />
rêves étranges, Cendrillon tente <strong>de</strong> démêler la réalité<br />
du songe. Dehors, un appel retentit, invitant toutes<br />
les jeunes femmes du royaume à essayer la pantoufle<br />
oubliée par la belle inconnue. Dans la cour du palais,<br />
les prétendantes se succè<strong>de</strong>nt, jusqu’à l’arrivée <strong>de</strong><br />
Cendrillon qui gagne aussitôt le cœur du Prince, mais<br />
aussi l’affection <strong>de</strong> sa belle-mère !<br />
FoCus : pourquoi le prinCe CHarmant est-il interprété par une Femme ?<br />
Dans l’histoire <strong>de</strong> l’opéra, beaucoup <strong>de</strong> rôles masculins ont pu être chantés par <strong>de</strong>s femmes : Chérubin (Les<br />
Noces <strong>de</strong> Figaro), Orphée (Orphée et Eurydice)… En effet, lorsqu’il s’agit d’un rôle <strong>de</strong> jeune adolescent, n’ayant pas<br />
encore mué, la voix d’un chanteur adulte, trop virile et trop puissante, n’est pas adéquate. C’est le cas du Prince<br />
Charmant, dont la douceur, la pureté, la tendresse, ne peuvent être véhiculées que par l’usage d’une voix féminine.<br />
Lors <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> Cendrillon en 1899, c’est Mme Emelen qui endosse le rôle. Dans la production <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong><br />
<strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne, ce sera la mezzo-soprano Marie Lenormand qui chantera le Prince Charmant.
La partition <strong>de</strong> Cendrillon fait état du grand éclectisme *<br />
qui caractérise Massenet. En effet, tant du point <strong>de</strong><br />
vue <strong>de</strong>s timbres et <strong>de</strong>s sonorités que du point <strong>de</strong> vue<br />
<strong>de</strong> l’écriture mélodique, ou même <strong>de</strong> l’atmosphère<br />
dramatique, l’auditeur <strong>de</strong> Cendrillon passe régulièrement<br />
d’un univers à un autre, sans pour autant que la<br />
cohérence <strong>de</strong> l’ensemble ne soit entachée.<br />
Car en effet, la gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong>s personnages et <strong>de</strong>s<br />
situations dramatiques permet à Massenet <strong>de</strong> déployer<br />
une large palette musicale. Ainsi, le registre bouffe *<br />
comme le registre sérieux * , l’artillerie féérique autant<br />
que le pastiche <strong>de</strong> la musique <strong>de</strong> cour, seront mobilisés<br />
tour à tour, en fonction du personnage et <strong>de</strong> la situation.<br />
Le gui<strong>de</strong> d’écoute suivant, loin d’être exhaustif, propose<br />
d’entrer dans la partition <strong>de</strong> Cendrillon à travers les<br />
différents registres musicaux et dramaturgiques<br />
employés. Ceux-ci sont au nombre <strong>de</strong> quatre :<br />
la musique <strong>de</strong> cour : servant en quelque sorte <strong>de</strong><br />
décor auditif, elle est liée au Roi, au Palais, aux scènes<br />
<strong>de</strong> bal, etc.<br />
le registre féérique : lié à la Fée et toutes les créatures<br />
magiques.<br />
le registre comique : ton parodique soulignant<br />
le ridicule <strong>de</strong> la noblesse, utilisé notamment par<br />
Madame <strong>de</strong> la Haltière et ses filles.<br />
le registre sérieux et/ou sentimental : lié aux relations<br />
entre Cendrillon et le Prince ou Cendrillon et Pandolfe.<br />
note<br />
NB : Les termes suivis d’un astérisque sont à retrouver dans le glossaire (p.31)<br />
Cendrillon, mise en scène <strong>de</strong> Benjamin Lazar © DR<br />
La numérotation <strong>de</strong>s pistes proposées est celle <strong>de</strong> la<br />
version CD que nous vous conseillons : Cendrillon,<br />
direction Julius Ru<strong>de</strong>l, interprètes : Fre<strong>de</strong>rica von<br />
Sta<strong>de</strong>, Nicolai Gedda, Jane Berbié, Ruth Welting,<br />
chez Sony Classical. Précisons que dans cette<br />
version, le Prince Charmant est malheureusement<br />
chanté par un ténor.<br />
9
10<br />
taBleau réCapitulatiF <strong>de</strong>s éCoutes<br />
N° Piste CD Acte, Scène Numéro Personnages Registre<br />
1 CD1 Piste 1 Introduction X X Musique <strong>de</strong> cour<br />
2 CD1 Piste 2 Acte I, Scène 1<br />
3 CD1 Piste 4 Acte I, Scène 3<br />
4 CD1 Piste 8 Acte I, Scène 5<br />
5 CD1 Piste 9 Acte I, Scène 6<br />
6 CD1 Piste 14 Acte II, Scène 3<br />
7 CD1 Piste 21 Acte II, Scène 4<br />
8 CD2 Piste 1 Acte III, Scène 1<br />
« On appelle on<br />
sonne… »<br />
Trio : « Faites-vous très<br />
belles… »<br />
Air : « Ah ! que<br />
mes sœurs sont<br />
heureuses… »<br />
Air : « Ah ! douce<br />
enfant… »<br />
Entrée du Roi et <strong>de</strong> la<br />
Cour<br />
Air et duo : « Toi qui<br />
m’es apparue… »<br />
Air : « Enfin je suis<br />
ici… »<br />
9 CD2 Piste 2 Acte III, Scène 2 Trio : « C’est vrai… »<br />
10 CD2 Piste 6 Acte III, 2 e tableau<br />
Air : « Ah ! fugitives<br />
chimères… »<br />
Chœur <strong>de</strong>s domestiques<br />
et Pandolfe<br />
Madame <strong>de</strong> la Haltière,<br />
Noémie, Dorothée<br />
Registre comique<br />
Registre comique<br />
Cendrillon Registre sérieux<br />
La Fée<br />
Les Esprits<br />
Le Roi<br />
Chœur<br />
Le Prince Charmant<br />
Cendrillon<br />
Registre féérique<br />
Musique <strong>de</strong> cour<br />
Registre sérieux<br />
Cendrillon Registre sérieux<br />
Madame <strong>de</strong> la Haltière,<br />
Noémie, Dorothée<br />
Registre comique<br />
La Fée Registre féérique<br />
10
1- introduCtion<br />
repère : cd1 piste 1<br />
La mesure à 4 temps, le tempo <strong>de</strong> marche, le ton très solennel<br />
voire grandiloquent font référence à la musique <strong>de</strong> cour <strong>de</strong><br />
l’Ancien Régime.<br />
De même, le rythme piqué est caractéristique <strong>de</strong> la musique<br />
galante, musique <strong>de</strong> cour :<br />
Cet extrait <strong>de</strong>vra donc être classé dans la catégorie <strong>de</strong> la<br />
musique <strong>de</strong> cour.<br />
2- CHœur <strong>de</strong>s domestiques<br />
repère : cd1 piste 2<br />
Le texte en lui-même se situe déjà dans une veine comique : « c’est une mégère que cette femme là », etc…<br />
La situation est elle aussi comique, car les bavardages sont interrompus par l’arrivée <strong>de</strong> Pandolfe, le mari résigné <strong>de</strong> la<br />
Comtesse, qui va autoriser les domestiques à reprendre leurs railleries.<br />
De la même manière, les mots : « Ah ! Madame ! », sont prononcés à l’unisson par les domestiques sur le ton <strong>de</strong><br />
l’agacement, presque en soupirant.<br />
Enfin, les lignes mélodiques vives et <strong>de</strong>scendantes sur les mots : « c’est une mégère… », accentuent le coté commérage<br />
<strong>de</strong> ces confi<strong>de</strong>nces entre employés <strong>de</strong> maison.<br />
Cet extrait <strong>de</strong>vra donc être classé dans la catégorie du registre comique.<br />
3- trio : « Faites-Vous trÈs Belles... »<br />
repère : cd1 piste 4<br />
Notons l’entrée <strong>de</strong> Madame <strong>de</strong> la Haltière sur les mots : « faites-vous très belles ! », très caricaturale dans son emphase<br />
et sa grandiloquence.<br />
Remarquons aussi les interventions <strong>de</strong> Noémie et Dorothée, les sœurs <strong>de</strong> Cendrillon, très brèves et ne développant<br />
aucune phrase mélodique, s’apparentant alors à <strong>de</strong>s caquètements <strong>de</strong> chipies capricieuses.<br />
De la même manière, les réponses entêtées <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sœurs : « Non, Maman ! », « Oui, Maman ! », qu’elles soient<br />
simultanées, ou en exacte complémentarité, les ren<strong>de</strong>nt doublement risibles.<br />
Cet extrait <strong>de</strong>vra donc être classé dans la catégorie du registre comique.<br />
^ : symbole <strong>de</strong>s notes piquées, à jouer avec accent.<br />
11
12<br />
4- air : « aH ! que mes sœurs sont Heureuses... »<br />
repère : cd1 piste 8<br />
Le ton <strong>de</strong>vient tout à coup plus sérieux, même mélancolique pour l’air <strong>de</strong> Cendrillon. Le tempo plus lent,<br />
l’accompagnement plus discret, permettent au personnage d’exprimer ses sentiments.<br />
C’est aussi le moment <strong>de</strong> peindre le portrait <strong>de</strong> la jeune fille par la musique. La courbe mélodique est alors très étirée,<br />
aérienne, flui<strong>de</strong>, légère et sensuelle, à l’image <strong>de</strong> la jeune Lucette, douce et fraîche (on est loin <strong>de</strong>s interventions brèves,<br />
piquantes et agaçantes <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sœurs dans l’extrait précé<strong>de</strong>nt).<br />
Cet extrait <strong>de</strong>vra donc être classé dans la catégorie du registre sérieux/sentimental.<br />
5- air : « aH ! douCe enFant... »<br />
repère : cd1 piste 9<br />
L’entrée <strong>de</strong> la Fée se fait dans une atmosphère délicate et<br />
mystérieuse. L’accompagnement est épuré, essentiellement<br />
baigné par le frissonnement <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s en triples croches,<br />
formant alors un écrin autour <strong>de</strong> la voix.<br />
La ligne mélodique <strong>de</strong> la Fée convoque <strong>de</strong> nombreuses<br />
vocalises virevoltantes allant jusqu’au suraigu, et lui conférant<br />
une dimension aérienne et mystique. Cette écriture vocale très<br />
différente <strong>de</strong> celles employées pour les autres personnages <strong>de</strong><br />
l’œuvre marque la nature particulière <strong>de</strong> la Fée et lui confère<br />
une place à part dans le drame.<br />
Notons également l’usage, dans la suite <strong>de</strong> l’air, <strong>de</strong>s clochettes, appartenant à l’artillerie musicale du magique et du<br />
merveilleux.<br />
Cet extrait <strong>de</strong>vra donc être classé dans la catégorie du registre féérique.<br />
6- entrée du roi et <strong>de</strong> la Cour<br />
repère : cd1 piste 14<br />
L’allure galante, sautillante, très ca<strong>de</strong>ncée et usant du rythme piqué vu précé<strong>de</strong>mment, rend ce passage musical<br />
extrêmement pompeux. Ce qui est tout à fait cohérent puisqu’il s’agit là <strong>de</strong> l’entrée du Roi et <strong>de</strong> sa Cour.<br />
Cet extrait <strong>de</strong>vra donc être classé dans la catégorie <strong>de</strong> la musique <strong>de</strong> cour.<br />
7- air et duo : « toi qui m’es apparue... »<br />
repère : cd1 piste 21<br />
Massenet indique « lent et très chanté » pour cet air du Prince Charmant. Nous quittons le sautillant <strong>de</strong> la musique <strong>de</strong><br />
cour et le piquant caractéristique du registre comique, pour explorer une veine à la fois plus sérieuse, plus tendre, mais<br />
aussi plus sentimentale, typique <strong>de</strong> la fin du xix e siècle frian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bons sentiments.<br />
Ce passage musical fait la part belle au chant, les phrases mélodiques sont pensées à une plus gran<strong>de</strong> échelle que<br />
dans les passages <strong>de</strong> type comique, elles naissent puis se déploient avant d’atteindre une forme <strong>de</strong> paroxysme qu’elles<br />
quittent ensuite pour mourir peu à peu.<br />
Notons l’alternance entre passages lents et plus animés qui permet <strong>de</strong> coller au plus près <strong>de</strong>s émotions vécues par les<br />
personnages, ne les figeant pas dans une seule et unique psychologie.<br />
Cet extrait <strong>de</strong>vra donc être classé dans la catégorie du registre sérieux/sentimental.<br />
(Notons à la fin <strong>de</strong> cet extrait la réapparition <strong>de</strong>s clochettes relevant du registre féérique, ceci, seulement parce que<br />
minuit sonne.)
