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l'artillerie lisse britannique: étude technologique sur l'identification, l ...

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114 CARONADES<br />

commandes ne tardèrent pas à affluer. Les comptes rendus ultérieurs de succès<br />

remportés contre des vaisseaux français ou américains ne firent que renforcer la<br />

réputation de la caronade dans les milieux non officiels.<br />

Le gouvernement devait réagir avec plus de lenteur, mais en mai 1779, les<br />

pressions exercées furent suffisantes pour que le roi ordonne des essais de la caronade<br />

à Woolwich. Dès juillet, l'amirauté acceptait la nouvelle arme et ne tardait pas<br />

ensuite à en réclamer un nombre important d'unités. En janvier 1781, d'après<br />

l'historien de la marine William James, 429 navires de la Royal Navy étaient équipés<br />

de caronades15.<br />

Le premier combat important dans lequel des caronades ont contribué à la<br />

victoire a eu lieu le 12 avril 1782 lorsque les Britanniques, sous le commandement de<br />

Rodney, ont défait les Français de De Grasse à la bataille des Saints, aux Indes<br />

occidentales. La même année, au cours de la plus impressionnante démonstration de<br />

la puissance de la caronade lorsque les circonstances étaient favorables, le navire<br />

<strong>britannique</strong> Rainbow, entièrement armé de caronades, remportait une victoire<br />

décisive <strong>sur</strong> la fregate française Hébé, après un très bref engagement. À la fin de la<br />

guerre de la Révolution américaine, la caronade s'était imposée dans les milieux tant<br />

officiels que non officiels16.<br />

La conception tout à fait différente de la caronade explique son remarquable<br />

succès en mer. Comme elle était très courte et légère, elle pouvait être aisément<br />

manoeuvrée et servie par moins d'hommes que le canon long de calibre équivalent.<br />

D'autre part, plus légère, elle tirait un projectile plus lourd. Même la plus grosse des<br />

caronades, celle de 36 quintaux. qui tirait des boulets de 68 livres, était à peine plus<br />

lourde qu'un canon long de 12 livres. Cette caractéristique était particulièrement<br />

avantageuse pour un petit navire, tel qu'un navire marchand ou un corsaire, qui, en<br />

remplaçant les canons longs par des caronades, devenait capable de tirer trois ou<br />

quatre fois plus de projectiles sans accroître le poids mort de son armement. Tant<br />

qu'il combattait de près, un vaisseau armé de caronades pouvait être un adversaire<br />

dangereux pour un navire qu'il n'aurait pas osé approcher dans les circonstances<br />

ordinaires.<br />

La faible vélocité du projectile, le vent réduit, et la grosseur du boulet étaient<br />

autant d'avantages caractéristiques de la caronade. Les canonniers savaient qu'un<br />

projectile qui avait une vélocité juste suffisante pour percer le flanc d'un navire était<br />

celui qui causait le plus de dégâts. Un boulet à haute vélocité traversait souvent le<br />

navire de part en part et ne laissait de son passage rien d'autre que deux petits trous.<br />

Un plus gros boulet provoquait des dégâts disproportionnés à l'augmentation de sa<br />

taille, parce qu'il faisait éclater le bois et projetait des échardes dans toutes les<br />

directions, tuant ou blessant les servants des pièces voisines. À cause du vent réduit,<br />

la charge de poudre diminuée donnait le maximum de résultats, étant donné qu'une<br />

part moins grande de la force de l'explosion se dissipait autour du bouletl Z.<br />

La caronade avait exactement les défauts de ses qualités. Les critiques<br />

soutenaient qu'elle était trop courte pour dépasser suffisamment des sabords d'un<br />

navire, et risquait ainsi de mettre le feu aux agrès ou même, au flanc du navire.<br />

Dans les entreponts, ajoutaient les détracteurs, la fumée s'accumulerait encore plus,<br />

aveuglant et asphyxiant les canonniers. On craignait également qu'en raison de la<br />

rapidité de tir, elle ne chauffe trop et n'éclate. Le recul, que l'on disait<br />

particulièrement violent à cause de la légèreté de la pièce et du fait qu'elle était<br />

fixée par une boucle placée sous le canon, méthode tout à fait inhabituelle, pouvait<br />

tellement étirer la brague au moment du recul de J'affût, que le boulon de retenue<br />

venait frapper l'arrière de la rainure qui la guidait <strong>sur</strong> le châssis et la brisait,<br />

démontant ainsi la pièce18.<br />

Il était possible de répondre à ces critiques mais la principale faiblesse de la<br />

caronade, sa courte portée, était un problème plus grave. Dans les combats

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