Notre-Dame de l'Epine, le monument de 1543 ... - PATZINAKIA

Notre-Dame de l’Epine, le monument de 1543: Usages, transformations, enjeux
l’édifice, plus grandes que la statue actuelle, par le fait qu’à l’époque elle
aurait été entourée d’un buisson d’épines 19 , comme sur les gravures des
XVII e et XVIII e siècles.
Luc-Benoist (1933) 20 , contredisant Misset sur l’origine de l’édicule,
désigne le monument comme un « tabernacle-reliquaire ». Pour lui,
« l’édifice devait être prévu dans le plan de la construction bien avant 1543
» 21 , et ajoute que « si cette destination a pu être envisagée de la part des
constructeurs, elle n’a jamais été mise en pratique par le clergé » 22 . L’auteur
distingue dès le début la partie tabernacle de celle employée comme sacraire
et reliquaire.
Les éléments d’huisserie subsistants ont été enlevés en 1967 par le
Service des Monuments historiques (une porte en bois et la vitre). Le tronc
pour les offrandes disposé dans le coffre central, sous la fenêtre a été aussi
écarté 23 - la restauration visible date de cette époque.
Germaine Maillet (1967) décrit le monument comme une « armoire
en pierre », ayant l’aspect d’une « petite chapelle à trois nefs » 24 . Elle soutient
l’hypothèse d’une ancienne armoire eucharistique, initialement nichée dans
le mur de l’église, ayant précédé la construction actuelle et qui a été
transformée et adaptée dans la dernière phase de construction (1515-1527),
avec l’élargissement du chœur. Elle reprend aussi l’idée de Misset, voyant le
monument comme étant l’abri de la statue miraculeuse, et pour appuyer
cette hypothèse apporte d’autres exemples d’armoires eucharistiques qui ont
associé l’image de la Vierge 25 .
Dom Berland (1972) a rapproché l’édicule de la Recevresse d’Avioth,
qui se trouve à l’entrée du cimetière et où les pèlerins apportaient leurs dons
aux pieds d’une statue de la Vierge 26 . Il imagine un emploi pareil à l’Épine,
avec un custos, un chapelain qui recevait les dons, ce qui expliquerait la
présence du siège en pierre à l’intérieur. Il rajoute ainsi une fonction de
pénitencier et de confessionnal avant la lettre, le chapelain accordant le
pardon aux fidèles 27 .
En conclusion de cette première partie, on remarquera donc que
l’énumération et l’observation des arguments qui s’enchaînent à travers le
temps chez les différents auteurs dégagent le caractère exceptionnel de cet
édicule. On le perçoit comme étant investi d’une grande force d’évocation,
car il suscite les hypothèses les plus vives et les plus diverses, stimulant ainsi
l’imagination par ce qui reste à voir, mais surtout par ce qui manque, effacé
par le temps.
19 Ibid., p. 84.
20 Luc-Benoist, Notre-Dame de l'Epine, Paris, Henri Laurens, 1933 (Ire éd. ; 2 e éd. 1962).
21 Ibid., p. 78.
22 Ibid., p. 78.
23 Maillet, Le tabernacle-reliquaire, op. cit., p. 1.
24 Ibid.
25 Ibid., p. 6.
26 Dom Jean-Marie Berland, L’Épine en Champagne, Colmar, 1972, p. 94.
27 Ibid.
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