8- air : « enFin je suis iCi... »<br />
repère : cd2 piste 1<br />
Ce passage musical débute dans une certaine forme d’agitation déroutante, marquant la panique <strong>de</strong> Cendrillon, arrivant<br />
<strong>de</strong> sa fuite.<br />
C’est une atmosphère aussi haletante que pesante qui s’installe dans cet air où Cendrillon s’inquiète <strong>de</strong> n’avoir pu tenir<br />
sa promesse et d’avoir perdu sa pantoufle.<br />
L’intervention furtive du carillon rappelant les coups <strong>de</strong> minuit vient certes alléger l’ensemble, mais pour autant le ton<br />
général reste sérieux dans cet air, voire dramatique.<br />
Notons, à la toute fin <strong>de</strong> l’extrait, la réapparition du motif du premier air <strong>de</strong> Cendrillon « résigne-toi petit grillon »,<br />
apportant une touche nostalgique supplémentaire.<br />
Cet extrait <strong>de</strong>vra donc être classé dans la catégorie du registre sérieux/sentimental.<br />
9- trio : « C’est Vrai... »<br />
repère : cd2 piste 2<br />
Les caquètements <strong>de</strong>s <strong>de</strong>mi-sœurs reprennent dès le début <strong>de</strong> l’extrait, dans une forme d’agitation générale.<br />
Le vocabulaire <strong>de</strong> Madame <strong>de</strong> la Haltière est là encore celui du registre bouffe pour caractériser Pandolfe : « sot, ignare,<br />
grand dadais », puis la jeune inconnue (Cendrillon) : « cette guenille, cette Guenon, cette chiffon ». De plus, la série<br />
d’injures se fait sur une phrase mélodique ascendante, exprimant la surenchère.<br />
Le comique rési<strong>de</strong> également dans la réponse <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux filles : « Ah Maman que vous parlez bien ! », qui se fait là encore<br />
sous la forme d’un nouveau caquètement unanime.<br />
Cet extrait <strong>de</strong>vra donc être classé dans la catégorie du registre comique.<br />
10- air : « aH ! FugitiVes CHimÈres... »<br />
repère : cd2 piste 6<br />
L’atmosphère est extrêmement vaporeuse, mystérieuse dans ce début d’extrait. Pour cause, c’est un chœur bouche<br />
fermée qui intervient, créant une ambiance mystique.<br />
Se superposent alors les vocalises aiguës et gracieuses <strong>de</strong> la Fée, accompagnées <strong>de</strong>s interventions voluptueuses <strong>de</strong> la<br />
harpe.<br />
Les vocalises et mélismes * <strong>de</strong> la Fée prennent largement le pas sur l’écriture syllabique * elle-même, au point <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir<br />
une forme <strong>de</strong> langage différent <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s humains et tout à fait adéquat pour ce personnage merveilleux.<br />
Notons là encore la présence <strong>de</strong>s clochettes et du carillon, auxquels se superposent les bois aigus dans une forme <strong>de</strong><br />
danse enchantée.<br />
Cet extrait <strong>de</strong>vra donc être classé dans la catégorie du registre féérique.<br />
13
14<br />
à l’opéra tHéâtre <strong>de</strong> saint-étienne<br />
note d’intention <strong>de</strong> Benjamin lazar<br />
« Cendrillon aux douze coups du siècle »<br />
cendriLLon en ses carrosses<br />
Cendrillon sort <strong>de</strong>s cendres et se pare <strong>de</strong> lumière pour<br />
séduire le Prince : on ne se lasse pas <strong>de</strong> voir cette histoirephénix<br />
ressurgir <strong>de</strong>s cendres <strong>de</strong> notre enfance. Au cours<br />
du xviii e et du xix e siècles, <strong>de</strong> nombreuses adaptations à la<br />
scène en sont faites, parfois très éloignées <strong>de</strong>s versions<br />
<strong>de</strong> Charles Perrault (1697) et <strong>de</strong>s frères Grimm (1857),<br />
car adaptées au goût <strong>de</strong> l’époque : <strong>de</strong> l’opéra-comique<br />
d’Anseaume <strong>de</strong> 1759 dont l’action commence après le<br />
bal par un dialogue licencieux où la marraine <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à<br />
Cendrillon ce qu’elle a bien pu perdre au bal, en passant<br />
par les œuvres d’Isouard (1810) et <strong>de</strong> Rossini (1817)<br />
jusqu’à une pléthorique Cendrillon au Châtelet en 1866,<br />
dont le succès (le spectacle est repris jusqu’en 1888) fut<br />
proportionnel à la démesure, et qui fut rebaptisée « <strong>de</strong>s<br />
trucs et [...] <strong>de</strong>s Jambes, ou sans Million pas <strong>de</strong> Cendrillon »<br />
par le caricaturiste Gill - sans compter les innombrables<br />
parodies qui fleurissaient autour <strong>de</strong> ces productions, et<br />
les ballets. En 1899, Georges Méliès prête à Cendrillon<br />
le corps bien en chair <strong>de</strong> sa maîtresse Jeanne d’Alcy dans<br />
son premier film dépassant les cent mètres <strong>de</strong> pellicule.<br />
Il le projette dans le lieu dont il est directeur, le théâtre<br />
Robert-Houdin, situé boulevard <strong>de</strong>s Italiens, à quelques<br />
mètres <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong> Comique. Là encore, les "trucs"sont<br />
au ren<strong>de</strong>z-vous, réalisés avec toute la poésie et la<br />
fantaisie <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>ssinateur, magicien et grand pionnier<br />
du cinématographe.<br />
La marraine éLectricité<br />
Cette même année, le tout nouveau directeur <strong>de</strong><br />
l’<strong>Opéra</strong> Comique, Albert Carré, programme la création<br />
du Cendrillon <strong>de</strong> Massenet dès les premiers mois<br />
<strong>de</strong> la réouverture <strong>de</strong> la salle Favart, autre phénix, qui<br />
s’était relevée pour la troisième fois <strong>de</strong> ses cendres :<br />
détruite par le feu en 1887, la nouvelle salle, celle que<br />
nous connaissons, avait été inaugurée en décembre<br />
1898. Parmi les innovations que présente ce nouveau<br />
théâtre, la plus remarquée fut l’installation <strong>de</strong><br />
l’électricité, remplaçant le système d’éclairage au gaz :<br />
«Cette importante évolution qui permet <strong>de</strong> graduer<br />
insensiblement la lumière en passant du jour à la nuit<br />
et réciproquement, et <strong>de</strong> modifier les teintes à l’infini,<br />
sans aucune <strong>de</strong>s sacca<strong>de</strong>s que comportait l’emploi<br />
<strong>de</strong>s jeux d’orgue anciens, est appelée à rendre les plus<br />
grands services à l’art <strong>de</strong> la décoration et <strong>de</strong> la mise en<br />
scène dans les théâtres. Elle avait sa place marquée<br />
sur notre secon<strong>de</strong> scène lyrique, où M. Carré désire<br />
voir appliquer les <strong>de</strong>rniers perfectionnements <strong>de</strong> l’art<br />
théâtral.» (Le Ménestrel, décembre 1898). Le "conte<br />
<strong>de</strong> fées" <strong>de</strong> Jules Massenet et Henri Cain bénéficie,<br />
bien sûr, <strong>de</strong> ce nouveau système. Le compositeur,<br />
lors <strong>de</strong>s répétitions, en apprécie les nouveautés et se<br />
laisse prendre à son propre conte : « Rien n’amusait<br />
tant Massenet que <strong>de</strong> suivre, parmi ces artifices <strong>de</strong><br />
théâtre, la matérialisation <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> scène et <strong>de</strong><br />
lumière. Indulgent à mes recherches, il riait et battait<br />
<strong>de</strong>s mains pour marquer son contentement. » (Albert<br />
Carré, Souvenirs <strong>de</strong> théâtre). Le compositeur prenait<br />
un plaisir enfantin à voir apparaître et s’enchaîner sur<br />
scène les correspondances visuelles <strong>de</strong>s changements<br />
fondus ou brutaux <strong>de</strong> couleurs - scintillements, éclats,<br />
irradiations, brillances, assombrissements... - <strong>de</strong> sa<br />
virtuose palette orchestrale et vocale. Le même journal<br />
qui avait salué cette innovation technique écrivit à<br />
propos <strong>de</strong> Cendrillon : « Des groupes <strong>de</strong> nymphes font<br />
voler leurs écharpes et dansent silencieusement autour<br />
du chêne, sous le ciel bleu, poursuivant leurs évolutions<br />
harmonieuses jusqu’au bord du lac dont les on<strong>de</strong>s<br />
transparentes brillent là-bas, sous la mate clarté <strong>de</strong> la<br />
lune. » (Le Ménestrel, mai 1899).<br />
Variété <strong>de</strong>s couleurs, effets <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong><br />
transparence, <strong>de</strong> brillance et <strong>de</strong> matité au service d’un<br />
érotisme suggestif et idéal : la Fée Électricité est bien<br />
là, celle qui, dans la même décennie, fait changer<br />
miraculeusement <strong>de</strong> couleur, grâce à un système <strong>de</strong><br />
miroirs et <strong>de</strong> projecteurs placés sous la scène vitrée, les<br />
grands voiles incan<strong>de</strong>scents <strong>de</strong> la danseuse Loïe Fuller.<br />
Nous sommes encore à l’époque <strong>de</strong> l’émerveillement<br />
<strong>de</strong>vant les pouvoirs magiques <strong>de</strong> l’électricité : lors <strong>de</strong><br />
l’Exposition Universelle <strong>de</strong> 1889, on pouvait écouter à<br />
distance et en direct l’<strong>Opéra</strong> <strong>de</strong> Paris et l’<strong>Opéra</strong> Comique
(alors place du Châtelet) grâce au Théâtrophone, et l’on<br />
