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Notre-Dame de l'Epine, le monument de 1543 ... - PATZINAKIA

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Corneliu Dragomirescu<br />

Cette influence pourrait venir d’un rapprochement avec l’Empire. La<br />

Champagne se trouve en effet placée sur un axe commercial est-ouest reliant<br />

<strong>le</strong>s terres d’Empire et la région parisienne 73 . Alain Vil<strong>le</strong>s a re<strong>le</strong>vé l’influence<br />

du mobilier <strong>monument</strong>al qui se développe dès <strong>le</strong> début du XV e sièc<strong>le</strong> dans<br />

l’Empire, notamment en ce qui concerne l’aspect <strong>de</strong> la flèche sud <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<br />

<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> l’Épine, inspirée <strong>de</strong>s dais germaniques et copiée à échel<strong>le</strong> réduite<br />

sur l’édicu<strong>le</strong> 74 .<br />

Ce parallè<strong>le</strong> n'est valab<strong>le</strong> que pour <strong>le</strong>s aspects formels. On ne<br />

suggèrerait pas ici l’existence <strong>de</strong> jeux liturgiques à l’Épine, car aucun<br />

document ne soutiendrait cette idée. En plus, si l’est <strong>de</strong> la France est pourvu<br />

en ce genre <strong>de</strong> sépulcres, dans <strong>le</strong> reste du pays <strong>le</strong>s dramatisations <strong>de</strong> Pâques<br />

utilisent <strong>le</strong> plus souvent <strong>le</strong> maître-autel pour figurer <strong>le</strong> sépulcre du Christ.<br />

C’est <strong>le</strong> cas dans <strong>le</strong>s cathédra<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Châlons (XIII e sièc<strong>le</strong>) 75 et <strong>de</strong> Troyes (XIV e<br />

sièc<strong>le</strong>) 76 . Aussi, <strong>le</strong>s rites <strong>de</strong> Visitatio pasca<strong>le</strong> <strong>de</strong>viennent très rares dans la<br />

<strong>de</strong>uxième moitié du XVI e sièc<strong>le</strong> 77 . À l’Épine, ce renvoi formel aux sépulcres<br />

est à mettre en relation avec <strong>le</strong>s nombreuses références à la Passion et à la<br />

Croix, continuation thématique logique, car il rappel<strong>le</strong> la mort du Christ<br />

mais aussi sa Résurrection. Le contexte d’un important culte <strong>de</strong> la Passion et<br />

<strong>de</strong> la Croix, très répandu en Champagne trouve à l’Épine une expression<br />

très intense 78 : représentations <strong>de</strong> la Crucifixion et <strong>de</strong>s armes <strong>de</strong> la Passion<br />

(autel Saint-Clau<strong>de</strong>), maître-autel dédié à la Sainte Croix en 1542, relique <strong>de</strong><br />

la Vraie Croix. Les archives conservaient aussi <strong>le</strong> souvenir <strong>de</strong> la provenance<br />

du saint Lait (provenant <strong>de</strong> Jérusa<strong>le</strong>m au lieu <strong>de</strong> Bethléem).<br />

L'association du culte du Christ souffrant et <strong>de</strong> la Vierge, caractéristique du<br />

XV e sièc<strong>le</strong> 79 , s’exprime à l'Épine à travers <strong>le</strong>s reliques majeures qui s’y<br />

trouvent. À cette époque se multiplient dans <strong>le</strong>s églises <strong>le</strong>s lieux <strong>de</strong>stinés à<br />

73 Cette voie favorise aussi la circulation <strong>de</strong>s thèmes iconographiques, comme l’a montré<br />

Véronique Boucherat en ce qui concerne l’influence <strong>de</strong>s gravures <strong>de</strong>s maîtres germaniques, dont<br />

<strong>le</strong>s plus connus sont Dürer et Schongauer, sur la production <strong>de</strong> vitraux et <strong>de</strong> sculpture. Cf. L'art<br />

en Champagne à la fin du Moyen Âge : productions loca<strong>le</strong>s et modè<strong>le</strong>s étrangers : v. 1485-v. 1535,<br />

Rennes, Presses universitaires <strong>de</strong> Rennes, 2005.<br />

74 Alain Vil<strong>le</strong>s, « <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> l’Épine, sa faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>nta<strong>le</strong> », Congrès Archéologique <strong>de</strong> France<br />

185, 1977, p. 850, p. 861, n. 71.<br />

75 Karl Young, The Drama of the Medieval Church, Oxford, Clarendon Press, 1933, p. 279. Voir ms<br />

BnF lat. 10579 ; voir aussi l’ordinaire <strong>de</strong> Châlons, Bibliothèque <strong>de</strong> l'Evêché <strong>de</strong> Châlons, fol. 81r-<br />

82r.<br />

76 Young, The Drama…, op. cit., p. 291.<br />

77 Neil C. Brooks, The Sepulchre of Christ in Art and Liturgy, with Special Reference to the Liturgic<br />

Drama, Urbana, University of Illinois Press, 1921, p. 49.<br />

78 Baudoin, La sculpture flamboyante…, op. cit., p. 18-19. À la fin du XIIIe sièc<strong>le</strong>, il existe à la<br />

cathédra<strong>le</strong> <strong>de</strong> Châlons, dans <strong>le</strong> transept nord, <strong>de</strong>s autels dédiés à la Sainte Croix et au saint Lait,<br />

qui sont justement <strong>de</strong>s reliques possédées aussi par l'Épine. Une armoire à reliques existe dans<br />

<strong>le</strong> chœur côté nord en face <strong>de</strong> la cathèdre. Cf. Etienne Hurault, La cathédra<strong>le</strong> <strong>de</strong> Châlons et son<br />

c<strong>le</strong>rgé à la fin du XIIIe sièc<strong>le</strong>, Châlons-sur-Marne, 1907, p. 9. L’auteur cite l’ordinaire : « ad partem<br />

sinistram, vadit ad altare Sancti Lactis et ad altare Sanctae Crucis ».<br />

79 Francis Rapp, « Mutations et difficultés du pè<strong>le</strong>rinage à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVe sièc<strong>le</strong>s) », dans Jean Chelini, Henry Branthomme (éd.), Les chemins <strong>de</strong> Dieu. Histoire <strong>de</strong>s<br />

pè<strong>le</strong>rinages chrétiens, <strong>de</strong>s origines à nos jours, Paris, Hachette, 1982, p. 222.<br />

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