REB -_1959_num_17_1_1211.pdf - Bibliotheca Pretiosa
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222 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES<br />
s'éveille, s'entrouvre et s'épanouit. D'autre insistèrent sur le douloureux<br />
processus des pétales qui tombent et du parterre désolé (n. 71). A recher<br />
cher la cause déterminante de cette décrépitude, on aboutit à la persua<br />
sion que c'est, avant tout, l'esprit anti-romain qui a en quelque sorte acculé<br />
l'orthodoxie grecque à rejeter une vérité que sa tradition illustrait mieux<br />
que toute autre (n. 72). Les témoignages, par exemple, d'un Cabasilas,<br />
d'un Théophane de Nicée, d'un Palamas, des antipalamites (nn. 81-84)<br />
se situent évidemment dans la ligne de la définition catholique et semblent<br />
faire écho à la généreuse croisade immaculiste entreprise par l'Ordre fran<br />
ciscain (n. 83). Dans les îles grecques (n. 85), comme en Albanie (n. 93)<br />
ou en Bulgarie (n. 94), la dévotion mariale impliquait spontanément la<br />
foi en l'Immaculée Conception. De même, si les théologiens slaves contem<br />
porains répudient quasi unanimement, mais avec des nuances fort diverses,<br />
la doctrine romaine (n. 86-87; 91-92), ce n'est pas sans renier leurs pères.<br />
Ceux-ci résistèrent longtemps au virus que l'hellénisme sectaire prétendait<br />
leur inoculer. L'Ukraine en particulier s'employa à défendre le vrai patr<br />
imoine de l'Orient (nn. 88, n. 95). Une intéressante découverte du P. Wenger<br />
éclaire d'un jour nouveau ce chapitre de l'histoire de la mariologie russe et<br />
kiévienne (n. 89). Les vues originales de Soloviev sont étudiées avec une<br />
rare pénétration par le P. Schultze (n. 90) qui consacrera, dans le dernier<br />
volume de la Somme du P. du Manoir, un article spécial à la mariologie<br />
sophianique.<br />
Toutefois on s'abuserait en imaginant que le rejet presque général du<br />
dogme proclamé en 1854 implique, dans la pensée de nos frères séparés, le<br />
refus d'admettre la grâce initiale en la Vierge Marie. Pour eux, comme pour<br />
nous, la Mère de Dieu devrait être toute pure et sans l'ombre de péché dès<br />
le premier instant de sa conception. Mais alors, c'est au niveau de la notion<br />
de justice primitive et de péché originel que s'accusent des divergences déjà<br />
pressenties (nn. 96-99). Dès lors aussi, la purification à laquelle on croit devoir<br />
soumettre — à l'Annonciation, au Calvaire ou à la Pentecôte — celle qui<br />
est sans souillure, n'a plus rien de commun avec ce qui, selon nous, est le<br />
propre de l'ablution baptismale (n. 92). Naguère pourtant un évêque russe,<br />
mais il est à peu près le seul (n. 100; voir aussi p. 40 du n. 91), affirmait<br />
que, selon la tradition orthodoxe, la Sainte Vierge avait été libérée du péché<br />
originel à l'instar de tout chrétien, par le baptême proprement dit. Si la<br />
légende du baptême de Marie par Jésus, par saint Pierre ou saint Jean se<br />
trouve colportée, çà et là, au Moyen Age, dans la littérature religieuse de<br />
l'Orient et curieusement attestée dans la liturgie byzantine, à l'époque<br />
moderne l'orthodoxie la repousse avec vigueur (n. 101). Elle avait d'ail<br />
leurs germé et végété sans aucune préoccupation maculiste. Aussi bien,<br />
saint Ephrem, pour qui la conception de Jésus fut une sorte de baptême<br />
pour Marie, n'inflige-t-il pas de souillure réelle en la Toute-Pure (n. 102)<br />
et figure comme un témoin de choix dans la tradition qui nous occupe<br />
(n. 103; comparer avec n. 61). De même il importe de manier avec beaucoup<br />
de circonspection les textes des Pères syriens qui parlent d'une catharsis<br />
de la Sainte Vierge. Toutefois l'Immaculée Conception n'apparaît pas cla<br />
irement dans leur optique (n. 107, quelque peu minimisant). Jacques de<br />
Saroug, par exemple, dont on veut faire un négateur (Jugie et n. 108) ou