Corneliu Dragomirescu 148 I. HISTOIRE ET HISTORIOGRAPHIE L’édicu<strong>le</strong> porte la date <strong>de</strong> <strong>1543</strong>, observab<strong>le</strong> à <strong>de</strong>ux endroits différents dans <strong>de</strong>s cartouches rectangulaires (à droite vers <strong>le</strong> déambulatoire et <strong>de</strong>rrière, vers <strong>le</strong> choeur). La même date apparaît sur la clôture du chœur contiguë, vers <strong>le</strong> déambulatoire. L’intérieur est peint <strong>de</strong> rinceaux verts sur fond rouge et, en haut, <strong>de</strong> f<strong>le</strong>urs <strong>de</strong> lis d’or, sur fond rouge. Cette peinture pourrait dater <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième moitié du XVI e sièc<strong>le</strong>. Une peinture mura<strong>le</strong> a été ajoutée à la fin du XVI e sièc<strong>le</strong> ou plutôt au début du XVII e sièc<strong>le</strong> 2 sur <strong>le</strong> mur <strong>de</strong>vant la gran<strong>de</strong> ouverture centra<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> représente la Vierge, entourée <strong>de</strong>s attributs répandus par <strong>le</strong>s Litanies <strong>de</strong> Lorette, <strong>le</strong>s symbo<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’Immaculée Conception. Au XVII e sièc<strong>le</strong> apparaissent <strong>le</strong>s premières attestations écrites du <strong>monument</strong>, qui <strong>le</strong> désignent comme trésor. Lors <strong>de</strong> la visite épiscopa<strong>le</strong> <strong>de</strong> 1682, l’évêque Louis-Antoine <strong>de</strong> Noail<strong>le</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que <strong>le</strong>s reliques soient remises dans l’ancien « reliquaire et thresor » et que <strong>le</strong>s marguilliers fassent faire une bonne serrure 3 . Cette désignation laisse entendre que <strong>le</strong> <strong>monument</strong> était alors utilisé comme armoire à reliques, et que cet usage avait une certaine ancienneté. Les reliques conservées à l’Épine étaient, d’après l’inventaire <strong>de</strong> 1660 4 : <strong>de</strong>ux morceaux <strong>de</strong> la Vraie Croix avec <strong>le</strong> reliquaire (mentionné dès 1553) 5 du saint Lait (donné en 1408) 6 , et une image <strong>de</strong> sainte Barbe comportant plusieurs reliques. La partie qui s’ouvrait vers <strong>le</strong> chœur a servi <strong>de</strong> tabernac<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong> est isolée du reste du <strong>monument</strong> par une cloison rajoutée. Concernant cet usage, dans la visite <strong>de</strong> 1692, l’évêque <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong> faire faire un tabernac<strong>le</strong>, cette injonction a été considérée comme étant à l’origine <strong>de</strong> cet ajout 7 . Ainsi, on constate qu’au XVII e sièc<strong>le</strong> la vocation d’origine est sans doute perdue, et <strong>le</strong>s transformations subies ont effacés largement <strong>le</strong>s traces <strong>de</strong> son ancien statut. Povillon-Piérard (1822) 8 ouvre la série historiographique contemporaine sur la basilique <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> l’Épine. Il traite aussi <strong>de</strong> 2 Jean Fournée, « La peinture mura<strong>le</strong> <strong>de</strong> la basilique <strong>de</strong> l’Épine représentant la Vierge aux symbo<strong>le</strong>s bibliques », Les Anna<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> l’Épine 101, janvier 1980, p. 13. El<strong>le</strong> a été considérée comme datant <strong>de</strong> l’époque Louis XIII, probab<strong>le</strong>ment du moment où <strong>le</strong>s frères Minimes se sont installés à L’Épine (1624). Cette datation est encore maintenue aujourd’hui. À ce sujet, voir l’artic<strong>le</strong> <strong>de</strong> Patrick Demouy dans <strong>le</strong> présent volume. Une autre datation possib<strong>le</strong> pourrait être indiquée par la bul<strong>le</strong> <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> la confrérie <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> L’Épine, en 1621. 3 Arch. dép. Marne, H 314, pièce non cotée. 4 Arch. dép. Marne, J 3884, f° 21. 5 Arch. dép. Marne, J 3884, f° 2, art. C2. 6 Arch. dép. Marne, J 3884, f° 2, art. C1. 7 Jean-Baptiste Renault, La basilique <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> l’Epine, Langres, Dominique Guéniot, 2006, p. 49. 8 Étienne-François-Xavier Povillon-Piérard, Description historique <strong>de</strong> l’église <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> l'Épine, près <strong>de</strong> Châlons-sur-Marne, dans Annuaire <strong>de</strong> la Marne, 1822.
<strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> l’Epine, <strong>le</strong> <strong>monument</strong> <strong>de</strong> <strong>1543</strong>: Usages, transformations, enjeux l’édicu<strong>le</strong>, dont il fait la <strong>de</strong>scription. Il précise sa fonction : ici, nous dit-il, « sont renfermés <strong>le</strong> Saint-Sacrement <strong>de</strong> nos autels et <strong>le</strong>s vases sacrés <strong>de</strong> l’église » ; c’est ce lieu « que nous appelons communément trésor et qui est plutôt <strong>le</strong> sancta sanctorum » 9 . Cette formu<strong>le</strong>, ainsi que l’utilisation du temps présent, indiquent que l’édicu<strong>le</strong> était encore utilisé comme tel à l’époque. Fig. 3. Elévation <strong>de</strong> la « Custo<strong>de</strong> », dans J. Taylor, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Paris, Firmin Didot Frères, 1854. 9 Ibid., Châlons, 1825, p. 33. 149
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