s’extasiait <strong>de</strong> l’éclairage <strong>de</strong> la Tour Eiffel ; dans la salle<br />
du théâtre <strong>de</strong> l’Athénée inauguré en 1896, les balcons<br />
étaient ornés d’ampoules à nu pour en mieux faire<br />
apprécier l’incan<strong>de</strong>scence ; en 1900, l’autre Exposition<br />
vit s’édifier un Palais <strong>de</strong> l’Électricité. Il n’est dès lors<br />
pas difficile <strong>de</strong> s’imaginer qu’en 1899, dans l’esprit <strong>de</strong>s<br />
spectateurs, la marraine qui appelle follets et sylphes<br />
brillants au secours <strong>de</strong> Cendrillon et cette autre fée<br />
invisible ne sont qu’une seule et même merveilleuse et<br />
inquiétante créature.<br />
cendriLLon fin-<strong>de</strong>-siècLe<br />
Cette innovation technique n’est pas anodine pour<br />
comprendre l’esprit <strong>de</strong> ce Cendrillon. La fascination du<br />
conte y est évi<strong>de</strong>nte mais la fascination <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité,<br />
plus cachée, y avance <strong>de</strong> concert. Certes, Jules Massenet<br />
et Henri Cain font, dès l’affiche, une référence explicite<br />
à Charles Perrault et au xvii e siècle : Pandolfe y cite les<br />
Femmes savantes (« Du côté <strong>de</strong> la barbe est la toutepuissance<br />
», Acte I), Madame <strong>de</strong> la Haltière a <strong>de</strong>s airs<br />
<strong>de</strong> la bourgeoise babillar<strong>de</strong> du Bourgeois Gentilhomme<br />
ou du rôle-titre <strong>de</strong> La comtesse d’Escarbagnas, et les<br />
mé<strong>de</strong>cins qui entourent le Prince pratiquent le latin<br />
<strong>de</strong> cuisine dans la bonne tradition moliéresque - cette<br />
relecture musicale, littéraire et visuelle du xvii e siècle<br />
par le xix e siècle sera d’ailleurs intéressante à explorer<br />
et à rendre sensible. Certes, Massenet, après avoir<br />
emprunté d’autres voies, semble vouloir renouer avec<br />
la définition classique <strong>de</strong> l’opéra, issue <strong>de</strong> la tragédie<br />
lyrique à machines et vols : « Le merveilleux est le<br />
fonds <strong>de</strong> l’opéra français » (Encyclopédie <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot,<br />
article Enchantement). Allant dans ce sens, le prologue<br />
(supprimé par Albert Carré) propose aux spectateurs<br />
d’assister à ce conte « pour échapper au noir <strong>de</strong>s choses<br />
trop réelles » ; il nous invite à « re<strong>de</strong>venir enfant » et à<br />
croire « au fabuleux ». À la fin <strong>de</strong> l’opéra, les chanteurs<br />
quittent leurs personnages pour conclure : « on a fait<br />
<strong>de</strong> son mieux / pour vous faire envoler vers les beaux<br />
pays bleus.» Nous sommes loin <strong>de</strong>s dogmes du théâtre<br />
naturaliste à la Zola qui fait école au même moment :<br />
la Cendrillon enfiévrée et délirante <strong>de</strong> l’acte IV est plus<br />
proche <strong>de</strong> la Mélisan<strong>de</strong> <strong>de</strong> Pelléas que <strong>de</strong> la Mimì <strong>de</strong> La<br />
Bohème - œuvres achevées dans la même année 1895.<br />
Mais, comme d’ailleurs dans le théâtre symboliste,<br />
est-ce uniquement d’évasion et <strong>de</strong> rêve qu’il s’agit ?<br />
Dépaysement, effets fabuleux et états d’enfance existent<br />
bel et bien dans cet opéra ; mais Cendrillon n’échappe<br />
pas à son époque, et ce merveilleux est empreint <strong>de</strong><br />
toutes les obsessions et hantises <strong>de</strong> l’homme à la<br />
bascule entre <strong>de</strong>ux siècles. Comme dans l’enfance,<br />
l’émerveillement n’est pas loin <strong>de</strong> l’inquiétu<strong>de</strong>, et le<br />
rire <strong>de</strong>s larmes (« Je ris! Je pleure et je ris! » chante<br />
Cendrillon). Attentifs à leur temps, ou traversés par<br />
lui, Massenet et Cain dressent un portrait <strong>de</strong> femme<br />
(ou plutôt <strong>de</strong> femmes si l’on compte Madame <strong>de</strong> la<br />
Haltière, ses filles et même le Prince, femme travestie<br />
parcourue <strong>de</strong> « doux frissons ») qui est aussi le portrait<br />
d’une époque : vulgarisation et mise en spectacle<br />
<strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine (hypnose et suggestion, hystérie,<br />
neurasthénie, inconscient - tous ces mots à la mo<strong>de</strong><br />
avant même que la psychanalyse naissante en unisse<br />
le système), émancipation et corsetage <strong>de</strong> la femme,<br />
science et surnaturel, et autres thèmes sont sensibles<br />
dans les décalages qui s’installent entre le conte <strong>de</strong><br />
Perrault et la Cendrillon <strong>de</strong> 1899.<br />
Benjamin Lazar<br />
15
16<br />
à l’opéra tHéâtre <strong>de</strong> saint-étienne<br />
les maîtres d’œuVre<br />
Laurent touche<br />
directeur musicaL<br />
Chef du Chœur Lyrique<br />
<strong>Saint</strong>-Étienne Loire, Laurent<br />
Touche est régulièrement<br />
invité dans <strong>de</strong> nombreuses<br />
institutions musicales pour<br />
son travail sur la musique<br />
française en France et à<br />
l’étranger. Il poursuit parallèlement ses activités <strong>de</strong><br />
pianiste accompagnateur et <strong>de</strong> chef d’orchestre.<br />
Il débute sa formation musicale au CNR <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />
Étienne. Licencié en musicologie, il étudie ensuite<br />
l’accompagnement au CNR puis au CNSMD <strong>de</strong> Lyon.<br />
Il enseigne à la Maîtrise <strong>de</strong> la Loire et à l’Université<br />
<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne. Laurent Touche a récemment dirigé<br />
Véronique d’André Messager et L’Île <strong>de</strong> Tulipatan<br />
d’Offenbach à l’<strong>Opéra</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne.<br />
Benjamin Lazar<br />
metteur en scène<br />
Metteur en scène et<br />
comédien, Benjamin<br />
Lazar crée sa compagnie<br />
Le <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l’incrédule<br />
en 2004. La même année,<br />
sa mise en scène du<br />
Bourgeois Gentilhomme<br />
dans la production du Poème harmonique <strong>de</strong> Vincent<br />
Dumestre rencontre un très grand succès public et<br />
critique. Dans le domaine lyrique, il a mis en scène,<br />
avec la collaboration <strong>de</strong> Louise Moaty, Énée et Lavinie <strong>de</strong><br />
Pascal Colasse et Didon et Énée <strong>de</strong> Purcell à l’<strong>Opéra</strong> <strong>de</strong><br />
Rennes. à l’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne, Benjamin<br />
Lazar nous a présenté Cachafaz en janvier 2011.<br />
les solistes<br />
judith Gauthier<br />
cendriLLon (soprano)<br />
Judith Gauthier fait ses début<br />
au <strong>Théâtre</strong> du Châtelet à Paris<br />
dans Idoménée <strong>de</strong> Campra<br />
et est invitée à participer à<br />
Bastien und Bastienne. Judith<br />
Gauthier donne un récital au<br />
Festival <strong>de</strong> Musique Baroque<br />
<strong>de</strong> Lyon et est soliste dans Vespro <strong>de</strong>lla Beata Vergine <strong>de</strong><br />
Monteverdi. En 2011 elle interprète le rôle <strong>de</strong> Lisa (La<br />
sonnambula) au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> Bonn et est choisie pour<br />
jouer Cendrillon <strong>de</strong> Massenet à l’<strong>Opéra</strong> Comique <strong>de</strong><br />
Paris puis à l’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne.<br />
marie Lenormand<br />
Le prince charmant<br />
(mezzo-soprano)<br />
En 2010, la mezzo-soprano<br />
française Marie Lenormand<br />
a reçu le « Grand Prix <strong>de</strong> la<br />
Critique, Révélation Musicale<br />
<strong>de</strong> la saison 2009-2010 »<br />
pour son interprétation du<br />
rôle <strong>de</strong> Mignon dans l’opéra du même nom d’Ambroise<br />
Thomas à l’<strong>Opéra</strong> Comique <strong>de</strong> Paris, dans la mise<br />
en scène <strong>de</strong> Jean-Louis Benoit et sous la direction<br />
<strong>de</strong> François-Xavier Roth. Elle a récemment chanté<br />
Niklausse/La Muse dans Les Contes d’Hoffmann à<br />
l’<strong>Opéra</strong> <strong>de</strong> Massy et Cherubino dans Les Noces <strong>de</strong> Figaro<br />
au Houston Grand Opera.<br />
méLanie Boisvert<br />
La fée (soprano)<br />
Après avoir complété une<br />
formation <strong>de</strong> pianiste au<br />
Conservatoire Royal <strong>de</strong><br />
Musique <strong>de</strong> Toronto, la<br />
soprano canadienne obtient<br />
une maîtrise <strong>de</strong> chant en<br />
Allemagne au Conservatoire<br />
<strong>de</strong> Musique <strong>de</strong> Cologne. Elle fait ses débuts en France<br />
en 2002 avec grand succès dans le rôle d’Olympia<br />
(Les Contes d’Hoffmann) à l’<strong>Opéra</strong> National du Rhin à<br />
Strasbourg. Depuis, elle a chanté la Charmeuse (Thaïs)<br />
à Tours et Avignon ; Ännchen (Der Freischütz) à Toulon<br />
et <strong>Saint</strong>-Étienne ; Cunégon<strong>de</strong> (Candi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bernstein) à<br />
Rennes et Rouen ; et bien d’autres encore. Elle interprète<br />
également le rôle féminin du Voyage d’hiver au Festival<br />
Musica Nigella.
