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LA NOTION DE PAUVRETÉ DANS LE TEMPS Liliane AMOUDRUZ

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nom des principes de la citoyenneté et de la responsabilité de la société sur les situations<br />

d’exclusion est donc établi pour tous un droit à des conditions minimales d’existence. (Art.<br />

1er de la loi du 18 décembre 1988, Journal officiel du 3 décembre 1988) : le revenu minimum<br />

d’insertion (RMI) sort de la logique catégorielle et sera attribué à tous ceux qui réunissent les<br />

conditions de revenus et d’âge (il faut avoir au moins 25 ans).<br />

Une pauvreté en constante évolution. Deux études, l’une du CREDOC (Centre de recherches<br />

et de documentation sur les conditions de vie), l’autre de l’Insee (Institut national de la statistique et des études<br />

économiques) notent une forte évolution des profils de la pauvreté depuis les années 80. En 1980, 49% des foyers les plus<br />

défavorisés étaient constitués de retraités, en 1994 ils sont 34%. La part des chômeurs est passée de 19% à 37%.<br />

En 1985, sur 17 millions de jeunes de moins de 25 ans, 1,8 million vivaient dans la pauvreté, dont 50% dans une famille<br />

nombreuse (1 couple et 3 enfants ou plus). En 1995, ils sont 32%. Les familles monoparentales sont passées de 12% du total<br />

des foyers vivant en-dessous du seuil de pauvreté à 17%, et la part des enfants pauvres vivant dans ce type de famille est<br />

passée de 1/10 à 1/5. La part des allocations sous condition de ressources (RMI, aides au logement) est passée de 8% à 21%<br />

des revenus des familles pauvres, tandis que celle des prestations familiales baissait de 22% à 15%.<br />

Un actif sur cinq peut désormais être considéré comme exclu du monde du travail. L’Etat, les départements et les communes<br />

doivent faire face à une augmentation des dépenses d’action sociale de 5% à 8% par an. La plupart des collectivités voient<br />

ces dépenses augmenter plus vite que leurs recettes. Face à une pauvreté en constante évolution, elles seront obligées de<br />

restructurer leur action sociale en profondeur. (Action sociale, la décentralisation face а la crise, Jean-Louis Sanchez, directeur de<br />

l’Observatoire national de l’action sociale décentralisée, ODAS éditeur).<br />

Surendettement et précarité. Le chômage et la dégradation de la situation sociale ont entraîné le développement<br />

du surendettement.<br />

Les commissions départementales du surendettement ont été créées par la loi Néiertz en déc.1989 (RMI déc.88). Elles<br />

étaient chargées d’«offrir aux débiteurs de bonne foi (…) une procédure de règlement amiable et global des dettes» et<br />

visaient, au départ, les débiteurs imprudents qui avaient cumulé leur endettement immobilier avec les multiples crédits à la<br />

consommation.<br />

Sept ans plus tard, les commissions ont à faire à des débiteurs qui ne peuvent plus payer parce qu’ils ont perdu leurs<br />

revenus. Ils n’appartiennent pas forcément à des milieux défavorisés et se sont endettés sur des postes budgétaires de la vie<br />

courante : électricité, eau, loyer, impôts.<br />

La perte d’un emploi comme cause essentielle de ce surendettement était de 22% en 1990, 41% en 1993, 43% en 1995.<br />

Le système mis en place par la loi Néiertz visait les familles qu’il faut aider à gérer leurs ressources ; là où il n’y a rien, les<br />

commissions ont quelquefois tendance à rogner sur les ressources vitales. L’ODAS (Observatoire national de l’action sociale<br />

décentralisée) à la recherche de nouvelles solutions, souhaite la présence de travailleurs sociaux lors des délibérations des<br />

commissions et une meilleure articulation avec le FSL (Fonds de solidarité pour le logement).<br />

Les institutions sont à nouveau confrontées à l’arrivée de « nouveaux pauvres ».<br />

4-2- <strong>LA</strong> CHARITÉ ET <strong>LA</strong> LOI.<br />

Les SDF. « La pauvreté contemporaine […] peut se définir comme la situation des individus et des ménages marqués par<br />

: l’insuffisance des ressources, l’exclusion d’un mode de vie matériel et culturel dominant, la précarité du statut social ». Ceux<br />

sur qui s’abattent ces trois pauvretés, monétaire, sociologique et psychologique, sont les exclus.<br />

«Et donc ce pauvre appartient à une autre race, à une étrange tribu, celle des parias aux mœurs exotiques et puantes, qui<br />

mendient pour vivre […] Ces hommes-monstres ne peuvent aller au cinéma, au café, au restaurant, car ils sont trop moches<br />

et trop odorants. Ils ne peuvent pas se faire soigner, aucun médecin ne pourrait accepter, dans sa salle d’attente, l’un d’entre<br />

eux sous peine de faillite immédiate. Les services d’urgence ne les supportent que s’ils «sont» une plaie, une fracture, une<br />

perte de connaissance, enfin quelque chose qui se diagnostique aisément et qui porte un nom. L’hôpital répugne à les garder<br />

- trop caractériels, non assurés sociaux, trop différents, trop compliqués… Ils sentent la mort, cette caste d’intouchables, et<br />

sont tous semblables. […]<br />

Pourtant ils crèvent les siècles. Ils défilent sans leurs crécelles désormais, en habits gris, en hordes claudicantes, livrés aux<br />

bonnes œuvres, et si l’institution les rejette, c’est qu’ils n’ont pas, qu’ils ne peuvent pas avoir- ce serait pourtant la condition<br />

du rachat - de projet de réinsertion … Et sans projet de «ré»-insertion, que peut-on faire pour eux ? Rien, sinon les livrer à la<br />

charité publique, à l’espace du cœur, aux gens dont c’est la justification, la carte de visite, la mission explicite et remarquable.»<br />

<strong>LA</strong> <strong>NOTION</strong> <strong>DE</strong> <strong>PAUVRETÉ</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> <strong>TEMPS</strong> <strong>Liliane</strong> <strong>AMOUDRUZ</strong> — 2e trim. 2009 p 14/27<br />

Espaces Dialogues • La Maison des Associations • 1a, place des Orphelins 67000 STRASBOURG • espaces.dialogues@free.fr<br />

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