Notre-Dame de l'Epine, le monument de 1543 ... - PATZINAKIA

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03.07.2013 Views

Corneliu Dragomirescu fouilles dans le sol autour de l’édicule et des prélèvements de matériel sur la pierre et la peinture, qui pourraient clarifier nombre de doutes… On peut remarquer que divers thèmes évoqués en rapport avec le monument, pour des hypothèses différentes, se retrouvent et se recoupent d’une manière suggestive. Ainsi l’idée de sépulcre se retrouve dans le tabernacle et l’armoire eucharistique, mais aussi dans la pratique de l’incubation, dans laquelle lelerin est enterré avec les reliques pour renaître à une vie meilleure. Cette pratique s’est peut-être appliquée aux enfants mort-nés. Rappelons ici aussi que le sacrarium est comparé par Guillaume Durand au giron de la Vierge, car c’est le lieu d’où le prêtre, comme le Christ, sort pour mener sa mission au monde. Les répits supposent la résurrection, tout comme pour le Christ, grâce à l’intercession de Marie. Et ce n’est peut-être pas par hasard que les deux reliques importantes de l’Épine sont des morceaux de la Vraie Croix et du saint Lait. Tous ces aspects doivent être placés aussi dans le contexte plus large du pèlerinage. Après la façade, illustrant la Passion, avec la Crucifixion représentée deux fois, et reprise ensuite au jubé, on arrive logiquement à la Résurrection : relique de la Vraie Croix, dont le reliquaire est une croix glorieuse, sans aucune représentation du sacrifice dessus, et exposée dans un espace rappelant le sépulcre. La statue de la Vierge, sous le jubé, intercède dans un lieu liminaire entre la nef et le chœur. Dans le chœur, les étapes sont les mêmes d’où que l’on entre dans le déambulatoire. La vénération de la statue est suivie de la vénération des reliques, étape suprême dans le parcours du pèlerin. On pénètre comme dans un sépulcre et on en ressort à une vie nouvelle. Cela suppose la valorisation d’un espace différent, le fait d’entrer et de ressortir traduisant la vénération par un acte performatif, qui accomplit sur la personne du pèlerin l’acte de pénitence et dévotion. Le monument demeure à travers les époques un lieu très fréquenté, à la pointe de l’attention des fidèles, comme en témoignent les emplois successifs et les marques d’usure. Il a du jouer un rôle important dans le passage des pèlerins, se constituant comme le lieu le plus important après celui de la statue miraculeuse, ou même le plus important à une certaine époque. En continuant le parallèle, on peut affirmer que, tout comme l’espace de la statue sous le jubé, il est un lieu d’ostension, un espace d’une mise en scène à l’intention du fidèle. Endroit extrait de l’espace commun, lieu clos, fenêtre qui laisse s’entrevoir l’essentiel, image, tous les éléments sont là. La foi opère aussi avec les accessoires du spectacle, à moins que ce ne soit l’inverse… 174

Corneliu Dragomirescu<br />

fouil<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> sol autour <strong>de</strong> l’édicu<strong>le</strong> et <strong>de</strong>s prélèvements <strong>de</strong> matériel sur la<br />

pierre et la peinture, qui pourraient clarifier nombre <strong>de</strong> doutes…<br />

On peut remarquer que divers thèmes évoqués en rapport avec <strong>le</strong><br />

<strong>monument</strong>, pour <strong>de</strong>s hypothèses différentes, se retrouvent et se recoupent<br />

d’une manière suggestive. Ainsi l’idée <strong>de</strong> sépulcre se retrouve dans <strong>le</strong><br />

tabernac<strong>le</strong> et l’armoire eucharistique, mais aussi dans la pratique <strong>de</strong><br />

l’incubation, dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> pè<strong>le</strong>rin est enterré avec <strong>le</strong>s reliques pour<br />

renaître à une vie meil<strong>le</strong>ure. Cette pratique s’est peut-être appliquée aux<br />

enfants mort-nés. Rappelons ici aussi que <strong>le</strong> sacrarium est comparé par<br />

Guillaume Durand au giron <strong>de</strong> la Vierge, car c’est <strong>le</strong> lieu d’où <strong>le</strong> prêtre,<br />

comme <strong>le</strong> Christ, sort pour mener sa mission au mon<strong>de</strong>. Les répits<br />

supposent la résurrection, tout comme pour <strong>le</strong> Christ, grâce à l’intercession<br />

<strong>de</strong> Marie. Et ce n’est peut-être pas par hasard que <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux reliques<br />

importantes <strong>de</strong> l’Épine sont <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> la Vraie Croix et du saint Lait.<br />

Tous ces aspects doivent être placés aussi dans <strong>le</strong> contexte plus large<br />

du pè<strong>le</strong>rinage. Après la faça<strong>de</strong>, illustrant la Passion, avec la Crucifixion<br />

représentée <strong>de</strong>ux fois, et reprise ensuite au jubé, on arrive logiquement à la<br />

Résurrection : relique <strong>de</strong> la Vraie Croix, dont <strong>le</strong> reliquaire est une croix<br />

glorieuse, sans aucune représentation du sacrifice <strong>de</strong>ssus, et exposée dans<br />

un espace rappelant <strong>le</strong> sépulcre. La statue <strong>de</strong> la Vierge, sous <strong>le</strong> jubé,<br />

intercè<strong>de</strong> dans un lieu liminaire entre la nef et <strong>le</strong> chœur. Dans <strong>le</strong> chœur, <strong>le</strong>s<br />

étapes sont <strong>le</strong>s mêmes d’où que l’on entre dans <strong>le</strong> déambulatoire. La<br />

vénération <strong>de</strong> la statue est suivie <strong>de</strong> la vénération <strong>de</strong>s reliques, étape<br />

suprême dans <strong>le</strong> parcours du pè<strong>le</strong>rin. On pénètre comme dans un sépulcre<br />

et on en ressort à une vie nouvel<strong>le</strong>. Cela suppose la valorisation d’un espace<br />

différent, <strong>le</strong> fait d’entrer et <strong>de</strong> ressortir traduisant la vénération par un acte<br />

performatif, qui accomplit sur la personne du pè<strong>le</strong>rin l’acte <strong>de</strong> pénitence et<br />

dévotion.<br />

Le <strong>monument</strong> <strong>de</strong>meure à travers <strong>le</strong>s époques un lieu très fréquenté,<br />

à la pointe <strong>de</strong> l’attention <strong>de</strong>s fidè<strong>le</strong>s, comme en témoignent <strong>le</strong>s emplois<br />

successifs et <strong>le</strong>s marques d’usure. Il a du jouer un rô<strong>le</strong> important dans <strong>le</strong><br />

passage <strong>de</strong>s pè<strong>le</strong>rins, se constituant comme <strong>le</strong> lieu <strong>le</strong> plus important après<br />

celui <strong>de</strong> la statue miracu<strong>le</strong>use, ou même <strong>le</strong> plus important à une certaine<br />

époque. En continuant <strong>le</strong> parallè<strong>le</strong>, on peut affirmer que, tout comme<br />

l’espace <strong>de</strong> la statue sous <strong>le</strong> jubé, il est un lieu d’ostension, un espace d’une<br />

mise en scène à l’intention du fidè<strong>le</strong>. Endroit extrait <strong>de</strong> l’espace commun,<br />

lieu clos, fenêtre qui laisse s’entrevoir l’essentiel, image, tous <strong>le</strong>s éléments<br />

sont là. La foi opère aussi avec <strong>le</strong>s accessoires du spectac<strong>le</strong>, à moins que ce<br />

ne soit l’inverse…<br />

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