ewa podLes<br />
madame <strong>de</strong> La haLtière<br />
(contraLto)<br />
Après avoir étudié à<br />
l’Académie <strong>de</strong> Musique <strong>de</strong><br />
Varsovie, Ewa Podles fait<br />
ses débuts dans le rôle <strong>de</strong><br />
Rosina (Le Barbier <strong>de</strong> Séville)<br />
en 1975. Avec sa voix <strong>de</strong><br />
contralto au timbre charnu, évoluant sur plus <strong>de</strong> trois<br />
octaves, la remarquable cantatrice polonaise passe <strong>de</strong>s<br />
opéras <strong>de</strong> Haen<strong>de</strong>l, Rossini et Gluck à ceux <strong>de</strong> Verdi et<br />
<strong>de</strong> Wagner. En concert ou en récital, avec orchestre ou<br />
piano, elle interprète notamment Mahler, Szymanowski,<br />
Moussorgski, Prokofiev, Chopin, Brahms...<br />
Laurent aLvaro<br />
pandoLfe (Baryton)<br />
Né à Bor<strong>de</strong>aux en 1972,<br />
Laurent Alvaro y acquiert<br />
d’abord une riche formation<br />
musicale (piano, basson,<br />
viole <strong>de</strong> gambe, écriture,<br />
direction d’orchestre)<br />
avant d’intégrer l’Atelier<br />
Lyrique puis la troupe <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong> National <strong>de</strong> Lyon en<br />
1995 où il interprète notamment Demetrius dans A<br />
Midsummer Night’s Dream <strong>de</strong> Britten mis en scène par<br />
Robert Carsen. Parmi ses rôles les plus récents citons<br />
Ragueneau dans Cyrano <strong>de</strong> Bergerac mis en scène par<br />
Petrika Ionesco et Pietro dans La Muette <strong>de</strong> Portici mis<br />
en scène par Emma Dante à l’<strong>Opéra</strong> Comique <strong>de</strong> Paris.<br />
caroLine muteL<br />
noémie (soprano)<br />
Après la maîtrise <strong>de</strong> Radio<br />
France et une formation<br />
d’art dramatique, Caroline<br />
Mutel débute dans L’Amour<br />
Mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> Molière et La<br />
Princesse d’Eli<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lully,<br />
puis interprète Susanna (Le<br />
Nozze di Figaro) et Adèle (Die Fle<strong>de</strong>rmaus). En décembre<br />
2008, elle joue le rôle d’Elle (L’Amour Masqué) à l’<strong>Opéra</strong><br />
<strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne. Caroline Mutel chante<br />
également Clémence (Mireille) en 2010 aux côtés <strong>de</strong><br />
Nathalie Manfrino.<br />
caroLine champy<br />
dorothée<br />
(mezzo-soprano)<br />
Elle obtient un 1er Prix <strong>de</strong><br />
chant au CNR <strong>de</strong> Toulouse<br />
en 2003. La même année elle<br />
est engagée par le chœur <strong>de</strong><br />
chambre Les Éléments dirigé<br />
par Joël Suhubiette puis suit<br />
une formation <strong>de</strong> théâtre musical au <strong>Théâtre</strong> National<br />
<strong>de</strong> Toulouse. Récemment elle a chanté le rôle d’Orphée<br />
(Orfeo ed Euridice <strong>de</strong> Gluck) ainsi que la Nelson Mass<br />
<strong>de</strong> Joseph Haydn avec l’Orchestre <strong>de</strong> Chambre <strong>de</strong><br />
Toulouse.<br />
l’orCHestre et les CHœurs<br />
orchestre symphonique saint-étienne Loire<br />
Créé en 1987, l’OSSEL a su s’élever au rang <strong>de</strong>s grands<br />
orchestres français. En <strong>de</strong>venant Directeur musical <strong>de</strong><br />
l’Orchestre en 2003, Laurent Campellone entreprend<br />
un travail en profon<strong>de</strong>ur sur la qualité artistique <strong>de</strong> cet<br />
ensemble. L’OSSEL est un acteur culturel incontournable<br />
qui accomplit une mission essentielle d’éducation<br />
et <strong>de</strong> diffusion du répertoire symphonique et lyrique.<br />
L’Orchestre a su acquérir une soli<strong>de</strong> réputation, en<br />
particulier dans le répertoire romantique français.<br />
chœur Lyrique saint-étienne Loire<br />
Placé sous la responsabilité musicale <strong>de</strong> Laurent<br />
Touche, le Chœur Lyrique <strong>Saint</strong>-Étienne Loire<br />
constitue aujourd’hui un outil <strong>de</strong> niveau professionnel<br />
incontestable grâce à la rigueur apportée au<br />
recrutement <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s artistes, tous susceptibles,<br />
outre leur travail collectif, d’assurer <strong>de</strong>s prestations<br />
individuelles <strong>de</strong> qualité. L’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />
Étienne est désormais reconnu comme l’un <strong>de</strong>s acteurs<br />
incontournables <strong>de</strong> la vie lyrique française.<br />
17
18<br />
à l’opéra tHéâtre <strong>de</strong> saint-étienne<br />
iConograpHie Commentée <strong>de</strong> la produCtion<br />
Voici une partie du décor <strong>de</strong> Cendrillon, en cours <strong>de</strong><br />
fabrication. Conçu par Benjamin Lazar et A<strong>de</strong>line Caron,<br />
celui-ci a été réalisé dans les ateliers <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne avant <strong>de</strong> rejoindre l’<strong>Opéra</strong> Comique<br />
pour les représentations <strong>de</strong> mars 2011 et <strong>de</strong> revenir<br />
dans nos murs pour les représentations d’octobre 2012.<br />
Ce décor s’inspire <strong>de</strong> l’atelier <strong>de</strong> Georges Méliès qui<br />
s’intéressa lui aussi à Cendrillon en lui consacrant son<br />
premier film dépassant les 100 mètres <strong>de</strong> pellicule. De<br />
nombreuses références au cinéaste sont présentes dans<br />
la mise en scène <strong>de</strong> Benjamin Lazar ; observez bien la<br />
manipulation du décor !<br />
Voici d’ailleurs une photo prise lors <strong>de</strong> la scène <strong>de</strong><br />
confection <strong>de</strong> la robe <strong>de</strong> bal. Au centre, Cendrillon<br />
vêtue <strong>de</strong> ses nippes est bientôt rejointe par les diverses<br />
créatures magiques convoquées par la Fée.<br />
Ci-contre, la maquette <strong>de</strong>s costumes pour les femmes<br />
du chœur lors du bal <strong>de</strong> l’acte II. Confectionnés en<br />
partie dans les ateliers <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />
Étienne, en partie dans les ateliers <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong> Comique,<br />
les costumes <strong>de</strong> Cendrillon sont le fruit d’un savant<br />
mélange entre robes d’époque, coiffes et accessoires<br />
fantasques ! Parmi l’ensemble <strong>de</strong>s costumes on prêtera<br />
attention à la robe offerte à Cendrillon par sa marraine,<br />
véritable hommage à la Fée Électricité…
20<br />
le Conte<br />
De Charles Perrault à Walt Disney en passant par les frères Grimm<br />
oBjectif : Cette piste pédagogique propose d’explorer l’histoire <strong>de</strong> Cendrillon à travers différentes adaptations.<br />
outiLs : 3 livres, 1 livret d’opéra, 1 <strong>de</strong>ssin animé<br />
mots-cLés : conte, merveilleux, magie, symbolique<br />
S’il existe, <strong>de</strong>puis le conte chinois du ix e siècle avant<br />
J.-C., plus <strong>de</strong> 570 versions du conte <strong>de</strong> Cendrillon,<br />
qu’elles soient littéraires, musicales, théâtrales,<br />
chorégraphiques, cinématographiques, etc., nous<br />
proposons <strong>de</strong> nous intéresser au conte <strong>de</strong> Charles<br />
Perrault, à celui <strong>de</strong>s frères Grimm et au <strong>de</strong>ssin animé<br />
<strong>de</strong> Walt Disney.<br />
Pour ce faire, il peut être envisagé une lecture en classe<br />
du conte <strong>de</strong> Charles Perrault et <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s Frères<br />
Grimm (tous les <strong>de</strong>ux très courts).<br />
comprendre La structure GénéraLe<br />
L’histoire <strong>de</strong> Cendrillon étant relativement connue<br />
par les élèves, il est possible <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong><br />
citer <strong>de</strong> mémoire les différentes étapes du conte, à<br />
partir du schéma suivant : situation initiale, élément<br />
déclencheur, péripéties, dénouement, situation finale ;<br />
avant <strong>de</strong> compléter la liste à l’issue <strong>de</strong> la lecture. Cet<br />
"exercice" sera alors l’occasion <strong>de</strong> négociations entre<br />
les élèves. On peut noter au tableau tout ce qui est dit,<br />
puis essayer <strong>de</strong> faire rentrer chaque scène citée dans le<br />
schéma narratif précé<strong>de</strong>mment évoqué, en choisissant<br />
<strong>de</strong>s couleurs différentes pour les scènes relevant du<br />
conte <strong>de</strong> Perrault, <strong>de</strong>s frères Grimm ou encore du<br />
<strong>de</strong>ssin animé <strong>de</strong> Disney.<br />
On pourra alors constater comment les versions <strong>de</strong><br />
Perrault et <strong>de</strong>s frères Grimm diffèrent largement quant<br />
à la relation entre Cendrillon et son père, quant à la<br />
figure maternelle également, sans parler <strong>de</strong>s situations<br />
finales toutes <strong>de</strong>ux très différentes.<br />
comparer Les scènes <strong>de</strong> maGie<br />
Les élèves étant familiarisés avec la structure générale<br />
du conte, dans ses versions les plus accessibles, il est<br />
