Corneliu Dragomirescu l’assemblage <strong>de</strong>s pierres donne l’impression d’une construction en <strong>de</strong>ux temps, la partie du <strong>monument</strong> au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la plaque horizonta<strong>le</strong> du grand coffre semb<strong>le</strong> être « posée » après la partie basse. C’est bien à ce niveau que <strong>le</strong>s différences stylistiques sont notab<strong>le</strong>s. Jean-Pierre Ravaux, dans la chronologie qu’il établit, montre en effet qu’il <strong>de</strong>vait y avait du coté nord une clôture datant toujours <strong>de</strong> 1527 ; cel<strong>le</strong>-ci à été remplacée par la clôture actuel<strong>le</strong>, plus « mo<strong>de</strong>rne », après la construction <strong>de</strong> l’édicu<strong>le</strong> 60 . La partie basse <strong>de</strong> la clôture semb<strong>le</strong> en revanche plus ancienne, et pourrait dater <strong>de</strong> la même époque. On pourrait alors envisager que la partie basse du <strong>monument</strong> daterait aussi <strong>de</strong> 1527, faite avec l’ancienne clôture. En effet el<strong>le</strong> lui ressemb<strong>le</strong> en ce qui concerne l’exécution - une arcature gothique trilobée - et aussi <strong>le</strong>s marques d’usure. Le <strong>monument</strong> aurait pu avoir une partie haute moins importante que maintenant 61 . En 1542, on instal<strong>le</strong> <strong>le</strong> maître-autel dédié à la Sainte-Croix. Cet événement aurait pu déterminer la décision <strong>de</strong> modifier et agrandir <strong>le</strong> <strong>monument</strong>, pour l'ostension <strong>de</strong> la relique <strong>de</strong> la Vraie Croix. C’est à cette date que l’on érige donc la partie supérieure du <strong>monument</strong> (qui porte <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux cartouches avec la date <strong>de</strong> <strong>1543</strong>), en mêlant une structure gothique avec <strong>de</strong>s éléments décoratifs <strong>de</strong> la Renaissance. Puis on construit ensuite la clôture vers l’ouest, dans un sty<strong>le</strong> qui ne doit plus rien au gothique. Voici une possib<strong>le</strong> chronologie qui nuance cel<strong>le</strong> habituel<strong>le</strong>ment acceptée, tout en rendant compte <strong>de</strong>s différences entre <strong>le</strong>s parties du <strong>monument</strong>, et <strong>de</strong>s raccords plus ou mois adroits avec la clôture. On se posera ensuite quelques questions sur la forme qu’avait <strong>le</strong> <strong>monument</strong> à l’origine. Le problème a souvent été sou<strong>le</strong>vé en ce qui concerne <strong>le</strong>s ouvertures qui ren<strong>de</strong>nt <strong>le</strong> <strong>monument</strong> praticab<strong>le</strong> : étaient-el<strong>le</strong>s ainsi dès <strong>le</strong> début ? La porte ne peut être que d’origine comme en témoignent <strong>le</strong>s jointures <strong>de</strong>s pierres et <strong>le</strong>ur profon<strong>de</strong>ur. Le siège et <strong>le</strong> coffre, très anciens, sont aussi là dès <strong>le</strong> début si l’on admet une construction en <strong>de</strong>ux étapes. La fenêtre rectangulaire est d’origine, avec <strong>le</strong>s glissières et <strong>le</strong> système <strong>de</strong> fermeture, malgré ce que dit Barat <strong>de</strong> trois éventuel<strong>le</strong>s colonnes supprimées, car tout a du être prévu dans la structure dès la conception du projet. Le percement <strong>de</strong>s oculi et <strong>de</strong>s lancettes est postérieur, fait avec <strong>de</strong>s coupures grossières ayant abîmé la peinture recouvrant <strong>le</strong>s murs (fig. 7). Cette partie était donc primitivement aveug<strong>le</strong>. Son ouverture tardive témoigne d’un changement d’usage lié peut-être à la nécessité d'éclairer la fresque, l’ouverture permettant une lumière naturel<strong>le</strong> directe sur cel<strong>le</strong>-ci. L’édicu<strong>le</strong> était donc primitivement plus clos, mais était déjà pourvu <strong>de</strong> la porte et <strong>de</strong> la 60 Ravaux, « La clôture du chœur… », Les Anna<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> l’Épine 105, 1981, p. 13. 61 Les tabernac<strong>le</strong>s en bois, richement décorées, sont répandus en Champagne, avec <strong>le</strong>s plus beaux exemp<strong>le</strong>s conservés à Saint-André-<strong>le</strong>s-Vergers et à Bouilly (vers1520). Cf. Jacques Baudoin, La sculpture flamboyante en Champagne Lorraine, Nonette, Créer, 1990, p. 31-32. Ainsi on pourrait même envisager à l’Epine une armoire à reliques en bois, placée sur la partie basse, en pierre, et qui aurait été remplacée par la partie haute actuel<strong>le</strong>, en pierre. 160
<strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> l’Epine, <strong>le</strong> <strong>monument</strong> <strong>de</strong> <strong>1543</strong>: Usages, transformations, enjeux fenêtre ; on remarque une fois <strong>de</strong> plus son rô<strong>le</strong> dans l’ostension d’objets <strong>de</strong> dévotion. Fig. 7. Intérieur du <strong>monument</strong> : évi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l'arcature <strong>de</strong> la travée centra<strong>le</strong> ; © cliché <strong>de</strong> l’auteur. 161
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