Notre-Dame de l'Epine, le monument de 1543 ... - PATZINAKIA

Corneliu Dragomirescu
Tout au long du XIX e siècle le monument est appelé « trésor » par les
auteurs. À la même époque, on y vénérait aussi Notre-Dame de
Bonsecours et une petite statue en plâtre, représentant la Vierge, était placée
à l’intérieur 10 . Elle est visible dans une des gravures publiées par Taylor 11
(fig. 3). Dans le grand coffre, sous la fenêtre centrale, était encastré un tronc
pour les offrandes. Ses traces sont encore visibles aujourd’hui, après des
restaurations plus ou moins adroites. Il est lui-même présent sur la gravure
de Dauzats (1847) et sur la photo (1966) qui accompagne l’article de
Germaine Maillet de 1967 12 . La gravure de Dauzats dans le volume publié
par le baron Taylor en 1857 désigne le monument comme « custode » par la
légende qui l’accompagne.
L’abbé Barat (1860) s’inspire de la description de Povillon-Piérard
tout en la complétant. Il exprime son regret qu’on ait mutilé le monument
« en coupant les trois colonnes du centre pour y encadrer une fenêtre de
bois » sans dire si cet état est récent ou s'il ne fait que l'observer 13 . Il croyait
donc qu’à l’origine cette partie était voilée par les colonnes qui auraient ainsi
fait office de grillage. L’édicule lui apparaissait donc plus clos à l’origine, à
l’image d’une petite chapelle.
Puiseux (1901) décrit le monument comme : « une sorte de grand
reliquaire en pierre, une ‘logette’ (l’armoire des anciennes églises) » 14 . Il
soutient, « contre des avis de certains archéologues », que le monument « n’a
jamais servi à renfermer la statue miraculeuse 15 ». Il fait référence à Mgr
Barbier de Montault, lequel avait affirmé que le tabernacle-reliquaire « est
l’abri destiné primitivement à renfermer la statuette de la Vierge » 16 . Puiseux
affirme aussi que « des documents anciens témoignent qu’on y plaçait ‘les
saintes Reliques’, et rien d’autre » 17 , faisant référence à l’inventaire de 1660.
Mais cela ne rend pas compte d’un usage plus ancien.
L’abbé Eugène Misset (1902) montre qu’il ne s’agit pas de l’abri
primitif de la statue, mais soutient en revanche que le monument a été
construit pour servir de custode de la statue miraculeuse, temporairement,
pendant l’invasion de Charles-Quint en 1543-1544, qui vit le siège de Saint-
Dizier et la dévastation de Vitry-en-Perthois 18 . Il justifie les dimensions de
10 Jean-Pierre Ravaux, « Visite à Notre-Dame de l’Épine en 1856, par le baron Guilhermy », Les
Annales de Notre-Dame de l’Épine, n° 83, juillet 1975, p. 16.
11 Gravure publiée dans Justin Taylor, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France,
Paris Firmin Didot Frères, 1854, non paginé.
12 Germaine Maillet, Le tabernacle-reliquaire de l’Épine, Châlons-sur-Marne, 1967, p. 4.
13 Joseph-Alexandre Barat, Notre-Dame de l'Épine et son pèlerinage, Châlons-sur-Marne, 1860, p.
93.
14 Jules Puiseux (chanoine), Notre-Dame de l'Épine, son histoire, son pèlerinage, Châlons-sur-Marne,
1901, p. 50.
15 Ibid., p. 50.
16 Revue de l’art chrétien, 1885, p. 245.
17 Puiseux (chanoine), Notre-Dame de l'Épine, op. cit., p. 50.
18 Eugène Misset, Notre-Dame de l'Épine près Châlons-sur-Marne. La légende. L'Histoire. Le
Monument et le Pèlerinage, Paris, 1902, p. 85.
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