désormais possible d’observer comment l’histoire <strong>de</strong><br />
Cendrillon est remaniée par Henri Cain, le librettiste <strong>de</strong><br />
Massenet.<br />
Pour cela, focalisons-nous sur les scènes magiques<br />
dans le conte <strong>de</strong> Perrault et observons ce qu’elles<br />
<strong>de</strong>viennent chez les frères Grimm, chez Walt Disney,<br />
mais également dans le livret d’Henri Cain.<br />
Après avoir i<strong>de</strong>ntifié les scènes en question - apparition<br />
<strong>de</strong> la Fée, confection <strong>de</strong> la robe, apparition du<br />
carrosse, Chêne <strong>de</strong>s Fées - nous pourrons constater<br />
que l’usage <strong>de</strong> la magie et la mobilisation <strong>de</strong> celle-ci,<br />
n’interviennent pas <strong>de</strong> la même façon dans chacune<br />
<strong>de</strong>s versions. Elle peut aussi bien s’incarner en un<br />
seul personnage, la bonne Fée chez Perrault, comme<br />
s’étendre à d’autres créatures magiques. De la même<br />
manière, l’enchantement peut aussi bien nécessiter<br />
<strong>de</strong>s personnages, que <strong>de</strong>s animaux (les oiseaux chez<br />
les frères Grimm), un arbre (chez les frères Grimm et<br />
chez Cain), <strong>de</strong>s objets, une citrouille (chez Disney)…<br />
Le regard porté par Cendrillon sur cette magie peut lui<br />
aussi recouvrir différents aspects : l’émerveillement,<br />
l’empressement, l’inquiétu<strong>de</strong>. Enfin, toutes les scènes<br />
<strong>de</strong> magie que l’on peut répertorier ne sont pas forcément<br />
présentes dans chacune <strong>de</strong>s versions citées.<br />
comprendre La symBoLique <strong>de</strong> La pantoufLe <strong>de</strong> verre<br />
En lien avec l’ouvrage <strong>de</strong> Bruno Bettelheim : Psychanalyse<br />
<strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fées, il peut être envisagé une réflexion sur<br />
la symbolique liée à la pantoufle <strong>de</strong> verre. En effet, ce<br />
« petit réceptacle où une partie du corps peut se glisser<br />
et être tenue serrée » peut facilement se lire comme<br />
le symbole du vagin. De la même manière, le verre,<br />
matériau fragile pouvant se briser, peut symboliser<br />
l’hymen <strong>de</strong> la jeune fille qui, fuyant du bal, tente alors <strong>de</strong><br />
préserver sa virginité. Enfin, l’essayage <strong>de</strong> la pantoufle<br />
par diverses jeunes femmes peut s’apparenter, du point<br />
<strong>de</strong> vue du prince, au choix <strong>de</strong> celle qui pourra lui offrir<br />
l’épanouissement souhaité (épanouissement sexuel<br />
aussi), tandis qu’il peut se lire comme une acceptation<br />
<strong>de</strong> sa féminité du côté <strong>de</strong> la jeune Cendrillon, finalement<br />
prête à se donner au prince.<br />
En conclusion <strong>de</strong>s travaux menés il sera intéressant<br />
<strong>de</strong> se plonger davantage dans le livret d’Henri Cain et<br />
d’étudier la notion <strong>de</strong> "réécriture" en s’interrogeant<br />
sur les choix opérés par le librettiste et les notions <strong>de</strong><br />
transposition, <strong>de</strong> parodie, <strong>de</strong> pastiche, etc…
la mise en sCÈne du Féérique<br />
Trucages et effets spéciaux chez Albert Carré et Georges Méliès<br />
oBjectif : Cette piste pédagogique propose d’initier les élèves à la machinerie théâtrale à travers l’exemple<br />
<strong>de</strong> l’apparition/disparition <strong>de</strong> personnage(s).<br />
outiLs : gravures, photographies <strong>de</strong> scènes, croquis <strong>de</strong> mise en scène, extrait vidéo<br />
mots-cLés : machinerie, trucage, effets spéciaux, scène, cinéma<br />
à sa création en 1899 à l’<strong>Opéra</strong> Comique, Cendrillon<br />
bénéficie <strong>de</strong> toute la machinerie et tout l’appareillage<br />
technique <strong>de</strong> la nouvelle salle Favart, reconstruite<br />
l’année précé<strong>de</strong>nte et dans laquelle l’électricité a été<br />
installée. Le directeur <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong> Comique, Albert<br />
Carré, va alors profiter du sujet féérique <strong>de</strong> l’œuvre<br />
pour mobiliser différents trucages et effets spéciaux qui<br />
raviront les spectateurs <strong>de</strong> l’époque.<br />
Nous proposons alors une initiation à la machinerie<br />
théâtrale à travers l’exemple <strong>de</strong> l’apparition/disparition<br />
<strong>de</strong> personnage(s) dans la mise en scène <strong>de</strong> la création<br />
<strong>de</strong> Cendrillon par Albert Carré (1899). Nous observerons<br />
à cette occasion, ce qui pouvait se faire à la même<br />
époque au cinéma, notamment dans le film <strong>de</strong> Georges<br />
Méliès consacré lui aussi à Cendrillon (1899).<br />
Il est alors possible <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux élèves <strong>de</strong> repérer<br />
dans l’acte I du livret <strong>de</strong> Cendrillon les moments<br />
auxquels la magie intervient. Ceux-ci sont au nombre <strong>de</strong><br />
quatre : apparition <strong>de</strong> la Fée, apparition <strong>de</strong>s créatures<br />
enchantées, changement <strong>de</strong> la robe <strong>de</strong> Cendrillon et<br />
apparition du carrosse (ce <strong>de</strong>rnier effet relève d’un<br />
trucage très différent <strong>de</strong>s trois autres). Nous pouvons<br />
alors proposer aux élèves d’étudier les trois premières<br />
scènes.<br />
Dans un premier temps nous pouvons <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux<br />
élèves <strong>de</strong> se mettre à la place du metteur en scène et<br />
d’imaginer les trucages possibles pour la réalisation <strong>de</strong><br />
ces trois actes magiques.<br />
Dans un <strong>de</strong>uxième temps, il conviendra <strong>de</strong> leur rappeler<br />
que la création <strong>de</strong> Cendrillon a eu lieu en 1899 avec <strong>de</strong>s<br />
moyens techniques différents <strong>de</strong> ceux d’aujourd’hui,<br />
avant d’analyser avec eux les documents suivants et <strong>de</strong><br />
comprendre la mise en œuvre <strong>de</strong>s trucages imaginés<br />
par Albert Carré.<br />
L’apparition/disparition : 3 types <strong>de</strong> trucaGes<br />
Elle peut se faire par un effet <strong>de</strong> "noir" (Carré) ou <strong>de</strong><br />
"fumée instantanée" (Méliès) comme pour l’apparition<br />
<strong>de</strong> la Fée par la cheminée. Il s’agit alors <strong>de</strong> cacher au<br />
spectateur la vue du trucage. Soit la lumière est abaissée,<br />
soit un effet <strong>de</strong> fumée distrait le spectateur pendant<br />
l’entrée du personnage par une trappe quelconque que<br />
l’on referme avant le rétablissement <strong>de</strong> l’éclairage ou la<br />
dissipation <strong>de</strong> la fumée.<br />
Elle peut se faire par le sol, comme dans la scène <strong>de</strong>s<br />
Esprits réalisée par Carré (fig.1), ou pour la disparition<br />
<strong>de</strong> la Fée chez Méliès. Le plancher <strong>de</strong> scène étant la<br />
plupart du temps divisé en panneaux amovibles (fig.2),<br />
il est alors possible d’aménager <strong>de</strong>s trappes, permettant<br />
un jeu d’apparition et/ou <strong>de</strong> disparition <strong>de</strong> personnages<br />
par le sol.<br />
Figure 2 : Fonctionnement d’une trappe <strong>de</strong> scène pour une<br />
apparition/disparition (MOYNET, Georges, L’envers du théâtre,<br />
Paris : Hachette, 1873, p.57)<br />
21
22<br />
(suite)<br />
la mise en sCÈne du Féérique<br />
Trucages et effets spéciaux chez Albert Carré et Georges Méliès<br />
Figure 1 : Apparition <strong>de</strong>s Esprits par le plancher <strong>de</strong> scène dans le 1 er Acte <strong>de</strong> Cendrillon, reprise <strong>de</strong> la mise en<br />
scène d’Albert Carré au <strong>Théâtre</strong> Lyrique Municipal <strong>de</strong> la Gaieté en 1909 (Revue Le <strong>Théâtre</strong> n°243, février 1909)<br />
Elle peut se faire par un système <strong>de</strong> tourniquet<br />
comportant <strong>de</strong>ux sièges sur lesquels on place d’un<br />
côté le personnage <strong>de</strong>vant disparaître, <strong>de</strong> l’autre un<br />
sosie, vêtu <strong>de</strong> la même façon. Dans la mise en scène<br />
<strong>de</strong> Carré ce système permettait alors à Cendrillon d’être<br />
remplacée par un sosie, afin <strong>de</strong> disparaître en coulisses<br />
pour revêtir sa robe <strong>de</strong> bal avant <strong>de</strong> réapparaître dans<br />
son nouveau costume. Un système <strong>de</strong> "noir" permettait<br />
alors <strong>de</strong> masquer les <strong>de</strong>ux manipulations successives<br />
du tourniquet (fig.1 et fig.3).<br />
Figure 3 : Manipulation du tourniquet pour faire disparaître<br />
Cendrillon en coulisses lors <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> 1899 (Anonyme,<br />
Cendrillon, mise en scène <strong>de</strong> M. Albert Carré, rédigée par M. Émile<br />
Bertin, manuscrit anonyme d’un copiste, s.l., [1899], Bibliothèque<br />
Historique <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris, C 9 (I).)
