REB -_1959_num_17_1_1211.pdf - Bibliotheca Pretiosa
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226 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES<br />
littérature (ή. 132). On y parle beaucoup des Pères byzantins, plus spécial<br />
ement de saint Épiphane, dont le fameux texte est torturé en tous sens<br />
(n. 136). Certains avaient prédit le rapide étiage du courant immortaliste.<br />
L'Espagne, qui s'emballe facilement pour toutes les croisades, et l'Ordre<br />
séraphique, belliqueux à ses heures, avaient déclaré une guerre sans merci<br />
à l'athanasie mariale. Mais les invectives des ultras n'ont pu contenir le<br />
pacifique flux, si conquérant que l'abbé Laurentin lui-même, théologien<br />
pondéré s'il en est, en éprouve une réelle inquiétude (cf. Vie Spirituelle,<br />
XCIX, 1958, p. 522). Peut-être serait-il bon de citer ici un texte de Jean le<br />
Géomètre que le P. Jugie n'a pas connu : « Marie est ressuscitée avec son<br />
Fils [le jour de Pâques, car elle avait souffert et était morte avec lui] et<br />
n'a plus jamais été soustraite à cette résurrection vivifiante καΐ μή άπολειφθη<br />
του ζωηφόρου ταύτης έγέρσεως » (cod. Boll. 196, f. 146V ; cf. Gallot, p. 203<br />
de l'art, cité au n. 195).<br />
Une controverse non moins vive intéresse le lieu de la mort (présumée)<br />
de Notre-Dame. Contre l'opinion traditionnelle (Jérusalem) qui reste<br />
la plus solide (n. 134-135, 140) les partisans d'Éphèse déployant péri<br />
odiquement de vigoureuses offensives (n. 138-139, 141). Comme il se doit,<br />
le P. Euzet, Lazariste de Smyrne, figure à l'avant-pointe de cette polémique<br />
(n. 142). Ferrailleur inlassable, il décoche dans son bulletin (n. 143) des<br />
traits acérés contre ses adversaires. Déjà gratifié par lui d'une écœurante<br />
diatribe, le P. Jugie se voit à tout bout de champ pris à partie en raison de<br />
son « dédain » pour Éphèse et on ne pardonne pas aux Assomptionnistes<br />
d'avoir « rayé » Panaya-Kapulu de leurs itinéraires touristiques ou autres.<br />
Encouragées par le gouvernement turc (n. 143), les fouilles ont donné d'in<br />
téressants résultats que M. Massignon, fondateur de l'association des amis<br />
d'Éphèse et de Anne-Catherine Emmerich, s'est plu à souligner (n. 137).<br />
Un tel chassé-croisé évolue fatalement autour des documents byzantins.<br />
Parmi ceux-ci, le prétendu témoignage du concile d'Éphèse sollicite davan<br />
tage l'attention. On sait que les Pères du 3e concile oecuménique dans une<br />
lettre au clergé et au peuple de Constantinople, signalent que Nestorius,<br />
étant arrivé le premier (φθάσας) à Éphèse, fut condamné ένθα ό θεολόγος<br />
'Ιωάννης και ή Θεοτόκος παρθένος ή αγία Μαρία (Schwartz Ι, 1 [2], ρ. 70,<br />
η. 69). En bonne grammaire, il faudrait sous-entendre ici le verbe être,<br />
se trouver. Mais avec quelles nuances? Être domicilié, être enseveli, être<br />
en honneur? A la suite de Tillemont {Mémoires I, p. 496), un certain<br />
nombre d'auteurs pensent que ce passage de la lettre conciliaire fait allu<br />
sion à la sépulture, dans la ville d'Éphèse, de saint Jean et de la Sainte<br />
Vierge. Au contraire le P. Jugie estime que la péricope ό θεολόγος κ.τ.λ.<br />
désigne, non les personnages eux-mêmes, mais la basilique qui leur avait<br />
été dédiée à Éphèse et où s'était tenu le concile (L· Assomption, p. 97-98),<br />
opinion que Tillemont avait déjà rejetée (op. cit., p. 496-497). Sans trop<br />
se préoccuper des discussions engagées autour du fameux texte dont<br />
l'authenticité reste d'ailleurs douteuse (Anal. Boll. LI, 1933, p. 133-134),<br />
M. Delebecque (n. 146) l'examine à nouveau et, mettant à profit ses<br />
connaissances philologiques, s'applique à établir que ένθα est complément<br />
de φθάσας et qu'il est aisé de saisir que le verbe sous-entendu est tout<br />
simplement φθανεΐν sous la forme « attendue » de έφθασαν Dès lors le