opéra et mo<strong>de</strong>rnité<br />
La Fée électricité, bonne marraine <strong>de</strong>s théâtres<br />
oBjectif : Cette piste pédagogique propose d’étudier le rôle technique, esthétique et dramaturgique <strong>de</strong> l’électricité<br />
dans la mise en scène.<br />
outiLs : photographies <strong>de</strong> scène et <strong>de</strong> costumes, gravures, affiches, extrait vidéo<br />
mots-cLés : électricité, lumière, couleurs, danse, costume<br />
Créée en 1899, quelques mois après l’installation <strong>de</strong><br />
l’électricité à l’<strong>Opéra</strong> Comique, Cendrillon est la première<br />
œuvre <strong>de</strong> la nouvelle salle Favart à bénéficier d’un usage<br />
accru et efficace <strong>de</strong> la lumière électrique.<br />
Cette électricité, venue d’on ne sait où, intrigue la<br />
population et du même coup les spectateurs <strong>de</strong><br />
l’époque, autant qu’elle les fascine. Dans l’imaginaire<br />
commun, l’électricité va ainsi être rapi<strong>de</strong>ment assimilée<br />
à la magie, au point <strong>de</strong> la nommer : la Fée Électricité.<br />
Dans l’opéra <strong>de</strong> Massenet, une autre Fée tout aussi<br />
bienfaitrice, la marraine <strong>de</strong> Cendrillon, va alors justifier<br />
par ses formules magiques l’usage <strong>de</strong> l’électricité.<br />
Puisqu’on ne sait d’où vient cette lumière n’utilisant ni<br />
gaz ni chan<strong>de</strong>lles, ce ne peut donc être que le fruit d’un<br />
enchantement.<br />
Dès lors, le personnage <strong>de</strong> la Fée va permettre à<br />
Albert Carré - directeur et metteur en scène <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong><br />
Comique - d’user <strong>de</strong>s plus beaux effets visuels, jouant<br />
ainsi un rôle dramatique et scénique central dans les<br />
représentations <strong>de</strong> l’époque, au point d’être l’unique<br />
personnage présent sur l’affiche (fig.4).<br />
Connaissant le contexte <strong>de</strong> création <strong>de</strong> Cendrillon<br />
et l’utilisation importante <strong>de</strong> la lumière électrique,<br />
Benjamin Lazar (metteur en scène <strong>de</strong> la production<br />
actuelle) a choisi <strong>de</strong> jouer avec les références et les<br />
symboliques. Nous proposons ainsi d’observer et <strong>de</strong><br />
comparer l’usage et le rôle <strong>de</strong> l’électricité dans les mises<br />
en scène d’Albert Carré (1899) et <strong>de</strong> Benjamin Lazar<br />
(2011).<br />
En classe, cette piste pédagogique peut être explorée<br />
soit avant la représentation, sous forme d’explication par<br />
l’enseignant, soit après la représentation, sous forme <strong>de</strong><br />
jeu <strong>de</strong>s ressemblances/différences, constituant ainsi un<br />
prétexte pour revenir sur le spectacle.<br />
Figure 4 : Affiche <strong>de</strong> Cendrillon pour la création <strong>de</strong> 1899 à l’<strong>Opéra</strong><br />
Comique<br />
23
24<br />
(suite)<br />
opéra et mo<strong>de</strong>rnité<br />
La Fée électricité, bonne marraine <strong>de</strong>s théâtres<br />
dans La mise en scène <strong>de</strong> carré<br />
Comme nous l’avons vu, c’est la présence dans l’œuvre<br />
<strong>de</strong> personnages et créatures magiques qui permet <strong>de</strong><br />
justifier l’usage intensif <strong>de</strong> la lumière électrique, encore<br />
peu maîtrisée en 1899.<br />
« La nouveauté consistait en effets lumineux reposant<br />
sur <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> glaces. Ils furent exploités à l’acte I et à<br />
l’acte III, pour le tableau du chêne. Dans la chaumière <strong>de</strong><br />
Cendrillon, on avait disposé un bâti <strong>de</strong> glaces sur lequel se<br />
plaçaient les six esprits habillés <strong>de</strong> longues ailes. Lorsqu’elles<br />
étaient déployées, on projetait par en-<strong>de</strong>ssous, au moyen<br />
<strong>de</strong> verres colorés, une lumière rouge, puis violette. D’autres<br />
projections se succédaient et se croisaient, venant soit<br />
<strong>de</strong>s cintres, soit <strong>de</strong>s coulisses : lumière bleue pour la nuit,<br />
lumière blanche pour la lune, orange pour la cheminée.<br />
Des follets, joués par <strong>de</strong> jeunes enfants, s’échappaient d’un<br />
coffre éclairé <strong>de</strong> l’intérieur par une lampe rouge. »<br />
Nicole Wild<br />
Cette utilisation très efficace <strong>de</strong> l’éclairage électrique<br />
est par ailleurs renforcée par les costumes <strong>de</strong>s Esprits<br />
et le jeu <strong>de</strong> scène <strong>de</strong> ceux-ci. En effet, les danseuses<br />
incarnant les six Esprits portent <strong>de</strong>s costumes munis<br />
d’ailes aux formes étranges, aux motifs tachetés, zébrés<br />
pour certains, et aux textures brillantes. Ces ailes, une<br />
fois déployées, reflètent alors la lumière rouge, projetée<br />
au travers du bâti <strong>de</strong> glace.<br />
Ce principe <strong>de</strong> réflexion et d’amplification <strong>de</strong> l’éclairage<br />
par le costume fait d’ailleurs référence à la danse<br />
serpentine d’une célèbre interprète <strong>de</strong> l’époque :<br />
Loïe Fuller (fig.5). Virevoltant à travers les faisceaux<br />
kaléidoscopiques <strong>de</strong> projecteurs, vêtue <strong>de</strong> longues<br />
draperies <strong>de</strong> gaze transparentes, Loïe Fuller avait<br />
développé un numéro spectaculaire suscitant l’intérêt<br />
<strong>de</strong> toute l’avant-gar<strong>de</strong> artistique. Au vu <strong>de</strong> l’intérêt<br />
général pour le numéro <strong>de</strong> la danseuse, il ne semble<br />
pas étonnant qu’Albert Carré, déjà conscient du fort<br />
potentiel dramatique <strong>de</strong> l’éclairage, se soit intéressé au<br />
travail <strong>de</strong> la danseuse. Si bien qu’il fera un nouveau clin<br />
d’œil à celle-ci au cours du tableau du Chêne <strong>de</strong>s Fées :<br />
« Aussitôt le tableau éclairé, paraissent au fond <strong>de</strong>rrière<br />
le chêne, à droite et à gauche, trois danseuses <strong>de</strong> chaque<br />
côté. Elles font avec leurs écharpes <strong>de</strong>s poses gracieuses et<br />
tournent en dansant presque sur place dans la brume. »<br />
(livret <strong>de</strong> mise en scène d’Albert Carré)<br />
Figure 5 : Danse serpentine <strong>de</strong> Loïe Fuller (MOYNET, Georges,<br />
Trucs et décors, Paris : La librairie illustrée, 1893, <strong>de</strong>uxième <strong>de</strong><br />
couverture)
(suite et fin)<br />
opéra et mo<strong>de</strong>rnité<br />
La Fée électricité, bonne marraine <strong>de</strong>s théâtres<br />
dans La mise en scène <strong>de</strong> Lazar<br />
Une même référence aux danses <strong>de</strong> Loïe Fuller est<br />
faite dans la mise en scène <strong>de</strong> Benjamin Lazar, lors du<br />
tableau du Chêne <strong>de</strong>s Fées. En effet, <strong>de</strong>s danseuses<br />
vêtues <strong>de</strong> draperies, <strong>de</strong> part et d’autre du Chêne,<br />
reproduisent la fameuse danse serpentine, créant ainsi<br />
une atmosphère à la fois aérienne et florale, parachevant<br />
merveilleusement l’ambiance <strong>de</strong> ce tableau.<br />
Mais la plus gran<strong>de</strong> référence mobilisée par Benjamin<br />
Lazar - on peut même parler d’hommage - c’est celle<br />
relative à l’apparition <strong>de</strong> l’électricité. Le metteur en<br />
scène utilise celle-ci tout au long du spectacle, soit par<br />
petites touches colorées, soit en la mettant au cœur<br />
d’un décor ou d’un costume, jusqu’à transcen<strong>de</strong>r celuici.<br />
Citons alors le Chêne <strong>de</strong>s Fées, matérialisé par une<br />
guirlan<strong>de</strong> lumineuse, ou mieux réussie encore, la robe<br />
<strong>de</strong> bal <strong>de</strong> Cendrillon (fig.6).<br />
Figure 6 : Cendrillon dans sa robe <strong>de</strong> bal, mise en scène <strong>de</strong><br />
Benjamin Lazar<br />
Figure 7 : Cendrillon et le Prince lors <strong>de</strong> la scène du bal, mise en<br />
scène d’Albert Carré (Revue Le <strong>Théâtre</strong>, n°19, juillet 1899)<br />
25
l’opéra tHéâtre <strong>de</strong> saint-étienne<br />
Bénéficiant d’une notoriété nationale et internationale<br />
importante, l’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne se situe<br />
parmi les maisons d’opéra les plus dynamiques en<br />
termes <strong>de</strong> public.<br />
L’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne est un établissement<br />
<strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne soutenu par le Conseil général<br />
<strong>de</strong> la Loire, la Région Rhône-Alpes et le Ministère <strong>de</strong> la<br />
Culture.<br />
Le Chœur Lyrique <strong>Saint</strong>-Étienne Loire et l’Orchestre<br />
Symphonique <strong>Saint</strong>-Étienne Loire placés sous la<br />
direction musicale <strong>de</strong> Laurent Campellone sont les<br />
acteurs essentiels d’une programmation qui sait<br />
également s’ouvrir aux artistes <strong>de</strong> tous les horizons.<br />
La vocation première <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />
Étienne est une vocation lyrique : avec ses propres<br />
ateliers <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> décors et <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong><br />
costumes, l’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong> produit et coproduit chaque<br />
saison <strong>de</strong> nouvelles œuvres lyriques.<br />
L’institution a également pour mission <strong>de</strong> proposer au<br />
plus grand nombre une programmation riche avec une<br />
exigence <strong>de</strong> qualité dans les domaines <strong>de</strong> la musique<br />
classique (musique symphonique, musique <strong>de</strong><br />
chambre...), <strong>de</strong> la danse, du théâtre, en allant également<br />
vers <strong>de</strong>s formes aussi diverses que le cirque, le cabaret...<br />
L’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong> remplit également une mission<br />
capitale auprès du jeune public, proposant une saison<br />
dédiée, riche et variée. Enfin, dans le domaine <strong>de</strong><br />
l’action culturelle et <strong>de</strong> la médiation, l’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong>,<br />
en relation avec <strong>de</strong> nombreux partenaires (universités,<br />
Éducation nationale, écoles <strong>de</strong> musique..), souhaite<br />
développer ses propositions aux personnes n’ayant<br />
pas spontanément accès à la culture (politique tarifaire,<br />
décentralisation <strong>de</strong>s concerts...). Des visites guidées<br />
sont également organisées. Certaines représentations<br />
sont précédées 1 heure avant le début du concert d’un<br />
Propos d’avant-spectacle (présentation sous la forme<br />
d’une conférence).<br />
© Cyrille Sabatier<br />
27
28<br />
petite Histoire d’une produCtion d’opéra<br />
Le directeur détermine les différents "titres" qui seront<br />
programmés durant la saison. Il choisit ensuite un metteur<br />
en scène pour la production d’un opéra. Ce <strong>de</strong>rnier<br />
associe un certain nombre <strong>de</strong> collaborateurs au projet<br />
dont un décorateur éclairagiste et un costumier. à ces<br />
<strong>de</strong>rniers d’imaginer la conception <strong>de</strong>s décors et <strong>de</strong>s<br />
costumes tout en se conformant à <strong>de</strong>s critères résolument<br />
déterminés : état d’esprit du spectacle, contexte<br />
historique et découpage acte par acte <strong>de</strong> l’ouvrage, caractéristiques<br />
techniques <strong>de</strong> la scène, budget consacré<br />
à la production.<br />
La première étape concrète du projet consiste généralement<br />
en la présentation <strong>de</strong>s maquettes, celles-ci<br />
sont paramétrées par le directeur technique qui connaît<br />
toutes les contraintes du théâtre, tandis que les responsables<br />
d’ateliers conseillent les concepteurs pour définir<br />
les techniques et les matériaux les plus adaptés à la réalisation<br />
<strong>de</strong>s décors et costumes.<br />
Le premier travail <strong>de</strong> construction se déroule dans les<br />
ateliers <strong>de</strong> menuiserie et <strong>de</strong> serrurerie qui réalisent chacun<br />
<strong>de</strong> leur côté les différents éléments du décor.<br />
L’assemblage du décor est ensuite confié à l’atelier <strong>de</strong><br />
construction. Les parties monumentales sont conçues<br />
comme un puzzle qui doit pouvoir se manipuler et s’assembler<br />
en scène avec aisance et rapidité. Légers tout<br />
en étant rigi<strong>de</strong>s, les différents éléments sont confectionnés<br />
dans <strong>de</strong>s dimensions qui leur permettent d’être<br />
transportés dans <strong>de</strong>s containers pour les tournées à<br />
venir.<br />
Une fois la base structurelle du décor réalisée, celle-ci<br />
est habillée par l’atelier <strong>de</strong> décoration après avoir fait<br />
occasionnellement l’objet d’un équipement électrique<br />
(installation <strong>de</strong> moteurs, d’éclairages ou <strong>de</strong> dispositifs<br />
sonores).<br />
Son personnel, constitué <strong>de</strong> peintres et <strong>de</strong> sculpteurs<br />
issus, dans la majorité <strong>de</strong>s cas, d’écoles <strong>de</strong>s Beaux-<br />
Arts, doit être rompu à toutes sortes <strong>de</strong> techniques <strong>de</strong><br />
reproduction : faux marbres, faux stucs, peintures <strong>de</strong><br />
genre sur tous supports, fabrication d’ornements et<br />
d’accessoires (casques, boucliers, ceintures, parures,<br />
etc.) dans <strong>de</strong>s matériaux divers : bois, acier, terre, matières<br />
synthétiques (mousse <strong>de</strong> polyuréthane expansée,<br />
résine, latex).<br />
Dans un décor, ne sont construites et peintes que les<br />
parties laissées apparentes au public. L’aspect donné<br />
aux différents accessoires répond aux critères <strong>de</strong> la vraisemblance<br />
et <strong>de</strong> l’illusion. L’art <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> création<br />
d’un théâtre est un art du faux : tel chaudron <strong>de</strong> cuivre<br />
martelé est fabriqué en mousse, tel socle <strong>de</strong> granit a<br />
pour support une armature <strong>de</strong> fer ou <strong>de</strong> bois, elle-même<br />
recouverte <strong>de</strong> toile plissée peinte alors en trompe-l’oeil,<br />
etc. Une fois achevé l’ornement du décor, celui-ci est<br />
installé sur la scène pour effectuer les essais d’éclairage.<br />
Certaines retouches sont apportées par la suite : estompage<br />
d’une colonne trop brillante, rehaussements <strong>de</strong><br />
couleur d’un accessoire, finition <strong>de</strong>s joints <strong>de</strong>s éléments<br />
à assembler.<br />
Pour la confection <strong>de</strong>s costumes, le costumier procè<strong>de</strong><br />
à l’échantillonnage <strong>de</strong>s étoffes, <strong>de</strong> leurs coloris, <strong>de</strong><br />
l’harmonie qu’elles peuvent générer une fois assemblées.<br />
Parfois, lors d’exigences particulières, certains<br />
tissus font l’objet d’une fabrication spéciale tandis que<br />
d’autres sont retravaillés à seule fin <strong>de</strong> provoquer un<br />
effet singulier. Transformations <strong>de</strong>s couleurs, modifications<br />
<strong>de</strong> la texture : la réalisation <strong>de</strong> costumes <strong>de</strong> scène<br />
constitue un travail artisanal où chaque pièce mérite<br />
une attention particulière pour s’adapter au mieux à la<br />
personnalité <strong>de</strong> l’interprète qui la portera. Une fois les<br />
textiles sélectionnés, l’élaboration du patron <strong>de</strong> chaque<br />
costume, ainsi que la coupe <strong>de</strong>s tissus et leur assemblage,<br />
sont effectués sur mannequin.<br />
Après un essai en l’état, le costume est à nouveau ouvragé<br />
et se trouve agrémenté d’accessoires, <strong>de</strong> bijoux et<br />
différents autres ornements, jusqu’à trouver son aspect<br />
quasi définitif.<br />
De la même façon que pour le décor, les costumes<br />
nécessitent réajustements et retouches jusqu’aux <strong>de</strong>rnières<br />
répétitions. Dans tous les cas, tous les éléments<br />
<strong>de</strong> décoration et <strong>de</strong> costumes réalisés pour un spectacle<br />
sont répertoriés et classés afin que lors <strong>de</strong>s représentations<br />
aucun inci<strong>de</strong>nt ne puisse venir altérer le déroulement<br />
du spectacle. C’est souvent au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la<br />
“générale” que le travail <strong>de</strong> création s’achève tout à fait.
Atelier <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> costumes Atelier <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> décors : menuiserie<br />
Atelier <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> décors<br />
Atelier <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> décors : serrurerie<br />
© Cyrille Sabatier<br />
29
30<br />
Voix et tessitures<br />
une voix pour un personnaGe<br />
Les différents registres <strong>de</strong> la voix humaine s’adaptent<br />
par leur extension, leur timbre, leur caractère et<br />
leurs capacités techniques à différents genres <strong>de</strong><br />
personnages.<br />
Le choix que fait le compositeur est donc très important<br />
pour que le rôle incarné par le chanteur soit crédible.<br />
voix <strong>de</strong> femmes<br />
Soprano<br />
C’est la voix la plus aiguë chez les femmes. Il existe<br />
plusieurs caractères <strong>de</strong> voix.<br />
La soprano "colorature" : capable <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s vocalises<br />
rapi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> monter dans les extrêmes aigus du registre.<br />
Ce sont généralement <strong>de</strong>s rôles <strong>de</strong> magiciennes, <strong>de</strong><br />
poupées, <strong>de</strong> personnages enchantés en lien avec le<br />
surnaturel et le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s dieux.<br />
La soprano "lyrique" : une voix claire et expressive qui<br />
s’adapte aux personnages <strong>de</strong>s amoureuses, <strong>de</strong>s jeunes<br />
filles.<br />
La soprano "dramatique" : elle a une couleur obscure,<br />
veloutée idéale pour incarner <strong>de</strong>s personnages plutôt<br />
graves comme les reines, les femmes fières ou d’âge<br />
mûr.<br />
Personnage <strong>de</strong> soprano très connu : la Reine <strong>de</strong> la Nuit<br />
(La Flûte enchantée).<br />
Mezzo-soprano<br />
C’est la voix moyenne chez les femmes. La voix <strong>de</strong><br />
mezzo s’adapte aux personnages <strong>de</strong> jeunes garçons, <strong>de</strong><br />
femmes séduisantes ou à <strong>de</strong>s personnages au caractère<br />
tragique.<br />
Personnage célèbre <strong>de</strong> mezzo très connu : Carmen<br />
(Carmen)<br />
Alto<br />
C’est une <strong>de</strong>s voix féminines les plus graves. C’est une<br />
voix souvent utilisée pour personnifier <strong>de</strong>s nourrices,<br />
<strong>de</strong>s vieilles dames ou <strong>de</strong>s guerriers. Il existe une voix<br />
encore plus grave, c’est celle <strong>de</strong> contralto.<br />
voix d’hommes<br />
Ténor<br />
C’est une <strong>de</strong>s voix les plus aiguës chez les hommes (on<br />
trouve également une voix encore plus aiguë : celle <strong>de</strong><br />
contre-ténor). Selon la couleur et le caractère <strong>de</strong> la voix,<br />
on distingue le ténor "léger", "lyrique" ou "dramatique".<br />
C’est souvent la voix du ténor qui incarne les héros à<br />
l’opéra. Ténors célèbres : Roberto Alagna, Luciano<br />
Pavarotti, Placido Domingo...<br />
Baryton<br />
C’est la voix moyenne chez les hommes. Les rôles<br />
attribués au baryton sont par exemple : Comte Almaviva<br />
(Les Noces <strong>de</strong> Figaro), Barbe-bleue, Falstaff, Pelléas.<br />
Barytons célèbres : Dietrich Fischer-Diskau, José Van<br />
Dam...<br />
Basse<br />
C’est la voix la plus grave chez les hommes. Souvent la<br />
voix <strong>de</strong> basse incarne <strong>de</strong>s personnages terribles comme<br />
<strong>de</strong>s démons, <strong>de</strong>s hommes méchants, parfois aussi la<br />
basse représente la voix <strong>de</strong> Dieu.<br />
l’orCHestre sympHonique<br />
piano<br />
harpe<br />
cors<br />
violons ii altos<br />
contrebasses<br />
violons i<br />
trompettes<br />
clarinettes bassons<br />
cheF<br />
trombones<br />
Flûtes hautbois<br />
tubas<br />
violoncelles
glossaire<br />
écLectisme<br />
En musique l’éclectisme est une démarche <strong>de</strong><br />
composition qui prend en compte différents styles et<br />
use <strong>de</strong> différents systèmes, piochant çà et là ce qu’il<br />
semble y avoir <strong>de</strong> bon, d’efficace ou d’utile.<br />
écriture syLLaBique<br />
Technique <strong>de</strong> composition consistant à faire<br />
correspondre pour chaque syllabe d’un mot une note<br />
qui lui est propre.<br />
méLisme<br />
Ensemble <strong>de</strong> notes chantées sur une seule et même<br />
voyelle et donnant lieu à ce que l’on appelle <strong>de</strong>s<br />
vocalises.<br />
reGistre Bouffe<br />
Registre dramatique et musical qui provoque le rire,<br />
l’amusement. Autrefois <strong>de</strong>stiné aux seuls opéras buffa,<br />
il se mélange rapi<strong>de</strong>ment aux autres registres selon les<br />
besoins <strong>de</strong> l’action.<br />
reGistre sérieux<br />
Par opposition au registre bouffe, le registre sérieux<br />
renvoie à un ton dramatique plus mesuré, collant au<br />
plus près <strong>de</strong>s situations sans chercher le second <strong>de</strong>gré.<br />
BiBliograpHie<br />
massenet<br />
BRANGER, Jean-Christophe, « Merveilleux païen<br />
et merveilleux chrétien dans l’opéra fin-<strong>de</strong>-siècle :<br />
l’exemple <strong>de</strong> Massenet », Le surnaturel sur la scène<br />
lyrique du merveilleux baroque au fantastique romantique,<br />
Lyon : Symétrie, 2012, p. 301-322.<br />
MASSENET, Jules, Mes souvenirs, 1/ Paris : P. Lafitte<br />
& Cie, 1912 ; 2/ Gérard Condé éd., Paris : Plume, 1992.<br />
OLIVIER, Brigitte, Jules Massenet : Itinéraire pour un<br />
théâtre musical, Arles : Actes Sud, 1996.<br />
WILD, Nicole, « Iconographie <strong>de</strong> Massenet dans<br />
les collections <strong>de</strong> la Bibliothèque Nationale et <strong>de</strong> la<br />
Bibliothèque-Musée <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong> <strong>de</strong> Paris », Massenet<br />
en son temps, Gérard Condé éd., actes du colloque <strong>de</strong><br />
novembre 1992, II e Festival Massenet, <strong>Saint</strong>-Étienne :<br />
Association du Festival Massenet et Esplana<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />
Étienne <strong>Opéra</strong>, 1999, p. 194-207.<br />
Cendrillon<br />
Cendrillon, dossier pédagogique « <strong>Opéra</strong> en actes »,<br />
accessible en ligne : www.cndp.fr/opera-en-actes/<br />
Cendrillon, dossier pédagogique <strong>de</strong> l’<strong>Opéra</strong> Comique,<br />
accessible en ligne : http://www.opera-comique.com/<br />
medias/professionnels/professeurs/cendrillon.pdf<br />
BOYER ; MAIRET, « 18 photographies <strong>de</strong> scènes<br />
<strong>de</strong> Cendrillon » (création <strong>de</strong> mai 1899 à l’<strong>Opéra</strong><br />
Comique), Le <strong>Théâtre</strong>, n°19, juillet 1899.<br />
BRUNEAU, Alfred, « Les théâtres : Cendrillon »,<br />
Le Figaro, 25 mai 1899, p. 4.<br />
FELIX ; LARCHER, « 5 photographies <strong>de</strong> scènes <strong>de</strong><br />
Cendrillon » (reprise <strong>de</strong> février 1909 au <strong>Théâtre</strong> Lyrique<br />
Municipal <strong>de</strong> la Gaité), Le <strong>Théâtre</strong>, n°243, février 1909.<br />
MASSENET, Jules, Cendrillon, Partition chant et piano,<br />
Paris : Heugel & Cie, 1899, [cotage H. & Cie 18 421].<br />
[MEYER, Lionel], NICOLET, « Soirée Parisienne -<br />
Cendrillon », Le Gaulois, 25 mai 1899, p. 3.<br />
MERIEAU, Noémie, Cendrillon, une princesse Belle<br />
Époque ; les réécritures lyriques <strong>de</strong> Cendrillon au xix e<br />
siècle, mémoire <strong>de</strong> master inédit, sous la direction <strong>de</strong><br />
Jean-Yves Mollier et Jean-Clau<strong>de</strong> Yon, Université <strong>de</strong><br />
Versailles, <strong>Saint</strong>-Quentin-en-Yvelines, 2010.<br />
POUGIN, Arthur, « Cendrillon », Le Ménestrel, n°22,<br />
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mise en scène et cinéma<br />
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Carré, rédigée par M. Émile Bertin, manuscrit anonyme<br />
d’un copiste, s.l., [1899 ?], Bibliothèque Historique <strong>de</strong> la<br />
Ville <strong>de</strong> Paris, C 9 (I).<br />
MALTHETE, Jacques, « Un feu d’artifice improvisé ?<br />
Les effets pyrotechniques chez Méliès », revue 1895,<br />
n°39, février 2003, p. 64.<br />
MOYNET, Georges, L’Envers du théâtre : machines et<br />
décorations, Paris : Hachette, 1873.<br />
MOYNET, Georges, Trucs et décors, Paris : La librairie<br />
illustrée, 1893.<br />
PARISI, Jonathan, « La mise en scène <strong>de</strong> la création <strong>de</strong><br />
Cendrillon : voyage à travers "les beaux pays bleus" », Du<br />
livret à la mise en scène, actes du colloque <strong>de</strong>s 3-4 mars<br />
2011, Paris : <strong>Opéra</strong> Comique et Palazzetto Bru Zane, à<br />
paraître.<br />
Le conte<br />
BETTELHEIM, Psychanalyse <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fées, Paris :<br />
Pocket, 1999.<br />
GRIMM, Cendrillon, accessible en ligne.<br />
PERRAULT, Cendrillon, accessible en ligne.<br />
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Retrouvez l’<strong>Opéra</strong> <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Étienne sur internet<br />
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